NewsWeek rend un hommage appuyé à DSK : et le PS ?

Dominique Strauss-KahnDSK est au sommet du monde, mais pas forcément là où il aimerait vraiment être“.

Ainsi commence cet article pour le moins élogieux de NewsWeek (The top Guy) retraçant avec autant d’étonnement que de respect le parcourt de Dominique à la tête du FMI.

Louant à la fois le courage et la vision de celui qui a osé bousculer les dogmes du FMI et de la finance mondiale, NewsWeek note que finalement seul l’état du PS pourrait l’empêcher de battre Nicolas Sarkozy en 2012.
Ce en quoi il me semble qu’ils se trompent : le PS a largement entamé sa mue et je doute fort qu’il rate une troisième élection présidentielle.
Si vous avez des doutes, écoutez le reste du monde.

«Une nouvelle mondialisation pour un monde nouveau»

DSK, dominique strauss-kahn FMI

Le 8 octobre dernier, Dominique Strauss-Kahn a prononcé un discours devant une assemblée réunissant des gouverneurs de la Banque Mondiale et du FMI. Et comme il s’agit de son discours et de ses paroles (pas des supputations sur ce qu’il pense à partir de ce que d’autres écrivent), il est intéressant de prendre connaissance des idées forces de cette intervention.

Tout d’abord, DSK affirme que la crise est arrivée à un point d’inflexion avec un redémarrage de la croissance, mais de façon incertaine et fragile parce qu’inégale. Il relève quatre risques majeurs menaçant l’avenir.

D’abord le problème de la dette publique qui a augmenté de 35 points pendant la crise. DSK rappel au passage que cette dette n’est que marginalement liée aux mesures de relance (10%) et dit clairement que la réduction des déficits est une urgence à court terme. La priorité doit être donnée à la viabilité des finances publiques et les marges de manœuvres restantes doivent servir à soutenir la croissance.

Dominique Strauss-Kahn insiste ensuite encore une fois sur le fait que la croissance qui revient ne crée pas assez d’emplois et rappelle s’il en est besoin que “pour l’homme de la rue, une reprise sans emplois n’a guère de sens. Il faut miser sur une croissance durable mais aussi sur l’emploi.”

Concernant le secteur financier, DSK se félicite des avancée règlementaires comme Bale III mais répète que les règles ne sont rien sans les contrôles et que des mécanismes doivent être mis en place pour prévenir et résoudre les futures crises.

Enfin, il s’alarme de la disparition de la volonté de coopération des Etats, coopération qui a pourtant pu éviter jusqu’ici le scénario de la grande dépression. Il s’insurge contre la tentation d’une guerre monétaire et le nationalisme qui va avec. Il rappelle que le FMI a mis en place de nouveaux outils et évoque le G20 en matière de coopération. Réussir à gagner 2,5% de croissance, c’est éviter de perdre 30 millions d’emplois.

Ce discours se termine sur la perspective de la fin de la révolution industrielle, à un rééquilibrage du monde en fonction de la taille des pays, à la mise en place de nouvelles sources de croissances (durables, vertes, …), par un plus grand besoin de coopération et de gouvernance, ce qu’a commencé à faire le FMI sous l’impulsion de son directeur.

Si vous voulez rétablir la confiance dans un monde incertain — vous devez agir ensemble.
Si vous voulez créer des emplois — vous devez agir ensemble.
Si vous voulez construire un monde meilleur et plus sûr pour vos enfants et petits-enfants — vous devez agir ensemble.

Primaires de Confirmation ou Etats Généraux de refondation ?

Il y a 6 mois déjà, j’écrivais « Aujourd’hui, je suis plus que circonspect vis-à-vis du principe des primaires, pour une raison technique : dans un tel scrutin il est impossible de garantir l’équité de la campagne, comment alors donner une légitimité au vote si ce n’est l’acceptation mathématique d’un vote structurellement biaisé ? ». Bartolone actualise cette réflexion avec un biais particulier : parmi les candidats susceptibles de l’emporter, un seul se présentera par accord tacite ou explicite avec les autres.

