Petite brève légère du soir : Qui trouve-t-on dans le top 12 des blogs politiques ?

Non, pas moi qui ne suit qu’un citoyen lambda usant des moyens du militant de base pour faire entendre une musique de raison à qui veut bien me lire. Non, plus les têtes d’affiches et les habitués des premières pages peoples : aucune campagne présidentielle n’étant en cours (enfin je crois), aucun million d’euros n’a été utilisé pour aider le consommateur à librement exercer sa citoyenneté.

Pierre MoscoviciDeux personnalités que l’on retrouve avec surprise dans ce classement  : la sémillante Anne Sinclair et le nom moins sémillant Pierre Moscovici. Étonnant de voir que le blog d’un socialiste, certes éminent, mais qui n’a pour l’heure d’autres honneurs que ceux de ses mandats, et d’une journaliste qui n’a d’autre projet politique que celui de nous faire part de ses cartes postales d’expatriée, confidente amie desAnne Sinclair grands jours comme des petits tracas, étonnant donc de les voir tous deux figurer pour leurs seules qualités dans ce palmarès.

Mais, je veux y voir une sorte de juste hommage à une intégrité intellectuelle, un combat honnête de tous les jours récompensé par les internautes, restant anonymes ou s’exprimant à l’occasion chez eux pour parler à l’agora mondiale toute entière.

Voilà un bel hommage à aux honnêtes hommes (parmi lesquels on compte les femmes, la preuve est faite !), à l’humilité citoyenne et militante, à la pensée et la façon d’être socdem au quotidien aussi.

Pour qui sonne le glas ?

Jeudi social, jeudi de grève, jeudi de manifestation, jeudi de fracture, mais surtout jeudi de réveil.

Pour la première fois depuis longtemps, la France des salariés descend unie dans laPrise de la bastille rue. Le gouvernement a bien essayé de matraquer l’idée qu’il ne s’agissait que de la France des fonctionnaires et des privilégiés, mais les indications à la mi-journée faisaient état d’une tout autre réalité : oui les salariés du privé sont aussi dans la rue, qu’ils soient du secteur automobile en plein dans la tourmente, du secteur bancaire, ou encore de la grande distribution. La lecture de la droite est déphasée. À côté des fonctionnaires si facilement dénoncés, on voit des intérimaires qui ne trouvent plus d’emploi, des salariés au chômage technique, de nouveaux licenciés économiques, des retraités qui commencent à devoir faire les “après-marchés” pour se nourrir et qui y croisent les travailleurs pauvres, les exclus et tout un monde que nous ne voudrions pas voir.

Cette manifestation n’est pas, comme on veut nous le faire croire, une gesticulation de plus de la gauche, mais bien le premier symptôme visible de la crise sociale qui découle à la fois de la dégradation mondiale et aussi, surtout, de la façon dont le gouvernement français gère cette tempête qui fut d’abord financière avant d’être économique, et maintenant sociale.
Après plus de six ans de gouvernements UMP, dont deux sous la domination totale de Nicolas Sarkozy, nous allons très mal et ce n’est qu’un début. Mais le problème principal est d’abord que ce gouvernement est incapable de prendre la mesure du problème économique et social, incapable de se remettre en cause, incapable de comprendre pourquoi il a battu tant de records économiques dans le mauvais sens, incapable d’incarner la respectabilité et la compétence, incapable d’inspirer la confiance.
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy restera terré à l’Elysée. Peut-être mettra-t-il un CD de Carlitta et regardera ses photos de vacances. Il est au chaud et bien nourri. Cela ne peut pas durer.

Le locataire de l’Élysée envoie en ce moment ses messagers nous expliquer combien il faut être solidaire en ces temps de crise. Quel cynisme pour le chantre du démerde-yoursel, pour celui qui ne manque pas d’ironiser sur les salariés qui contestent (les grèves dont plus personne ne s’aperçoit), pour celui qui ne supporte pas les “lèse-majesté” (casse toi pauvre con), pour celui qui fait des remontrances aux banquiers devant les caméras mais leur donnera quand même les milliards nécessaires pour verser un dividende aux actionnaires et surtout ne fera rien pour ses propres excès de salaire, qu’il a presque doublé en arrivant.

Cet homme n’est pas exemplaire, il ne comprend ni l’économie, ni les Français, il est à de nombreux égards, indécent.

Quelle est l’urgence aujourd’hui ? Mettre en place un gouvernement compétent, se remettre en phase avec nos partenaires internationaux (oui il est maintenant certain qu’il faut faire aussi une politique de la relance de la consommation), retrouver une légitimité démocratique. Alors il pourra y avoir une union nationale face à la crise, alors les Français pourront se mettre en ordre de bataille pour vaincre la crise. Mais en l’état, on ne peut que constater la gravissime défiance du pouvoir politique national, on ne peut qu’être abasourdi par les chances gâchées (le chômage qui n’a pas été réduit au taux du plein emploi malgré la chance démographique historique), les virages manqués (les mesures fiscales et sociales à contre-courant), l’imprévoyance passée (j’irai chercher les 3% de croissance avec les dents), actuelle (la croissance sera de 0% en 2009 selon Devedjian), et hélas à venir. Non la crise ne se résoudra pas toute seule d’ici la fin de l’année ! Ce qui va arriver à court terme, c’est une explosion des dépôts de bilan et un écroulement d’une partie de l’économie sous forme de chaîne de dominos.

