C’est y plus pire ou moins plus pire ?

J’écoutais ce matin sur BFM un chroniqueur qui s’emportait à propos des nouvelles prévisions du FMI, prévisions pessimistes que certains auraient souhaitées ne pas entendre, ou du moins entendre diffusées au péquin de la rue. L’argument était en gros que pour que les choses aillent mieux, il fallait dire que cela allait mieux car en disant pas que cela va mieux on ne peut pas combattre efficacement la crise. En voilà un qui soit devrait prendre deux ou trois cours de psychologie et de management ou à défaut se pencher sur ses archives et extraire toutes les prévisions optimistes de notre gouvernement ces deux dernières années, prévisions surestimées qui ont conduit à l’imprévoyance plutôt qu’à un effet de croissance optimiste…

Mais au-delà de la sainte colère de ce chroniqueur méthode Coué, on peut quand même constater que nous semblons avoir atteint une sorte d’étape en apesanteur où il semble difficile de savoir si nous allons continuer à tomber, si nous en restons là ou si nous sommes en mesure de repartir.

Apesanteur financière tout d’abord. Après une valse bancaire, le système financier semble avoir stoppé l’hémorragie (du moins du côté éclairé du monde financier car côté paradis fiscaux on perçoit des bruits de naufrage) et le mot d’ordre semble être d’avancer avec prudence pour ne pas mettre le pied sur une mine oubliée. Difficile cependant d’être sûr que les fondations du coffre-fort sont à nouveau solide ou qu’un irresponsable n’a pas gardé la clé.

Apesanteur économique ensuite. La question est là de savoir si les sociétés qui ont déposé leur bilan ou sont en passent de le faire ont détruit assez d’offre pour qu’offre et demande soient revenus à des niveaux compatibles (et dire que certains ont refusé l’idée même de relance par la consommation). C’est particulièrement clair avec l’industrie automobile américaine qui, comme je l’avais évoqué il y a plusieurs semaines, va très probablement perdre Chrysler et sans doute GM, le tout au profit des autres constructeurs dont Ford. Si c’est le cas, les relais de trésorerie suffiront, sinon l’économie ne peut que reprendre sa destruction de valeur.

Apesanteur sociale enfin. Là c’est plutôt étonnant car même si on constate quelques conflits très visibles (Continental, Caterpillar, …), les cris de douleurs semblent comme étouffés. On m’a raconté il y a peu (c’est un récit que je n’ai pas pu vérifier) que les gens commençaient à demander des devis de travaux dans le but de les présenter chez leur banquier pour obtenir des prêts. A ceci prêt qu’une fois obtenus, ces prêts ne finançaient pas des travaux mais la consommation du quotidien. Pour les français, la crise n’en est qu’à son début contrairement au monde financier, elle vient de frapper à la porte contrairement aux banquiers. Alors oui, pour les français, il faut dire les choses comme elles sont, et surtout leur montrer par des actes qu’ils ne sont pas seuls, que l’on combat à leurs côtés, que l’on fera ce qu’il faut pour qu’ils ne se retrouvent pas à la rue.

Mais qui est on ? Le FMI a le pouvoir (et le devoir) d’annoncer la tendance la plus vraisemblable mais qui est à la manœuvre ? Le plan de relance français est toujours aussi faiblard, les aides, comme celles décidées pour les apprentis semblent tellement restreintes là où ils faudrait toucher tant de monde. Le gouvernement actuel à bout de souffle devra encore atteindre les résultats des élections européennes pour être remplacé (et encore, le remaniement sera fonction de l’ampleur de la sanction éventuelle des français). Finalement, la France politique est elle aussi en apesanteur alors que nous avons besoin d’actions, de leaders compétents, efficaces, volontaires, et accessoirement humbles face aux défis.

DSK ou l’image de la Démocratie Sociale Keynésienne

Strauss-Kahn et ChabotJ’ai pris quelques jours de réflexion et de recul pour commenter le passage de Dominique Strauss-Kahn à France 2 jeudi dernier, et c’est tant mieux puisqu’en plus de cette prestation, je vais pouvoir commenter les réactions…

Sur la prestation d’abord. DSK c’est généralement du solide, de l’argumenté et du responsable, pas de surprise là-dessus, le patron du FMI ne s’est pas fourvoyé dans un lyrisme populiste ni dans un yakafokon tellement en vogue ces derniers temps, ni dans une sécurité technocratique aussi confortable qu’incompréhensible pour le citoyen lambda. L’exercice n’était pourtant pas simple puisque les interpellations enregistrées des français pouvaient facilement inciter à la glissade sur la souffrance du bon peuple de France alors que sa position au FMI offrait généreusement à DSK la position de celui qui plane à quinze mille au-dessus des autres. Mais non, rien de cela dans l’explication du dysfonctionnement bancaire actuel, rien de cela dans l’analyse de la situation des salariés de Continental non plus.

