Sarkozy et le désert des Tartar(in)s


Figurez-vous que je me suis fait avoir.

Je m’étais dit benoitement que j’allais attendre un peu pour faire un petit billet sur notre sommité élyséenne, histoire de faire une synthèse sur ce qui avait été écrit de ce qu’il avait dit à sa conférence de presse. Après Jaurès et Guy Mocquet, notre touriste de l’histoire littéraire était semble-t-il devenu depuis lundi un social-démocrate convaincu, un défenseur de la régulation à deux doigts de présenter sa candidature aux primaires socialistes, pourfendant ainsi tous ces socialistes qui décidément seraient bien trop à droite à son goût.

Fébrile, je me décide à faire ma petite revue d’e-presse, demandant à l’oracle google ce que la toile pensait de la parole révélée lundi à la face du monde. Et me voici bien marri : sur les plus de 12000 résultats d’actualité, l’oracle nous renvoie en première page :
* du Sarko flic (affaire Laeticia, la récidive)
* du Sarko juge (loi sur les conflits d’intérêts – là il faut vraiment être frappé d’un Alzheimer violent pour avoir oublié Woerth)
* ouf en 3ème sujet, du Sarko pourfendeur de spéculateur capitaliste (il n’a pas été bon lundi sur ce coup là mais au moins il reste un petit quelque chose)
* du Sarko piraté chez Facebook (fichus internautes, vivement Adopi III, IV et V !)
* du Sarko tunisien (faisons voir notre savoir-faire en matière de recollage de pots cassés)
* et une future communication de Sarko en février.

En somme, 3 jours après une intervention archi-vendue, de Sarkozy icône étincelante du monde il ne reste plus grand chose sur la toile. Dommage, moi qui me réjouissait de faire un comparatif avec son futur adversaire probable à la présidentielle, c’est à l’eau.

Tout s’y prétait pourtant :
* le G20 où il y a quelques mois il a snobé l’ouverture et où DSK s’est retrouvé de facto le réprésentant le plus en vue de la France
* la politique internationale où Sarko vola naguère au secours de la victoire de Poutine, obligea la République à faire la révérence à Kadhafi ou Assad ou encore transforma l’idée d’un projet Euro-Méditerranée (idée piquée à DSK -p 260 de la Flamme et la Cendre chez Grasset) en un aimable jamborée, en face des louanges adressées à DSK (rassurez-vous, elles ne viennent pas de France et encore moins de la gauche radicale, ouf !)
* l’économie (mais là c’est de toute façon trop facile) où lundi Sarko reprend à son compte l’idée de la taxe Tobin qui par nature n’est pas applicable alors que Strauss-Kahn innove en proposant un système d’assurance sur le risque qui, s’il était décidé, serait lui très facilement mis en place et très difficile à contourner (contrairement à la taxe Tobin)
* la fiscalité, monument entre tous des échecs Sarkozy qui aurait bien été inspiré de récupérer le rapport fait par DSK en 2006
* le social tristement illustré par le début de septennat où le gouvernement SarkoFillon a arrêté de lutter contre le chômage (la démographie et le marché enfin libéré allant « régler » le problème tout seul) en opposition à la volonté du président du FMI de mener de front les problèmes sociaux et économiques

Avouez qu’une comparaison argumentée de la nouvelle « vision » du Sarkozy 2011 avec la vision de DSK dont les fondamentaux n’ont pas varié depuis son passage à Bercy (sinon avant), cela aurait eu de la gueule.
Mais faute d’un adversaire solide à l’Elysée, nous nous en remettrons à l’actualité à Washington en attendant l’été.

La crise, le monde, le FMI, l’impact de la vision de Dominique Strauss-Kahn


« Le Monde Interconnecté » est un film en quatre parties sur le Fonds Monétaire International et la crise économique mondiale.

Bande annonce du film :


De la crise à la coopération :


La Chine :


Le Ghana :


La Pologne :


Sources : http://theinterconnectedworld.com/index.php

L’échec des alternatives à gauche


Si le dernier baromètre BVA-L’Express-Orange-France Inter ne change pas la donne en tête (DSK est toujours plébiscité alors qu’Aubry se renforce un peu face à Sarkozy en cas de 2nd tour), il n’en va pas de même pour les outsiders de gauche.

Le plus frappant semble être l’échec de la stratégie de la gauche radicale mais aussi des écologistes.

