Hoax sur DSK et la campagne de 2007


Dans le dernier carré de ce qui reste de la gauche qui aime perdre, on aime à faire croire à l’envie et jusqu’à plus soif que Dominique Strauss-Kahn n’a pas fait campagne pour Ségolène Royal en 2007 (et donc qu’il a participé à sa défaite).

En guise de réponse, voici une vidéo de mai 2007 tournée à Quimper.



DSK le 0 3/05/2007 a Quimper
envoyé par Pnix. – L'info video en direct.

Et une autre quelques jours plus tôt à Brest


DSK – Brest (Vauban) – 30/04/2007
envoyé par yablog. – L'info internationale vidéo.

Ou encore ici à Garges-les-Gonesse le 07 avril 2007


Café-débat avec dsk à Garges
envoyé par ebyhet. – L'actualité du moment en vidéo.

Ici à Adamville en mars 2007


DSK en campagne pour Ségolène
envoyé par rushleouf. – Regardez les dernières vidéos d'actu.

A Béthune en avril 2007


DSK, Béthune 4 avril 2007
envoyé par philblet. – L'info internationale vidéo.

Ici un discours de DSK qui va stopper l’ascension de Bayrou au moment où ce dernier la rattrape dans les sondages


A Bordeaux


Strauss Kahn soutien Royal à Bordeaux
envoyé par baronmetre. – L'info internationale vidéo.

DSK soutient Royal à Angers


DSK Angers 3 – Pour Ségolène Royal… par arnohie

Enfin, la remise du rapport de DSK sur la fiscalité à SR



DSK et Segolene
envoyé par videospsbesancon. – L'info internationale vidéo.

Au quiz du vrai bobard et fausse rumeur, vous êtes maintenant imbattable sur la campagne 2007 en ce qui concerne le soutien de DSK à la candidate du PS.

DSK sur France 2 : le verbatim

Le dimanche 20 février 2011, DSK était l’invité de Laurent Delahousse, sur France 2. Il y eu une excellente audience de 6.9 millions de personnes, soit 7% de plus que l’audience habituelle de France 2 à cette heure.

Voici une synthèse faite par BFM.

Voici un verbatim.

00:45 la crise est loin d’être terminée
00:50 l’éloignement crée une vision de la France par rapport au reste du monde comprendre les avantages et les difficultés
01:20 tout ce que je lis de la presse française, italienne, allemande, l’Europe est dans une situation difficile
01:50 le devoir de réserve au sein du FMI
02:22 je suis un homme plus libre que je ne l’ai jamais été. J’ai la possibilité de dire à tous les chefs d’État de la planète, ce qui va et ce qui ne va pas.
02:40 on a pas dominé la crise sociale, et particulièrement en Europe
04:52 le G20 et la Chine, on a évité l’effondrement mais on a pas évité les souffrances, chacun revient à ses petits problèmes nationaux
05:30 le risque de déclassement de l’Europe, croissance faible, dette forte, prix des matières premières
06:02 souffrance en France, en Europe, les classes moyennes, Jacques Julliard dans Marianne parle du chiffre effrayant du quart des salariés qui gagnent moins de 750 euros par mois
06:39 rigueur ? il faut des finances publiques qui tiennent la route… relancer la croissance, celle de l’Allemagne est plus forte que la française
07:00 d’autres politiques économiques doivent pouvoir être engagées, plus actives
07:37 il n’y a pas d’orthodoxie libérale là dedans, lorsque le FMI a été le premier à dire qu’il fallait faire du stimulus budgétaire, faire de la dépense, parce que sinon l’économie mondiale, on nous a dit “mais on ne reconnait plus ‘notre’ FMI » le fait est qu’il a changé.
07:52 on n’échappe pas à mener des politiques raisonnables, on peut pas se permettre d’avoir des choses qui dérapent… il faut aider les gens sur-endettés à se remettre de façon juste.
8:18 “Vous aimez Keynes, la relance, Jacques Delors avait proposé une politique de grands travaux » : c’est une grande idée, j’ai toujours été un fervent défenseur de la construction européenne, la France toute seule, l’Allemagne toute seule, l’Italie toute seule c’est trop petit face aux géants que sont l’Inde, le Brésil, la Chine ou les États Unis
08:47 On a besoin d’une impulsion européenne plus forte
08:58 ce qui compte c’est ce qui se passe pour les gens dans la rue, dans la vie de tous les jours qui cherche un boulot, qui le trouve pas, qui a du mal à payer ses notes d’électricité, ou son loyer, on peut pas rester aux considérations générales sur la croissance, les grands chiffres macro-économiques, la réalité de la vie, c’est ce qui fait que l’Europe s’en sortira ou pas.

