Revue de presse : DSK news

DSK

Actuellement attelé à la rédaction de quelques réflexions sur notre refondation, j’ai trouvé quelques instants pour une petite revue de presse internationale concernant Dominique Strauss-Kahn, histoire de prendre un peu de recul par rapport aux polémiques franco-franchouillardes.

Commençons par la France tout de même, avec cet article du nouvel obs sur “DSK vu de Washington”.

Le Fonds monétaire international tient son assemblée de printemps les 24 et 25 avril à Washington. Nommé à la tête d’une institution controversée, Dominique Strauss-Kahn a profité de la crise pour lui redonner son rôle stratégique.

Dominique Strauss-Kahn est prêt. S’il faut voler au secours de la Grèce, le Fonds monétaire international (FMI) qu’il dirige répondra présent. Encore une fois ! . La suite ici.

Sur La Tribune, une analyse d’Erik Izraelewicz : DSK, la « rupture » au FMI
DSK candidat à l’Élysée ? À Washington, le chouchou des Français a révolutionné le FMI. Il en a refait un pouvoir qui compte. Et il y a pris goût. Alors, présider la France ou influer sur le monde ?
La suite ici.

Un article de Libé : Varsovie-Bucarest-Paris, dans les pas de DSK
Des ors de la capitale polonaise aux questions des étudiants roumains, «Libération» a suivi de près le socialiste préféré des Français. La suite ici.

IMF Survey Magazine : IMF Chief Emphasizes Support for Haiti
Rebuilding the Haitian economy will require immediate financing for Haiti’s budget, said Dominique Strauss-Kahn, the global lender’s managing director, during a donors’ conference at the United Nations. La suite ici.

Business Week : Strauss-Kahn Emergent With Sarkozy Presidency Under Siege
The International Monetary Fund’s role in a rescue package for Greece may put Dominique Strauss- Kahn back in the thick of French politics as Nicolas Sarkozy’s presidency runs into trouble. La suite ici.

Washington Post : For Europe, IMF aid may be hard to swallow
The evolving economic problems in Greece have pushed the International Monetary Fund and European leaders into sometimes tense talks over how deeply an agency associated with propping up developing countries should push into one of the developed world’s major economic zones — negotiations that could shape future European economic policy. La suite ici.

Mensonges et vérités sur le FMI et l’Ukraine

Novembre 2009.

Pour rétablir un brin de vérité face à la propagande gauchiste à propos de l’ukraine.

Voici l’histoire en résumé.
L’Ukraine est un des pays les plus malades de l’Europe, plus personne ne veut l’aider sauf le FMI.
Le pays est en campagne et son président actuel est tellement à la ramasse qu’il cherche par tous les moyens à remonter la pente, y compris par cette augmentation du smic qu’il ne peut pas financer et il a eu l’idée d’aller pomper 10 milliard parmi les 16 alloués par le FMI pour le sauvetage du pays, ceci contre l’avis de son gouvernement et de toute personne responsable.
En clair, ces 10 milliards qu’il n’a pas et n’aura pas l’année prochaine et les suivantes, il va les prendre sur les fonds de sauvetage de son pays. Derrière cette situation économique catastrophique se profile l’implosion du pays et un risque non négligeable de voir les Russes s’en meler directement.
Deux attitudes possibles :

  • celle d’une gauche cynique qui profite de l’occasion pour essayer de scier la branche sur laquelle est assis un socialiste trop en vue à leurs yeux,.
  • ou celle de DSK pour le FMI, pour le moins courageuse.

A vous de choisir votre camp.

Quelques sources pour vous forger une opinion circonstanciée :
http://www.marianne2.fr/Ukraine-pourquoi-DSK-s-est-fache_a182646.html?com

http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLU68803020091030

http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/11/04/le-president-ukrainien-multiplie-les-frictions-avec-le-fmi-et-moscou_1262636_3234.html

http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/10/30/strauss-kahn-inquiet-de-l-augmentation-du-rmi-en-ukraine_1260919_3234.html

La politique européenne en action : le Président

Une fois n’est pas coutume, je me repose cette semaine sur un article publié par mon camarade Arthur Colin sur agoravox. Nous n’avons pas été bon aux élections européennes mais notre combat de tous les jours continue. Bonne lecture et merci à Arthur.