Ce qui m’a cependant le plus retenu jeudi soir, c’est sans doute la hauteur internationale et le respect affiché par M. Boutros-Gahli (Youssef, pas Boutros) le ministre des finances égyptiennes. Dire qu’ici, une certaine gauche passe une bonne partie de son temps à nous expliquer que DSK c’est le FMI ultra-libéral et qu’il ne fallait surtout pas y aller. Manifestement, du côté des pays qui restent à la porte du G20, on n’est vraiment pas d’accord avec les gauchistes français. J’en viens à me demander combien d’autres français jouissent d’une si bonne réputation à l’extérieur de nos frontières (et accessoirement pourquoi nous aimons tant nous auto-flageller…).

Passons aux commentaires. Que d’articles tout d’un coup, avec un thème qui revient (avec plus ou moins d’ironie lorsqu’il s’agit du canard), c’est l’image du “french sauveur”. Je déteste personnellement l’idée du sauveur, d’où qu’il vienne, mais force est de constater qu’en période de panade et devant l’incompétence généralisée, c’est journalistiquement tentant… Du coup, constatant ce soudain regain d’intérêt et comme je suis curieux et taquin, je suis allé voir du côté de Libé si eux aussi ne se seraient pas laissé allé à quelque chose de positif ( http://www.liberation.fr/recherche/?q=dominique+strauss-Kahn ). Ouf, il y a bien un article sur son passage à France 2, mais comme à leur habitude lorsqu’il s’agit de DSK, on y trouve la vacherie règlementaire (en fin d’article  : http://www.liberation.fr/politiques/0101558049-strauss-kahn-un-retour-pour-le-futur). La gauche bien pensante peut continuer à roupiller tranquille.
Côté oueb maintenant. Il semblerait que les équipes de Pierre Bergé aient eu du travail. Le message à faire passer est en gros “avec tout l’argent qu’il brasse au FMI, DSK sera vu comme le candidat des riches“. Il se trouve au passage que c’est la doctrine de Claude Guéant pour sauver la mise à Nicolas Sarkozy en 2012…  Alors, quelle est donc l’argumentation contre ce plus riche que moi tu meurs ? Eh bien en substance (je vous résume, pour la profondeur de l’argumentaire il faudra vous taper la prose internet vous-même), c’est DSK qui a inventé le bouclier fiscal, les stock-options et autres bonnes choses du moment, et en plus Dominique a un salaire qui oscille entre 400 000 et 500 000 suivant les blogueurs (somme généralement citée en euro ; pour info, c’est 325 000 euros par an). Bien sûr, au passage chacun s’ingénue à citer d’autres articles en en déformant quelque peu le contenu. En voici un exemple d’école :

Manipulation Manipulation

Le premier article (DSK est méchant il a inventé le bouclier fiscal) renvoie sur l’article II (la gauche a inventé le bouclier fiscal) qui renvoie sur un article du canard décrivant une obscure loi datant de 1988 puis amendée, en balançant au passage quelques inepties sur la fiscalité européenne (si le coeur vous en dit, voici un document du minéfi sur la réalité de cette fiscalité). Ouf, l’honneur de Sarko est sauf, c’est Strauss-Kahn qui a tout inventé de la politique catastrophique actuelle. CQFD.

Et les français, qu’ont-il pensé ? Moins de mal qu’une certaine gauche semble-t-il puisque les seuls politiques qui trouvent grâce à leurs yeux sont Dominique Strauss-Kahn et François Bayrou. Et que représent-ils fondamentalement ? La démocratie chrétienne pour Bayrou, la social-démocratie pour DSK, une certaine vision raisonable des choses pour les deux.

Mais pour l’instant, un seul pèse sur la politique mondiale, un seul citoyen pour construire une nouvelle Démocratie Sociale Keynésienne.

Brève du monde

DSK FMI Dar Es SalaamPendant que certains se cachent la face pour ne pas voir l’ampleur des problèmes, pendant que d’autres agitent la mousse des paradis fiscaux en oubliant d’expliquer comment ils avaient accepté et alimenté la machine infernale, pendant que d’autres encore ne sont toujours pas convaincus de la nécessité d’une réelle coopération internationale entre États, le FMI et son directeur en tête, participe à une réunion internationale à Dar es Salaam avec les dirigeants africains sur le sujet d’un renforcement de l’action du FMI sur le continent.

