Mandela Day

bebeMême si vous n’avez pas 67mn à consacrer au Mandela Day, vous pouvez toujours réfléchir 5 fois 67 secondes en écoutant Simple Minds.

Bonne journée Mandela,

Le noyau dur de l’économie mondiale

Trois chercheurs suisses ont récemment publié un excellent travail sur l’organisation de l’économie mondiale, en cherchant tout particulièrement à identifier ses centres de contrôle.

Entres autres, ils ont établi que 1318 sociétés contrôlent 60% de l’économie mondiale, et que 147 d’entre elles (1%) contrôlent 40% de l’économie. Toutes ces sociétés appartiennent au secteur financier. Voilà qui explique bien des choses…

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Sources : « S. Vitali, J.B. Glattfelder, and S. Battiston: The network of global corporate control« 

Mandela : l’empreinte indélébile de l’espoir

Le souffle de vie de Nelson Mandela devient de plus en plus ténu et si l’inévitable s’impose à tous, je ne souhaitais pas avoir à écrire d’ici quelques temps un hommage, bien qu’il soit impossible pour moi de passer sous silence un tel événement.

Au-delà de l’homme nécessairement mortel, je me suis demandé quelles images, quels élans, quels sentiments il nous lègue à tous.nelson-mandela-in-traditional-clothing

Nelson Mandela nous lègue la preuve que nous ne sommes pas définitivement conditionnés par l’accident de nos origines.

Lui, le noir né dans un village du pays qui fut le plus raciste de notre monde, s’est élevé au plus haut niveau politique, mais plus encore moral.

Le courage, la probité, l’éducation, l’exemplarité peuvent tout.

 

Nelson MandelaDe Nelson Mandela j’ai toujours ressenti un halo de sérénité, de calme voire de lenteur.

Quel étrange sentiment dans un monde où tout va si vite, où l’instant s’impose au flux de nos vies, où il est urgent de faire mille choses avant de devoir les oublier, pris dans le maelström de l’agitation de nos sociétés.

L’exécution lente des choses qui importent vaut mieux que l’agitation de celles qui nous emportent.

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De Nelson Mandela je retiens le merveilleux sens du pardon, de l’intérêt collectif et du sens du symbole.

L’apartheid fut un régime de douleur, d’humiliations, de haine et de mort. Et pourtant Mandela a réussi à faire passer son pays dans une ère qui à défaut d’être parfaite n’a pas été bâtie sur la vengeance et le sang et qui rend l’avenir possible pour tous. J’ai en mémoire quelques images des confessions des acteurs ordinaires de l’apartheid lors de la transition et le symbole de l’espoir de tout un peuple soudé autour de son équipe de rugby, ce sport de blancs.

De Nelson Mandela il restera cet incroyable message d’espoir marqué du sourire d’un homme infiniment respectable. La lumière de ce qu’il a été éteint au combien la vanité de tant d’hommes et de femmes cupides qui, ces dernières années en particulier, ont si mal utilisé les chances qui leur avaient été données. De tous ceux qui ont participé à la ruine du monde il ne restera pas de trace, mais de Nelson Mandela qui n’a finalement fait qu’une petite chose, défendre pacifiquement et avec constance la dignité humaine, il restera un exemple et l’empreinte d’un espoir dans lequel nous pouvons tous inscrire nos pas.

Nous pouvons tous être Mandela, nous devons au moins essayer.


Johnny Clegg Asimbonanga (Nelson Mandela) par Texwolf

Eau amère… une fois encore

innondationLes terribles images diffusées ces derniers jours après les inondations cataclysmiques du sud-ouest m’ont tristement renvoyé à trois posts que j’avais faits sur le changement climatique il y a déjà plusieurs années :

Aux inondations, on peut ajouter la même semaine les violents greleépisodes orageux accompagnés de grêle, conséquence d’une différence de 20°C entre Brest où il pleuvait et Strasbourg sous la canicule.

