Réfugiés en 1940

Et eux, fallait-il refuser de les accueillir parce qu’on avait déjà assez de problèmes comme cela ?

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Hommage

jeanne-pellenJ’ai appris à mon retour de vacances le décès d’une figure de la gauche en Iroise : Jeanne Pellen est partie mi-août à l’âge de 95 ans.

Jeanne faisait partie de ces femmes et de ces hommes de gauche qui ont porté nos idéaux, nos valeurs et nos combats sur notre petit bout de territoire. Même si cela peut étonner les plus jeunes cette terre d’Iroise était, il n’y a pas si longtemps, une vraie terre de conquête où le terme de combat politique n’était pas toujours qu’une métaphore et le fait de s’afficher comme socialiste était une marque de courage.

Cet engagement aux côtés des sympathisants de gauche, ces années de militantisme au sein du PS ont porté leurs fruits. Le bruit et la fureur médiatique nous font trop souvent croire que l’action politique se juge à l’aulne de quelques indicateurs économiques qui en fait n’ont de réelle signification que pour de rares techniciens de la chose. Mais l’action politique en vérité est une présence de tous les jours, une façon de vivre la solidarité autour de soit et l’humanité au-delà de l’horizon, une construction collective faite de mille et une inflexions de notre société dans le but de rendre notre monde plus juste, moins inégalitaire, au service de tous et dans le respect de chacun.

Et lorsque l’on embrasse le temps sur la terre d’Iroise, on voit combien ce territoire a évolué. Merci donc à toi Jeanne et à ceux qui t’accompagnaient hier, non seulement cet engagement a été fructueux mais il est en plus le socle solide de l’engagement des militants PS d’aujourd’hui au service de nos concitoyens.

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Hommage rendu lors des obsèques de Jeanne

JEANNE PELLEN

Avec toutes et tous les amis de JEANNE, membres de la section socialiste de l’ancien canton de Ploudalmézeau et désormais du Pays d’Iroise nous tenons à lui rendre ici un hommage pour ses engagements à nos côtés.

Passionnée de lecture depuis toujours, JEANNE avait compris, avant beaucoup, l’intérêt de règles du bien vivre ensemble, de l’éducation à la citoyenneté et du respect des choix fondamentaux de chacun à partir du moment où ils ne portent pas atteintes aux droits d’autrui.

Autodidacte passionnante, femme de convictions, JEANNE aimait débattre et souhaitait l’évolution des mentalités.

Elle a été de tous les combats pour l’éducation, la liberté , la justice , le partage, et bien entendu pour la libération des femmes afin de leur donner à la fois cette liberté bien sûr mais aussi des responsabilités y compris politiques.

Travaillant et habitant Brest à cette époque JEANNE fut une militante de la première heure au sein du parti socialiste, sous la municipalité de Francis Le Blé.

En vraie Portsallaise sans complexe, JEANNE n’hésitait pas à interpeller les élus, quelle que soit leur fonction, du député au maire en passant par le ministre, leur disait sa façon de penser, ceci dans un climat de camaraderie et d’amitié que tous lui rendaient volontiers : comment résister à son merveilleux sourire ?

Dès son retour à Portsall JEANNE adhéra à notre nouvelle section du Parti Socialiste et nous montra le chemin. A une époque où être de gauche à Ploudalmézeau était loin d’être une évidence – les anciens se rappellent la fameuse réunion des présidentielles de 1974 à laquelle elle participa – JEANNE accepta en effet de se présenter au nom du Parti Socialiste, aux élections cantonales de 1986 puis aux élections municipales, et en 1989 elle fut élue conseillère municipale avec nos camarades Hervé Salaun, Gaby Le Dreff et Victor Fourn, première équipe de gauche à Ploudalmézeau.

