Choix des armes au PS

Doit-on aller jusqu’à présenter notre motion découlant de Besoin de Gauche ? En l’absence de choix décisif, que nous présentions ou pas cette motion, oui.

Une telle motion a des spécificités qui ne se retrouvent ni chez Delanoë, ni chez Aubry, et encore moins chez Royal : la démarche de refondation, la non-présidentialisation, le non-recours aux courants.
Elle a bien sûr des points communs avec les deux autres routes social-démocrates : volonté de dépasser le socialisme, attachement à l’héritage rocardien, référence à la pensée de DSK.
Elle rejette clairement l’illusion d’une continuité bureaucratique du PS, totalement incarnée par la direction sortante qui s’est hélas alliée à Delanoë, hypotéquant ainsi pour lui l’espoir d’un changement radical de gouvernance du PS autant que de politique.
Enfin, elle acte clairement de l’échec des deux présidentielles. C’est évident en ce qui concerne la douloureuse expérience du royalisme, mais c’est aussi vrai de la tentation d’une revanche du gouvernement Jospin : ce gouvernement a été objectivement bon, mais il a eu sa chance en 2002, n’a pas pu la saisir pour un certain nombre de raisons et nous n’avons pas à remettre le couvert d’une façon détournée. Même cette expérience social-démocrate positive doit être dépassée car l’époque l’exige.

En ce qui me concerne, le mandat que nous devons donner à Pierre Moscovici est clair : nous présentons notre motion et à “l’entre deux tours” du congrès, nous défendrons la motion social-démocrate majoritaire, la nôtre, celle d’Aubry ou encore de Delanoë.

Cela peut-il entraîner l’explosion du PS ? La charge explosive est depuis longtemps dans le bâtiment, le détonateur est prêt et les candidats pour appuyer sur le bouton sont légion. Seule la certitude collective de l’imminence de la catastrophe est à même de transformer l’explosion probable en refondation fantastiquement créatrice et positive.
Il est plus que temps de sortir de nos habitudes et de nos certitudes. Le monde du XXème siècle est en phase terminale (crise énergétique, crise financière, crise climatique), la Vème République est à l’image du Sénat une aristocratie bedonnante et auto-satisfaite même lorsqu’elle foule au pied les plus élémentaires règles démocratiques. L’immense trouble ressenti au sein du PS n’en est qu’un symptôme qui touche nos consciences.
Quoi qu’il arrive, Reims sera un nouveau départ vers un avenir qui nécessitera des convictions et du courage.

Congrès du PS : débats et des hauts

Septembre 2008. J’étais hier soir à un débat départemental destiné à présenter les différentes contributions générales en vue du congrès de Reims. Petite explication organico-lexicale pour les non-initiés à la démocratie socialo.

