Féminisme à contre-emploi

J’ai reçu il y a quelques jours la contribution « égales ». Cette contribution thématique traite de la condition féminine en général, mais aussi au sein du parti socialiste lui-même.

En parcourant ce texte, je retrouve une bonne partie des constats que j’avais pu faire depuis mon adhésion il y a deux ans, en particulier l’écart entre les intentions affichées d’une parité de responsabilité et de représentativité, et la trop lente évolution au niveau des élus, malgré les derniers succès électoraux.

Bien qu’à mes yeux un peu partiel et daté, les constats me semblent justes et je me disais que j’allais signer cette contribution jusqu’à ce que je lise cette phrase, utilisée d’ailleurs de façon récurrente : « Faut- il encore le rappeler, une femme meurt tous les 3 jours des coups portés par son compagnon. ».

Or, pour aussi vraie que soit la statistique sous-jacente à cette phrase (référence ?), son utilisation sous cette forme est totalement inacceptable. Pourquoi ?

D’abord, la statistique est exploitée par une forme de com’ destinée à frapper les esprits, à jouer sur l’émotion : on prend une donnée chiffrée et on la divise par une dimension qui n’a pas grand chose à voir avec l’élément mesuré, ici le nombre de jours par an. Pour comprendre la nature très artificielle de ce ratio, il suffit de ce demander ce que signifierait ce même nombre de décès divisé par le nombre de mariages ou la consommation annuelle de barriques de bière. Cela donnerait un résultat « marquant » pour les esprits mais créant un lien douteux de causalité.

Ici, ce ratio « colore » de façon détestable la statistique. En l’occurrence, il désigne implicitement les hommes comme meurtriers potentiels, à grande échelle. Ce lien insensé a été explicitement exprimé par la candidate du PS lors de la dernière présidentielle lorsqu’elle avait repris et transformé cette statistique en « dans un pays comme la France, une femme sur trois meurt assassinée sous les coups de son conjoint ».

Et pour en finir avec l’illustration de la dérive induite par une telle phrase, que penser de cette autre statistique, elle aussi tout aussi vraie « tous les cinq jours, une mère commet un infanticide » (je suis preneur de l’adresse du rapport de l’INSERM)?

De tels procédés alimentent la défiance et créent une culpabilité hors de propos, ils vont à l’encontre même du résultat cherché. Ils passent par ailleurs sous silence les situations qui n’entrent pas dans l’objectif, comme par exemple les violences au sein de couples homosexuels ou les violences de femmes sur des hommes. La relative rareté de ces cas n’autorise personne à les passer sous silence.

Il n’en reste pas moins que les violences conjugales sont un douloureux échec de notre société, pas seulement la faute impardonnable d’un conjoint sur l’autre. Impardonnable parce que nous n’avons pas réussi à protéger la victime, ni avant où l’on ne sait pas traiter le risque, ni pendant où la société ferme trop facilement les yeux au nom de la liberté de chacun, ni après où la justice et la police offrent une protection dérisoire aux victimes. Oui la situation est plus qu’inacceptable, mais la réduire à un problème de sexisme est une erreur d’analyse, voire une faute qui permet à cette situation de perdurer. Si la victime est clairement identifiable (et encore se sent-elle souvent elle-aussi « coupable »), la responsabilité est bel et bien systémique et inclut famille (passée, présente et future puisqu’il y a souvent reproduction du malheur), voisinage direct, et société dont les lois et les services publics sont mal adaptés à la résolution de ce problème. Désigner un coupable (l’homme) et mal protéger la victime est facile, mais moralement insupportable.

Enfin, pour en revenir à ce texte, malgré ses constats justes, il ne permet pas d’avancer sur le problème spécifique du PS. Héritier d’un sexisme historique (les icônes de la République ne sont-ils pas de « solides gaillards » ?), il semble en être à un état de dialogue de sourds polis entre « chiennes de garde et machos », dialogue figé sur la vision dépassée d’une société qui a pourtant évolué (en grande partie dans le bon sens pour ce qui est de l’égalité homme / femme) et qui pose de nouveaux défis liés à de nouvelles situations. La violence naguère socialement attribuée à l’homme « prédateur », s’est diffusée à toute la société comme en témoignent les cas de jeunes filles condamnées pour violence en bandes et parfois actes de barbaries.

