Sortie du livre de Pierre Moscovici : Mission Impossible ?

Mission Impossible par Pierre MoscoviciLe livre de Pierre Moscovici “Mission impossible ? Comment la gauche peut battre Sarkozy en 2012” est sorti en librairie.

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Synopsis
La gauche, qui gère la majorité des collectivités locales de notre pays, est-elle condamnée, par une sorte de malédiction électorale, à perdre la seule élection qui vaille, la présidentielle, qu’elle n’a gagnée que deux fois sous la Ve République, avec François Mitterrand ? Battre Nicolas Sarkozy, est-ce une mission impossible ?

Pour y parvenir, les chantiers sont nombreux : rénovation interne, primaires ouvertes, alliances à redéfinir, refondation intellectuelle, choix d’un candidat pour gagner. Pierre Moscovici relève le défi et indique la voie à emprunter pour l’emporter en 2012

News de la presse paimpol : Voici Moscovici

Septembre 2009.

Pierre MoscoviciJ’aurais bien aimé vous ramener quelques photos aussi faussement floues que volées de Pierre Moscovici courant en maillot de bain rouge sur la plage de Paimpol ou le récit de quelques aventures torrides avec une princesse britannique venue en secret passer le week-end dans les côtes d’Armor, mais il me faudra me contenter de parler politique.

Pierre était l’invité ce week-end de la fédération des côtes d’Armor à l’occasion de leur université populaire (j’y étais moi-même en qualité d’e-militant b2g et voisin finistèrien). Et donc nous avons, bêtement, parlé politique et pas fanfreluche médiatique. Je ne vais pas vous livrer ici le récit de notre après-midi, juste quelques points, remarques et, on ne se refait pas, commentaires après décantation du week-end.

D’abord un point amusant quand même. Avant de venir, Pierre avait commencé sa journée par une interview avec Europe1, et justement, le journaliste était plus intéressé par la fanfreluche (en l’occurrence Frêche accueillant Royal) que par la politique. Comme notre vaillant journaliste insistait pour avoir sa petite phrase plus croustillante qu’une craquotte à cette heure matinale alors que Mosco n’arrêtait pas de lui expliquer qu’en qualité d’homme politique il voulait parler politique, il a fini par lui lâcher un “je m’en fous de cette fête ! “. Que l’on se le dise du côté des médias, à l’heure du petit dej’, le Mosco est un animal qui n’aime pas qu’on lui casse les pieds…

Paimpol OgerMais revenons à la vraie politique. Que dire de cette journée. D’abord que b2g existe effectivement en dehors du web et que l’on retrouve des soutiens chez les militants de base et chez les élus comme la députée Marie-Renée Oget qui était présente. Ce qui m’a frappé, c’est l’interrogation que suscite b2g : un nouveau courant, l’écurie d’un présidentiable, quelque chose de nouveau ? Nouveau assurément puisque justement le mouvement essaie de sortie du schéma classique du PS organisé en courants, nouveau parce qu’il doit réussir une quadrature compliquée entre besoin d’être porté par des voix fortes et reconnaissables mais qu’il ne doit pas être réduit à une voix forte et reconnaissable, nouveau parce qu’il parle méthode de refondation pour pouvoir ensuite entraîner l’adhésion et donner du contenu partagé à cette refondation. Mais c’est un exercice compliqué car même si les militants du PS déclarent presque unanimement en avoir marre avec la façon de fonctionner dans une opposition interne perpétuelle, finalement peu sont prêts à quitter sans appréhensions les vieilles pantoufles du PS.

Question de management relève Pierre qui relate sa conversation avec un voyageur. Oh que oui : management au quotidien, et plus encore management du changement. Il y a habituellement deux moyens de changer une organisation alors que toute organisation a un mal fou à se changer elle-même : d’abord la conviction partagée de la mort de cette organisation, ensuite l’arrivée d’éléments extérieurs focalisés sur ce changement. Tout le reste est littérature pour enfant.

Au PS, l’idée de la mort du parti est maintenant plus qu’une idée pour se faire peur : voilà qui devrait permettre à tout un chacun d’être plus attentif aux nécessités et moins conservateur.