Cela peut être évité, nous pouvons sortir vainqueur de cette tempête, mais nous devons avoir les bonnes personnes aux bons postes, avec des moyens adéquats.

Comme nous avons des raisons de regretter d’avoir raté la présidentielle de 2007 ! Comme nous avons des raisons de regretter que Dominique Strauss-Kahn soit à Washington et pas à Paris !

De l’art de manipuler l’opinion et les internautes en particulier, acte II

Après la fable de la jeune fille que personne n’aimait, je voudrais vous raconter une autre histoire. C’est une histoire de méchants qui font peur, le conte des vieux croutons qu’en ancien françois l’on nommoit sociaux-démocrates.

Dans une époque reculée de l’histoire de France, vivaient de très vieux messieurs, encore dénommés croutons, éléphants, machos ou de façon plus générique, “vieux cons”. Ces gens faisaient très peur, on ne sait pas trop pourquoi, mais on sait qu’ils passaient le plus clair de leur temps à empêcher les choses de changer en jetant des sortilèges de pétrification. Et ils étaient très méchants, et très vieux.

A une époque, ces méchants avaient été très gentils et s’étaient plutôt bien occupés de nous, comme le crouton Delors (dont la pensée démocrate-chrétienne fut une des sources d’inspiration de la deuxième gauche) qui fut incontestablement l’un des plus grand constructeur de l’Europe, comme l’éléphant Rocard qui fut loué pour son intelligence et sa volonté de faire évoluer la gauche, comme le macho Jospin qui est l’homme qui a fait reculé le chômage alors que plus personne n’y croyait plus (souvenez-vous d’une maxime de l’époque : “contre le chômage on a tout essayé”), comme le vieux con Strauss-Kahn à qui l’on doit plus de trois ans de croissance au-dessus de la moyenne européenne (souvenez-vous qu’à l’époque l’assemblée nationale avait été dissoute parce que la droite ne pensait pas être en mesure de boucler un budget pour qualifier la France à l’euro), et qui travaille aujourd’hui à essayer de réaliser la plus grande réforme financière mondiale depuis Bretton-Woods

Comme ils avaient pétrifié la gauche de France, tout n’était autour d’eux que désert désolé, vieille marmite d’idées recuites, combines secrètes et banquets d’arthritiques goutteux : il parait même qu’ils se nourrissaient de la jeunesse des quelques égarés qui venaient à eux, et c’est pourquoi on ne voyait plus de jeunes dans leur rang. Brrr, cela fout les jetons !

Après cette effrayante histoire, laissez-moi vous présenter une galerie de portraits de personnes qui se battent aujourd’hui dans les rangs de ceux qui ont été tant dénigrés, ceux qui travaillent au quotidien pour aider nos concitoyens et pour construire l’avenir, un avenir bâti sur l’héritage et du socialisme et de la social-démocratie, un avenir refondé.

Sandrine Mazetier, née le 16 décembre 1966, députée de la 8e circonscription de Paris, ancienne directrice de communication dans le secteur privé. Cliquez ici pour voir son blog.

Jean-Francois Fountaine, vice-président du Conseil régional de Poitou-Charentes, ancien champion du Monde de Half Tonner (1980), chef d’entreprise dans la construction navale, ex-président de la Fédération des Industries Nautiques.

Marisol Touraine, née le 7 mars 1959 à Paris, députée socialiste d’Indre-et-Loire. Cliquez ici pour voir son blog.

Pierre Moscovici, né le 16 septembre 1957 à Paris, député du Doubs, ancien ministre délégué aux affaires européennes du gouvernement Jospin, premier signataire de la contribution “Besoin de Gauche” pour le congrès de Reims. Cliquez ici pour voir son blog.

Michèle Sabban, Née le 28 juin 1954 à Kef en Tunisie, Vice-Présidente du Conseil Régional d’Ile-de-France, Vice-Présidente de l’Internationale Socialiste des Femmes, Présidente de l’Assemblée des Régions d’Europe.

Jean-Jacque Urvoas, Né le 19 septembre 1959 à Brest (Finistère), ex-directeur de la Mutualité du Finistère, maître de conférence à l’Université de Bretagne Occidentale, député de la 1re circonscription du Finistère. Cliquez ici pour voir son blog.

Michel Destot né le 2 septembre 1946 à Malo-les-Bains (Nord), député de la troisième circonscription de l’Isère, maire de Grenoble .. Cliquez ici pour voir son blog.

