Autant prévu que redouté, les États Unis ne sont plus un pays où l’on peut acheter des bons du trésor les yeux fermés. La perte de leur meilleure note est plus psychologique qu’autre chose, mais la finance mondiale qui faisait gris mine ces dernières semaines s’offre un plongeons supplémentaire en eau froide.
La cause de la défiance : la dette bien évidemment. Fini de s’amuser avec la « petite » dette grecque de 350 milliards d’euros, on s’intéresse maintenant aux plus de 14 000 milliards de dollar américains (soit environ 10 000 milliards d’euro). Nulle doute qu’avec nos près de 1600 milliards et une progression toujours pas maîtrisée, notre tour ne devrait pas tarder. Alors oui la crise y est bien pour quelque chose car il était nécessaire de soutenir l’économie et certaines sociétés qui se sont trouvées temporairement à court de liquidité. Oui, mais cela ne doit pas nous faire oublier la faute originelle de la droite qui a délibérément choisi de se financer à crédit, sans chercher d’autres voies. Rappelons-nous la théorie de Nicolas Sarkozy de « la bonne et mauvaise dette ».
Contrairement au PS dont les théories keynésiennes posent comme postulat que la dette est l’ennemie de la gauche, le gouvernement sarkofillon et l’ump ont délibérément choisi cette voie de la dette, pour nous amener là où nous sommes actuellement, ignorant par incompétence ou aveuglement idéologique que cette voie n’offrait aucun échappatoire en cas de problème. L’accident était inévitable.
Aujourd’hui, il est urgent de répondre à une double question :
- comment payer ce que l’on doit ?
- comment reprendre sa liberté financière vis-à-vis des marchés ?
Augmenter les taxes et impôts ou leur assiette (c’est-à-dire le nombre de personnes qui les paient), diminuer les dépenses, « manger » la dette par une inflation importante, refuser purement et simplement de payer. Le panel de solutions est connu, plutôt que de nier le problème il faut soit que ce gouvernement fasse pour une fois ce qu’il faut ou qu’il démissionne et rende rapidement les clés, reconnaissant son incroyable incompétence, abandonnant une politique vieille de presque 10 ans, politique qui à l’exception d’une année n’a jamais réussi à remettre la dette de notre pays dans la bonne direction.
La gauche est décidée à faire ce qu’il faut, et à la différence de la droite, l’expérience passée (1997-2002) montre qu’on peut lui faire confiance pour que cela soit aussi juste que possible et surtout, efficace.
Mais second point, comment reprendre sa liberté vis-à-vis des marchés, car on peut bien tempêter contre les financiers, si l’ump avait fait le choix d’avoir le choix, le rapport de force serait différent. En 1997 le gouvernement Jopin sous la direction de Dominique Strauss-Kahn a qualifié la France pour l’euro et nous avons choisi l’intégration européenne : il est temps d’achever le travail massacré par la droite : l’Europe doit se doter d’un organe de gouvernance dont le rôle est de veiller à harmoniser les éléments financiers structurants de l’Union, et cet organe doit pouvoir relever le défit d’agir selon des choix politiques démocratiques au niveau européen. Par ailleurs, on remarquera que des pays comme le Japon sont beaucoup plus endettés que nous mais sont moins « chahutés » par les marchés ; il y a une raison simple à cela : ces pays financent majoritairement leur dette en interne. Il me paraît donc souhaitable de réfléchir sur la possibilité d’un emprunt national forcé : transformer une partie de l’épargne des Français en emprunt remboursable à court terme (moins de 5 ans) à un taux d’intérêt à fixer. Cela me paraît être une des formes les moins douloureuses de contribution au sauvetage financier de notre pays.
La droite sarkozyste a échoué parce qu’elle a choisi depuis 10 ans une très mauvaise politique économique. Que les mois avant l’élection vont être longs et douloureux pour les Français ! Si Nicolas Sarkozy veut réussir ne serait-ce qu’une chose dans son épouvantable mandat, que ce soit sa démission.
Pour fixer les idées, en 2010 les Français ont épargné environ 16% de leur revenu.
« L’épargne des Français est restée majoritairement investie en assurance-vie. Elle a totalisé en 2010 quelque 77,3 milliards d’euros de dépôts, contre 76,9 milliards en 2009. Le montant total des sommes déposées sur ces contrats était de 1149 milliards d’euros à la fin 2010. Les contrats en unités de comptes ne totalisent, eux, que 211 milliards d’euros. » ( http://www.lefigaro.fr/placement/2011/06/23/05006-20110623ARTFIG00626-les-francais-privilegient-l-epargne-securisee.php ).
Le déficit de 2010 est d’un peu moins de 150 milliards. Il semble donc que nous soyons capables de nous passer des marchés financiers, ou en fonction des intérêts de la France et de son indépendance, d’aller sur les marchés en position de force. Cela ne résout pas le problème de fond qui est celui de l’équilibre à moyen terme des comptes, mais cela résoudrait celui de notre souveraineté financière.