JEANNE fut aussi profondement marquée par la tragédie de « L’AMOCO » qui, disait-elle, lui révéla sa « Bretonnitude » voire sa « Portsallitude »

Constamment au service des autres elle laissera derrière elle l’image de cette femme simple , amoureuse de la vie qui écrivait il y a quelques années :

« Je n’ai rien fait d’extraordinaire, j’ai tout simplement vécu »

« Je suis contente et heureuse d’être en vie. J’aime la vie. C’est tout »

Merci JEANNE pour ton amitié partagée, ton enthousiasme communicatif,

Merci pour tes engagements, tes investissements ,

Merci pour ta vision du socialisme vécu comme une véritable philosophie de la solidarité et de l’humanité .

Inscrivez-vous sur les listes électorales pour pouvoir voter aux élections régionales

L’inscription sur les listes électorales, pour voter aux élections régionales des 6 et 13 décembre prochains, est exceptionnellement prolongée jusqu’au 30 septembre prochain.
 
Les parlementaires socialistes ont souhaité cette prolongation pour faire reculer l’abstention et favoriser la participation aux élections régionales dont le calendrier est inédit.
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Respecter le choix de se tromper

brest2La démocratie est une drôle de chose. Les peuples sont prêts à verser leur sang pour l’obtenir, mais une fois que cela est fait, ces mêmes peuples se comportent avec une indifférence voire un dédain certain vis-à-vis d’elle.

Il y a quelques mois encore, la moitié de Brest était dans la rue pour crier son attachement à l’une des valeurs de cette démocratie, la liberté d’expression et peut-être aussi là la liberté elle-même. Et aujourd’hui, à la veille du scrutin des départementales, cette même liberté se transforme en liberté de ne pas avoir envie, en liberté de prendre part au vague brouhaha d’une fausse contestation bien consensuelle où les participants se renvoient jusqu’à plus soif les mêmes poncifs, tout en prenant l’air sérieux du révolutionnaire fier de son courage effronté. Ne pas choisir n’est ni sérieux, ni un principe politique viable.

Après la révolution Tunisienne, lors d’un échange avec un internaute, j’avais écrit que la démocratie c’était d’abord le respect du choix de l’autre, y compris le respect du droit de se tromper, de faire le mauvais choix. Ce point de vue était fort puisqu’en l’occurrence le choix de se tromper c’était celui de mettre les islamistes au pouvoir après une liberté démocratique chèrement payée.

Je n’ai as changé d’avis aujourd’hui.

Le choix de se tromper peut parfaitement être celui de ne pas aller voter et faire croire à une décision protestataire. Mécaniquement, l’abstention profitera à l’extrême droite dont finalement de moins en moins de gens comprennent la noirceur destructrice de leur pensée politique. Si vous faites partie de ces gens, voire de ceux qui s’imaginent bien sous un mandat d’extrême droite, alors je respecterai votre choix de faire le mauvais choix même si comme en Tunisie, revenir en arrière aurait un coût substantiel et douloureux.

Le choix de se tromper peut aussi parfaitement être celui de systématiquement inverser son vote d’une élection à l’autre sous le prétexte que puisqu’ils sont « tous pareils » mais qu’il faut voter, alors autant que l’élection soit une punition. Le vote systématiquement contre est aussi un mauvais choix car il ne construit rien, mais en bon démocrate je le respecterai.

Pour ma part, peut-être me tromperai-je, mais je ne ferai ni un choix passif d’abstention, ni un choix punition, ni un choix masochiste.

toul-an-ibilNon, d’autant plus qu’il est facile de savoir pourquoi on vote sur cette élection précise. Je voterai parce que la garderie de ma commune fonctionne bien. Je voterai parce que tous les matins de la semaine j’emprunte une route bien entretenue avec un nouveau rond-point qui me facilite la vie. Je voterai parce que le 3ème âge est quelque chose qui ne m’est pas indifférent et que je sais combien les maisons de retraite ont besoin de soutien. Je voterai parce que ma fille ira au collège l’année prochaine et qu’il y en a plusieurs autour de ma commune, dont bientôt un nouveau. Je voterai car je trouve agréable d’avoir un bateau navette pour aller sur les îles toutes proches. Je voterai car j’aime bien l’idée de développer le co-voiturage. Finalement, je voterai car tout cela touche ma vie quotidienne et que si une majorité de gens se trompent, ce qui fonctionne bien aujourd’hui risque fort de ne pas fonctionner correctement demain, voire pas du tout.