Le combat pour une société qui traite en égaux tous les citoyens, est un combat nécessaire, juste, mais le combat de tous, basé sur un contrat de société clairement redéfini, mis en œuvre par une réforme progressive et permanente qui n’exclut personne, qui ne condamne a priori personne, qui protège tout le monde.

Quant aux problèmes de parité du PS, soit on attend quelques siècles que la parité s’établisse au fil du renouvellement politique, soit on se décide à « sacrifier » l’ordre établi en désignant par tirage aléatoire les futurs candidats aux futures élections de listes (européennes, régionales) et en demandant aux plus anciens élus de ne pas se représenter. Une telle décision est simple mais elle pose la question de la confrontation des principes et de l’efficacité, de l’égalité de tous contre l’équité de ceux qui ont consacré leur vie à être où ils sont.

Quel que soit le choix, il devra être le résultat d’une démarche collective, d’un contrat où chacun puisse se retrouver.

Le lac a commencé à prendre feu

Juin 2008. La rupture énergétique, que j’ai à de nombreuses reprises évoquées, est clairement arrivée dans sa première phase pathologique avec les symptômes évidents que sont les manifestations maintenant régulières des professionnels dont les coûts d’activité incluent une part pétrolière importante : pêcheur, routiers, taxis, agriculteurs.

Aurions-nous pu éviter cette première crise ? Je le crois, mais il aurait fallu pour cela réagir il y a deux ans lors que le seuil des 75 dollar le baril a été crevé. Il est vrai qu’à l’époque, beaucoup préféraient n’y voir qu’une poussée passagère de fièvre et que l’horizon des 100 dollars n’apparaissait que comme une lointaine possibilité. Par ailleurs, il est possible qu’une erreur d’analyse ait été faite par pas mal de décideurs en raisonnant sur les problèmes de production du pétrole (et du Peak Oil) au lieu de raisonner sur la fin du marché de l’essence consommée. Or aujourd’hui, on constate bel et bien une décorrelation entre le prix du baril payé en dollar et le prix payé à la pompe : en 2000, un baril à 60$ pour un dollar à 1,20€ donnait un litre d’essence à 0,82€, aujourd’hui un baril à 130$ pour un dollar à 0,64€ devrait donner un litre à 0,80€ au lieu des 1,40€ payés. On peut invoquer la spéculation, l’augmentation des bénéfices en prévision de restructuration du secteur pétrolier, mais on peut surtout suspecter une mutation structurelle du marché qui crée une décorrelation entre la matière brute achetée et le produit vendu. Le problème ne se situe pas au niveau du produit, mais bel et bien au niveau du marché de l’énergie lui-même. Erreur, imprévoyance hier, catastrophe aujourd’hui.

Peut-on s’en sortir ? Oui, tout comme il y a deux ans, mais dans l’urgence et la douleur et avec encore moins de droit à l’erreur. Car si à ce jour, aucune solution technique ne peut remplacer le pétrole, il en existe de multiples qui peuvent arriver à réaliser au moins trois objectifs :

  • contenir l’impact de l’augmentation du prix à la pompe
  • nous donner du temps pour mettre au point la technologie qui résoudra nos problèmes
  • mobiliser et redonner une perspective d’avenir positive

Il y a d’abord ce qui marche tout de suite. Le plus simple est tout simplement de compléter le litre d’essence par autre chose. Les bus à aquazole ont été testés, la solution fonctionne même si elle n’offre pas une avancée définitive (on utilise un carburant à 85% de gasoil, et 15% d’eau et de stabilisant, avec une augmentation de consommation de l’ordre de 10%). Dans la même veine des mélanges carburant/eau d’autres système plus « exotiques » comme le sytème pantone semblent eux aussi capables de diminuer la part de pétrole consommée mais ici pour des moteurs plus rustiques.

Viennent ensuite les biocarburants avec une sérieuse restriction : ils sont autant une menace qu’une solution puisqu’ils entrent en concurrence directe avec l’alimentation. Cependant, il semble raisonable d’estimer qu’une part de 5% à 10% de biocarburant dans notre essence réussirait à concilier nos besoins alimentaires et notre contrainte sur le pétrole. Pour arriver à cela, il aurait cependant fallu que nous puissions récolter suffisamment de colza cette année. Imprévoyance toujours.

