Les symboles d’une fin de campagne

Europe

Nous voici au bout de la semaine et de la campagne des européennes. Étrange campagne en vérité.

L’ump a surtout eu le soucis de ne faire qu’un service minimum. Vous souvenez-vous d’un message de leur part ? Tout au plus se souvient-on de Rachida Dati dans un état second devant les jeunes UMP ou ces derniers jours de Barnier achetant aux agriculteurs le droit de ne pas mettre le souk, ce qui serait préjudiciable à son élection à un siège qu’il n’occupera vraissemblablement que peu de temps puisque son ambition est d’avoir un poste de commissaire.

Le FN nous a fait du Le Pen vieillissant mais à regarder les résultats des pays bas, on a toutes les chances de les voir en très bonne place dimanche. Et oui, l’extrême droite ne pèse pas grand chose, mais ils savent se mobiliser et quand on pèse 5% dans une élection avec une abstention à plus de 60%, cela fait mal. Restez chez vous dimanche braves gens, Jean-Marie passera boire le café en fin d’après-midi…

Bayrou et le Modem : ni plus ni mois qu’égal à lui-même. Ils feront sans doute leur score habituel ce qui est plutôt bien pour un parti qui tient plus du concept que de la réalité. On regrettera tout de même que l’affable Bayrou soit tombé en cette fin de campagne dans les effets de manches de l’agitation médiatique stérile. Cela n’a-t-il déjà pas fait assez de mal en 2007 ?

Le front des antis, une fois encore, n’est en mesure que de plomber la gauche. Emietté, au message revendicatif mais dont on ne voit pas l’objectif constructif, son score ne servira qu’à faire passer la majorité relative de gauche qui se dessine en une minorité de sièges, au profit de Sarkozy en France, de Barroso en Europe.

Les écologistes version Cohn-Bendit nous proposent un retour à des scores non négligeables. Est-ce étonnant à l’heure du changement climatique ? Dommage que le PS ne se soit pas battu sur ce sujet en particulier, qu’il n’ait pas montré quel est le chemin parcouru depuis la présidentielle.

Oui, le PS enfin. Le parti n’a pas fait une mauvaise campagne en soit, mais il n’a tout simplement pas fait assez campagne, paralysé qu’il est par les scories de la présidentielle qui n’en finit pas de finir. L’agonie est encore plus pénible que le post-mitterrandisme ! J’ai parfois l’impression que le parti a peur de gagner dimanche, peur d’aller chercher les quelques points qui le séparent de l’ump. Dimanche, la gauche aura très probablement une majorité pour elle. Mais cette majorité étant morcellée et couplée à un mode de scrutin tellement particulier, que l’on risque bien d’entendre l’ump claironner sa satisfaction alors que les 3/4 des français auront exprimé un refus cinglant de leur politique.

La proximité de l’anniversaire du 6 juin m’inspire une réflexion amusée. C’est un peu comme si la France, sous le joug d’un libéralisme qui l’a menée à la catastrophe actuelle, savait que les libérateurs allaient débarquer mais qu’ils n’avaient plus assez d’instinct de survie ou de volonté de vaincre, pour en finir avec un système qu’ils condamnent. Obama a vaincu Bush, les Démocrates ont vaincu les ultra-libéraux républicains, ils ont réalisé une révolution intellectuelle incroyable (jugeons-en par exemple avec la nationalisation de GM), ils nous ont montré que cela pouvait être fait, et pourtant certains hésitent encore à faire juste un petit geste : mettre le bon bulletin dans l’urne.

Dimanche, les sondages annoncent que le vent de libération arrivera de Bretagne. Il ne tient qu’à vous que ce vent soit assez fort pour souffler sur toute la France.

L’union européenne terre d’avenir pour l’Islande

EuropePeut-être sommes-nous depuis trop longtemps au sein de l’Europe pour bien saisir combien l’Union représente un espoir d’avenir pour les peuples.

Peut-être avons-nous baissé trop longtemps les bras devant l’idéologie dominante du laissez-faire le marché, tapez dans la caisse et méprisez les lendemains et que nous avons perdu la volonté de renverser l’ordre établi, pour promouvoir ne serait-ce qu’une République social-démocrate en France sur le modèle classique des autres pays européens.

Et bien les Islandais viennent judicieusement de nous montrer le chemin à suivre pour le prochain vote. Après avoir viré avec pertes et fracas le gouvernement libéral qui avait mis leur État en faillite, leur nouveau gouvernement social-démocrate s’apprête à demander leur adhésion à l’Union dans les plus brefs délais.