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Le feuilleton le plus exaltant de l’été : la reconduction de Barroso dans son fauteuil. Indécision, trahisons, calculs, incompréhension, et l’Histoire qui se fait à petits pas en toile de fond. Bien entendu, ceci ne se fait pas aux heures de grande écoute dans les grands médias : le public a eu sa ration d’Europe pendant les élections sans doute.

Une des questions chaudes de la précampagne fut la candidature Rasmussen à la tête de la Commission, en cas de victoire de la gauche. Daniel Cohn-Bendit pour Europe-Ecologie avait soutenu cette perspective, et François Bayrou pour le PDE également in fine. Faute d’accord en son sein (le Portugal, l’Espagne et les Anglais manquant à l’appel), le PSE avait fait silence sur la question, silence auquel le PS français avait fait un écho profond. Puis sont tombés les résultats des élections, et Sauvons l’Europe qui avait préparé une tribune en ce sens l’a rangée dans ses cartons. De même, les nombreux sites appelant à son remplacement ne connaissent plus guère d’activité depuis le scrutin (sauf…).

Barroso, prédésigné par les chefs de gouvernement, avait donc le champ libre. Restait une question angoissante : devait-il être désigné tout de suite dans le cadre du Traité de Nice, avec un simple vote du Parlement le 15 juillet, ou devait-on laisser la Commission actuelle perdurer le temps que rentre en force le Traité de Lisbonne, et faire sanctionner dans un débat par le Parlement le renouvellement du maoiste portugais en octobre ? Barroso lui-même faisait campagne activement pour la première option, allant jusqu’à théoriser en essence de l’Union européenne la méthode du compromis, ce qui signifiait que les affrontements politiques devaient être cantonnés au Parlement mais ne pas déborder au sein de la Commission. La clarté du résultat électoral a pourtant semblé déblayer cette question, restreignant l’effet pratique attaché à la possibilité de choix du Parlement, et Barroso a pu se permettre de réitérer sa position lors de sa désignation, excluant l’affrontement politique de la Commission – c’est-à-dire de la conception de la politique européenne.

Une candidature Rasmussen demanderait en effet l’union de tous les socialistes et des forces de gauche, le soutien de tout l’ALDE et une neutralité des souverainistes. Autant dire que Barroso disposait d’une base très favorable pour constituer sa majorité. Il lui suffisait, comme dans tout dispositif parlementaire classique, de s’attacher les éléments les plus faibles de toute autre coalition potentielle. Les socialistes Espagnols, Portugais et Grands Bretons, après leur première prise de position en sa faveur, pouvaient difficilement se rétracter sans mettre en péril les relations de leurs pays avec la future commission. Rasmussen s’est donc de fait retiré de la course en publiant une tribune reconnaissant – et déplorant – la victoire de la droite.

Une candidature centriste devenait alors plus dangereuse. On se remettait à parler de Guy Verhofstadt, mais surtout le PDE avait sorti le nom de Mario Monti du chapeau. Celui-ci s’était alors fendu d’une longue interview dans le Monde, pour expliquer que bien sur il n’était candidat à rien, mais que son opinion détachée des choses de ce monde était que l’Europe devait rééquilibrer sa politique vers le social et que si le Président de la Commission doit refléter l’équilibre du Parlement (un centriste, par exemple ?), il n’en va pas de même des autres membres. Pour conjurer le danger, Barroso proposa informellement de nommer Graham Watson à la tête du Parlement européen, ce qui était de nature à enlever les hésitations de l’ALDE.

L’affaire étant pliée, Barroso s’est offert le luxe de s’essuyer les pieds sur le Parlement, de se faire prédésigner par les chefs d’Etat et d’oublier Graham Watson pour laisser le PPE et l’APSD(PE) conclure un accord technique sur une présidence tournante du Parlement (Jerzy Buzek pour les premiers, Martin Schulz pour les seconds).

