La question écologique

Contribution au manifeste social-démocrate écrite en collaboration avec le forum des 3socs.

On nous le dit, on nous le répète, pour bien vivre il faut être écolo, bio, développement durable, HQE, anti-OGM et tout un tas de choses qui bien qu’imprécises, tournent autour d’une prise de conscience récente : les sociétés humaines sont arrivées à un niveau où leur impact peut profondément modifier l’état naturel des choses…

Lire la suite ici.

Une photo pour l’histoire

Petite critique photo au programme de cette semaine. Nous avons un nouveau président et la déco des mairies va donc être retouchée, mais par quoi ?

Sarkozy

Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour classique qu’il soit, ce portrait souffre d’un nombre certain de défauts :

  • atmosphère générale jaunâtre,
  • corps tourné vers la gauche (contre le sens de lecture culturel et donc assimilé au passé),
  • un étrange effet de vignettage (les bords sombres),
  • une tenue peu n aturelle avec un arrondi à droite qui lui donne presque un aspect voûté,
  • des drapeaux trop grands qui rapetissent le bonhomme (il n’avait pas besoin de cela),
  • un fond trop net et sans que la netteté présente un intérêt (d’habitude, on choisit de flouter le fond pour renforcer l’impact du portrait – cf. Pompidou et Chirac),
  • des parties bouchées (trop sombres, bas du costume, bas des drapeaux)
  • un visage presque surexposé en certains endroits
  • une composition de pièces rapportées (que font ces drapeaux trop grands dans une bibliothèque ? le personnage à l’air “de passage”).

Cette photo est dans la lignée de celles de De Gaulle et de Pompidou (quoi que moins vieille France), et on retrouve l’attitude voûtée de Chirac (le plus bucolique).

De Gaulle De Gaulle

Seuls les portraits de Mitterrand et de Giscard tranchent et techniquement, c’est probablement celui de Mitterrand qui est le plus techniquement réussi bien que légèrement surexposé sur le front (double éclairage, attitude de lecteur plus naturelle).

Giscard
Mitterrand Chirac

Si c’est la photo de Sarkozy que retiendra l’histoire, elle ne dégage rien de très flatteur.

Réformer l’image et la communication de la social-démocratie

La social-démocratie et son image

Contribution au manifeste social-démocrate de Ph. CUYAUBERE & Ph. RIS
14 avril 2007

En marge de la réflexion et de la mise à plat des idées, je crois qu’il est bon de s’arrêter quelques minutes sur un élément que nous avons peut-être un peu trop tendance à traiter à la légère, et à nos dépends : la forme de notre message.

En terme d’image, il semble que nous soyons perçus comme un club élitiste, intello, plutôt fermé, et plus préoccupé par les constructions intellectuelles que par les robinets qui fuient ou la nourrice du petit dernier (cliquer ici pour la suite …)

Salon littéraire libertaire

Plus que quelques jours avant le grand chambardement. J’en profite pour vous proposer de lire un polar à clés “Deux ans après, Et si vraiment, tout devenait possible…” du célèbre Benjamin Griveaux et du mystérieux Sean Christian dont le visage me rappelle vaguement le muppet show.

“Dans une France pré-Orwellienne post élections 2007, oppressante, sécuritaire, bien-pensante et mal pensée, un milliardaire opportuniste se fait assassiner à coups de faucille mal ajustés. Le coupable serait-il cet homme de la rue, médiocre rejeton d’une société stérilisée, ou la vérité est-elle à chercher ailleurs, entre le voyeurisme de notre lâcheté et les compromissions des anti-chambres du pouvoir ?”

La critique est unanime à avoir son avis définitif :
Libation : “un formidable polar libertaire qui porte haut les revendications sociales contre tous les pouvoirs liberticides, et révèle les trames de la compromission entre journalisme et pouvoir”

Figue-halot : “un roman à clé qui montre quel est le vrai avenir de ceux qui ne se lèvent pas tôt”

Téléamoa : “la quintessence de la reflexion philosophico-sociale sur un monde hypermédiatisé où l’audimat fait office de conscience sans science”

Les visions lointaines à l’usage des myopes : “Si loin, si proche, si vrai que l’on voudrait que cela reste faux”

Sondocratie Underground

Pour le premier tour de scrutin de la présidentielle du 22 avril 2007, j’ai décidé de faire mieux que les autres en matière de résultats : je vais vous donner un sondage sorti des urnes avant même que le premier votant ne se soit levé !

