Refondation du PS : les réponses aux défis 3 sur 3

Ce billet est le dernier des trois publications. Vous pouvez retrouver le texte complet au format pdf en cliquant [ ici ].

L’économie « de reconstruction » : utopie économique

Le plein-emploi représente une situation économique optimale sur bien des points. Le problème est que cette situation optimale est loin d’être la plus courante et que nos sociétés occidentales actuelles se trouvent plus dans une situation de marché mature avec une démographie qui non seulement participe moins à la production, mais va dans le sens d’une moindre consommation (à l’exception des soins liés à l’âge). La situation serait nettement meilleure avec un pays jeune en phase de (re)construction.

Or, si l’on regarde positivement les défis qui se posent à nous, il est possible de retourner ces défis en opportunités.

Le risque climatique, les défis écologiques et énergétiques nous obligent à repenser notre urbanisme. Une part de nos problèmes sociaux et de notre inefficacité socio-économique provient des erreurs passées d’urbanisme et des phénomènes de ghettoïsation qui se sont greffés, les populations de ces ghettos étant par ailleurs jeunes. Enfin, en nombre d’endroits, nous sommes en situation de pénurie de logements et probablement avec de grandes tensions sur l’énergie si la demande électrique devait se développer rapidement.

Nous avons là les éléments nécessaires pour lancer un programme d’économie de reconstruction : dit autrement, si nous étions dans une situation où une partie de nos villes étaient en ruine, nous aurions là les ingrédients de plusieurs décennies d’expansion économique et de plein-emploi. Détruisons donc les infrastructures déficientes qui, comme l’ont montré les dernières catastrophes climatiques, sont de toute façon en partie condamnée pour nous lancer dans un programme de reconquête de notre urbanisme, en tirant cette fois toutes les leçons du passé et en y associant les laisser-pour-compte de notre société.

Retissons avec la construction de ces villes ou de ces nouveaux quartiers un tissu social et économique, intégrons-y les impératifs de moindre impact sur les écosystèmes, encourageons-y une économie maîtrisée des services. On trouve dans cette idée de reconstruction d’un nouvel urbaniste une renaissance des idées utopiques de la gauche, modernisées en réponse aux défis qui se posent à nous. On retrouve le rôle de l’État qui oriente les choix d’avenir, qui donne l’impulsion et encadre, mais laisse une vraie chance à chacun de prendre en main son destin.

L’économie qui touche à l’évolution structurelle de la société doit être orientée et encadrée par l’intérêt collectif, elle ne peut être laissée aux hasards de l’histoire ou du marché. Jusqu’au jour où nous jugerons achevée notre œuvre, nous devons mener une politique économique de reconstruction continue guidée par l’utopie d’une société structurellement la plus efficiente possible.

Conclusion

Notre quête est celle du bonheur, elle s’inscrit dans un destin collectif démocratiquement décidé.

L’État, expression multiforme, opérationnelle et collective de la citoyenneté, ne doit en aucune façon se substituer à chacun de nous pour cette quête : sa mission est de coordonner les efforts communs qui permettront dans le cadre d’un destin commun, cohérent et maîtrisé, à chaque citoyen d’aboutir autant que faire se peut dans cette quête tout au long de sa vie.

L’État ne peut pas empêcher les accidents de parcours personnels ou collectifs, mais il se doit de les prévenir, et d’intervenir à chaque fois que de tels accidents surviennent.

Proclamer l’égalité de tous s’accompagne de la correction des inégalités individuelles, qu’elles soient sociales, économique, culturelles. C’est le sens même de l’assurance : elle implique et s’applique à tous mais n’est utilisée que lorsque l’accident survient.

Nous devons être libre et acteur de notre bonheur, solidaire en cas de malheur, et gestionnaire responsable des risques. La recherche du bonheur d’aujourd’hui ne doit pas menacer l’évolution pérenne de la société, y compris en sa qualité d’acteur des écosystèmes.

Pour réaliser notre destin, notre horizon doit être guidé par trois utopies :

  1. l’utopie de l’État assureur
  2. l’utopie de la citoyenneté fractale
  3. l’utopie de l’économie de perpétuelle reconstruction

Refondation du PS : les réponses aux défis 2 sur 3

Une citoyenneté « poupée russe » : utopie républicaine

Citoyen et État citoyen

Les principes qui s’appliquent aux citoyens doivent s’appliquer à l’État lui-même. Seules les modalités et le périmètre de responsabilités diffèrent, les relations entre citoyens devenant des relations entre États, les relations citoyens / état devenant des relations États / organismes supra-nationaux.

En dehors des États, il existe une entité particulière dont celui-ci est garant de la pérennité : l’écosystème. Les écosystèmes, sociétés naturelles sans conscience, doivent être considérés comme potentiellement menacés d’un certain nombre de risques vitaux :

  1. le risque de voir disparaître l’espace nécessaire à son existence
  2. le risque d’épuisement des ressources nécessaires à son évolution
  3. le risque de ne pas être en mesure de « guérir » ses déséquilibres ou se régénérer

Ces risques sont aujourd’hui largement liés à la pression exercées par nos sociétés

Il appartient à l’État de tout mettre en œuvre pour que la société se développe tout en maximisant les chances de pérennité des écosystèmes. La société doit être traitée de façon prioritaire face aux écosystèmes à moins qu’une action préjudiciable à l’écosystème n’entraîne une forte probabilité de dommage majeur pour la société. C’est par exemple dans ce cadre que doit être traité le problème du changement climatique.

