Protectionnisme et agitationnisme

Coupé PeugeotIl y a quelques semaines, j’écrivais un article qui défendait l’idée du protectionnisme dans un cadre bien précis qui est celui des besoins vitaux des citoyens satisfaits par des services publics (ou des délégations privées du service public), le tout dans un cadre européen pour ce qui nous concerne.

Ce type de protectionnisme ne s’opposant pas fondamentalement à une logique de marché puisqu’une négociation peut parfaitement être mise en place pour prendre en compte les acteurs privés de possibilité de vendre leurs bien sur un secteur protégé. Dit autrement, si l’on décide que les besoins alimentaires de base doivent être satisfaits par un service public “verrouillant” ce marché, il faudra négocier avec les exportateurs qui intervenaient sur ce marché une compensation de type service public local (a priori, consommer du riz en France correspond au même besoin vital partout dans le monde et si ce marché doit être protégé en France, il en est sans doute de même partout dans le monde. Notre pays retrouverait alors une partie de ce qui fait sa grandeur : une vision humaniste et internationaliste de son modèle de société).

L’idée du “bon modèle protectionniste” étant (rapidement) exposé, y en a-t-il un mauvais ? (mal)Heureusement, en terme de contre-exemple, nous n’avons pas à chercher longtemps, il suffit de se tourner vers notre gouvernement et de son cacophoneur en chef. Suite à son plan d’aide à l’industrie automobile, la majorité des dirigeants européens ont levé leur bouclier pour parer une orientation qui leur apparait à tous comme étant protectionniste. Nicolas Sarkozy se défend cependant après coup d’avoir décidé de mettre en place du protectionnisme.

Est-ce effectivement une mesure protectionniste, et si oui en cas est-ce du mauvais protectionnisme ?

L’aide Sarkozy est en fait un prêt, l’argument est donc de dire qu’il est remboursable et qu’il se substitue seulement aux banques dont le moindre défaut et d’être peu prêteuses en ce moment. Un prêt, c’est donc bien remboursable et ne constitue pas une aide déloyale en cash, sauf que les intérêts viendront en diminution des futurs bénéfices que que si cet argent vient servir aux investissements, l’amortissement de ces investissements viendra encore diminuer la note. L’État banquier fait une opération rentable mais le trésor public perdra plus que les revenus des intérêts de l’État banquier. On retrouve ici un mécanisme de défiscalisation, il faut juste être français pour bien en saisir l’intérêt. Il s’agit effectivement d’un mécanisme de protectionnisme, mais du même type que celui du dumping fiscal de certains pays européens (ici plutôt dé-fiscal). Il serait vraiment plus qu’utile de mettre en place un serpent fiscal européen pour éviter les mécanismes fiscaux qui effectivement faussent la concurrence.

Mais au-delà, une aide protectionniste à l’industrie automobile, même si elle était concurrentiellement loyale, serait-elle adaptée et acceptable ?

Aider Peugeot, Renault, Volvo (ou Ford, Toyota, …) ne servira absolument à rien si leurs sous-traitants venaient à faire faillite : aujourd’hui, les grandes marques automobiles ont un métier de motoriste, de R&D et d’assembleur, mais il y a très longtemps qu’une grande partie des éléments automobiles ne sont plus construits par eux. Or aujourd’hui, ce sont les sous-traitants qui sont les plus fragiles car ils font partie des variables d’ajustement des constructeurs.

Une aide en trésorerie pour les acteurs de l’automobile est-elle aujourd’hui suffisante ? Sans doute pas : si cette mesure avait été prise il y a un an, ces entreprises auraient eu le temps de s’adapter ; aujourd’hui, nous sommes en train de passer d’un problème de trésorerie à un problème de dimensionnement de l’appareil de production. Le marché est là, mais il a singulièrement rétréci (inadéquation de l’offre et de la demande) et il va sans doute devoir technologiquement muter (nous sommes en plein dans la rupture énergétique). Dit autrement, ces entreprises ont un savoir-faire, un marché, des perspectives d’avenir, mais elles sont en grande difficulté à cause des mutations nécessaires. Nous sommes en plein dans un des cas où les nationalisations temporaires ont un sens.

L’argument “vital” est-il ici recevable ? Cette industrie représente de l’ordre de 10% des emplois (de mémoire), mais ne correspond à aucun service public. De mon point de vue, l’activation de cette clause n’est pas recevable : clairement, toute aide directe doit se faire dans le cadre d’un programme européen concerté et défendable à l’OMC (aide en contre-partie d’une limitation d’exportations par exemple). Par ailleurs, il était vraiment inacceptable, voire puéril, d’annoncer un plan d’aide en désignant un de ses partenaires européens comme cause de ses maux : certes Nicolas Sarkozy se rêve encore à la présidence européenne en lieu et place des tchèques, mais ce n’est pas en affichant un mépris agressif envers nos amis européens que l’on arrivera à quelque chose de positif. Qu’ils reçoivent ici les humbles excuses personnelles d’un anonyme citoyen français pour cette grossièreté.

En résumé, le plan Sarkozy pour l’automobile est effectivement de nature protectionniste à travers des mécanismes fiscaux. Il ne correspond pas à la préservation de besoins vitaux pour les citoyens mais a une grande importance vis à vis d’un secteur qui emploie beaucoup de salariés. Il est probablement inadapté (prêt) en regard des vrais enjeux (restructuration industrielle, rupture technologique à faire). Il est agressif et inéquitable vis à vis de nos partenaires européens et risque d’entrainer en retour d’autres mesures protectionnistes car il n’a pas été négocié et accompagné de contre-partie.