Le but du congrès de Reims est en gros de choisir une ligne politique, de dégager une majorité sur cette ligne puis d’en déduire un exécutif, premier secrétaire en tête. La ligne politique sera celle décrite dans la motion majoritaire, cette motion étant elle-même construite à partir de contributions. Pour l’instant, nous en sommes au stade où l’on regarde quelles contributions peuvent se rejoindre dans des textes qui seront les futures motions. Cela peut paraître un peu lourdingue au citoyen qui ne s’intéresse à la politique que de façon épisodique, mais c’est tout à fait représentatif du PS, un parti qui se veut démocratique (d’où les débats et les engueulades), réformistes (d’où les textes à la pelle dont certains valent leur pesant de cacahuètes) et qui a des difficultés à dégager un chef (les socialistes aiment tellement les chefs qu’ils ont inventé les courants pour en avoir plein). Hier soir, une réunion était donc organisée au niveau du département pour présenter 14 de ces motions, donc a priori 14 courants de pensée du PS (comme quoi, nos journalistes apparaissent comme des Jiravos lorsqu’il réduisent le PS à un combat entre quelques têtes médiatisées) ; 14 contributions défendues avec en particulier deux orateurs de poids, Alain Bergougnioux et Pierre Moscovici. Voilà qui avait motivé les foules, il a fallu rajouter des chaises et faire de la place aux caméras. Au-delà du contenu politique inégal des contributions présentées, qu’en dire ? Côté contribution Hollande, il se dégage une forte expression d’injustice, voire de ressentiment, qui à mes yeux n’est d’ailleurs pas tout à fait infondée. De fait, l’ère Hollande s’est soldée sur un échec, électoral et idéologique. Le reproche principal qui lui est fait est de n’avoir pas réussi à faire entrer le parti dans la réalité de ce siècle : reproche justifié, au détail près qu’il avait surtout mandat d’arrondir les angles et pas de révolutionner le PS. Hollande a échoué parce qu’il a très bien fait ce qui était attendu de lui. Côté contribution Delanoë, le message n’invite pas au décoiffage général. Présentation présidentialiste mais ouverte à des primaires qui désigneront le candidat en 2011, rejet d’un exécutif mou, explications défensives sur le reproche de n’avoir pas été assez travailleur et imaginatif ces dernières années, puis intervention ultérieure de Catherine Tasca dans une recherche finalement assez maternelle visant à rassembler les militants sous la bannière du tous socialistes. Je respecte beaucoup Catherine et Alain, mais je vois ici l’expression parfaite du déni de changement : le PS d’après Reims ne sera plus jamais celui d’Epinay, et non, tous les socialistes d’aujourd’hui ne sont pas tous pareils et ne ressemblent pas non plus à ceux d’après Reims. Contribution Aubry. Manifestement, l’expression est un peu gênée aux entournures et le message est plus technique que militant, ce qui n’était pas de nature à faire chavirer un auditoire peu favorable à Martine Aubry ou Laurent Fabius (la fédération était encore royaliste il n’y a pas si longtemps). Nous restons là dans une logique d’alliance de courants, sans dynamique politique apparente. Contribution Fabius justement. L’exposé donne une impression de retrait sur les fondamentaux, l’Etat républicain, laïc, fort, comme une sorte de ligne Maginot à ne pas franchir si on veut éviter les hostilités ouvertes. Je ne perçois pas de volonté de changer ou de s’opposer au changement du PS, juste une sorte de « nous sommes là et nous comptons ». La blessure infligée au parti lors du TCE est toujours palpable dans la salle. Côté orientation politique, je ne suis pas fichu de dire si les fabiusiens de Reims sont toujours à gauche-gauche ou s’ils sont revenus au centre du terrain de jeu. Mystérieuses brumes en Fabiusie… Contribution Royal : sentiment d’étrange décalage entre un discours bien rodé et séduisant, ouvert, et les pratiques plus rugueuses constatées sur internet ou dans les médias, courant peu perméable à la critique et adepte de mesures dirigistes qui sont régulièrement avancées. En tout cas, l’exposé n’a pas versé dans l’affectif ou la complainte, ce qui aurait tendance à confirmer l’impression de La Rochelle : ce courant ne se voyant plus majoritaire semble prêt à composer pour exister de façon minoritaire. Le spectre de l’explosion s’éloigne un peu. Contribution Ayrault : plus légitimiste que moi tu meurs, le parti est le projet, un parti en ordre de marche sert la France. Au moins c’est simple. Reste juste à refonder le parti. Contribution Moscovici. Je savais Pierre bon orateur (et la contribution top…), mais après l’épisode de La Rochelle, je ne m’attendais pas à ce que la salle lui fasse un si bon accueil. La dynamique qui s’exprime avec Montebourg, Collomb, Guérini se retrouve effectivement au sein des militants, et dépasse les clivages habituels. Je pronostique même un rapprochement avec la contribution de Larrouturou. Mosco a de plus en plus la tête d’un 1er secrétaire… Les contributions de la gauche du PS : la gauche radicale est à la fois la plus claire, la plus combative et la plus déphasée, celle qui aura le plus de mal à changer. Les démonstrations sont construites sur un ensemble de faits, de statistiques, de propositions ponctuelles, mais l’on cherche la refondation, utopique ou pas, l’idéal qui pourra remplacer papy Marx, le grand mouvement d’ensemble. Nous avons là la gauche qui conteste et se révolte, mais difficile finalement d’y voir un projet capable d’entraîner une adhésion qui aille au-delà des petits jeunes tout feu tout flamme. Cela ne semble cependant pas non plus être l’improbable gauche-Besancenot, celle des « antis » peu aimables. Leur trouver une place cohérente et constructive dans le futur PS ne sera pas facile. Leur enthousiasme sincère le mérite pourtant. J’ai finalement trouvé dans cette réunion, les ingrédients que j’ai pu décrire ces derniers temps : résistance au changement différente en fonction des courants, le PS des courants et des présidentiables mais aussi celui des militants qui n’ont pas l’intention d’être de simples spectateurs. La conscience de la nature particulière de Reims est également très grande. Le parti socialiste va mourir à Reims, la question est de savoir s’il renaîtra. Finalement, cette réunion me laisse assez optimiste.

Manager le changement au PS

La Rochelle a été orageuse, riche en images relayées avec gourmandise, mais politiquement peu significative. Reprenons les choses en essayant de les décrypter autrement que par l’image.

J’avais proposé dans ce post une grille de lecture en trois blocs politiques : la gauche du PS, les lambeaux de la présidentielle, la social-démocratie.
Une autre grille de lecture, cette fois centrée sur les contributions, faisait apparaître trois futurs possibles pour le PS, présidentialiste, parti de courants, parti de contributions militantes.

Que dire de La Rochelle si l’on reprend ces grilles ?

Les lambeaux de la présidentielle (Royal d’un côté, Hollande de l’autre) et l’aspiration à une présidentialisation du PS (on ajoute Delanoë) se retrouvent en retrait prudent, peut-être tactique ; il apparaît acté que le choix de la présidentialisation du parti n’est pas l’avenir le plus probable du PS alors même que c’est celui qui est porté par les médias avec le fameux duel Royal / Delanoë. Tout peut être résumé dans l’attitude de Royal, pour une fois élégante et finalement subtile, qui après avoir lancé son «aimez-vous les uns les autres ou disparaissez » s’est éclipsée de La Rochelle. La relative discrétion de Delanoë peut également s’expliquer ainsi. Ceci dit, même en retrait, ces deux là ne sont pas hors jeux et leur retour est toujours possible dans le cas où le PS serait menacé d’une explosion totale : la situation serait alors en phase avec la nature césariste de la présidentialisation du parti. Le PS aurait recourt au mythe du sauveur.