Changement d’échelle : niveaux « autosimilaires »

Des entités administratives intermédiaires devront être définies de façon à façonner un continuum de principes, de droits et de responsabilités entre le citoyen et un organisme supra-national final, un pays n’étant qu’un échelon lié à une identité historique et/ou culturelle. Ceci permet de définir rationnellement les strates organisationnelles de la société. Lorsqu’un niveau de citoyenneté devient inadapté à la gestion du quotidien et à la prévision des risques assurant la pérennité, une entité de niveau supérieur doit prendre le relai, cette entité étant garante des obligations de citoyenneté du niveau inférieur, de nouvelles responsabilités étant définies pour elle-même lorsque le niveau inférieur n’est pas raisonnablement en mesure de les assumer..

La citoyenneté en poupée russe (modèle fractal) se bâtit donc du citoyen (l’homme, citoyen libre et émancipé, reste au cœur du modèle, il le justifie) vers les niveaux supérieurs (le dernier niveau étant un organisme politique mondial).

Une république dont le fonctionnement est entièrement défini par la citoyenneté appliquée de façon autosimilaire à des échelles différentes est une utopie qui doit guider nos réflexions et nos actions pour la création d’une république idéale.

Refondation du PS : les réponses aux défis 1 sur 3

Refondations, PS, Socialisme et Social-démocratie

Le dormeur doit se réveiller

Introduction

Les défis démographique, climatique, énergétique, la dématérialisation contraignent notre société en profondeur et nous obligent à faire évoluer notre vision de la société, nos priorités, nos choix.

CNRLa société d’après-guerre a été construite sur une volonté farouche de protection en réaction à la guerre, protection qui impliquait collectivement les citoyens dans leur effort et promettait en retour les bienfaits d’un état voulu comme providentiel.
La démographie, la psychologie, le sens de l’histoire, le dynamisme de la reconquête économique permettaient de mettre en œuvre cet élan collectif coordonné.
D’abord questionné par les soubresauts de notre histoire contemporaine, les années que nous venons de passer ont fini d’achever ce modèle : privilégiant l’individu, renonçant à toute vision collective de l’avenir, renonçant à agir sur le marché et le destin commun au nom de la société tout entière, ces années ont fait exploser le risque et augmenté le niveau d’irresponsabilité jusqu’à l’accident de 2008 qui n’est que le résultat d’une accumulation de défaillances d’un modèle de société qui n’avait guère évolué sinon par son affaiblissement progressif.

La défaillance des outils et les errements qui en découlent ne marquent cependant pas la défaillance des idéaux proclamés par le Conseil National de la Résistance qui avaient pour ambition (extraits) :

Assurer :

    l’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel

    la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ;

    la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères ;

    la liberté d’association, de réunion et de manifestation ;

    l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ;

    le respect de la personne humaine ;

    l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ;

    Promouvoir les réformes indispensables :

a) Sur le plan économique :

    l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

    une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des États fascistes ;

    l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’État après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ;

    le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques ;

    le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales ;

    le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie.

b) Sur le plan social :

    le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ;

    un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;

    la garantie du pouvoir d’achat national pour une politique tendant à une stabilité de la monnaie ;

    la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;

    un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ; l

    la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ;

    l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs, améliorant et généralisant l’expérience de l’Office du blé, par une législation sociale accordant aux salariés agricoles les mêmes droits qu’aux salariés de l’industrie, par un système d’assurance conte les calamités agricoles, par l’établissement d’un juste statut du fermage et du métayage, par des facilités d’accession à la propriété pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d’un plan d’équipement rural ;

    une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;

c) Sur le plan éducatif :

    La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires.

On le voit à la relecture de cette liste d’objectifs, nombre d’entre eux ont été atteints avec succès, mais certains sont marqués du sceau de l’échec, échec en partie dû à l’évolution historique de notre société. L’État providence semble bien mort, la justice immanente de la main invisible du marché a failli, il faut trouver un autre paradigme, un nouveau modèle de société qui tire les leçons des succès et échecs passés.

La certitude et le risque : utopie sociale

Utopie socialeNous sommes passés d’un modèle de certitudes (l’État sera là pour vous) à un modèle de dénuement devant le risque (l’État ne peut pas tout et les moyens laissés à l’individualisme menacent les fondements même de la société).

Notre société qui voulait pallier tous les risques a abouti à les rendre absolument incontrôlables. L’État qui décide, contrôle et met en œuvre doit se muer en État qui calcule les risques, les prévoit, les prévient, les encadre, et répare en dernier ressort.
L’État « assureur »

Au nom de l’intérêt commun des citoyens, l’État doit mettre en œuvre des éléments destinés à
analyser les risques vitaux

    supprimer autant que faire se peut tous les risques vitaux pour le citoyen et la société

    décourager autant que faire se peut tous les risques excessifs pour le citoyen et la société

    décourager autant que faire se peut toute absence de prise de risque raisonnable de chaque citoyen

    encourager autant que faire se peut toute prise de risque raisonnable dans le sens du progrès des citoyens et de la société.

Les risques vitaux citoyens sont entre autres :

    ne pouvoir subvenir à ses besoins alimentaires

    ne pouvoir être en mesure de se soigner correctement

    ne pouvoir se protéger ou être protégé des agressions

    ne pouvoir se loger

    ne pouvoir accéder à un minima énergétique

    ne pouvoir fonder et faire prospérer une famille

    ne pouvoir accéder à l’information

    ne pouvoir recevoir une instruction nécessaire pour gagner sa vie (tout au long de sa vie) ou participer à la vie sociale

    ne pouvoir s’exprimer ou être entendu pour tous les choix concernant la société

Par risque raisonnable, nous entendons les risques qui permettent d’améliorer sa condition et la condition de ceux dont on est responsable sans ce cela entraîne des conséquences majeures et irréversibles sur d’autres en cas d’échec.

Ce paradigme de l’État assureur évite à la fois la lâcheté ou le mysticisme qui consiste à laisser le destin de la société aux mains du seul marché et l’illusion qui consiste à croire que l’État est en mesure de prendre les meilleures décisions sur tout et partout.

