Lorsque Tristane Banon innocente DSK

DSK innocent dans l'affaire BanonLes éructations médiatiques et internétiques sur la construction de la culpabilité de Dominique Strauss-Kahn ont été en partie alimentées par l’affaire Banon où cette dernière était présentée comme la victime au mieux d’un harcèlement dépassant les bornes, au pire d’un viol.
Pour tous ceux qui voulaient empêcher DSK de se présenter, l’affaire était entendue, qui vole un oeuf vole un boeuf, l’affaire Banon annonçait forcément l’affaire Diallo.

Le parisien.fr vient de publier un chapitre inédit d’un livre de Tristane Banon dans lequel elle décrivait cette fameuse rencontre. Et ce qui est écrit est édifiant : non seulement elle ne fait mention d’aucune agression, mais elle écrit que c’est elle qui a harcelé DSK pour obtenir cette rencontre et l’interview a été plus ennuyeuse !

Le site lepopulaire.fr donne des informations complémentaires sur le livre de Tristane Banon.

Comme je l’ai écrit déjà depuis de très nombreux mois, s’il n’y a jamais eu plainte dans cette affaire Banon, c’est qu’il n’y avait pas d’affaire. Mais la vérité a-t-elle un sens pour ceux qui veulent manipuler la démocratie ?

Affaire Dreyfus Strauss-Kahn : l’avocat de N. Diallo condamné pour avoir utilisé un faux témoignage

Kenneth Thompson, l’avocat de la défense dans l’affaire DSK, vient d’être condamné à payer 15000$ par un juge américain pour avoir utilisé un faux témoignage dans une affaire qu’il plaidait.

Le juge de district William Pauley a déclaré que la société d’avocat Thompson & Wigdor avait porté un préjudice au processus judiciaire lui-même lorsque ses avocats ont permis le dépôt d’un faux témoignage ( « U.S. District Judge William Pauley said the law firm Thompson Wigdor & Gilly harmed “the judicial process itself” when its lawyers allowed the false testimony at a deposition« ).

Après que l’avocat star N. Stiegel ait renoncé à défendre l’accusatrice, cela commence à faire beaucoup pour la plaignante.

Parallèlement, suite aux révélations du journaliste Léonard Lewit, la RTBF et le Nouvel Obs s’interrogent sérieusement sur les liens entre Nicolas Sarkozy et certains protagonistes de l’affaire, en particulier le chef de la police.

L’étrangeté de cette affaire n’a d’égale que ses zones d’ombres semble-t-il.

Sources :

Affaire Dreyfus Strauss-Kahn : comment ils essaient de tuer les combats de gauche

Prologue

Mai 2011 : un tweet d’un militant ump promptement relayé par le site de droite Atlantico révélait que Dominique Strauss-Kahn avait été arrêté. Cette information a été diffusée quelques minutes à peine après l’arrestation, avant tout autre média. En plus de l’arrestation, ce tweet faisait apparaître pour la première fois l’hôtel Sofitel alors que l’interpellation a eu lieu dans l’avion où avait pris place DSK.

Pendant plusieurs jours, la police, la justice américaine et les médias créent et diffusent mondialement la culpabilité médiatique de Dominique Strauss-Kahn, non seulement sans disposer d’aucun élément de preuve, mais également en diffusant des informations qui se révéleront erronées (comme les heures des faits établis puis corrigés par la police) ou fausses comme les accusations de fuite précipitée, les divers noms et nationalités de la plaignante, l’existence d’un film de vidéo surveillance, etc.

Le procureur de cette affaire, Cyrus Vance, fils d’un ancien secrétaire d’État de Jimmy Carter, se retrouve alors en charge d’un dossier qui pourrait le mener à la tête de la mairie de NY comme ce fut le cas jadis pour son prédécesseur Rudolph Giuliani.

A l’issue de ce prologue, l’objectivité est de reconnaître que nous n’avons qu’une seule certitude : une plainte contre DSK a été déposée et a été jugée recevable. Tout le reste n’est que conjectures ou pire, fantasmes.