Malgré tout son bruit et sa fureur, Jean-Luc Mélenchon est en train d’échouer dans les grandes largeurs dans sa stratégie de dézingage du futur candidat PS (surtout lorsqu’il s’agit de DSK) en faisant moins que Bayrou ou Besancenot. On constate que la gauche « radicale » ne fait pas recette avec sa vindicte anti « social-traitre » qui n’apparaît pas crédible : seul 1% de plus des votants potentiels voteraient Mélenchon plutôt que PS selon que le candidat PS est Dominique Strauss-Kahn ou Martine Aubry. Clairement être « contre » ou ressortir les vieilleries idéologiques ne suffisent pas, Mélenchon ne réussit pas à réinventer une politique, pire il semble sombrer dans les eaux troubles des méthodes d’un autre temps si l’on en juge par les lâchages qui commencent au sein de son camp (voir la démission de Christophe Ramaux).

Chez les écologistes, le cas Eva Joly est assez étonnant. Plutôt plébiscitée en qualité de candidate chez les écologistes, ses intentions de vote à la présidentielle sont au niveau catastrophique des autres candidatures (un groupe qui tourne autour de 5% pour faire simple). Triomphants aux européennes, les écologistes là non plus ne semblent pas avoir réussi à construire un discours en phase avec les attentes.

Au sein du groupe des outsiders du PS, c’est là aussi un constat d’échec. On aurait pu croire que les progrès de François Hollande pouvaient lui laisser espérer une ouverture dans cette présidentielle, que nenni, il ne réussit pas à apparaître à l’horizon. Finalement, semaines après semaines, le choix qui se dessine revient invariablement sur DSK ou Aubry, ce qui donne aux primaires socialistes un goût de plus en plus décalé : si ces primaires ne doivent pas décider d’un candidat, il est urgent de leur donner un sens !

A droite, les choses se passent pour l’heure en Le Pen fille et Sarkozy Père. L’extrême droite apparaît aussi forte que l’UMP faible, ce qui donne une équation d’une logique implacable : l’UMP ne peut gagner qu’en s’alliant au FN. Je ne doute pas que certains à droite y songent déjà.

Comment s’essuyer les pieds sur le paillasson de la misère tunisienne ?


Les troubles, pour ne pas dire plus, en Tunisie pourraient être l’occasion d’une réflexion sur bien des choses : notre approche géopolitique en Afrique du Nord, nos complaisances avec des pays certes amis mais peu ouverts aux idées démocratiques, notre empruntement à donner notre avis lorsqu’un problème touche une ancienne colonie, les modèles de développement du bassin méditerranéen, la misère générée par la crise mondiale actuelle, plein de choses qui interpellent et dont la réponse permettrait de faire avancer les choses et le monde.

Ca, ce serait dans un monde responsable, ouvert au questionnement et un minimum généreux.

Mais non, pour certains, il semble bien plus profitable de prendre une situation de crise économique, politique et social d’un pays voisin, pour la transformer en une bonne soupe pré-électorale franchouillarde !

Que dire de la désespérance des jeunes tunisiens ? Mais que tout cela est lié à l’ignoble DSK, l’imam sioniste affameur des peuples ! La preuve ? Fastoche, en 2008 il a fait un discours sur les espoirs qu’il fondait sur le modèle de développement tunisien et sa capacité d’aller de l’avant !



En plus, Ben Ali ayant mis une sardine sur la veste de DSK, nous avons là la preuve de l’odieux complot. CQFD.

Sur ce, nos voisins d’en face de la Méditerranée seront donc heureux de savoir que leur combat n’est pas vain puisqu’il permet d’orchestrer une belle campagne de buzz à visée franco-franchouille :
http://www.google.fr/search?q=strauss-kahn+tunisie&ie=utf-8&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a

Vous ne manquerez pas de remarquer le copier / coller des titres : « la Tunisie est le bon exemple à suivre » (rien que 274 articles à ce jour reprenant ce titre et répétant inlassablement la même chose » http://www.google.fr/search?hl=fr&safe=off&client=firefox-a&hs=Te6&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&q=strauss-kahn+%22la+tunisie+est+un+bon+exemple+%C3%A0+suivre%22&aq=f&aqi=&aql=&oq=&gs_rfai= ).

Il vous suffira de cliquer sur les liens pour savoir qui est à l’initiative de cette gentille orchestration.