Laurent Baumel né en 1966, un des penseurs de la refondation du parti socialiste, rédacteur du rapport de La Rochelle sur le Manifeste de socialisme et démocratie. Cliquez ici pour voir le blog du manifeste.

Christophe Cavaillès, né à Paris le 19 décembre 1973, reporter spécialisé dans les questions de relations internationales, écrivain et conférencier. Cliquez ici pour voir son blog.

Voilà donc des hommes et des femmes qui n’existent pas dans la fable des vieux croutons où il n’y a pas de dynamisme, pas de renouveau, pas de mouvement, pas de changement.
Pourtant, dans cette galerie de portraits qui est loin d’être exhaustive (toutes mes excuses à ceux qui auraient mérité d’y être), il y a des gens qui améliorent notre vie au quotidien, d’autres qui réfléchissent à comment aborder rationnellement les indispensables changements auxquels nous devons faire face, à en diminuer les risques, à tracer la route d’un avenir meilleur. Mais voilà, ce ne sont pas des aventuriers de l’esbroufe, pas des bateleurs de foire qui racontent tout et n’importe quoi pour être applaudi à la fin du spectacle.

Le changement demande de la constance et de la cohérence, de la réflexion et de l’ambition, et surtout, il demande l’assistance de tous, du plus humble à celui qui est à la tribune, et en particulier de ceux qui ont montré leur capacité à réussir.

Congrès du PS : débats et des hauts

Septembre 2008. J’étais hier soir à un débat départemental destiné à présenter les différentes contributions générales en vue du congrès de Reims. Petite explication organico-lexicale pour les non-initiés à la démocratie socialo.

Le but du congrès de Reims est en gros de choisir une ligne politique, de dégager une majorité sur cette ligne puis d’en déduire un exécutif, premier secrétaire en tête. La ligne politique sera celle décrite dans la motion majoritaire, cette motion étant elle-même construite à partir de contributions. Pour l’instant, nous en sommes au stade où l’on regarde quelles contributions peuvent se rejoindre dans des textes qui seront les futures motions. Cela peut paraître un peu lourdingue au citoyen qui ne s’intéresse à la politique que de façon épisodique, mais c’est tout à fait représentatif du PS, un parti qui se veut démocratique (d’où les débats et les engueulades), réformistes (d’où les textes à la pelle dont certains valent leur pesant de cacahuètes) et qui a des difficultés à dégager un chef (les socialistes aiment tellement les chefs qu’ils ont inventé les courants pour en avoir plein). Hier soir, une réunion était donc organisée au niveau du département pour présenter 14 de ces motions, donc a priori 14 courants de pensée du PS (comme quoi, nos journalistes apparaissent comme des Jiravos lorsqu’il réduisent le PS à un combat entre quelques têtes médiatisées) ; 14 contributions défendues avec en particulier deux orateurs de poids, Alain Bergougnioux et Pierre Moscovici. Voilà qui avait motivé les foules, il a fallu rajouter des chaises et faire de la place aux caméras. Au-delà du contenu politique inégal des contributions présentées, qu’en dire ? Côté contribution Hollande, il se dégage une forte expression d’injustice, voire de ressentiment, qui à mes yeux n’est d’ailleurs pas tout à fait infondée. De fait, l’ère Hollande s’est soldée sur un échec, électoral et idéologique. Le reproche principal qui lui est fait est de n’avoir pas réussi à faire entrer le parti dans la réalité de ce siècle : reproche justifié, au détail près qu’il avait surtout mandat d’arrondir les angles et pas de révolutionner le PS. Hollande a échoué parce qu’il a très bien fait ce qui était attendu de lui. Côté contribution Delanoë, le message n’invite pas au décoiffage général. Présentation présidentialiste mais ouverte à des primaires qui désigneront le candidat en 2011, rejet d’un exécutif mou, explications défensives sur le reproche de n’avoir pas été assez travailleur et imaginatif ces dernières années, puis intervention ultérieure