Quelques unes des orientations de ce sommet :

  • Amélioration de la surveillance du FMI sur la politique de tous ses membres, dans un esprit d’équité ;
  • Extension des moyens de financement du FMI et de leur accessibilité aux pays à bas revenus;
  • Consolidation du processus d’allègement des dettes en ajustant la structure de financement des dettes du FMI pour s’adapter aux besoins de nouveaux financements de l’Afrique et aux opportunités ;
  • Accélération des réformes de gouvernance de FMI pour augmenter le poids des voix de l’Afrique et la représentation à tous les niveaux de l’institution
  • Amélioration des règles de dialogue entre le FMI et ses membres africains, y compris pour l’aide technique, pour assurer que la politique des pays africains profite de l’expérience du FMI et de son expertise ;
  • Renforcement du rôle catalytique du FMI pour démultiplier le financement public et privé pour les besoins d’infrastructure critiques de l’Afrique.

Il serait sans doute bon que cette réunion inspire celle à venir du G20, avec en exergue une phrase de Dominique Strauss-Kahn : “Le monde entre dans une grande récession bien au-delà d’une croissance 0“.

Alors, il est toujours ultra-libéral le FMI ?

Si le réalisme pouvait venir d’Afrique

DSK ou l’histoire du prince et du mendiant

Dominique Strauss-Kahn

Comme les français sont versatiles et facétieux ! Un jour ils vous mettent à bas et versent sur vous leur ire et leurs frustrations, et le lendemain vous taillent un costard de prince des mille et une nuits.

Si vous ne me croyez pas, il suffit de lire l’actualité de la semaine dernière. Mardi, c’est haro sur celui qui n’a pas d’humour, le mardi de l’homme qui ose dire qu’il n’aime pas une blague : honte à lui qui renie Rabelais et les guerres picrocholines, sus à ce censeur ! La France bloggueuse s’émeut et, telle une autruche, se cache la tête sous la toile pour ne pas voir que l’essentiel du message strauss-kahnien n’était pas à chercher dans le bruit blanc des rieurs mais dans les noirceurs de la finance mondiale.

S’en suit bien sûr quelques saillies sur de vieilles lunes réchauffées, puis l’improbable revirement, le looping cosmique du jeudi : et si DSK devenait premier ministre ? Sans doute est-ce là une autre tentative humoristique de type comique de répétition. Il faut se souvenir en effet que Dominique Strauss-Kahn est sans doute le champion des hommes politiques au poste de premier ministre virtuel. Déjà lors de la dernière campagne présidentielle, il était assuré d’accéder à cette fonction si la gauche ou le modem gagnait. Ici, la boucle serait bouclée puisque le voilà à nouveau premier ministre virtuel (s’entend : débauché par la droite, ah le traître qui tel le sucre dans le lait est partout, mais finalement dans aucun gouvernement…).

Qu’en penser ? Factuellement, et à moins d’aimer le flan, rien du tout. Tout cela n’est que mousse de circonstance. Mais comme il est bon d’explorer et de sonder l’avenir, examinons cette histoire de 1er ministre sous un autre angle : quels éléments seraient déclencheurs d’un gouvernement d’union nationale où la gauche participerait pleinement, y compris en assumant le poste de 1er ministre ?

La machine économique infernale actuelle n’aboutit-elle à une telle nécessité d’union nationale ? Il y a quelques temps, Fillon avait appelé à une telle union à ceci près qu’il s’agissait surtout à l’époque d’un effet de manche ou mieux encore, de demander au parlement de signer un chèque en blanc à un gouvernement qui depuis près de deux ans n’a pu montrer que des échecs, un grand sens de l’irresponsabilité et une inquiétante incapacité dans la compréhension de ce qui se passe, en particulier dans la vie de tous les jours des français.

Pour en revenir à la mécanique financière, après réflexion et quelques renseignements pris à droite et à gauche (et même indirectement à Washington auprès du mari d’une célèbre journaliste), la mécanique d’un crash des monnaies, dollar en tête, s’avère très peu probable si l’on écarte l’hypothèse d’une “guerre monétaire” en bonne est due forme d’un ennemi hypothétique des E.U. Le spectre d’un effondrement monétaire comme l’Europe en a connu dans les années 20 est donc très peu probable.
Reste que la valse des cessations de paiement, non pour les États mais pour les sociétés, a commencé : si le sort de GM et Chrysler n’est pas encore (?) fixé, les gouvernements européens ont déjà dû voler au secours de leurs filiales, SAAB ou Opel. Si j’ai bien suivi, l’État pourrait aussi venir au secours de Peugeot (on notera au passage que si la crise automobile a été accentuée par les problèmes financiers mondiaux, fondamentalement il s’agit d’un problème industriel de rupture technologique : les clients se demandent quel sera l’énergie de demain et retardent leurs achats de voiture neuve, encouragés en cela par la peur du lendemain). Voilà des sauvetages qui évitent le désastre total, mais jusqu’à quand peut nationaliser peu ou prou des sociétés devenues insolvables sur un marché en rupture ? Devra-t-on émettre de la monnaie de singe lorsque l’on n’aura plus de cash ?
Toutes ces cessations de paiement ont 2 origines : la baisse extrêmement brutale des commandes (inadéquation entre offre et demande), ce qui ne permet pas aux entreprises de s’adapter assez vite, et d’autre part le trop faible support des banques (ce qui est la cible numéro un du FMI).

