DSK à “A vous de juger” : revue de presse

DSK / Chabot :

Sentiment général :

  • “Sondage Sud-Ouest Dimanche : les Français ont trouvé DSK “convaincant” jeudi soir ” : Journal Sud Ouest.
  • “A vous de juger réalise son meilleur score depuis plus d’un an” : toutelatele.com
  • Sur les retraites :

  • “Le PS, les retraites et la différence DSK” : France Info
  • “Gérard Collomb persiste et signe” : LyonMag.com
  • “DSK-Aubry : première discorde
    Analyse : En prenant le contre-pied de la numéro 1 du PS sur le dossier des retraites, le directeur du FMI tente de se poser en réformateur responsable.” : Libération
  • “Strauss-Kahn joue sa partition face à Aubry” : Le Figaro
  • Le PS défend la retraite à 60 ans, “Strauss-Kahn ou pas” : LePoint.fr
  • “Retraites: DSK se démarque du PS et creuse son sillon pour 2012″ : AFP
  • Sur 2012 :

  • “DSK, ou l’art de se faire désirer, par Franck Nouchi” : lemonde.fr
  • “Dominique Strauss-Kahn veut qu’on le “laisse travailler” ” : Metro
  • Crise Grecque :

  • [REVUE DE PRESSE] La crise de l’euro et DSK : Nouvel Obs
  • En synthèse, l’émission a eu son petit succès mais la presse a retenu plus la singularité affichée de DSK vis à vis du problème des retraites ainsi que la sempiternelle question des présidentielles, que les propos de DSK sur la crise.

    Sur le problème des retraites, je me permettrai de citer deux passage de mon texte “Refondations : PS, Socialisme et Social-Démocratie – Les Défis” :

    “Le défi générationel est à la fois celui qui nous préoccupe le plus facilement à travers la problématique des retraites et celui que nous avons le plus de mal à appréhender.

    Quel est au fond le problème : notre société a été, pour sa plus grande partie, définie structurellement après-guerre, et même si la société de cette époque n’a plus grand-chose à voir avec celle d’aujourd’hui, des choix ont été faits et s’appliquent toujours alors que les fondamentaux structurant la société ont changé.”
    (…)
    “Le «cylindre démographique » de 2010 est psychologiquement et financièrement déséquilibré au regard du modèle de 1945 : c’est le découpage même de la société en trois groupe définis par rapport à la production de richesse (le travail) qui est à remettre en cause !

    Nous sommes donc en face d’un formidable défi générationnel : comment remettre les responsabilités et les circuits économiques dans le bon sens, comment redéfinir les rôles ? ”

    Lettre secrète à Anne Sinclair (curieux et malveillants s’abstenir)

    Anne Sinclair contre la rumeurChère Anne,

    Je suspends en cette fin de semaine mes réflexions sur la refondation du PS pour vous dire ma déception.

    Figurez-vous que depuis quelques jours une nouvelle campagne bobardesque concernant Dominique agite le web et les médias. Tout émoustillé à l’idée d’avoir LA révélation du plus secret des secrets (Lefebvre nous l’a promis naguère) je me lance donc à l’assaut de ce raz-de-marée de révélations devant ébranler le monde.

    L’affaire s’annonce bien si j’en crois google qui me renvoie 21200 résultats sur « cassandre dsk ». Je me mets donc à analyser l’histoire, et là, patatras je trouve une mauvaise soupe mal liée, même pas épicée. Certes Le Monde ou encore l’Express par je ne sais quel égarement n’y ont vu que du feu, mais des journalistes comme Apathie ou encore Roger-Petit nous expliquent en substance que du simple point de vue journalistique cela vaudrait à un étudiant d’être recalé. Même le canard enchaîné d’habitude à l’affut de ce qui dépasse du tapis a trouvé le bobard miteux.

    Imaginez ma déception chère Anne : la dernière fois, au moins, nous avions eu droit au complot planétaire, aux missiles et aux extra-terrestres…

    Alors voilà, j’ai eu une idée pour la prochaine fois (qui aura lieu n’en doutons pas) : après une longue réflexion dont je ne puis tout révéler tant c’est sulfureux, il m’est apparu que quand à faire, nous pourrions nous-même faire des révélations secrètes que personne ne connaît. Mais il nous faut un truc bien monté et là je me suis dit que comme vous connaissiez du monde, vous pourriez nous trouver un réalisateur américain pour le scénario. Je ne pense pas qu’il faille trop faire dans le zim boum, et je me disais qu’il faudrait plutôt un truc décalé et c’est là que j’ai eu la révélation : est-ce que vous pourriez demander à Woody (Allen pas le cowboy de Toy’s Story) de nous concocter cela ? Il a le profil parfait : le roi de l’embrouille cérébrale, le côté juif qui met en agitation certains (mais le bon côté, celui de l’humour de l’auto-dérision un brin grinçant, pas l’antisémitisme crapoteux habituel), l’as du portrait de l’anti-héros.

