Sic transit media bibi*

Après un départ médiatique dans 365 jours, me voici sans Strauss chez Kahn en page 18 du numéro de fin juillet de Marianne. Ah qu’il est doux d’être pipolisé en ce bas monde…

Hélas, rage, bisque et homard mayonnaise, la citation qui m’est attribuée sur le blog de DSK n’est pas de moi. Nos journalistes chasseurs de bloggueurs n’ont pas remarqué que le signataire était après le post, et pas avant.

Je me suis donc fendu d’un mail à la rédaction de Marianne :

Chère Marianne,

J’ai eu droit à l’honneur d’être cité dans votre dernier numéro (page 18) dans l’article “la gauche, le dégoût”.
C’est bien aimable de votre part, hélas la citation qui m’est attribuée n’est pas de moi, mais du blogueur Olivier dont le vocabulaire est plus imaginé que le mien bien qu’allant en gros dans le même sens.
En effet, sur le blog DSK, la signature suit le post, elle ne le précède pas :

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Félicitation pour l’officialisation de cette candidature.

Nous ferons tout ce que nous pourrons pour te soutenir tout en continuant à travailler pour l’avenir de la rénovation de la gauche.

Rédigé par: Bloggy Bag | le 10 juillet 2007 à 15:52

Enfin une bonne nouvelle…!

En même temps je comprends que l’idée de refonder la gauche avec son paquet de troud’uc ne soit pas des plus exitant..

J’espère que vous apporterez vos compétences au service de l’Europe et de la France et je vous félicite.

Si par contre, vous pouviez fermer ce blog, histoire que Belgo et l’autre clyp prennent un peu l’air.. Ils sont blancs comme des culs, ça leur ferait du bien..

Merci Merci

Rédigé par: Olivier | le 10 juillet 2007 à 15:53
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En conséquence, je vous demande officiellement un droit de réponse et de rectification de façon à ne pas m’attribuer pour la postérité une déclamation protestataire qui a mérité votre attention, mais pas forcément celle des générations à venir.

Cordialement,

Ph. RIS

PS : si vous êtes à la recherche de citations plus profondes, je vous conseille le blog du manifeste social-démocrate, plus constructif et satisfaisant pour la réflexion de vos lecteurs.

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* latin de cuisine pouvant se traduire par “ainsi va la gloire médiatique de bibi”

Ce mal qui ronge notre société

Nous n’allons pas bien. L’état de l’économie est relativement bon, le taux de chômage a tendance à baisser, nous sortons d’une élection censée redonner un nouveau départ, c’est l’été et pourtant, notre société semble être dans un étrange état de flottement, sans punch, sans espoir.

Outre cette atonie qui peut sembler subjective, l’actualité dramatique d’un nouveau suicide chez PSA est une nouvelle alarme qui devrait faire réagir nos esprits apathiques. Six suicides depuis février dans les usines PSA (dont cinq à Mulhouse), trois en quatre mois au Technocentre Renault à Guyancourt, six en trois ans chez EDF dont 4 dans les 2 dernières années à la centrale de Chinon (Loiret). Le Conseil économique et social évalue entre 300 et 400 suicides liés au travail par an (estimation jugée “optimiste”).
En France, nous recensons un suicide toutes les quarante minutes, soit 11 000 morts chaque année, mais 160 000 personnes par an font une tentative (18 par heure !).
Dans un pays recordman des médicaments destinés à traiter la “déprime”, c’est un constat tout simplement catastrophique.

Pourtant, le soir de l’annonce du sixième suicidé de PSA, le journal de 20h ouvrait sur un problème de TGV en retard et sur les discussions parlementaires autour du projet de loi visant à réduire le droit de grève. Aveuglement ? Indifférence ? Pudeur ? Tabou ?

Tout le monde s’accorde à estimer qu’il est difficile de trouver une cause précise à cette épidémie. Il est vrai qu’entre le salarié de l’automobile, sa culture ouvrière, ses pressions économiques et les menaces de délocalisation liées à la mondialisation, son rythme de travail décalé et le salarié d’EDF, sa culture de service public, la sérénité et la protection liées à son domaine d’activité et l’absence de menace sur l’emploi, tout devrait aboutir à des conditions de travail qui, si elles sont anxiogènes pour l’un, devraient protéger l’autre. Mais ce n’est pas le cas.
Si ces suicides sont liés aux conditions de travail, alors il s’agit d’éléments communs entre ces deux secteurs d’activités. Type moderne de management, critères de rentabilité à courte vue en conflit direct avec le maintien d’une solidarité, d’un échange, d’une construction de relations interpersonnelles ? Absence de dialogue véritable au profit d’un verbiage vide de sens, d’avenir et de réconfort ? Rythmes de travail ayant franchis un seuil physiologique ou psychologique ?