Mais quid de l’aide venant de l’extérieur ? Cela peut être l’idée de l’élargissement des primaires (sujet évoqué à Paimpol), mais pas n’importe laquelle. Si un élargissement no-limit de la gauche-gauche au modem paraît peu raisonnable, il reste à choisir entre une primaire PC/vert/PS/MRG/MdC ou une primaire PS/MGR/MdC. Pierre hésite entre les deux mais à titre personnel, seule la dernière me paraît honnête et cohérente : je me vois mal demander à 1 ou 2 millions de personnes venir participer à un choix tout en pensant que quoi qu’il arrive, je n’ai pas envie de voter au premier tour pour Buffet ou Cohn-Bendit. Et puis ces derniers n’ont aucun intérêt à ne pas être visibles à la présidentielle. Soyons honnêtes et raisonnables : notre candidat doit être issu de nos rangs ou de celui de nos alliés très proches.

Question sur les jeunes ensuite. Cela n’a pas été vu comme une question de management, mais comment ne pas faire le lien entre ce parti de militants plutôt âgés qui se demande comment intégrer de nouvelles forces et les difficultés qu’ont les entreprises de manager la génération Y. Cette génération ne s’identifie pas à un plan de carrière, elle sait marcher à l’enthousiasme mais est aussi extrêmement volage : toute la difficulté est de trouver un cadre cohérent où implication et liberté marchent ensemble. C’est peut-être pour cela qu’on les retrouve plus sur internet qu’au sein des sections.

Et dernier point que j’évoquerai ici, à propos d’une remarque de Pierre. En substance, il disait que nos vieux quadras déjà foncièrement quinquas dans la tête n’avaient, jusqu’ici, pas prouvé grand chose quant à leurs capacités à diriger la France, avec une remarque en particulier “certains n’ont même pas été secrétaire d’état”. Or je suis tout à la fois d’accord et en désaccord avec Pierre sur ce point.

D’accord sur le fait que pour être président, il faut plus qu’une ambition. Sarkozy n’est qu’ambition, il a réussi à être élu mais il est pathétique au quotidien dans des habits beaucoup trop grands pour lui. Cependant, ces capacités et qualités se réduisent-elles à un exercice ministériel du pouvoir ? Comprendre les rouages de l’Etat est-il l’alpha et l’oméga de la direction de notre pays ? Et là je dis non : incarner un pays va au-delà de capacités techniques. Attirer à soi les meilleurs, être capable de tirer le meilleur d’une équipe sera toujours plus efficace qu’être soi-même le meilleur dans tous les domaines. Le chef n’est pas le meilleur en tout domaine, il est celui qui sait faire travailler les meilleurs pour lui, c’est-à-dire ici, pour la France. Ceci ne veut pas dire pour autant qu’il faille être une bille partout, et il est souhaitable d’être le meilleur à un endroit, mais la capacité essentielle est sans doute celle du leadership d’équipe associée à celle à inspirer confiance au-delà de l’équipe, au-delà de son camp, au-delà de son pays.

L’alchimie est complexe. En attendant il nous reste à préparer le terrain idéologique, avec tous. Paimpol fut une contribution intéressante, à vous de nous apporter la vôtre à b2g.

Quand DSK flamme les criquets de la finance

DSK.

Dominique Strauss-Kahn n’est pas encore en vacances et il semble même offensif.

D’abord contre les criquets de la finance ayant échappé à la dernière famine qu’ils ont provoquée. Dans un entretien récent à France 24, il a lancé une charge vigoureuse contre le retour des gros bonus chez les financiers. L’approche immorale et la cupidité de quelques dirigeants du petit monde de la finance internationale est effectivement inacceptable. Ces personnes vampirisent littéralement des ressources financières qui seraient infiniment mieux utilisées pour alimenter l’économie qu’ils ont mise en vrac. Et que l’on ne nous ressorte pas l’argument de “il faut payer les talents” car les seuls talents dont ils ont fait preuve sont l’imprévoyance, l’aveuglement, la cupidité et le cynisme. Il y a finalement deux sortes de banquiers : ceux qui vous aident à développer un projet, et ceux qui cherchent à vous piller. Je crois qu’il va falloir légiférer pour ératiquer le fléau des seconds et faire ressortir la valeur des premiers.

Second élément de l’actu de Dominique Strauss-Kahn, il a commencé à tenir ses engagements du G20 envers les pays pauvres (et oui, je sais, cela va encore faire mal aux certitudes d’une certaine gauche) en prêtant 17 milliards aux pays pauvres… à taux zéro.