Mais La Rochelle, cela a surtout été la mise en image de l’opposition entre les courants (rapprochement Aubry / Fabius sous la houlette de Cambadélis) et d’un PS, plus exotique et fragile mais sans doute plus prometteur, pour le coup incarné par un homme seul à la terrasse d’un café : Moscovici, l’individu incarnant le collectif se heurtant aux courants. Symbole paradoxal intéressant… mais probablement excessif.

Relisons maintenant ceci avec les yeux du manager qui doit gérer un changement fondamental dans une organisation. Nous sommes tous réfractaires au changement, peu ou prou, et quand c’est un changement majeur comme celui que doit affronter le PS, c’est de toute façon une crise majeure. Dans un tel cas, un manager doit s’attendre à passer un certain nombre d’étapes : le déni, le deuil et l’abattement, puis le processus de reconquête. Il était illusoire d’espérer que la mutation du PS en fasse l’économie.

On trouve les symptômes du déni les plus nets à la fois chez les Royalistes (souvenez-vous de l’image « triomphale » de Royal à la fenêtre de Solférino au soir de la défaite) mais aussi au sein des cadres les plus impliqués dans la technostructure (Hollande en est le paradigme même s’il a plus avancé que les autres parce qu’il sait que son départ est inéluctable).
La recherche d’alliances de courants me semble également symptomatique d’un déni : les courants sont le fonctionnement « normal et historique » du PS ; pourtant ils sont presque unanimement rejetés au point même de faire apparaître la sondocratie comme une solution préférable !
Ce qui s’est passé à La Rochelle apparaît donc tout à fait normal et même, du point de vue management du changement, positif :

– En se mettant quelque peu en retrait, Royal, Delanoë et Hollande sont en position de dépasser la phase de déni.
– En affichant clairement leur position, les tenants des courants du PS se voient renvoyer l’image très négative qu’ils inspirent à l’extérieur et je sais qu’ils sont suffisamment intelligents pour comprendre qu’ils doivent évoluer, d’une façon ou d’une autre.
Dans un changement d’ampleur, on ne peut jamais faire l’économie d’une crise majeure. Jamais.
Autre point positif de cette crise, Moscovici qui joue en fait le rôle « du porteur d’eau du changement », peut maintenant plus librement servir de catalyseur du changement, mais doit veiller à ne pas couper à ce stade le fil du dialogue. Il est possible, voire probable, qu’une partie des militants socialistes actuels ne restera pas dans le futur PS, mais la séparation, si elle doit avoir lieu, doit se faire naturellement lors du processus de reconquête, chacun choisissant alors son nouveau destin. Si les étapes ne sont pas respectées, si les choses vont trop vite, si la crise ne peut être exprimée, il y aura une scission irréparable entre ceux qui resteront scotchés sur le déni, ceux qui ne pourront pas se remettre de la perte de l’ancien PS et ceux qui galoperont avec enthousiasme vers de nouveaux horizons.

Si tout va bien, La Rochelle aura été la crise du déni, le deuil aura lieu entre maintenant et Reims et le congrès lancera le processus de reconquête pour un PS cohérent, uni et heureux de l’être.

Pour renaître, le PS devra-t-il exploser à la Rochelle ou à Reims ?

Août 2008.

Car pour le moment, on voit mal comment il en serait autrement. De quelque façon que l’on prenne le problème, il y a au sein du PS trois blocs.

Un bloc pour l’aile gauche qui ne peut réellement s’exprimer aujourd’hui faute d’avoir retrouvé une alternative au modèle radical qui l’a inspiré jusqu’à la fin du siècle dernier. Par défaut d’une vision refondée forte, l’aile gauche du PS en est réduite à peser sans exister, c’est-à-dire à choisir le moins pire pour elle, même si elle n’approuve pas les outils qui seront employés (je parle d’outils car la divergence ne porte pas sur les finalités : que l’on soit strauss-kahnien ou emmanuelliste, le but ultime est bien le même, égalité, émancipation de l’individu, recherche d’un monde plus juste et solidaire). Même si je n’appartiens pas idéologiquement à ce groupe, j’espère qu’ils trouveront eux-aussi la voie de la refondation car je suis fondamentalement attaché au débat contradictoire fondé, au questionnement, et même si la social-démocratie porte aujourd’hui tous les espoirs, elle doit continuer à être questionnée pour elle aussi progresser.

Le deuxième bloc est constitué par les lambeaux de la campagne présidentielle, bloc fait d’abord d’émotion, d’affectif, mais hélas aussi de ressentiment et de besoin de revanche sinon de vengeance (créée de toute pièce par les fantasmes véhiculés lors de la campagne et le déni de la défaite). L’offre politique est un peu particulière pour la gauche, sorte de séguinisme mâtiné de féminisme (sur ce dernier point, les anciens conflits homme / femme du PS alimentent de façon sourde le désir de revanche cité plus haut alors que la problématique homme / femme au sein de la société française est fort différente). La finalité politique m’apparaît toujours obscure, les outils trop violents et coercitifs à mon goût.