de Catherine Tasca dans une recherche finalement assez maternelle visant à rassembler les militants sous la bannière du tous socialistes. Je respecte beaucoup Catherine et Alain, mais je vois ici l’expression parfaite du déni de changement : le PS d’après Reims ne sera plus jamais celui d’Epinay, et non, tous les socialistes d’aujourd’hui ne sont pas tous pareils et ne ressemblent pas non plus à ceux d’après Reims. Contribution Aubry. Manifestement, l’expression est un peu gênée aux entournures et le message est plus technique que militant, ce qui n’était pas de nature à faire chavirer un auditoire peu favorable à Martine Aubry ou Laurent Fabius (la fédération était encore royaliste il n’y a pas si longtemps). Nous restons là dans une logique d’alliance de courants, sans dynamique politique apparente. Contribution Fabius justement. L’exposé donne une impression de retrait sur les fondamentaux, l’Etat républicain, laïc, fort, comme une sorte de ligne Maginot à ne pas franchir si on veut éviter les hostilités ouvertes. Je ne perçois pas de volonté de changer ou de s’opposer au changement du PS, juste une sorte de « nous sommes là et nous comptons ». La blessure infligée au parti lors du TCE est toujours palpable dans la salle. Côté orientation politique, je ne suis pas fichu de dire si les fabiusiens de Reims sont toujours à gauche-gauche ou s’ils sont revenus au centre du terrain de jeu. Mystérieuses brumes en Fabiusie… Contribution Royal : sentiment d’étrange décalage entre un discours bien rodé et séduisant, ouvert, et les pratiques plus rugueuses constatées sur internet ou dans les médias, courant peu perméable à la critique et adepte de mesures dirigistes qui sont régulièrement avancées. En tout cas, l’exposé n’a pas versé dans l’affectif ou la complainte, ce qui aurait tendance à confirmer l’impression de La Rochelle : ce courant ne se voyant plus majoritaire semble prêt à composer pour exister de façon minoritaire. Le spectre de l’explosion s’éloigne un peu. Contribution Ayrault : plus légitimiste que moi tu meurs, le parti est le projet, un parti en ordre de marche sert la France. Au moins c’est simple. Reste juste à refonder le parti. Contribution Moscovici. Je savais Pierre bon orateur (et la contribution top…), mais après l’épisode de La Rochelle, je ne m’attendais pas à ce que la salle lui fasse un si bon accueil. La dynamique qui s’exprime avec Montebourg, Collomb, Guérini se retrouve effectivement au sein des militants, et dépasse les clivages habituels. Je pronostique même un rapprochement avec la contribution de Larrouturou. Mosco a de plus en plus la tête d’un 1er secrétaire… Les contributions de la gauche du PS : la gauche radicale est à la fois la plus claire, la plus combative et la plus déphasée, celle qui aura le plus de mal à changer. Les démonstrations sont construites sur un ensemble de faits, de statistiques, de propositions ponctuelles, mais l’on cherche la refondation, utopique ou pas, l’idéal qui pourra remplacer papy Marx, le grand mouvement d’ensemble. Nous avons là la gauche qui conteste et se révolte, mais difficile finalement d’y voir un projet capable d’entraîner une adhésion qui aille au-delà des petits jeunes tout feu tout flamme. Cela ne semble cependant pas non plus être l’improbable gauche-Besancenot, celle des « antis » peu aimables. Leur trouver une place cohérente et constructive dans le futur PS ne sera pas facile. Leur enthousiasme sincère le mérite pourtant. J’ai finalement trouvé dans cette réunion, les ingrédients que j’ai pu décrire ces derniers temps : résistance au changement différente en fonction des courants, le PS des courants et des présidentiables mais aussi celui des militants qui n’ont pas l’intention d’être de simples spectateurs. La conscience de la nature particulière de Reims est également très grande. Le parti socialiste va mourir à Reims, la question est de savoir s’il renaîtra. Finalement, cette réunion me laisse assez optimiste.