Acte I : comment le FMI est « repris en main »

Si l’on met de côté les aspects personnels de cette histoire, la première vraie conséquence a été la démission de DSK de sa charge de directeur général du FMI. Plus que tout autre, DSK a réformé le FMI, lui donnant une orientation social-démocrate, permettant aux pays « émergés » et aux pays pauvres d’avoir un plus grand poids au sein de l’institution. Il a été également l’homme qui a montré que l’intervention coordonnée des États pouvaient réussir là où le libéralisme financier débridé avait généré le chaos. Il a été celui qui a annulé la dette d’un des pays les plus pauvres du monde, Haïti, qui a permis à l’Afrique de surmonter le pic de la crise grâce à des prêts à taux zéros, qui a permis à l’Europe de sauver (provisoirement) sa monnaie et aux pays comme la Grèce de ne pas être pillé (provisoirement aussi). C’est aussi l’homme qui était censé présenter un plan ambitieux de réforme des règles financières mondiales à travers une évolution monétaire majeure et l’introduction d’une assurance risque sur les transactions financières.

Cet homme devait être abattu, la première conséquence de l’affaire Dreyfus Strauss-Kahn est la défaite des réformistes keynésiens au niveau mondial. Depuis le dépeçage de la Grèce a débuté et la nouvelle direction du FMI sera assurée soit par un pur produit du modèle financier américain en la personne de Christine Lagarde, soit par Augustin Cartens, certes citoyen d’un pays émergeant, le Mexique, mais aussi pays appartenant à la sphère économique américaine.

En perdant le FMI, la gauche a perdu une bataille de la gouvernance mondiale.

Acte II : comment la lutte des classes se retourne contre les pauvres

Les avocats de la plaignante ont clairement mis l’accent sur un procès qui serait celui d’une femme pauvre contre un homme riche, d’une justice qui doit punir les riches et les puissants, d’une personne humble et sans moyens contre une star qui les a tous, d’un traitement judiciaire qui doit être le même pour tous.

Or comme le relève un certain nombre de juristes, le traitement médiatique judiciaire vus lors des premiers jours ne sert qu’à humilier et n’apporte en lui-même rien au procès sinon une condamnation préventive de l’agora. Le traitement égalitaire revendiqué, à juste titre, est en fait un nivellement par le bas, pour ne pas dire par la bassesse. Riche ou pauvre, faible ou puissant, le « perp walk » est une honte d’abord pour le système judiciaire : le nivellement par le bas n’est en rien une revendication égalitaire, un combat des humbles. Nous revendiquons une justice égalitaire, pas une humiliation égalitaire. Nous revendiquons une élévation des humbles, pas un abaissement des puissants.

Par ailleurs, les avocats qui défendent madame Diallo n’ont rien d’avocats de seconde zone commis d’office. Ce sont des stars du barreau dont le costume impeccable ne sort pas d’une boutique de prêt à porter premier prix. Leur plaidoirie à vocation universelle cadre mal avec leur personnalité et l’enjeu du procès. Encore une fois, cette affaire est l’occasion d’une mise en scène médiatique qui utilise la condition d’une personne humble à des fins qui n’ont que faire de la lutte des gens pour sortir de leur misère.

A nouveau la gauche est en train de perdre ici la bataille de la défense des humbles, cause reprise par des stars du système judiciaire américain. Même si c’est un combat pour la justice, la justice sociale ne peut être défendue par ce genre d’avocat !

Acte III : comment le syndicalisme est manipulé jusqu’au ridicule

La troisième audience a été le lieu d’une théatralisation supplémentaire. Un syndicat (Unite-Here) a profité de ce procès pour organiser un rassemblement spectaculaire et ici encore, médiatisé. Le rôle des syndicats est d’obtenir de meilleures conditions de travail aux salariés, de les défendre en cas de conflit, d’aider à faire progresser le droit du travail, de co-gérer certains organismes paritaires. Si des problèmes de sécurité se posent dans l’exercice du travail de ces femmes de chambre (ce que je veux bien admettre), en quoi cette manifestation contre un homme dont la culpabilité reste à établir va changer en quoi que ce soit la position de leurs employeurs ? Pire que cela, si le procès venait à établir l’innocence de l’accusé, ce syndicat se sera ridiculisé et aura ridiculisé ces femmes de chambre.

La bataille du syndicalisme n’est pas celle de juger la culpabilité de personnes dans des procès privés, c’est une bataille pour le progrès social, une bataille entre salariés et patrons, entre organisations syndicales et patronales, entre syndicats et État. Ici, Unite-Here ne peut que perdre, son âme ou son image au choix, et s’affaiblir dans de futures batailles qui seraient elles totalement de son ressort.