Alors, toujours ultra-libéral le FMI ? Cela ne sert à rien de le diriger plutôt que de le laisser aux criquets ? Protester ne sert pas à grand chose, agir permet de changer les choses et c’est ce que fait DSK.

A lire sur le web :
Le Monde: “Strauss-Kahn “scandalisé” par le retour des bonus dans les banques”

La gauche réformatrice sort l’étendard de la refondation

Besoin de Gauche issu de la contribution PS du même nom, vient de lancer un nouveau site web http://besoindegauche.fr :

Besoin de gauche

Il s’adresse à tous ceux qui cherchent à comprendre l’évolution de la gauche, à échanger et participer à la rénovation des idées et des outils pour conquérir le pouvoir.

Chacun pourra y retrouver des actualités, des textes de réflexions politiques, un réseau social, des fils rss et tout ce que nous y inventerons collectivement pour collectivement rebâtir le parti socialiste et construire l’avenir de la France et de l’Europe sur des bases radicalement réformatrices, solidaires, volontaires et positives.

A bientôt sur ce nouveau site !

Buzz ou appel au secours ?

Dominique Strauss-Kahn

Il y a des rumeurs qui ont la vie dure et celle qui annonce Dominique Strauss-Kahn à la tête d’un gouvernement d’union nationale en fait partie. Sous une forme ou une autre, on la retrouve aussi bien sur le point, ouest-france, le Figaro, lepost.fr, politique.info, et même sur canal Jimmy, et la liste n’est pas exhaustive.

Ce qui est intéressant, c’est qu’en fonction des sources, les motivations sont annoncées comme différentes : lorsque cela est supposé venir de l’Elysée, il s’agirait d’une machiavélique diversion, lorsque l’info est remontée par la coalition des antis-tout, il s’agit d’une preuve de la collusion de la gauche et de la droite appelée aimablement umps.

A la rigueur, pendant le G20, cela aurait pu passer pour une récupération gros-sabots du succès personnel de DSK à ce sommet, mais le G20 est maintenant bien loin.

Comme je suis un gros naïf, je me demande si cela ne serait pas tout simplement l’expression d’un double appel au secours. Appel au secours pour un gouvernement d’union nationale capable d’en finir d’une part avec ce gouvernement qui a tout raté depuis son arrivée et pour en mettre un en place capable d’enfin prendre la mesure des problèmes et accessoirement renvoyer Nicolas Sarkozy inaugurer les chrysanthèmes, une des rares activités où il ne risque pas de faire passer la France pour un peuple sans honneur, sans grandeur, avide et petit bras.

Appel au secours d’autre part, d’hommes et de femmes reconnus pour leurs compétences, respectés internationalement, compétents dans leur domaine et capables de piloter le navire France dans la tempête actuelle en bonne intelligence avec les autres États (tout ce qu’a raté jusqu’ici Nicolas Sarkozy).

Certes les gouvernements d’union nationale ne sont guère dans les habitudes françaises (c’est d’ailleurs un des arguments de DSK pour rejeter l’idée de sa nomination au poste de 1er ministre), mais nous ne sommes pas dans une période très habituelle et contrairement à Dominique, je pense moi que la nécessité fait loi et qu’un tel gouvernement aurait réellement un sens, même si je préfèrerais que le directeur du FMI finisse les réformes qu’il a commencé à mettre en place (ceci dit, je ne suis pas sûr qu’il ait le temps de passer prendre le café pour discuter de mon avis éclairé…).

Ce devrait d’abord être un gouvernement dont les bases seraient social-démocrates, seule idéologie ayant un tant soit peu résisté au tsunami actuel et surtout idéologie mettant en avant le contrat et le dialogue, éléments indispensables dans une telle période.

Les acteurs de ce gouvernement devraient d’abord être nommés sur leurs compétences, leur parcours, leur sens du devoir et de l’État (évidences si rares tant on a quelques difficultés à retrouver des exemples ces dernières années…).

Ce gouvernement devrait regrouper les tendances politiques majeures du paysage politique (gauche de gouvernement, centre, et droite républicaine).

Enfin, le mandat de ce gouvernement devrait préparer à de nouvelles élections dont l’un des enjeux serait de passer à la VIème République, la cinquième étant clairement arrivée à une impasse dont les dysfonctionnements sont préjudiciables aussi bien aux citoyens qu’à la place de la France au plan international.