Un dimanche a la campagne, à Frangy chez Montebourg

Chez les socialos, on sait que les vacances sont terminées lorsque que l’on s’agite du côté de Frangy. Il y a deux ans, la fête de la rose avait été teintée de course à la présidentielle et l’an dernier, placée sur le thème du rapprochement avec les refondateurs du parti. Si dans le premier cas, la recette du succès n’avait pas été trouvée dans la sauce barbecue, la fête avec les refondateurs a été elle beaucoup plus fructueuse puisqu’elle a entre autre permis de produire une contribution pour le congrès de Reims, le texte « Besoin de gauche » dont le premier signataire est Pierre Moscovici.

Depuis la présidentielle, Mosco a eu un parcourt qui mérite que l’on s’y attarde quelques minutes, entre un discours sur la merguez et un sur la méthode qui permettra de refaire du PS un parti de gouvernement et d’avenir.
Mosco ce fut longtemps le discret mais efficace ministre européen du gouvernement Jospin. Assez discret pour éviter que Chirac ne fasse une sortie dont il avait jadis le secret, assez efficace pour réussir à résoudre, au moins temporairement, les impossibles quadratures de la construction européenne.
Il fut aussi le moins discret critique de Mitterrand à une époque où la statue du commandeur fascinait encore Solférino, où la poussière du passé commençait à recouvrir lentement les capacités de réflexion, d’innovation, de contestation de l’ordre établi.
Puis à la défaite de Lionel Jospin en 2002, il a semblé se dissoudre dans l’assemblée européenne, comme pour se préserver de la gélatine bureaucratique qui se propageait au PS, impuissant à aider les réformateurs sociaux-démocrates qui tels Dominique Strauss-Kahn se sont heurtés au mur du déni socialiste, mur dressé par tous ceux qui par tactique, paresse, ou aveuglement, ont préféré le mirage d’un gauchisme éculé ou celui d’une fantasmagorie absurde, au courage d’une remise en question, d’un examen de conscience, d’une prise de responsabilité, et au final d’une indispensable refondation.
Les choses auraient pu lentement continuer à se dégrader pour aboutir à ce que Frangy ne soit plus qu’un pique-nique pour vieux militants aux souvenirs incertains si le destin n’avait pas pimenté la politique française. Le point d’inflexion qui a peut-être fait basculer la vie politique de Pierre est à situer dans le bref échange entre Laurent Fabius et Jean-Louis Borloo lorsque ce dernier s’est fait benoitement piégé avec la TVA sociale entre les deux tours de l’élection législative. Il faut se souvenir qu’à l’époque, la France avait voulu voter pour un président de gauche, mais s’était retrouvée piégée dans un combat médiatique Royal / Sarkozy. Ayant donné une large victoire à ce dernier, la législative aurait dû être triomphale si on ne lui avait pas rappelé, avec cette histoire de TVA, que Sarkozy n’était pas de gauche. Grace à une mobilisation militante crânement menée, nombre de sièges de députés qui revenaient mécaniquement à la droite ont été arrachés par la gauche, dont celui du pays de Montbéliard de Pierre Moscovici. Après un long combat de terrain, ce dernier bénéficiait enfin du coup de pouce récompensant ses efforts. La suite a été menée de main de maître et ne doit rien cette fois à la chance. Depuis le départ de DSK au FMI, il tient avec talent le rôle de la voix de la social-démocratie, et en tandem avec J-Ch. Cambadélis, il a su faire sien les travaux du manifeste social-démocrate, su écouter, innover en utilisant internet à bien escient, mais aussi su élargir l’audience de S&D et rassembler comme en témoigne aujourd’hui la dynamique rassemblant Montebourg, Collomb, Guérini, Valls et maintenant Aubry et Lebranchu.
En ce week-end d’été à Frangy, le mouvement de refondation social-démocrate est devenu une évidence pour l’avenir du parti socialiste et Pierre Moscovici a réussi l’étonnant pari d’exister au nom du collectif, de mettre en avant les travaux de réflexion issus à la fois des penseurs du PS et des militants, sans renier ses propres convictions. La marque d’un nouveau social-démocrate.
Je ne sais pas si Reims sera un succès, mais nous avons toutes les raisons de faire une belle fête dimanche.

Fin de journée d’été chez Mosco

Fin de journée agréable en ce mercredi soir : il fait beau, la circulation est presque fluide dans Paris et je trouve une place de parking du premier coup. J’ai oublié le nom de la salle mais bon, je vais demander au gardien.

« Dans quelle salle a lieu la réunion de Moscovici ? ». Le gardien n’est pas au courant, il décroche son téléphone pour se renseigner. Entre-temps arrive une autre personne, elle aussi à la recherche de la salle. Nous échangeons quelques mots. Ah JPB ! Bloggy ! Le monde est plus petit que le oueb.

Finalement, la salle est dans un autre bâtiment du conseil régional, nous nous y rendons. Y-aura-t-il beaucoup de monde ? La réponse ne tarde que quelques minutes : des caméras de télé à l’entrée, des gens qui arrivent, la salle finit par être pleine. Finalement, la présentation de la contribution « Besoin de gauche » attire beaucoup de monde. Décidément, journée de bon augure.
La réunion commence. Mosco est précis comme d’habitude, de la conviction, de la raison, le bon équilibre entre certitudes et questions ouvertes à tous. Un charisme de leader qui laisse la place à l’expression collective autant qu’individuelle. Le bon équilibre encore. Je n’apprends pas grand chose de nouveau sur un texte déjà largement travaillé sur le oueb, mais je ne peux que noter la pertinence et la cohérence du fond et de la force*.

Nous proposons un texte sur des principes et une méthode : normal, en nous appuyant sur la déclaration de principes, nous cherchons à rassembler, à convaincre, à susciter l’adhésion, à travailler collectivement pas étapes, pas à obtenir un plébiscite oui / non (système peu goûté ces derniers temps…) sur un catalogue définitif « deus ex machina ». Du coup, je constate avec satisfaction que la mayonnaise prend excellemment bien entre Rénover Maintenant et Socialisme et Démocratie : un bon gage d’avenir pour ceux qui nous rejoindrons, ceux qui jusque-là avaient perdu l’espoir d’autre chose qu’une synthèse qui ne fâche personne. SD et RM travaillent ensemble, se reconnaissent dans ce travail sans perdre leur identité. La future motion ne sera pas carpo-lapinesque.

Nous refusons une présidentialisation du parti : le 1er contributeur a clairement exprimé son souhait de ne pas se présenter à la future présidentielle s’il est 1er secrétaire, il portera et défendra cette contribution puis la motion qui en découlera dans cette optique. Parallèlement, le texte défend clairement une orientation vers une nouvelle République dans une logique parlementaire, loin du chant éraillé des sirènes d’une Vème République agonisante. La rénovation du PS ne passe pas par des militants lads dans une écurie présidentielle, mais par une remise en ordre des structures du parti et une démocratisation aussi bien dans le fonctionnement quotidien que dans la désignation du candidat lors de primaires. Cohérence toujours.