Est-ce logique ? Dans la logique du vieux PS, absolument. Après deux défaites qui n’auraient pas dû avoir lieu, il est absolument normal que la « machine PS » cherche et trouve la meilleure façon de gagner le prochain scrutin, et la meilleure façon est de ne pas créer une lutte suicidaire d’investiture.

Est-ce démocratique ? Non, puisque techniquement nous n’aurons d’autre vrai choix que de voter pour le seul gagnant possible.

Est-ce insupportable ? Ceux qui ne se reconnaîtront pas dans la tendance du vainqueur diront que oui, en sachant qu’ils auraient dit le contraire si le choix avait été différent, ou encore qu’ils l’ont très bien supporté dans le passé.

Est-ce une violation de nos idéaux ? Non, un parti n’est qu’un outil pour atteindre nos idéaux, ce n’est pas un idéal en lui-même. Cet outil passe tour à tour entre des mains qui ont des intérêts particuliers, et parfois ces mains s’égarent. Le secrétariat actuel n’est sans doute même pas le plus mauvais que le PS ait connu, mais il est dans une situation très particulière qui lie la promesse d’un triomphe électoral en 2012 et l’acte de décès du vieux PS. La réforme radicale ne peut pas venir de la direction ; comme je l’ai écrit, « Si changer est généralement une nécessité, c’est très rarement un choix pour chacun d’entre nous. Cela est encore plus vrai pour une organisation ou dans notre cas, un parti politique. Les groupes constitués fonctionnent selon des règles tacites ou explicites qui les stabilisent, qui les font avancer et leur évite d’exploser. La stabilité d’un groupe, bonne ou mauvaise, résulte d’une alchimie entre la volonté d’être ensemble et la réalité de forces antagonistes qui se neutralisent, se stabilisent de façon généralement non consciente, sur un équilibre aussi stable que possible. »

Finalement la situation est simple : si le PS perd 2012, de toute façon c’en sera fini. Pour gagner, la direction et nombre de cadres pensent, raisonnablement, qu’il faut supprimer tout risque préalable, donc éviter que les primaires augmentent les tensions actuelles jusqu’à l’explosion ; ils suppriment de fait le problème de choix démocratique au profit d’un choix rationnel (aptitude, expérience, image, consensus national – en espérant que le candidat ait effectivement ce profil) pour les trois tours (primaires, 1er tour, 2ème tour). Mais en faisant cela, la direction touche au paroxysme du problème du PS : pour sauver le PS, le parti doit biaiser le choix démocratique. C’est logique, c’est rationnel, c’est même peut-être souhaitable, mais ce sauvetage est aussi en lui-même l’acte de décès du vieux PS : logique jusqu’à l’absurde, sans échappatoire possible.

Le ps actuel ne peux structurellement pas faire ce qu’on attend de lui c’est-à-dire une élection ouverte et equitable. Il faut donc le changer. Mais si on le change maintenant on risque de perdre l’élection puis le parti. Ceci dit, ce n’est pas la première fois que le problème se pose : après chaque élection perdue, on évoque une rénovation nécessaire, rénovation vite oubliée car il faut gagner l’élection suivante avant de rénover…

Il me semble qu’en conséquence, la question posée aux primaires n’est plus de choisir notre candidat (à la rigueur de lui donner l’onction formelle – l’élection de confirmation de Bartolone/Fabius), mais sans-doute faut-il aussi saisir l’opportunité d’exiger la refondation avant l’élection, avant une élection que nous pouvons gagner. Nous avons l’opportunité de débattre sur les fondations de la renaissance du PS, renaissance qui sera rendue possible par l’élection d’un président socialiste. Ces primaires seront moins des primaires que la convocation des États généraux du socialisme, voire de la gauche qui a elle-même à se redéfinir.

Le futur président aura pour mission de sortir la France de la crise et de refonder la République largement liquidée par Nicolas Sarkozy.
Cette dynamique présidentielle doit également permettre de redéfinir ce qu’est la gauche et de refonder le parti socialiste sur des bases qui éliminent les incohérences à la fois idéologiques et de fonctionnement, et trace un nouvel horizon tenant compte des défis qui se posent à nous autant que de l’évolution profonde de la société.