Voila pour une analyse très imparfaite de la situation du jour. Mais tout cela nous amène directement à l’action politique. Pour l’instant, ce gouvernement se voile la face et refuse depuis le début de prendre la mesure de la crise. La gauche doit-elle l’attaquer frontalement au risque de provoquer une crise politique majeure ou devons-nous accepter les choses parce que c’est démocratique d’une part et que nous avons peur d’aggraver les choses dans le cas d’une attaque frontale ? Cette dernière solution serait déjà une forme de gouvernement d’union nationale qui ne dit pas son nom, une forme assez lâche, irresponsable.

Ensuite, pour revenir sur l’argument démocratique, ce gouvernement n’a bien sûr pas reçu de mandat pour une politique liée à cette crise : la situation de 2009 n’a rien à voir avec celle de 2007 et la promesse électorale de 3% de croissance risque fort de se transformer en 3% de récession bien réelle. Si la situation ne se redresse pas très vite, il est clair qu’il va falloir redemander aux français un mandat politique : il va falloir statuer sur les orientations (nationalisation, protection, partage des efforts, coupes budgétaires, niveau réel de déficit, …). L’autre option étant de faire comme dans les années 30 et de passer à des gouvernements dictatoriaux. Si nous privilégions l’option démocratique, les bases d’un gouvernement d’union nationale doivent être soumises aux français. Et quelles sont ces bases ? Le marxisme a échoué, l’ultra-libéralisme échoue en ce moment sous nos yeux et ce qui est plébiscité par les faits, c’est la social-démocratie même s’il est entendu qu’elle aussi doit être revisitée.

Il nous incombe de définir la politique de sauvetage puis de sortie de crise, de conduire le rassemblement et de conduire la politique qui sera acceptée par nos concitoyens.

Ce qui me semble évident, c’est qu’un futur gouvernement d’union national sera un gouvernement mené par une personne ayant fait preuve de ses capacités de compréhension, de ses compétences, de ses talents de manager et de négociateur, une personne ayant une vraie stature internationale.

Il est aussi impératif d’en finir avec le bonarpartisme ringard actuel, de revenir à une conception humble de l’exercice du pouvoir, respectueuse des parlementaires et de l’exécutif. Un gouvernement d’union nationale peut parfaitement plancher sur une nouvelle République, mais en attendant, cela doit se faire dans l’esprit et la lettre de la Vème République.

Une autre chose me paraît évidente : plus nous attendons, et plus ce sera difficile. Au tout début, le problème était de trouver quelques centaines de milliards aux Etats-Unis, aujourd’hui nous en sommes à quelques dizaines de milliers de milliards sur toute la planète, avec une économie déjà partiellement détruite.

Pour qui sonne le glas ?

Jeudi social, jeudi de grève, jeudi de manifestation, jeudi de fracture, mais surtout jeudi de réveil.

Pour la première fois depuis longtemps, la France des salariés descend unie dans laPrise de la bastille rue. Le gouvernement a bien essayé de matraquer l’idée qu’il ne s’agissait que de la France des fonctionnaires et des privilégiés, mais les indications à la mi-journée faisaient état d’une tout autre réalité : oui les salariés du privé sont aussi dans la rue, qu’ils soient du secteur automobile en plein dans la tourmente, du secteur bancaire, ou encore de la grande distribution. La lecture de la droite est déphasée. À côté des fonctionnaires si facilement dénoncés, on voit des intérimaires qui ne trouvent plus d’emploi, des salariés au chômage technique, de nouveaux licenciés économiques, des retraités qui commencent à devoir faire les “après-marchés” pour se nourrir et qui y croisent les travailleurs pauvres, les exclus et tout un monde que nous ne voudrions pas voir.

Cette manifestation n’est pas, comme on veut nous le faire croire, une gesticulation de plus de la gauche, mais bien le premier symptôme visible de la crise sociale qui découle à la fois de la dégradation mondiale et aussi, surtout, de la façon dont le gouvernement français gère cette tempête qui fut d’abord financière avant d’être économique, et maintenant sociale.
Après plus de six ans de gouvernements UMP, dont deux sous la domination totale de Nicolas Sarkozy, nous allons très mal et ce n’est qu’un début. Mais le problème principal est d’abord que ce gouvernement est incapable de prendre la mesure du problème économique et social, incapable de se remettre en cause, incapable de comprendre pourquoi il a battu tant de records économiques dans le mauvais sens, incapable d’incarner la respectabilité et la compétence, incapable d’inspirer la confiance.
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy restera terré à l’Elysée. Peut-être mettra-t-il un CD de Carlitta et regardera ses photos de vacances. Il est au chaud et bien nourri. Cela ne peut pas durer.