Sur mon canton, l’extrême droite n’a pas fait campagne, ils sont juste là pour faire un holdup électoral au cas où la porte du coffre resterait sans surveillance. La liste debout la France n’est là que pour se faire un nom, quant à la liste de droite classique, après avoir acté du bon bilan de la majorité sortante, elle n’a pas été en mesure de proposer un programme qui sorte des généralités que personne ne renierait.

La majorité sortante ayant fait le job, même si comme chacun d’entre nous j’en aurais le droit, je ne vois pas de raison de faire le mauvais choix et de ne pas voter pour reconduire la majorité sortante de gauche.

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La campagne des élections départementales en Iroise

Sur le canton de Saint Renan, quatre listes se présentent aux élections départementales :

  • une de gauche qui représente la majorité sortante (liste Finistère & Solidaire)
  • trois de droite, avec une liste UDI/UMP qui cache sa couleur sous le slogan « alliance pour le Finistère », une de la droite radicale affichant elle clairement son appartenance au mouvement de Nicolas Dupont-Aignan et enfin la liste d’extrême droite du FN

Cette élection singulière n’enflamme pas les citoyens mais monte en puissance dans les médias, qu’ils soient classiques ou sur les réseaux sociaux (au moins pour la liste de gauche où nous constatons une montée en flèche de la fréquentation de la page Facebook d’Elyane Pallier et Didier Legac).

elections-plougonvelinConcernant l’affichage officiel, nous sommes un peu étonnés de l’absence de certaines listes sur les panneaux officiels trois jours après le début de l’autorisation d’affichage comme le montre cette photo prise ce matin à Plougonvelin.

Pour le FN sur le canton de Saint Renan, comme le relève le Télégramme, cette absence prouve bien la nature ectoplasmique des candidats FN autant que de leurs militants. Mais peut-être est-ce aussi le fait que dans un canton rural breton il n’est pas facile de défendre la disparition du bilinguisme (voir la vidéo à 1mn 30s) et la sortie de l’Europe (donc la fin du soutien de l’Europe aux agriculteurs).


Pour ce qui est de la liste UDI/UMP, cette absence sur le panneau d’affichage s’ajoute à la surprise d’une campagne sans programme. Malgré la diffusion de deux tracts par voie postale, cette liste n’est pas sortie des généralités et d’un aimable travail scolaire sur la géographie du pays d’Iroise. Mais le maire de Saint Renan est sans doute aussi très occupé à gérer les critiques venant de sa droite comme de sa gauche lui reprochant de ne pas tenir compte des attentes d’une majorité de ses administrés (le maire n’a été élu au 2nd tour qu’avec 40% des voix).

Pour cette élection départementale, la liste de gauche s’appuie sur un bilan qui est reconnu comme bon même par certains membres de l’opposition. Fort de ce bilan, cette liste Finistère & Solidaire propose un programme sérieux pour continuer à améliorer les transports, l’enseignement, l’accompagnement du troisième âge, l’emploi…

Quinzaine de la laïcité

JAURESLaïcité, un si joli mot si mal compris, si mal traité. Pour en mieux expliquer le sens autant qu’en défendre la valeur, le PS organise une quinzaine de la laïcité.

Se replonger dans les pensées de Jaurès permet sans doute de prendre du recul, sur le fond, sur l’origine et sur l’évolution depuis plus d’un siècle.
Article paru dans La Dépêche le 16 juin 1889 sous le titre « Laïcité ».