Eh oui, plus fort que Morandini ou Birenbaum qui ont décidé de publier des estimations dès qu’il y aura des tendances fiables (donc inversement proportionnelles au carré du logarithme du pifomètre).
Plus fort aussi que la traditionnelle fuite Suisse, pas celle des capitaux mais plutôt celle de la presse et des médias de nos voisins:
La presse suisse
La radio helvète
La TSR

Je ne fais donc qu’accélérer le grand débat médiatico-sondagier de cette dernière semaine : faut-il ou pas publier les sondages jusqu’au dernier moment, c’est à dire à la clôture des bureaux de vote ?
Les suisses, non soumis à la loi électorale française, répondent amusés “bien sûr” puisqu’il s’agit de liberté, sinon du devoir d’information qui va de pair avec la démocratie. Une presse libre et sans entrave, voila effectivement un argument de poids, dommage que ce soit en helvétie…
Côté France, cela s’agite sous couvert là aussi de liberté d’information et avec l’argument difficilement parable que du moment que l’on peut avoir l’information ailleurs qu’en France, on voit mal pourquoi seuls certains électeurs, premiers intéressés, en seraient privés !

J’aurais tendance à me ranger du côté du pragmatisme : du moment où l’on ne peut arrêter la diffusion de l’information, information consubstantielle à la démocratie de façon générale, il est idiot de l’interdire. Voire, en l’interdisant, on crée une classe de citoyens qui savent, et une classe qui ne savent pas. Et cela, c’est inégalitaire et anti-démocratique.
Agoravox a d’ailleurs publié un article amusant sur le sujet avec en ligne de fond notre loi électorale qui entraîne une situation d’inconstitutionnalité de l’élection.

Et finalement, le vrai problème des sondages, ne serait-il pas qu’en l’absence de vision politique entraînant l’adhésion des électeurs, on se retrouve face à une absence de raison de voter et que ces mêmes électeurs se rabattent sur un pile ou face faussement argumenté. Face à une vraie réponse à l’urgence des réformes, il n’est nul besoin d’une pile de sondage : un SDF à qui un candidat proposerait enfin un programme volontariste de construction et d’attribution de logements n’ira pas lire dans les sondages pour qui il veut voter. Mais si on lui parle drapeau et mesures fiscales alors il est bien obligé de chercher une trace de vérité dans la mousse des sondages… ou dans un non radical.

Ah oui, au fait, le résultat de mon sondage sorti des urnes pas encore remplies (enfin, j’espère) :
– A. Laguiller : 18,5 % au bénéfice de la « persévérance »
– F. Bayrou : 17% au bénéfice de « il est impossible de se fâcher avec un centriste »
– J. Lepen : 14% au bénéfice de « on m’a diabolisé »
– N. Sarkozy : 13,5% au bénéfice de « décidément, c’est pas possible avec lui »
– M-S. Royal : 13,5% au bénéfice de « c’est une femme et y a kelle ki peut battre Sarko »
– Pour les autres, on cherche les bulletins, résultat final vers 22h dimanche soir.

Le temps de l’e-militant

L’ifop a publié il y a quelques temps une étude sur la campagne électoral sur le net pour la présidentielle 2007 (échantillon de 1004 internautes représentatifs, enquête réalisée entre le 23 et le 26 octobre 2006).

Les résultats

Deux tiers des internautes se disent intéressés par l’e-campagne, mais près de la moitié s’en disent non satisfaits (46% contre 27% de satisfaits). Cette (in)satisfaction est très inégale en fonction des préférences politiques. Les internautes socialistes s’estimant eux satisfaits à 46%.
On peut tenter ici une analyse. L’approche UMP de l’e-campagne a été plutôt encadrée (kit internet de campagne, portails, … par exemple) alors que l’approche au PS (hors Désir d’avenir peut-être) a été beaucoup plus autonome et permettant des créations spontanées pour un événement (DSK à la Rochelle) ou originales ( Vlog politique, la web TV de DSK).
Une première hypothèse pourrait être de dire que les internautes acteurs ressentent une plus grande satisfaction que les internautes colleurs d’affiche, voir trolls.

Ph. RIS

Aller sur le site d’un parti n’intéresse jamais 64% des internautes, visionner une interview politique jamais à 70%, visiter un blog politique encore moins à 72%. Quand aux argumentaires et autres tracts, 78% n’en veulent vraiment pas !
De façon lapidaire, on peut constater que sur le web, on aime discuter politique mais pas dans un cadre politique avec des politiques ! La liberté de ton est recherchée sur les blogs politiques (56%) ainsi que les infos inédites (42%).

40% des internautes utilisent le web comme source d’information politique, mais vont chercher cette info principalement sur les sites institutionnels de la presse écrite ou radio. Internet semble donc réaliser une synthèse entre facilité d’accès, disponibilité lorsque le besoin se fait ressentir et pérennité (mémoire).

La confiance dans ce qui est diffusé par le web semble faible 21%, la télévision étant privilégiée. Ce résultat me semble surprenant et à contre-courant du fantasme très répandu “on nous ment, la vérité est ailleurs”. A voir…

Le web semble un moyen de se réapproprier sa citoyenneté : 46% des internautes disent avoir une activité politique par ce moyen, mais ce citoyen est plutôt un homme qui a passé la trentaine, éduqué (61% ont au minimum le bac), et plutôt à gauche.