Enfin, le dernier bloc est social-démocrate, héritier de Michel Rocard et aujourd’hui inspiré par DSK, toujours intellectuellement très présent malgré son « exil » au FMI, utile à l’économie du monde bien que pour l’heure son éloignement soit préjudiciable au PS. Etrange facétie de l’histoire : celui qui est le plus à même d’éviter le chaos au PS est celui-là même que les militants ont rejeté imprudemment à la primaire… Mais, de la social-démocratie sur le modèle actuel européen à la réinvention d’une nouvelle social-démocratie, il y a là tout un panel qui a du mal à être définitivement refondé tant le débat sur le fond est parasité par les batailles de personnes venant de l’extérieur de ce courant. La plus efficace des méthodes utilisées par le noyau d’activistes du deuxième bloc est d’ailleurs de polluer le débat idéologique en ne parlant que de personnes ; la réflexion tourne alors rapidement court.
C’est au sein du groupe social-démocrate que j’essaie de faire avancer la réflexion parce que c’est ici que je trouve la plus grande ouverture d’esprit, les approches les plus novatrices, la plus forte volonté de réforme cohérente.
Pourquoi est-ce que je pense que l’existence même du parti socialiste est menacée ? Parce que le deuxième bloc ne peut exister que par l’écrasement ou la capitulation des deux autres, le compromis est par nature impossible : pour eux, il faut soit adhérer, soit se taire… soit partir. On le voit actuellement sur le web, tout contradicteur est soit un droitier suppôt de l’UMP, soit un sectaire, après avoir longtemps été taxé avec mépris « d’éléphant machiste ». Le seul espoir pour ce deuxième bloc est que le sous-ensemble des militants qui subissent en silence l’activisme outrancier d’une poignée d’individus, ces derniers leur portant un très grand tord, tant du point de vue de l’image que de celui des idées, que ces militants donc reprennent la parole et portent le débat, non sur les personnes, mais bien sur le choix des outils politiques, la refondation idéologique. S’ils n’y réussissent pas, leur échec entraînera peut-être le PS dans la tombe.

Les blocs de la gauche radicale et de la social-démocratie pourraient-il s’entendre ? Dans le combat, sans aucun doute. D’expérience, je me suis retrouvé plus d’une fois à combattre avec des militants de cette gauche radicale. L’exemple le plus éminent a sans doute été le combat contre l’idée sarkozyste de faire assumer la culpabilité de la Shoah à des enfants du CM2. Sans aucune concertation préalable, je me suis retrouvé dans la bataille côte à côte avec eux, alors que du côté royaliste on en était alors à peser le pour et le contre et de considérer que tout n’était pas mauvais. Mais à terme, soit la gauche radicale évolue profondément pour accepter les orientations sociale-démocrates (ce qui est peu probable), soit nous devrons nous en tenir à des contrats de gouvernement pour constituer des majorités électorales (ce qui sur le principe n’est pas forcément un handicape).
Ces deux blocs peuvent-ils constituer une majorité contre le deuxième ? Cela n’aurait aucun sens idéologique, cela n’irait pas dans l’intérêt de la France et je ne crois pas que c’est ce qu’attendent les français. Fondamentalement, ils se moquent de savoir quel courant du PS est le plus beau, le plus fort ! Ils attendent, je crois, seulement, surtout, un parti politique cohérent, force de propositions et d’alternative, un parti crédible sur le fond idéologique autant que sur les compétences de ceux qui devront mettre en œuvre les réformes indispensables pour vaincre les dangers qui menacent notre pays. Trouvez 100 militants socialistes capables de relever et d’incarner ce défit et les français en feront le premier parti de France, et je ne doute pas que le PS en compte plus que 100 !

J’aimerais sincèrement qu’il en soit autrement, mais à la vitesse où montent les stériles batailles de personnes à l’approche du congrès, je crois que le risque d’éclatement du PS est effectivement énorme, soit par l’éjection de l’ensemble des militants du deuxième bloc (si la scission était limitée au noyau d’activistes on pourrait limiter la casse), soit par le départ des éléments les plus réformateurs de la social-démocratie et de la gauche radicale.
J’espère pour une fois me tromper, mais à défaut d’être sûr de l’avenir, je veux être clair et sincère dans mon combat.

Un dimanche a la campagne, à Frangy chez Montebourg

Chez les socialos, on sait que les vacances sont terminées lorsque que l’on s’agite du côté de Frangy. Il y a deux ans, la fête de la rose avait été teintée de course à la présidentielle et l’an dernier, placée sur le thème du rapprochement avec les refondateurs du parti. Si dans le premier cas, la recette du succès n’avait pas été trouvée dans la sauce barbecue, la fête avec les refondateurs a été elle beaucoup plus fructueuse puisqu’elle a entre autre permis de produire une contribution pour le congrès de Reims, le texte « Besoin de gauche » dont le premier signataire est Pierre Moscovici.