(…)

09:13
Question
On se souvient de Jacques Delors, lui il y quelques années, il s’interrogeait. Il était l’homme le plus populaire à l’époque, il envisageait peut être d’être candidat, puis dans cette interview, faite par une intervieweuse de qualité, Anne Sinclair, il avait répondu finalement “je n’y vais pas”. Qu’est ce que vous évoque cette histoire là, de Jacques Delors
Réponse
J’avais regretté qu’il n’y aille pas.
[long silence]
Question
ça ne vous suscite pas plus de com…
Réponse
C’est de l’histoire.
[hésitation du journaliste… silence]

(…)

09:49 Le monde arabe.
10:16 autocritique, nous avons été trop concentrés, moi-même, sur la macro économie, pas assez sur les inégalités et le chômage, pour ces pays qui reviennent à la démocratie.
10:45 il n’y a pas de bienveillance envers la Tunisie… le jugement qu’on portait il y a deux ans ne portait pas assez sur les inégalités
11:14 il y a 3 mois en novembre au Maroc, on disait que la bombe à retardement dans le Maghreb est la démographie et le chômage des jeunes, c’est exactement ce qui s’est passé et en Tunisie et en Égypte.
11:34 j’ai une mission à remplir, je la remplis… je n’entre pas dans le débat politique français… j’ai toujours dans ma vie essayé de faire en sorte que ce que ma responsabilité et ce que mon devoir me dictait là où je pouvait être le plus utile, je fasse ce qui était le plus utile, eh bien je continue, et aujourd’hui, clairement, c’est au FMI que je travaille

(…)

12:18 question « Votre épouse a eu une idée, c’est qu’elle ne souhaite pas elle que vous fassiez un second mandat au FMI, est-ce que vous êtes un homme qui écoutez parfois votre épouse”
Réponse “Toujours, d’abord on en discute, c’est bien normal, ce qu’elle dit a beaucoup d’importance pour moi, quand elle a quitté 7 sur 7, on a a discuté, c’est elle qui l’a choisit,… quoique je fasse à l’avenir évidemment on en parlera ensemble et son avis comptera”
12:48 mon travail aujourd’hui c’est de faire en sorte que Pays par Pays, on essaye d’arranger les choses, que pays par pays, on essaye de convaincre les gouvernements, et c’est jamais la même chose qu’il faut faire, parce que chaque pays est différent, pour que la situation aille mieux, que les plus vulnérables soient protégés… ça occupe mon temps, c’est ce qui aujourd’hui me semble être ma mission et je la remplis.
13:20 je comprend que vous vouliez m’entrainer sur ce débat, je suis le directeur du FMI aujourd’hui, et je ne suis que ça.

(…)

13:28 sur les attaques… « dans le métier que je fais, je suis capable de supporter des critiques plus dures que celles là »
“mais je vais vous dire autre chose quand même, ce qui m’indigne… c’est qu’il y a mieux à faire pour les responsables européens, en général, français en particuliers, que de la polémique. Les élus ils sont là parce que des gens leur ont demandé de résoudre les problèmes des gens et leur temps, ils doivent le consacrer à résoudre les problèmes des gens, pas à se préoccuper de leur prochaine élection. c’est vrai ici, c’est vrai ailleurs… si les gouvernements ils se préoccupaient de ce pour quoi ils ont été élus plutôt que de savoir comment ils vont gagner les prochaines élections, les choses iraient mieux »

(…)

14:50 Aujourd’hui au FMI, je m’occupe concrètement des problèmes des gens, on a sauvé des pays de l’effondrement, l’Islande qui est le premier pays dans la difficulté et qui aujourd’hui est sauvé… dans la difficulté, dans la douleur, pour les citoyens… c’est mon travail de tous les jours de faire ce qui est utile pour les gens…
15:36 Ce qu’évoque le mot socialiste . “l’espoir, l’avenir, l’innovation”

Espoir, avenir, innovation, voici une conclusion plaisante en attendant la suite.