Plus marginal dans le domaine des transports, il existe un véhicule électrique déjà totalement satifsfaisant aujourd’hui: le deux roues, qu’il soit vélo ou scooter. Pourquoi hésiter ?

On le voit, à court terme, il est possible de diminuer de 5 à 10% nos besoins. Pas suffisant pour tout résoudre, assez, bien assez pour gagner du temps.

En dehors des transports, le remplacement de tous les chauffages au fuel serait simplissime à effectuer, la technologie est prête, rentable et performante : ce sont les pompes à chaleur. Plutôt que de financer une prime à la cuve qui ne fait que prolonger l’agonie (et les bénéfices des pétroliers), finançons totalement le remplacement de ces chauffages !

Deuxième étape, les nouveaux moteurs avec en tête les moteurs hybrides gasoil / électricité. Ils sont annoncés pour 2010. Cette fois, c’est 50% de la consommation des véhicules qui serait la cible. Un pas de géant. Autre espoir, le moteur pneumatique, sans doute réservé dans un premier temps aux véhicules ne nécessitant pas une grande puissance.

Enfin, dernière étape, la fin définive du pétrole. Et bien pas forcément. Si les 2 étapes précédentes étaient franchies, le marché se stabiliserait probablement à un niveau assez bas, permettant de conserver le pétrole là où il est le plus performant, avec une technologie encore meilleure.

Nous avons les solutions, mais notre imprévoyance ne nous laisse pas le temps de nous tromper encore et encore. La rupture énergétique peut être une menace, mais paradoxalement, une extraordinaire chance également. Il suffit d’être volontaire, réfléchi et audacieux.

Actu : d’une annulation de procès à une pétition pour une motion

Beaucoup de bruit cette semaine qui a démarré sur les milles et une manières d’être ou ne pas être libéral et fini sur un jugement décalé.

Je ne reviendrai pas sur le libéralisme dont le débat a nourri plus le buzz (mais n’était-ce pas le but) que fait avancer la réflexion et surtout la refondation des idées et de la société.

Le jugement en annulation d’un mariage pour cause de “mensonge sur la qualité essentielle” d’un des deux époux est lui plus significatif, culturellement et légalement.

Culturellement parce qu’une fois encore, l’aspect religieux (ici musulman) a fait rapidement monter la mousse. Oui on “découvre” qu’une partie de notre société est décalée par rapport à la vision avouée que nous en avons. Mais sur le fond, que des citoyens pensent que la virginité ait une importance, soit une “qualité essentielle” du mariage, ne me choque pas en soit, c’est une affaire privée. Ce qui me contrarie c’est qu’une telle vision puisse être imposée à une jeune fille par son entourage au point d’engager sa vie sur un mensonge. Finalement, ce jugement condamne de fait l’ex-épouse, pénalise les deux ex-époux, mais ne dit rien sur les conditions iniques qui ont abouti à une telle absurdité.

Sur la loi maintenant. Oui il y a eu mensonge, reconnu de fait par l’épouse, donc oui si la virginité avait été acceptée comme un élément fondateur du couple, ce couple a des raisons de ne plus vouloir exister. Mais le problème n’est pas tant de savoir comment ces ex-mariés définissaient leur couple, que de savoir comment la République définit le mariage. Si une procédure de divorce avait été entamée, on ne se serait pas posé la question, mais c’est une demande de nullité qui a été jugée : ce mariage répondait-il oui ou non à la définition qu’en donne la République ?

La réponse n’étant pas claire, la notion de qualité essentielle a été interprétée et nous nous sommes retrouvé avec un mariage républicain lié à des conceptions religieuses et des pratiques sexuelles. C’est totalement inacceptable, mais la décision est en l’état hélas logique.

Il n’y a qu’un seul moyen satisfaisant de s’en sortir, c’est de redonner une définition actuelle de ce qu’est le mariage du point de vue de la République, et cette définition est distincte de la définition que tout un chacun donnera pour son propre mariage. Voila bien un sujet politique qui est au cœur de la société et qui a une toute autre portée que l’agitation sur le libéralisme. Or j’affirme que nous sommes politiquement loin d’être clairs, aussi bien à gauche qu’à droite sur cette définition qui implique intrinsèquement de considérer des aspects aussi divers que le nombre des époux, leur sexe, leur implication dans la vie de la société, leur projet d’enfants avec en corolaire les lois sur l’adoption, l’avortement ou la gestation par autrui.