Acte IV : comment le féminisme s’égare

Certaines organisations féministes ont saisi l’occasion de ce procès pour faire entendre leur voix. Prenant dès le départ le parti-pris de la culpabilité de l’accusé, elles ont construit un amalgame entre des luttes déjà anciennes et les images de la culpabilité médiatique abreuvant largement télés et journaux du monde. Pour les mêmes raisons qu’évoquées précédemment, c’est un détournement de combat qui ne peut qu’aboutir à l’affaiblissement ou au ridicule.

Si DSK est coupable le tribunal le condamnera. Dans ce cas, la justice aura montré de façon exemplaire qu’une personne, homme ou femme, ne peut abuser d’une autre, homme ou femme, sans être sévèrement puni. Il ne s’agit pas d’une lutte d’un sexe contre l’autre, mais bien d’une loi universelle s’appliquant à tous qui démontre de façon éclatante que la dignité et l’intégrité des personnes n’est subordonnée à aucune exception. C’est un combat commun et universel des hommes et des femmes.

Mais si DSK est reconnu innocent, alors ces organisations féministes auront fait beaucoup de mal à ce combat pour l’égalité car elles auront montré que leur combat fait peu de cas de la vérité et de la justice, que la fin justifie les moyens, que quels que soient les faits, l’homme est l’ennemi à abattre. La violence et l’injustice ne sont pas des combat de la gauche !

Epilogue

L’épilogue de cette tragédie n’est pas écrit, et à vrai dire il n’est pas exclus que ce soit en fait une farce grotesque tant les incohérences et les manipulations sont grandes, provoquant les interrogations publiques de personnes peu suspectes de connivence avec l’accusé, comme Christine Boutin ou Vladimir Poutine.

Coupable ou non, pour l’heure les gagnants sont peu nombreux mais bien identifiables. Si au niveau mondial leur victoire semble acquise pour plusieurs années, les choses sont bien moins claires en France. J’ose espérer que l’hypothèse du complot co-alimenté par certain en France se révèlera fausse, car dans le cas contraire nous serions dans une situation encore plus scandaleuse que l’affaire Dreyfus.

Beurk !

Comme il semble que l’issue de l’affaire DSK soit de plus en plus incertaine pour tous ceux qui ont décidé de sa culpabilité quels que soient les faits réels, nous assistons ces derniers jours à des jets de vomissures clairement estampillés politiques.

Il y a bien sûr eu à l’origine de tout, ce tweet d’un internaute umpiste qui a réussi le miracle de relayer une information avant que la police n’en parle, en faisant qui plus est le lien avec le Sofitel alors que l’arrestation à eu lieu à l’aéroport. Les mêmes se retrouvant accessoirement dans l’enfumage de la Porsche. Manipulation abjecte, mais qu’importe, l’important est de créer du bruit, cela ne mange pas de pain.

Il y a eu bien sûr dans la foulée moult révélations « inédites » sur la vie privée de DSK, révélations que n’importe qui aurait pu lire dans sexus politicus qui est en librairie depuis des années. Chose intéressante, il semble que bizarrement une myopie prononcée empêche de citer d’autres noms apparaissant dans ce livre, comme Nicolas Sarkozy par exemple. Manipulation abjecte, mais qu’importe, l’important est de créer du bruit, cela ne mange pas de pain.

Il y a aussi en ce moment une photo qui circule sur twiter avec des commentaires cherchant à laisser à penser que Barrak Obama empêche Dominique Strauss-Kahn de draguer sa femme sur la photo. Manipulation abjecte, mais qu’importe, l’important est de créer du bruit, cela ne mange pas de pain.

Histoire de rigoler, je tombe ce soir sur un post cherchant à discréditer encore un peu plus DSK, en jouant sur un amalgame entre l’affaire de l’appartement Gaymard dont le loyer était payé par le contribuable, et l’appartement de DSK payé par le couple SK. Manipulation abjecte, mais qu’importe, l’important est de créer du bruit, cela ne mange pas de pain.

Alors pour que vous ne vous fatiguiez pas à chercher la fameuse photo sur twitter, je vous la mets dans ce post est vous pourrez juger sur pied.