Cependant, la nomination de Guy Verhofstadt à la tête du groupe ALDE, et à l’unanimité, a changé quelque peu la donne. Barroso lui avait été préféré en 2004 après un veto de Tony Blair, qui le jugeait trop fédéraliste. Le titre de son dernier livre est : « Sortir de la crise : comment l’Europe peut sauver le monde », tout un programme ! S’ensuit un fort débat au sein de l’ALDE, pour savoir si la nomination de Barroso doit être validée le 15 juillet, ou plutôt en octobre (les français poussent beaucoup pour la seconde solution). Faute d’accord, Guy Verhofstadt a obtenu l’unanimité sur le compromis suivant, pour sauver l’influence politique du Parlement : les gouvernements doivent désigner officiellement leur candidat, et plus seulement le prédésigner, un mémorandum de l’ALDE lui sera adressé sur une feuille de route pour sortir de la crise (on peut appeler ça un programme de gouvernement) et Barroso devra produire son propre mémorandum pour discussion au Parlement. A défaut, l’ALDE refusera une nomination le 15 juillet. Or répondre à ces conditions dans les quinze jours est bien évidemment impossible et la question se trouve ainsi tranchée en fait, et une majorité négative ALDE / EE / APSD / GUE est apparue pour empêcher la désignation de Barroso en juillet.

Peu commenté en tant que tel, cet évènement a eu en pratique un impact considérable sur l’équilibre des institutions, et le modèle politique de l’Union a irrémédiablement changé. La question de la désignation du Président de la Commission a irrigué toute la campagne au niveau des responsables politiques (mais pas pour le bon peuple), et Barroso a été contraint de prendre avec les députés des contacts qui ressemblent à s’y méprendre à ceux d’un premier ministre potentiel cherchant à se constituer une majorité dans un parlement incertain. Lisbonne n’est pas encore entré en vigueur, mais dans l’esprit des politiques européens il est sans doute déjà dépassé par une réelle conscience de majorité parlementaire et de responsabilité ministérielle, même si celle-ci n’est pas encore explicitement énoncée. La prédésignation officieuse de Barroso n’est pas un diktat des gouvernements, c’est simplement la conséquence tirée de la situation sortie des urnes.

Barroso a donc préparé pendant l’été un programme de gouvernement à présenter début septembre aux groupes politiques, dans lequel il renie en grande partie ses positions de campagne, notamment sur le rôle du Parlement européen et surtout sur l’accroissement de la régulation financière qu’il répudiait encore il y’a trois mois à peine. Passant sur son bilan et cherchant le consensus le plus large possible, il propose ainsi une Europe plus libérale, plus sociale (et plus individuelle) et plus verte, régulant mieux les secteurs clés mais diminuant la contrainte bureaucratique, accroissant l’intervention européenne pour sortir de la crise, mais sans augmenter ses pouvoirs, ses compétences ni son budget. La qualité de ce document a produit le consensus inverse, au point que le nom de François Fillon a commencé à se répandre sérieusement au sein du PPE.

Il s’est lancé dans une série de grands oraux devant chaque groupe politique, l’accueil le plus chaleureux lui ayant été réservé par les eurosceptiques britanniques. Jean Luc Mélenchon en fait un compte rendu détaillé pour la GUE. Cet épuisant marathon nous amène au vote d’hier.

Souvenons-nous que l’ALDE avait empêché un vote sur la reconduction de Barroso en juillet, mais qu’en était-il de la suite ? Attendrait-on l’entrée en vigueur éventuelle du traité “simplifié” ? Ou pas ? Ici, un superbe pataquès à compter dans les annales du parlementarisme. En effet, la conférence des présidents de groupe s’est réunie le 10 septembre, afin de fixer l’ordre du jour à venir ; chaque président disposant d’un nombre de voix proportionnel aux membres de son groupe. Or le “front” anti-Barroso n’a tout simplement pas existé ! Non pas que certains se soient rendus à sa reconduction, mais simplement que faute de s’être simplement parlés, leurs initiatives ont été contradictoires.

Les socialistes, tout d’abord, ont demandé un report du vote. Pas de majorité. Les verts ensuite, plus fins, ont proposé la prolongation de la commission actuelle jusqu’à octobre. Pas de majorité. L’ALDE, plus fin encore, a proposé deux votes successifs, sous le droit actuel puis le cas échéant sous le traité de Lisbonne. Pas de majorité. Quant à la GUE (Front de gauche), elle s’est… abstenue !!! Dans la meilleure tradition de l’antiréformisme, la GUE étant opposée au Traité de Lisbonne a refusé de sembler l’entériner en demandant qu’il régisse la désignation du nouveau président de la Commission.

Prévu mercredi 15 septembre, ce vote à la majorité simple ne promet guère de suspense…

Et voilà comment on reprend le même et qu’on recommence.

Les symboles d’une fin de campagne

Europe

Nous voici au bout de la semaine et de la campagne des européennes. Étrange campagne en vérité.