J’avoue être très triste en tant que citoyen et las en tant que militant. Si les scientifiques se doivent d’être prudents en matière de prédiction de l’évolution du climat, leurs modèles se sont bien améliorés depuis les premiers travaux du GIEC. Si on ne peut pas décrire avec certitude comment sera notre monde avec ce changement climatique, prévoir des épisodes météorologiques plus extrêmes dans leur fréquence et leur intensité ne relève pas de la divination mystique mais bien de la responsabilité politique.

hollande-inondation_scalewidth_961Nous en voyons l’illustration directe dans les Pyrénées : la fonte des neiges, les inondations ne sont pas nouvelles ou même rares, mais elles sont ici hors norme. Il en était de même des tempêtes Klaus ou Xynthia et il en sera de même à l’avenir, et ceci de façon certaine. On ne peut pas empêcher ces catastrophes, mais on peut en prévenir les conséquences. Il faut à la fois apprendre à redevenir humble face à la puissance des tempêtes mais aussi courageux pour se prémunir des conséquences humaines.

Même si cela n’a aucune chance d’être populaire, il faut évacuer les zones inondables et submersibles à risque, et détruire les habitations de ces secteurs. À défaut, il est nécessaire de mettre en place des plans d’évacuation en redoutant le jour où le climat viendra à bout de notre résistance au changement et de notre lâcheté à le mener.

Il est également nécessaire de progresser rapidement sur l’ingénierie climatique et ouvrir un débat sur le fait de savoir si oui ou non nous devons agir directement sur notre atmosphère : captage de CO2, augmentation artificielle de la nébulosité, dissémination de fer dans les océans, … beaucoup de pistes sont possibles, on ignore si elles sont souhaitables mais il est temps de regarder nos problèmes en face.

Je vous renvoie enfin sur deux de mes textes où cette question de la rupture climatique est traitée :

Dans quelques mois nous allons entrer en campagne, nous allons choisir nos nouvelles équipes municipales, intercommunales et dans la foulée nos députés européens, une partie de nos conseillers départementaux et nos sénateurs. À chacun de nous de poser aux candidats les questions importantes, à chacun de nous de choisir nos élus sur ce qui compte vraiment pour notre avenir et celui de nos enfants.

Hautes-Pyrénées : au cœur des vallées dévastées par lasemainedespy

 

C’est quoi un entrepreneur ?

entrepreneurVoici une excellente vidéo de Xerfi qui en moins de 5mn présente quelques vérités sur la réalité des entrepreneurs. Dans une époque où la politique s’est professionnalisée et où les hautes strates administratives de l’État se confondent avec celles de grands groupes qui ignorent la réalité des PME et encore plus celui de l’entreprenariat des TPE, cette vidéo pédagogique m’apparaît salutaire.

Il y a des semaines comme cela…

Menu de la semaine

imgresPrenez une dose de Guéant à la sauce enquête préliminaire pour une histoire de rémunération en liquide (240 000€ tout de même !) qu’il avait lui-même interdite il y a quelques années, un soupçon de Cahuzac pour rallonger la sauce avec une nouvelle histoire de liste d’exilés fiscaux, pimentez d’un Tapie me revoila avec un air de « je porte la poisse » qui vient d’embarquer Stéphane Richard, et liez le tout par un reportage intéressant de France 2 sur « l’optimisation fiscale » (poétique euphémisme…), vous aurez alors le menu (un tantinet écœurant) de la semaine.

Certains en tireront peut-être la définitive conclusion que décidément il n’y a pas de salut autour de l’homo politicus ou que seule l’ignorance et l’aveuglement peuvent vous apporter sérénité et béatitude.

Pour ma part, cela me conforte dans l’idée que pour lutter contre les faiblesses humaines en générale et la corruption en particulier, il faut être du genre marathonien et s’appuyer sur les maigres progrès qui se présentent et ne pas s’arrêter sur les désillusions qui s’accumulent.

Les progrès ici sont de deux ordres : d’abord la justice avance, cahin-caha certes, mais finalement à un rythme presque supersonique par rapport aux dernières années. L’autre élément de satisfaction est que la corruption du système et des hommes n’est pas celle de tous les systèmes et de tous les hommes. Nombre d’acteurs forcés de ce système commencent à se rebeller et c’est bien pourquoi ces listes apparaissent. Il faut beaucoup de courage et de force morale pour oser dénoncer puis se battre alors qu’il serait plus simple et confortable de passivement y contribuer. À chacun de nous de se demander si autour de lui il ne voit pas aussi des choses inacceptables, et si c’est le cas s’il n’est pas temps de ne plus les accepter. La corruption, lorsqu’elle est à ce point généralisée, ne perdure que grâce à la complicité passive de ceux qui renoncent à la combattre lorsqu’ils en ont l’occasion. Facile à dire certes, oui, mais certains le font et ils n’avaient pas a priori le profil de vengeur ou de sauveteur de l’humanité.