    Voilà chère Anne, qu’en pensez-vous ?

    Revue de presse : DSK news

    DSK

    Actuellement attelé à la rédaction de quelques réflexions sur notre refondation, j’ai trouvé quelques instants pour une petite revue de presse internationale concernant Dominique Strauss-Kahn, histoire de prendre un peu de recul par rapport aux polémiques franco-franchouillardes.

    Commençons par la France tout de même, avec cet article du nouvel obs sur “DSK vu de Washington”.

    Le Fonds monétaire international tient son assemblée de printemps les 24 et 25 avril à Washington. Nommé à la tête d’une institution controversée, Dominique Strauss-Kahn a profité de la crise pour lui redonner son rôle stratégique.

    Dominique Strauss-Kahn est prêt. S’il faut voler au secours de la Grèce, le Fonds monétaire international (FMI) qu’il dirige répondra présent. Encore une fois ! . La suite ici.

    Sur La Tribune, une analyse d’Erik Izraelewicz : DSK, la « rupture » au FMI
    DSK candidat à l’Élysée ? À Washington, le chouchou des Français a révolutionné le FMI. Il en a refait un pouvoir qui compte. Et il y a pris goût. Alors, présider la France ou influer sur le monde ?
    La suite ici.

    Un article de Libé : Varsovie-Bucarest-Paris, dans les pas de DSK
    Des ors de la capitale polonaise aux questions des étudiants roumains, «Libération» a suivi de près le socialiste préféré des Français. La suite ici.

    IMF Survey Magazine : IMF Chief Emphasizes Support for Haiti
    Rebuilding the Haitian economy will require immediate financing for Haiti’s budget, said Dominique Strauss-Kahn, the global lender’s managing director, during a donors’ conference at the United Nations. La suite ici.

    Business Week : Strauss-Kahn Emergent With Sarkozy Presidency Under Siege
    The International Monetary Fund’s role in a rescue package for Greece may put Dominique Strauss- Kahn back in the thick of French politics as Nicolas Sarkozy’s presidency runs into trouble. La suite ici.

    Washington Post : For Europe, IMF aid may be hard to swallow
    The evolving economic problems in Greece have pushed the International Monetary Fund and European leaders into sometimes tense talks over how deeply an agency associated with propping up developing countries should push into one of the developed world’s major economic zones — negotiations that could shape future European economic policy. La suite ici.

    Eau amère

    Qu’il est compliqué d’agir pour empêcher que le risque ne se réalise. Les conséquences de la tempête nous le rappelle douloureusement.

    Depuis que je tiens mon blog, j’ai à de nombreuses reprises relayé des travaux sur les conséquences du changement climatique (Quatrième rapport du GIEC sur le changement climatique, Un Nobel qui dérange, La fonte des illusions), j’ai essayé de voir à travers les événements inhabituels les signes de la réalité de ce changement (6 octobre 2009 : le début d’une ère inconnue), et j’ai à ma façon et avec mes moyens, essayé de réfléchir à ce qu’il était possible de faire (Les villages sont arrivés !). Il ne fallait pas vraiment être devin d’ailleurs pour écrire ma crainte de “changements climatiques avérés voire une rupture climatique possible qui auront pour conséquence […] le déplacement de populations habitant en zones devenues non habitables (extension du marais camarguais, zones côtières inondées ou devenues trop dangereuses, …)”

    Bien sûr, je n’espérais pas, moi petit militant du bout du monde, arriver à faire la décision, mais au moins poser ma pierre au côté de tous ceux qui savent que les dégâts de Xynthia ne resteront pas un épiphénomène, une conséquence de la faute à pas de chance. Dès l’instant où l’on avait compris que le climat était en train de se réchauffer (au moins pour les proches années à venir), il était évident que ce genre de drame allait se produire, comme il est évident qu’il se reproduira.