Puis s’enchaînent les questions et les remarques : beaucoup d’Europe, pas mal de social, l’écologie (enfin pleinement à sa place !), de la satisfaction, peu de critiques. Ce texte, pourtant non définitif est bien né. Au fil des échanges, une remarque s’impose en même temps à JPB et moi-même : nous avons un problème de décalage temporel et de maturité de réflexion entre les militants « de la vraie vie » et les internautes. Là où les premiers en sont au stade des questions, les bloggeurs en sont à celui des réponses après échanges multiples, arguments et contre-arguments. Il existe un vrai risque d’obsolescence de la vieille politique. Nous devons trouver un moyen de recoller les morceaux si nous ne voulons pas nous retrouver avec notre fracture numérique…

La réunion se termine. Nous avons fait aussi bien que Delanoë qui présentait en même temps son texte et qui cumulait les avantages d’être le régional de l’étape et le chouchou des sondages. En plus, JPB me donne le livre de Sylvie et Dominique “interdit d’enfants” qui est en France à l’origine du débat en cours sur une très grande avancée juridique touchant la famille : la gestation par autrui . Décidément une bonne fin de journée.

(*) C’est un lapsus détecté à la relecture (forme/force), mais je le laisse tant il est révélateur…

Actu : d’une annulation de procès à une pétition pour une motion

Beaucoup de bruit cette semaine qui a démarré sur les milles et une manières d’être ou ne pas être libéral et fini sur un jugement décalé.

Je ne reviendrai pas sur le libéralisme dont le débat a nourri plus le buzz (mais n’était-ce pas le but) que fait avancer la réflexion et surtout la refondation des idées et de la société.

Le jugement en annulation d’un mariage pour cause de “mensonge sur la qualité essentielle” d’un des deux époux est lui plus significatif, culturellement et légalement.

Culturellement parce qu’une fois encore, l’aspect religieux (ici musulman) a fait rapidement monter la mousse. Oui on “découvre” qu’une partie de notre société est décalée par rapport à la vision avouée que nous en avons. Mais sur le fond, que des citoyens pensent que la virginité ait une importance, soit une “qualité essentielle” du mariage, ne me choque pas en soit, c’est une affaire privée. Ce qui me contrarie c’est qu’une telle vision puisse être imposée à une jeune fille par son entourage au point d’engager sa vie sur un mensonge. Finalement, ce jugement condamne de fait l’ex-épouse, pénalise les deux ex-époux, mais ne dit rien sur les conditions iniques qui ont abouti à une telle absurdité.

Sur la loi maintenant. Oui il y a eu mensonge, reconnu de fait par l’épouse, donc oui si la virginité avait été acceptée comme un élément fondateur du couple, ce couple a des raisons de ne plus vouloir exister. Mais le problème n’est pas tant de savoir comment ces ex-mariés définissaient leur couple, que de savoir comment la République définit le mariage. Si une procédure de divorce avait été entamée, on ne se serait pas posé la question, mais c’est une demande de nullité qui a été jugée : ce mariage répondait-il oui ou non à la définition qu’en donne la République ?

La réponse n’étant pas claire, la notion de qualité essentielle a été interprétée et nous nous sommes retrouvé avec un mariage républicain lié à des conceptions religieuses et des pratiques sexuelles. C’est totalement inacceptable, mais la décision est en l’état hélas logique.

Il n’y a qu’un seul moyen satisfaisant de s’en sortir, c’est de redonner une définition actuelle de ce qu’est le mariage du point de vue de la République, et cette définition est distincte de la définition que tout un chacun donnera pour son propre mariage. Voila bien un sujet politique qui est au cœur de la société et qui a une toute autre portée que l’agitation sur le libéralisme. Or j’affirme que nous sommes politiquement loin d’être clairs, aussi bien à gauche qu’à droite sur cette définition qui implique intrinsèquement de considérer des aspects aussi divers que le nombre des époux, leur sexe, leur implication dans la vie de la société, leur projet d’enfants avec en corolaire les lois sur l’adoption, l’avortement ou la gestation par autrui.

Puisque j’y suis, je me risquerai à une définition : le mariage républicain est une union de deux citoyens ayant un projet, stable et à long terme, de vie commune, prenant part à la vie de la société et ayant un projet d’enfant(s).

Voila bien une chose que j’aimerais voir traitée dans la future motion qui sera retenue au congrès de l’automne. Mais quel congrès aurons-nous ? Un congrès visant à faire du PS une écurie présidentielle au service soit de Royal soit de Delanoé (en espérant que le(s) perdant(s) veuillent bien prendre leur retraite…), ou un congrès qui fera du PS un parti d’idées et de projet rapidement déclinable en actions pour sortir de la situation de plus en plus catastrophique où nous sommes ?