Ne nous trompons pas de combat : la situation actuelle est la conséquence directe d’éléments structurels, ce n’est pas un problème de personne. Il me semble qu’en l’état actuel, aucune primaire telle que nous le rêvons n’est en mesure d’être mise en place, mais ce qui va être mis en place peut permettre de redéfinir les futures règles de la vie démocratique du parti.

Nous voulons que le prochain président soit socialiste, il le sera. Mais ce président sera sans parti si le vieux PS avait l’illusion de survivre à l’élection, il sera au contraire infiniment plus fort avec un PS refondé.

Révolution social-démocrate au FMI

DSK

Lorsque le FMI sort une note de conjoncture que Dominique Strauss-Kahn n’a pas écrite, ses opposants montent à la tribune pour dénoncer l’infâme. Mais lorsque, comme ces derniers jours à Oslo, DSK participe à un sommet social international, on ne les entend plus. Il est vrai que les intentions affichées par Dominique ont de quoi laisser sans voix nos zélateurs du “il est pas de gôche”.

Qu’on en juge par ces quelques extraits du monde :

* La tenue de cette conférence, son thème même, représentent une petite révolution pour le FMI, qui s’était acquis une réputation de “Père Fouettard” imposant aux pays en difficulté de tailler dans leurs dépenses, notamment de protection sociale. Comme l’a souligné José Luis Rodriguez Zapatero, le premier ministre espagnol, le Fonds a “changé de visage”. Il ne s’occupait que de macroéconomie et la pratiquait façon “consensus de Washington”, c’est-à-dire sur un mode ultra-libéral. Le voici qui cosigne avec l’OIT un document soulignant les dégâts humains provoqués par une crise qui a fait basculer 34 millions de travailleurs dans le chômage depuis 2007 : l’espérance de vie des demandeurs d’emploi réduite de 1 à 1,5 année ; le redoublement en cours de scolarité pour leurs enfants qui gagneront, en moyenne, 10 % de moins que ceux des non-chômeurs ; l’impossibilité de tirer de la misère 1,3 milliard de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour, etc.

* Tel était le but poursuivi par M. Strauss-Kahn qui, mois après mois, s’emploie à tirer de sa gangue comptable un “nouveau FMI” plus soucieux d’humain. “La croissance n’est pas tout ; encore faut-il qu’elle procure des emplois décents, a-t-il souligné. C’est le début d’une nouvelle façon de voir l’économie.

* Ce souci va jusqu’à pousser le FMI à se poser, avec l’OIT, une question iconoclaste : “Les inégalités de revenus nées de la mondialisation ne constituent-elles pas un obstacle à la croissance et à la stabilité économique ?

* Avec la complicité de M. Strauss-Kahn, il promeut encore un peu plus son objectif de prédilection. “Il faut faire figurer l’emploi décent parmi les objectifs macroéconomiques au même titre que la maîtrise de l’inflation ou l’équilibre des comptes publics, nous a-t-il déclaré. Et non le considérer comme une résultante des politiques macroéconomiques. Nous voulons changer les priorités et mettre l’homme au coeur de nos économies.

Le nouveau FMI voulu et mis en place par Dominique Strauss-Kahn est le résultat tangible d’une politique volontaire, raisonnée et efficace de reprise en main des outils économiques par un homme politique compétent capable de dépasser l’éternel renoncement face aux réformes.

Qui pouvait imaginer un seul instant qu’il réussirait à introduire la question sociale au centre des éléments de décision de cet organisme qui fut l’un des plus ultra-libéraux de la planète ?

Qui pouvait imaginer un seul instant qu’il mettrait en place des mesures comme l’apurement de la dette du Libéria, l’annulation de la dette d’Haïti, les prêts à taux zéro ?

Qui pouvait imaginer un seul instant qu’il introduirait la question écologique au sein des discussions du FMI ?