Du point de vue politique cette fois, comment avancer ?

D’abord pour ce qui est du cas Richard, il est nécessaire d’étendre la jurisprudence politique qui veut que l’on démissionne lorsqu’on est mis en examen. Stéphane Richard n’a certes pas un mandat politique mais en qualité d’ex directeur de cabinet de Christine Lagarde il ne peut s’exonérer de ce passé. Sa nomination à France Télécom-Orange a nécessairement une composante politique et par ailleurs l’État n’est pas un actionnaire comme les autres dans l’histoire. Si on mélange affaires et politiques alors la règle la plus contraignante doit s’appliquer, Stéphane Richard doit se mettre en retrait de FT.

Au-delà, puisqu’à l’évidence les très mauvaises habitudes et le passif sont des freins douloureux pour retrouver une République et un système politique où la vertu et l’intérêt général sont la règle, il faut accélérer le renouvellement du personnel politique et la mise en place de règles de transparence d’abord, de contrôle ensuite. Le renouvellement peut être accéléré par une loi de non-cumul des mandats : cette loi est un engagement pris avec les Français en 2012, il doit être mis en place. Quant à la transparence, elle commence par la publication des revenus et dans une certaine mesure du patrimoine des candidats & élus.

Le temps des choix et des actes est venu.

Jean Jaurès On peut discuter du périmètre et des modalités, mais en aucun cas du principe et du fait que cela doit s’appliquer systématiquement pour toutes les futures élections.

Ne pas le faire reviendrait à se déclarer ouvertement corrompu.

Ne pas le dénoncer reviendrait à accepter ouvertement la corruption.

L’extrémisme de droite tue à nouveau en France

la-cagouleStupeur et consternation ce matin en entendant la nouvelle de l’agression  d’un militant de gauche en état de mort cérébrale après été avoir été attaqué semble-t-il par un groupe d’extrémistes de droite.

Le refus des règles démocratiques semble radicaliser des groupuscules qui, n’ayant pas gain de cause par les urnes, semblent vouloir remettre à l’ordre du jour les vieilles méthodes violentes. Cela n’est pas sans rappeler le triste épisode des cagoulards.

Mais aujourd’hui comme hier, ces extrémistes n’arriveront pas à leurs fins !

Le mode d’emploi perdu de l’emploi

450px-Pericles_Pio-Clementino_Inv269_n3J’étais invité à participer jeudi à une réflexion sur l’emploi mais n’ayant pas de don d’ubiquité dans le monde physique, je profite des possibilités du numérique pour d’une certaine façon être à mes deux rendez-vous tout en partageant largement certains points de ce difficile problème.

La plus grande difficulté est sans doute d’éviter d’enfoncer les portes ouvertes ou de se noyer dans des poncifs un peu trop faciles. Par facilité, nous aimerions que le chômage soit d’abord la faute de l’autre, que cet autre s’appelle d’un côté mondialisation, finance, libéralisme ou de l’autre archéo-communisme, étatisme et autres mots en isme qui essaient de cacher notre impuissance derrière le cache-sexe de l’emphase.

En Europe, un regard détaché est amené à constater au moins les éléments suivants :

  • contrairement à l’époque souvent regrettée des 30 glorieuses, nous sommes dans la grande majorité des pays européens dans une économie mature, pas une économie de (re)construction
  • contrairement à tout ce que nous avons pu connaître dans le passé, le niveau général d’éducation est pour beaucoup de métiers plus que suffisant et le diplômé n’est plus une rareté sur le marché du travail
  • le travail n’est plus une valeur monolithique qui unissait le revenu nécessaire à la subsistance de la famille et un statut social « honorable ». L’évolution sociale a bien souvent abouti à créer des emplois vidés de leur sens tout en déformant l’échelle des salaires de façon de plus en plus écœurante.

Dit autrement,

  • un jeune diplômé arrivant sur le marché du travail à une valeur très inférieure à ce qu’elle aurait pu être quelques décennies plus tôt,
  • qu’en l’état nos sociétés « repues » n’ont que peu de goût pour se dépasser et lui offrir un espace pour construire un monde nouveau
  • et qu’au contraire le modèle « valeur travail » qui lui est proposé est celui du non-sens cupide ou misérable en fonction du côté où il tombera.