Pensez-vous pouvoir agir plus vite que les Islandais en virant les dirigeants calamiteux avant le crash final ?

Du monde, d’Europe et d’ailleurs

Avril 2009.

G20

Tout d’accord, quelques excuses pour la baisse de fréquence de mes posts mais la création de mon entreprise me prend beaucoup de temps en ce moment. Il y avait pourtant pas mal de choses à dire. Je me limiterai ici à quelques réflexions sur la politique internationale.

Sur le G20 d’abord. Beaucoup a été dit, parfois peut-être un peu sous l’effet d’un enthousiasme qui était sans doute surtout un gros ouf de soulagement passager. Qui sont les gagnants ?

D’abord, la confiance, cette confiance que j’avais décrite comme impossible en octobre dernier tant ses animateurs manquaient de crédibilité est soudain revenue grâce à ce G20. Il est vrai que nous sommes passé d’une mousse médiatique à un Obama qui décide, un Strauss-Kahn qui est à la manœuvre pour le FMI et à un Gordon Brown qui a réussi l’organisation de ce sommet.

Il y a Obama bien sûr, l’homme qui a en quelques semaines effacé Bush, l’homme qui a rendu l’Amérique à nouveau un peu plus sympathique.

Le FMI incontestablement qui a obtenu un renforcement de ses moyens d’action et une reconnaissance certaine de sa nouvelle orientation plus équilibrée, plus régulatrice, plus pro-active, enterrant de facto l’ère ultra-libérale de l’institution.

L’Europe aussi, ou plutôt l’idée d’une union qui agit de façon concertée et, même si Merckel et Sarkozy n’ont pas individuellement “brillé”, le moteur franco-allemand de cette Europe.

Les perdants ? Les banquiers aventuriers de la finance et peut-être, les fameux paradis fiscaux, bien que l’on se soit contenté de les montrer du doigt en se préservant bien d’en dévoiler la réalité, c’est à dire d’expliquer aux bons citoyens quels rôles jouent ces paradis dans l’économie du monde visible, quelle est la part de l’argent criminel dans cette économie du monde sombre et quel rôle ont joué… les États dans ce monde sombre. Ceci explique pourquoi le Delaware ou encore les îles anglo-normandes ont mystérieusement disparu de la carte et pourquoi Monaco n’est signalé que comme un paradis gris.

G20 Obama Brown BerlusconiDernière chose sur ce sommet, la photo de Berlusconi copain comme cochon avec Obama et Brown m’a beaucoup amusée : de l’art d’être sur la photo… J’espère simplement que l’ère de tous ces politiques de peu d’intérêt qui font leur notoriété en volant au secours de la victoire pour avoir sa collec’ de photos et ainsi, tels des gamins, faire savoir “qu’ils y étaient”, fera rapidement partie du passé au profit de ceux qui, dans la lumière ou dans l’ombre, “font” la victoire par leur réflexion, leur compétence, leurs actions.

Autre sujet, la Turquie. Europe oblige, tous ceux qui ne veulent pas d’Europe vont nous expliquer doctement que la Turquie c’est du vilain pas bô (et donc qu’il ne faut pas voter pour ceux qui veulent construire l’Europe). Quel décalage entre ce G20 qui prône la coopération et l’action collective et ces faiseurs de peu qui n’ont d’autres atouts que quelques vieilles sauces recuites… Alors permettez-moi de défendre ma vision, ou plutôt les éléments qui constitue ma vision de l’Europe.

Je défends une vision historique de l’Europe, celle qui fit la gloire des terres du nord comme du sud (union Hanse-Méditerranée).

Je défends une vision civique et sociale de l’Europe faite de liberté, d’union et de solidarité, d’équité en attendant un jour un niveau certain d’égalité entre les citoyens européens, de coopération de et protection de ces citoyens.

Je défends une vision économique commune, volontaire, solidaire, protectrice : développement et protection des infrastructures et services publics européens, des solidarités économiques internes, une ouverture honnête mais régulée vers l’extérieur.

Je défends une vision de diversité culturelle : je ne veux pas d’européens “culturellement moyens”, mais bel et bien des identités régionales saines, amicales et ouvertes sur les échanges.

Dans une telle vision, on voit mal où être turc, islandais ou habitant du patelin d’à côté est une question en soit.

L’Europe est une énergie, une volonté, un espoir, une destinée commune, pas un je-ne-sais-quoi géographico-politico-religieux.