Pourtant, il l’a fait. Maintenant, certains pourront continuer à répéter leur antienne sur “DSK pas de gôche”, les faits démontrent que plus que tout autre il a réussi à prouver son engagement et sa valeur. Ceci donne aux Français maints regrêts vis-à-vis de 2007, mais surtout pas mal d’espoirs pour l’avenir…

Pour aller plus loin :

* “Sauver la génération perdue” par Dominique Strauss-Kahn, 14 septembre 2010

* La Conférence d’Oslo appelle la communauté internationale à axer résolument la reprise économique sur la création d’emplois, 14 septembre 2010

* Nous devons immédiatement nous attaquer au chômage, 13 septembre 2010
Article de Juan Somavia, Jens Stoltenberg et Dominique Strauss-Kahn, El Pais

Du FMI dans le texte

DSK et le FMI

Le FMI a gagné ces derniers temps une large audience lorsqu’il donne préventivement son avis sur l’état des économies nationales, surtout en France (avant, il faut bien avouer que tout le monde à part quelques économistes s’en moquaient). Et nos super-techniciens internationaux se sont donc allègrement mis à la tâche. Le problème avec les super-techniciens, c’est que leur capacité à communiquer clairement n’est pas vraiment à la hauteur de leurs compétences économiques. Le bulletin du FMI de juillet sur la France en est une bonne illustration.

Comme ce bulletin est aussi clair qu’un matin brumeux à Londres, cela a permis aux habituels snipers de gauche de monter à l’assaut, assistés pour le coup par le dernier carré des défenseurs du sarkozysme qui, tel l’inénarrable Frédéric Lefebvre (une référence !) s’est empressé de voir dans le bulletin du FMI un satisfecit sans nuance pour la divine comédie sarkozyste, fournissant ainsi aimablement une caisse de rockets à nos gauches camarades.

Revenons donc quelques minutes sur ce bulletin et sur une des phrases les plus mystérieusement contradictoire qui excite certains : “Outre les politiques d’activation engagées sur le marché du travail et les mesures de formation, la modération du salaire minimum devrait être poursuivie afin d’établir progressivement une échelle des salaires incitative pour les jeunes et les travailleurs peu qualifiés.”

Tout d’abord, le texte du FMI est un drôle d’exercice, mêlant des constats (”la reprise est engagée”, “il faut assainir les finances”, …), actant de décisions (”Les autorités ont maintenant réorienté leurs efforts de la gestion de la crise”) et d’intentions (”la reprise sera plus forte et et plus durable si les autorités donnent suite à leur engagement d’assainir les finances publiques”). Certains paragraphes traitent de l’économie en général et d’autres de certains secteurs (en l’occurrence le secteur bancaire). C’est un peu le BHV et si le langage avait été moins diplomatique, sans doute le texte aurait-il relevé qu’entre les intentions et la mise en œuvre il y a comme un océan chez Sarkofillon, quant à la qualité de la mise en œuvre elle ne s’est guère illustrée par son brio depuis 2007.
Le tout est lié par un langage technico-diplomatique qui permet à chacun de trouver les motifs de satisfaction/acrimonie qu’il cherche et d’arriver à conclure des choses du genre :

  1. Le FMI de Dominique Strauss-Kahn pour “la modération du salaire minimum
  2. “Les potions libérales du docteur DSK au FMI !”

Pour certains, l’occasion était trop belle de surfer sur le côté abscons du texte. Mais, titillé par la curiosité autant que par les obus gauchistes qui commençaient à pleuvoir, j’ai voulu en savoir plus sur cette phrase mystérieuse qui semblait tout à la fois vouloir dire qu’il fallait un smic incitatif (affirmation gauchistement correcte), un smic bas (affirmation libéralistement correcte), et au final qu’un smic bas était attractif (affirmation stupidement incorrecte…).
Faisant appel à l’esprit de Marx lors d’une séance de spiritisme, activant mon réseau Bilderberg et les secrets technologiques de Roswell, j’ai fini par apprendre que cette étrange prose voulait dire la chose suivante : “il ne s’agit en rien de faire baisser le salaire minimum, ni de payer quiconque en dessous, mais simplement de faire progresser l’ensemble de l’échelle des salaires plus vite que le smic, sinon personne n’embaucherait un jeune peu qualifié si pour le même prix, on peut embaucher quelqu’un qui a une certaine qualification. Cela découle d’un constat si l’on veut inciter les entreprises a embaucher des jeunes…

Donc, à bon entendeur, il y a intrinsèquement dans cette phrase la volonté de faire progresser les salaires (donner du pouvoir d’achat aux salariés est bien un instrument d’une politique de gauche), mais aussi d’introduire un mécanisme structurellement incitatif pour que les salariés aient envie de progresser et que leur expérience soit valorisée (s’ils font des efforts et restent au smic, il est clair qu’ils vont vite être découragés, ça c’est plutôt un instrument de management et de RH).

