Peut-être aurais-dû revêtir mon vêtement de devin druidique lorsque j’expliquais la semaine dernière aux membres de ma section pourquoi ils avaient tord de considérer l’affaire DSK comme une affaire privée en dehors du PS, et qu’après Dominique Strauss-Kahn venait le tour de François Hollande (« mouillé » fort innocemment dans la très elliptique histoire Banon) puis celui de Martine Aubry qui serait attaquée sur une fumeuse suspicion d’islamisme.
Toujours est-il que cet avis semble partagé par MA qui, consciente du danger de ces rumeurs alimentées à propos, est montée à la tribune pour exprimer son rejet de ces lâches et nauséeuses pratiques.
La droite, UMP en tête, se défend naturellement d’y être pour quoi que ce soit, dommage pour eux que l’affaire DSK nous enseigne combien il faut se protéger des épidémies de coincidences qui font croiser la route de la droite française à chaque fois que l’on pose une question (le chef de la police de NY, le demi-frêre chez Carlyle, les services secrets au Sofitel, les braves petits militants qui sont les premiers à connaître l’affaire et à établir un lien entre l’hôtel et l’aéroport, le bon site Atlantico qui de la Porsche à Banon en passant par NY devient un as du scoop, en attendant la suite).
Chacun se fera son opinion, mais au pays des Korrigans, lorsque l’on réussit à faire le lien entre tant de coincidences et que l’on est en mesure de prédire la suite, c’est soit que l’on touche à la vérité, soit que l’on est bon pour ouvrir un service de divination druidique sur internet. Que dois-je faire selon vous ?
Mon propos du jour n’est cependant pas de traiter du e-chamanisme, mais de dire ma préoccupation. Si d’un côté Nicolas Sarkozy ne peut pas gagner cette élection et risque même d’être victime du souffle de contestation révolutionnaire qui court autour du bassin méditerranéen tant il révulse les Français, y compris de droite, d’un autre côté, du notre, je ne vois au PS que des attitudes défensives, un manque de puissance et de force qui renverse la table et abat les obstacles.
Le sentiment de colère et de rejet qui anime les Français est laissé sous la serviette de plage.
Le sentiment de profonde injustice que je perçois chez les sociaux-démocrates ne reçoit aucun relais.
C’est insupportable ! Une bulle de colère est il me semble en train de croitre et d’accumuler une puissance inédite alors que la droite semble se spécialiser dans une forme étrange de politique et que la gauche nous la joue premier de la classe préparant sa copie dans un monde à part. Que nous avons du mal à être à la fois rationnel et en phase avec les émotions de la France, à être stratège et « à la castagne », à tracer le plan de bataille et à donner son sang sur le champ de bataille !
Depuis ce week-end, une nouvelle voie semble s’être ouverte, et si elle est toujours favorable à la gauche, elle met en danger le futur candidat PS quel qu’il soit. Toutes ces affaires, implicitement et très probablement involontairement, poussent dans une direction : si le PS ne réagit pas, si les candidats déclarés ou à venir ne réagissent pas, les Français vont être amenés à voter Eva Joly parce que c’est une juge, parce que le pouvoir judiciaire apparaît depuis le début du quinquennat sarkozyste comme le pouvoir qui s’oppose aux sarkozystes, plus encore que le pouvoir législatif où l’opposition est naturellement minoritaire, plus que les médias qui comme on l’a vu avec DSK sont prompts à relayer n’importe quelle histoire même mal ficellée.
On peut voir dans la probable et surprenante victoire de Joly sur Hulot une première preuve de ce que j’avance. Si j’ai raison, la deuxième viendra d’une hausse rapide de sa popularité. Il sera alors un peu tard pour s’exciter sur la cloche…
Alors oui la gauche va gagner 2012, et sans doute que l’assemblée sera plutôt PS (nouvelle cohabitation inédite si Joly est effectivement à l’Elysée), mais il faut aujourd’hui sonner l’alarme pour que notre candidat soit mieux qu’acceptable, mieux que simplement correct et capable de faire correctement le job. Pour l’heure, il m’apparaît qu’un tel candidat est soit empêché à NY, soit en sommeil estival, soit inconnu à ce jour. Ce n’est pas acceptable, sonnons le tocsin jusqu’à en faire vibrer nos os et nos âmes, montons à l’assaut et balayons le théâtre des ombres sarkozystes, nous devons nous battre pour pouvoir reconstruire la France !