C’est y plus pire ou moins plus pire ?

J’écoutais ce matin sur BFM un chroniqueur qui s’emportait à propos des nouvelles prévisions du FMI, prévisions pessimistes que certains auraient souhaitées ne pas entendre, ou du moins entendre diffusées au péquin de la rue. L’argument était en gros que pour que les choses aillent mieux, il fallait dire que cela allait mieux car en disant pas que cela va mieux on ne peut pas combattre efficacement la crise. En voilà un qui soit devrait prendre deux ou trois cours de psychologie et de management ou à défaut se pencher sur ses archives et extraire toutes les prévisions optimistes de notre gouvernement ces deux dernières années, prévisions surestimées qui ont conduit à l’imprévoyance plutôt qu’à un effet de croissance optimiste…

Mais au-delà de la sainte colère de ce chroniqueur méthode Coué, on peut quand même constater que nous semblons avoir atteint une sorte d’étape en apesanteur où il semble difficile de savoir si nous allons continuer à tomber, si nous en restons là ou si nous sommes en mesure de repartir.

Apesanteur financière tout d’abord. Après une valse bancaire, le système financier semble avoir stoppé l’hémorragie (du moins du côté éclairé du monde financier car côté paradis fiscaux on perçoit des bruits de naufrage) et le mot d’ordre semble être d’avancer avec prudence pour ne pas mettre le pied sur une mine oubliée. Difficile cependant d’être sûr que les fondations du coffre-fort sont à nouveau solide ou qu’un irresponsable n’a pas gardé la clé.

Apesanteur économique ensuite. La question est là de savoir si les sociétés qui ont déposé leur bilan ou sont en passent de le faire ont détruit assez d’offre pour qu’offre et demande soient revenus à des niveaux compatibles (et dire que certains ont refusé l’idée même de relance par la consommation). C’est particulièrement clair avec l’industrie automobile américaine qui, comme je l’avais évoqué il y a plusieurs semaines, va très probablement perdre Chrysler et sans doute GM, le tout au profit des autres constructeurs dont Ford. Si c’est le cas, les relais de trésorerie suffiront, sinon l’économie ne peut que reprendre sa destruction de valeur.

Apesanteur sociale enfin. Là c’est plutôt étonnant car même si on constate quelques conflits très visibles (Continental, Caterpillar, …), les cris de douleurs semblent comme étouffés. On m’a raconté il y a peu (c’est un récit que je n’ai pas pu vérifier) que les gens commençaient à demander des devis de travaux dans le but de les présenter chez leur banquier pour obtenir des prêts. A ceci prêt qu’une fois obtenus, ces prêts ne finançaient pas des travaux mais la consommation du quotidien. Pour les français, la crise n’en est qu’à son début contrairement au monde financier, elle vient de frapper à la porte contrairement aux banquiers. Alors oui, pour les français, il faut dire les choses comme elles sont, et surtout leur montrer par des actes qu’ils ne sont pas seuls, que l’on combat à leurs côtés, que l’on fera ce qu’il faut pour qu’ils ne se retrouvent pas à la rue.

Mais qui est on ? Le FMI a le pouvoir (et le devoir) d’annoncer la tendance la plus vraisemblable mais qui est à la manœuvre ? Le plan de relance français est toujours aussi faiblard, les aides, comme celles décidées pour les apprentis semblent tellement restreintes là où ils faudrait toucher tant de monde. Le gouvernement actuel à bout de souffle devra encore atteindre les résultats des élections européennes pour être remplacé (et encore, le remaniement sera fonction de l’ampleur de la sanction éventuelle des français). Finalement, la France politique est elle aussi en apesanteur alors que nous avons besoin d’actions, de leaders compétents, efficaces, volontaires, et accessoirement humbles face aux défis.