[…] Nous n’avons pas voulu mettre la guerre dans les villages, mais, au contraire, la paix ; et le vrai moyen d’avoir la paix c’est de mettre chacun à sa place, chaque chose à sa place : le maire dans la mairie, avec pouvoir administratif ; le curé dans l’église, avec la religion ; l’instituteur dans l’école, avec les éléments de la science et de la morale.
[…] Ce n’est pas au Gouvernement à s’occuper des affaires de religion. Le Gouvernement représente les droits et les intérêts de tout le monde, et, dans les questions de religion, tout le monde n’est pas d’accord.
[…] La seule chose que le gouvernement doive faire, c’est d’assurer à chacun sa liberté. Que ceux qui veulent aller à la messe y aillent, que ceux qui ne veulent pas aller à la messe n’y aillent pas. Que chacun soit libre en respectant la liberté des autres. L’Église est parfaitement maîtresse de prêcher dans toutes ses chaires, d’enseigner aux enfants dans toutes les paroisses : « hors de l’Église point de salut ». Mais si le gouvernement obligeait les instituteurs à le dire dans les écoles, si lui, Gouvernement, qui doit protection, liberté et respect à tous, faisait dire dans ses écoles par ses instituteurs : « hors de l’Église point de salut », ce serait abominable.
[…] Nous avons mis des centaines et des centaines d’années à conquérir la liberté de conscience, c’est-à-dire le droit pour chacun de penser et d’agir comme il lui plaît dans les choses de la religion. Il y a des siècles, au Moyen-âge, l’Église était maîtresse de tout…
[… ] Mais les rois et les empereurs ne travaillaient pas pour les nations; ils ne travaillaient que pour eux-mêmes. Et, quand ils eurent affranchi leur pouvoir de l’Église, ils voulurent se servir de l’Église pour maintenir leur pouvoir sur les peuples ; ils comprirent que, si les hommes pouvaient discuter en liberté les choses de la religion, ils discuteraient avec la même liberté les choses de la politique.
Voilà pourquoi il persécutèrent les protestants ; voilà pourquoi ils persécutèrent les jansénistes ; voilà pourquoi ils proscrivirent les livres de Voltaire et de Rousseau, l’Encyclopédie, toutes le œuvres libres ; voilà pourquoi ils livrèrent à l’Église les registres de l’état-civil c’est-à-dire la société tout entière.
[…] La Révolution française a voulu briser ce système de domination, et nous luttons depuis un siècle pour maintenir et affirmer son œuvre ; le despotisme politique et le despotisme religieux ont fait alliance sous l’ancien régime, cette alliance dure encore ; et, si nous ne résistons pas, elle ramènerait, sous forme hypocrite mais odieuse encore, l’ancien régime.
Il n’est pas mort tout entier, car la pensée même dont il vivait, c’est-à-dire l’alliance des rois, des puissants de la terre et des curés, en vue de la domination commune, n’est pas morte encore. Oui, il n’y a plus de religion d’État ; mais, il y a quelques années encore sous le vingt-quatre mai, ceux qui voulaient aller reposer en terre sans être accompagnés d’un prêtre ne pouvaient faire que la nuit leur dernier voyage. Oui, il n’y a plus de tribunaux ecclésiastiques ; mais il y a quelques années, l’influence du clergé arrêtait la justice quand elle voulait toucher à un prêtre. Oui la loi ne connaît plus ni catholique ni protestant ; mais on vient de trouver, dans le dossier d’une affaire civile remontant à une trentaine d’années, cette note, insérée au dossier par un magistrat de l’empire : « Cet homme est une canaille, il n’a pas fait ses Pâques ». Oui, il n’y a plus de religion d’État ; mais tous les hobereaux qui veulent indéfiniment asservir les paysans de France sont groupés autour de l’Église ; mais les hautes compagnies financières, comme celle de Montceau-les-Mines, qui veulent assujettir les travailleurs, les envoient au mois de Marie sous peine d’expulsion.
Et vous voulez que nous introduisions dans les écoles du gouvernement, si peu que ça soit, cette insatiable domination, qui veut étreindre toute la société française ? Non : les écoles publiques appartiennent à la nation et à la liberté. Si nous mettions seulement le petit doigt dans l’engrenage des ambitions cléricales, nous y passerions bientôt tout entiers ; ce n’est point par esprit de guerre, mais par esprit de liberté et de légitime défense, que nous avons exclu de l’école toutes les questions de religion, qui, se mêlant au pouvoir, deviennent immédiatement des questions cléricales.