    Il est alors de bon ton de se poser la question “à qui la faute” et notre président, jamais à un paradoxe près, nous y a rapidement invité. Certes, et comme il justifie chaque jour son surnom de Nico la poisse, on pourrait se contenter, comme l’a fait le nouvel obs, de ressortir quelques-unes de ses déclarations passées, déclarations qui ne pouvaient que lui revenir tôt ou tard en pleine figure comme les idioties qu’elles sont. Bien sûr qu’il était idiot de remettre en cause la loi littoral pour pouvoir bâtir plus facilement (”[la loi littoral doit] être mise à jour sans pour autant que l’économie générale du dispositif soit bouleversée. Je crois qu’il faut à la fois la renforcer pour mieux lutter contre les cas de détournement qui ont été constatés, et l’assouplir pour ne pas entraver le développement normal des communes, tout en conservant l’objectif général de protection de l’environnement”. Ajouté à ses déclarations sur la politique urbaine du grand Paris où il appelait à un assouplissement de la loi pour pouvoir construire en zone inondable, cela ressemblerait presque au gag d’un comique se tirant par maladresse des balles dans le pied si nous avions le cœur à rire. Alors bien sûr le changement de contexte peut excuser quelque peu l’insoutenable légèreté de cet être, mais l’idiotie de ces paroles n’arrivera pas à nous faire oublier qu’en matière d’urbanisme, comme du reste d’ailleurs, cet homme ne comprend décidément rien à rien (au passage et toujours sur le thème de l’urbanisme, souvenons-nous que si la France a échappé à sa propre bulle de subprime, c’est simplement parce que notre chef de chantier national n’a pas eu le temps de mettre en œuvre sa politique de la “France de propriétaires” qui consistait, comme aux États-Unis, à solvabiliser artificiellement des gens qui ne pouvaient pas l’être). Plus que des paroles plus ou moins maladroites en fonction du contexte, c’est bien le fond de la politique sarkozyste en matière d’urbanisme qui est le problème : pour lui, c’est d’abord de l’économie, pour nous c’est avant tout notre cadre de vie quotidien. Vu sous cet angle, certaines priorités changent…

    Maintenant, au-delà du problème posé par cet homme, saurons-nous prendre notre courage à deux mains pour affronter la réalité ou faudra-t-il d’autres tempêtes, d’autres tornades, un évènement Cévennol majeur, pour commencer à revoir notre urbanisme, quitte à accepter détruire volontairement certaines de nos habitations ? Bien sûr que l’idée d’avoir à raser sa maison ou son appartement en prévision de catastrophes à venir est un acte assez terrible, immensément difficile, mais c’est sans doute le prix à payer pour épargner des vies. On n’arrête pas l’eau, quelle que soit la hauteur ou la solidité des infrastructures. L’homme qui est arrogant face à la nature doit s’apprêter à en payer le prix. Mais il est également vrai, que ce genre de décision ne doit pas être prise individuellement, mais collectivement. Faut-il encore pour cela disposer d’un architecte compétent et responsable, d’un meneur d’hommes capable de convaincre, de mobiliser, de rassembler, d’un capitaine capable de diriger le bateau, de le faire traverser toutes les tempêtes Xynthia. Il est plus que temps de revenir aux fondamentaux de la politique.

    Tempete Xynthia

    Pause cinéphile de fin d’année

    Avatar James CameronIl y a longtemps que je n’ai pas publié un billet sur l’art. Le film Avatar me donne l’occasion de finir l’année sur ce registre, sans pour autant que la politique soit bien loin.
    Nous sommes allés voir le film d’abord pour la curiosité du 3D numérique (tout en gardant un souvenir nostalgique des antiques lunettes rouge/bleu permettant de reconstituer une troisième dimension bien souvent aussi improbable que les scénarios des films de l’époque) mais en redoutant quelque peu d’avoir à faire à une odyssée où les blaireaux de GI passent au lance-flamme tout ce qui bouge (et bien oui, espace + Seagourney cela renvoie un peu à petite tête et grosse gâchette).
    Alors certes, dans Avatar, on trouve bien ces clichés vendeurs, mais on y trouve surtout bien d’autres choses, plus étonnantes, plus poétiques et même en filigrane, plus philosophiques et politique.

