La question écologique

Contribution au manifeste social-démocrate écrite en collaboration avec le forum des 3socs.

On nous le dit, on nous le répète, pour bien vivre il faut être écolo, bio, développement durable, HQE, anti-OGM et tout un tas de choses qui bien qu’imprécises, tournent autour d’une prise de conscience récente : les sociétés humaines sont arrivées à un niveau où leur impact peut profondément modifier l’état naturel des choses…

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Vigilence citoyenne

La semaine dernière, j’ai relayé une alerte enlèvement du ministère de la juste. Ce dispositif à l’origine destiné aux média a, par deux fois récemment, montré toute son efficacité. Dans une société où les liens ont tant de facilité à se distendre, où chacun est plus tenté par augmenter le son de la télé plutôt que de tendre l’oreille aux appels au secours, le mécanisme de l’alerte enlèvement vient à point nommé pour réveiller et nos consciences, et notre sens du devoir de protection envers les plus faibles, ici les enfants.

Oui, une action de vigilence collective désintéressée peut éviter des drames individuels profonds. Oui parce que nous appartenons à une même société, nous avons le devoir de veiller les uns sur les autres, et nous pouvons le faire avec succès.

Cet acte simple et citoyen pourrait être facilement reproduit à l’identique par tous les internautes, mais il pourrait aussi être amélioré. J’ai envoyé un mail au webmestre du ministère de la justice pour lui suggérer d’améliorer simplement le dispositif de la façon suivante :

– chaque internaute qui le désire, pourrait insérer dans des pages de son site un code html du genre (je n’ai pas pu mettre le vrai code html à cause de wordpress) :

Alerte Enlèvement

– par défaut, lorsqu’il n’y a pas d’alerte, l’adresse web pointerait sur une image d’un pixel (transparent si c’est du gif) ; rien n’apparaîtrait sur les pages choisies.

– lors d’une alerte, le webmeste du site du ministère de la justice remplacerait l’image d’un pixel par un bandeau alerte enlèvement (300 x 150 pixels par exemple) qui apparaîtrait donc immédiatement sur tous les sites web des internautes participant à l’action de vigilence. La diffusion serait massive et immédiate.
Une telle action serait simple à mettre en place et la réactivité serait maximale (j’avais personnellement relayé la dernière alerte avec 10h de retard et j’aurais pu passer à côté).

Qu’est-ce qu’un enfant ? Part II : l’enfant, la société et l’Etat

Familles recomposées, monoparentales, homoparentales, allongement de la vie et retard des premières naissances, hausse du niveau de vie, tout bouleverse les repères familiaux et intergénérationnels. Il me semblait qu’il y avait tant à dire sur le sujet. Et, puis, alors que
je réfléchissais à mon post, est arrivée l’épisode de l’expulsion des enfants scolarisés dont les parents sont irrégulièrement en France.
Et moi qui partait de l’idée de l’importance fondamentale de l’enfant pour la société et l’état (espoir, soutien futur et futur citoyen…), je me retrouvais devant une situation où, au nom de l’état, on sacrifiait l’avenir de ces enfants, où on jetait en pertes et profits tous les espoirs qu’ils représentaient.
Cette affaire montre clairement que la primauté n’a pas été mise sur la protection de l’enfance, mais sur le respect de la loi vis à vis de leur parents. Comme démocrate, je veux bien écouter tous les points de vue, mais je dois avouer que celui-ci me choque, et en regardant mes filles, je me demande dans quels cas leur avenir pourrait être sacrifié au nom d’un objectif supérieur.

Bien sûr, cet ordre de priorité n’est pas partagé par tous, mais comment peut-on en arriver là ? Pour la société, l’enfant n’est-il qu’une charge qui se décline en maternités, sécurité sociale, écoles ? Une contrainte économique en somme.
Pourtant, du point de vue de la société, je pense plutôt y voir le ciment d’un couple, la raison de se battre contre les vents contraires, l’espoir d’améliorer la nation en formant un meilleur citoyen.
Dans le cas des enfants expulsés, l’état aurait pu y voir, pour les parents immigrants, une raison se s’intégrer, de se fondre dans la “normalité française”, un moyen et un levier puissant d’intégration, et même, une façon de faire de l’immigration choisie (concept que je goûte peu par ailleurs) : former sur place ceux dont on va inévitablement avoir besoin pour règler le problème de la courbe démographique des actifs.