Peut-être faut-il aussi élargir le strict cadre du travail pour comprendre les racines du mal.
Notre vie moderne semble s’être orientée vers un renforcement de l’individualisme, que ce soit un choix ou la conséquence d’un long processus de déliquescence. La dernière campagne électorale en était un flagrant exemple : on y célébrait la réussite de “celui qui se lève tôt”, celui qui travaille beaucoup, celui qui est fier de sa réussite et de sa richesse. Les salariés de Peugeot se lèvent très tôt lorsqu’ils sont de la tournée du matin, ils travaillent beaucoup et à des rythmes soutenus, mais dans une culture individualiste, ils perdent la notion de réussite sociale associée à la culture ouvrière en usine, ils perdent la cohésion créée par la solidarité et la fierté d’appartenir à une microsociété qui vit des fruits de son travail.
Dans l’usine, le travail est dur. A l’extérieur, quelle est la source d’espoir ? Où est le courant d’air frais qui vous donne confiance en l’avenir ? L’école républicaine apparait de plus en plus en échec dans sa mission égalitaire d’ascension sociale (ne faut-il pas envisager de recourir systématiquement aux cours particuliers ou aux écoles privées pour espérer voir nos enfants réussir ?) : l’avenir est compromis pour les plus jeunes. La France se désindustrialise au rythme des intérêts de la sphère financière qui semble ignorer la notion de projet industriel, de la fierté du travail bien fait : l’avenir est compromis pour ceux qui sont censés construire le présent.
Et de quel espoir politique sommes-nous porteur ? Marx est mort parce qu’il a échoué, mais ce faisant, il a entraîné dans la tombe tous les autres projets qui visaient à changer la société et nous nous retrouvons avec un message politique limité à la gestion passive du quotidien, le tout enrobé d’un miel marketing qui endort les consciences, mais certes pas les douleurs.

Les suicides au sein des entreprises ne seraient-ils pas finalement le dernier acte de contestation de citoyens à la recherche de solidarité et d’attention ? En allant mourir sur le dernier lieu de réussite que notre société nous reconnaît, ne revient-il pas à exprimer toute la douleur que génère une telle société, une société qui se désagrège à grande vitesse et ne donne aucun espoir à ceux qui ne sont pas des surhommes bénis des Dieux.

La question écologique

Contribution au manifeste social-démocrate écrite en collaboration avec le forum des 3socs.

On nous le dit, on nous le répète, pour bien vivre il faut être écolo, bio, développement durable, HQE, anti-OGM et tout un tas de choses qui bien qu’imprécises, tournent autour d’une prise de conscience récente : les sociétés humaines sont arrivées à un niveau où leur impact peut profondément modifier l’état naturel des choses…

Lire la suite ici.

Une photo pour l’histoire

Petite critique photo au programme de cette semaine. Nous avons un nouveau président et la déco des mairies va donc être retouchée, mais par quoi ?

Sarkozy

Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour classique qu’il soit, ce portrait souffre d’un nombre certain de défauts :

  • atmosphère générale jaunâtre,
  • corps tourné vers la gauche (contre le sens de lecture culturel et donc assimilé au passé),
  • un étrange effet de vignettage (les bords sombres),
  • une tenue peu n aturelle avec un arrondi à droite qui lui donne presque un aspect voûté,
  • des drapeaux trop grands qui rapetissent le bonhomme (il n’avait pas besoin de cela),
  • un fond trop net et sans que la netteté présente un intérêt (d’habitude, on choisit de flouter le fond pour renforcer l’impact du portrait – cf. Pompidou et Chirac),
  • des parties bouchées (trop sombres, bas du costume, bas des drapeaux)
  • un visage presque surexposé en certains endroits
  • une composition de pièces rapportées (que font ces drapeaux trop grands dans une bibliothèque ? le personnage à l’air “de passage”).

Cette photo est dans la lignée de celles de De Gaulle et de Pompidou (quoi que moins vieille France), et on retrouve l’attitude voûtée de Chirac (le plus bucolique).

De Gaulle De Gaulle

Seuls les portraits de Mitterrand et de Giscard tranchent et techniquement, c’est probablement celui de Mitterrand qui est le plus techniquement réussi bien que légèrement surexposé sur le front (double éclairage, attitude de lecteur plus naturelle).

Giscard
Mitterrand Chirac

Si c’est la photo de Sarkozy que retiendra l’histoire, elle ne dégage rien de très flatteur.