Depuis la présidentielle, Mosco a eu un parcourt qui mérite que l’on s’y attarde quelques minutes, entre un discours sur la merguez et un sur la méthode qui permettra de refaire du PS un parti de gouvernement et d’avenir.
Mosco ce fut longtemps le discret mais efficace ministre européen du gouvernement Jospin. Assez discret pour éviter que Chirac ne fasse une sortie dont il avait jadis le secret, assez efficace pour réussir à résoudre, au moins temporairement, les impossibles quadratures de la construction européenne.
Il fut aussi le moins discret critique de Mitterrand à une époque où la statue du commandeur fascinait encore Solférino, où la poussière du passé commençait à recouvrir lentement les capacités de réflexion, d’innovation, de contestation de l’ordre établi.
Puis à la défaite de Lionel Jospin en 2002, il a semblé se dissoudre dans l’assemblée européenne, comme pour se préserver de la gélatine bureaucratique qui se propageait au PS, impuissant à aider les réformateurs sociaux-démocrates qui tels Dominique Strauss-Kahn se sont heurtés au mur du déni socialiste, mur dressé par tous ceux qui par tactique, paresse, ou aveuglement, ont préféré le mirage d’un gauchisme éculé ou celui d’une fantasmagorie absurde, au courage d’une remise en question, d’un examen de conscience, d’une prise de responsabilité, et au final d’une indispensable refondation.
Les choses auraient pu lentement continuer à se dégrader pour aboutir à ce que Frangy ne soit plus qu’un pique-nique pour vieux militants aux souvenirs incertains si le destin n’avait pas pimenté la politique française. Le point d’inflexion qui a peut-être fait basculer la vie politique de Pierre est à situer dans le bref échange entre Laurent Fabius et Jean-Louis Borloo lorsque ce dernier s’est fait benoitement piégé avec la TVA sociale entre les deux tours de l’élection législative. Il faut se souvenir qu’à l’époque, la France avait voulu voter pour un président de gauche, mais s’était retrouvée piégée dans un combat médiatique Royal / Sarkozy. Ayant donné une large victoire à ce dernier, la législative aurait dû être triomphale si on ne lui avait pas rappelé, avec cette histoire de TVA, que Sarkozy n’était pas de gauche. Grace à une mobilisation militante crânement menée, nombre de sièges de députés qui revenaient mécaniquement à la droite ont été arrachés par la gauche, dont celui du pays de Montbéliard de Pierre Moscovici. Après un long combat de terrain, ce dernier bénéficiait enfin du coup de pouce récompensant ses efforts. La suite a été menée de main de maître et ne doit rien cette fois à la chance. Depuis le départ de DSK au FMI, il tient avec talent le rôle de la voix de la social-démocratie, et en tandem avec J-Ch. Cambadélis, il a su faire sien les travaux du manifeste social-démocrate, su écouter, innover en utilisant internet à bien escient, mais aussi su élargir l’audience de S&D et rassembler comme en témoigne aujourd’hui la dynamique rassemblant Montebourg, Collomb, Guérini, Valls et maintenant Aubry et Lebranchu.
En ce week-end d’été à Frangy, le mouvement de refondation social-démocrate est devenu une évidence pour l’avenir du parti socialiste et Pierre Moscovici a réussi l’étonnant pari d’exister au nom du collectif, de mettre en avant les travaux de réflexion issus à la fois des penseurs du PS et des militants, sans renier ses propres convictions. La marque d’un nouveau social-démocrate.
Je ne sais pas si Reims sera un succès, mais nous avons toutes les raisons de faire une belle fête dimanche.

Fabius le centurion maudit

Le congrès approchant, une question jusque-là cachée fait surface : que faire des fabiusiens ? Pour autant que je m’en souvienne, j’ai toujours vu Laurent Fabius comme un héros tragique. D’abord brillant et prometteur lieutenant du vieux césar élyséen, il a été très tôt en charge des affaires de la France. Trop tôt peut-être, coincé entre le destin du commandeur et le sien qui ne pouvait s’émanciper. La tragédie est arrivée de façon insidieuse, indirecte, et probablement injuste, comme tout mécanisme de tragédie grecque qui se respecte. Indirecte puisque le mal est venu d’un dysfonctionnement de l’administration en charge des transfusions sanguines, insidieuse puisqu’il n’était pas directement en charge de ce qui se faisait, probablement injuste car au final il a probablement pris les décisions qu’il fallait, mais trop tard sur un sujet trop porteur de symboles : sang symbole de vie, poison symbole de perfidie. Cet épisode a scellé son destin, il ne s’en est jamais vraiment remis et encore aujourd’hui, une ombre fantomatique semble poursuivre Laurent Fabius.