Puisque j’y suis, je me risquerai à une définition : le mariage républicain est une union de deux citoyens ayant un projet, stable et à long terme, de vie commune, prenant part à la vie de la société et ayant un projet d’enfant(s).

Voila bien une chose que j’aimerais voir traitée dans la future motion qui sera retenue au congrès de l’automne. Mais quel congrès aurons-nous ? Un congrès visant à faire du PS une écurie présidentielle au service soit de Royal soit de Delanoé (en espérant que le(s) perdant(s) veuillent bien prendre leur retraite…), ou un congrès qui fera du PS un parti d’idées et de projet rapidement déclinable en actions pour sortir de la situation de plus en plus catastrophique où nous sommes ?

Je vote bien évidemment pour la seconde solution et c’est pourquoi j’ai signé la pétition suivante : http://www.ipetitions.com/petition/motionmoscovici/

Que vous soyez pétitionnaires ou pas, faites en sorte que nous sortions du buzz et que nous nous attachions à proposer des solutions à nos concitoyens.

Ils sont nés, souffrirent et moururent

Mars 2008. Il est des sujets de sociétés que l’on traite avec plus d’enthousiasme que d’autres. Ecrire sur le droit de concevoir un enfant ou celui de l’évolution de la cellule familiale fait partie des premiers. Ecrire sur le droit de la mort est tout autre. Le plus simple est de lâchement détourner le regard, de s’en remettre à quelques généralités, d’espérer que la question ne nous touchera pas. De toute façon, il ne s’agit que d’un mauvais moment à passer n’est-ce pas ? Et bien non, ce n’est pas qu’une question de mauvais moment, c’est un point fondamental de droit qui doit régir notre société et notre façon d’accueillir et de dire adieu à un citoyen.

Le droit à mourir n’est pas un choix d’un seul individu, en aucun cas, même si bien évidemment cet individu est l’acteur essentiel de ce choix et qu’il doit exprimer de façon claire et forte sa décision de mourir de façon volontaire. Cette expression est le préalable de tout, que la personne soit consciente au moment de l’instant de sa mort, ou que cette expression soit un choix exprimé bien avant, dans un contexte détaché de l’urgence. Mais si le choix de l’individu prime, il ne peut pas être détaché du contexte familial ou proche. La perte d’un être proche est une charge portée par l’entourage et cette charge doit, autant que faire se peut, être allégée. Il ne faut pas ajouter la culpabilité au deuil, le remord à la douleur. La rupture volontaire du lien avec la vie doit, dans ce cas précis, être un soulagement, un apaisement, pour que la vie puisse continuer avec le plus de force possible après cette mort. Enfin, la société par la voix de la loi, ne peut elle non plus pas être mise à l’écart. La République ne peut se désintéresser du cas dramatique de quelques uns de ses enfants. Elle ne peut pas faire peser la menace d’une condamnation, d’une injustice, juste parce que par principe, il est plus facile de ne pas regarder dans les yeux l’extrême douleur de ces enfants. Oui la République doit fixer un cadre formel, solennel, exceptionnel, dans lequel elle aussi accepte de porter le poids de l’arrêt d’un souffle de vie. Je crois que c’est là tout le sens du combat de Chantal Sébire, du moins c’est le sens de ce que j’ai pu comprendre d’une situation aussi exceptionnelle que dramatique. L’ayant entendu s’exprimer, j’ai été frappé par la clarté et la vivacité de son esprit, par la dignité qu’elle revendique et par le courage d’un combat qu’elle aurait pu s’épargner.

Aujourd’hui, je ne peux que plaider pour son dernier combat et lui écrire que mes pensées de citoyen d’une société bien moins courageuse qu’elle, l’accompagnent, même si elle ne lira probablement jamais ces lignes. En ce monde du moins.

Le pétrole déjà out ?