PS : que vous soyez militants, sympathisants, ou citoyens simplement curieux, vous pouvez rejoindre notre groupe Facebook du « cercle FB des ami(e)s de DSK« .

Dégagez !


Dominique Strauss-KahnLa sortie récente de Christian Jacob, très honorable patron de l’ump aimablement surnommé « Rantanplan » par François Fillon, si elle fleure bon, non pas le terroir mais bien la brune odeur moisie d’une vieille droite pétainiste, avait il me semble au moins deux objectifs :

1) discréditer autant que faire se peut Dominique Strauss-Kahn tant qu’il n’a statutairement pas le droit de répondre à ce genre de viles attaques
2) détourner nos regards du spectacle gouvernemental actuel.

Discréditons, discréditons, il en restera bien quelque chose !

Même si nous n’accordons pas aux sondages plus d’intérêt qu’une photographie du moment, il faut bien constater que la série de photographies effectuée depuis des mois a au moins montré que les outsiders partis très (trop) tôt dans la bataille n’ont tiré aucun avantage de l’espace qui leur était laissé. Montebourg et Royal ne percent pas, Valls a déjà exprimé son envie de voir DSK représenter le PS, Aubry ne sort pas de son rôle de machiniste de Solférino. Seul Hollande a un peu progressé grâce à un marathon interne au PS, sans doute d’ailleurs trop interne et trop PS version 2002/2007. Aujourd’hui, même Eva Joly envisage un soutien au second tour.
Devant une candidature qui fait d’autant plus peur à l’UMP qu’elle est chaque jour plus probable, la droite a prématurément fait tonner le canon dans la version gros sabots crotteux.

Que reproche-t-on à DSK ? En clair de ne pas passer le plus clair de son temps en France depuis qu’il est patron du FMI. Voilà qui n’est pas faux, mais a contrario, si on devait demander aux Français quelle personnalité représente actuellement le mieux la France à l’étranger, qui d’après-vous viendrait en tête ? Nicolas Sarkozy qui à trop vouloir faire dans le pathos a saboté les chances de libération de Florence Cassez ou comme au G20 de Séoul snobe tout le monde en arrivant en retard ?
Alors oui, le monde rend hommage à Dominique Strauss-Kahn et oui son action au FMI surprend positivement. Mais s’il est aujourd’hui au FMI, c’est aussi parce que la gauche n’a pas su le choisir en 2006, nous précipitant dans les abimes funestes du gouvernement Sarkofillon.
Dominique Strauss-Kahn est-il pour autant un Français sans racine, ce supposé agent de l’étranger qui est le filigrane de l’expression « candidat des terroirs » doublé d’un arrière plan antisémite largement utilisé ces derniers mois par les adversaires de DSK, qu’ils soient d’ailleurs de droite ou de gauche ? Il se trouve que les racines françaises de DSK sont bien réelles, profondes, mais qu’elles sont aussi les racines de cette France que l’on veut oublier, celle dont on ne parle qu’a demi-mots une fois par an, celle de la décolonisation. Alors oui monsieur Jacob, Dominique Strauss-Kahn n’a pas les pieds dans la glaise de la Marne ou de la Creuse, mais les pieds de son enfance sont recouverts de la poussière d’Afrique du Nord, comme celle de millions de Français dont nous faisons mine d’oublier l’histoire, histoire qui revient aujourd’hui avec un écho de liberté comme en Tunisie. Ce terroir vaut-il moins que celui de votre village monsieur Jacob ?

Enfin, pour ce qui est de l’action de Dominique en France, on se souviendra qu’il a été l’élu de la commune la plus pauvre de France (Sarcelles) et que de 1997 à 1999 il a, plus que tout autre ministre de l’industrie et des finances, réussi à redonner de l’espoir et du dynamisme à notre pays. Qui peut aligner un tel bilan ?