Rappelons-nous, qu’au delà du point de vue idéologique, le protectionnisme a une face sombre qui est le repli nationaliste et agressif sur soi. En diminuant unilatéralement les échanges, ils diminue d’autant la création de valeur et donc amplifie la crise.

Le protectionnisme doit être réservé aux services vitaux pour les citoyens d’un pays.

La fixette qui nous perdra

Hoover DamLe bon sens semble être une chose aussi rare que les prêts bancaires en ce moment.

Le gouvernement vient de nous annoncer son plan aux mille projets telles mille fleurs plantées dans le jardin de France. Qu’en dire ? Si l’époque le permettait, je dirai avec humour qu’il s’agit là d’une vieille recette parmi les vieilles recettes si facilement méprisées lorsqu’elles viennent d’en face. Oui, bien sûr, travailler sur les infrastructures est un investissement intelligent, s’il est cohérent.

L’est-il ? A court terme, cela va maintenir des emplois et peut-être en créer quelques uns. Mais cela va-t-il à moyen terme nous permettre d’être plus compétitif grâce à de meilleures infrastructures ? Cela va-t-il nous permettre de résoudre le problème de la rupture énergétique ? Cela va-t-il nous permettre de prendre le virage de la rupture climatique ? Lorsque l’on voit que ce sont les infrastructures routières qui se taillent la part du lion, on peut en douter. Où sont les investissements dans les technologies pour demain (matin !) ? Où sont les synergies qui consolideront le tissu industriel ? Où sont les sources de développement des nouveaux services ? Où sont les amortisseurs qui empêcheront les faillites par effet de dominos ?
Cela résoudra-t-il la crise profonde du logement (trop mauvaise adéquation entre offre et demande, trop peu de nouvelles constructions, en particulier HLM) ? Là, c’est plus que douteux : le plan aide les promoteurs sans s’attaquer au fond de la crise immobilière.
Cela est-il suffisant en nombre ? Bien sûr que non, 1000 projets sont totalement insuffisants par rapport aux besoins. On peut espérer que tout cela ait un effet positif, mais nous avons des raisons de craindre une profonde erreur sur l’estimation des besoins. Ce gouvernement a compris trop tard la réalité et les implications de la crise financière (alors que les signes étaient déjà là au printemps 2007, il a fallu attendre l’hiver 2007 pour avoir une prise en compte claire et 2008 fut une course avec systématiquement plusieurs temps de retard sur la crise devenue économique). Le gouvernement n’est toujours pas en phase avec la réalité : Patrick Devedjian n’annonce-t-il pas une croissance positive alors que le FMI envisage une tendance vers -2% et que l’Allemagne donne des estimations entre -3% et -5% ? Sur ces dernières années, ce gouvernement a eu systématiquement tord par rapport aux prévisions du FMI. Aveuglement et imprévoyance inacceptables !
Est-ce suffisant en terme de champ d’application ? Sur ce point, le gouvernement Sarkozy tient un cap erroné de façon totalement psychorigide. Il est évident pour tout le monde, sauf eux, que la crise financière a déclenché un profond déséquilibre économique entre offre et demande. La capacité de production des différentes économies est maintenant largement au-dessus de la demande, et ceci va en s’accentuant au fur et à mesure où les gens perdent leur emploi ou ont peur de le perdre. Par ailleurs l’argument des echecs passés ne tient pas plus : nous ne sommes plus à l’époque où les importations menacaient les filatures Boussac et que le franc était attaqué ! Par ailleurs, aujourd’hui la faible demande est motivée à la fois par la peur de la crise et par un pouvoir d’achat qui ne permet pas d’être optimiste. Cette crise de la demande résulte au minimum de la conjonction d’éléments objectifs de crainte et du sentiment d’avoir été trahi (”travailler plus pour gagner plus” nous promettait-on). L’activisme affiché de Nicolas Sarkozy s’est transformé en mouvement brownien anxiogène.

En plus de la relance de la consommation, que pourrait-on faire ? Revenir aux fondamentaux du contrat républicain et le moderniser. Les services publiques doivent avoir pour but de subvenir aux besoins élémentaires des citoyens. Aujourd’hui, à force de casse et de raccommodage, leur objectif est devenu nébuleux, leur efficacité en baisse, leur coût en hausse. Par ailleurs, la nature profondément redistributive et palliative des aides est complètement obsolète à une époque où la diversité de situation est la règle, où le salarié et souvent aussi un micro-capitaliste ou un micro-entrepreneur, où le retraité ne l’est plus forcément totalement, où le travailleur même régulier n’a plus forcément un salaire suffisant pour vivre. J’aimerais me tromper, mais le RSA actuellement mis en avant ne résoudra pas le problème de fond de l’inefficacité de la redistribution.

Il faut passer à autre chose, passer à la gratuité partielle ou totale de la satisfaction des besoins fondamentaux fournis par les services publics ou leurs délégations (eau, énergie, nourriture, logement, soin, transport, information). Des ambryons mis en place par la gauche (CMU par exemple) ou les régions (gratuité partielle des transports) ont ouvert la voie et montré la faisabilité : allons au bout de la démarche. Là est le vrai investissement pérenne, là est l’investissement d’infrastructure et de services qui fournit un avantage concurrentiel, là est l’amortisseur de la crise pour tout un chacun, là est l’avenir des citoyens et de notre République.