Pour aller plus loin :

Loi Macron en demi-ton

Emmanuel Macron était vendredi dernier à Brest avec pour objectif d’expliquer sa loi qui passe cette semaine à l’assemblée. Voici quelques réflexions sur sa prestation.

macron-ferrandCette loi est un assemblage de mesures différentes, elle n’assume pas l’ambition d’une vision à long terme mais celle d’un ensemble de déverrouillages de blocages. Pourquoi pas, et même s’il est un peu surprenant et inhabituel de dépenser tant d’énergie pour dégripper une machine, si cela permet effectivement d’avancer tout le monde y gagnera.

Cette loi assume une orientation générale claire : la priorité de la politique économique est de diminuer le chômage, pas l’augmenter le pouvoir d’achat. Que l’on soit d’accord ou pas avec cette priorité, j’apprécie personnellement le fait qu’on assume une direction forte et lisible et qu’un gouvernement ne louvoie pas entre la chèvre et le chou en fonction du vent. Alors oui, puisque nous ne semblons pas avoir les moyens de mener plusieurs batailles de front, commençons par redonner un emploi à beaucoup de gens qui aujourd’hui n’en n’ont pas et soutenons ce choix pour que cela réussisse.

photo-evolution-du-e-commerce-1Une des mesures faisant particulièrement couler de l’encre est celle du travail du dimanche. Il est exact que pour les socialistes cette mesure pose un problème de fond puisqu’avec raison, notre position est de défendre à la fois l’idée d’un jour de repos où toute la famille puisse se retrouver et celle que le pouvoir d’achat étant ce qu’il est, hors zone touristique l’extension des heures d’ouverture n’entraîne que peu d’extension du chiffre d’affaires.

Oui, mais ces dix dernières années le monde a profondément changé et en particulier, la vente sur internet a fait exploser cet argument. Les sites internets de vente fonctionnent 24h/24 7j/7 et il n’est pas possible de les empêcher d’ouvrir (problème de non-territorialité de l’économie numérique). Si les secteurs impactés ne s’adaptent pas, ils continueront de perdre des parts de marchés et fermeront au profit du commerce numérique. Le désastre sera consommé pour le commerce de centre ville.

Actant également du fait que plus de 30% des salariés travaillent déjà le dimanche, Emmanuel Macron a donc choisi d’autoriser l’ouverture de 12 dimanches avec des compensations (qui n’existent pas aujourd’hui) plutôt que de rester dans une situation actuelle, anarchique et au final inefficace.

Ce choix assumé acte d’une réalité qui ne nous fait pas plaisir mais nous ne devons pas nous voiler la face : mieux vaut travailler pour le progrès social dans le monde tel qu’il est plutôt que de rester bloqué sur des principes, aussi justes soit-ils, d’un monde qui n’existe plus.

Serions-nous avec cette loi sur la bonne voie du déverrouillage économique ?

Pendant toute l’intervention du ministre de l’économie, je n’ai pas pu m’empêcher d’être assez mal à l’aise. Une partie de ce sentiment était sans doute dû, comme je l’ai écrit plus haut, au fait que le monde nous oblige à changer sur des points que nous n’aimerions pas abandonner. Mais pas que. La majeure partie de mon ressenti venait du fait que j’avais le désagréable sentiment qu’Emannuel Macron ne semblait pas correctement intégrer l’économie numérique, ce qui paraît (presque) surprenant vu sa position et le nombre de conseillers qui l’entourent.