Voilà donc cher lecteur un mystère éclairci. Cela n’empêchera certes pas certains de trouver que DSK est un vilain libéral pas bô, ni Frédo Lefebvre d’être content de lui et de son chef Sarko, mais cela permet au moins aux lecteurs de bonne volonté de décrypter ce texte des Sibylles du FMI (en attendant qu’ils trouvent quelqu’un pour traduire leurs textes dans la langue du commun des mortels).

Bonnes vacances !

DSK, une bière et deux barjots

DSK Moscovici Melenchon

L’express vient de publier une interview-débat entre Pierre Moscovici et Jean-Luc Mélenchon, débat faisant suite à la diatribe de Mélenchon au sujet de Dominique Strauss-Kahn, envolée dont je m’étais fait l’écho il y a quelques temps.

Je trouve pour ma part l’échange excellent. Mélenchon est souvent excessif mais il sait débattre sur le fond et évite la mousse des idées faciles comme on peut le constater avec sa réplique sur le salaire de DSK. Il sait aussi acter des succès comme les batailles menées avec brio par DSK sous le gouvernement Jospin. Nous sommes loin des réactions de certains militants qui sautent sur n’importe quel argument du moment que cela a une chance, même illusoire, de ternir l’adversaire.

Sur le fond, j’en reste à une de mes anciennes idées : l’alliage entre social-démocratie et gauche « radicale » est très complexe à réaliser, mais il est possible et si nous le réussissons alors nous serons invincibles. Je me suis retrouvé quelques fois à ferrailler avec eux contre nos adversaires pour nos valeurs (j’ai en particulier le souvenir de l’histoire de la Shoah au CM2 que Nicolas Sarkozy voulait imposer suite à je ne sais quelle évaporation de tout jugement moral) et à chaque fois je me suis retrouvé avec des militants en qui je pouvais avoir confiance dans la bataille.

Camarades de la gauche radicale vous m’exaspérez sans doute autant que nous vous exaspérons mais nos valeurs profondes sont les mêmes et c’est ensemble que nous pourrons les défendre et progresser. Alors continuons sans doute de nous engueuler autour d’un verre, mais allons ensemble au combat.

Vive les barjots !

DSK au FMImelenchon
Ah mon Méluche adoré, en réponse à ta diatribe, j’aimerais écrire ici deux ou trois éléments histoire de voir si ce serait si “barjot” que cela de nommer DSK candidat en 2012 :

  1. Le FMI sous la direction de DSK, après avoir augmenté les ressources prêtables de 260 à 850 milliards de dollars (pas mal pour serrer le kiki de l’économie mondiale… ) a dégagé 17 milliards de dollars en faveur… des pays pauvres, notamment africains.
  2. Lorsqu’’il prête à la Grèce à un taux de 3,5%, les marchés le font à 18 % et la France de Nicolas Sarkozy associée à l’Allemagne d’Angéla Merkel le font à 5%.
  3. Faut-il vraiment être cinglé pour avoir apuré la dette d’un des pays les plus pauvres au monde (Le Libéria) ou osé faire des prêts à 0% à ces pays que la finance écrase d’habitude de son mépris.
  4. Et qui est ce malade qui a souhaité donner plus de droits au sein du FMI à ces “pays de peu” qui semblent t’être si chers dans tes discours Jean-Luc?
  5. Était-ce l’œuvre d’un barjot lorsque Dominique Strauss-Kahn , en pleine crise financière, se lançait dans une charge vigoureuse contre le retour des gros bonus chez les financiers et dénonçait l’approche immorale et la cupidité de quelques dirigeants de la finance internationale ?
  6. Sans doute fallait-il être barjot pour dénoncer les personnes qui, je cite, “vampirisent littéralement des ressources financières qui seraient infiniment mieux utilisées pour alimenter l’économie qu’ils ont mise en vrac” et de dénoncer ces gens en utilisant les mots d’imprévoyance, d’aveuglement, de cupidité et de cynisme ?
  7. Et qu’avait-il bien pu fumer lorsqu’il a annoncé vouloir créer un “Fonds vert” capable de mobiliser pas moins de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 afin que les pays en développement puissent investir dans des technologies économes en gaz à effet de serre.