Le système d’assurance, déjà présent dans les outils sociaux (assurance chômage, maladie, …) induit une solidarité de tous envers chacun, et laisse à chacun la possibilité de prendre les risques qu’il juge bons à l’intérieur d’un cadre général. Il s’agit donc de faire évoluer l’idée qui sous-tend ces outils et d’aboutir à un système plus efficace est surtout pérenne.
L’État « assurance vie »
Dans notre quotidien, travailler c’est à la fois gagner sa vie et « être socialement reconnu ». Ceci explique que lorsque l’on n’a plus de travail, être indemnisé ne suffit pas ou que certains acceptent parfois volontairement de travailler même en dessous d’une rémunération équitable.

Cette double identité du travail induit un certain nombre de choses.

Elle divise notre vie en quatre phases (« je me prépare à travailler », « je travaille », « je suis en retraite » plus une phase accidentelle qui est celle de l’invalidité). Le problème posé ici est que ce découpage n’est financé que par la deuxième phase et que dans la situation démographique et sociale actuelle, il n’est plus finançable sans induire des tensions sociales insoutenables (il faut aller prendre l’argent chez « l’autre », qui forcément ne sera pas moi). Il n’est pas pérenne.

La situation actuelle est dramatique dans toutes les phases de la vie :
« je me prépare à travailler » mais je sais que mes chances de le faire dans des conditions acceptables sont faibles
« je travaille » mais le sens de mon travail est de plus en plus faible et mon salaire insuffisant pour progresser et pour financer la solidarité
« je suis en retraite » ou « au chômage » ou en « invalidité » mais ceci est financé en partie par l’impôt (service public) ou l’emprunt (secteur privé) et n’est pas viable.

Le travail ne pouvant financer de façon pérenne le système, on peut toujours songer à aller ponctionner le capital, mais dans un monde globalisé où nous n’avons qu’un faible pouvoir, voire dans un monde où le capital nécessaire aux moyens de production est en train de diminuer rapidement face à une économie émergente de services, cela a encore moins de chances d’aboutir que dans les différentes expériences menées pendant le XXème siècle.
Il faut donc trouver autre chose. Or la richesse, immense, atteinte par notre société nous permet de déconnecter la nécessité de satisfaire nos besoins élémentaires de la nécessité de travailler. Il est envisageable de refondre notre système d’aides ciblées devenu inefficient à force de complexité et de contestation, par un système unique dont l’objectif est de subvenir universellement aux besoins élémentaires de chaque citoyen. Nous proposons de travailler sur l’introduction progressive d’une Allocation Citoyenne Universelle (ACU) qui est un contrat entre l’État et le citoyen et garantit à tout âge, qu’aucun citoyen ne se retrouvera dans une situation d’indigence, indigne de son humanité et de sa citoyenneté. Cette allocation en partie en nature, varie en fonction de l’âge, de la pédiatrie à la gérontologie, de l’école primaire à la formation continue, du transport gratuit à une aide financière lorsqu’un bien ou un service ne peut être délivré, elle a pour objet de répondre aux besoins et non plus de fournir en numéraire les moyens palliatifs du manque.
Quoi qu’il arrive, l’État garantit à chacun qu’il ne descendra pas au-dessous d’un seuil de niveau de vie critique. Une telle mesure, outre le progrès de civilisation qu’elle introduit, se veut aussi une formidable source de confiance, la possibilité de prendre des risques raisonnables, d’entreprendre, de se développer personnellement.

Ce faisant, les besoins satisfaits par l’ACU n’ont plus à être financés par les seuls revenus du travail, les caisses chômage, invalidité ou de retraite. Ils ne proviennent plus des salaires, mais
des économies réalisées en remplaçant le système complexe actuel d’aides par un système universel plus simple et plus efficient,
par une fiscalité réformée en profondeur
et enfin par un système type assurance vie générant un rendement (plutôt que de financer a posteriori par l’impôt ou l’emprunt, on finance a priori par une collecte dégageant des profits).
Enfin, l’ACU pourra lui-même être facilité par une évolution profonde des infrastructures, en particulier celles liées à l’urbanisme.

L’ACU est un horizon utopique qui doit guider les réformes sociales de notre société.

(à suivre)

Du FMI dans le texte

DSK et le FMI

Le FMI a gagné ces derniers temps une large audience lorsqu’il donne préventivement son avis sur l’état des économies nationales, surtout en France (avant, il faut bien avouer que tout le monde à part quelques économistes s’en moquaient). Et nos super-techniciens internationaux se sont donc allègrement mis à la tâche. Le problème avec les super-techniciens, c’est que leur capacité à communiquer clairement n’est pas vraiment à la hauteur de leurs compétences économiques. Le bulletin du FMI de juillet sur la France en est une bonne illustration.

Comme ce bulletin est aussi clair qu’un matin brumeux à Londres, cela a permis aux habituels snipers de gauche de monter à l’assaut, assistés pour le coup par le dernier carré des défenseurs du sarkozysme qui, tel l’inénarrable Frédéric Lefebvre (une référence !) s’est empressé de voir dans le bulletin du FMI un satisfecit sans nuance pour la divine comédie sarkozyste, fournissant ainsi aimablement une caisse de rockets à nos gauches camarades.

Revenons donc quelques minutes sur ce bulletin et sur une des phrases les plus mystérieusement contradictoire qui excite certains : “Outre les politiques d’activation engagées sur le marché du travail et les mesures de formation, la modération du salaire minimum devrait être poursuivie afin d’établir progressivement une échelle des salaires incitative pour les jeunes et les travailleurs peu qualifiés.”