Pour qui sonne le glas ?

Jeudi social, jeudi de grève, jeudi de manifestation, jeudi de fracture, mais surtout jeudi de réveil.

Pour la première fois depuis longtemps, la France des salariés descend unie dans laPrise de la bastille rue. Le gouvernement a bien essayé de matraquer l’idée qu’il ne s’agissait que de la France des fonctionnaires et des privilégiés, mais les indications à la mi-journée faisaient état d’une tout autre réalité : oui les salariés du privé sont aussi dans la rue, qu’ils soient du secteur automobile en plein dans la tourmente, du secteur bancaire, ou encore de la grande distribution. La lecture de la droite est déphasée. À côté des fonctionnaires si facilement dénoncés, on voit des intérimaires qui ne trouvent plus d’emploi, des salariés au chômage technique, de nouveaux licenciés économiques, des retraités qui commencent à devoir faire les “après-marchés” pour se nourrir et qui y croisent les travailleurs pauvres, les exclus et tout un monde que nous ne voudrions pas voir.

Cette manifestation n’est pas, comme on veut nous le faire croire, une gesticulation de plus de la gauche, mais bien le premier symptôme visible de la crise sociale qui découle à la fois de la dégradation mondiale et aussi, surtout, de la façon dont le gouvernement français gère cette tempête qui fut d’abord financière avant d’être économique, et maintenant sociale.
Après plus de six ans de gouvernements UMP, dont deux sous la domination totale de Nicolas Sarkozy, nous allons très mal et ce n’est qu’un début. Mais le problème principal est d’abord que ce gouvernement est incapable de prendre la mesure du problème économique et social, incapable de se remettre en cause, incapable de comprendre pourquoi il a battu tant de records économiques dans le mauvais sens, incapable d’incarner la respectabilité et la compétence, incapable d’inspirer la confiance.
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy restera terré à l’Elysée. Peut-être mettra-t-il un CD de Carlitta et regardera ses photos de vacances. Il est au chaud et bien nourri. Cela ne peut pas durer.

Le locataire de l’Élysée envoie en ce moment ses messagers nous expliquer combien il faut être solidaire en ces temps de crise. Quel cynisme pour le chantre du démerde-yoursel, pour celui qui ne manque pas d’ironiser sur les salariés qui contestent (les grèves dont plus personne ne s’aperçoit), pour celui qui ne supporte pas les “lèse-majesté” (casse toi pauvre con), pour celui qui fait des remontrances aux banquiers devant les caméras mais leur donnera quand même les milliards nécessaires pour verser un dividende aux actionnaires et surtout ne fera rien pour ses propres excès de salaire, qu’il a presque doublé en arrivant.

Cet homme n’est pas exemplaire, il ne comprend ni l’économie, ni les Français, il est à de nombreux égards, indécent.

Quelle est l’urgence aujourd’hui ? Mettre en place un gouvernement compétent, se remettre en phase avec nos partenaires internationaux (oui il est maintenant certain qu’il faut faire aussi une politique de la relance de la consommation), retrouver une légitimité démocratique. Alors il pourra y avoir une union nationale face à la crise, alors les Français pourront se mettre en ordre de bataille pour vaincre la crise. Mais en l’état, on ne peut que constater la gravissime défiance du pouvoir politique national, on ne peut qu’être abasourdi par les chances gâchées (le chômage qui n’a pas été réduit au taux du plein emploi malgré la chance démographique historique), les virages manqués (les mesures fiscales et sociales à contre-courant), l’imprévoyance passée (j’irai chercher les 3% de croissance avec les dents), actuelle (la croissance sera de 0% en 2009 selon Devedjian), et hélas à venir. Non la crise ne se résoudra pas toute seule d’ici la fin de l’année ! Ce qui va arriver à court terme, c’est une explosion des dépôts de bilan et un écroulement d’une partie de l’économie sous forme de chaîne de dominos.

Cela peut être évité, nous pouvons sortir vainqueur de cette tempête, mais nous devons avoir les bonnes personnes aux bons postes, avec des moyens adéquats.

Comme nous avons des raisons de regretter d’avoir raté la présidentielle de 2007 ! Comme nous avons des raisons de regretter que Dominique Strauss-Kahn soit à Washington et pas à Paris !

Relancer la consommation ou pas ?

Faut-il faire de la relance économique en partie avec une relance de la consommation ?

France Sarkovision nous affirme que ce serait une erreur parce que cela en a été une dans un passé déjà lointain, en particulier avec tonton. A priori l’argument pourrait pour une fois tenir la route, sauf que comparaison n’étant pas raison, après examen il reste d’être jugé comme totalement idiot, ou pour le moins, à contre-courant de ce qu’il faut faire (mais c’est une spécialité de la politique économique sarkozyste).

Pourquoi la situation de la France des années 80 n’a-t-elle rien à voir avec ce que nous vivons ?

D’abord parce que les deux crises successives que nous vivons (financière puis économique) ne sont vraiment comparables qu’à la crise de 29 de part leurs rapidité et intensité.
Mais plus important, dans les années 80 la France était économiquement infiniment moins intégrée à l’espace européen qu’elle ne l’est maintenant et que la politique économique française est ultra-dépendante de la politique économique des leaders européens et que ceux-ci ont décidé de planifier une relance fondée en partie sur la consommation. Alors oui, une relance de la consommation favoriserait les importations, mais des importations en grande partie européennes et nos voisins faisant de même, l’action collective concertée serait bel et bien une vraie source de relance. Mais voilà, Sarko est d’abord un individualiste adepte du démerde-yourself.
L’entourage sarkozyste ignore-t-il ce diagnostic ?