    L’étonnant c’est d’abord l’incroyable beauté de la forêt de Pandora dans laquelle la 3D nous plonge de façon saisissante : ces plantes improbables dont on se prend à rêver en sortant du cinéma, et à espérer qu’un voyagiste aura mis cette destination dans la liste des sites incontournables à visiter avant de mourir après Venise, les volcans d’Hawaï et la grande barrière de corail. Flore luxuriante, féérique… mais faune manifestement féroce ! Je n’en dirai pas plus mais rien que pour les paysages de cette planète sœur de Gaïa que ne renierait pas James Lovelock, le film vaut le coup d’œil (enfin, des deux, c’est mieux pour le relief).

    Et la philosophie alors ? Et la politique ? Bon, sur ces points, il y a la lecture simple du sauvage (genre tribu amazonienne mais en bleu) vivant en harmonie avec son monde versus la multinationale minière vivant en harmonie avec ses tractopelles XXL.
    Il y a bien sûr de cela, la lutte entre un capitalisme militaire cynique et destructeur et un peuple ayant d’abord développé ses qualités spirituelles dans un monde où l’identité des individus se confond avec le groupe et l’environnement, avec un fort lien entre présent et passé sans vision particulière du future. On y retrouvera aussi sans doute quelques références au colonialisme où les bons sentiments aussi sincères soient-ils se trouvent en infériorité conflictuelle face à des incompréhensions et surtout à des intérêts sonnants et trébuchants et accessoirement à l’égo du chef blaireau.

    Il y a aussi l’idée de Gaïa, super-organisme planétaire, mère nourricière et régulatrice de l’écosystème, de façon d’ailleurs assez féroce comme je l’ai écrit plus haut : la planète Pandora est loin d’un jardin d’Éden même si elle en a la beauté. C’est d’ailleurs un aspect intéressant du film qui a su en grande partie éviter de tomber dans une guimauve écologique facile. Dame nature n’est en rien une accoucheuse de civilisation, de culture et tant pis pour les faibles : vae victis ! Voilà un point intéressant à se souvenir, juste au cas où…

    Il y a enfin, une dernière chose : l’essence de l’être, l’opposition entre âme (ou toute chose s’en rapprochant) et le corps. Finalement, n’est-ce pas là la question principale du film. Qui est le héros ? Un GI paralytique, la copie de son jumeau ou cet improbable avatar, enveloppe génétiquement bricolée ? Quelle est son essence ? L’héritage culturel de son humanité ou celui de ces indigènes bleus ? Quelque chose au-delà de la culture, au-delà de l’enveloppe corporelle ? Quelque cAvatar James Cameronhose d’universel entre amour et fraternité, recherche de la paix et de l’équilibre, de la justice et du respect de la différence ? Quelque chose derrière le refus de l’oppression, une quête de liberté.

    La bande annonce.

    Mensonges et vérités sur le FMI et l’Ukraine

    Novembre 2009.

    Pour rétablir un brin de vérité face à la propagande gauchiste à propos de l’ukraine.

    Voici l’histoire en résumé.
    L’Ukraine est un des pays les plus malades de l’Europe, plus personne ne veut l’aider sauf le FMI.
    Le pays est en campagne et son président actuel est tellement à la ramasse qu’il cherche par tous les moyens à remonter la pente, y compris par cette augmentation du smic qu’il ne peut pas financer et il a eu l’idée d’aller pomper 10 milliard parmi les 16 alloués par le FMI pour le sauvetage du pays, ceci contre l’avis de son gouvernement et de toute personne responsable.
    En clair, ces 10 milliards qu’il n’a pas et n’aura pas l’année prochaine et les suivantes, il va les prendre sur les fonds de sauvetage de son pays. Derrière cette situation économique catastrophique se profile l’implosion du pays et un risque non négligeable de voir les Russes s’en meler directement.
    Deux attitudes possibles :

    • celle d’une gauche cynique qui profite de l’occasion pour essayer de scier la branche sur laquelle est assis un socialiste trop en vue à leurs yeux,.
    • ou celle de DSK pour le FMI, pour le moins courageuse.

    A vous de choisir votre camp.

    Quelques sources pour vous forger une opinion circonstanciée :
    http://www.marianne2.fr/Ukraine-pourquoi-DSK-s-est-fache_a182646.html?com

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLU68803020091030

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/11/04/le-president-ukrainien-multiplie-les-frictions-avec-le-fmi-et-moscou_1262636_3234.html

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/10/30/strauss-kahn-inquiet-de-l-augmentation-du-rmi-en-ukraine_1260919_3234.html

    La politique européenne en action : le Président

    Une fois n’est pas coutume, je me repose cette semaine sur un article publié par mon camarade Arthur Colin sur agoravox. Nous n’avons pas été bon aux élections européennes mais notre combat de tous les jours continue. Bonne lecture et merci à Arthur.