Réformer l’image et la communication de la social-démocratie

La social-démocratie et son image

Contribution au manifeste social-démocrate de Ph. CUYAUBERE & Ph. RIS
14 avril 2007

En marge de la réflexion et de la mise à plat des idées, je crois qu’il est bon de s’arrêter quelques minutes sur un élément que nous avons peut-être un peu trop tendance à traiter à la légère, et à nos dépends : la forme de notre message.

En terme d’image, il semble que nous soyons perçus comme un club élitiste, intello, plutôt fermé, et plus préoccupé par les constructions intellectuelles que par les robinets qui fuient ou la nourrice du petit dernier (cliquer ici pour la suite …)

L’homme sur le char

Ce n’était pas le plus grand penseur de l’époque, pas le plus percutant des stratèges, homme non conformiste en regard du protocole, macho grivoix en regard des bienséances, l’histoire retriendra cependant son nom car il est un jour monté sur un char pour défendre la démocratie dans ce pays qui allait redevenir la Russie. Boris Nikolaïevitch Eltsine fait partie de ces hommes improbables qui rencontrent l’histoire parce que l’époque a désespérément besoin d’eux.

Difficile de faire de lui le plus grand démocrate qui soit, et la guerre de Tchétchénie en est la meilleure preuve, mais impossible de ne pas voir que sans des tels hommes, la liberté et la démocratie ne sont que des concepts. Quand certains “inventent” les idées nobles de notre liberté, d’autres les hissent sur les chars qui veulent opprimer les peuples.

Combien notre époque manque de ces hommes improbables et décallés, peu enclins à céder au marécage des conventions mais prêt à tout risquer pour barrer la route à ce qui paraît pourtant invincible ! Lorsque je repense à Elstin, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec l’homme de Tien an Men qui lui aussi avait arrêté un char, mais en se plaçant devant. Même héroïsme et pourtant résultat si différent.

Sans courage, même la démocratie la plus solide est menacée, mais il faut être nombreux à montrer un tel courage pour être sûr de faire triompher cette démocratie et la liberté.

Salon littéraire libertaire

Plus que quelques jours avant le grand chambardement. J’en profite pour vous proposer de lire un polar à clés “Deux ans après, Et si vraiment, tout devenait possible…” du célèbre Benjamin Griveaux et du mystérieux Sean Christian dont le visage me rappelle vaguement le muppet show.

“Dans une France pré-Orwellienne post élections 2007, oppressante, sécuritaire, bien-pensante et mal pensée, un milliardaire opportuniste se fait assassiner à coups de faucille mal ajustés. Le coupable serait-il cet homme de la rue, médiocre rejeton d’une société stérilisée, ou la vérité est-elle à chercher ailleurs, entre le voyeurisme de notre lâcheté et les compromissions des anti-chambres du pouvoir ?”

La critique est unanime à avoir son avis définitif :
Libation : “un formidable polar libertaire qui porte haut les revendications sociales contre tous les pouvoirs liberticides, et révèle les trames de la compromission entre journalisme et pouvoir”

Figue-halot : “un roman à clé qui montre quel est le vrai avenir de ceux qui ne se lèvent pas tôt”

Téléamoa : “la quintessence de la reflexion philosophico-sociale sur un monde hypermédiatisé où l’audimat fait office de conscience sans science”

Les visions lointaines à l’usage des myopes : “Si loin, si proche, si vrai que l’on voudrait que cela reste faux”

Sondocratie Underground

Pour le premier tour de scrutin de la présidentielle du 22 avril 2007, j’ai décidé de faire mieux que les autres en matière de résultats : je vais vous donner un sondage sorti des urnes avant même que le premier votant ne se soit levé !

Eh oui, plus fort que Morandini ou Birenbaum qui ont décidé de publier des estimations dès qu’il y aura des tendances fiables (donc inversement proportionnelles au carré du logarithme du pifomètre).
Plus fort aussi que la traditionnelle fuite Suisse, pas celle des capitaux mais plutôt celle de la presse et des médias de nos voisins:
La presse suisse
La radio helvète
La TSR

Je ne fais donc qu’accélérer le grand débat médiatico-sondagier de cette dernière semaine : faut-il ou pas publier les sondages jusqu’au dernier moment, c’est à dire à la clôture des bureaux de vote ?
Les suisses, non soumis à la loi électorale française, répondent amusés “bien sûr” puisqu’il s’agit de liberté, sinon du devoir d’information qui va de pair avec la démocratie. Une presse libre et sans entrave, voila effectivement un argument de poids, dommage que ce soit en helvétie…
Côté France, cela s’agite sous couvert là aussi de liberté d’information et avec l’argument difficilement parable que du moment que l’on peut avoir l’information ailleurs qu’en France, on voit mal pourquoi seuls certains électeurs, premiers intéressés, en seraient privés !