Brève du monde

DSK FMI Dar Es SalaamPendant que certains se cachent la face pour ne pas voir l’ampleur des problèmes, pendant que d’autres agitent la mousse des paradis fiscaux en oubliant d’expliquer comment ils avaient accepté et alimenté la machine infernale, pendant que d’autres encore ne sont toujours pas convaincus de la nécessité d’une réelle coopération internationale entre États, le FMI et son directeur en tête, participe à une réunion internationale à Dar es Salaam avec les dirigeants africains sur le sujet d’un renforcement de l’action du FMI sur le continent.

Quelques unes des orientations de ce sommet :

  • Amélioration de la surveillance du FMI sur la politique de tous ses membres, dans un esprit d’équité ;
  • Extension des moyens de financement du FMI et de leur accessibilité aux pays à bas revenus;
  • Consolidation du processus d’allègement des dettes en ajustant la structure de financement des dettes du FMI pour s’adapter aux besoins de nouveaux financements de l’Afrique et aux opportunités ;
  • Accélération des réformes de gouvernance de FMI pour augmenter le poids des voix de l’Afrique et la représentation à tous les niveaux de l’institution
  • Amélioration des règles de dialogue entre le FMI et ses membres africains, y compris pour l’aide technique, pour assurer que la politique des pays africains profite de l’expérience du FMI et de son expertise ;
  • Renforcement du rôle catalytique du FMI pour démultiplier le financement public et privé pour les besoins d’infrastructure critiques de l’Afrique.

Il serait sans doute bon que cette réunion inspire celle à venir du G20, avec en exergue une phrase de Dominique Strauss-Kahn : “Le monde entre dans une grande récession bien au-delà d’une croissance 0“.

Alors, il est toujours ultra-libéral le FMI ?

Si le réalisme pouvait venir d’Afrique

Petite brève légère du soir : Qui trouve-t-on dans le top 12 des blogs politiques ?

Non, pas moi qui ne suit qu’un citoyen lambda usant des moyens du militant de base pour faire entendre une musique de raison à qui veut bien me lire. Non, plus les têtes d’affiches et les habitués des premières pages peoples : aucune campagne présidentielle n’étant en cours (enfin je crois), aucun million d’euros n’a été utilisé pour aider le consommateur à librement exercer sa citoyenneté.

Pierre MoscoviciDeux personnalités que l’on retrouve avec surprise dans ce classement  : la sémillante Anne Sinclair et le nom moins sémillant Pierre Moscovici. Étonnant de voir que le blog d’un socialiste, certes éminent, mais qui n’a pour l’heure d’autres honneurs que ceux de ses mandats, et d’une journaliste qui n’a d’autre projet politique que celui de nous faire part de ses cartes postales d’expatriée, confidente amie desAnne Sinclair grands jours comme des petits tracas, étonnant donc de les voir tous deux figurer pour leurs seules qualités dans ce palmarès.

Mais, je veux y voir une sorte de juste hommage à une intégrité intellectuelle, un combat honnête de tous les jours récompensé par les internautes, restant anonymes ou s’exprimant à l’occasion chez eux pour parler à l’agora mondiale toute entière.

Voilà un bel hommage à aux honnêtes hommes (parmi lesquels on compte les femmes, la preuve est faite !), à l’humilité citoyenne et militante, à la pensée et la façon d’être socdem au quotidien aussi.

Semaine médiatique : les plumes des jours

Trois choses m’ont inspiré cette semaine, trois “évènements” qui ont en commun d’avoir capté beaucoup d’attention médiatique mais de ne pas avoir généré beaucoup de fond utile aux citoyens de France.

SarkozyTout d’abord, bien sûr l’intervention de Nicolas Sarkozy à la télévision. Longue intervention attendue après un mandat qui accumule les échecs, qu’ils soient dus aussi bien à des problèmes mondiaux qu’à des erreurs et des errements de gouvernement. Qu’en dire ? Après un départ très brouillon, nous avons eu droit à une suite de déclarations qui pour une fois n’étaient ni péremptoires, ni définitives, mais qui se voulaient point de départ de discutions. Cette humilité et cette retenue auraient été les bienvenues en 2007, mais je craints fort aujourd’hui qu’elles ne soient que la conséquence d’une trouille insurrectionnelle. Est-ce de ma part un procès pour manque de sincérité supposée ? Je crois que pour se fixer une opinion, il suffit de se pencher sur le cas de Gandrange qui est le plus flagrant : oui, Nicolas Sarkozy a menti cyniquement devant toute la France ce soir là. Alors, pour ce qui est du reste, chacun pourra au choix lui laisser encore une fois le bénéfice du doute ou se préparer à réparer une erreur de bulletin de vote.