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    Le feuilleton le plus exaltant de l’été : la reconduction de Barroso dans son fauteuil. Indécision, trahisons, calculs, incompréhension, et l’Histoire qui se fait à petits pas en toile de fond. Bien entendu, ceci ne se fait pas aux heures de grande écoute dans les grands médias : le public a eu sa ration d’Europe pendant les élections sans doute.

    Une des questions chaudes de la précampagne fut la candidature Rasmussen à la tête de la Commission, en cas de victoire de la gauche. Daniel Cohn-Bendit pour Europe-Ecologie avait soutenu cette perspective, et François Bayrou pour le PDE également in fine. Faute d’accord en son sein (le Portugal, l’Espagne et les Anglais manquant à l’appel), le PSE avait fait silence sur la question, silence auquel le PS français avait fait un écho profond. Puis sont tombés les résultats des élections, et Sauvons l’Europe qui avait préparé une tribune en ce sens l’a rangée dans ses cartons. De même, les nombreux sites appelant à son remplacement ne connaissent plus guère d’activité depuis le scrutin (sauf…).

    Barroso, prédésigné par les chefs de gouvernement, avait donc le champ libre. Restait une question angoissante : devait-il être désigné tout de suite dans le cadre du Traité de Nice, avec un simple vote du Parlement le 15 juillet, ou devait-on laisser la Commission actuelle perdurer le temps que rentre en force le Traité de Lisbonne, et faire sanctionner dans un débat par le Parlement le renouvellement du maoiste portugais en octobre ? Barroso lui-même faisait campagne activement pour la première option, allant jusqu’à théoriser en essence de l’Union européenne la méthode du compromis, ce qui signifiait que les affrontements politiques devaient être cantonnés au Parlement mais ne pas déborder au sein de la Commission. La clarté du résultat électoral a pourtant semblé déblayer cette question, restreignant l’effet pratique attaché à la possibilité de choix du Parlement, et Barroso a pu se permettre de réitérer sa position lors de sa désignation, excluant l’affrontement politique de la Commission – c’est-à-dire de la conception de la politique européenne.

    Une candidature Rasmussen demanderait en effet l’union de tous les socialistes et des forces de gauche, le soutien de tout l’ALDE et une neutralité des souverainistes. Autant dire que Barroso disposait d’une base très favorable pour constituer sa majorité. Il lui suffisait, comme dans tout dispositif parlementaire classique, de s’attacher les éléments les plus faibles de toute autre coalition potentielle. Les socialistes Espagnols, Portugais et Grands Bretons, après leur première prise de position en sa faveur, pouvaient difficilement se rétracter sans mettre en péril les relations de leurs pays avec la future commission. Rasmussen s’est donc de fait retiré de la course en publiant une tribune reconnaissant – et déplorant – la victoire de la droite.

    Une candidature centriste devenait alors plus dangereuse. On se remettait à parler de Guy Verhofstadt, mais surtout le PDE avait sorti le nom de Mario Monti du chapeau. Celui-ci s’était alors fendu d’une longue interview dans le Monde, pour expliquer que bien sur il n’était candidat à rien, mais que son opinion détachée des choses de ce monde était que l’Europe devait rééquilibrer sa politique vers le social et que si le Président de la Commission doit refléter l’équilibre du Parlement (un centriste, par exemple ?), il n’en va pas de même des autres membres. Pour conjurer le danger, Barroso proposa informellement de nommer Graham Watson à la tête du Parlement européen, ce qui était de nature à enlever les hésitations de l’ALDE.

    L’affaire étant pliée, Barroso s’est offert le luxe de s’essuyer les pieds sur le Parlement, de se faire prédésigner par les chefs d’Etat et d’oublier Graham Watson pour laisser le PPE et l’APSD(PE) conclure un accord technique sur une présidence tournante du Parlement (Jerzy Buzek pour les premiers, Martin Schulz pour les seconds).