Pas tant que cela si l’on en juge par les arguments qui prévallaient pour la fumeuse loi sur l’ouverture des magasins le dimanche, dont l’argument principal était que cela allait faire augmenter la consommation !

Alors pourquoi cette incohérence ?

Peut-être parce que sa seule qualité n’a jamais été rien d’autre que de savoir accéder au pouvoir, en aucun cas à l’exercer, et qu’il est incapable de nommer des gens compétents. Le prochain remaniement me fera-t-il mentir ?

Sarkoléon le (tout) petit

SarkozySarkozyLe début d’année est traditionnellement la période des vœux, mais je crois que pour cette année ce sera soit des vœux très pieux, soit des bouteilles à la mer remplies d’espoir… Puisque notre parait-il président est rentré de son agréable séjour au Brésil pour nous présenter ses vœux avec l’ambition d’être à la fois réaliste et optimiste, j’aimerais faire le point sur deux ou trois choses découlant de ses ambitions politiques affichées en 2007.

Comment ne pas commencer par se souvenir de son « travailler plus pour gagner plus » affiché à côté de son inébranlable capacité à générer à lui seul de la croissance, quitte à aller la chercher (dixit) « avec les dents ». Pathétique promesse d’édenté abandonnée début 2008 et comme la vie a beaucoup d’humour très noir, depuis atomisée par une double crise, financière d’abord et économique maintenant, crise que ses résultats économiques laissait présager sans ambigüité bien avant que la baudruche subprime n’explose, mais crise qui non seulement n’a pas été anticipée, mais a été démultipliée à la fois par l’incroyable aveuglement de Christine Lagarde qui promettait ½ point de PIB de plus que le consensus des économistes et aussi, puisque cela ne suffisait pas, par une série de mesures à contre-emploi comme une aide fiscale aux plus plus riches lorsqu’il fallait aider les PME, des mesures purement idéologiques visant à supprimer les 35h via les heures supplémentaires au moment où la production industrielle baissait (et les heures travaillées avec) enclenchant mécaniquement un effet de levier accélérateur du chômage (fin accélérée des CDD et intérim puisque les heures supplémentaires permettraient de faire l’appoint si nécessaire). A l’arrivée, alors que la France avait une chance historique de résoudre durablement le problème du chômage, la politique de Sarkozy a réussi a le relancer, et très fortement ! Et que l’on ne vienne pas nous raconter qu’il s’agit de la faute à pas de chance et que tout le monde est dans le même sac : l’Allemagne qui est le pays le plus comparable à nous, fait mieux que nous (production industrielle -4,1% contre -3,9%, solde commerciale -40,9Geuro contre +136,8, chômage sur 12 mois +2,4% contre -11,3%). Et la liste est longue. Échec total !

Doit-on alors se souvenir de ses promesses sécuritaires ? Michèle Alliot-Marie aura beau nous expliquer que rien de grave ne s’est passé en cette fin d’année, 30% de voitures en plus ont brulé par rapport à l’an dernier, les prisons débordent au point de nous faire honte, les épidémies de suicides de prisonniers perdurent telles une maladie nosocomiale et les établissements pénitentiaires flambants neufs doivent être fermés sans que l’on sache s’il s’agit d’un problème de gestion (déléguée au privée parce que paraît-il l’administration pénitentiaire ne sait pas le faire) ou un problème de mal-façon. Et pour clore ce chapitre, notre ministère de l’immigration qui se faisait fort de bouter hors de France tous ceux venus manger le bon pain des français, ne sait plus comment reconduire chez eux tous ces manants puisqu’après avoir humiliés l’identité africaine dans son discours de Dakar, ces mêmes africains ont certaines difficultés à reconnaître leur ressortissants… Échec encore.

Succès par contre pour la casse du service public. Certes la loi imbécile visant à obliger les maires à accueillir les enfants scolarisés en cas de grève est sans effet (les maires qui ont refusé de l’appliquer ne seront pas poursuivis), mais si l’on en juge par les deux décès dramatiques dans les hôpitaux de Paris, le manque de personnel est plus que critique (si vous avez un doute aller faire une visite dans un de ces établissements dimanche prochain) et ce ne sont pas les explications honteuses de Roselyne Bachelot qui y changeront quelque chose. Oui madame, pour cet homme mort d’une crise cardiaque alors que le SAMU cherchait désespérément une place en réanimation pour lui, il est vrai que son cœur n’était pas en parfait état, mais c’est justement pour cela qu’il avait besoin d’une assistance médicale, et à moins de considérer que les hôpitaux sont faits pour des bien-portants, il était la règle à prendre en compte, pas la malheureuse exception due à la malchance. Honte à vous qui en refusant à l’hôpital des moyens minimum sur des critères purement financiers avez violé votre serment de Galien (de ne faire rien témérairement sans avis de Médecin, ou sous espérance de lucre tant seulement) ! Échec toujours.