A vrai dire, je m’interroge sur les priorités de notre société, si jamais elle en a encore. Je ne suis pas un moraliste, mais quand même, au delà de l’agitation médiatique, je n’aime guère une société qui ne cherche pas à protéger des enfants.

Journée de Solidarité avec les Enfants Expulsés

Début juillet, Dominique Strauss-Kahn et le réseau RESF lançaient l’appel suivant :

Cher(e)s ami(e)s,

Nous ne pouvons accepter que des enfants, aujourd’hui scolarisés chez nous, soient dans quelques jours, au petit matin, emportés, transportés, déplacés.

Je sais que beaucoup d’entre vous êtes en vacances, mais cette cause est essentielle. Je compte sur vous pour ces quelques heures de solidarité au cour de l’été.

Depuis plus de 10 jours que cet appel a été lancé, j’ai pu lire dans divers blogs un tas d’âneries et de mesquineries, qui hélas ne diffèrent guère du fond de commerce habituel : immigration massive cachée, hordes de familles polygames avec 15 mômes, racisme ordinaire mais aussi récupération médiatique et autres basses attaques venant hélas aussi de la gauche.

Moi qui ait l’esprit simple, sinon simplet, je n’y vois qu’une chose : des enfants a qui toute société se doit de faire ce qu’il faut pour leur donner un avenir. Alors peu importe que ces vilains petits canards soient majoritairement bronzés ou bridés, peut importe que leurs parents aient passé la frontière sans papier ou sous une bâche, peut importe d’ailleurs qui sont leurs parents.
Cet appel est un appel entre ces gosses et nous, nation orgueilleuse et cultivée qui prétend éclairer le monde. Si nous ne sommes pas capables de recueillir et de donner une éducation à des enfants, quels qu’ils soient, alors nous ne vallons rien parce que c’est la honte que nous verrons dans les yeux de nos propres enfants.

Il y a un peu plus d’un an j’étais un citoyen râleur comme les autres, mais un citoyen qui attendait sa deuxième fille. Et j’ai alors décidé d’essayer de faire un peu plus que de râler comme les autres, parce que je ne voulais pas laisser à mes filles ce pays dans l’état où il est actuellement. Il y a sans doute mille façons de soutenir cette action, en y participant physiquement, en en parlant sur internet ou autour de vous ou de la façon qu’il vous plaira, aujourd’hui, demain certes, mais tous les jours d’après également.

Que chacun fasse ce qu’il peut, comme il le sent, mais faites quelque chose. C’est une histoire entre vous et ces enfants, à vous de voir.

Qu’est-ce qu’un enfant ? Part I : biologie vs société

Comme je l’évoquais dans mon post précédent, regarder en face évoluer notre société permet de réfléchir sur des choses qui nous paraissent évidentes depuis longtemps, mais qui sont en fait loin de l’être, ou qui ne le sont plus.
J’ai déjà donné mon sentiment sur l’enfant comme élément de définition du mariage du point de vue de la société et du risque qu’il y a à conclure trop rapidement sur ce point, mais au delà du mariage, qu’est-ce qu’un enfant pour la société et quels sont ses liens avec ceux qui l’entourent ?

Au temps où les choses étaient simples, il y avait un père et une mère ayant donné naissance à cet enfant, lui assurant sa subsistance, son éducation et lui transmettant équitablement biens matériels et culturels.
On remarquera assez rapidement que cette époque où les choses étaient simples, n’a en fait pas duré très longtemps dans notre histoire (pour peu qu’elle ait vraiment existé) ; soit que les biens n’aient que rarement été transmis équitablement entre les sexes (le patrimoine pour ne pas sortir de la famille allait souvent aux garçons de façon privilégiée) ou au sein de la fratrie (l’aîné était l’héritier pour ne pas diluer le patrimoine), soit que les responsabilités aient été inéquitablement assumées entre les deux géniteurs (le père ou la mère en fonction de l’âge de l’enfant).
Et lorsque l’on s’éloigne un peu de notre époque ou de nos campagnes, les sociétés humaines nous ont gratifiées d’autres originalités comme la prédominance de la descendance des sœurs, la prééminence de l’adoption sur la descendance naturelle, l’acceptation de l’infanticide, …

Au regard du passé et d’un présent changeant, il apparaît souhaitable de faire un peu de tri :
– biologie : la transmission de gènes définit-elle l’enfant pour notre société et ceci peut-il ou doit-il être étendu ?
– sociologie : c’est le point le plus débattu actuellement avec la discussion sur les familles monoparentales, homoparentales, recomposées et maintenant la discussion sur l’arrivée de droits des grand-parents. On touche ici plus particulièrement aux éléments de subsistance, d’éducation et d’héritage mais sur un mode très affectif.
– mystique : même si notre société est devenue très terre à terre et “scientifique”, nous n’avons pas totalement évacué les aspects mystiques et des considérations d’âme ou a minima de “souffle de vie”. Doit-on s’y risquer ou faire l’impasse ?