J’aurais tendance à me ranger du côté du pragmatisme : du moment où l’on ne peut arrêter la diffusion de l’information, information consubstantielle à la démocratie de façon générale, il est idiot de l’interdire. Voire, en l’interdisant, on crée une classe de citoyens qui savent, et une classe qui ne savent pas. Et cela, c’est inégalitaire et anti-démocratique.
Agoravox a d’ailleurs publié un article amusant sur le sujet avec en ligne de fond notre loi électorale qui entraîne une situation d’inconstitutionnalité de l’élection.

Et finalement, le vrai problème des sondages, ne serait-il pas qu’en l’absence de vision politique entraînant l’adhésion des électeurs, on se retrouve face à une absence de raison de voter et que ces mêmes électeurs se rabattent sur un pile ou face faussement argumenté. Face à une vraie réponse à l’urgence des réformes, il n’est nul besoin d’une pile de sondage : un SDF à qui un candidat proposerait enfin un programme volontariste de construction et d’attribution de logements n’ira pas lire dans les sondages pour qui il veut voter. Mais si on lui parle drapeau et mesures fiscales alors il est bien obligé de chercher une trace de vérité dans la mousse des sondages… ou dans un non radical.

Ah oui, au fait, le résultat de mon sondage sorti des urnes pas encore remplies (enfin, j’espère) :
– A. Laguiller : 18,5 % au bénéfice de la « persévérance »
– F. Bayrou : 17% au bénéfice de « il est impossible de se fâcher avec un centriste »
– J. Lepen : 14% au bénéfice de « on m’a diabolisé »
– N. Sarkozy : 13,5% au bénéfice de « décidément, c’est pas possible avec lui »
– M-S. Royal : 13,5% au bénéfice de « c’est une femme et y a kelle ki peut battre Sarko »
– Pour les autres, on cherche les bulletins, résultat final vers 22h dimanche soir.

La première bonne nouvelle du XXIème siècle

L’une des plus anciennes guerre de religion du XXème siècle semble être en passe de se terminer : l’Irlande du nord semble enfin avoir trouvé le chemin d’une paix durable.

Quel chemin parcouru par tous les peuples d’Europe pendant le siècle dernier : deux guerres mondiales, plusieurs guerres civiles (de Franco à Milosevic), des dictatures communistes… pour aboutir à une Europe qui semble enfin décidée à rompre avec son passé belliqueux. Pourtant, cela se fait dans une relative indifférence. Ainsi, la plus belle utopie du siècle passé, l’Union Européenne, a fêté ses 50 ans dans la discrétion, voire un certain pessimisme.

Etrange situation que la notre, et qui consiste à ne jamais se réjouir de nos succès, à se plaindre de tout et de tous en accusant l’autre de n’avoir pas fait dans le passé les choix qui nous préserveraient des maux à venir, ou pire, en choisissant à l’heure de l’élection les candidats les plus à même de faire perdurer la douce langueur monotone de notre masochisme aigri.
Une preuve ? Quels sont les grands débats de notre élection présidentielle ? Un nouvel élan pour l’harmonisation sociale du continent ? La reconquête européenne de son glorieux passé méditerranéen ? L’affirmation de nos ambitions universaliste et la régénération des grandes institutions mondiales telles le tribunal pénal ou l’ONU ? Non, juste l’utilité comparée d’un ministère dédié à la bonne définition de la nationalité avec l’intérêt d’avoir un drapeau à exposer à ses fenêtres…
S’occupe-t-on d’inventer une citoyenneté qui harmoniserait celles exercées au sein des régions, des pays et de l’Europe, qui fluidifierait l’exercice des pouvoirs régionaux, étatiques, supranationaux ? Non, on pérore sur les méthodes musclées de coercition des ” déviants ” et l’on cherche à segmenter la société en autant de corporations et de communautés qu’il y a d’intérêts myopes et mesquins.

L’utopie universelle et volontaire accouchée par les traumatismes d’un siècle de sang et de fureur est aujourd’hui étouffée par notre paresse satisfaite et notre pusillanimité non assumée.
Mais sortons de ces chamailleries de cours de récréation ! Nous avons la possibilité de nettoyer nos rues de la misère. Nous avons la chance d’avoir les moyens de préparer notre société au changement climatique. Nous avons les moyens de moderniser nos rapports sociaux et nos institutions. Nous avons l’opportunité de réconcilier toutes les générations de notre société. Il faut juste décider et accepter le changement, un changement volontaire et pacifié, une grande et belle nouvelle utopie pour ce siècle.