Tout d’abord, le texte du FMI est un drôle d’exercice, mêlant des constats (”la reprise est engagée”, “il faut assainir les finances”, …), actant de décisions (”Les autorités ont maintenant réorienté leurs efforts de la gestion de la crise”) et d’intentions (”la reprise sera plus forte et et plus durable si les autorités donnent suite à leur engagement d’assainir les finances publiques”). Certains paragraphes traitent de l’économie en général et d’autres de certains secteurs (en l’occurrence le secteur bancaire). C’est un peu le BHV et si le langage avait été moins diplomatique, sans doute le texte aurait-il relevé qu’entre les intentions et la mise en œuvre il y a comme un océan chez Sarkofillon, quant à la qualité de la mise en œuvre elle ne s’est guère illustrée par son brio depuis 2007.
Le tout est lié par un langage technico-diplomatique qui permet à chacun de trouver les motifs de satisfaction/acrimonie qu’il cherche et d’arriver à conclure des choses du genre :

  1. Le FMI de Dominique Strauss-Kahn pour “la modération du salaire minimum
  2. “Les potions libérales du docteur DSK au FMI !”

Pour certains, l’occasion était trop belle de surfer sur le côté abscons du texte. Mais, titillé par la curiosité autant que par les obus gauchistes qui commençaient à pleuvoir, j’ai voulu en savoir plus sur cette phrase mystérieuse qui semblait tout à la fois vouloir dire qu’il fallait un smic incitatif (affirmation gauchistement correcte), un smic bas (affirmation libéralistement correcte), et au final qu’un smic bas était attractif (affirmation stupidement incorrecte…).
Faisant appel à l’esprit de Marx lors d’une séance de spiritisme, activant mon réseau Bilderberg et les secrets technologiques de Roswell, j’ai fini par apprendre que cette étrange prose voulait dire la chose suivante : “il ne s’agit en rien de faire baisser le salaire minimum, ni de payer quiconque en dessous, mais simplement de faire progresser l’ensemble de l’échelle des salaires plus vite que le smic, sinon personne n’embaucherait un jeune peu qualifié si pour le même prix, on peut embaucher quelqu’un qui a une certaine qualification. Cela découle d’un constat si l’on veut inciter les entreprises a embaucher des jeunes…

Donc, à bon entendeur, il y a intrinsèquement dans cette phrase la volonté de faire progresser les salaires (donner du pouvoir d’achat aux salariés est bien un instrument d’une politique de gauche), mais aussi d’introduire un mécanisme structurellement incitatif pour que les salariés aient envie de progresser et que leur expérience soit valorisée (s’ils font des efforts et restent au smic, il est clair qu’ils vont vite être découragés, ça c’est plutôt un instrument de management et de RH).

Voilà donc cher lecteur un mystère éclairci. Cela n’empêchera certes pas certains de trouver que DSK est un vilain libéral pas bô, ni Frédo Lefebvre d’être content de lui et de son chef Sarko, mais cela permet au moins aux lecteurs de bonne volonté de décrypter ce texte des Sibylles du FMI (en attendant qu’ils trouvent quelqu’un pour traduire leurs textes dans la langue du commun des mortels).

Bonnes vacances !

Qu’est-ce qu’être « de gauche » ? Mélenchon, Royal et DSK

Pour essayer de contrer l’attente qui monte des Français depuis plusieurs mois déjà, ses adversaires politiques de gauche pensent avoir l’argument imparable qui tue : DSK ne serait pas de gauche (sous-entendu, donc la gauche ne peut pas le choisir et voter pour lui).
Il semble que deux groupes en particulier se soient appropriés cet argument : la gauche que j’appelle radicale dont Jean-Luc Mélenchon semble devoir devenir le héraut, et certains royalistes semblant ne pas accepter la décision de Ségolène Royal de ne pas se présenter contre Dominique Strauss-Kahn en 2012.

Au-delà du positionnement tactique de chacun, il est intéressant de se demander ce qu’est être de gauche avant de jeter l’anathème sur tel ou telle.

Adoptant la méthodologie d’un bon étudiant à l’esprit ouvert, je me suis d’abord intéressé à ce que les autres répondaient à cette épineuse question.

Une étude TNS Sofres de 2005 en France posant à 1000 personnes la question « Pour vous, être de gauche, aujourd’hui, qu’est-ce que c’est, qu’est-ce cela veut dire ? » a montré que :
– 27% des gens de gauche ont répondu : « Le social : “faire du social”, “faire plus de social” »
– 17% des gens de gauche ont répondu : « Le dialogue, l’ouverture, l’écoute : “être à l’écoute des citoyens, des hommes, des individus”, “c’est prévoir, c’est le dialogue” »
– 12% des gens de gauche ont répondu : « L’aide aux plus fragiles : “aider les plus démunis”, “aider le peuple”, “aider les pauvres” »

→ social, dialogue, écoute, prévoir, aider

Du point de vue économique

Être de gauche, c’est être anti-libéral, notion très vague finalement dans l’esprit des gens, mais qui peut se résumer à un refus de la liberté totale du marché, voire pour certains secteurs refuser la marchandisation. Suivant les tendances, cela signifiera refuser une quelconque liberté du marché (gauche révolutionnaire) avec des nuances qui aboutiront à l’autre bout du spectre, à une régulation du marché, régulation déterminée par l’intérêt général (position social-démocrate). Naturellement, pour la gauche révolutionnaire, la social-démocratie sera considérée être à droite (et affublée du doux nom de social-libéralisme).

En ayant une considération particulière vis à vis des plus faibles, la gauche se veut plus morale que la droite dont la finalité économique est d’abord de permettre à l’individu de réussir même si cela signifie que les plus faibles perdent. La révolte contre l’injustice est une attitude classique, la volonté de réforme en est une conséquence. À la notion de justice sociale, la droite répondra plutôt par la notion de charité, acte individuel là encore.