Le locataire de l’Élysée envoie en ce moment ses messagers nous expliquer combien il faut être solidaire en ces temps de crise. Quel cynisme pour le chantre du démerde-yoursel, pour celui qui ne manque pas d’ironiser sur les salariés qui contestent (les grèves dont plus personne ne s’aperçoit), pour celui qui ne supporte pas les “lèse-majesté” (casse toi pauvre con), pour celui qui fait des remontrances aux banquiers devant les caméras mais leur donnera quand même les milliards nécessaires pour verser un dividende aux actionnaires et surtout ne fera rien pour ses propres excès de salaire, qu’il a presque doublé en arrivant.

Cet homme n’est pas exemplaire, il ne comprend ni l’économie, ni les Français, il est à de nombreux égards, indécent.

Quelle est l’urgence aujourd’hui ? Mettre en place un gouvernement compétent, se remettre en phase avec nos partenaires internationaux (oui il est maintenant certain qu’il faut faire aussi une politique de la relance de la consommation), retrouver une légitimité démocratique. Alors il pourra y avoir une union nationale face à la crise, alors les Français pourront se mettre en ordre de bataille pour vaincre la crise. Mais en l’état, on ne peut que constater la gravissime défiance du pouvoir politique national, on ne peut qu’être abasourdi par les chances gâchées (le chômage qui n’a pas été réduit au taux du plein emploi malgré la chance démographique historique), les virages manqués (les mesures fiscales et sociales à contre-courant), l’imprévoyance passée (j’irai chercher les 3% de croissance avec les dents), actuelle (la croissance sera de 0% en 2009 selon Devedjian), et hélas à venir. Non la crise ne se résoudra pas toute seule d’ici la fin de l’année ! Ce qui va arriver à court terme, c’est une explosion des dépôts de bilan et un écroulement d’une partie de l’économie sous forme de chaîne de dominos.

Cela peut être évité, nous pouvons sortir vainqueur de cette tempête, mais nous devons avoir les bonnes personnes aux bons postes, avec des moyens adéquats.

Comme nous avons des raisons de regretter d’avoir raté la présidentielle de 2007 ! Comme nous avons des raisons de regretter que Dominique Strauss-Kahn soit à Washington et pas à Paris !

De l’art de manipuler l’opinion et les internautes en particulier, acte II

Après la fable de la jeune fille que personne n’aimait, je voudrais vous raconter une autre histoire. C’est une histoire de méchants qui font peur, le conte des vieux croutons qu’en ancien françois l’on nommoit sociaux-démocrates.

Dans une époque reculée de l’histoire de France, vivaient de très vieux messieurs, encore dénommés croutons, éléphants, machos ou de façon plus générique, “vieux cons”. Ces gens faisaient très peur, on ne sait pas trop pourquoi, mais on sait qu’ils passaient le plus clair de leur temps à empêcher les choses de changer en jetant des sortilèges de pétrification. Et ils étaient très méchants, et très vieux.

A une époque, ces méchants avaient été très gentils et s’étaient plutôt bien occupés de nous, comme le crouton Delors (dont la pensée démocrate-chrétienne fut une des sources d’inspiration de la deuxième gauche) qui fut incontestablement l’un des plus grand constructeur de l’Europe, comme l’éléphant Rocard qui fut loué pour son intelligence et sa volonté de faire évoluer la gauche, comme le macho Jospin qui est l’homme qui a fait reculé le chômage alors que plus personne n’y croyait plus (souvenez-vous d’une maxime de l’époque : “contre le chômage on a tout essayé”), comme le vieux con Strauss-Kahn à qui l’on doit plus de trois ans de croissance au-dessus de la moyenne européenne (souvenez-vous qu’à l’époque l’assemblée nationale avait été dissoute parce que la droite ne pensait pas être en mesure de boucler un budget pour qualifier la France à l’euro), et qui travaille aujourd’hui à essayer de réaliser la plus grande réforme financière mondiale depuis Bretton-Woods

Comme ils avaient pétrifié la gauche de France, tout n’était autour d’eux que désert désolé, vieille marmite d’idées recuites, combines secrètes et banquets d’arthritiques goutteux : il parait même qu’ils se nourrissaient de la jeunesse des quelques égarés qui venaient à eux, et c’est pourquoi on ne voyait plus de jeunes dans leur rang. Brrr, cela fout les jetons !

Après cette effrayante histoire, laissez-moi vous présenter une galerie de portraits de personnes qui se battent aujourd’hui dans les rangs de ceux qui ont été tant dénigrés, ceux qui travaillent au quotidien pour aider nos concitoyens et pour construire l’avenir, un avenir bâti sur l’héritage et du socialisme et de la social-démocratie, un avenir refondé.