J’ai découvert une étonnante nouvelle cette semaine en lisant la presse. Une société avait résolu tous les problèmes liés à la mise au point d’un nouveau mode de propulsion pour les véhicules et s’apprêtait à le commercialiser. Plus étonnant encore, le carburant utilisé pour la onecats (puisque c’est le nom de la future voiture) n’était autre que de l’air comprimé (carburant inépuisable quand on voit tous ceux qui brassent du vent de nos jours…). Et pour terminer sur le registre de l’étonnement, cette invention, française, avait réussi à intéresser le constructeur indien Tata Motors qui devrait commencer dès c

Voiture a air comprimé minicats

ette année la commercialisation. En somme, le monde se retrouve avec une voiture on ne peut plus écolo, utilisant un carburant inépuisable et pour une fois, les brevets ne seraient pas enterrés histoire de préserver les finances des conglomérats bien établis.

Les caractéristiques annoncées par la société mdi sont par ailleurs on ne peut plus alléchantes (de 3500 à 11900 euros), autonomie de 200 à 1500 km (selon le mode de carburant, tout air comprimé ou mixte avec essence) et un prix de consommation d’environ 1euro au 100km. Que lui manque-t-il ?

Bornes AireServices

Peut-être juste de l’avoir essayée mais aussi de voir sur pied un réseau commercial (MDI promeut d’ailleurs un modèle économique très innovant sous forme de micro-sociétés de proximité qui construisent et commercialisent les véhicules). Côté station service, des sociétés (AireServices par exemple) commercialisent déjà des bornes qui pourraient facilement être adaptées pour répondre aux besoins de ces nouvelles voitures.

Au bout du compte, que manque-t-il à cette voiture pour mettre fin à l’ère du pétrole en matière de transport et plus encore, à la plus grande menace qui ait jamais pesée sur notre société moderne, c’est à dire la non-maîtrise de la production de CO2 ? Je ne vois rien, sinon la disponibilité du bon de commande. Rendez-vous cet automne, en France peut-être, en Inde sûrement…

Quatrième rapport du GIEC sur le changement climatique

“Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, comme le prouvent les observations des accroissements des températures moyennes mondiales de l’air et de l’océan, de la fonte largement répandue de la neige et de la glace et de la montée du niveau moyen mondial de la mer. (…)”

Vous pouvez lire la suite de la traduction (trouvée sur le web) du 4ème rapport du GIEC en cliquant ici.

Clara et la naissance du nouveau millénaire

Naitre est souvent une joie, tout le temps une aventure, parfois une révolution.

Comme je l’ai maintes fois défendu ici, le projet d’enfant, en plus de l’aventure humaine, est un des points fondamentaux qui justifie que la République légifère sur la famille, la protège, l’aide. Et grâce à CLARA, la République vient de faire une avancée majeure en matière juridique.

CLARA n’est pas une petite fille, mais une association qui a pour origine le désir de Sylvie et de Dominique d’avoir un enfant et de l’impossibilité de Sylvie de porter cet enfant. Dans leur cas, la solution était d’avoir recours à une mère porteuse (la GPA ou Gestation Pour Autrui), ce qui est illégal en France mais parfaitement légal et encadré dans d’autres pays. Après plusieurs tentatives, une mère de famille californienne accoucha des jumelles de Sylvie et Dominique le 25 octobre 2000. Les enfants furent reconnus par l’état de Californie.

Et c’est à ce moment que la loi française se retrouve en déphasage avec la réalité : la République ayant interdit la GPA se retrouva face à une réalité, un couple et ses jumelles, et une impossibilité légale : reconnaitre l’existence des enfants. Il s’en suivit une longue procédure judiciaire, des tracasseries de toutes ordres, dont certaines se sont terminées au poste de police.
Après 6 années de combat, par jurisprudence, la loi française reconnait de facto l’existence légale des deux jumelles et la GPA. Ceci constitue probablement la plus grande avancée juridique en matière de droit des familles depuis la reconnaissance de l’avortement et la loi Veil en 1975, à ceci prêt que la loi Veil soulageait ce qui reste une tragédie personnelle, alors que la décision reconnaissant la GPA légitime ce qui est une joie et un évènement structurant du couple.

Il existe bien des définitions personnelles du mariage (le patronyme, le patrimoine, le sacrement religieux, les gènes, l’amour, l’enfant, a contrario – l’union libre contre l’idée du mariage -, le plaisir, l’intellect, …).