→ agir sur le marché dans le sens de l’intérêt collectif, réformer

Être de droite en matière économique c’est d’abord n’entraver en rien le marché, ni par la réglementation, ni par l’impôt. Le marché doit être « pur », il existe une justice immanente (« la main invisible du marché »).

→ liberté absolue, laisser-faire le marché

Du point de vue « référentiel mental »

A gauche on se réfère à la famille en tant que groupe, au cadre social, à la société citoyenne, l’individu est largement contraint par son environnement. L’individu est d’abord un citoyen qui a des droits et des devoirs vis à vis du groupe.
L’homme de gauche veut agir avec force sur son environnement pour le changer et améliorer le sort de chacun, en particulier des plus faibles.

Du point de vue individuel, le combat de gauche est d’abord celui de l’émancipation et la construction de la possibilité d’un choix libre et éclairé : c’est en ce sens que l’éducation a un sens très important pour l’idéologie de gauche. L’émancipation permet également à l’homme de gauche d’être et d’agir potentiellement en dehors de la décision d’un pouvoir politique.
Cette émancipation permet également à l’homme de gauche de ne pas être contraint par sa naissance. Comme le dit Jean-Luc Mélenchon «On a connu de grands bourgeois de gauche et des prolétaires d’extrême droite. Bien sûr, la condition sociale joue un grand rôle dans la perception de l’existence, mais on ne peut pas réduire un homme à cela. »

→ l’individu se définit par rapport au groupe, émancipation, agir et réformer le groupe

À droite on se réfère à l’individu qui est seul arbitre de ses choix, et au chef (ce qui est un peu paradoxal). Le chef est le représentant de l’ordre : l’ordre, la justice, l’intégration par l’uniformisation des comportements depuis le jeune âge (voir les mouvements scouts par exemple) sont les outils de structuration de la société de droite. L’individu en toute occasion dispose de son libre-arbitre (héritage chrétien), libre arbitre cependant contraint par l’ordre rigide et omniprésent de la société.

→ Le triptyque travail (individu libre de son sort et donc de construire son avenir), famille, patrie (chef, autorité) est un bon résumé du référentiel mental de la droite. Au nom de l’ordre établi, l’homme de droite est plutôt conservateur.

Alors, sont-ils de gauche ?

Jean-Luc Mélenchon Ségolène Royal Dominique Strauss-Kahn
social Élément important du discours Élément important du discours Élément important du discours
Dialogue, écoute Vision musclée du dialogue Vision ambiguë du dialogue Dialogue et contrat sont les outils classiques des sociaux-démocrates
Prévoir La planification était l’outil classique de la gauche « radicale », est-ce toujours le cas ? ? DSK essaye d’introduire un système d’assurance pour gérer les risques de la finance mondiale
Aider / solidarité Élément important du discours Élément important du discours Élément important du discours
agir sur le marché dans le sens de l’intérêt collectif Oui, adepte de l’autorité de l’État Idéologie peu claire : entre blairisme et social-démocratie de l’Europe du Nord Oui, adepte de la régulation qui structure et oriente le marché.
agir et réformer le groupe L’État fort pour réformer la société
Conservateur en matière d’évolution idéologique.
Vision d’un État fort mais décentralisé ?
Conservateur dans certains de ses choix (système présidentiel par exemple).
Prendre les problèmes à l’origine pour changer la donne : politique de la petite enfance. Doctrine du réformisme radical.
l’individu se définit par rapport au groupe oui Confus : DA est un organisme de promotion du chef. oui
émancipation ? Confus : référence à des outils de droite (encadrement militaire) Oui
liberté absolue Refus Refus Refus
laisser-faire le marché Refus Refus Refus
travail Valeur non marquante dans le discours Valeur non marquante dans le discours Valeur non marquante dans le discours
Famille ? Exemple personnel donnant une vision déstructurée de sa conception de la famille. A fini par prendre position pour une évolution du mariage homosexuel. Attaché à la famille et à son évolution (mariage homosexuel)
Ordre / Autorité non Ordre « juste », tribunaux citoyens, autorité du chef non
Le chef vs le groupe Le groupe Le chef Le groupe

Même si mon tableau peut être sujet à caution (nulle doute qu’il sera contesté), on voit tout de même sans ambiguïté que DSK n’a pas grand-chose d’un « homme de droite ».
En fait cette étiquette lui vient très probablement de sa formation d’économiste, d’ex-ministre au Minefi et naturellement directeur du FMI : toutes ces « boîtes » sont étiquetées à droite dans l’imaginaire collectif et finalement, Marx le grand bourgeois théoricien de l’économie pourrait sans doute être taxé d’homme de droite lui aussi…

Sur le fond, le réformisme radical, le contrat négocié, l’attachement au groupe plus qu’à l’individu, l’importance du social dans la vision de l’économie et de la société font de Dominique Strauss-Kahn un homme qui appartient idéologiquement à la gauche, mais à une gauche en évolution, pas à une gauche crispée sur des outils du siècle dernier. Sur les points particuliers de l’ordre (élément principal pour Bourdieu) ou de la vision globale du général à l’individu (élément principal pour Deleuze), DSK apparaît là aussi comme un homme de gauche, largement plus en particulier que Ségolène Royal qui a fait de l’ordre juste son crédo.

Bourdieu : Royal est de droite Deleuze : etre de gauche

Après ce petit comparatif à partir de critères et non d’anathèmes, chacun pourra regarder les campagnes de communication des comités en gauchitude à leur juste valeur. Mais sur le fond, on ne juge pas un homme politique à l’étiquette qu’on lui colle, mais à son parcours, à ses connaissances et compétences avérées, à sa capacité démontrée à avoir amélioré le sort de chacun, à sa bonne volonté, à l’équipe qui l’entoure et enfin à la promesse d’avenir qu’il porte.