Je terminerai par notre politique étrangère puisque le service de com’ de l’Elysée nous a fait part du grand succès de la politique étrangère sarkozyste. Cohn-Bendit a eu (pour une fois) le grand mérite de dire clairement son fait à notre globe-trotteur : la Chine nous a à plusieurs reprises humiliés et à chaque fois nous avons accepté l’humiliation. Mais s’il n’y avait que cela. La France qui fut un jour patrie des droits de l’homme, pays des lumières, s’est semble-t-il fait une spécialité d’être l’amie des dictateurs, qu’ils s’appellent Kadhafi visitant Paris telle une terre conquise, Assad revenu en grâce sans avoir à se mouiller ou notre grand ami Vladimir Poutine qui a dû sabrer le champagne en voyant rappliquer Sarkozy au matin de son annexion de l’Ossétie, intervention quasi miraculeuse qui a empêché les américains et les européens de faire quoi que ce soit et lui a permis de figer les positions géorgiennes à son avantage. Échec dramatique.

Nous avions cru qu’avec Chirac digne de Deschanel nous avions touché le fond en matière d’incurie gouvernementale. Mais Sarkozy est arrivée ce qui nous a rappelé que si la Corse nous avait légué la famille Bonaparte, la Hongrie nous a envoyé la famille Sarkozy avec l’aide du communisme et que Sarkozy dispute sans rougir le titre de petit à Napoléon III.

Nous pouvons combattre et gagner contre la crise, nous pouvons combattre et gagner contre l’abaissement et la décadence de notre pays, mais il faut commencer par changer et ce gouvernement et son omniprésent chef. Nous pouvons le faire légalement et démocratiquement en promulguant la Vième République, ou alors continuer à contempler les échecs qui s’accumuleront jusqu’à un deuxième Sedan.

Saint Nicolas et la hotte de la relance

Après nous avoir expliqué pendant un an et demi que tout allait bien et que les réformes porteraient leurs fruits, le gouvernement Sarkozy qui vit sans doute ses dernières semaines a non seulement dû constater que les fameuses réformes n’avaient ni anticipé, ni amorti la crise économique en cours, crise déclenchée par l’effondrement de l’ultra-libéralisme financier certes, mais surtout crise qui serait de toute façon survenue puisque les éléments structurels (énergie, climat, démographie) tendaient tous à aboutir à un problème de modèle économique. Hélas, dans un monde d’apparence et de communication à la petite semaine, rien n’avait été anticipé, rien n’avait été préparé et il faut maintenant essayer de recoller les pots cassés.

Notre très agité président s’est donc fendu d’un plan de relance qui mérite que l’on s’y arrête et que l’on s’exerce à l’art difficile des prévisions.

D’abord, impossible d’y couper avec Sarkozy, la forme. Qu’est-ce qui est mis en avant : les 26 milliards d’euro. Typique d’une personne qui affiche manifestement l’argent comme valeur fondamentale, mais sans intérêt. Est-ce beaucoup, peu, assez ? Est-ce seulement réel, c’est à dire de l’argent collecté puis ajouté aux budgets existants, ou comme pour les banques une sorte de chèque de caution récupérable, est-ce issu de la planche à billet, est-ce issu de crédits déjà prévus mais pas versés, ou encore est-ce de l’argent-Kadhafi c’est à dire une enveloppe baudruche qui ne mène à pas grand chose de concrêt ? Bien malin et savant celui qui le sait et pourra nous l’expliquer de façon claire. Mais, même si c’est bien ce qui est mis en avant, l’important n’est pas tant le montant que les mesures qui seront mises en œuvre.

Sarkozy le néo-libéral-paternaliste-franchouillard, après avoir déjà plusieurs fois mangé son chapeau (et fait partager le festin aux députés de sa majorité), vient de se convertir à l’interventionnisme musclé de l’Etat, en premier lieu dans les services publics, y compris ceux qu’ils voulaient vendre il y a encore quelques mois comme la Poste. Le plan prévoit 4 milliards d’euros d’investissements publics pour les entreprises publiques (EDF, La Poste, etc.) et 2,5 milliards pour les collectivités locales. J’ai quelques doutes sur le sens d’allouer des crédit à la loi de programmation militaire (ce n’était donc pas financé), “l’entretien et la mise en valeur du patrimoine” (mais encore ?), les hôpitaux (bonne nouvelle), la rénovation des tribunaux (n’était-ce pas une des motivations de la nouvelle carte judiciaire ?), les moyens de la gendarmerie et de la police (un grand classique sarkozyste), et les infrastructures routières, ferroviaires et fluviales (seule vraie bonne annonce pour ce qui concerne les deux dernières).

Sur cette partie d’intervention très keynésienne de l’Etat français, il me semble que si le principe est défendable, pour qu’il soit bon il faut plus que la répétition de méthodes qui ont jadis permis d’améliorer les choses. Encore une fois, nous voyons bien le problème conjoncturel (crise financière qui déclenche et révèle une crise économique), mais fondamentalement, nous nous heurtons à trois problèmes structurels majeurs et inédits. Quant à investir massivement, investissons dans un sens qui donnera l’espoir de résoudre ces problèmes structurels, ne nous contentons pas de mettre un peu d’essence dans un 4×4 General Motors ! Alors oui il faut investir du côté d’EDF, mais avec un objectif à cours, moyen et long terme de produire une énergie encore moins cher et encore moins impactante pour les écosystèmes. Oui il faut investir dans les infrastructures de transport, mais avec un objectif qui est de reconstruire un nouveau modèle économique du secteur qui inverse les impacts négatifs sur l’énergie et l’écologie. Est-ce le cas ? On peut en douter et il faudra beaucoup d’intelligence aux hauts fonctionnaires chargés de ces crédits pour orienter les choses dans le bons sens.

