Il semble que la droite « traditionnelle » a un gros coup de mou idéologique.
Entre l’attelage Sarkozy-Guéant-Buisson qui tire à droite toute derrière la blonde crinière de la fille à papa Le Pen, la troupe centriste désireuse de se retrouver autour du chaleureux foyer trop longtemps délaissé et Dominique de Villepin à la limite de tenter une OPA sur le front de gauche, on comprend que l’électeur de droite soit plus que perplexe devant le spectacle offert.
Je voudrais quand même revenir au fond et c’est la proposition de Dominique de Villepin sur un revenu citoyen qui m’en donne l’occasion. Il faut d’abord savoir que cette proposition n’est pas en elle-même nouvelle et sous une forme ou une autre elle a été déjà avancée aussi bien à droite (pour des raisons libérales ou de charité) qu’à gauche.
Conférence de presse de Dominique de Villepin au… par publicsenat
Les sociaux-démocrates en particulier en ont discuté (entre autres sur le blog de Pierre Moscovici) en l’appelant Revenu de Citoyenneté (RdC), ou (pour ma part) pointant le fait qu’un revenu correspondait plutôt à la rémunération d’un travail, Allocation Citoyenne Unverselle (ACU).
L’ACU était la réponse à différents problèmes :
1) le système actuel est trop complexe et cela s’agrave
2) le système actuel est palliatif et ne réussit pas à résoudre le problème de la misère et du déclassement
3) le système actuel est trop coûteux et cela ne s’améliore pas
Il se plaçait également dans une perspective politique est idéologique
1) la gauche et les socialistes n’acceptent pas la misère comme une fatalité
2) nous n’acceptons ni le laisser-faire ni la charité
3) pour être pleinement citoyen il faut être libéré a minima des contingences de survie, être éduqué, informé, libre de circuler, …
4) la CMU, le RSA, l’école gratuite, les tarifs sociaux de l’énergie, la gratuité partiel des transports, … sont des mesures dont un grand nombre a déjà été mise en place, sous l’impulsion de la gauche principalement, elles vont dans le bon sens, l’ACU se plaçant dans leur continuité.
Enfin, le système doit impérativement être économiquement viable, et simplifier effectivement le système, il doit être universel c’est à dire attaché sans condition à tout citoyen Français sans distinction.
Les échanges sur le sujet ont été longs et divers, mais en synthèse, une des solutions possibles était de supprimer absolument tout le système actuel (y compris les retraites, allocations familiales, indemnités chômages, …) pour les remplacer par un système unique, l’ACU associant une allocation en euro et des prestations en nature (une part d’électricité gratuite par exemple), le tout étant imposé à l’impôt sur le revenu (c’est universel et ceux qui n’en n’ont pas besoin le redonne par l’IRPP).
Autant dire que nous avons envisagé quelque chose d’assez radical…
Cette mesure n’a pas été retenue et il faut plus la considérer comme une utopie qui doit guider l’esprit des réformes que comme quelque chose d’applicable à court ou moyen terme. Il faut en garder les principes à l’esprit, certains éléments, il faut oser être audacieux et fixer la limite entre le possible que l’on peut dépasser et le délire démagogique.
Arrivé au pouvoir, nous devrons être de bons gestionnaires, mais nous devrons être plus que cela : l’époque que nous vivons est une période de ruptures, nous devons montrer aux Français que nous voyons loin, que nous sommes audacieux, que nous savons prendre des risques, mais que nous ne ferons pas n’importe quoi.
Le socle du programme PS est sérieux. Le candidat qui se l’appropriera devra le dépasser, savoir faire rêver, savoir donner confiance, savoir bousculer les conservatismes, savoir être rigoureux, savoir être innovateur, savoir quelle est la frontière entre le possible et l’illusion.