L’ump a surtout eu le soucis de ne faire qu’un service minimum. Vous souvenez-vous d’un message de leur part ? Tout au plus se souvient-on de Rachida Dati dans un état second devant les jeunes UMP ou ces derniers jours de Barnier achetant aux agriculteurs le droit de ne pas mettre le souk, ce qui serait préjudiciable à son élection à un siège qu’il n’occupera vraissemblablement que peu de temps puisque son ambition est d’avoir un poste de commissaire.

Le FN nous a fait du Le Pen vieillissant mais à regarder les résultats des pays bas, on a toutes les chances de les voir en très bonne place dimanche. Et oui, l’extrême droite ne pèse pas grand chose, mais ils savent se mobiliser et quand on pèse 5% dans une élection avec une abstention à plus de 60%, cela fait mal. Restez chez vous dimanche braves gens, Jean-Marie passera boire le café en fin d’après-midi…

Bayrou et le Modem : ni plus ni mois qu’égal à lui-même. Ils feront sans doute leur score habituel ce qui est plutôt bien pour un parti qui tient plus du concept que de la réalité. On regrettera tout de même que l’affable Bayrou soit tombé en cette fin de campagne dans les effets de manches de l’agitation médiatique stérile. Cela n’a-t-il déjà pas fait assez de mal en 2007 ?

Le front des antis, une fois encore, n’est en mesure que de plomber la gauche. Emietté, au message revendicatif mais dont on ne voit pas l’objectif constructif, son score ne servira qu’à faire passer la majorité relative de gauche qui se dessine en une minorité de sièges, au profit de Sarkozy en France, de Barroso en Europe.

Les écologistes version Cohn-Bendit nous proposent un retour à des scores non négligeables. Est-ce étonnant à l’heure du changement climatique ? Dommage que le PS ne se soit pas battu sur ce sujet en particulier, qu’il n’ait pas montré quel est le chemin parcouru depuis la présidentielle.

Oui, le PS enfin. Le parti n’a pas fait une mauvaise campagne en soit, mais il n’a tout simplement pas fait assez campagne, paralysé qu’il est par les scories de la présidentielle qui n’en finit pas de finir. L’agonie est encore plus pénible que le post-mitterrandisme ! J’ai parfois l’impression que le parti a peur de gagner dimanche, peur d’aller chercher les quelques points qui le séparent de l’ump. Dimanche, la gauche aura très probablement une majorité pour elle. Mais cette majorité étant morcellée et couplée à un mode de scrutin tellement particulier, que l’on risque bien d’entendre l’ump claironner sa satisfaction alors que les 3/4 des français auront exprimé un refus cinglant de leur politique.

La proximité de l’anniversaire du 6 juin m’inspire une réflexion amusée. C’est un peu comme si la France, sous le joug d’un libéralisme qui l’a menée à la catastrophe actuelle, savait que les libérateurs allaient débarquer mais qu’ils n’avaient plus assez d’instinct de survie ou de volonté de vaincre, pour en finir avec un système qu’ils condamnent. Obama a vaincu Bush, les Démocrates ont vaincu les ultra-libéraux républicains, ils ont réalisé une révolution intellectuelle incroyable (jugeons-en par exemple avec la nationalisation de GM), ils nous ont montré que cela pouvait être fait, et pourtant certains hésitent encore à faire juste un petit geste : mettre le bon bulletin dans l’urne.

Dimanche, les sondages annoncent que le vent de libération arrivera de Bretagne. Il ne tient qu’à vous que ce vent soit assez fort pour souffler sur toute la France.

L’union européenne terre d’avenir pour l’Islande

EuropePeut-être sommes-nous depuis trop longtemps au sein de l’Europe pour bien saisir combien l’Union représente un espoir d’avenir pour les peuples.

Peut-être avons-nous baissé trop longtemps les bras devant l’idéologie dominante du laissez-faire le marché, tapez dans la caisse et méprisez les lendemains et que nous avons perdu la volonté de renverser l’ordre établi, pour promouvoir ne serait-ce qu’une République social-démocrate en France sur le modèle classique des autres pays européens.

Et bien les Islandais viennent judicieusement de nous montrer le chemin à suivre pour le prochain vote. Après avoir viré avec pertes et fracas le gouvernement libéral qui avait mis leur État en faillite, leur nouveau gouvernement social-démocrate s’apprête à demander leur adhésion à l’Union dans les plus brefs délais.