Mais ce n’est sans doute pas la seule raison de la méfiance généralisée envers les fabiusiens. Ce courant représente l’archétype du courant d’influence au sein du PS : extrêmement structuré, discipliné, efficace, ayant une logique propre, idéologique au départ, mais s’étant fourvoyé dans des choix de pure tactique personnelle avec par exemple le non au TCE. Moi qui ait également voté non à ce referendum, je me suis demandé à l’époque ce que j’aurais fait à la place de Fabius : être fidèle à une conviction doublée d’un intérêt pour se singulariser, ou accepter le choix majoritaire en sachant qu’il cachait une schizophrénie collective (qui a fini par s’exprimer le jour du vote) ? Un simple militant aurait pu à la rigueur s’abstenir, mais le centurion Fabius se devait de combattre pour le choix collectif. Ne l’ayant pas fait, il a augmenté la méfiance envers son courant qui est passé “d’une logique propre” à une “logique antagoniste”. Une telle logique l’a conduit à se gauchiser par la suite alors que la présidentielle a clairement montré que les français cherchaient un centre-gauche renouvelé dont la social-démocratie refondée serait un digne représentant. Le héros s’enfonce dans l’erreur, poussé par la machine du destin. A l’heure du congrès, la question des fabiusiens est incontournable. Trop marginalisés, ils ne peuvent prétendre dégager une majorité mais ils restent difficilement contournables, surtout pour ceux qui pensent que l’avenir du PS passera forcément par la voie des courants. Parallèlement, s’étant perdu dans des choix contraires à la volonté générale, tout le monde se méfie de ce courant. Peut-on débloquer cette situation ? Sans doute, je l’espère, mais cela passera probablement par quelques symboles, au premier rang desquels on trouve la réhabilitation du tragédien : il faut offrir à Laurent Fabius le combat qui restaurera l’honneur perdu du centurion, quitte à ce que ce soit le dernier. A partir de là, le poids du symbole ne pesant plus sur ses troupes, nous avons une chance de repartir dans une coopération apaisée, saine, constructive. Il reste au destin à produire cette dernière bataille et au futur dirigeant du PS à l’offrir à Laurent Fabius. Vision romantique de la politique qui sera peut-être contredite par le cynisme défaitiste de la politique française actuelle…

Le congrès du PS expliqué aux enfants pour qu’ils l’expliquent à leurs parents

On lit vraiment tout, et principalement n’importe quoi sur la préparation du congrès socialiste de l’automne.

Chaque communiqué, chaque action, chaque déclaration, chaque silence semble devoir générer son flot d’explications, explications qui se résument en fait à un pot pourri de lieux communs sur fond de photos surannées prises au temps de Jospin, voire Mitterrand lorsque cela ne remonte pas à Jaurès ou Marx…

Qu’en est-il vraiment ? Il n’aura échappé à personne (ou pas à grand monde), que le PS a pris une pâtée quasi historique à la dernière présidentielle. Cette élection en forme d’acte de décès entérinait ce que les socialistes auraient dû acter depuis longtemps : l’idéologie de gauche de la fin du XXème siècle était arrivée à un tel point d’obsolescence qu’elle a été incapable de trouver une majorité alors même que l’électorat cherchait à élire un président de gauche.

Nous en sommes donc là : la mort étant avérée, il faut publier l’acte de décès pour pouvoir donner naissance à un nouvel espoir, héritier du socialisme et de la social-démocratie.  C’est finalement la façon la plus claire de présenter les enjeux du congrès de Reims.

Y-a-t-il pourtant encore des gens pour nier la mort du vieux PS ? Pas vraiment. Même l’aile “radicale et historique” du PS (Emmanuelli, Mélanchon, …) cherche une inspiration nouvelle, souvent du côté des expériences sud-américaines pour revivifier le PS. La démarche est intéressante mais a peu de chances d’être audible tant elle est en décalage avec les urgences et avec l’époque. Personne de responsable n’a envie d’être le Besancenot du PS.

Quoi d’autre alors ? En fait, il se dégage trois axes stratégiques avec des colorations politiques plus ou moins précises, même si elles se réclament toutes plus ou moins de la social-démocratie.

Le premier axe est celui des présidentiables calqués sur la seule réalité qui reste à la Vème République : être calife dans le palais de la Pompadour. C’est le choix du couple Delanoë-Royal. Avantage de cet axe, comme il est calqué sur le fonctionnement de la Vème République, il bénéficie à plein de la machine médiatique qui va de pair, et donc la machine à communiquer fonctionne largement en surexposant ce fameux duel que tous attendent. Mon œil… Inconvénient majeur, comme ni Delanoë ni Royal n’ont une majorité à eux seuls, loin s’en faut, il leur faut trouver des alliances au sein du PS, or le PS est beaucoup de choses, mais surement pas une écurie présidentielle. Pas un militant n’ignore que le parti risque d’être ingérable avec un présidentiable à sa tête, et que ceci n’empêchera pas en plus les autres de faire acte de candidature le moment venu.

Deuxième axe, celui des courants mené par la candidature de Martine Aubry. L’avantage est ici de tenir compte de la réalité historique du PS qui est un parti de courants et d’équilibres plus ou moins subtils. L’inconvénient est sans doute de ne pas tenir compte de la réalité historique qui se construit et qui remet justement en cause le fonctionnement passé. Par ailleurs, chaque courant étant représenté par une personnalité forte, cela complique l’indispensable refonte idéologique et cela menace le besoin d’efficacité. Cet axe a une chance de trouver une majorité, mais des trois solutions, c’est peut-être celle qui aurait le plus de mal à procéder à une refonte radicale du PS.