kouchnerDeuxième “évènement”, “Le monde selon K“, le livre de Claude Péan sur Bernard Kouchner. Un livre fait par un homme qui ne semble décidément pas aimer les écarts entre l’apparence et la réalité, un livre sur les ambigüités politiques, un livre qui écorne l’une des rares images de noblesse qui reste à la France. Rien d’illégal reproché à Bernard Kouchner, rien d’immoral, juste peut-être l’impardonnable faute de ne pas être l’incarnation du french docteur, le sauveur des indigents et du monde, risquant sa vie par simple générosité humaniste. Les humains sont faillibles, certes, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’à gauche il y a décidément deux façons de finir sa carrière : soit comme Pierre Mauroy ou Michel Rocard, dignement, de façon préparée, discrètement, ou soit comme Bernard Kouchner ou encore Jack Lang, en voguant d’écueils en échouages au fil de l’interminable naufrage d’une vie politique que l’on se refuse à quitter à temps.

kouchnerEnfin, dernière écume plumitive, un autre livre, sur Rachida Dati cette fois “Belle-amie“. Là, le moins que l’on puisse dire c’est que l’histoire est compliquée. Mais ce qui m’intéresse c’est moins l’histoire d’une transposition vraie ou exagérée d’un belle-ami version Maupassant à une belle-amie fin du XXème siècle, que l’évolution des mœurs politiques et sociales sous-jacentes. Jusqu’ici, le pouvoir, la politique et le sexe étaient des histoires bien codifiées sous la Vème République : un mâle dominant et prédateur qui une fois arrivée au pouvoir picorait dans une cours les femelles qui l’intéressaient par soumission, acceptation ou sollicitation selon les cas. Ce livre nous laisse entendre que ce schéma serait à revoir et que d’une part la féminisation des postes de pouvoir dérive aussi sur la prédation, mais que d’autre part, et c’est ce qui est sans doute le plus dangereux pour la démocratie et la République, cette prédation sexuelle a changé de nature dans le sens où elle ne serait plus la “confiserie du pouvoir” mais bien le pouvoir par la sexualité. Dit autrement, nous ne sommes plus dans un exercice “sain” et rationnel du pouvoir avec des à-côtés, mais un exercice du pouvoir qui serait basé sur une subordination sexuelle. Cela convient sans doute parfaitement aux bonobos, mais en ce qui concerne la République, il est inadmissible qu’elle puisse être dirigée sur autre chose que la raison et l’intérêt de ses citoyens. Alors je ne sais pas quelle est la part de vérité sur le cas Dati, ce qui a en soit peu d’importance, mais je crois qu’il serait urgent de remettre de l’ordre si ce livre reflète effectivement une dérive de la conduite de l’État.

Un Tsar défiant nos renoncements

Le puzzle du monde est en train de se recomposer. Peut-être que pour nos yeux déconnectés de l’urgence de la survie et blasés par tant de bruits et et fureurs télégéniques, l’aventure russe en Ossétie n’est-elle qu’une distraction estivale pour militaires en mal de revanche, mais je crois pour ma part qu’il s’agit là d’un soubresaut très symptomatique du rééquilibrage géopolitique en cours.

Quand ce rééquilibrage a-t-il commencé ? En 1989 à la chute du mur de Berlin ? Symboliquement sans doute. Mais cette date correspond à la fin de l’erreur communiste, pas à celle du bloc qui lui faisait face depuis tant d’années. Ce fut la fin de l’affrontement du modèle collectiviste dictatorial contre un modèle jusqu’alors libre et globalement démocratique.

Non, la bascule est sans doute à trouver quelque part dans une des guerre d’Asie occidentale, entre Irak et Afghanistan, guerres étranges s’il en est, entre cynisme mercantile, fanatisme religieux partagés et plus ou moins avoués, ou peut-être simplement guerre de remplissage du vide laissé par la fin de la guerre froide. L’Amérique devenue en apparence omnipotente par manque d’un adversaire à sa taille, s’en est inventé un, Al Quaïda, chimère ou ectoplasme que l’on voit en chaque endroit mais dont la substance est aussi insaisissable que son icône barbue. Al Quaïda, le mister Hide de l’Amérique… Depuis elle s’épuise dans un combat qu’elle ne peut pas gagner, ni militairement ni idéologiquement. Depuis l’URSS redevenue Russie s’est adaptée au monde et forte de ressources qui manquent à ce dernier à l’heure de la rupture énergétique, a repris confiance et s’enhardit à reconquérir les confetti perdus de sa gloire passée

Qui sera à même d’arrêter la charge des cosaques russes ? L’Amérique militairement dispersée, économiquement au point d’équilibre entre déroute et rebond, ne fera rien pour sauver quelques vallées à la frontière de l’Europe.