La mondialisation, la crise etc… n’arrangent pas les choses mais elles ne sont pas à mon sens la racine du problème. Si l’on regarde les statistiques un peu vite, on peut penser que tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne:

Mais en fait, les pays européens comme l’Allemagne ou dans une moindre mesure l’Angleterre qui arrivent à un taux de chômage « gérable » le font en grande partie en maltraitant la valeur travail à travers la précarité et des bas salaires plus qu’indécents.

Bien d’autres paramètres interviennent dans l’équation et ce post n’a aucunement la prétention d’être exhaustif et de postuler pour le Nobel d’économie. Mais si j’ai retenu ces paramètres, c’est à la fois pour leur importance structurelle et parce que l’on peut agir sur eux.

  1. Nous nous devons d’être honnête avec les jeunes générations et arrêter de leur faire croire aux vertus magiques des diplômes. L’éducation est indispensable dans l’exercice d’un métier, elle peut être un idéal (surtout lorsque l’on est socialiste) mais elle n’est plus un ticket pour avoir une place réservée dans un des wagons de la société.
  2. Nous nous devons de permettre à ces jeunes générations de construire un avenir qui nous échappe et qui potentiellement menace le confort établi au profit des générations qui ont jusque là verrouillé la société française.
  3. Nous nous devons de redéfinir ensemble la valeur travail et accepter que le statut et le moyen de gagner sa vie soient dissociés, que la hiérarchie sociale actuelle soit revue et que l’échelle des rémunérations soit reconstruite dans le sens de la décence et de l’équité de chacun.

Sur le point 1) nous sommes dans un état proche du déni catastrophique.

Sur le point 2) les changements extraordinaires que nous vivons actuellement devraient permettre d’abattre toutes les murailles qu’il faut (d’une certaine façon les contrats intergénérationnels mis en place par le gouvernement vont dans ce sens).

Enfin sur le point 3) la tâche est complexe mais des progrès ont déjà été enregistrés avec l’encadrement des salaires pour ce qui est du secteur public et malgré ce qui a pu être retranscrit par la presse, le chantier n’est pas clos pour le secteur privé. On en jugera par cette déclaration de P. Moscovici fin mai au parlement :

Vous m’interrogez sur les mesures que le gouvernement entend prendre – ou a déjà pris – concernant les rémunérations des dirigeants de nos grandes entreprises.  Je veux être sur ce dossier extrêmement clair. Nous n’avons renoncé à rien. Ni à agir. Ni à légiférer si c’est nécessaire. Je partage le désarroi de nos concitoyens qui voient certains patrons s’octroyer des rémunérations indécentes – y compris lorsque leur entreprise est  en difficulté – alors même que l’ensemble de la communauté  nationale souffre de la crise.

La société française (et au-delà l’Europe) est riche. Elle peut permettre à tous ses citoyens de vivre dignement et d’accéder aux revenus nécessaires à une vie décente. Mais nous devons accepter l’idée que ces revenus ne sont plus nécessairement et définitivement issus du travail tel que nos sociétés l’on connu jusqu’ici. La place que chacun peut avoir dans la société à travers ce qu’il produit et ses revenus sont devenus deux choses différentes.

Parallèlement, notre société est pauvre d’avenir. Nous sommes des arthritiques peureux, sans ambition pour nous-même, mais ce qui est plus grave, sans ambition pour nos enfants autre que la reproduction d’un modèle qui les exclut ! Cette jeunesse n’est pas veule, elle est ce que nous l’obligeons à être.

Enfin, il faut en finir avec l’éloge de la cupidité. Nous devons en finir non pas parce que c’est la crise et qu’il faut punir ceux qui nous y ont largement plongé, mais parce que dans ce nouveau monde qui change sous nos yeux, nous ne devons pas retrouver le pire de l’ancien. Les changements en court sont immenses et peu de gens aiment fondamentalement le changement. Il est plus que temps de faire naître aux yeux de tous  la promesse de ce monde qui se transforme. Il est plus que temps de laisser ce vieux monde qui nous est devenu insupportable. Beaucoup d’outils du changement sont déjà là : les nouvelles possibilités énergétiques, le numérique, les impératifs climatiques. Il ne reste plus qu’à se mobiliser et à bâtir un nouveau monde avec ces outils, à inventer le mode d’emploi des talents et des forces qu’il y a en nous et autour de nous.