Pensez-vous pouvoir agir plus vite que les Islandais en virant les dirigeants calamiteux avant le crash final ?

Du monde, d’Europe et d’ailleurs

Avril 2009.

G20

Tout d’accord, quelques excuses pour la baisse de fréquence de mes posts mais la création de mon entreprise me prend beaucoup de temps en ce moment. Il y avait pourtant pas mal de choses à dire. Je me limiterai ici à quelques réflexions sur la politique internationale.

Sur le G20 d’abord. Beaucoup a été dit, parfois peut-être un peu sous l’effet d’un enthousiasme qui était sans doute surtout un gros ouf de soulagement passager. Qui sont les gagnants ?

D’abord, la confiance, cette confiance que j’avais décrite comme impossible en octobre dernier tant ses animateurs manquaient de crédibilité est soudain revenue grâce à ce G20. Il est vrai que nous sommes passé d’une mousse médiatique à un Obama qui décide, un Strauss-Kahn qui est à la manœuvre pour le FMI et à un Gordon Brown qui a réussi l’organisation de ce sommet.

Il y a Obama bien sûr, l’homme qui a en quelques semaines effacé Bush, l’homme qui a rendu l’Amérique à nouveau un peu plus sympathique.

Le FMI incontestablement qui a obtenu un renforcement de ses moyens d’action et une reconnaissance certaine de sa nouvelle orientation plus équilibrée, plus régulatrice, plus pro-active, enterrant de facto l’ère ultra-libérale de l’institution.

L’Europe aussi, ou plutôt l’idée d’une union qui agit de façon concertée et, même si Merckel et Sarkozy n’ont pas individuellement “brillé”, le moteur franco-allemand de cette Europe.

Les perdants ? Les banquiers aventuriers de la finance et peut-être, les fameux paradis fiscaux, bien que l’on se soit contenté de les montrer du doigt en se préservant bien d’en dévoiler la réalité, c’est à dire d’expliquer aux bons citoyens quels rôles jouent ces paradis dans l’économie du monde visible, quelle est la part de l’argent criminel dans cette économie du monde sombre et quel rôle ont joué… les États dans ce monde sombre. Ceci explique pourquoi le Delaware ou encore les îles anglo-normandes ont mystérieusement disparu de la carte et pourquoi Monaco n’est signalé que comme un paradis gris.

G20 Obama Brown BerlusconiDernière chose sur ce sommet, la photo de Berlusconi copain comme cochon avec Obama et Brown m’a beaucoup amusée : de l’art d’être sur la photo… J’espère simplement que l’ère de tous ces politiques de peu d’intérêt qui font leur notoriété en volant au secours de la victoire pour avoir sa collec’ de photos et ainsi, tels des gamins, faire savoir “qu’ils y étaient”, fera rapidement partie du passé au profit de ceux qui, dans la lumière ou dans l’ombre, “font” la victoire par leur réflexion, leur compétence, leurs actions.

Autre sujet, la Turquie. Europe oblige, tous ceux qui ne veulent pas d’Europe vont nous expliquer doctement que la Turquie c’est du vilain pas bô (et donc qu’il ne faut pas voter pour ceux qui veulent construire l’Europe). Quel décalage entre ce G20 qui prône la coopération et l’action collective et ces faiseurs de peu qui n’ont d’autres atouts que quelques vieilles sauces recuites… Alors permettez-moi de défendre ma vision, ou plutôt les éléments qui constitue ma vision de l’Europe.

Je défends une vision historique de l’Europe, celle qui fit la gloire des terres du nord comme du sud (union Hanse-Méditerranée).

Je défends une vision civique et sociale de l’Europe faite de liberté, d’union et de solidarité, d’équité en attendant un jour un niveau certain d’égalité entre les citoyens européens, de coopération de et protection de ces citoyens.

Je défends une vision économique commune, volontaire, solidaire, protectrice : développement et protection des infrastructures et services publics européens, des solidarités économiques internes, une ouverture honnête mais régulée vers l’extérieur.

Je défends une vision de diversité culturelle : je ne veux pas d’européens “culturellement moyens”, mais bel et bien des identités régionales saines, amicales et ouvertes sur les échanges.

Dans une telle vision, on voit mal où être turc, islandais ou habitant du patelin d’à côté est une question en soit.