Si l’affaire judiciaire du Sofitel n’est pas close, la balance de la justice penche maintenant clairement en faveur de DSK. Quant au ludion médiatique, puisse-t-il éviter les excès des premiers jours de l’affaire : si N. Diallo a menti comme elle l’a avoué et comme le procureur l’a dit, qu’on laisse la justice faire son enquête et que l’on arrête de confondre enquête et lynchage. Ce temps particulier est celui de la respiration, pas l’heure du jugement, pas non plus l’heure des comptes.
Ce qui m’ennuie objectivement le plus, c’est que les choix qui s’offrent à chacun de nous ne sont en rien évidents, transcendants, et du coup les sociaux-démocrates se déterminent en ignorant la question d’Ariely « avons-nous le contrôle de nos propres décisions » ce qui les amènent à faire des choix différents avec les mêmes variables, et nous amènera donc à nous opposer avec les mêmes arguments pour des candidats différents. Comme j’ai de l’humour, je trouve la situation cocasse et comme j’ai le sens pratique je propose à mes amis sociaux-démocrates d’utiliser le logo « Socdem Inside » sur leur blog ou pour leur avatar, histoire de ne jamais oublier qui nous sommes vraiment et de ne pas nous affronter même lorsque nous soutenons un candidat différent en attendant la fin de l’automne.
Les éructations médiatiques et internétiques sur la construction de la culpabilité de Dominique Strauss-Kahn ont été en partie alimentées par l’affaire Banon où cette dernière était présentée comme la victime au mieux d’un harcèlement dépassant les bornes, au pire d’un viol.
Est-ce une malédiction de la Vème République ? Les Français doivent-ils se résigner à choisir entre d’honnêtes mais ternes travailleurs là où la situation nécessite tout à la fois compétence, imagination, innovation, transgression, panache, et un quelque chose de « différent », un effet Obama où un cadre du parti prend de l’épaisseur au fil de la campagne, conteste la partition écrite par avance et renverse l’ordre établi. Cela me semble toujours possible, et à mon sens, si un tel candidat émerge, il sera issu des troupes de socialisme & démocratie, reprenant la force des idées sociales et économiques de Dominique Strauss-Kahn et porté par l’esprit collectif qui nous anime.
Cette semaine verra se dévoiler les vraies candidatures à l’investiture PS. Mardi à Paris se tiendra une réunion des sociaux-démocrates. Que ceux qui le peuvent aillent à cette réunion porter la voix des e-militants socdem avec force et conviction : nous exigeons un leader dont l’attachement à nos idées soit sans faille, nous exigeons un leader qui portera en son cœur et son âme nos attentes et nos espoirs. Camarades, que chacun d’entre nous porte la voix de tous les autres. Le dormeur social-démocrate est réveillé, choisissons maintenant un chef et prenons la route de la reconquête.
De part le pacte de Marrakech, Martine Aubry a naturellement hérité du flambeau socdem. Mais qu’en a-t-elle fait ? Il y a quelques semaines
À ce jour, nous n’avons aucune raison de faire un choix si ce n’est le devoir d’en faire un d’ici l’automne. Je sais que certains de mes camarades pensent encore possible un retour de Dominique au cas où un complot était démontré, mais je crois foncièrement qu’il faut être fidèle à nos idées (qui sont également celles de Dominique) et considérer que nous devons construire notre destin, qu’avec DSK cela aurait été parfait mais qu’avec quelqu’un d’autre issu de nos rangs ce sera très bien, que nous gagnerons collectivement si nous soutenons une personnalité qui nous ressemble et incarne nos idées. 2012 est une élection pour les sociaux-démocrates, elle ne nous échappera pas, nous ne voterons pas par dépit ou par défaut, nous voterons pour nos idées parce que la refondation social-démocrate, ce « flux libéral dans un tuyau marxiste » est la seule voie qui ne soit entachée pas les échecs épouvantables du marxisme et du libéralisme débridé, parce que c’est le bon équilibre entre trop d’État et pas assez d’État, entre égalité de tous et équité de chacun, entre économie et social, entre passion et raison.