L’Europe sans cap politique renouvelé, sans identité réaffirmée, sans leadership efficace, sans figure emblématique, ne pourra pas faire beaucoup plus que ce qu’elle a fait en se précipitant à Moscou pour signer un texte de cesser le feu qui donne quitus au vainqueur, qui ignore la conscience viscérale du danger ressenti par les pays de l’Europe de l’Est. Étrange parfum de Munich pour un Daladier réincarné et expéditif…
La Russie remplit le vide que nous n’arrivons pas à combler. Finalement, elle ne nous menace pas vraiment, elle révèle les menaces que nous avons nous-mêmes laissé prospérer en ne prenant pas politiquement la mesure de la chute du mur de Berlin, en laissant flotter l’Europe sur sa lancée technocratique, en nous berçant d’illusions sur un parfum de gloire passée, en ne forgeant pas un nouveau destin, un nouveau citoyen européen irrigué d’un passé certes conflictuel, mais politiquement et intellectuellement brillant, et surtout un citoyen demandeur d’avenir commun, d’un projet à la hauteur de l’ensemble de son histoire.

Le Tsar Poutine ne s’arrêtera que si nous sommes capables de l’éblouir à nouveau. Il n’a que faire des faibles.

Cracher sur le Lama

Le Dalaï-lama rend visite à la France cette semaine. Enfin, plutôt aux français parce que la présidence de la République (à l’exception des sénateurs) a décidé de le snober.

Cette soudaine affirmation de la laïcité élyséenne ne manquera pas de surprendre ceux qui ont pu suivre les aventures sms du chanoine de Latran, mais elle est surtout hypocrite et destinée à justifier une position acrobatique de la diplomatie élyséenne suite à des maladresses successives concernant le voyage express de Nicolas Sarkozy à Pékin.

Après tout, que ce dernier ait décidé de passer quelques heures en Chine pour assister à l’ouverture des JO est à l’origine anodin et sans grande impacte : sa présence aurait pu simplement être présentée comme un hommage à l’olympisme et à l’amitié entre les peuples et l’affaire aurait été pliée. Mais non, il a fallu qu’il se mette lui-même la pression en liant l’affaire à des gestes immédiats entre chinois et tibétains, ce qu’il ne pouvait obtenir et ce qui pour cet événement précis aurait dû  concerner en premier chef le CIO, le Tibet et la Chine. Et si la résolution immédiate du problème lui avait été à ce point primordiale pour l’Elysée, nous aurions pu également ne pas aller à Pékin et nous contenter de déléguer un ministre, sans tambour ni trompette.

Enfermé dans ce non sens, nous nous sommes donc retrouvé à Pékin en dépit du préalable que nous avions nous-mêmes fixé et en donnant l’impression de céder aux injonctions de l’ambassadeur de Chine à Paris.

Nous aurions pu nous contenter d’être ridicule et faible, mais avec la visite du Dalaï Lama, les conseillers de l’Elysée nous encouragent à boire le calice jusqu’à la lie. Cette fois, on nous explique qu’il n’y aura pas de rencontre entre Sarkozy est lui puisqu’il n’est pas un chef d’état, mais un chef religieux.

Excuse en forme de tautologie ! Le chef spirituel bouddhiste n’a jamais revendiqué un quelconque statut de chef d’Etat et s’il se bat pour le Tibet, c’est pour éviter la sinisation forcée des tibétains et la destruction de leur culture. Pourquoi sortir un tel argument si ce n’est pour cacher par une absurdité une autre absurdité ?

Même si cet argument devait être retenu, cela signifie-t-il qu’à partir de maintenant la France ne rencontrera plus aucun représentant de religions ou de groupes spirituels et philosophiques. Cela s’appelle de l’ostracisme pour le moins…

Sur le fond, ce qui m’attriste le plus c’est que la France, avec son passé et ses idéaux, n’est plus capable de respecter un prix Nobel de la paix qui au fond vient lui rendre hommage. Osera-t-on aussi prétexter une clause religieuse si Desmond Tutu nous honorait de sa présence ? Que trouvera-t-on à opposer à Nelson Mandela ? Shimon Peres ne serait-il pas par hasard représentant d’un état où la religion occupe trop de place ? Et en creusant un peu, ne devrait-on pas déclarer Al Gore persona non gratta pour ne pas fâcher l’administration républicaine américaine ? Ne risquerait-on pas de s’attirer les foudres de la finance internationale si on accueillait Muhammad Yunus ?