    Cependant, la nomination de Guy Verhofstadt à la tête du groupe ALDE, et à l’unanimité, a changé quelque peu la donne. Barroso lui avait été préféré en 2004 après un veto de Tony Blair, qui le jugeait trop fédéraliste. Le titre de son dernier livre est : « Sortir de la crise : comment l’Europe peut sauver le monde », tout un programme ! S’ensuit un fort débat au sein de l’ALDE, pour savoir si la nomination de Barroso doit être validée le 15 juillet, ou plutôt en octobre (les français poussent beaucoup pour la seconde solution). Faute d’accord, Guy Verhofstadt a obtenu l’unanimité sur le compromis suivant, pour sauver l’influence politique du Parlement : les gouvernements doivent désigner officiellement leur candidat, et plus seulement le prédésigner, un mémorandum de l’ALDE lui sera adressé sur une feuille de route pour sortir de la crise (on peut appeler ça un programme de gouvernement) et Barroso devra produire son propre mémorandum pour discussion au Parlement. A défaut, l’ALDE refusera une nomination le 15 juillet. Or répondre à ces conditions dans les quinze jours est bien évidemment impossible et la question se trouve ainsi tranchée en fait, et une majorité négative ALDE / EE / APSD / GUE est apparue pour empêcher la désignation de Barroso en juillet.

    Peu commenté en tant que tel, cet évènement a eu en pratique un impact considérable sur l’équilibre des institutions, et le modèle politique de l’Union a irrémédiablement changé. La question de la désignation du Président de la Commission a irrigué toute la campagne au niveau des responsables politiques (mais pas pour le bon peuple), et Barroso a été contraint de prendre avec les députés des contacts qui ressemblent à s’y méprendre à ceux d’un premier ministre potentiel cherchant à se constituer une majorité dans un parlement incertain. Lisbonne n’est pas encore entré en vigueur, mais dans l’esprit des politiques européens il est sans doute déjà dépassé par une réelle conscience de majorité parlementaire et de responsabilité ministérielle, même si celle-ci n’est pas encore explicitement énoncée. La prédésignation officieuse de Barroso n’est pas un diktat des gouvernements, c’est simplement la conséquence tirée de la situation sortie des urnes.

    Barroso a donc préparé pendant l’été un programme de gouvernement à présenter début septembre aux groupes politiques, dans lequel il renie en grande partie ses positions de campagne, notamment sur le rôle du Parlement européen et surtout sur l’accroissement de la régulation financière qu’il répudiait encore il y’a trois mois à peine. Passant sur son bilan et cherchant le consensus le plus large possible, il propose ainsi une Europe plus libérale, plus sociale (et plus individuelle) et plus verte, régulant mieux les secteurs clés mais diminuant la contrainte bureaucratique, accroissant l’intervention européenne pour sortir de la crise, mais sans augmenter ses pouvoirs, ses compétences ni son budget. La qualité de ce document a produit le consensus inverse, au point que le nom de François Fillon a commencé à se répandre sérieusement au sein du PPE.

    Il s’est lancé dans une série de grands oraux devant chaque groupe politique, l’accueil le plus chaleureux lui ayant été réservé par les eurosceptiques britanniques. Jean Luc Mélenchon en fait un compte rendu détaillé pour la GUE. Cet épuisant marathon nous amène au vote d’hier.

    Souvenons-nous que l’ALDE avait empêché un vote sur la reconduction de Barroso en juillet, mais qu’en était-il de la suite ? Attendrait-on l’entrée en vigueur éventuelle du traité “simplifié” ? Ou pas ? Ici, un superbe pataquès à compter dans les annales du parlementarisme. En effet, la conférence des présidents de groupe s’est réunie le 10 septembre, afin de fixer l’ordre du jour à venir ; chaque président disposant d’un nombre de voix proportionnel aux membres de son groupe. Or le “front” anti-Barroso n’a tout simplement pas existé ! Non pas que certains se soient rendus à sa reconduction, mais simplement que faute de s’être simplement parlés, leurs initiatives ont été contradictoires.

    Les socialistes, tout d’abord, ont demandé un report du vote. Pas de majorité. Les verts ensuite, plus fins, ont proposé la prolongation de la commission actuelle jusqu’à octobre. Pas de majorité. L’ALDE, plus fin encore, a proposé deux votes successifs, sous le droit actuel puis le cas échéant sous le traité de Lisbonne. Pas de majorité. Quant à la GUE (Front de gauche), elle s’est… abstenue !!! Dans la meilleure tradition de l’antiréformisme, la GUE étant opposée au Traité de Lisbonne a refusé de sembler l’entériner en demandant qu’il régisse la désignation du nouveau président de la Commission.

    Prévu mercredi 15 septembre, ce vote à la majorité simple ne promet guère de suspense…

    Et voilà comment on reprend le même et qu’on recommence.