_______________________
sources :
Terre Politique
Médiapart
Nouvel Obs
Vidéo de Gilles Deleuze
Débat Moscovici/Mélenchon
Bourdieu

Lettre à mes camarades sociaux-démocrates et à nos sympathisants

Socdem

L’été va tant bien que mal marquer une pause dans le débat politique, et après la pause viendra le temps de la montée en puissance du grand marathon qui nous amènera en 2012.

Depuis ces dernières semaines, nombre d’initiatives voient le jour, individuelles autant que collectives, venant d’anonymes autant que d’élus du PS socdem (Christophe SIRUGUE, Maire de Chalon-sur-Saône, député de Saône-et-Loire, Benjamin GRIVEAUX, conseiller général de Saône-et-Loire, Céline PINA, conseillère régionale d’Ile-de-France, Françoise TENENBAUM, adjointe au Maire du Dijon, conseillère régionale de Bourgogne, Françoise VERJUX-PELLETIER, adjointe au maire de Chalon, conseillère générale de Saône-et-Loire, Jean-Renaud ROY, militant, fédération du parti socialiste de Paris, pour ne citer que les acteurs du dernier appel) ou n’ayant pas jusqu’ici affiché une étiquette particulièrement marquée social-démocrate (Jean-Pierre Mignard pour ne citer qu’un des plus étonnants).

Les initiatives fleurissent, les groupes de soutien essaient de se constituer, les blogs se réveillent et, nouveauté de cette future élection, les groupes estampillés DSK sur la coopol font florès (plus d’une douzaine avec le label DSK). Belle volonté, bel enthousiasme, espoir revigorant.

Je crois que le temps est donc venu de penser à coordonner tout cela pour nous rendre visible, lisible, attractif, tout en respectant l’esprit de la social-démocratie, et c’est là que ma lettre prend son sens. Le mouvement social-démocrate que nous avons commencé à réformer, rénover, refonder, est un mouvement qui est excellemment représenté par des hommes et des femmes de qualité, mais des hommes et des femmes de qualités qui s’identifient à nos idées et pas l’inverse. Et pour ce qui concerne la prochaine échéance, il est trop tôt pour l’heure de nous identifier ou de n’être identifiable qu’à travers un candidat qui n’est pas déclaré et qui n’a aucun intérêt à le faire avant l’année prochaine.
Par contre il est plus que temps de préparer le terrain pour ce candidat, de rendre vraiment identifiable le mouvement qui est le nôtre aux yeux des militants PS, des sympathisants et de tous les français en attente d’un renouveau politique, et de faire clairement comprendre quels sont nos idéaux :

  • l’humaniste et l’esprit des lumières comme morale et non la religion,
  • une société de citoyens solidaires et non un groupe d’individus en compétition perpétuelle,
  • la raison, la volonté et les compétences et non l’irrationalité et le spectacle,
  • l’égalité de tous et l’équité pour chacun et non le corporatisme ou la loi du plus fort,
  • la liberté économique encadrée par une régulation dans l’intérêt commun et non le renoncement néo-libéral ou le collectivisme d’État,
  • la liberté individuelle respectueuse de l’autre et de la loi et non l’État tout puissant, l’État policier, le gouvernement des juges, l’ordre moral ou militaire
  • la réforme radicale, progressive, continue de la société et non la révolution ou le renoncement

Il est plus que temps de faire clairement comprendre quels sont nos outils :

  • le dialogue et non l’injonction,
  • la négociation et non l’imposition du point de vue le plus fort,
  • le contrat et non le dictat ou la vérité révélée
  • la réflexion et le travail collectif et non le verbiage populiste
  • la pédagogie et non la violence de l’imposition des décisions

Au-delà des principes et des outils, il nous faut constituer un réseau socdem identifiable, ce qui me semble vouloir signifier :

  • afficher la présence de figures morales de la social-démocratie, c’est-à-dire des figures éloignées de la polémique et dont la vie au service de nos idées les honore et honore notre mouvement. Alain Bergounioux et Catherine Tasca me semblent parfaitement illustrer cet aspect, et je suis sûr qu’ils ne sont pas les seuls à le pouvoir. Que ces militants de tant de combats et de victoires soient nos juges de paix lorsqu’il nous faudra avoir du recul au milieu de la bataille, que ces grandes figures soient garantes de la grandeur de nos ambitions et de notre probité,
  • remobiliser les cadres actifs socdem, cheville ouvrière de la construction de notre mouvement : je ne peux que souhaiter que Jean-Christophe Cambadélis et Pierre Moscovici reprennent leur action interrompue et qu’ils soient rejoints par tant d’autres qui aujourd’hui montrent leur volonté de faire gagner nos idées : Collomb, Destot, Huchon, Patriat, Sabban, Trautmann, Touraine, Urvoas, et tant d’autres qui me pardonneront de ne pas pouvoir les citer tous.
  • et de façon plus pragmatique nous donner un outil fédérateur sur internet, un point administratif d’entrée, un visuel socdem, du matériel de campagne, …

La campagne pour les primaires aboutira à désigner un candidat. Le temps des sociaux-démocrates est arrivé mais ce candidat, quelles que soient ses qualités, quelles que soient ses capacités, quelles que soient ou aient été ses responsabilités nationales et internationales, ne nous affranchit pas de faire notre travail. Dans ce moment du calendrier, c’est à nous d’être à la hauteur de nos espoirs, c’est à nous d’être à la hauteur du candidat que nous exigeons d’avoir. Ne retombons pas dans les erreurs passées du PS : il n’existe pas de sauveur capable à lui seul de pallier nos déficiences. Par contre, si nous sommes capables de montrer qui nous sommes vraiment, de sublimer le travail de réflexion largement entrepris depuis 2006, de dissiper le brouillard de fantasmes répandus par nos adversaires au profit de la vérité nos idées, alors le chemin sera grand ouvert pour le candidat d’exception que nous aurons mérité et que nous appelons de nos vœux, alors l’appel sera tellement puissant que sa candidature sonnera comme une évidence, au bon moment.