DSK ou l’image de la Démocratie Sociale Keynésienne

Strauss-Kahn et ChabotJ’ai pris quelques jours de réflexion et de recul pour commenter le passage de Dominique Strauss-Kahn à France 2 jeudi dernier, et c’est tant mieux puisqu’en plus de cette prestation, je vais pouvoir commenter les réactions…

Sur la prestation d’abord. DSK c’est généralement du solide, de l’argumenté et du responsable, pas de surprise là-dessus, le patron du FMI ne s’est pas fourvoyé dans un lyrisme populiste ni dans un yakafokon tellement en vogue ces derniers temps, ni dans une sécurité technocratique aussi confortable qu’incompréhensible pour le citoyen lambda. L’exercice n’était pourtant pas simple puisque les interpellations enregistrées des français pouvaient facilement inciter à la glissade sur la souffrance du bon peuple de France alors que sa position au FMI offrait généreusement à DSK la position de celui qui plane à quinze mille au-dessus des autres. Mais non, rien de cela dans l’explication du dysfonctionnement bancaire actuel, rien de cela dans l’analyse de la situation des salariés de Continental non plus.

Ce qui m’a cependant le plus retenu jeudi soir, c’est sans doute la hauteur internationale et le respect affiché par M. Boutros-Gahli (Youssef, pas Boutros) le ministre des finances égyptiennes. Dire qu’ici, une certaine gauche passe une bonne partie de son temps à nous expliquer que DSK c’est le FMI ultra-libéral et qu’il ne fallait surtout pas y aller. Manifestement, du côté des pays qui restent à la porte du G20, on n’est vraiment pas d’accord avec les gauchistes français. J’en viens à me demander combien d’autres français jouissent d’une si bonne réputation à l’extérieur de nos frontières (et accessoirement pourquoi nous aimons tant nous auto-flageller…).

Passons aux commentaires. Que d’articles tout d’un coup, avec un thème qui revient (avec plus ou moins d’ironie lorsqu’il s’agit du canard), c’est l’image du “french sauveur”. Je déteste personnellement l’idée du sauveur, d’où qu’il vienne, mais force est de constater qu’en période de panade et devant l’incompétence généralisée, c’est journalistiquement tentant… Du coup, constatant ce soudain regain d’intérêt et comme je suis curieux et taquin, je suis allé voir du côté de Libé si eux aussi ne se seraient pas laissé allé à quelque chose de positif ( http://www.liberation.fr/recherche/?q=dominique+strauss-Kahn ). Ouf, il y a bien un article sur son passage à France 2, mais comme à leur habitude lorsqu’il s’agit de DSK, on y trouve la vacherie règlementaire (en fin d’article  : http://www.liberation.fr/politiques/0101558049-strauss-kahn-un-retour-pour-le-futur). La gauche bien pensante peut continuer à roupiller tranquille.
Côté oueb maintenant. Il semblerait que les équipes de Pierre Bergé aient eu du travail. Le message à faire passer est en gros “avec tout l’argent qu’il brasse au FMI, DSK sera vu comme le candidat des riches“. Il se trouve au passage que c’est la doctrine de Claude Guéant pour sauver la mise à Nicolas Sarkozy en 2012…  Alors, quelle est donc l’argumentation contre ce plus riche que moi tu meurs ? Eh bien en substance (je vous résume, pour la profondeur de l’argumentaire il faudra vous taper la prose internet vous-même), c’est DSK qui a inventé le bouclier fiscal, les stock-options et autres bonnes choses du moment, et en plus Dominique a un salaire qui oscille entre 400 000 et 500 000 suivant les blogueurs (somme généralement citée en euro ; pour info, c’est 325 000 euros par an). Bien sûr, au passage chacun s’ingénue à citer d’autres articles en en déformant quelque peu le contenu. En voici un exemple d’école :

Manipulation Manipulation

Le premier article (DSK est méchant il a inventé le bouclier fiscal) renvoie sur l’article II (la gauche a inventé le bouclier fiscal) qui renvoie sur un article du canard décrivant une obscure loi datant de 1988 puis amendée, en balançant au passage quelques inepties sur la fiscalité européenne (si le coeur vous en dit, voici un document du minéfi sur la réalité de cette fiscalité). Ouf, l’honneur de Sarko est sauf, c’est Strauss-Kahn qui a tout inventé de la politique catastrophique actuelle. CQFD.

Et les français, qu’ont-il pensé ? Moins de mal qu’une certaine gauche semble-t-il puisque les seuls politiques qui trouvent grâce à leurs yeux sont Dominique Strauss-Kahn et François Bayrou. Et que représent-ils fondamentalement ? La démocratie chrétienne pour Bayrou, la social-démocratie pour DSK, une certaine vision raisonable des choses pour les deux.

Mais pour l’instant, un seul pèse sur la politique mondiale, un seul citoyen pour construire une nouvelle Démocratie Sociale Keynésienne.