Par contre, l’Etat se doit d’avoir une définition cohérente et un but précis en matière de mariage, ou d’union des êtres. L’Etat a intérêt à s’intéresser à cet aspect très privé, parce qu’il structure la société, il permet de fixer les citoyens sur un projet stable et de long terme, il oblige les individus à développer leur dimension sociale, il en fait des êtres plus responsables et altruistes, et surtout, il donne la clé de l’avenir de la société à travers un projet d’enfant, futur citoyen.

La République se doit d’aider tous ceux et celles qui entrent dans ce cadre, et la reconnaissance de la GPA est un pas essentiel qui remet nos lois en phase avec les possibilités technologiques de notre époque, le tout en accord avec le souhait réfléchi des individus. Si cette définition du mariage était adoptée, il permettrait également de dépassionner le débat sur l’évolution du mariage (dont le pacs n’est qu’un avatar) et l’homoparentalité.

5 minutes pour activer ses neurones

Hier soir, l’opération très médiatique destinée à éteindre ses lumières pendant 5mn a connu un succès relatif (baisse constatée de 0,9%). Bien que défendant très régulièrement des positions écologiques, j’ai eu un peu de mal à m’enthousiasmer pour cette opération.

D’abord parce qu’éteindre sa lumière ou sa télé 5mn avant le 20h et pendant les pubs, cela a objectivement une utilité plus que limitée en matière d’économie d’énergie. Certes c’est symbolique, mais autant qu’accrocher un pin’s au revers de sa veste.

Un des buts était semble-t-il de sensibiliser le gouvernement. En pleine discussion depuis plusieurs semaines, on imagine mal que ce même gouvernement ne soit pas sensibilisé sur le sujet, et au regard de ce qui a été répercuté par les médias, j’ai plus l’impression que le but était de sensibiliser les Français sur le fait que l’Elysée et la mairie de Paris étaient écolos (Mussolini laissait allumé la lumière de son bureau pour faire croire qu’il travaillait, l’Elysée l’a éteint pour faire croire qu’il faisait quelque chose…).

Et puis, j’ai eu quelques doutes sur la motivation de l’appel des ONG pour cette opération. Quel était le fond idéologique ? Etait-ce un appel à changer notre modèle énergétique ? Non. Etait-ce un appel à la responsabilité individuelle ? Pas franchement. J’ai plutôt eu l’impression d’avoir un discours de malthusiens prônant un nébuleux retour à un passé supposé meilleur sur fond de diminution de croissance économique. Si c’est bien le cas, cette position est idiote, voire dangereuse pour notre société et la planète. Oui, notre modèle économique a un gros problème car il est énergivore et polluant. Mais non, la décroissance ne résoudrait pas le problème. Si on se donne l’image d’un PIB assimilable à une énergie transformant la société, le fait de diminuer l’énergie disponible permettrait (peut-être) de diminuer le problème, en aucun cas de le résoudre. La vraie solution est d’utiliser cette énergie pour transformer la société dans le bon sens, c’est à dire vers une organisation moins énergivore, avec de meilleures technologies, en diminuant la pression sur les écosystèmes. Mais nous partons de tellement loin que nous avons besoin d’une forte croissance pour avoir assez d’énergie de transformation disponible, pas le contraire !

En tout cas, hier soir, si j’ai éteint ma télé pendant quelques minutes, c’était pour remplacer ma rallonge électrique par une autre disposant d’un interrupteur, ce qui me permet désormais de ne plus avoir mon lecteur de DVD et ma freeboxTV en veille permanente. Investissement de 4 euros avec un niveau limité de pollution pour produire la rallonge et un retour sur investissement qui ne souffrira d’aucune contestation. La bonne énergie, c’est d’abord celle de nos neurones.

Un nobel qui dérange

Octobre 2007. Le destin est décidément très facétieux en ce moment.

Il y a quelques semaines, je parlais de l’élection de DSK au FMI en relevant l’extraordinaire déphasage entre un DSK snobé par son camp au profit d’une candidature certes bien markettée mais au final totalement non crédible, puis plébiscité par les décideurs de ce monde. Aujourd’hui, par un prix Nobel de la paix décerné à Al Gore et aux membres du GIEC, nous assistons finalement à une retentissante rebelote dans cette partie de carte décidément peu rationnelle. Al Gore, c’est, comme il se présente lui-même, cet ex-futur président des Etats Unis qui s’est fait évincer de la présidence après un décompte de voix pour le moins “pittoresque”. Evincé par un personnage qui lui-aussi était fort bien marketté et lui aussi totalement vide, si ce n’est de fureur, de larmes et de sang inutilement versé.