Dégagez !

Venons-en maintenant à ce que nous ne sommes plus censés regarder. Les maux de notre République ont un nom et des visages depuis que Nicolas Sarkozy occupe l’Élysée.

  • André Santini, mis en examen en 2008 alors qu’il était au gouvernement.
  • Christian blanc finalement démissionné pour péché de « gourmandise » (12000 euro de cigares aux frais de la République)
  • Alain Joyandet démissionné pour avoir pris quelques largesses dans l’utilisation d’avions et pour un permis de construire qui lui aussi avait une drôle d’odeur de terroir.
  • Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur multi-récidiviste (une étrange forme d’exemplarité républicaine !)
  • Eric Woerth qui parti d’un problème de conflit d’intérêts est maintenant pris dans des procédures judiciaires multiples.

Et depuis ces dernières semaines, de nouvelles affaires de mélange des genres :

  • Michèle Alliot Marie qui salit l’honneur de la France en proposant notre « savoir-faire en matière de maintien de l’ordre », avec ses mensonges et ses affaires familiales en Tunisie, sans oublier bien sûr Patrick Ollier.
  • Les vacances de Fillon au frais de l’Égypte.
  • Quant à Nicolas Sarkozy, incarnation de l’échec fait homme, il me faudrait un livre complet pour lister la liste de ses échecs et égarements qui ont terni voire sali l’image de la France aux yeux du monde.

Alors, je vous laisse juge du niveau de l’attaque actuelle de l’UMP à l’encontre d’un homme qui n’a pas le droit de se défendre.

Mais que la droite sache que les socialistes en général et les sociaux-démocrates en particulier ne laisseront pas ce genre de vilénies sans réponse. La campagne des présidentielles ne démarrera qu’à la fin de l’été parce que cela n’a aucun sens de mener une campagne un an et demi avant une élection. Ceci dit, si la droite y tient, nous pouvons y aller plus tôt avec un programme qui tiendra en un seul mot « Dégagez !« .

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L’échec des alternatives à gauche


Si le dernier baromètre BVA-L’Express-Orange-France Inter ne change pas la donne en tête (DSK est toujours plébiscité alors qu’Aubry se renforce un peu face à Sarkozy en cas de 2nd tour), il n’en va pas de même pour les outsiders de gauche.

Le plus frappant semble être l’échec de la stratégie de la gauche radicale mais aussi des écologistes.

Malgré tout son bruit et sa fureur, Jean-Luc Mélenchon est en train d’échouer dans les grandes largeurs dans sa stratégie de dézingage du futur candidat PS (surtout lorsqu’il s’agit de DSK) en faisant moins que Bayrou ou Besancenot. On constate que la gauche « radicale » ne fait pas recette avec sa vindicte anti « social-traitre » qui n’apparaît pas crédible : seul 1% de plus des votants potentiels voteraient Mélenchon plutôt que PS selon que le candidat PS est Dominique Strauss-Kahn ou Martine Aubry. Clairement être « contre » ou ressortir les vieilleries idéologiques ne suffisent pas, Mélenchon ne réussit pas à réinventer une politique, pire il semble sombrer dans les eaux troubles des méthodes d’un autre temps si l’on en juge par les lâchages qui commencent au sein de son camp (voir la démission de Christophe Ramaux).

Chez les écologistes, le cas Eva Joly est assez étonnant. Plutôt plébiscitée en qualité de candidate chez les écologistes, ses intentions de vote à la présidentielle sont au niveau catastrophique des autres candidatures (un groupe qui tourne autour de 5% pour faire simple). Triomphants aux européennes, les écologistes là non plus ne semblent pas avoir réussi à construire un discours en phase avec les attentes.

Au sein du groupe des outsiders du PS, c’est là aussi un constat d’échec. On aurait pu croire que les progrès de François Hollande pouvaient lui laisser espérer une ouverture dans cette présidentielle, que nenni, il ne réussit pas à apparaître à l’horizon. Finalement, semaines après semaines, le choix qui se dessine revient invariablement sur DSK ou Aubry, ce qui donne aux primaires socialistes un goût de plus en plus décalé : si ces primaires ne doivent pas décider d’un candidat, il est urgent de leur donner un sens !