Brève du monde

DSK FMI Dar Es SalaamPendant que certains se cachent la face pour ne pas voir l’ampleur des problèmes, pendant que d’autres agitent la mousse des paradis fiscaux en oubliant d’expliquer comment ils avaient accepté et alimenté la machine infernale, pendant que d’autres encore ne sont toujours pas convaincus de la nécessité d’une réelle coopération internationale entre États, le FMI et son directeur en tête, participe à une réunion internationale à Dar es Salaam avec les dirigeants africains sur le sujet d’un renforcement de l’action du FMI sur le continent.

Quelques unes des orientations de ce sommet :

  • Amélioration de la surveillance du FMI sur la politique de tous ses membres, dans un esprit d’équité ;
  • Extension des moyens de financement du FMI et de leur accessibilité aux pays à bas revenus;
  • Consolidation du processus d’allègement des dettes en ajustant la structure de financement des dettes du FMI pour s’adapter aux besoins de nouveaux financements de l’Afrique et aux opportunités ;
  • Accélération des réformes de gouvernance de FMI pour augmenter le poids des voix de l’Afrique et la représentation à tous les niveaux de l’institution
  • Amélioration des règles de dialogue entre le FMI et ses membres africains, y compris pour l’aide technique, pour assurer que la politique des pays africains profite de l’expérience du FMI et de son expertise ;
  • Renforcement du rôle catalytique du FMI pour démultiplier le financement public et privé pour les besoins d’infrastructure critiques de l’Afrique.

Il serait sans doute bon que cette réunion inspire celle à venir du G20, avec en exergue une phrase de Dominique Strauss-Kahn : “Le monde entre dans une grande récession bien au-delà d’une croissance 0“.

Alors, il est toujours ultra-libéral le FMI ?

Si le réalisme pouvait venir d’Afrique

DSK ou l’histoire du prince et du mendiant

Dominique Strauss-Kahn

Comme les français sont versatiles et facétieux ! Un jour ils vous mettent à bas et versent sur vous leur ire et leurs frustrations, et le lendemain vous taillent un costard de prince des mille et une nuits.

Si vous ne me croyez pas, il suffit de lire l’actualité de la semaine dernière. Mardi, c’est haro sur celui qui n’a pas d’humour, le mardi de l’homme qui ose dire qu’il n’aime pas une blague : honte à lui qui renie Rabelais et les guerres picrocholines, sus à ce censeur ! La France bloggueuse s’émeut et, telle une autruche, se cache la tête sous la toile pour ne pas voir que l’essentiel du message strauss-kahnien n’était pas à chercher dans le bruit blanc des rieurs mais dans les noirceurs de la finance mondiale.

S’en suit bien sûr quelques saillies sur de vieilles lunes réchauffées, puis l’improbable revirement, le looping cosmique du jeudi : et si DSK devenait premier ministre ? Sans doute est-ce là une autre tentative humoristique de type comique de répétition. Il faut se souvenir en effet que Dominique Strauss-Kahn est sans doute le champion des hommes politiques au poste de premier ministre virtuel. Déjà lors de la dernière campagne présidentielle, il était assuré d’accéder à cette fonction si la gauche ou le modem gagnait. Ici, la boucle serait bouclée puisque le voilà à nouveau premier ministre virtuel (s’entend : débauché par la droite, ah le traître qui tel le sucre dans le lait est partout, mais finalement dans aucun gouvernement…).

Qu’en penser ? Factuellement, et à moins d’aimer le flan, rien du tout. Tout cela n’est que mousse de circonstance. Mais comme il est bon d’explorer et de sonder l’avenir, examinons cette histoire de 1er ministre sous un autre angle : quels éléments seraient déclencheurs d’un gouvernement d’union nationale où la gauche participerait pleinement, y compris en assumant le poste de 1er ministre ?

La machine économique infernale actuelle n’aboutit-elle à une telle nécessité d’union nationale ? Il y a quelques temps, Fillon avait appelé à une telle union à ceci près qu’il s’agissait surtout à l’époque d’un effet de manche ou mieux encore, de demander au parlement de signer un chèque en blanc à un gouvernement qui depuis près de deux ans n’a pu montrer que des échecs, un grand sens de l’irresponsabilité et une inquiétante incapacité dans la compréhension de ce qui se passe, en particulier dans la vie de tous les jours des français.