Troisième et dernier axe représenté par Moscovici, Montebourg et maintenant Valls/Collomb/Guerini, celui de la démarche en marge de la technostructure, de la méthode et de la refonte idéologique d’abord. L’inconvénient majeur de cette approche est que cela ne ressemble à rien de connu au PS (ou ailleurs d’ailleurs), que ce choix est défendu par des personnalités de poids mais qui ne sont pas les grands ténors nationaux (les fameux éléphants), que c’est un choix qui remet de facto en cause le fonctionnement et la hiérarchie du parti avec des exercices de démocratie directe via internet. L’avantage principal à mes yeux est que la colonne vertébrale est ici constituée par les travaux de refonte idéologique entamés lors de l’échec à la présidentielle, donc exempts de colorations personnelles et forcément en phase avec les nouveaux défis et les attentes des français. C’est l’axe des outsiders, une sorte de révolution silencieuse militante, et c’est aussi celui qui progresse en ce moment avec le rapprochement des contributeurs des textes “besoin de gauche” et “la ligne claire”.

Alors que va-t-il se passer ? Malgré le soutien médiatique pour le premier choix, j’hésite entre la ligne des courants et celle de la révolution silencieuse des militants ; je suis favorable à cette dernière mais je ne suis pas encore convaincu que tous les cadres du PS ont bien compris à quel niveau d’urgence en étaient arrivés et le PS, et la France. Ils pourraient être tentés de se limiter à des réformes nécessaires là où il faut des réformes radicales.

Féminisme à contre-emploi

J’ai reçu il y a quelques jours la contribution « égales ». Cette contribution thématique traite de la condition féminine en général, mais aussi au sein du parti socialiste lui-même.

En parcourant ce texte, je retrouve une bonne partie des constats que j’avais pu faire depuis mon adhésion il y a deux ans, en particulier l’écart entre les intentions affichées d’une parité de responsabilité et de représentativité, et la trop lente évolution au niveau des élus, malgré les derniers succès électoraux.

Bien qu’à mes yeux un peu partiel et daté, les constats me semblent justes et je me disais que j’allais signer cette contribution jusqu’à ce que je lise cette phrase, utilisée d’ailleurs de façon récurrente : « Faut- il encore le rappeler, une femme meurt tous les 3 jours des coups portés par son compagnon. ».

Or, pour aussi vraie que soit la statistique sous-jacente à cette phrase (référence ?), son utilisation sous cette forme est totalement inacceptable. Pourquoi ?

D’abord, la statistique est exploitée par une forme de com’ destinée à frapper les esprits, à jouer sur l’émotion : on prend une donnée chiffrée et on la divise par une dimension qui n’a pas grand chose à voir avec l’élément mesuré, ici le nombre de jours par an. Pour comprendre la nature très artificielle de ce ratio, il suffit de ce demander ce que signifierait ce même nombre de décès divisé par le nombre de mariages ou la consommation annuelle de barriques de bière. Cela donnerait un résultat « marquant » pour les esprits mais créant un lien douteux de causalité.

Ici, ce ratio « colore » de façon détestable la statistique. En l’occurrence, il désigne implicitement les hommes comme meurtriers potentiels, à grande échelle. Ce lien insensé a été explicitement exprimé par la candidate du PS lors de la dernière présidentielle lorsqu’elle avait repris et transformé cette statistique en « dans un pays comme la France, une femme sur trois meurt assassinée sous les coups de son conjoint ».

Et pour en finir avec l’illustration de la dérive induite par une telle phrase, que penser de cette autre statistique, elle aussi tout aussi vraie « tous les cinq jours, une mère commet un infanticide » (je suis preneur de l’adresse du rapport de l’INSERM)?

De tels procédés alimentent la défiance et créent une culpabilité hors de propos, ils vont à l’encontre même du résultat cherché. Ils passent par ailleurs sous silence les situations qui n’entrent pas dans l’objectif, comme par exemple les violences au sein de couples homosexuels ou les violences de femmes sur des hommes. La relative rareté de ces cas n’autorise personne à les passer sous silence.

Il n’en reste pas moins que les violences conjugales sont un douloureux échec de notre société, pas seulement la faute impardonnable d’un conjoint sur l’autre. Impardonnable parce que nous n’avons pas réussi à protéger la victime, ni avant où l’on ne sait pas traiter le risque, ni pendant où la société ferme trop facilement les yeux au nom de la liberté de chacun, ni après où la justice et la police offrent une protection dérisoire aux victimes. Oui la situation est plus qu’inacceptable, mais la réduire à un problème de sexisme est une erreur d’analyse, voire une faute qui permet à cette situation de perdurer. Si la victime est clairement identifiable (et encore se sent-elle souvent elle-aussi « coupable »), la responsabilité est bel et bien systémique et inclut famille (passée, présente et future puisqu’il y a souvent reproduction du malheur), voisinage direct, et société dont les lois et les services publics sont mal adaptés à la résolution de ce problème. Désigner un coupable (l’homme) et mal protéger la victime est facile, mais moralement insupportable.

Enfin, pour en revenir à ce texte, malgré ses constats justes, il ne permet pas d’avancer sur le problème spécifique du PS. Héritier d’un sexisme historique (les icônes de la République ne sont-ils pas de « solides gaillards » ?), il semble en être à un état de dialogue de sourds polis entre « chiennes de garde et machos », dialogue figé sur la vision dépassée d’une société qui a pourtant évolué (en grande partie dans le bon sens pour ce qui est de l’égalité homme / femme) et qui pose de nouveaux défis liés à de nouvelles situations. La violence naguère socialement attribuée à l’homme « prédateur », s’est diffusée à toute la société comme en témoignent les cas de jeunes filles condamnées pour violence en bandes et parfois actes de barbaries.