alain-bergouniouxTascaDSKSabbanmoscoviciTourainecambadelistenenbaumdestotTrautmannurvoas

DSK, une bière et deux barjots

DSK Moscovici Melenchon

L’express vient de publier une interview-débat entre Pierre Moscovici et Jean-Luc Mélenchon, débat faisant suite à la diatribe de Mélenchon au sujet de Dominique Strauss-Kahn, envolée dont je m’étais fait l’écho il y a quelques temps.

Je trouve pour ma part l’échange excellent. Mélenchon est souvent excessif mais il sait débattre sur le fond et évite la mousse des idées faciles comme on peut le constater avec sa réplique sur le salaire de DSK. Il sait aussi acter des succès comme les batailles menées avec brio par DSK sous le gouvernement Jospin. Nous sommes loin des réactions de certains militants qui sautent sur n’importe quel argument du moment que cela a une chance, même illusoire, de ternir l’adversaire.

Sur le fond, j’en reste à une de mes anciennes idées : l’alliage entre social-démocratie et gauche « radicale » est très complexe à réaliser, mais il est possible et si nous le réussissons alors nous serons invincibles. Je me suis retrouvé quelques fois à ferrailler avec eux contre nos adversaires pour nos valeurs (j’ai en particulier le souvenir de l’histoire de la Shoah au CM2 que Nicolas Sarkozy voulait imposer suite à je ne sais quelle évaporation de tout jugement moral) et à chaque fois je me suis retrouvé avec des militants en qui je pouvais avoir confiance dans la bataille.

Camarades de la gauche radicale vous m’exaspérez sans doute autant que nous vous exaspérons mais nos valeurs profondes sont les mêmes et c’est ensemble que nous pourrons les défendre et progresser. Alors continuons sans doute de nous engueuler autour d’un verre, mais allons ensemble au combat.

Vive les barjots !

DSK au FMImelenchon
Ah mon Méluche adoré, en réponse à ta diatribe, j’aimerais écrire ici deux ou trois éléments histoire de voir si ce serait si “barjot” que cela de nommer DSK candidat en 2012 :

  1. Le FMI sous la direction de DSK, après avoir augmenté les ressources prêtables de 260 à 850 milliards de dollars (pas mal pour serrer le kiki de l’économie mondiale… ) a dégagé 17 milliards de dollars en faveur… des pays pauvres, notamment africains.
  2. Lorsqu’’il prête à la Grèce à un taux de 3,5%, les marchés le font à 18 % et la France de Nicolas Sarkozy associée à l’Allemagne d’Angéla Merkel le font à 5%.
  3. Faut-il vraiment être cinglé pour avoir apuré la dette d’un des pays les plus pauvres au monde (Le Libéria) ou osé faire des prêts à 0% à ces pays que la finance écrase d’habitude de son mépris.
  4. Et qui est ce malade qui a souhaité donner plus de droits au sein du FMI à ces “pays de peu” qui semblent t’être si chers dans tes discours Jean-Luc?
  5. Était-ce l’œuvre d’un barjot lorsque Dominique Strauss-Kahn , en pleine crise financière, se lançait dans une charge vigoureuse contre le retour des gros bonus chez les financiers et dénonçait l’approche immorale et la cupidité de quelques dirigeants de la finance internationale ?
  6. Sans doute fallait-il être barjot pour dénoncer les personnes qui, je cite, “vampirisent littéralement des ressources financières qui seraient infiniment mieux utilisées pour alimenter l’économie qu’ils ont mise en vrac” et de dénoncer ces gens en utilisant les mots d’imprévoyance, d’aveuglement, de cupidité et de cynisme ?
  7. Et qu’avait-il bien pu fumer lorsqu’il a annoncé vouloir créer un “Fonds vert” capable de mobiliser pas moins de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 afin que les pays en développement puissent investir dans des technologies économes en gaz à effet de serre.

Alors oui, tu as raison mon ex-camarade, il faut vraiment être barjot pour faire tout cela, comme il faut être barjot pour vouloir changer le monde dans le but d’atteindre un idéal de liberté, d’égalité, de fraternité, dans le but de vouloir émanciper les individus, les éclairer, dans le but de changer la société pour que chacun ait droit au bonheur.

Dommage que tu sembles y avoir renoncé en quittant le PS, en tout cas, moi c’est bien pour cela que je milite !

DSK : comment mettre le dogme à la retraite ?

DSK et le dogme de la retraite

La petite phrase de Dominique Strauss-Kahn qui invitait à élargir quelque peu la vision que nous pouvions avoir de la retraite en général et de l’âge légal de départ en particulier à fait largement parler ces derniers jours.

Cette effervescence me paraît très symbolique pour bien des raisons.

Tout d’abord parce que cet “acquis social” est une des grandes décisions qui ont marqué le Mitterrandisme ; intéressant donc de voir dans quelle mesure, à l’heure où le PS cherche à se renouveler, jusqu’où il est possible de titiller les symboles…

Intéressant ensuite de chercher à savoir si après une période d’extrême agitation destructrice, après avoir semble-t-il réussi à consolider le navire socialiste, il est désormais possible d’ouvrir un débat potentiellement clivant sans ressortir la machine à dézinguer. Force est de constater que pour l’heure, à part Benoît Hamon qui nous a gratifié d’un commentaire fort peu policé, la question laissée ouverte par DSK n’a pas généré un tsunami. Les commentaires plus ou moins désobligeants sont nombreux, mais ils sont plus de l’ordre du fantasme pavlovien sur la personne de Dominique que du fond politique. Rien de neuf sous le soleil sur ce point.