Conclusion

Internet élargit l’agora politique et comble une partie du fossé entre l’élu et l’électeur, probablement parce que le citoyen peut se réapproprier une partie du débat politique en se transformant en militant. Une partie de ces e-militants se sont effectivement mués en militants au sein des grands partis, mais il n’est pas sûr que les deux populations se fondent totalement l’une dans l’autre.
– pour des raisons de temps : une simple réunion dans le monde « solide » nécessite des heures alors qu’un échange sur internet touche beaucoup plus de monde en beaucoup moins de temps
– pour des raisons de psychologie : tous les citoyens ne sont pas des orateurs d’exception, des extravertis prêts à sillonner tous les marchés de France
– pour des raisons de liberté : il y a un gouffre entre la formation et l’encadrement militant au sein d’un parti et la liberté quasi totale de l’internaute.

Enfin, si le web donne un nouveau souffle à l’expression citoyenne, elle ne permet pas encore de guérir les maux de notre démocratie, et elle n’est pas majoritaire, c’est à dire capable à lui seul de faire basculer une élection (par contre, internet a sans doute joué un grand rôle pour l’organisation et le déroulement des primaires PS) :
– les classes habituellement défavorisées restent pour l’instant coincées sur le login d’accès à l’agora
– on voit déjà poindre des possibilités de manipulation hoax, marketing viral politique, invasion de trolls, spam, …)
– le web n’a pas encore assez de force pour contrecarrer fortement les manipulations classiques, mais il a un incontestable rôle d’éducation et de vigilence.

La république, ses cloches et ses merles

Avez-vous regardé Clochemerle à la télé il y a quelques semaines? Si ce n’est pas le cas, c’était l’histoire politique d’un petit patelin juste après la guerre de 14. Sur fond de lutte droite / gauche, le maire (de gauche) décide d’installer une pissotière sur la place du village, juste en face de l’église et sous les fenêtres de la bigote du coin. Il en fait le symbole hygiéniste du progrès et de fil emberlificoté en aiguille tordue, la vespasienne devient le symbole national du réformisme social contre le conservatisme calotin. L’hypertrophie médiatique s’achèvera dans une émeute entre les villageois clochermerlins et des trouffions désœuvrés en mal d’aventures (galantes principalement), faisant deux victimes : l’idiot du village tué d’une balle en plein cœur et le ministre de l’intérieur sacrifié sur l’autel de la paie sociale.
La morale de l’histoire ? Grande autant que désabusée, elle arrive dans le dernier dialogue où le maire (devenu député grâce à la publicité faite autour d’une oeuvre aussi triviale que populaire) avoue à la fois son cynisme politique et son amour de l’humanité, plus encore pour les faiblesses que la grandeur. Le peuple n’aime pas la grandeur, les grands hommes lui sont un affront, et il choisit chaque fois qu’il le peut, la pissotière au panthéon, le médiocre qu’il peut moquer à la lumière qu’il craint d’admirer ou qui lui renvoie sa part d’ombre et de faiblesse.

La France n’a été conduite par des hommes exceptionnels qu’en période d’exception. Profitons-en, le temps des pissotières pourrait bien s’achever avec notre obstination à ne pas comprendre où est le bien social et le changement…

Arrêt de l’aventure

Rien n’y a fait, le marketing a été plus fort que la réflexion et la conviction, cette fois encore. Les militants socialistes ont choisi le changement dans la continuité : une candidate énarque qui succède à un candidat énarque pour éventuellement être présidente à la place d’un président énarque. Changement dans la continuité de l’organisation du PS aussi puisque presque tous les barons du socialisme et l’appareil s’étaient rangés derrière “la favorite des sondages”. Changement dans la continuité enfin, par la faiblesse d’un programme qui se résume à prendre ses distances avec le “livre rose du PS” et à compiler les doléances en affirmant sans rire qu’il s’agit d’écouter le peuple où chaque citoyen est expert.

Où cela mènera-t-il ? On le verra bien dans les prochains mois. En attendant, les candidats de droite ne cachent pas leur satisfaction de voir la plus à droite des candidates de gauche être désignée, et les potentiels alliés de gauche se montrent quant à eux fort prudents, sinon circonspects. Un résultat cependant est acquis après cette désignation : l’espoir d’autres débats contradictoires sur les idées s’est envolé. Effort inutile lorsque le résultat peut aussi bien être fixé par sondage, sondages qui ont finalement bien mesuré les résultats de la campagne marketing, tout en l’amplifiant puisque ce marketing se nourrissait lui-même des sondages. Une sorte de machine infernale auto-alimentée en quelque sorte. Les directeurs de campagne sont désormais prévenus : l’acte de mesurer par le sondage influe directement, et principalement, sur les résultats ultérieurs. C’est presque de la politique quantique !

En attendant, la république va toujours aussi mal, la bascule démographique s’accélère, les cours de l’énergie subissent de fortes variations, et le climat exprime sa colère par des tempêtes et des innondations. Je me demande si nous avons déjà eu dans notre histoire des époques aussi peu spirituelles et autant attachées au conservatisme ?