Le combat pour une société qui traite en égaux tous les citoyens, est un combat nécessaire, juste, mais le combat de tous, basé sur un contrat de société clairement redéfini, mis en œuvre par une réforme progressive et permanente qui n’exclut personne, qui ne condamne a priori personne, qui protège tout le monde.

Quant aux problèmes de parité du PS, soit on attend quelques siècles que la parité s’établisse au fil du renouvellement politique, soit on se décide à « sacrifier » l’ordre établi en désignant par tirage aléatoire les futurs candidats aux futures élections de listes (européennes, régionales) et en demandant aux plus anciens élus de ne pas se représenter. Une telle décision est simple mais elle pose la question de la confrontation des principes et de l’efficacité, de l’égalité de tous contre l’équité de ceux qui ont consacré leur vie à être où ils sont.

Quel que soit le choix, il devra être le résultat d’une démarche collective, d’un contrat où chacun puisse se retrouver.

Fin de journée d’été chez Mosco

Fin de journée agréable en ce mercredi soir : il fait beau, la circulation est presque fluide dans Paris et je trouve une place de parking du premier coup. J’ai oublié le nom de la salle mais bon, je vais demander au gardien.

« Dans quelle salle a lieu la réunion de Moscovici ? ». Le gardien n’est pas au courant, il décroche son téléphone pour se renseigner. Entre-temps arrive une autre personne, elle aussi à la recherche de la salle. Nous échangeons quelques mots. Ah JPB ! Bloggy ! Le monde est plus petit que le oueb.

Finalement, la salle est dans un autre bâtiment du conseil régional, nous nous y rendons. Y-aura-t-il beaucoup de monde ? La réponse ne tarde que quelques minutes : des caméras de télé à l’entrée, des gens qui arrivent, la salle finit par être pleine. Finalement, la présentation de la contribution « Besoin de gauche » attire beaucoup de monde. Décidément, journée de bon augure.
La réunion commence. Mosco est précis comme d’habitude, de la conviction, de la raison, le bon équilibre entre certitudes et questions ouvertes à tous. Un charisme de leader qui laisse la place à l’expression collective autant qu’individuelle. Le bon équilibre encore. Je n’apprends pas grand chose de nouveau sur un texte déjà largement travaillé sur le oueb, mais je ne peux que noter la pertinence et la cohérence du fond et de la force*.

Nous proposons un texte sur des principes et une méthode : normal, en nous appuyant sur la déclaration de principes, nous cherchons à rassembler, à convaincre, à susciter l’adhésion, à travailler collectivement pas étapes, pas à obtenir un plébiscite oui / non (système peu goûté ces derniers temps…) sur un catalogue définitif « deus ex machina ». Du coup, je constate avec satisfaction que la mayonnaise prend excellemment bien entre Rénover Maintenant et Socialisme et Démocratie : un bon gage d’avenir pour ceux qui nous rejoindrons, ceux qui jusque-là avaient perdu l’espoir d’autre chose qu’une synthèse qui ne fâche personne. SD et RM travaillent ensemble, se reconnaissent dans ce travail sans perdre leur identité. La future motion ne sera pas carpo-lapinesque.

Nous refusons une présidentialisation du parti : le 1er contributeur a clairement exprimé son souhait de ne pas se présenter à la future présidentielle s’il est 1er secrétaire, il portera et défendra cette contribution puis la motion qui en découlera dans cette optique. Parallèlement, le texte défend clairement une orientation vers une nouvelle République dans une logique parlementaire, loin du chant éraillé des sirènes d’une Vème République agonisante. La rénovation du PS ne passe pas par des militants lads dans une écurie présidentielle, mais par une remise en ordre des structures du parti et une démocratisation aussi bien dans le fonctionnement quotidien que dans la désignation du candidat lors de primaires. Cohérence toujours.

Puis s’enchaînent les questions et les remarques : beaucoup d’Europe, pas mal de social, l’écologie (enfin pleinement à sa place !), de la satisfaction, peu de critiques. Ce texte, pourtant non définitif est bien né. Au fil des échanges, une remarque s’impose en même temps à JPB et moi-même : nous avons un problème de décalage temporel et de maturité de réflexion entre les militants « de la vraie vie » et les internautes. Là où les premiers en sont au stade des questions, les bloggeurs en sont à celui des réponses après échanges multiples, arguments et contre-arguments. Il existe un vrai risque d’obsolescence de la vieille politique. Nous devons trouver un moyen de recoller les morceaux si nous ne voulons pas nous retrouver avec notre fracture numérique…

La réunion se termine. Nous avons fait aussi bien que Delanoë qui présentait en même temps son texte et qui cumulait les avantages d’être le régional de l’étape et le chouchou des sondages. En plus, JPB me donne le livre de Sylvie et Dominique “interdit d’enfants” qui est en France à l’origine du débat en cours sur une très grande avancée juridique touchant la famille : la gestation par autrui . Décidément une bonne fin de journée.

(*) C’est un lapsus détecté à la relecture (forme/force), mais je le laisse tant il est révélateur…