Que la liste est longue des hommes et femmes de bonnes volonté dont l’action a changé positivement le monde et qui risquent maintenant d’être traitées avec mépris par ce gouvernement, juste pour justifier son amateurisme ou sa lâcheté. Comme notre pays a changé, lui qui naguère se voulait être la lumière illuminant le monde, et qui n’est plus qu’un hôtel pour dictateurs en mal de shopping de luxe.

Une vraie réforme des institutions, cela ressemblerait à quoi ?

Effervescence à Versailles, c’est jour de congrès. Météo clémente bien qu’un peu frisquette sous les bosquets et un soupçon de suspens : les marquis frondeurs de l’UMP rentreront-ils dans le rang ou prendront-ils le risque d’être disgraciés par le maître de La Lanterne en faisant avorter cette n-ième ajustement de la Vème République ? Au fond, c’est assez indifférent puisque ce texte n’est pas en mesure de guérir les maux de cette République ni de lui redonner sens et cohérence. Que le président puisse s’exprimer ou pas devant le parlement ne redonnera ni unité ni sens au découpage de l’exécutif et ne restaurera pas l’indépendance des pouvoirs législatifs et judiciaires. Quant au Sénat, il faudra toujours attendre une majorité écrasante d’élus de gauche dans nos campagnes pour espérer un jour voir une petite majorité de gauche au palais du Luxembourg.

Alors puisque rien ne changera sous les ors restaurés de Louis le quatorzième, prenons-nous à imaginer, voire rêver, de ce que pourrait être la constitution d’une VIème République qui ne serait pas un reprisage de la Vème. Une telle constitution devrait d’abord innover sur la notion même de constitution : passer d’une loi organique de fonctionnement de l’Etat à une loi organique qui définit et met en œuvre la citoyenneté (dont l’Etat n’est qu’un outil), citoyenneté qui se décline en différentes versions et de façon cohérente, du citoyen lui-même aux organismes internationaux et supranationaux. Si nous buttons depuis des années sur une constitution européenne, c’est peut-être un peu parce qu’une telle constitution ne peut pas se surajouter à l’existant, mais est une composante, une dimension supplémentaire de notre identité. Cela doit donc se faire dans une réflexion globale, avec une vraie vision sur notre identité, notre avenir et nos principes.

La mise en œuvre de la citoyenneté se fait également par celle des moyens pour satisfaire les besoins fondamentaux du citoyen : alimentation, soin, hébergement, éducation, énergie, toutes choses que l’on retrouve çà et là dans les préambules mais dont personne n’a osé imposer l’application par un texte fondamental. Osons ce pas, nous en avons les moyens ! Concernant les pouvoirs, repensons-les à la fois sur la classique distinctions exécutif, législatif, judiciaire, sur la garantie de contrôle des pouvoirs et sur celle d’investigation et de diffusion de l’information indispensable à la démocratie, mais aussi sur un redécoupage “géographique et identitaire” entre agglomération, région, France, Union Européenne, ONU, sans oublier de conditionner l’existence de notre société à l’impératif de préservation du bon équilibre de nos écosystèmes.

Enfin, réfléchissons à la répartition, à chaque niveau de découpage, des prérogatives de chaque pouvoir sur des critères de garantie démocratique, d’efficacité, d’identité inclusive (ce qui fait que nous sommes nous et nous lie aux autres groupes de même nature). Voilà ce qui me semble un ensemble de principes capables de poser les bases d’une VIème République qui marque un progrès réel, sur les idées aussi bien que sur notre vie quotidienne de citoyen.

De la démocratie à travers les blogs

Juillet 2008. Désolé, mon site ayant encore été attaqué la semaine dernière, il a été indisponible et j’ai dû à nouveau fermer les commentaires.

Je vais donc devoir prendre du temps pour le migrer de façon sécurisée avant de pouvoir à nouveau ouvrir les échanges, pourtant déjà largement réduits.

Tout ceci montre que la démocratie, même au niveau du citoyen, est un combat de tous les jours, combat que je ne suis pas prêt d’arrêter.