L’Europe est une énergie, une volonté, un espoir, une destinée commune, pas un je-ne-sais-quoi géographico-politico-religieux.

Brève du monde

DSK FMI Dar Es SalaamPendant que certains se cachent la face pour ne pas voir l’ampleur des problèmes, pendant que d’autres agitent la mousse des paradis fiscaux en oubliant d’expliquer comment ils avaient accepté et alimenté la machine infernale, pendant que d’autres encore ne sont toujours pas convaincus de la nécessité d’une réelle coopération internationale entre États, le FMI et son directeur en tête, participe à une réunion internationale à Dar es Salaam avec les dirigeants africains sur le sujet d’un renforcement de l’action du FMI sur le continent.

Quelques unes des orientations de ce sommet :

  • Amélioration de la surveillance du FMI sur la politique de tous ses membres, dans un esprit d’équité ;
  • Extension des moyens de financement du FMI et de leur accessibilité aux pays à bas revenus;
  • Consolidation du processus d’allègement des dettes en ajustant la structure de financement des dettes du FMI pour s’adapter aux besoins de nouveaux financements de l’Afrique et aux opportunités ;
  • Accélération des réformes de gouvernance de FMI pour augmenter le poids des voix de l’Afrique et la représentation à tous les niveaux de l’institution
  • Amélioration des règles de dialogue entre le FMI et ses membres africains, y compris pour l’aide technique, pour assurer que la politique des pays africains profite de l’expérience du FMI et de son expertise ;
  • Renforcement du rôle catalytique du FMI pour démultiplier le financement public et privé pour les besoins d’infrastructure critiques de l’Afrique.

Il serait sans doute bon que cette réunion inspire celle à venir du G20, avec en exergue une phrase de Dominique Strauss-Kahn : “Le monde entre dans une grande récession bien au-delà d’une croissance 0“.

Alors, il est toujours ultra-libéral le FMI ?

Si le réalisme pouvait venir d’Afrique

Un Tsar défiant nos renoncements

Le puzzle du monde est en train de se recomposer. Peut-être que pour nos yeux déconnectés de l’urgence de la survie et blasés par tant de bruits et et fureurs télégéniques, l’aventure russe en Ossétie n’est-elle qu’une distraction estivale pour militaires en mal de revanche, mais je crois pour ma part qu’il s’agit là d’un soubresaut très symptomatique du rééquilibrage géopolitique en cours.

Quand ce rééquilibrage a-t-il commencé ? En 1989 à la chute du mur de Berlin ? Symboliquement sans doute. Mais cette date correspond à la fin de l’erreur communiste, pas à celle du bloc qui lui faisait face depuis tant d’années. Ce fut la fin de l’affrontement du modèle collectiviste dictatorial contre un modèle jusqu’alors libre et globalement démocratique.

Non, la bascule est sans doute à trouver quelque part dans une des guerre d’Asie occidentale, entre Irak et Afghanistan, guerres étranges s’il en est, entre cynisme mercantile, fanatisme religieux partagés et plus ou moins avoués, ou peut-être simplement guerre de remplissage du vide laissé par la fin de la guerre froide. L’Amérique devenue en apparence omnipotente par manque d’un adversaire à sa taille, s’en est inventé un, Al Quaïda, chimère ou ectoplasme que l’on voit en chaque endroit mais dont la substance est aussi insaisissable que son icône barbue. Al Quaïda, le mister Hide de l’Amérique… Depuis elle s’épuise dans un combat qu’elle ne peut pas gagner, ni militairement ni idéologiquement. Depuis l’URSS redevenue Russie s’est adaptée au monde et forte de ressources qui manquent à ce dernier à l’heure de la rupture énergétique, a repris confiance et s’enhardit à reconquérir les confetti perdus de sa gloire passée

Qui sera à même d’arrêter la charge des cosaques russes ? L’Amérique militairement dispersée, économiquement au point d’équilibre entre déroute et rebond, ne fera rien pour sauver quelques vallées à la frontière de l’Europe.