Je vote bien évidemment pour la seconde solution et c’est pourquoi j’ai signé la pétition suivante : http://www.ipetitions.com/petition/motionmoscovici/

Que vous soyez pétitionnaires ou pas, faites en sorte que nous sortions du buzz et que nous nous attachions à proposer des solutions à nos concitoyens.

Littérature : “Le liquidateur” par P. Moscovici

Peu de temps à consacrer au blog ces temps-ci ; il y aurait pourtant tellement à dire.

e-politis : Pierre Moscovici

Je me limiterai donc à signaler la sortie du livre de Pierre Moscovici (”Le liquidateur” pour ceux qui ne sont pas encore au courant). En cliquant sur le lien ci-dessous, vous pourrez également voir les autres livres de Pierre (et les acheter !).

Comment piper les dés démocratiques ?

Internet est un très bon univers probabiliste : s’il est possible de calculer qu’une chose a une certaine chance de se produire, on peut être sûr, vu le nombre élevé d’événements liés à cette chose qui se produisent, que cela arrivera, même si on n’est pas en mesure d’établir par qui et comment. Une probabilité de un sur un million devient une certitude sur internet parce que plusieurs millions d’internautes génèrent des milliards d’événements.

Du point de vue de la démocratie, cela signifie-t-il qu’il est possible d’extraire du web des événements capables de prédire ou de modifier un résultat électoral qui lui aussi est un événement probabiliste mesurable (ce qui est l’objectif des sondages) ? Et si oui, est-il possible d’agir pour faire pencher la balance dans un sens ou dans un autre ?

Dans une configuration où un seul des partis saurait utiliser le web, il est clair que la diffusion large d’une information destinée à orienter un vote serait en mesure de faire basculer une substantielle proportion de votes, parce que le web atteint une très large population et parce ce qu’il a une image de « vérité » supérieure aux médias traditionnels dont l’image s’est fortement dégradée (à telle point que « le tir au journaliste » assure un regain d’intérêt à l’endroit des politiques adeptes de ce sport). Dans cette configuration, il suffirait de dire partout et souvent que la vérité est à un endroit, sans contradiction, pour que la probabilité que cela ce produise augmente. Ce phénomène a été très bien illustré par le « il n’y a qu’elle qui peut le battre » qui à force de répétitions s’est autoalimenté et à rendu très improbable tout autre résultat, d’autant plus que pour la primaire socialiste, le web et les médias étaient très en phases.

Les partis ayant assimilé l’intérêt d’un relais sur le web, ils se sont naturellement dotés de moyens d’action sur la toile. Du coup, les probabilités se diluent en fonction du nombre d’acteurs politiques identifiés : a priori et au départ, chacun à une équiprobabilité de chance ce qui réduit d’autant la part de chacun (1 acteur = 100%, 2 acteurs = 50%). Cette dilution aboutit-elle vraiment à un espace équiprobable et à une diminution de la probabilité de « truquer » le résultat pour forcer un événement favorable (en l’occurrence faire basculer suffisamment de votes pour faire basculer une élection) ?

La dernière présidentielle est sur ce point à nouveau très instructive, en particulier la primaire socialiste.

Techniquement, de tous les postulants, Royal avait incontestablement avec Désir D’avenir l’instrument le plus organisé et le mieux à même de quadriller l’électorat.

Strauss-Kahn bénéficiait également d’une présence active avec son blog, mais plus orientée vers la réflexion et l’argumentation militante là où Royal ciblait une présence pertinente du point de vue marketing : écoute des doléances et renvoi vers les internautes sous la forme d’un message « j’ai bien compris que vous m’aviez dit que ». Un marketing inachevé de l’offre contre un marketing ficelé d’une promesse de réponse à la demande.

Enfin, il semble que Fabius, trop confiant dans ses réseaux (façon « vieille politique », parallèle de la « vieille économie »), se soit dès le début privé d’occuper sa part de densité de probabilité internet ; impossible pour lui de peser pour augmenter ses chances et même de diminuer la part des autres, malgré une part respectable au sein des journaux de gauche.

La primaire s’est donc jouée sur le web entre deux candidats, mais avec des moyens n’étaient pas du tout équivalents. Désir d’Avenir a procuré une structure opérationnelle permanente, active et coordonnée, un financement et un cadre identifiable par les autres médias.

La « petite boutique internet » strauss-kahnienne s’est limitée à quelques dizaines d’internautes militant de concert en se relayant sur un mode globalement autonome.

On pourrait ici faire un parallèle avec ce que l’on constate en informatique entre les sociétés de logiciels et les développeurs du monde open : cela marche dans les deux cas, mais la force de vente n’est pas la même !