A droite, les choses se passent pour l’heure en Le Pen fille et Sarkozy Père. L’extrême droite apparaît aussi forte que l’UMP faible, ce qui donne une équation d’une logique implacable : l’UMP ne peut gagner qu’en s’alliant au FN. Je ne doute pas que certains à droite y songent déjà.

Gagner en 2012 !

En réponse à différents commentaires toujours aussi violents que peu constructifs, je vous renvoie à un texte diffusé entre autres sur le blog de Jean-Jacques Urvoas et qui traite de la campagne de 2012, de notre envie de la gagner (j’espère que cette envie dépasse au PS le seul courant social-démocrate !).

Ce texte est celui d’un courant du PS, courant qui aura quoi qu’il arrive son candidat, courant connu pour son attachement à la réflexion, à la modération, au dialogue, entre autres bonnes choses.

Bonne lecture et avec un peu d’avance, bonne, très bonne, excellente année 2011 (en attendant 2012) !

Slate.fr place Dominique Strauss-Kahn à la 2ème place du classement des penseurs de ce monde. Et le PS ?

DSK classement des penseurs du monde Slate.fr (site spécialisé sur l’analyse des relations internationales Foreign Policy) publie pour la deuxième année son classement des 100 «penseurs mondiaux».

Et qui trouve-t-on à la deuxième place ? Le directeur du FMI, ex aequo avec Robert Zoellick (le patron de la Banque mondiale) récompensé entre autre pour avoir «réussi à empêcher la faillite de la Grèce, de la Hongrie, du Pakistan et de l’Ukraine sans entraîner trop de résistance» et avoir «imposé sa marque sur la géopolitique en convaincant l’Allemagne de s’impliquer pendant la crise grecque et en participant à empêcher une guerre monétaire internationale».

Le deuxième Français est une Française, Christine Lagarde qui n’apparaît qu’en 22ème place. On n’y trouve pas Nicolas Sarkozy (tient pourquoi ?) alors que Barrack Obama est juste derrière DSK.
Dans le match du leadership international entre Sarkozy et DSK, ce dernier a encore marqué un point.

L’égalité réelle : retour sur un texte très inégal


J’ai pris le temps de la réflexion avant de commenter le texte présenté par Benoît Hamon sur l’égalité réelle.
Les textes précédents n’étaient certes pas parfaits, mais ils m’ont moins navrés que celui-ci, et je ne pense pas être le seul dans ce cas.

En quoi ce texte est-il particulier ?

Tout d’abord, pour le social-démocrate que je suis, le concept d’égalité réelle recouvre quelque chose de sans doute plus sensible que pour un militant d’un autre courant puisque c’est quelque chose que nous portons depuis plusieurs années (voir ici le texte écrit par Dominique Strauss-Kahn pour la fondation Jaurès en 2004) et c’est quelque chose que nous aurions aimé voir défendu en 2007. Ce ne fut pas le cas et si nous sommes plutôt heureux que ce thème soit repris aujourd’hui, c’est parce que nous en attendons beaucoup de choses nouvelles, originales, puissantes, capables de mobiliser les Français et de les sortir de leur abattement. Et force est de constater qu’avec le texte présenté par Benoît Hamon, nous sommes plutôt dans l’accumulation brouillonne, la collection et non dans l’ambition à l’assaut des montagnes.

Qu’est-ce que l’égalité réelle ? C’est le constat que l’égalité que nous considérons comme un de nos plus importants idéaux ne réussit pas finalement à être au niveau attendu, malgré tous nos efforts. Une des explications est qu’un certain nombre d’éléments structurels conditionnent nos destins, conditionnent les échecs des populations les plus défavorisées en particulier. Or, donner au départ les mêmes éléments à tous (égalité) ne permet pas de corriger ces biais structurels, ce qui fait qu’à l’arrivée l’égalité ne peut jamais être atteinte. Il y a derrière cela aussi l’idée que l’égalité de tous doit être mise en rapport avec l’équité de chacun, ou de façon concrète qu’il faut donner plus à ceux qui ont moins pour espérer arriver au même point (égalité réelle).
Je n’aime d’ailleurs pas trop l’expression “d’égalité réelle” parce qu’elle a quelque chose de bizarre (c’est un peu comme en amour, aimer plus ou bien, c’est moins qu’aimer) et parce que cela recouvre des choses trop complexes pour être correctement exprimées dans la communication politique qui est la nôtre, mais je suis convaincu de l’importance du concept et de la réalité que cela recouvre.