Et pendant que j’y suis, je vous joints également un petit florilège que vous pourrez également juger par vous-même. Une belle photo pour la campagne 2007 :

Quelques clichés moins mis en scène :

Je combattrai l’abjection pied à pied, mais si vous avez envie revenir à la politique qui intéresse les citoyens, c’est quand vous voulez. Les rumeurs, complots et autres navigations dans les caniveaux, cela m’exaspère. Il est vrai que dans un mandat où Nicolas Sarkozy a absolument tout raté, il est tentant pour l’ump de passer de la presse people de 2007 à la presse tabloïd trash en 2012, mais cela ne le sauvera pas.

Explosion des connexions


Je constate depuis quelques jours une explosion des connexions à ce blog, en particulier sur les pages hoax du site.

Chacun pourra constater à la lecture de ces différents billets, combien la politique véhicule de fantasmes en tout genre, et que contrairement aux médias j’ai toujours ici essayé d’en faire une analyse factuelle à partir d’éléments aussi vérifiables que possibles.

Il y a toujours une part de vérité dans toute légende dit l’adage et nulle doute que sans sa réputation de séducteur, la situation de DSK devant la juge new-yorkaise aurait été plus aisée. Il n’en demeure pas moins qu’à ce jour aucune accusation de violence n’avait été portée devant un tribunal et que même si la justice américaine joue sur des oppositions entre fond et forme qui nous choquent, elle me semble infiniment plus digne de confiance que la curée dont nous sommes gratifiés en France.

Un autre adage dit que les grands hommes ne tombent pas du côté où ils penchent. Laissons donc le soin à la justice et à DSK de démontrer si ce dernier est tombé ou pas.

A mes amis sociaux-démocrates

L’actualité new-yorkaise donne une étrange lecture de mon post de la semaine dernière « l’homme est la mesure de toute chose« . Il faut attendre la fin de la semaine pour pouvoir en dire un peu plus sur l’avenir de Dominique Strauss-Kahn, laisser le temps à ses avocats de rassembler les éléments de sa défense et entendre (enfin) sa version des faits.

En attendant la prochaine audience, je tiens à rappeler à tous que le combat des sociaux-démocrates est d’abord celui de l’idéal d’un monde plus juste construit par la réforme, un combat d’idées que Dominique a alimentées et mises en œuvre avec force et réussite. Or si DSK est aujourd’hui empêché d’agir politiquement, les idées et le combat demeurent et nous en sommes dépositaires. Ne laissons-pas cela se déliter, ce serait le trahir autant que nous trahir ! Si DSK est en mesure de revenir, il ne doit pas trouver un bâtiment déserté, et s’il ne l’est pas, ce serait lâcheté et injure que d’abandonner un combat mené au nom de l’avenir de la France et des Français.

A court terme, notre position ne doit pas changer : nous avons un pacte entre Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn, il doit être respecté plus que jamais. Je n’ignore pas évidemment les aspirations divergentes qui existent, mais les circonstances exceptionnelles doivent nous amener à une conduite plus qu’exemplaire. Si, et seulement si, Dominique n’est effectivement pas en mesure de reprendre sa place dans les toutes prochaines semaines, alors il appartiendra à Martine de réunir la famille social-démocrate, de présenter clairement sa position et de faciliter la présentation d’une candidature socdem à la primaire, candidature fondée sur la rationalité autant que sur l’envie de gagner cette élection.

Le travail de structuration effectué ces derniers mois représente un atout majeur pour gagner une élection qui ne s’annonce plus aussi simple. Il faut se souvenir que sans DSK, la gauche n’apparaît plus majoritaire actuellement : nous ne sommes plus favoris mais challengers.

Notre avenir est toujours entre nos mains, les Français attendent beaucoup de nous, faisons-leur savoir que nous sommes toujours là et que nous gagnerons le combat de 2012 pour eux.

DSK : élément d’enquête

Dans les premiers commentaires journalistiques relatant l’affaire DSK, il a été dit que Dominique avait fuit précipitamment son hôtel, et que le fait qu’un de ses téléphones portables avait été retrouvé dans sa chambre était un élément allant dans ce sens.

La réalité apparaît comme tout autre.