La société doit-elle reconnaître les liens biologiques ?

La question est loin d’être triviale et une réponse simple qui chercherait à l’évacuer trop rapidement me semble vouée à l’échec, tant du point de vue de l’appréciation individuelle que de la capacité à survivre en cas de désastre.
Dans l’immense majorité des cas, donner la vie est un choix et, même si ne nous en sommes pas pleinement conscient, ce choix et motivé par notre destin biologique qui est de transmettre nos gènes, comme tout être de la biosphère.
Tout homme peut avoir deux certitudes dans sa vie, et l’une d’elle est qu’il est a priori fait pour transmettre la vie. Evidemment, une fois les gènes transmis, on peut se dire que l’enfant a sur ce point une destinée autonome. Ce n’est sans doute pas le cas, car la force qui a conduit
à diffuser ses gènes, conduira également à préserver ceux qui lui sont les plus proches, et en priorité ceux de sa descendance (d’où le certain bon sens ce certaines sociétés africaines qui privilégient la descendance de la soeur plutôt que celle de l’homme qui est alors certain de préserver statistiquement 25% de ses propres gènes, alors que pour les enfants de sa femme, il n’a pas de certitude). La génétique a donc des consèquences sur la socialisation.

Ce lien biologique doit-il alors est transcrit dans la loi ? Je pense que oui, mais ma réponse est ouverte à contestation car elle aurait plusieurs conséquences peu en phase avec notre société :
– cela signifierait qu’un enfant biologique a “plus de poids” qu’un enfant adopté (et donc la prééminence de la biologie sur le choix)
– cela signifierait que l’anonymat de l’accouchement sous X ne peut être préservé, ni qu’un père ne peut être rendu ignorant de sa descendance ou de sa non-descendance (l’adultère redeviendrait légalement répréhensible s’il est entaché de mensonge !)
– cela pourrait signifier qu’une mère porteuse ne peut être exclue de tous droits et devoirs envers l’enfant (même si l’échange génétique est a priori exclus, quel est l’importance biologique des échanges avec l’enfant ?)
– cela pose également le problème de la filiation du clonage ou pourquoi pas, celui d’une contribution génétique multiple (36 personnes donnant un chromosome). Ces derniers cas sont des cas de science fiction, mais la réflexion qui y est liée me semble très instructive et révélatrice (de plus, interdire n’est pas empêcher alors cela viendra un jour).

Quel intérêt la sociétés peut-elle avoir à reconnaître et/ou favoriser le lien biologique ?
Principalement celui de permettre à chacun de connaître sa descendance et son ascendance et donc à contribuer à donner une identité aux citoyens en regard de l’histoire de la société.
Un citoyen qui sait qui il est a de meilleures chances de se définir vis à vis de la société. Sans histoire familiale, un citoyen est un immigré intemporel au milieu des siens.
On ne peut pas ignorer l’importance que prennent la généalogie ou la quête d’identité des enfants abandonnés et passer ce lien en pertes et profit. Savoir qui on est et d’où l’on vient construit l’individu ; l’échange entre géniteurs et enfants doit être légalement préservé de façon particulière.

Enfin, en cas de catastrophe sociale, c’est la pression génétique qui recompose les cellules humaines et même si personne ne souhaite se retrouver dans une situation où la société n’existe plus, il me paraît important de conserver ce point lié à l’instinct de survie (je ne peux m’empêcher de penser au film “le choix de Sophie” en écrivant ces lignes).

Le mariage pris aux mots

Signe des temps, après la fête de la musique et celle du cinéma, notre société s’est créée un rendez-vous annuel de plus : une journée identitaire homosexuelle, ou plus précisément pour une certaine variété sexuelle.