Sandrine Mazetier, née le 16 décembre 1966, députée de la 8e circonscription de Paris, ancienne directrice de communication dans le secteur privé. Cliquez ici pour voir son blog.

Jean-Francois Fountaine, vice-président du Conseil régional de Poitou-Charentes, ancien champion du Monde de Half Tonner (1980), chef d’entreprise dans la construction navale, ex-président de la Fédération des Industries Nautiques.

Marisol Touraine, née le 7 mars 1959 à Paris, députée socialiste d’Indre-et-Loire. Cliquez ici pour voir son blog.

Pierre Moscovici, né le 16 septembre 1957 à Paris, député du Doubs, ancien ministre délégué aux affaires européennes du gouvernement Jospin, premier signataire de la contribution “Besoin de Gauche” pour le congrès de Reims. Cliquez ici pour voir son blog.

Michèle Sabban, Née le 28 juin 1954 à Kef en Tunisie, Vice-Présidente du Conseil Régional d’Ile-de-France, Vice-Présidente de l’Internationale Socialiste des Femmes, Présidente de l’Assemblée des Régions d’Europe.

Jean-Jacque Urvoas, Né le 19 septembre 1959 à Brest (Finistère), ex-directeur de la Mutualité du Finistère, maître de conférence à l’Université de Bretagne Occidentale, député de la 1re circonscription du Finistère. Cliquez ici pour voir son blog.

Michel Destot né le 2 septembre 1946 à Malo-les-Bains (Nord), député de la troisième circonscription de l’Isère, maire de Grenoble .. Cliquez ici pour voir son blog.

Laurent Baumel né en 1966, un des penseurs de la refondation du parti socialiste, rédacteur du rapport de La Rochelle sur le Manifeste de socialisme et démocratie. Cliquez ici pour voir le blog du manifeste.

Christophe Cavaillès, né à Paris le 19 décembre 1973, reporter spécialisé dans les questions de relations internationales, écrivain et conférencier. Cliquez ici pour voir son blog.

Voilà donc des hommes et des femmes qui n’existent pas dans la fable des vieux croutons où il n’y a pas de dynamisme, pas de renouveau, pas de mouvement, pas de changement.
Pourtant, dans cette galerie de portraits qui est loin d’être exhaustive (toutes mes excuses à ceux qui auraient mérité d’y être), il y a des gens qui améliorent notre vie au quotidien, d’autres qui réfléchissent à comment aborder rationnellement les indispensables changements auxquels nous devons faire face, à en diminuer les risques, à tracer la route d’un avenir meilleur. Mais voilà, ce ne sont pas des aventuriers de l’esbroufe, pas des bateleurs de foire qui racontent tout et n’importe quoi pour être applaudi à la fin du spectacle.

Le changement demande de la constance et de la cohérence, de la réflexion et de l’ambition, et surtout, il demande l’assistance de tous, du plus humble à celui qui est à la tribune, et en particulier de ceux qui ont montré leur capacité à réussir.

Comment piper les dés démocratiques ?

Internet est un très bon univers probabiliste : s’il est possible de calculer qu’une chose a une certaine chance de se produire, on peut être sûr, vu le nombre élevé d’événements liés à cette chose qui se produisent, que cela arrivera, même si on n’est pas en mesure d’établir par qui et comment. Une probabilité de un sur un million devient une certitude sur internet parce que plusieurs millions d’internautes génèrent des milliards d’événements.

Du point de vue de la démocratie, cela signifie-t-il qu’il est possible d’extraire du web des événements capables de prédire ou de modifier un résultat électoral qui lui aussi est un événement probabiliste mesurable (ce qui est l’objectif des sondages) ? Et si oui, est-il possible d’agir pour faire pencher la balance dans un sens ou dans un autre ?

Dans une configuration où un seul des partis saurait utiliser le web, il est clair que la diffusion large d’une information destinée à orienter un vote serait en mesure de faire basculer une substantielle proportion de votes, parce que le web atteint une très large population et parce ce qu’il a une image de « vérité » supérieure aux médias traditionnels dont l’image s’est fortement dégradée (à telle point que « le tir au journaliste » assure un regain d’intérêt à l’endroit des politiques adeptes de ce sport). Dans cette configuration, il suffirait de dire partout et souvent que la vérité est à un endroit, sans contradiction, pour que la probabilité que cela ce produise augmente. Ce phénomène a été très bien illustré par le « il n’y a qu’elle qui peut le battre » qui à force de répétitions s’est autoalimenté et à rendu très improbable tout autre résultat, d’autant plus que pour la primaire socialiste, le web et les médias étaient très en phases.