Il a été vu quittant normalement son hôtel, il a pris un avion comme prévu (pour une réunion en Europe sur la Grèce) et a téléphoné à l’hôtel pour indiquer qu’il n’avait pas retrouvé un de ses téléphones avant de partir.

http://www.itele.fr/video/dsk-les-dernieres-infos-de-michael-darmon

Les échos relatent par ailleurs un certain nombre d’incohérences dans les accusations, en particulier sur l’heure supposée des faits (13h) alors que Dominique Strauss-Kahn aurait déjeuné avec sa fille aux environs de midi et pris l’avion en fin d’après-midi.

L’homme est la mesure de toute chose


La pensée complète de Protagoras étant d’ailleurs «L’homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont, du fait qu’elles sont ; de celles qui ne sont pas, du fait qu’elles ne sont pas». Je crois qu’il aurait bien des sujets de réflexion à propos de l’effervescence mêlant les délires et fantasmes de ces deux dernières semaines.

Est-ce l’image (fut-elle volée) qui est devenue la mesure des choses ?

Est-ce la capacité à générer du marketing viral à partir de cette image qui est sur le point de devenir un message politique ?

 

En elle-même l’image en question (la Porsche) répond aux éléments symboliques de la réussite : la voiture de sport, un couple souriant et dynamique dans une des plus belles capitales du monde.
Mais cette image a été déconstruite : d’abord elle a été fallacieusement enrobée avec le parfum du secret (c’est une image de paparazzi, non « officielle », volée donc plus vraie que vraie, etc). Le secret, fut-il créé par un story telling murement réfléchi, est forcément plus vrai que la vérité dans un monde où depuis X Files on sait que la vérité est ailleurs. Mulder est devenu plus fort que Protagoras !

Puis l’image a été marketée pour répondre à un segment de marché bien précis : les adversaires de DSK à gauche. Les derniers marxistes d’abord et par extension tous ceux qui réduisent la politique à un choix de personne. L’image symbole de réussite a alors été racontée comme l’image de la richesse, l’argent devenant une valeur (négative), la nouvelle mesure de la chose. C’était d’autant plus facile à ancrer dans les esprits que cette mise en scène avait aussi pour but de relativiser l’image bien présente du bling bling qui colle à la peau de Nicolas Sarkozy. Puisque dans son cas, l’argent est affichée comme une valeur, toute personne ayant de l’argent doit forcément partager ces valeurs. Les amis (mêmes valeurs) de mes ennemis (« contre-valeur ») étant mes ennemis, le virus pouvait être libéré ! Voilà au moins un sophisme dont Protagoras aurait pu sourire…

A l’arrivée, internet appuyé (timidement) par quelques média est devenu le lieu d’une caricature de combat politique : l’argent devenant le marqueur universel de l’e-idéologie politique. Le combat n’est plus celui d’un choix entre marxisme, social-démocratie refondée ou libéralisme échevelé (ou autre chose), mais un choix entre ceux qui ont ou pas de l’argent. Étrange combat d’ailleurs où l’on se préserve bien de situer une frontière et où l’on interdit de facto à tout un chacun d’améliorer sa condition sous peine de passer dans le camp honni d’en face.

Et bien je refuse ce diktat du niveau zéro de la pensée. Non l’argent (ou ses supplétifs) n’est pas la mesure de la chose politique et encore moins de toute chose. Les valeurs de mon combat restent celle de la liberté, de la vérité, de la recherche du bonheur et du progrès par la réforme, de l’égalité de la société et de l’équité entre citoyens, de la solidarité qui construit un avenir commun.
Je ne combats pas Nicolas Sarkozy à cause de son compte en banque, mais à cause des dégâts que son comportement de Rastignac a infligé à la fonction présidentielle et à la France. De Gaulle l’économe ne dédaignait pas la DS décapotable car l’image est flatteuse pour la fonction. Pompidou avait sa Porsche et l’on se souvient du chassé croisé entre la XM de Mitterrand et la CX de Chirac. Hélas avec Sarkozy nous sommes passé au yacht de l’homme d’affaires, au clinquant du show biz. La question n’est ici pas celle du coût de ce qui est vu dans l’image, mais du ressenti de chaque Français. On peut être fier de la DS de De Gaulle, on ne voit pas bien comment être fier de l’image de Sarkozy sur le Yacht de quelqu’un qui a des intérêts économiques personnels à l’accueillir. La grande majorité des Français accepterait de passer un week-end au volant d’une voiture de sport, et cette même majorité ne se sentirait pas à sa place sur le bateau d’un riche homme d’affaires (sans d’ailleurs en vouloir à ce dernier, s’il a réussi tant mieux pour lui, mais que l’image du Président des Français ne soit pas ostensiblement liée à des intérêts particuliers).