Pour en revenir à la mécanique financière, après réflexion et quelques renseignements pris à droite et à gauche (et même indirectement à Washington auprès du mari d’une célèbre journaliste), la mécanique d’un crash des monnaies, dollar en tête, s’avère très peu probable si l’on écarte l’hypothèse d’une “guerre monétaire” en bonne est due forme d’un ennemi hypothétique des E.U. Le spectre d’un effondrement monétaire comme l’Europe en a connu dans les années 20 est donc très peu probable.
Reste que la valse des cessations de paiement, non pour les États mais pour les sociétés, a commencé : si le sort de GM et Chrysler n’est pas encore (?) fixé, les gouvernements européens ont déjà dû voler au secours de leurs filiales, SAAB ou Opel. Si j’ai bien suivi, l’État pourrait aussi venir au secours de Peugeot (on notera au passage que si la crise automobile a été accentuée par les problèmes financiers mondiaux, fondamentalement il s’agit d’un problème industriel de rupture technologique : les clients se demandent quel sera l’énergie de demain et retardent leurs achats de voiture neuve, encouragés en cela par la peur du lendemain). Voilà des sauvetages qui évitent le désastre total, mais jusqu’à quand peut nationaliser peu ou prou des sociétés devenues insolvables sur un marché en rupture ? Devra-t-on émettre de la monnaie de singe lorsque l’on n’aura plus de cash ?
Toutes ces cessations de paiement ont 2 origines : la baisse extrêmement brutale des commandes (inadéquation entre offre et demande), ce qui ne permet pas aux entreprises de s’adapter assez vite, et d’autre part le trop faible support des banques (ce qui est la cible numéro un du FMI).

Voila pour une analyse très imparfaite de la situation du jour. Mais tout cela nous amène directement à l’action politique. Pour l’instant, ce gouvernement se voile la face et refuse depuis le début de prendre la mesure de la crise. La gauche doit-elle l’attaquer frontalement au risque de provoquer une crise politique majeure ou devons-nous accepter les choses parce que c’est démocratique d’une part et que nous avons peur d’aggraver les choses dans le cas d’une attaque frontale ? Cette dernière solution serait déjà une forme de gouvernement d’union nationale qui ne dit pas son nom, une forme assez lâche, irresponsable.

Ensuite, pour revenir sur l’argument démocratique, ce gouvernement n’a bien sûr pas reçu de mandat pour une politique liée à cette crise : la situation de 2009 n’a rien à voir avec celle de 2007 et la promesse électorale de 3% de croissance risque fort de se transformer en 3% de récession bien réelle. Si la situation ne se redresse pas très vite, il est clair qu’il va falloir redemander aux français un mandat politique : il va falloir statuer sur les orientations (nationalisation, protection, partage des efforts, coupes budgétaires, niveau réel de déficit, …). L’autre option étant de faire comme dans les années 30 et de passer à des gouvernements dictatoriaux. Si nous privilégions l’option démocratique, les bases d’un gouvernement d’union nationale doivent être soumises aux français. Et quelles sont ces bases ? Le marxisme a échoué, l’ultra-libéralisme échoue en ce moment sous nos yeux et ce qui est plébiscité par les faits, c’est la social-démocratie même s’il est entendu qu’elle aussi doit être revisitée.

Il nous incombe de définir la politique de sauvetage puis de sortie de crise, de conduire le rassemblement et de conduire la politique qui sera acceptée par nos concitoyens.

Ce qui me semble évident, c’est qu’un futur gouvernement d’union national sera un gouvernement mené par une personne ayant fait preuve de ses capacités de compréhension, de ses compétences, de ses talents de manager et de négociateur, une personne ayant une vraie stature internationale.

Il est aussi impératif d’en finir avec le bonarpartisme ringard actuel, de revenir à une conception humble de l’exercice du pouvoir, respectueuse des parlementaires et de l’exécutif. Un gouvernement d’union nationale peut parfaitement plancher sur une nouvelle République, mais en attendant, cela doit se faire dans l’esprit et la lettre de la Vème République.

Une autre chose me paraît évidente : plus nous attendons, et plus ce sera difficile. Au tout début, le problème était de trouver quelques centaines de milliards aux Etats-Unis, aujourd’hui nous en sommes à quelques dizaines de milliers de milliards sur toute la planète, avec une économie déjà partiellement détruite.