Deuxième élément, l’exonération de charges pour les TPE. Après son erreur quasi historique du paquet fiscal à contre-emploi, quelqu’un a réussi à convaincre Sarkozy qu’une clé de la crise se trouvait du côté des très petites, petites et moyennes entreprises. Mieux vaut tard que jamais, mieux aurait vallu anticiper les problèmes de trésorie comme nous l’avions écrit ici (et ailleurs) il y a plusieurs mois. Alors oui il faut aider l’emploi en aidant les PME à embaucher, mais pour la peine, il serait bon de remettre à plat toutes les relations économiques et sociales entre l’Etat, les collectivités locales et les petites entreprises. Là aussi, sortons de la nécessaire action conjoncturelle pour prendre de la hauteur et reconstruire l’avenir. Je passerai sur le remboursement anticipé des dettes de l’Etat envers les entreprises : par quel raisonnement pervers a-t-on pu arriver à considérer qu’il était normal que l’Etat se fasse de la trésorerie sur le dos des français ?

Annonce de la construction de logements sociaux. Là, il y a un côté formidable : cela fait combien de fois que l’on nous fait une annonce de ce genre ? Je craints fort qu’il y ait des gens qui ont objectivement intérêt à entretenir la pénurie de logements dans un certain nombre de villes, dont Paris. Cet intérêt à entretenir la pénurie aboutit invariablement à des morts chaque hiver ; il s’agit d’un crime qui devra être puni comme tel. Parallèlement, même en évacuant pudiquement ce problème, là aussi j’aurais aimé que cet effort, pour tant est qu’il soit réel, se fasse en prenant en compte le problème de rupture climatique et énergétique (encore et toujours). Je me suis fait ici et ailleurs le défenseur d’une nouvelle vision volontaire d’un nouvel urbanisme, c’est l’occasion rêvée de transformer deux problèmes en solution. Je craints fort d’être déçu. On notera aussi l’intéressant “assouplissement des règles d’urbanisme”. Là, j’ai quelques doutes sur l’honnêteté du résultat.
Autre annonce, très dans le vent, une allocation aux “bénéficiaires” (les veinards !) du RSA. Oui à court terme, non à moyen et long terme. Les sociaux-démocrates cherchent à privilégier d’autres voies que la redistribution palliative. Alors oui toute somme versée en plus à ceux qui en ont besoin est une injection nécessaire de morphine, mais non, cela ne peut pas être la solution. Mettons en œuvre les garanties minimales pour qu’ils accèdent, sans condition, à un espace privée minimal de vie, à un niveau mimimal d’énergie (électricité), à un niveau minimal de transport en plus des niveaux minimaux de soins, d’éducation et d’assitance “humaine”. La dignité leur sera rendue d’abord en leur donnant la possibilité d’exister au jour le jour sans avoir l’impression de mendier le dose quotidienne d’aide sous perfusion. Le chantier est énorme, bien au-delà des capacités de ce gouvernement.

Enfin, dernier élément que je relèverai pour ce post, la prime à la casse. On en connaît l’effet limité, mais encore une fois, je craints fort que cet argent ne serve pas efficacessement à basculer vers un nouveau modèle énergétique pour les transports. D’ici quelques mois apparaîtront normalement la première grande évolution des moteurs et la France n’est pas trop mal placée dans ce domaine, mieux que les allemands et infiniment mieux que les américains. Ici, la fin du vieux modèle de l’industrie automobile et quasi consommé et il est finalement peu probable que les géants américains soient tous encore des acteurs majeurs de l’industrie dans quelques années. Il ne faudrait pas que cette prime amortisse le déclin d’un modèle périmé, mais au contraire qu’elle facilité le passage à un nouveau modèle. Sera-ce le cas ? Je l’espère, mais je craints qu’une fois encore la vision de ce gouvernement ne soit trop myope. J’espère que les citoyens seront plus sages et responsables.

Tant qu’on perd ils jouent !

Dans la litanie des mauvais résultats économiques, les chiffres du chômage de ce mois marquent le passage d’un seuil tristement symbolique : la France compte à nouveau plus de 2 millions de chômeurs.

Naturellement, inénarrable Christine Lagarde s’est fendue de quelques déclarations de nature à nous rassurer : après avoir affiché pendant un an et demi une sérénité digne de bouddha, elle fait aujourd’hui dans le “c’est inévitable”. Inévitable avec ce gouvernement, c’est incontestable, mais rêvons un peu, et imaginons deux minutes que nous ayons un vrai gouvernement avec des gens un minimum raisonnables et compétents.

D’abord, il est facile de tout mettre sur le dos de “la crise”. Crise il y a certes, mais d’une part rien n’a été fait pour contrer par avance les effets de cette crise, et d’autre part les mesures qui ont été prises en matière d’emploi allaient en fait à contre-courant de ce qu’il était souhaitable de faire.

Tout vient d’une double erreur de ce gouvernement, Sarkozy en tête. D’abord l’erreur de croire que la démographie allait résoudre toute seul le problème. Il est vrai que cette démographie est historiquement favorable mais ce n’est pas en appliquant la décidément stupide théorie libérale du “laissons-faire le marché” que l’on résout les problèmes. Ayant cru que cela allait aller mieux tout seul, ce gouvernement s’est dans un premier temps dispensé d’accélérer la diminution du chômage par des mesures volontaires. Pourtant, les années Jospins avaient largement démontré combien une politique énergique de lutte pouvait être bénéfique.