L’Europe sans cap politique renouvelé, sans identité réaffirmée, sans leadership efficace, sans figure emblématique, ne pourra pas faire beaucoup plus que ce qu’elle a fait en se précipitant à Moscou pour signer un texte de cesser le feu qui donne quitus au vainqueur, qui ignore la conscience viscérale du danger ressenti par les pays de l’Europe de l’Est. Étrange parfum de Munich pour un Daladier réincarné et expéditif…
La Russie remplit le vide que nous n’arrivons pas à combler. Finalement, elle ne nous menace pas vraiment, elle révèle les menaces que nous avons nous-mêmes laissé prospérer en ne prenant pas politiquement la mesure de la chute du mur de Berlin, en laissant flotter l’Europe sur sa lancée technocratique, en nous berçant d’illusions sur un parfum de gloire passée, en ne forgeant pas un nouveau destin, un nouveau citoyen européen irrigué d’un passé certes conflictuel, mais politiquement et intellectuellement brillant, et surtout un citoyen demandeur d’avenir commun, d’un projet à la hauteur de l’ensemble de son histoire.

Le Tsar Poutine ne s’arrêtera que si nous sommes capables de l’éblouir à nouveau. Il n’a que faire des faibles.

Cracher sur le Lama

Le Dalaï-lama rend visite à la France cette semaine. Enfin, plutôt aux français parce que la présidence de la République (à l’exception des sénateurs) a décidé de le snober.

Cette soudaine affirmation de la laïcité élyséenne ne manquera pas de surprendre ceux qui ont pu suivre les aventures sms du chanoine de Latran, mais elle est surtout hypocrite et destinée à justifier une position acrobatique de la diplomatie élyséenne suite à des maladresses successives concernant le voyage express de Nicolas Sarkozy à Pékin.

Après tout, que ce dernier ait décidé de passer quelques heures en Chine pour assister à l’ouverture des JO est à l’origine anodin et sans grande impacte : sa présence aurait pu simplement être présentée comme un hommage à l’olympisme et à l’amitié entre les peuples et l’affaire aurait été pliée. Mais non, il a fallu qu’il se mette lui-même la pression en liant l’affaire à des gestes immédiats entre chinois et tibétains, ce qu’il ne pouvait obtenir et ce qui pour cet événement précis aurait dû  concerner en premier chef le CIO, le Tibet et la Chine. Et si la résolution immédiate du problème lui avait été à ce point primordiale pour l’Elysée, nous aurions pu également ne pas aller à Pékin et nous contenter de déléguer un ministre, sans tambour ni trompette.

Enfermé dans ce non sens, nous nous sommes donc retrouvé à Pékin en dépit du préalable que nous avions nous-mêmes fixé et en donnant l’impression de céder aux injonctions de l’ambassadeur de Chine à Paris.

Nous aurions pu nous contenter d’être ridicule et faible, mais avec la visite du Dalaï Lama, les conseillers de l’Elysée nous encouragent à boire le calice jusqu’à la lie. Cette fois, on nous explique qu’il n’y aura pas de rencontre entre Sarkozy est lui puisqu’il n’est pas un chef d’état, mais un chef religieux.

Excuse en forme de tautologie ! Le chef spirituel bouddhiste n’a jamais revendiqué un quelconque statut de chef d’Etat et s’il se bat pour le Tibet, c’est pour éviter la sinisation forcée des tibétains et la destruction de leur culture. Pourquoi sortir un tel argument si ce n’est pour cacher par une absurdité une autre absurdité ?

Même si cet argument devait être retenu, cela signifie-t-il qu’à partir de maintenant la France ne rencontrera plus aucun représentant de religions ou de groupes spirituels et philosophiques. Cela s’appelle de l’ostracisme pour le moins…

Sur le fond, ce qui m’attriste le plus c’est que la France, avec son passé et ses idéaux, n’est plus capable de respecter un prix Nobel de la paix qui au fond vient lui rendre hommage. Osera-t-on aussi prétexter une clause religieuse si Desmond Tutu nous honorait de sa présence ? Que trouvera-t-on à opposer à Nelson Mandela ? Shimon Peres ne serait-il pas par hasard représentant d’un état où la religion occupe trop de place ? Et en creusant un peu, ne devrait-on pas déclarer Al Gore persona non gratta pour ne pas fâcher l’administration républicaine américaine ? Ne risquerait-on pas de s’attirer les foudres de la finance internationale si on accueillait Muhammad Yunus ?

Que la liste est longue des hommes et femmes de bonnes volonté dont l’action a changé positivement le monde et qui risquent maintenant d’être traitées avec mépris par ce gouvernement, juste pour justifier son amateurisme ou sa lâcheté. Comme notre pays a changé, lui qui naguère se voulait être la lumière illuminant le monde, et qui n’est plus qu’un hôtel pour dictateurs en mal de shopping de luxe.