Alors oui, tu as raison mon ex-camarade, il faut vraiment être barjot pour faire tout cela, comme il faut être barjot pour vouloir changer le monde dans le but d’atteindre un idéal de liberté, d’égalité, de fraternité, dans le but de vouloir émanciper les individus, les éclairer, dans le but de changer la société pour que chacun ait droit au bonheur.

Dommage que tu sembles y avoir renoncé en quittant le PS, en tout cas, moi c’est bien pour cela que je milite !

Lettre ouverte aux cadres de mon parti : l’antisémitisme fait-il partie de nos armes ?

J’en ai plus qu’assez de lire çà et là des billets ou des commentaires qui puent l’antisémitisme. Oh pas la version pogrom et chambre à gaz, juste le “banal” vieux fond de commerce malsain qui colle à notre histoire comme l’odeur de moisi colle au mur des habitations humides même lorsqu’on ouvre les fenêtres pour aérer la pièce.

Alors bien sûr, l’actualité nous gratifie régulièrement comme en ce moment, de bonnes raisons de condamner la politique Israélienne, mais il se trouve qu’Israël est un alibi facile : on peut condamner une politique détestable tout en condamnant l’antisémitisme, comme on peut condamner les dictateurs africains tout en condamnant le racisme. Concomitance n’est en rien causalité, sauf ici pour l’âme perverse.

Et si encore nous en restions à des égarements géopolitiques ! Mais non. Là où cela me fait doublement mal c’est lorsque je vois des dérapages antisémites à répétition au sein même de mon parti. Parti de tolérance, parti internationaliste, parti de progrès, parti humaniste, parti cherchant à élever l’homme, cherchant à l’émanciper, à le libérer de ses chaînes physiques autant que morales.

Or vous, cadres de mon parti, de la Première Secrétaire au Secrétaire de la plus petite section, je n’entends que votre silence répondre à des attaques répétées encore et encore. Oh bien sûr, j’ai entendu vos protestations lorsque Georges Frêche a fait le dérapage de trop il y a quelques mois, Frêche le symbole, mais je ne vois rien ici ou ailleurs alors qu’à longueur de journée des militants, insignifiants peut-être mais militants de mon parti quand même, qui se réclament de tel ou tel courant se compromettre dans la moisissure antisémite parce que cela sert à salir leur adversaire du moment.

Pour ma part, je ne considère pas que la fin justifie les moyens et que tout est bon à prendre du moment que cela permet d’attaquer l’adversaire. Honte à ceux qui parmi nous n’ont pas assez de convictions, de probité et de valeurs pour mener un combat propre et fier, honte à ceux qui ne combattent pas ces pratiques, honte à ceux qui par complaisance, paresse, ou même lassitude acceptent ce genre de crachats idéologiques.

Je me suis mis à militer pour participer à la construction d’un avenir meilleur pour mes enfants, et cet avenir ne passe pas par l’avilissement moral.

DSK, le sionisme, Israel et la horde des basses âmes égarées

Il y a plusieurs années déjà (en 2006 à l’occasion des primaires du PS), je m’étais fendu d’un billet démontant un hoax sur Dominique Strauss-Kahn décrit en substance comme un “agent malveillant du sionisme”. Cela s’appelait “Juif ? Salomon, vous êtes juif ?” (réplique inénarrable de Rabbi Jacob alors que le bon monsieur Pivert apprend que son chauffeur fait le chabbat).
DSK n’ayant pas été choisi aux primaires, ce hoax est alors entré en hibernation jusqu’à ces derniers temps où telle l’épidémie de peste il a largement refleuri çà et là, parfois sous une forme améliorée (naturellement, seuls les esprits chagrins feront un lien entre des événements purement internes au PS et ces basses pratiques largement teintées d’antisémitisme…).