Deuxième erreur concomitante, idéologique cette fois. La droite n’a jamais compris la force des 35h est n’a eu de cesse de les tuer. C’est bien le sens des mesures prises sur les heures supplémentaires défiscalisées et sur l’allongement de la durée de cotisation pour la retraite. La première mesure est purement dogmatique, la seconde aurait eu un sens si le taux de chômage avait été ramené au niveau du quasi plein emploi. Mais ces mesures ont été prises à contre-courant de l’évolution économique et n’ont non seulement pas eu d’effet positifs, mais ont accéléré le retournement de tendance, réussissant même à annuler les effets positifs de la démographie. Comment ?

En période difficile, les entreprises ont bien sûr besoins de moins d’heures de travail. L’ajustement peut se faire de différentes façons : vacances “forcées”, chômage technique, renvoi des intérimaires, renvoi de salariés permanents. Le choix du dirigeant se fait à la fois sur sa conscience (il s’agit de personnes), sur les facilités légales et le temps de réaction en cas de reprise. Or l’aubaine des heures supplémentaires permet une très grand flexibilité : il peut parfaitement se “débarrasser” d’un peu plus de personnel qu’il ne faudrait car en cas de reprise, il peut facilement compenser par le recours aux heures supplémentaires ; il est plus facile de ne pas employer d’interimaires lorsque l’on sait que sa propre main d’oeuvre sera prête à réagir si besoin est. Cela a donc un effet accélérateur et amplificateur de tendance pour ce qui est de la hausse du chômage et a contrario retarde la baisse.

La situation est encore aggravée par l’allongement de la durée de cotisation aux caisses de retraite. D’un côté, cet allongement est nécessaire pour des raisons de financement (à moins de trouver un autre moyen), mais dans le cas présent, non seulement cela ne va pas permettre de boucher les trous (les vieux cotisants ayant toutes les chances d’être aussi de vieux chômeurs, les rentrées seront faibles), mais cela accélère le déséquilibre du chômage. Parce que cette mesure est prise à contre-cycle, elle va échouer sur son but premier et amplifier le problème du chômage. Tout faux !

Depuis son arrivée, ce gouvernement a accumulé les choix à contre-emploi (paquet fiscal, chômage, pouvoir d’achat, retraite), c’est presque devenu sa marque de fabrique. Alors certes la crise est arrivée en plus, mais lorsque l’on accumule l’incompétence et la poisse, on entraine forcément le pays dans le gouffre.

Un Tsar défiant nos renoncements

Le puzzle du monde est en train de se recomposer. Peut-être que pour nos yeux déconnectés de l’urgence de la survie et blasés par tant de bruits et et fureurs télégéniques, l’aventure russe en Ossétie n’est-elle qu’une distraction estivale pour militaires en mal de revanche, mais je crois pour ma part qu’il s’agit là d’un soubresaut très symptomatique du rééquilibrage géopolitique en cours.

Quand ce rééquilibrage a-t-il commencé ? En 1989 à la chute du mur de Berlin ? Symboliquement sans doute. Mais cette date correspond à la fin de l’erreur communiste, pas à celle du bloc qui lui faisait face depuis tant d’années. Ce fut la fin de l’affrontement du modèle collectiviste dictatorial contre un modèle jusqu’alors libre et globalement démocratique.

Non, la bascule est sans doute à trouver quelque part dans une des guerre d’Asie occidentale, entre Irak et Afghanistan, guerres étranges s’il en est, entre cynisme mercantile, fanatisme religieux partagés et plus ou moins avoués, ou peut-être simplement guerre de remplissage du vide laissé par la fin de la guerre froide. L’Amérique devenue en apparence omnipotente par manque d’un adversaire à sa taille, s’en est inventé un, Al Quaïda, chimère ou ectoplasme que l’on voit en chaque endroit mais dont la substance est aussi insaisissable que son icône barbue. Al Quaïda, le mister Hide de l’Amérique… Depuis elle s’épuise dans un combat qu’elle ne peut pas gagner, ni militairement ni idéologiquement. Depuis l’URSS redevenue Russie s’est adaptée au monde et forte de ressources qui manquent à ce dernier à l’heure de la rupture énergétique, a repris confiance et s’enhardit à reconquérir les confetti perdus de sa gloire passée

Qui sera à même d’arrêter la charge des cosaques russes ? L’Amérique militairement dispersée, économiquement au point d’équilibre entre déroute et rebond, ne fera rien pour sauver quelques vallées à la frontière de l’Europe.

L’Europe sans cap politique renouvelé, sans identité réaffirmée, sans leadership efficace, sans figure emblématique, ne pourra pas faire beaucoup plus que ce qu’elle a fait en se précipitant à Moscou pour signer un texte de cesser le feu qui donne quitus au vainqueur, qui ignore la conscience viscérale du danger ressenti par les pays de l’Europe de l’Est. Étrange parfum de Munich pour un Daladier réincarné et expéditif…
La Russie remplit le vide que nous n’arrivons pas à combler. Finalement, elle ne nous menace pas vraiment, elle révèle les menaces que nous avons nous-mêmes laissé prospérer en ne prenant pas politiquement la mesure de la chute du mur de Berlin, en laissant flotter l’Europe sur sa lancée technocratique, en nous berçant d’illusions sur un parfum de gloire passée, en ne forgeant pas un nouveau destin, un nouveau citoyen européen irrigué d’un passé certes conflictuel, mais politiquement et intellectuellement brillant, et surtout un citoyen demandeur d’avenir commun, d’un projet à la hauteur de l’ensemble de son histoire.