Bulles et boulettes

Février 2008. Papy Marx nous a légué une réflexion sur le capitalisme qui a chatouillé le XIXème siècle et mis le XXème sans dessus dessous, mais qui au final, s’est révélée inefficace pour corriger les excès de ce monde, et fort douloureuse pour les peuples.

Parmi les erreurs de conception qui ont mené à l’échec, j’en retiendrai ici deux : une pensée newtionienne totalement déterministe (action implique prédiction de réaction, de ce principe découla nombre de théories économiques et d’outils inadaptés telle que la planification et le collectivisme), et second élément, l’idée qu’une analyse est indépendante de son environnement, de la structure même des sociétés. Or les sociétés de la fin du XIXème siècle, jusqu’à la 1ère guerre mondiale, étaient des sociétés très figées, stables (même dans leurs conflits et le colonialisme en fut un des résultats), faite d’optimisme sur ce que sera demain. Toute la fin du XXème siècle fut l’illustration du décalage entre le monde selon Marx et le monde réel fait de mouvement, d’émergence et de renaissance. Le mouvement n’est probablement pas fini et la mondialisation n’en est que la plus flagrante illustration.

Du coup, papy Marx étant renvoyé aux erreurs de l’histoire, le capitalisme s’est libéré du frein marxiste pour n’avoir d’autres horizons que… lui-même. Il me vient cette image : nous sommes passé d’un monde d’intérêts (a priori) opposés entre le salarié de Germinal et le patron repus dont le capital s’exprimait en usines fumantes, à un monde où une partie du capitalisme s’est détaché pour devenir antagoniste et du salarié, et du patron.

Cette excroissance du capitalisme, c’est le capitalisme financier qui partant du mécanisme boursier destiné à construire les usines de notre patron du XIXème siècle, en est arrivé à s’abstraire totalement de la réalité et à s’auto-alimenter spéculativement en pariant sur la rapidité des échanges et sur ce que sera demain. Ce capitalisme là profite à plein de la mondialisation, mais en tant que parasite, pas en tant qu’acteur construisant une nouvelle réalité ; dans cette sphère, l’argent n’est plus lié à la valeur des choses (en l’occurrence des entreprises, de leur marché, de leur savoir et savoir-faire) et réussit à imposer une logique qui souvent implique de tuer une entreprise, simplement parce qu’elle ne génère pas assez de mouvement, de possibilités spéculatives. C’est la fuite en avant des invasions dévastatrices de criquets.
Dans nos sociétés devenues mouvantes et sans visibilité sur l’avenir, le capitalisme financier est devenu à la fois l’adversaire du salarié (à moins qu’il ne tire ses revenus de la finance) et de l’entrepreneur (dont le projet peut à la fois être viable et pas suffisamment rentable pour mériter d’être financé). Le cas des chausseurs de Roman ou du jouet français illustre très bien cet état de fait : une marque peut temporairement avoir plus de valeur que ce sur quoi elle s’appuie. Dans cette optique, vendre la marque et liquider l’entreprise a un sens. Dans le vrai monde, c’est simplement une tragique stupidité.

En bout de course, on peut quand même se demander si la sphère financière qui détruit notre présent, a un intérêt qui compenserait le désastre immédiat. Difficile d’être catégorique, mais c’est peu probable, d’une part parce que ce qui est détruit ne peut facilement se reconstruire et que si on veut le faire, ce sera extrêmement plus couteux que ce qu’a rapporté la destruction, et que d’autre part, le mouvement de fuite en avant de la sphère financiaire est régulièrement stoppé par l’éclatement de bulles spéculatives (la réalité est têtue, on ne crée pas de la richesse avec rien). Rien qu’au mois de janvier, on estime par exemple à 5000 milliards de dollar les dégâts causés par la crise des subprimes (qui sont de la spéculation sur le financement des habitations).

A l’arrivée, si notre monde n’est plus déterministe, causal, si la réflexion ne peut plus se concevoir une fois pour toute et détachée des sociétés humaines, mieux vaut envisager des politiques économiques qui s’ancrent dans la réalité et combattre sans relâche les mécanismes qui s’en détachent en gardant la possibilité de la détruire. La sphère financière doit être contrôlée par des mécanismes qui expriment l’intérêt des peuples.