Je combats aussi la politique UMP pour ses échecs (que cette histoire vient obligeamment remettre au second plan). Croissance, dette, chômage, désespérance, voilà des motifs de combats. Voilà la cible (et que l’on nous évite l’argument de la crise, le mal était déjà là bien avant 2008 : l’ump est au pouvoir depuis presque 10 ans, la crise a bon dos !). Quelques exemples :

La dette française (source wikipedia) :
(c) creative commons : Gedefr pour la version actuelle, MaCRoEco pour la version initiale

Taux de chômage en France (sources Google, données Eurostat) :

PIB en euro courant (sources http://www.france-inflation.com/evolution_pib_france.php)

Évolution de la pauvreté en France (en pourcentage du salaire médian, sources observatoire de la pauvreté) :

On notera l’état de la France lorsque la gauche a cédé le pouvoir à la droite UMP en 2002 et l’état en 2007, juste avant la crise.

Conclusion

Le bruit autour de l’image de Dominique Strauss-Kahn présage mal de l’évolution du débat démocratique sur internet. Les médias traditionnels n’ont pas que des qualités mais ils sont comptables de leurs erreurs et par conséquent les rédactions, même lorsqu’elles sont partisanes, tombent rarement dans la calomnie ou l’hystérie. Il n’en n’est pas de même d’internet ou tout un chacun peut publier et n’a pas forcément le recul et la maturité pour éviter les phénomènes d’auto-intoxication : il est si facile de prendre pour argent comptant quelque chose que l’on voudrait être vrai.

La faute ultime n’est cependant pas celle des quelques individus transformés en activistes aveugles, mais bien celle des groupes constitués qui jouent avec le marketing viral pour répandre rumeurs et calomnies. Le site dskvraifaux.fr a décortiqué l’origine de cette affaire : honte à ceux qui ont tenté de manipuler le débat démocratique ! Pas plus que l’argent, la préservation d’une situation personnelle, fut-elle présidentielle, n’est la mesure de toute chose. Je crois en la démocratie et c’est pourquoi je continuerai à combattre ceux qui veulent la pervertir.

 

 

Soyez le premier de vos amis à indiquer que vous aimez ça.

Le buzz contre l’information

Semaine instructive. Le monde médiatique a eu cette semaine deux raisons de s’intéresser à Dominique Strauss-Kahn.

La première est bien sûr le « scoop » dont la mèche a été allumée par le sémillant Brice Hortefeux, scoop sous la forme d’une photo de paparazzi montrant Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair à côté de la Porsche Panaméra d’un proche du couple. Il semble clair que le but de la manip’ était de jouer sur l’image de la richesse censée rendre incompatible tout engagement de gauche, vieux procès fait naguère à Léon Gambetta, Léon Blum, Pierre Mendès France et tant d’autres. L’UMP a allumé la polémique et a vite reçu le renfort d’une certaine gauche décidément obsédée par l’argent en tant que valeur (même si c’est pour eux une valeur négative, cela ne vaut guère mieux que la conception de l’argent en tant que valeur positive).

Mais chose intéressante, si l’histoire a fait beaucoup de bruit, je ne suis pas sûr qu’elle été si négative pour DSK :