Al Gore prix nobel

Ces retournements de situation personnelle augurent-ils d’un espoir de retournemet général de situation ? Pas si évident si l’on en juge aux réactions qui ont suivi l’annonce du Nobel. On a vu fleurir un tas d’articles expliquant l’imposture, avançant le doute, postulant l’existence d’une autre vérité qui forcément est ailleurs.

Mais quelqu’un a-t-il démonté l’élément majeur qui est le cœur du combat de Gore, à savoir le lien direct et causal entre le taux de CO2 dans l’atmosphère et la courbe de températures ? Non, absolument aucun article scientifique ne réfute ce lien. Par contre ces commentaires ne se privent pas d’utiliser des déclarations frisant parfois le grotesque pour instiller le doute. Un juge anglais n’a-t-il pas décidé qu’en l’absence d’un nombre suffisant de cadavres d’ours polaires, on ne pouvait conclure à un impact du réchauffement sur ceux-ci (ah si les ours avaient la bonne idée de mourir noyé sur la terre ferme !). Et si les neiges éternelles du Kilimandjaro ont fondu, c’est assurément à cause d’un phénomène extérieur au réchauffement climatique (sans doute les ours polaires qui sont venus faire du camping…). Et puis, chacun sait bien qu’il s’agit d’un phénomène cyclique (même si le taux de CO2 actuel n’a aucun équivalent dans aucun cycle connu).

Pourquoi tant d’aveuglement, de déni ? Parce que la psychologie humaine est fondamentalement réticente au changement, voire terrorisée par un changement radical. Alors oui, notre société est au bout du rouleau et il nous faudra forcément choisir celui ou celle qui demain aura les capacités et le courage de la changer en profondeur, et oui, notre climat est en passe de subir un changement radical et il nous faudra forcément choisir celui ou celle qui demain aura les capacités et le courage d’affronter un changement aussi extraordinaire que périlleux.

Le sens de l’ADN

Les débats actuels sur l’utilisation de test ADN par l’état à des fins de contrôle des familles mériterait mieux qu’une foire d’empoigne sur fond de manipulation plus ou moins démagogique. Effectivement, les technologies développées autour de l’ADN posent de réels problèmes éthiques et juridiques à notre société. Hélas, accoler cette problématique avec celle de l’immigration et finir de troubler le jeu par une dérive orwellienne de l’état est un excellent moyen de noyer la vraie réflexion dans le flots des petites crispations et des grands renoncements aux principes moraux.

ADN inversee

Il y a plus d’un an, j’ai posté ici une série d’articles sur “qu’est-ce qu’un enfant ?”. Au regard de l’actualité, ces réflexions me semblent toujours aussi nécessaires. Les questions clairement posées par l’actualité (et détachées des autres considérations) sont les suivantes :

  • L’ADN définit-il la filiation familiale, et si oui, jusqu’à quel niveau (l’état reconnaît-il les enfants de famille recomposée au même titre que les enfants d’un même lit) ?
  • Une fausse filiation détectée par analyse ADN entraîne-t-elle des conséquences civiles ou pénales ? Pour l’état (c’est le cas évoqué ici) ? Pour le conjoint ou les enfants en quête d’identité (ce sont les cas évoqués dans mon 1er post) ?
  • Qui a le droit d’accéder à l’analyse ADN ? Le père, la fratrie, la famille au-delà du foyer, les héritiers, voire dans certains cas les actionnaires d’une société faisant valoir un droit à l’information sur l’héritier d’une dynastie industrielle, les citoyens exigeant la vérité sur leurs élus, le voisinage soucieux de la moralité du quartier…
  • Est-il possible d’empêcher le recours à un test très facile à faire, peu coûteux, discret, faisable n’importe où sur la planète ?

On le voit, en quelques questions, on passe d’une loi nauséabonde à un casse-tête moral et juridique. Or nous n’échapperons pas à ce casse-tête, ni pas la lâcheté, ni par l’aveuglement. Il est fondamental d’y apporter une réponse rationnelle, morale et politiquement volontaire.