Et que lit-on dans le texte d’Hamon ? Une introduction mal écrite qui surfe sur des poncifs suivie par une collection d’éléments, dont certains sont importants et pertinents, mais je le répète, sans force directrice, sans innovation. Autant j’étais heureux de voir l’idée d’égalité réelle retravaillée pour le PS par son aile gauche (n’est-ce pas là où l’on est censé trouver la révolte, l’impertinence, le mouvement, la contestation ?), autant on se retrouve à l’arrivée avec une sauce plate, qui plus est polluée de vieilleries avec une pointe de mauvaises habitudes.
Je comprends mieux pourquoi ce texte a reçu si peu de soutiens jusqu’ici.

Pour ma part, je ne me vois pas voter pour lui, ce texte est trop décevant alors que l’enjeu est si grand. Par contre, je n’ai pas encore décidé si j’allais m’abstenir ou voter contre.
M’abstenir c’est envoyer un signal d’avertissement sans pour autant que cela soit repris de façon politicienne pour remettre le bazar au PS, mais c’est un peu lâche et tiède, ce que je reproche justement à ce texte.
Voter contre serait exprimer mon impatience d’une révolte constructive de l’intelligence au sein du PS, la volonté de sortir des vieilleries et des poncifs, et aussi de demander à ce que les militants et sympathisants soient plus et mieux associés à la réflexion de ces textes, et pas simplement appelés à les enregistrer. La refondation en passe aussi par là.

Je vais donc échanger avec mes camarades (Pierre Moscovici a d’ailleurs déjà présenté des contre-propositions) avant de me décider. Ce qui est sûr, c’est que pour l’heure je ne suis pas content de l’image et du contenu de ce texte. Il est plus que temps pour tous les dormeurs de se réveiller. Il est plus que temps de sortir de la contestation conservatrice pour passer à la refondation créatrice.
Les Français n’attendent pas un catalogue de mesures, même si certaines sont plus que largement souhaitables, ils n’attendent pas une soupe tiède sortie du vieux chaudron socialiste, ils attendent des réponses à des défis gigantesques, ils attendent l’architecture d’une nouvelle société capable d’enfin atteindre nos idéaux, à commencer comme ici par l’égalité réelle entre tous les citoyens.

Nous n’avons pas le droit d’être médiocre, ou même simplement vaguement bon. L’histoire de la France est exceptionnelle, notre destin ne peut pas être tiède.

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Références :
* “Pour l’égalité réelle Éléments pour un réformisme radical
* “Refondations, PS, Socialisme et Social-démocratie, Le dormeur doit se réveiller
* “Refondations, PS, Socialisme et Social-Démocratie Les Défis

Primaires de Confirmation ou Etats Généraux de refondation ?

Il y a 6 mois déjà, j’écrivais « Aujourd’hui, je suis plus que circonspect vis-à-vis du principe des primaires, pour une raison technique : dans un tel scrutin il est impossible de garantir l’équité de la campagne, comment alors donner une légitimité au vote si ce n’est l’acceptation mathématique d’un vote structurellement biaisé ? ». Bartolone actualise cette réflexion avec un biais particulier : parmi les candidats susceptibles de l’emporter, un seul se présentera par accord tacite ou explicite avec les autres.

Est-ce logique ? Dans la logique du vieux PS, absolument. Après deux défaites qui n’auraient pas dû avoir lieu, il est absolument normal que la « machine PS » cherche et trouve la meilleure façon de gagner le prochain scrutin, et la meilleure façon est de ne pas créer une lutte suicidaire d’investiture.

Est-ce démocratique ? Non, puisque techniquement nous n’aurons d’autre vrai choix que de voter pour le seul gagnant possible.