Lorsque qu’il évoque le développement des lignes de cars face au co-voiturage, j’ai un doute sur le fait qu’il ait intégré correctement le modèle d’affaires du covoiturage, que l’intérêt ne se limite pas qu’au prix et qu’il est tout à fait envisageable d’envisager un système de co-voiturage freemium, c’est à dire à tarif d’entrée de gamme nul…

Lorsqu’il évoque la mesure du crédit entre entreprises, j’ai un doute sur le fait qu’il ait intégré complètement les mécanismes de financement participatifs (question osée vis-à-vis d’un ex-banquier), la diminution des besoins en capitaux de l’économie numérique, l’attaque de plus en plus frontale des banques par des acteurs numériques qui ne sont pas des banques (pour le coup, cette mesure va accélérer ce mouvement).

Et lorsqu’il évoque les startups du numérique, là a contrario je craints d’entendre un discours forgé par la fascination du cas de quelques gagnants du grand loto numérique, oubliant que l’avenir « normal » d’une startup du numérique est d’aller au tapis et pire encore, que lorsque l’on a fait le choix de l’emploi, on devrait porter son effort sur la bascule numérique des entreprises existantes, surtout les TPE/PME, plutôt que sur les startups. Oui il faut de nouveaux entrepreneurs et de nouvelles jeunes entreprises, mais le savoir-faire est aujourd’hui dans les entreprises « vieille économie ». Il est plus facile d’adapter un savoir-faire au numérique que de créer une coquille numérique puis d’acquérir un savoir-faire. Dit autrement, je dit bravo à Uber d’avoir créé un nouveau modèle économique, mais si j’étais ministre de l’économie, je ferais en sorte que les sociétés de taxi adaptent à marche forcée leur modèle économique à l’économie numérique (et qu’elles n’essaient pas de bloquer le tsunami, c’est totalement illusoire).

La série de mesures de la loi Macron s’applique d’abord à l’ancienne économie, elle est nécessaire. On jugera in fine de son efficacité, mais en qualité de militant je la soutiendrai puisqu’il s’agit de choix nécessaires, précis, clairs et assumés. En parallèle, je ne peux que conseiller (aussi humblement que possible) de lancer un vrai plan de mutation vers l’économie numérique. Les grandes sociétés n’ont (peut-être ?) pas besoin d’un tel plan, mais les PME/TPE risquent de tomber les unes après les autres face aux milliers de Uber qui attaquent leur marché avec des modèles qu’elles ne comprennent pas à temps.

Richard Ferrand le rapporteur de cette loi parle de clé de 12 pour décoincer la machine. Ok pour l’économie classique. Pour ce qui est de l’économie numérique je conseille un reformatage et un passage dans le cloud.

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Des cameras pour la surveillance publique à Plougonvelin

Lors de ses vœux, le nouveau maire de Plougonvelin a annoncé l’arrivée de cameras de surveillance sur l’espace publique.

security_camera_street_viewLes lieux surveillés seraient a priori la place des écoles, la place de l’église, le complexe sportif, l’office du tourisme, la piscine et Kéraudy.

Cette annonce m’inspire un certain nombre de réflexions.

D’abord de la surprise puisque je ne savais pas qu’il y avait un projet sur le sujet, que le thème de la sécurité publique n’avait pas fait la une de la campagne municipale de 2014, loin s’en faut, et qu’à moins d’avoir mal lu le programme de la majorité actuelle, le projet d’installation de cameras n’avait pas été évoqué.

Mais après tout pourquoi pas, rien n’interdit de faire pendant son mandat des investissements qui s’avèrent nécessaires ou simplement utiles, même s’ils n’avaient pas été anticipés.

En quoi ces cameras pourraient-elles donc être si nécessaires ou utiles ?