Le nombre d’acteurs été sans doute moins déterminant que l’utilisation simultanée des médias et d’internet. Là où DSK avait une couverture médiatique bien inférieure à la couverture web (ce qui fut une des motivations du démarrage sur internet au début de l’été), MSR avait une puissance marketing qui s’est traduite par des pratiques médiatiques peu critiques (les « sœurs Brontë » n’en furent qu’un des exemples les plus flagrants). Les probabilités sur le web étaient appuyées par les probabilités s’appuyant également sur celles des médias classiques. Or pendant près de 6 mois, ces derniers furent mis à la disposition de Royal, probablement avec un appuis de circonstance de la droite française. A l’arrivée, les probabilités ont permis à DSK d’éroder fortement la popularité de MSR, d’avoir l’avantage sur le web mais pas dans les médias ; le délai ne fut pas suffisant pour provoquer une redistribution de la densité de probabilité, pas suffisant pour que l’influence du web prenne le dessus sur l’influence des médias traditionnels.

Statistiques de la présidentielle 2007

Cette redistribution eut lieu à l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy. Le premier coup de boutoir fut donné par le retournement du monde médiatique qui se mis à critiquer ce que les journalistes avaient encensés pendant six mois, voire chercher à « piéger » la candidate. Dans un deuxième temps, l’appareil internet de l’UMP put largement entrer en action et annuler l’avantage probabiliste de Désir d’Avenir.

Le même phénomène qui avait donné l’avantage à Royal à l’automne s’est inversé pour donner l’avantage à Sarkozy au printemps. La seule différence résidant dans l’orientation générale des médias, cela montre que pour cette élection en tout cas, si internet fut incontournable, les médias traditionnels furent déterminants.

Au final, tout ceci n’est pas très brillant car la distribution probabiliste s’est faite sur les apparences et pas sur le fond, ce qui a rendu le retournement de l’hiver possible, et qui se prolonge aujourd’hui avec un retournement contre le président élu.

Que faire à l’avenir pour éviter cela ? Plusieurs pistes.

D’abord chercher encore et toujours à renforcer la pluralité d’expression aussi bien dans les médias que sur le web. Pendant la campagne, les moteurs de recherche des journaux et du web permettaient facilement de constater d’énormes différences. Si le web est d’abord le reflet de ce qu’y mettent les internautes (et donc les militants et sympathisants), en ce qui concerne les journaux, c’est d’abord une affaire éditoriale, et l’indépendance des journaux est un vrai problème.

Les appareils politiques ont donc tout intérêt à ouvrir sur internet un espact ouvert aux militants d’une part, mais aussi aux sympathisants et aux citoyens qui ne demandent qu’à mieux participer à la vie démocratique de notre pays.

Une autre piste est de complexifier les espaces probabilistes. Aujourd’hui, une élection se fait sur un mode binaire (je vote ou pas pour quelqu’un), ce qui facilite la prédiction (les sondages). En changeant quelque peu le mode de scrutin, on peut rendre impossible la prédiction (ou la rendre totalement non fiable ce qui revient au même). C’est assez facile à faire en passant à un vote pondéré (chaque électeur donne une note de 0 à n en fonction du degré d’approbation qu’il porte à chaque candidat). On aboutit ainsi à une élection au consensus mais surtout, à cause de l’énorme variabilité des pondérations (si on donnera la note maximum à son candidat préféré, les autres varieront jusqu’au dernier moment), on aboutira à une imprédictibilité de fait du vote. Les sondages seront trop aléatoires pour peser et les candidats seront obligés d’argumenter sur le fond (l’offre) plutôt que de surfer sur des prévisions (la demande).

FMI

Septembre 2007. Etranges aléas de la vie : après avoir été rejeté pas les siens, Dominique Strauss-Kahn est nommé président du FMI et tout d’un coup le monde médiatique n’a pas de mots assez élogieux pour vanter les mérites de celui qui, un an auparavant, était présenté comme un archaïque éléphant défendant une idéologie désuète, l’incarnation du passé.

Dominique Strauss-Kahn

Il est vrai qu’aujourd’hui la voie du “renouveau”, le bouleversement des “lignes”, l’approche différente de la politique ont fait long feu par un fiasco consommé à gauche et un fiasco qui nous consume au gouvernement. Je crois que nous sommes un peuple aussi orgueilleux que masochiste. Nous aimons tellement les gens brillants que nous nous donnons beaucoup de mal pour les rejeter, voire les humilier avant de nous confondre en admiration et regrets une fois que d’autres ont profité de l’aubaine en récupérant nos talents, nos idées, nos énergies.

En tout cas, je suis heureux d’avoir porté et défendu les idées d’un tel homme il y a un an, et je continuerai, autant que faire se peut, à lutter contre la fascination du suicide français et la pussillanimité, à porter et développer cette pensée. Après les 365 jours contre le renoncement, je veux qu’il ait cinq ans pour la refondation et la naissance d’un nouvel espoir politique, d’une nouvelle société. C’est je crois le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Dominique Strauss-Kahn.