Est-ce insupportable ? Ceux qui ne se reconnaîtront pas dans la tendance du vainqueur diront que oui, en sachant qu’ils auraient dit le contraire si le choix avait été différent, ou encore qu’ils l’ont très bien supporté dans le passé.

Est-ce une violation de nos idéaux ? Non, un parti n’est qu’un outil pour atteindre nos idéaux, ce n’est pas un idéal en lui-même. Cet outil passe tour à tour entre des mains qui ont des intérêts particuliers, et parfois ces mains s’égarent. Le secrétariat actuel n’est sans doute même pas le plus mauvais que le PS ait connu, mais il est dans une situation très particulière qui lie la promesse d’un triomphe électoral en 2012 et l’acte de décès du vieux PS. La réforme radicale ne peut pas venir de la direction ; comme je l’ai écrit, « Si changer est généralement une nécessité, c’est très rarement un choix pour chacun d’entre nous. Cela est encore plus vrai pour une organisation ou dans notre cas, un parti politique. Les groupes constitués fonctionnent selon des règles tacites ou explicites qui les stabilisent, qui les font avancer et leur évite d’exploser. La stabilité d’un groupe, bonne ou mauvaise, résulte d’une alchimie entre la volonté d’être ensemble et la réalité de forces antagonistes qui se neutralisent, se stabilisent de façon généralement non consciente, sur un équilibre aussi stable que possible. »

Finalement la situation est simple : si le PS perd 2012, de toute façon c’en sera fini. Pour gagner, la direction et nombre de cadres pensent, raisonnablement, qu’il faut supprimer tout risque préalable, donc éviter que les primaires augmentent les tensions actuelles jusqu’à l’explosion ; ils suppriment de fait le problème de choix démocratique au profit d’un choix rationnel (aptitude, expérience, image, consensus national – en espérant que le candidat ait effectivement ce profil) pour les trois tours (primaires, 1er tour, 2ème tour). Mais en faisant cela, la direction touche au paroxysme du problème du PS : pour sauver le PS, le parti doit biaiser le choix démocratique. C’est logique, c’est rationnel, c’est même peut-être souhaitable, mais ce sauvetage est aussi en lui-même l’acte de décès du vieux PS : logique jusqu’à l’absurde, sans échappatoire possible.

Le ps actuel ne peux structurellement pas faire ce qu’on attend de lui c’est-à-dire une élection ouverte et equitable. Il faut donc le changer. Mais si on le change maintenant on risque de perdre l’élection puis le parti. Ceci dit, ce n’est pas la première fois que le problème se pose : après chaque élection perdue, on évoque une rénovation nécessaire, rénovation vite oubliée car il faut gagner l’élection suivante avant de rénover…

Il me semble qu’en conséquence, la question posée aux primaires n’est plus de choisir notre candidat (à la rigueur de lui donner l’onction formelle – l’élection de confirmation de Bartolone/Fabius), mais sans-doute faut-il aussi saisir l’opportunité d’exiger la refondation avant l’élection, avant une élection que nous pouvons gagner. Nous avons l’opportunité de débattre sur les fondations de la renaissance du PS, renaissance qui sera rendue possible par l’élection d’un président socialiste. Ces primaires seront moins des primaires que la convocation des États généraux du socialisme, voire de la gauche qui a elle-même à se redéfinir.

Le futur président aura pour mission de sortir la France de la crise et de refonder la République largement liquidée par Nicolas Sarkozy.
Cette dynamique présidentielle doit également permettre de redéfinir ce qu’est la gauche et de refonder le parti socialiste sur des bases qui éliminent les incohérences à la fois idéologiques et de fonctionnement, et trace un nouvel horizon tenant compte des défis qui se posent à nous autant que de l’évolution profonde de la société.

Ne nous trompons pas de combat : la situation actuelle est la conséquence directe d’éléments structurels, ce n’est pas un problème de personne. Il me semble qu’en l’état actuel, aucune primaire telle que nous le rêvons n’est en mesure d’être mise en place, mais ce qui va être mis en place peut permettre de redéfinir les futures règles de la vie démocratique du parti.

Nous voulons que le prochain président soit socialiste, il le sera. Mais ce président sera sans parti si le vieux PS avait l’illusion de survivre à l’élection, il sera au contraire infiniment plus fort avec un PS refondé.