Qu’en conclure ?

Sans doute qu’en 2008 DSK avait mis un peu trop d’espoir ou de diplomatie dans ses propos. Dont acte, au moins cela confirme-t-il qu’il n’a pas toujours raison et qu’il a besoin d’une équipe avec lui.

Mais aussi, qu’hélas, un bon nombre de militants manquant substantiellement d’arguments sont prêts à surfer sur le malheur des autres pour alimenter leur tambouille locale.

Et qu’au final, le PS ferait mieux d’être un peu plus courageux en matière de relations étrangères, qu’après la Côte d’Ivoire c’est la Tunisie qui nous interpelle, et que la désespérance des peuples ou les égarements des gouvernants valent une meilleure réponse que celle qui est actuellement donnée.

Il y a du boulot, la refondation que j’appelle de mes vœux, c’est aussi cela.

Gagner en 2012 !

En réponse à différents commentaires toujours aussi violents que peu constructifs, je vous renvoie à un texte diffusé entre autres sur le blog de Jean-Jacques Urvoas et qui traite de la campagne de 2012, de notre envie de la gagner (j’espère que cette envie dépasse au PS le seul courant social-démocrate !).

Ce texte est celui d’un courant du PS, courant qui aura quoi qu’il arrive son candidat, courant connu pour son attachement à la réflexion, à la modération, au dialogue, entre autres bonnes choses.

Bonne lecture et avec un peu d’avance, bonne, très bonne, excellente année 2011 (en attendant 2012) !

Slate.fr place Dominique Strauss-Kahn à la 2ème place du classement des penseurs de ce monde. Et le PS ?

DSK classement des penseurs du monde Slate.fr (site spécialisé sur l’analyse des relations internationales Foreign Policy) publie pour la deuxième année son classement des 100 «penseurs mondiaux».

Et qui trouve-t-on à la deuxième place ? Le directeur du FMI, ex aequo avec Robert Zoellick (le patron de la Banque mondiale) récompensé entre autre pour avoir «réussi à empêcher la faillite de la Grèce, de la Hongrie, du Pakistan et de l’Ukraine sans entraîner trop de résistance» et avoir «imposé sa marque sur la géopolitique en convaincant l’Allemagne de s’impliquer pendant la crise grecque et en participant à empêcher une guerre monétaire internationale».

Le deuxième Français est une Française, Christine Lagarde qui n’apparaît qu’en 22ème place. On n’y trouve pas Nicolas Sarkozy (tient pourquoi ?) alors que Barrack Obama est juste derrière DSK.
Dans le match du leadership international entre Sarkozy et DSK, ce dernier a encore marqué un point.

Le directeur général Carlos Lopez de l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR) rend hommage à DSK. Et le PS ?

DSK sera le 8 décembre le prochain grand invité des “Rendez-vous mondiaux de Genève”, organisés par l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR).

Son directeur général Carlos Lopes explique les raisons du choix qui s’est “naturellement” porté sur Dominique Strauss-Kahn.

Cet extrait est tiré d’un article publié sur le blog de la TSR.

Peut-être cela aidera-t-il certains socialistes à sortir de leur enfermement et regarder au-delà des apparences et des habitudes.

Tiens, la France a déjà changé de président !

Notre ventilateur élyséen vient de gratifier le monde d’un acte manqué fort révélateur. Figurez-vous que le sommet du G20 qui est en train de s’ouvrir en ce moment même, s’ouvre sans le grand homme.

Faut-il y voir un effet secondaire gaulliste, personnage auquel il a essayé, sans rire, de s’idendifier ces derniers temps ?

Faut-il y voir le plaisir de faire quelques tours et détours avec son tout nouveau Air-Sarko-Zéro avant d’aller en Corée ?

Ou finalement, considère-t-il qu’il s’est déjà auto-remanié et qu’il n’est plus à la tête du pays (pour peu qu’il y ait jamais vraiment été) ?

En tout cas, les Coréens qui nous attendent pour nous transmettre la présidence du G20 sont quelque peu chagrinés par la légèreté du Top Gun Elyséen.

Bah, tout cela n’est pas bien grave, DSK est lui bien sur place, il est au courant des affaires du monde, comprend quels en sont les problèmes, et cela sera une bonne occasion pour les chefs d’Etat présent de prendre un peu d’avance en l’appelant Mister Président Strauss-Kahn.