Du coup, j’en profite pour reposter mon billet et le mettre au goût du jour.


dsk sionismeCalomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose…

Juif ? Salomon, vous êtes juif ? (Rabbi Jacob)
Un vieux hoax datant de presque 15 ans est en train de ressortir en ce moment. Ne le répétez à personne, mais il paraît que DSK ne pense qu’au sionisme en se rasant le matin.
Le message diffusé sous diverses formes ressemble grosso modo à cela :

“Je considère que tout Juif dans la diaspora, et donc c’est vrai en France, doit partout où il le peut apporter son aide à Israël. C’est pour ça d’ailleurs qu’il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques. Tout le monde ne pense pas la même chose dans la Communauté juive, mais je crois que c’est nécessaire. Car, on ne peut pas à la fois se plaindre qu’un pays comme la France, par exemple, ait dans le passé et peut-être encore aujourd’hui, une politique par trop pro-arabe et ne pas essayer de l’infléchir par des individus qui pensent différemment en leur permettant de prendre le plus grand nombre de responsabilités. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, au travers de l’ensemble de mes actions, j’essaie de faire en sorte que ma modeste pierre soit apportée à la construction de la terre d’Israël.”

A l’origine, les propos auraient été tenus dans un journal appelé Passages, mais comme personne n’est en mesure de présenter le journal en question et que ce journal est quasi inconnu, les propos ont migré vers “La vie”, et comme faire du sionisme chez les catholiques n’est pas très crédible, on peut aussi trouver des références à “France Inter” ou “Le Monde”, sans compter tous les blogs où ce hoax circule.

Qu’en est-il vraiment ? La réponse de l’équipe DSK est claire et sans appel :
DSK a déjà démenti publiquement avoir prononcé ce genre de propos. Personne n’a d’ailleurs ressorti cette soit disant interview.”

Zut alors, mais peut-être est-ce un coup du complot judéo-maçonnique qui contrôle la presse. En tout cas chers lecteurs, sachez que moi je suis “blanc, très blanc, un peu pâle, français et catholique comme tout le monde”…


Voilà donc pour le billet de l’époque. Quoi de neuf depuis ?
Toujours pas le début d’un paragraphe authentique de l’article supposé de Passage mais de nombreuses tentatives pour nous en parler avec autant de ferveur que d’indignation. La tentative la plus originale est sans doute ce petit film qui nous présente une jolie manip laissant à croire de prime abord qu’on tient, enfin, la preuve du crime dont toutes les bonnes âmes parlent mais que personne manifestement ne possède.
L’idée est simple, comme les auteurs n’ont pas leur article, ils font un film d’un site qui relate “l’histoire de celui qui connaît celui qui à vu le loup, ou plutôt le fumeux article”. Film pas mal fait du point de vue bobardesque puisqu’il répond à de bons critères de base :

dsk sionisme

  • impression de mauvaise qualité (c’est bien, cela a l’air plus vrai ainsi),
  • création d’une ambiance un tant soit peu anxiogène (ici en n’utilisant pas de son, bien vu !) et sombre,
  • création d’une ambiguïté (visionne-t-on un extrait du mythique article que personne ne montre ?)
  • et surtout un titre accrocheur qui décape “DSK Conseille aux Juifs de Prendre du Pouvoir pour Aider Israël”.

Charmant. Mais maintenant, quelques questions élémentaires pour que chacun se fasse son opinion :

  1. DSK a exercé de hautes fonctions dans notre République et en exerce toujours au niveau mondial. Quelles mesures concrètes, quelles positions publiques a-t-il prises qui justifierait un tant soit peu ces accusations ?
  2. En remarquant que ces rumeurs de traitrise sionisme (on ne dit pas antisémite mais le fond y est bien) ré-apparaissent lorsque DSK est en mesure de prendre le leadership à gauche et en y ajoutant le fait que la droite ne peut utiliser le judaïsme sans mettre Nicolas Sarkozy en porte-à-faux, à qui cela profite-t-il sinon à une certaine gauche en déshérence idéologique et, hélas, de valeurs ?

Et le plus ironique de l’histoire c’est que même si Dominique avait effectivement sorti ces âneries, cela aurait mérité une engueulade mais certes pas que des âmes perdues se vautrent dans la fange des noirceurs méprisables. La haine du juif a décidément encore un bel avenir et nous encore bien du travail !