  • d’abord parce que les leaders de la gauche ne sont pas tombés dans ce piège déjà mille fois utilisés et certains même telle Ségolène Royal ont appelé leurs militants à ne pas aider l’UMP dans sa tentative de manipulation.
  • ensuite parce que l’UMP s’est trompé de symbole. Certes une Porsche cela évoque la richesse, mais la voiture de sport est d’abord dans l’imaginaire collectif des Français un symbole de réussite, un rêve que l’on peut toucher du doigt car même si rares sont les Français ayant les moyens de ce payer ce genre de bolide, c’est un rêve réalisable le temps d’une ballade. Cette image de DSK est d’abord celle de la réussite et ne remet pas en cause son engagement à gauche.
  • enfin, l’UMP cherchait également à relativiser le bling bling de Nicolas Sarkozy, mais là aussi, c’est à mon sens raté. Ce qui est reproché à Nicolas Sarkozy c’est son amour ostentatoire de la richesse sur des choses qui ne plaisent pas au Français. Une victoire aux élections cela se fête dans la convivialité d’une bonne bouffe entre amis et militants, pas au Fouquet’s. Les montres hors de prix c’est un truc aussi inutilement has been que clinquant. Le salaire que l’on s’augmente de 140% avec nos impôts est un trait de caractère à la Rastignac, sans grandeur. En comparaison, le vroum vroum de cette image de Dominique Strauss-Kahn est certes peu modeste, mais elle est l’image de la réussite sociale d’un couple. Entre le bling bling et le vroum vroum, il me semble que le coeur des Français penchera vers DSK.

Voilà donc pour la première actualité dont tout le monde ou presque a entendu parler. Mais quelle est donc la seconde me direz-vous ?

La seconde est un article du prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, qui fut un critique plutôt acerbe des institutions comme le FMI. Et que nous dit ce Nobel cette semaine ? Il nous explique comment DSK a changé le FMI en profondeur. Quelques extraits :

« La crise a démontré que des marchés libres et sans entrave ne sont ni efficients, ni stables. De même, ils ne sont pas nécessairement performants pour fixer les prix (voyez la bulle immobilière), y compris les taux de change (…).

L’Islande a démontré que répondre à la crise en imposant des contrôles de capitaux peut aider les petits pays à limiter son impact. Et la politique non conventionnelle de « quantitative easing » (QEII) de la Réserve Fédérale américaine a inévitablement signifié la mort de l’idéologie des marchés sans entrave : l’argent va là où les marchés pensent que les rendements sont les plus élevés. (…).

L’afflux d’argent dans les marchés émergents provoqué par la politique des Etats-Unis a convaincu les ministres des finances et gouverneurs de banque centrale, y compris ceux qui y sont idéologiquement opposés, de la nécessité d’intervenir. (…).

Le FMI a finalement établi un lien entre inégalité et instabilité

(…)

Pour les progressistes, ces réalités épouvantables font partie de la litanie habituelle de frustration et d’outrage justifié. La nouveauté est que le FMI a rejoint le choeur. Pour reprendre les mots par lesquels Strauss-Kahn a conclu son discours devant la Brookings Institution quelques jours avant la réunion récente du Fonds : « En fin de compte, l’emploi et l’équité sont des éléments de stabilité économique et de prospérité, de stabilité politique et de paix. Cela est au coeur du mandat du FMI. Cela doit être placé au coeur de l’agenda politique. »

Strauss-Kahn se révèle être un leader sagace du FMI (…)« 

Ceci me rappelle une autre intervention, celle de Stéphane Hessel au début de l’année dans un entretien à Rue89 :

« Je souhaite qu’aux législatives qui vont suivre l’élection présidentielle de 2012, plusieurs partis de gauche travaillent ensemble : communistes, verts, socialistes, et même des candidats du centre républicain. Mais attention : il ne faut pas qu’ils présentent quatre candidats différents à l’élection présidentielle. Je ne vois que deux candidats possibles en l’état actuel : Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn.

Rue89 : Mais Dominique Strauss-Kahn dirige le FMI, qui fait partie des institutions que vous dénoncez…

DSK a pris le FMI à un moment où il fallait le dénoncer, mais il est en train de le transformer assez utilement. On ne sait pas encore bien tout ce que DSK a fait. Par exemple, le FMI ne fait plus d’ajustements structurels, c’est un progrès.

Personnellement, je préfèrerais Martine Aubry : je la considère comme plus énergiquement de gauche ; mais je sais, pour le connaître, que Strauss-Kahn est aussi un homme de gauche. S’il devient Président, il réformera l’économie française selon les même lignes que celles qu’il a soutenues du temps de Jospin ou de Rocard.

Il y a eu en France une gauche qui a fait des choses, je pense au RMI, à la couverture médicale universelle… Et elle peut en faire demain davantage.« 

Voilà deux actualités de la semaine. Il me semble que l’ordre d’importance n’est pas en phase avec l’intérêt réel et que cela méritait un article pour remettre les choses en perspective.