Mais au-delà du symbole et de la rhétorique, à quoi la remise en cause du dogme nous renvoie-t-elle ? A la démographie certes, mais pas seulement, et d’une certaine façon, pas essentiellement.
Qu’est-ce que la retraite ? Une réponse possible est “c’est le troisième âge de notre société structurée par rapport au travail”. Mais c’est un peu court.
Est-ce un âge où l’on a le droit de toucher sa rente ? Est-ce un âge où l’on a gagné la reconnaissance de la société et le droit (ainsi que l’obligation) de ne plus travailler ? Est-ce un âge où l’on ne peut plus physiquement ou psychiquement travailler ? Est-ce juste un âge où l’on a acquis un droit “quoi qu’il arrive” ? Est-ce juste un âge administratif ?
Réduire le problème des retraites et de leur financement à la question de l’âge légal de départ revient à répondre “ce n’est qu’un âge administratif” qui fixe la source des revenus lorsque vous ne travaillez plus (RSA, Assedic, maladie, invalidité, … ou régimes de retraite). Pas de quoi s’exciter parce que fondamentalement cela ne règle en rien le problème de déficit (que cela vienne des caisses de retraite ou d’ailleurs, le problème n’est en rien réglé, au mieux diminué en fonction de l’efficience des différents systèmes)

Aujourd’hui, les retraites sont payées par les cotisations salariales et le déficit. Tôt ou tard, le déficit accumulé finira par ruiner des gens, même si personne n’ose dire qui. Discuter de l’âge légal ne règle en rien le problème, tout au plus déplacera-t-on le déficit de retraite sur le déficit chômage ou d’un autre secteur social. Mais la question reste : qui ruinera-t-on ?
Le PS peut donc considérer toute modification de l’âge administratif de la retraite comme un cassus belli, cela ne changera rien au fond. Par contre, nous devons collectivement comprendre pourquoi nous voulons faire ce choix, et quelque part je ne crois pas que ce soit pour plaire aux Français qui ne sont pas idiots : certes nous voudrions tous partir en retraite jeune et sans soucis de fin de mois, mais nous savons tous que ce n’est pas très réaliste et responsable.
Inversement, la droite peut bien décider de passer cet âge à 70 ans (qu’ils osent pour voir !), cela ne changera pas grand chose au déficit des retraites et rien au déficit global des comptes de la France.

Allez tiens, pour conclure je vous suggère la remise en cause suivante du dogme : supprimons cet âge légal et donnons la possibilité à chacun de calculer quelle retraite il aurait s’il partait le mois prochain pour partir s’il le souhaite ; que chacun puisse devenir responsable de ses choix. Au passage, élargissons les cotisations au-delà des seuls revenus salariaux car je suspecte qu’un des vrais problèmes profonds vienne du fait que notre modèle n’est structurellement plus viable à cause de la démographie certes, mais également de la structure économique de notre société (part salariale de la richesse trop faible).

DSK à “A vous de juger” : revue de presse

DSK / Chabot :

Sentiment général :

  • “Sondage Sud-Ouest Dimanche : les Français ont trouvé DSK “convaincant” jeudi soir ” : Journal Sud Ouest.
  • “A vous de juger réalise son meilleur score depuis plus d’un an” : toutelatele.com
  • Sur les retraites :

  • “Le PS, les retraites et la différence DSK” : France Info
  • “Gérard Collomb persiste et signe” : LyonMag.com
  • “DSK-Aubry : première discorde
    Analyse : En prenant le contre-pied de la numéro 1 du PS sur le dossier des retraites, le directeur du FMI tente de se poser en réformateur responsable.” : Libération
  • “Strauss-Kahn joue sa partition face à Aubry” : Le Figaro
  • Le PS défend la retraite à 60 ans, “Strauss-Kahn ou pas” : LePoint.fr
  • “Retraites: DSK se démarque du PS et creuse son sillon pour 2012″ : AFP
  • Sur 2012 :

  • “DSK, ou l’art de se faire désirer, par Franck Nouchi” : lemonde.fr
  • “Dominique Strauss-Kahn veut qu’on le “laisse travailler” ” : Metro
  • Crise Grecque :

  • [REVUE DE PRESSE] La crise de l’euro et DSK : Nouvel Obs
  • En synthèse, l’émission a eu son petit succès mais la presse a retenu plus la singularité affichée de DSK vis à vis du problème des retraites ainsi que la sempiternelle question des présidentielles, que les propos de DSK sur la crise.

    Sur le problème des retraites, je me permettrai de citer deux passage de mon texte “Refondations : PS, Socialisme et Social-Démocratie – Les Défis” :

    “Le défi générationel est à la fois celui qui nous préoccupe le plus facilement à travers la problématique des retraites et celui que nous avons le plus de mal à appréhender.

    Quel est au fond le problème : notre société a été, pour sa plus grande partie, définie structurellement après-guerre, et même si la société de cette époque n’a plus grand-chose à voir avec celle d’aujourd’hui, des choix ont été faits et s’appliquent toujours alors que les fondamentaux structurant la société ont changé.”
    (…)
    “Le «cylindre démographique » de 2010 est psychologiquement et financièrement déséquilibré au regard du modèle de 1945 : c’est le découpage même de la société en trois groupe définis par rapport à la production de richesse (le travail) qui est à remettre en cause !

    Nous sommes donc en face d’un formidable défi générationnel : comment remettre les responsabilités et les circuits économiques dans le bon sens, comment redéfinir les rôles ? ”