Même si la délinquance n’est pas absente de Plougonvelin, notre petite ville ne souffre pas il me semble de problèmes majeurs. Si les rares crimes qui s’y produisent alimentent les conversations pendant des années, on souffre plus de problèmes d’incivilités idiotes que d’un fléau de criminalité. Fort heureusement, on ne s’attend pas à découvrir ici des terroristes aussi décérébrés qu’exaltés.

L’utilité des caméras dans ce cas est d’ailleurs sujet à discussion. Au mieux, elles permettraient de déplacer la délinquance et dans quelques cas d’aider à apporter des preuves en cas de crimes ou délits.

L’urgence d’un tel projet n’apparaît donc pas clairement au citoyen que je suis.

Par quoi la municipalité justifie-t-elle ce projet ?

La motivation prioritaire de l’installation de ces caméras ne semble d’ailleurs pas vraiment sécuritaire strito censu, mais plutôt économique. On constate en effet, objectivement, que les bâtiments publics de Plougonvelin sont souvent dégradés (week-end, vacances scolaires….) et que cela a un coût non négligeable sur les finances de la ville (réparations, temps passé, répercussion sur les assurances….).

Dont acte sur le problème. Mais question subsidiaire, est-ce que cela sera rentable si c’est l’objectif suivi ?

Concernant la rentabilité, la commune semble avoir prévu un budget de 30.000€ d’investissement (pour 6 caméras minimum si l’on en place une par lieu ciblé) moins une subvention de l’État de l’ordre de 9.000€.

Tout d’abord, les études de coût arrivent à des chiffres assez variables en terme de coût. Mais dans un rapport de juin 2011, la cour des comptes nous renseignait sur le coût de ces équipements et sur les problèmes engendrés. Elle a établi que le coût moyen pondéré d’une caméra était de l’ordre de 36.600€ / an. En effet, outre l’investissement du matériel, il faut intégrer les coûts de maintenance et surtout de surveillance (à moins de mettre des caméras factices bien sûr). La cour des comptes relevait également que la surveillance vidéo induit généralement des problèmes de légalité puisque les personnes qui visionneront les enregistrements devront être agréés (problème de respect de la vie privée), chose qui n’est pas toujours respectée. Il serait dramatiquement paradoxal de vouloir faire respecter la loi en la violant…

Donc même si par un effet déflationniste inespéré le coût moyen avait diminué de 50% depuis 2011, la facture pour les Plougonvelinois serait plutôt de l’ordre de 6*13.300 = 79.800€ / an. Même avec ces hypothèses très optimistes, la rentabilité attendue a peu de chance d’être au rendez-vous.

Est-ce que ce sera au moins efficace ?

Je craints fort que la majorité municipale ne comprenne pas bien l’univers des jeunes générations. Ils vivent dans un monde hyper-connecté où l’image est omniprésente et valorisante. Rien à voir avec l’ancienne génération, léornarde qui plus est, qui elle a plus tendance à cultiver la discrétion et fuir la fanfaronnade vidéo.  Les jeunes aiment se filmer, et les jeunes délinquants trouvent même cela stimulant. Non seulement les caméras ont peu de chance de leur faire peur mais elles ont une probabilité non nulle de les stimuler. Autant envisager de leur ouvrir une chaîne youtube pour qu’ils y déposent le film de leurs « exploits ».

Conclusion

De manière générale, je suis très dubitatif quant à l’efficacité et l’efficience de la surveillance vidéo, mais j’accepte sans problème d’en débattre. Or de débat public, pour l’instant il n’y a pas eu.

Par ailleurs, il me semble que Plougonvelin est une ville suffisamment petite pour que ce problème de petite délinquance puisse être traité par de la prévention directe, par la sensibilisation et la participation de tous les habitants. Nous ne sommes pas en banlieue parisienne et nous connaissons généralement nos voisins et leurs éventuels gamins turbulents. La technologie ne règlera pas les problèmes de désœuvrement ou de dérive incivile.

Enfin, si la préoccupation première est le coût sur le budget de la commune, là c’est plus clair, il faut faire machine arrière toute.

Autres sources :