Troubles de l’identité et autres histoires du mistral

PagnolLaissez-moi vous raconter une histoire, de pure fiction bien sûr. Cela se passe dans un lointain pays ensoleillé où la brise marine fleure bon le romarin et la lavande, un pays où un peuple débonnaire aime à chanter sous les oliviers. En ce pays vit le roi Marius.

Dans ce pays, les mœurs politiques locales ne sont ni pires ni meilleures qu’ailleurs, mais l’on s’accommode très bien que la tradition et l’affection remplacent la raison et la lettre démocratique. C’est ainsi et tout le monde s’en trouvait bien, les velléités révolutionnaires dépassant rarement le comptoir du café du village.

Or il advint un jour que ce petit royaume qui vivait tranquillement au milieu du monde, attira l’attention des royaumes environnants, à cause d’un éclat de voix emporté trop loin par le mistral et qui arriva à des oreilles peu habituées aux subtilités du verbe local. Dès lors, une étrange maladie s’empara de chacun : celle de la confusion.

Puisatière, la reine du monde extérieur se vit obligée, par respect des principes, de lever des troupes pour aller croiser le fer avec celui qui bafouait ces mêmes principes ; ce faisant, Puisatière se retrouvait elle-même à violer les principes qui l’incitaient à ne pas aller contre la volonté du peuple, peuple qui se mit du coup à soutenir, par émotion, celui qui lui-même les bafouait. Tour à tour et de façon circulaire, chacun se mettait à bafouer l’autre, à se renier.

Puis, sans que personne ne lui ait rien demandé, Boulangère, la reine d’un autre royaume, se mis à voler au secours du roi Marius. Ce faisait, elle se mis à violer ses propres principes en combattant Fanny, la chef des troupes envoyées pour combattre Marius et restaurer l’ordre et la probité, Fanny qui l’avait soutenue jadis dans son combat contre tout ce que représentait Marius. Fanny se retrouvait trahie par Boulangère qui se trahissait elle-même. Boulangère faisant cela par peur que Puisatière ne lui vole à jamais la vedette du grand théatre des ombres.

Et pour parachever le tout, le grand maître de l’ombre, le Schpountz, s’invita à la grande fête de la confusion en essayant de faire changer la direction du mistral. Aidé par son ingénieur de l’orientation des vents, Dubuisson, il tenta bien maladroitement de désabiller Fanny pour habiller Marius, en espérant que cela réchaufferait Boulangère et donc enrhumerait Puisatière.

Reste que dans cette grande farce de la confusion, du trouble de l’identité et des valeurs, les seuls qui sont assurément perdants sont les anonymes du petit peuple du village. Pourtant, il se murmure qu’une solution est possible, qu’elle est simple, sans larme ni douleur. Si Marius demandait à César de prendre sa place, Fanny pourrait le soutenir sans que personne ne perdre la face, César pouvant alors continuer à être aimé, Fanny respectée, l’honneur, les principes, la probité et l’avenir du petit royaume et de son peuple étant sauvegardés.

La première bataille de la refondation du PS c’est en Languedoc Roussillon

Social Démocratie

Après des années d’atermoiement, le PS semble enfin décidé à tourner la page de tristes pratiques. Tard sans doute, bien tard, mais nous y sommes enfin !

Cette page qui se tourne c’est bien sûr celle de Georges Frêche et de sa baronnie. J’aurais naturellement préféré que Solférino mène le combat au nom de l’affirmation de nos principes plutôt que de reprendre au vol la dernière des provocations en date du septimaniaque, mais peu importe, la bataille de la reconquête de nos valeurs et des bonnes pratiques est lancée, et de façon saillante en Languedoc Roussillon.

Certains cherchent à noyer le poisson en ergotant sur la sémantique de la phrase qui a déclenché l’affaire, mais le fond du problème n’est absolument pas là ! Georges Frêche représente tout ce que nous ne voulons plus voir au PS.
Verbe provocateur flirtant avec l’insulte, inutilement blessant, trop souvent haineux, une participation au débat idéologique qui se limite trop souvent “à savoir faire voter les cons” (dixit Georges Frêche), une vision politique d’abord faite d’alliances de circonstance, y compris avec l’extrême droite, des discours faits d’un mélange machiste bien épais digne du café du commerce mais certes pas d’une tribune républicaine.