Peut-être cette journée serait-elle restée anecdotique si elle n’impliquait pas une évolution des lois, ou plus exactement, une évolution des repères de la société. Et du coup, tout homme ou femme politique s’est senti le devoir d’affirmer sa position, soit ancrée de longue date, soit mue par le besoin d’afficher un visage ouvert à un électorat non négligeable, quitte à faire quelques cabrioles avec la cohérence de ses idées.

Mais au-delà du yaourt politique, quel est le fond de cette évolution ?

D’abord, je crois que l’orientation sexuelle a gagné son droit à l’indifférence, ou est en voie de la gagner. Non pas que les discriminations ou vexations aient disparues, mais simplement qu’elles tendent à être du même (bas) niveau que celui du rejet “ordinaire”, racial, religieux ou ethnique. Stupidité primaire de ceux qui ne supportent pas leurs voisins et trouvent le
premier argument débile pour exprimer leurs frustrations. Passons.

Ce qui est recherché aujourd’hui, c’est une nouvelle reconnaissance sociale du foyer, quel qu’il soit. Et c’est là que les choses deviennent plus compliquées, et intéressantes.

Le PACS avait pour objectif de redéfinir administrativement ce que l’état reconnaissait comme foyer ; la demande est aujourd’hui la reconnaissance sociale de ce même foyer : son fondement, sa symbolique et ses implications.

  • Le fondement, tel qu’il apparaît revendiqué par la communauté homosexuelle et au-delà, est l’amour entre deux être, sans considération du sexe. Il faut être deux, s’aimer de façon stable et vivre ensemble pour être accepté comme uni. Il faut remarquer au passage que loin d’être progressiste, c’est une conception conservatrice, très romantique XIXème siècle et que le débat évite soigneusement la question de la polygamie ou la polyandrie qui ne sont pourtant pas que des sujets de vaudeville et dont la reconnaissance bouleverserait la société bien au-delà du fait homosexuel…
  • La symbolique est celle de la cérémonie de mariage. Une candidate à la présidentielle s’est étonnée que ce symbole “bourgeois” soit revendiqué comme un signe de progrès social : pourquoi ne pas s’en tenir au PACS ?
    Simple preuve de son incompréhension de la société dans laquelle nous vivons. Le
    PACS, avec son côté exclusivement contractuel et administratif, se rapproche encore plus de l’union bourgeoise (faite pour préserver le capital familial) que le mariage avec son romantisme, sa symbolique amoureuse, sa symbolique républicaine avec la déclaration solennelle du maire en salle des mariages, et ses codes du bonheur (la robe, le bouquet, la fête, etc…).
    Même si tous ces symboles ne peuvent être systématiquement repris pour les unions LGBT, ils sont présents dans les esprits. Aspirer à cela n’a donc rien d’étonnant !

Si l’on s’en tenait là, les choses pourraient être réglées assez facilement. Mais voilà, en commençant mon post, j’ai parlé de foyer, en passant à la symbolique, j’ai écrit mariage. Et si le mariage paraît quelque chose de simple à définir, on s’aperçoit assez vite en confrontant les points de vue, qu’il recouvre des éléments totalement différents selon les personnes : union, patrimoine, sexualité, patronyme, symbole, religion, citoyenneté, loi, enfant, … Et l’élément le plus déterminant est probablement l’enfant car c’est celui qui a le plus d’implications sociales.

L’argument utilisé pour décorréler mariage et enfant est qu’une bonne proportion d’enfants naissent hors mariage ; à partir de là, il en découlerait que l’enfant n’est plus un élément discriminant et que l’on peut utiliser ce mot mariage comme terme générique fondateur du nouveau foyer. Or, même si je n’ai aucune difficulté à donner un droit et une reconnaissance symbolique sociale aux unions LGBT, je refuse que l’on m’ôte ce symbole à moi et à tous ceux pour qui l’enfant est un des piliers de leur union (ce qui au passage n’exclus pas les mariages lesbiens, la dissymétrie est complexe en la matière).

Pour se sortir de cette situation, je crois que retenir les termes d’union civile ou républicaine pour la reconnaissance sociale des unions, quelles qu’elles soient, est un bon compromis, et que le statut des couples “féconds” soit reconnu à travers le mariage comme un élément supplémentaire, souhaité et favorisé par la république car indispensable à la nation. Là serait sans doute l’évolution profonde et sereine.

Finalement, ce problème de société en cache bien deux, biologiquement corrélés : l’union et l’enfant. La société peut évoluer sans problème sur le premier, mais doit protéger le statut du second, aussi bien sur la loi qu’au niveau de la symbolique sociale.