Le Tsar Poutine ne s’arrêtera que si nous sommes capables de l’éblouir à nouveau. Il n’a que faire des faibles.

Cracher sur le Lama

Le Dalaï-lama rend visite à la France cette semaine. Enfin, plutôt aux français parce que la présidence de la République (à l’exception des sénateurs) a décidé de le snober.

Cette soudaine affirmation de la laïcité élyséenne ne manquera pas de surprendre ceux qui ont pu suivre les aventures sms du chanoine de Latran, mais elle est surtout hypocrite et destinée à justifier une position acrobatique de la diplomatie élyséenne suite à des maladresses successives concernant le voyage express de Nicolas Sarkozy à Pékin.

Après tout, que ce dernier ait décidé de passer quelques heures en Chine pour assister à l’ouverture des JO est à l’origine anodin et sans grande impacte : sa présence aurait pu simplement être présentée comme un hommage à l’olympisme et à l’amitié entre les peuples et l’affaire aurait été pliée. Mais non, il a fallu qu’il se mette lui-même la pression en liant l’affaire à des gestes immédiats entre chinois et tibétains, ce qu’il ne pouvait obtenir et ce qui pour cet événement précis aurait dû  concerner en premier chef le CIO, le Tibet et la Chine. Et si la résolution immédiate du problème lui avait été à ce point primordiale pour l’Elysée, nous aurions pu également ne pas aller à Pékin et nous contenter de déléguer un ministre, sans tambour ni trompette.

Enfermé dans ce non sens, nous nous sommes donc retrouvé à Pékin en dépit du préalable que nous avions nous-mêmes fixé et en donnant l’impression de céder aux injonctions de l’ambassadeur de Chine à Paris.

Nous aurions pu nous contenter d’être ridicule et faible, mais avec la visite du Dalaï Lama, les conseillers de l’Elysée nous encouragent à boire le calice jusqu’à la lie. Cette fois, on nous explique qu’il n’y aura pas de rencontre entre Sarkozy est lui puisqu’il n’est pas un chef d’état, mais un chef religieux.

Excuse en forme de tautologie ! Le chef spirituel bouddhiste n’a jamais revendiqué un quelconque statut de chef d’Etat et s’il se bat pour le Tibet, c’est pour éviter la sinisation forcée des tibétains et la destruction de leur culture. Pourquoi sortir un tel argument si ce n’est pour cacher par une absurdité une autre absurdité ?

Même si cet argument devait être retenu, cela signifie-t-il qu’à partir de maintenant la France ne rencontrera plus aucun représentant de religions ou de groupes spirituels et philosophiques. Cela s’appelle de l’ostracisme pour le moins…

Sur le fond, ce qui m’attriste le plus c’est que la France, avec son passé et ses idéaux, n’est plus capable de respecter un prix Nobel de la paix qui au fond vient lui rendre hommage. Osera-t-on aussi prétexter une clause religieuse si Desmond Tutu nous honorait de sa présence ? Que trouvera-t-on à opposer à Nelson Mandela ? Shimon Peres ne serait-il pas par hasard représentant d’un état où la religion occupe trop de place ? Et en creusant un peu, ne devrait-on pas déclarer Al Gore persona non gratta pour ne pas fâcher l’administration républicaine américaine ? Ne risquerait-on pas de s’attirer les foudres de la finance internationale si on accueillait Muhammad Yunus ?

Que la liste est longue des hommes et femmes de bonnes volonté dont l’action a changé positivement le monde et qui risquent maintenant d’être traitées avec mépris par ce gouvernement, juste pour justifier son amateurisme ou sa lâcheté. Comme notre pays a changé, lui qui naguère se voulait être la lumière illuminant le monde, et qui n’est plus qu’un hôtel pour dictateurs en mal de shopping de luxe.

Petits dessins contre longs discours

Août 2008. Ces derniers temps, chaque mois voit tomber sa mauvaise statistique, les dernières en date étant l’effondrement de la confiance des ménages et la remontée confirmée du chômage. La communication étant généralement faite par rapport au mois précédent ou au mieux sur la tendance, il est difficile d’en tirer autre chose qu’un sentiment immédiat. Je me suis donc posé la question de savoir si ce gouvernement était aussi mauvais que le sentiment que nous en avions, et parallèlement, quelle période des 20 dernières années avait été la meilleure. Pour le savoir, je suis allé collecter du côté de l’INSEE un certain nombre d’indicateurs macro-économiques dont voici la synthèse graphique.

Balance commerciale :
secu
Indice de confiance des ménages :
indice de confiance
Taux de prélèvements obligatoires :
impots
Déficit budgétaire :
budget
Taux d’inflation :
inflation
Taux de chômage :
chomage
Croissance du PIB :
croissance

Il n’y a pas photo : oui les années 2002 à aujourd’hui ont été particulièrement mauvaises, et en aggravation ces deux dernières années. Quant à la meilleure période, on la trouve un peu avant 2000 alors qu’au gouvernement nous trouvions certains Strauss-Kahn, Aubry et autres Moscovici sous la houlette de Lionel Jospin. On trouvera également un certain nombre de faits qui contredisent les bonniments actuels dans cet article d’Agoravox.
Si les élections étaient basées sur les résultats et la compétence, la France serait gouvernée fort différemment…