Les partis ayant assimilé l’intérêt d’un relais sur le web, ils se sont naturellement dotés de moyens d’action sur la toile. Du coup, les probabilités se diluent en fonction du nombre d’acteurs politiques identifiés : a priori et au départ, chacun à une équiprobabilité de chance ce qui réduit d’autant la part de chacun (1 acteur = 100%, 2 acteurs = 50%). Cette dilution aboutit-elle vraiment à un espace équiprobable et à une diminution de la probabilité de « truquer » le résultat pour forcer un événement favorable (en l’occurrence faire basculer suffisamment de votes pour faire basculer une élection) ?

La dernière présidentielle est sur ce point à nouveau très instructive, en particulier la primaire socialiste.

Techniquement, de tous les postulants, Royal avait incontestablement avec Désir D’avenir l’instrument le plus organisé et le mieux à même de quadriller l’électorat.

Strauss-Kahn bénéficiait également d’une présence active avec son blog, mais plus orientée vers la réflexion et l’argumentation militante là où Royal ciblait une présence pertinente du point de vue marketing : écoute des doléances et renvoi vers les internautes sous la forme d’un message « j’ai bien compris que vous m’aviez dit que ». Un marketing inachevé de l’offre contre un marketing ficelé d’une promesse de réponse à la demande.

Enfin, il semble que Fabius, trop confiant dans ses réseaux (façon « vieille politique », parallèle de la « vieille économie »), se soit dès le début privé d’occuper sa part de densité de probabilité internet ; impossible pour lui de peser pour augmenter ses chances et même de diminuer la part des autres, malgré une part respectable au sein des journaux de gauche.

La primaire s’est donc jouée sur le web entre deux candidats, mais avec des moyens n’étaient pas du tout équivalents. Désir d’Avenir a procuré une structure opérationnelle permanente, active et coordonnée, un financement et un cadre identifiable par les autres médias.

La « petite boutique internet » strauss-kahnienne s’est limitée à quelques dizaines d’internautes militant de concert en se relayant sur un mode globalement autonome.

On pourrait ici faire un parallèle avec ce que l’on constate en informatique entre les sociétés de logiciels et les développeurs du monde open : cela marche dans les deux cas, mais la force de vente n’est pas la même !

Le nombre d’acteurs été sans doute moins déterminant que l’utilisation simultanée des médias et d’internet. Là où DSK avait une couverture médiatique bien inférieure à la couverture web (ce qui fut une des motivations du démarrage sur internet au début de l’été), MSR avait une puissance marketing qui s’est traduite par des pratiques médiatiques peu critiques (les « sœurs Brontë » n’en furent qu’un des exemples les plus flagrants). Les probabilités sur le web étaient appuyées par les probabilités s’appuyant également sur celles des médias classiques. Or pendant près de 6 mois, ces derniers furent mis à la disposition de Royal, probablement avec un appuis de circonstance de la droite française. A l’arrivée, les probabilités ont permis à DSK d’éroder fortement la popularité de MSR, d’avoir l’avantage sur le web mais pas dans les médias ; le délai ne fut pas suffisant pour provoquer une redistribution de la densité de probabilité, pas suffisant pour que l’influence du web prenne le dessus sur l’influence des médias traditionnels.

Statistiques de la présidentielle 2007

Cette redistribution eut lieu à l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy. Le premier coup de boutoir fut donné par le retournement du monde médiatique qui se mis à critiquer ce que les journalistes avaient encensés pendant six mois, voire chercher à « piéger » la candidate. Dans un deuxième temps, l’appareil internet de l’UMP put largement entrer en action et annuler l’avantage probabiliste de Désir d’Avenir.

Le même phénomène qui avait donné l’avantage à Royal à l’automne s’est inversé pour donner l’avantage à Sarkozy au printemps. La seule différence résidant dans l’orientation générale des médias, cela montre que pour cette élection en tout cas, si internet fut incontournable, les médias traditionnels furent déterminants.

Au final, tout ceci n’est pas très brillant car la distribution probabiliste s’est faite sur les apparences et pas sur le fond, ce qui a rendu le retournement de l’hiver possible, et qui se prolonge aujourd’hui avec un retournement contre le président élu.

Que faire à l’avenir pour éviter cela ? Plusieurs pistes.

D’abord chercher encore et toujours à renforcer la pluralité d’expression aussi bien dans les médias que sur le web. Pendant la campagne, les moteurs de recherche des journaux et du web permettaient facilement de constater d’énormes différences. Si le web est d’abord le reflet de ce qu’y mettent les internautes (et donc les militants et sympathisants), en ce qui concerne les journaux, c’est d’abord une affaire éditoriale, et l’indépendance des journaux est un vrai problème.

Les appareils politiques ont donc tout intérêt à ouvrir sur internet un espact ouvert aux militants d’une part, mais aussi aux sympathisants et aux citoyens qui ne demandent qu’à mieux participer à la vie démocratique de notre pays.