Révolution social-démocrate au FMI

DSK

Lorsque le FMI sort une note de conjoncture que Dominique Strauss-Kahn n’a pas écrite, ses opposants montent à la tribune pour dénoncer l’infâme. Mais lorsque, comme ces derniers jours à Oslo, DSK participe à un sommet social international, on ne les entend plus. Il est vrai que les intentions affichées par Dominique ont de quoi laisser sans voix nos zélateurs du “il est pas de gôche”.

Qu’on en juge par ces quelques extraits du monde :

* La tenue de cette conférence, son thème même, représentent une petite révolution pour le FMI, qui s’était acquis une réputation de “Père Fouettard” imposant aux pays en difficulté de tailler dans leurs dépenses, notamment de protection sociale. Comme l’a souligné José Luis Rodriguez Zapatero, le premier ministre espagnol, le Fonds a “changé de visage”. Il ne s’occupait que de macroéconomie et la pratiquait façon “consensus de Washington”, c’est-à-dire sur un mode ultra-libéral. Le voici qui cosigne avec l’OIT un document soulignant les dégâts humains provoqués par une crise qui a fait basculer 34 millions de travailleurs dans le chômage depuis 2007 : l’espérance de vie des demandeurs d’emploi réduite de 1 à 1,5 année ; le redoublement en cours de scolarité pour leurs enfants qui gagneront, en moyenne, 10 % de moins que ceux des non-chômeurs ; l’impossibilité de tirer de la misère 1,3 milliard de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour, etc.

* Tel était le but poursuivi par M. Strauss-Kahn qui, mois après mois, s’emploie à tirer de sa gangue comptable un “nouveau FMI” plus soucieux d’humain. “La croissance n’est pas tout ; encore faut-il qu’elle procure des emplois décents, a-t-il souligné. C’est le début d’une nouvelle façon de voir l’économie.

* Ce souci va jusqu’à pousser le FMI à se poser, avec l’OIT, une question iconoclaste : “Les inégalités de revenus nées de la mondialisation ne constituent-elles pas un obstacle à la croissance et à la stabilité économique ?

* Avec la complicité de M. Strauss-Kahn, il promeut encore un peu plus son objectif de prédilection. “Il faut faire figurer l’emploi décent parmi les objectifs macroéconomiques au même titre que la maîtrise de l’inflation ou l’équilibre des comptes publics, nous a-t-il déclaré. Et non le considérer comme une résultante des politiques macroéconomiques. Nous voulons changer les priorités et mettre l’homme au coeur de nos économies.

Le nouveau FMI voulu et mis en place par Dominique Strauss-Kahn est le résultat tangible d’une politique volontaire, raisonnée et efficace de reprise en main des outils économiques par un homme politique compétent capable de dépasser l’éternel renoncement face aux réformes.

Qui pouvait imaginer un seul instant qu’il réussirait à introduire la question sociale au centre des éléments de décision de cet organisme qui fut l’un des plus ultra-libéraux de la planète ?

Qui pouvait imaginer un seul instant qu’il mettrait en place des mesures comme l’apurement de la dette du Libéria, l’annulation de la dette d’Haïti, les prêts à taux zéro ?

Qui pouvait imaginer un seul instant qu’il introduirait la question écologique au sein des discussions du FMI ?

Pourtant, il l’a fait. Maintenant, certains pourront continuer à répéter leur antienne sur “DSK pas de gôche”, les faits démontrent que plus que tout autre il a réussi à prouver son engagement et sa valeur. Ceci donne aux Français maints regrêts vis-à-vis de 2007, mais surtout pas mal d’espoirs pour l’avenir…

Pour aller plus loin :

* “Sauver la génération perdue” par Dominique Strauss-Kahn, 14 septembre 2010

* La Conférence d’Oslo appelle la communauté internationale à axer résolument la reprise économique sur la création d’emplois, 14 septembre 2010

* Nous devons immédiatement nous attaquer au chômage, 13 septembre 2010
Article de Juan Somavia, Jens Stoltenberg et Dominique Strauss-Kahn, El Pais