Les  Français médusés n’ont semble-t-il pas compris grand-chose à la  tragédie interprétée par Ségolène Royal et Vincent Peillon. Comment  l’auriez-vous pu mes concitoyens, vous à qui l’on a oublié de dire que  cet épisode n’est que le dernier acte d’une pièce commencée il y a déjà  si longtemps et donnée à voir au grand théâtre de la politique  française.
Quand cela a-t-il commencé en fait ? Et comment ? Avec Peillon ? Non bien évidemment. Royal alors ? Pas plus, il ne s’agit là que de deux acteurs d’une trame obscure qui plonge ses racines bien plus profondément dans notre mal-être politique.
Mais d’abord quelques mots d’explication sur cet acte là. Dire qui de Peillon ou de Royal a raison relève non de la raison, mais de la passion. Peillon a voulu utiliser son courant pour préparer les futures élections, et se faisant se construire une légitimité dans ce qui devait renaître des cendres du courant royaliste déliquescent. Royal, égérie du groupe, a fait valoir son statut d’icône en allant revendiquer son dû au nez à la barde de l’impudent. Chacun était dans un rôle taillé pour lui. Auraient-ils politiquement pu nous éviter cette scène faite d’ombres et de brouillard ? Non, car cette querelle n’était que l’aboutissement d’une machine, précise, prévisible, inarrêtable : depuis 2006 nous avons dénoncé mille fois les dangers de la personnalisation de la politique telle qu’elle était mise en avant par Désir d’Avenir. Mille fois nous avons été condamnés pour nos mises en garde. Mais voilà jeté à la face médiatique du monde le pourquoi de cette condamnation : lorsque toute l’action politique n’est justifiée que par un individu, il n’existe plus de vérité, plus de perspectives autre que celle du destin de cet individu. Tout ce qui n’est pas cet individu est mensonge, seul cet individu est vérité. J’avais écrit des choses en ce sens il y a déjà longtemps en dénonçant les fables que l’on nous servait (De l’art de manipuler l’opinion en général, et les internautes en particulier et De l’art de manipuler l’opinion et les internautes en particulier, acte II ), ce dernier épisode s’inscrit dans la même logique d’exclusion de ceux qui n’appartiennent pas, ou ici plus exactement plus, à l’histoire racontée, qui s’opposent au destin de l’actrice.
Ségolène Royal a-t-elle voulu une telle machine ? Je ne le pense pas. Elle n’est que l’interprète du rôle, parce que son histoire personnelle collait bien au personnage, parce qu’elle était disponible au moment où la main de l’Histoire a choisi l’actrice la plus crédible. Elle a rempli avec talent le vide politique par l’apparence de la politique.
Mais au-delà du bruit et de la fureur de cet épisode, de quoi parle la représentation théâtrale ? D’un peuple qui se cherche, d’un peuple qui fut grand, qui peut sentir en lui la force de cette grandeur, mais qui n’arrive pas à dépasser ses contradictions, qui n’arrive pas à guillotiner les idées déjà mortes, n’arrive pas à secouer le joug imposé par de pauvres maîtres, qui n’arrive pas à croire que le temps est venu de renouer avec les idées nobles. Liberté nous crie l’Histoire, Égalité nous crie la République, Fraternité nous crie notre âme nationale. Mais aussi révolte contre l’indifférence, foi en la raison qui trace les routes, le génie qui renverse les montagnes. D’un peuple qui croit que Cyrano peut vaincre la bassesse et la cupidité par son seul courage et sa noblesse, d’un peuple qui sent confusément qu’un monde est en train de mourir et qui cherche qui se dressera contre le maelström climatique à l’horizon, qui saura construire les maisons qui devront abriter nos familles après le cataclysme d’un modèle énergétique qui va s’effondrer, où le capitalisme triomphant permet enfin de basculer vers une autre civilisation, après celle de l’aube, après celle des centurions, après celle des moines, après celle des capitaines d’industrie.
La pièce ne sera pas close par l’arrivée deus ex machina d’un sauveur, mais par la certitude collective que c’est en nous qu’est notre destin, que c’est ensemble que nous pourrons le réaliser. Ce monde est mort. Il nous appartient de reprendre le flambeau de nos idéaux pour le reconstruire.
					
Râleurs gauchistes patentés et autres éternels défaitistes de gauche, mieux vaut éviter de lire ce post.
Le livre de Pierre Moscovici “Mission impossible ? Comment la gauche peut battre Sarkozy en 2012” est sorti en librairie.
J’aime  à regarder le théâtre politique avec des yeux romantiques, à replacer  les actes de chacun dans un décor sombre ou grandiose, le destin des  acteurs comme écrit pour une pièce dont ils ignorent la trame.
Le  retentissant verdict prononcé par Nicolas Sarkozy cette semaine à  l’encontre de Dominique de Villepin, “coupable !”, ne me semble en rien  une improvisation. Je crois qu’il illustre deux choses :
J’aurais  bien aimé vous ramener quelques photos aussi faussement floues que  volées de Pierre Moscovici courant en maillot de bain rouge sur la plage  de Paimpol ou le récit de quelques aventures torrides avec une  princesse britannique venue en secret passer le week-end dans les côtes  d’Armor, mais il me faudra me contenter de parler politique.
Mais  revenons à la vraie politique. Que dire de cette journée. D’abord que  b2g existe effectivement en dehors du web et que l’on retrouve des  soutiens chez les militants de base et chez les élus comme la députée  Marie-Renée Oget qui était présente. Ce qui m’a frappé, c’est  l’interrogation que suscite b2g : un nouveau courant, l’écurie d’un  présidentiable, quelque chose de nouveau ? Nouveau assurément puisque  justement le mouvement essaie de sortie du schéma classique du PS  organisé en courants, nouveau parce qu’il doit réussir une quadrature  compliquée entre besoin d’être porté par des voix fortes et  reconnaissables mais qu’il ne doit pas être réduit à une voix forte et  reconnaissable, nouveau parce qu’il parle méthode de refondation pour  pouvoir ensuite entraîner l’adhésion et donner du contenu partagé à  cette refondation. Mais c’est un exercice compliqué car même si les  militants du PS déclarent presque unanimement en avoir marre avec la  façon de fonctionner dans une opposition interne perpétuelle, finalement  peu sont prêts à quitter sans appréhensions les vieilles pantoufles du  PS.