DSK : comment mettre le dogme à la retraite ?

DSK et le dogme de la retraite

La petite phrase de Dominique Strauss-Kahn qui invitait à élargir quelque peu la vision que nous pouvions avoir de la retraite en général et de l’âge légal de départ en particulier à fait largement parler ces derniers jours.

Cette effervescence me paraît très symbolique pour bien des raisons.

Tout d’abord parce que cet “acquis social” est une des grandes décisions qui ont marqué le Mitterrandisme ; intéressant donc de voir dans quelle mesure, à l’heure où le PS cherche à se renouveler, jusqu’où il est possible de titiller les symboles…

Intéressant ensuite de chercher à savoir si après une période d’extrême agitation destructrice, après avoir semble-t-il réussi à consolider le navire socialiste, il est désormais possible d’ouvrir un débat potentiellement clivant sans ressortir la machine à dézinguer. Force est de constater que pour l’heure, à part Benoît Hamon qui nous a gratifié d’un commentaire fort peu policé, la question laissée ouverte par DSK n’a pas généré un tsunami. Les commentaires plus ou moins désobligeants sont nombreux, mais ils sont plus de l’ordre du fantasme pavlovien sur la personne de Dominique que du fond politique. Rien de neuf sous le soleil sur ce point.

Mais au-delà du symbole et de la rhétorique, à quoi la remise en cause du dogme nous renvoie-t-elle ? A la démographie certes, mais pas seulement, et d’une certaine façon, pas essentiellement.
Qu’est-ce que la retraite ? Une réponse possible est “c’est le troisième âge de notre société structurée par rapport au travail”. Mais c’est un peu court.
Est-ce un âge où l’on a le droit de toucher sa rente ? Est-ce un âge où l’on a gagné la reconnaissance de la société et le droit (ainsi que l’obligation) de ne plus travailler ? Est-ce un âge où l’on ne peut plus physiquement ou psychiquement travailler ? Est-ce juste un âge où l’on a acquis un droit “quoi qu’il arrive” ? Est-ce juste un âge administratif ?
Réduire le problème des retraites et de leur financement à la question de l’âge légal de départ revient à répondre “ce n’est qu’un âge administratif” qui fixe la source des revenus lorsque vous ne travaillez plus (RSA, Assedic, maladie, invalidité, … ou régimes de retraite). Pas de quoi s’exciter parce que fondamentalement cela ne règle en rien le problème de déficit (que cela vienne des caisses de retraite ou d’ailleurs, le problème n’est en rien réglé, au mieux diminué en fonction de l’efficience des différents systèmes)

Aujourd’hui, les retraites sont payées par les cotisations salariales et le déficit. Tôt ou tard, le déficit accumulé finira par ruiner des gens, même si personne n’ose dire qui. Discuter de l’âge légal ne règle en rien le problème, tout au plus déplacera-t-on le déficit de retraite sur le déficit chômage ou d’un autre secteur social. Mais la question reste : qui ruinera-t-on ?
Le PS peut donc considérer toute modification de l’âge administratif de la retraite comme un cassus belli, cela ne changera rien au fond. Par contre, nous devons collectivement comprendre pourquoi nous voulons faire ce choix, et quelque part je ne crois pas que ce soit pour plaire aux Français qui ne sont pas idiots : certes nous voudrions tous partir en retraite jeune et sans soucis de fin de mois, mais nous savons tous que ce n’est pas très réaliste et responsable.
Inversement, la droite peut bien décider de passer cet âge à 70 ans (qu’ils osent pour voir !), cela ne changera pas grand chose au déficit des retraites et rien au déficit global des comptes de la France.

Allez tiens, pour conclure je vous suggère la remise en cause suivante du dogme : supprimons cet âge légal et donnons la possibilité à chacun de calculer quelle retraite il aurait s’il partait le mois prochain pour partir s’il le souhaite ; que chacun puisse devenir responsable de ses choix. Au passage, élargissons les cotisations au-delà des seuls revenus salariaux car je suspecte qu’un des vrais problèmes profonds vienne du fait que notre modèle n’est structurellement plus viable à cause de la démographie certes, mais également de la structure économique de notre société (part salariale de la richesse trop faible).