Une autre piste est de complexifier les espaces probabilistes. Aujourd’hui, une élection se fait sur un mode binaire (je vote ou pas pour quelqu’un), ce qui facilite la prédiction (les sondages). En changeant quelque peu le mode de scrutin, on peut rendre impossible la prédiction (ou la rendre totalement non fiable ce qui revient au même). C’est assez facile à faire en passant à un vote pondéré (chaque électeur donne une note de 0 à n en fonction du degré d’approbation qu’il porte à chaque candidat). On aboutit ainsi à une élection au consensus mais surtout, à cause de l’énorme variabilité des pondérations (si on donnera la note maximum à son candidat préféré, les autres varieront jusqu’au dernier moment), on aboutira à une imprédictibilité de fait du vote. Les sondages seront trop aléatoires pour peser et les candidats seront obligés d’argumenter sur le fond (l’offre) plutôt que de surfer sur des prévisions (la demande).

FMI

Septembre 2007. Etranges aléas de la vie : après avoir été rejeté pas les siens, Dominique Strauss-Kahn est nommé président du FMI et tout d’un coup le monde médiatique n’a pas de mots assez élogieux pour vanter les mérites de celui qui, un an auparavant, était présenté comme un archaïque éléphant défendant une idéologie désuète, l’incarnation du passé.

Dominique Strauss-Kahn

Il est vrai qu’aujourd’hui la voie du “renouveau”, le bouleversement des “lignes”, l’approche différente de la politique ont fait long feu par un fiasco consommé à gauche et un fiasco qui nous consume au gouvernement. Je crois que nous sommes un peuple aussi orgueilleux que masochiste. Nous aimons tellement les gens brillants que nous nous donnons beaucoup de mal pour les rejeter, voire les humilier avant de nous confondre en admiration et regrets une fois que d’autres ont profité de l’aubaine en récupérant nos talents, nos idées, nos énergies.

En tout cas, je suis heureux d’avoir porté et défendu les idées d’un tel homme il y a un an, et je continuerai, autant que faire se peut, à lutter contre la fascination du suicide français et la pussillanimité, à porter et développer cette pensée. Après les 365 jours contre le renoncement, je veux qu’il ait cinq ans pour la refondation et la naissance d’un nouvel espoir politique, d’une nouvelle société. C’est je crois le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Dominique Strauss-Kahn.

DSK, un choix citoyen pour 2007

A 38 ans j’ai décidé pour la première fois d’adhérer à un parti politique.
Difficile de dire s’il s’agissait d’une plus grande conscience citoyenne après la naissance de mes filles ou d’une plus grande facilité à sauter le pas grâce au web, toujours est-il que j’ai décidé de passer du statut de râleur au café du commerce à celui de citoyen engagé.

Engagé certes, mais certainement pas entraîné dans un culte de la personnalité ou une illusion collective sans lendemain. La citoyenneté exige la raison, elle implique la critique, aussi bien de ceux qui concourent à une élection, que de soi-même vis à vis de ses choix lors des élections précédentes. Nous avons les élus que nous méritons puisque nous les élisons !

Les choix passés, ce sont ces élections sanctions qui ont à répétition dit non à une classe politique composée d’aristocrates républicains, l’énarcratie, mais qui n’ont abouti qu’à remplacer un de ces aristocrates par d’autres grâce aux manipulations marketing et à la peur du changement, puissant levier aussi vieux que la politique…

Mon choix pour l’élection à venir n’a finalement pas été très difficile. Combien ont clairement désigné le système de pensée de l’ENA comme la cause des maux de notre république déliquescente ? Combien ont gardé une aura de leur passage à un ministère ? Combien ont un bagage intellectuel suffisant pour parler avec les plus grands esprits de ce monde ? Combien ont un engagement militant ayant prouvé leur attachement à une société plus juste ? Combien ont prouvé leur volonté de réforme au lieu de renoncer encore et toujours ? Combien sont capables de diriger le bateau France qui devra fatalement affronter des tempêtes et des cyclones qui s’appellent bascule démographique aves ses impacts sociaux, rupture énergétique avec ses impacts économiques mondiaux, rupture climatique avec ses impacts sur notre survie même ?

J’ai trouvé un nom, un programme, une vision. Ils peuvent être résumés en trois lettres : DSK. Alors voilà, pour que mes filles ne vivent pas, dans quelques années, dans un monde en guerre inter-générationnelle, pour qu’elles aient encore la possibilité de voyager et d’aller voir leurs grand-mères en Bretagne ou Franche-Comté, pour qu’elles n’assistent pas à la fin d’une nation anéantie par un bouleversement climatique non anticipé, j’ai décidé de faire confiance à Dominique Strauss-Kahn.