Le système Frêche est un mélange de clientélisme et de populisme à l’heure où nous appelons à une réforme des pratiques qui mette en avant le militantisme au service de la démocratie interne, qui ouvre le parti aux sympathisants, qui accueille les jeunes et les idées neuves. Ouvrons les fenêtres des vieilles baronnies et faisons entrer un air neuf et vivifiant !

Helene Mandroux Georges Freche

Sous la houlette de Pierre Moscovici se tiendront bientôt les assises qui préfigureront ce que sera la refonte idéologique du parti. Je souhaite maintenant que sous la houlette d’Hélène Mandroux, nous ayons pour ces élections régionales l’exemple de ce que doit être le passage des vieilles et détestables méthodes à de nouvelles, honorables, honnêtes, ouvertes, démocratiques ! Je souhaite que la camarade Mandroux puisse être inspirée et soutenue par les régions où la conduite de la chose politique est exemplaire (par chauvinisme local, je me contenterai de citer la Bretagne mais je n’ignore pas que la grande majorité de nos élus sont exemplaires).

Voilà quel est le véritable enjeu des élections en Languedoc Roussillon. Voilà pourquoi je veux apporter mon soutien aux militants de cette région dont la réputation vaut mieux que les excès fielleux d’un homme d’une autre époque. Je veux que pour ces élections, le poing à la rose soit levé bien haut, qu’il soit un symbole de courage et d’honneur. Alors Hélène, entends par cette porte de l’internet les cris d’enthousiasme de l’armée des refondateurs du PS, et au-delà, de la réforme radicale des pratiques politiques de la République !

Le PS, le PC et Bretagne Ecologie ensemble

Jean-Yves Le DrianLoin des bruyantes trompettes des médias parisiens, la liste PS conduite par Jean-Yves Le Drian trace son bout de chemin dans une efficacité discrète toute Bretonne.

Les militants communistes ont ratifié à 63,79% la fusion de leur liste avec celle de la présidence PS sortante.

La liste Bretagne Écologie a fait de même.

C’est donc une liste élargie, forte et soudée qui part défendre l’excellent travail de l’équipe sortante pour solliciter un nouveau mandat.

Les régions avancent là où Sarkozy échoue

Une fois n’est pas coutume, ce post sera honteusement pompé d’un texte écrit par Michèle Sabban, présidente de l’Assemblée des régions d’Europe et vice-présidente (PS) du conseil régional d’Ile-de-France.
Je pense qu’elle me pardonnera de la relayer sans lui avoir demandé ; je le fais car son avis éclairé montre bien comment nos élus savent travailler de façon moins ostentatoire et infiniment plus efficace que ce gouvernement qui aura décidément échoué sur tout ou presque.

Voici son texte que vous pouvez retrouver sur besoin de gauche.


Michele SabbanLa souris dont a accouché la médiatique montagne de Copenhague n’aura finalement surpris que ceux qui avaient choisi d’ignorer les dissensions entre les chefs d’Etat du monde entier depuis deux ans. Aujourd’hui, ces nouveaux déçus nous disent que la conférence de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique est un échec. Echoué, le beau rêve des citoyens du monde entier d’un tournant ambitieux et équitable sur la question du changement climatique. Emportée avec lui la chance historique de faire avancer l’humanité et, pour ainsi dire, d’assurer durablement sa survie.

En réalité, ces constats-là n’engagent que celles et ceux qui choisissent d’ignorer d’autres mutations en cours. S’ils ne sont pas encore en mesure de pallier toutes les déficiences d’une gouvernance mondiale livrée aux mains des seuls Etats, ces changements permettent néanmoins d’aborder l’année 2010, décisive à bien des égards, avec plus de sérénité et d’optimisme.

Sait-on suffisamment que, d’après les mesures établies par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ce sont entre 50 % et 70 % des mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique qui seront mises en oeuvre par les régions du monde ? Sait-on aussi qu’à l’issue de la conférence de Copenhague et forts de ce rôle-clé dans la lutte contre le changement climatique, certaines des régions et des Etats fédérés les plus importants de la planète ont décidé de s’affranchir des pesanteurs des règles onusiennes en fondant un R20 qui sera opérationnel dès l’automne 2010 ?

Les régions, les territoires et leurs citoyens n’attendent plus en effet pour s’organiser, ou pour prendre des engagements fermes en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qu’une feuille de route leur soit adressée. Ils n’attendent plus que les Etats s’accordent au préalable sur les principes minimaux d’une politique climatique mondiale, au travers de déclarations dont les historiens du futur moqueront probablement l’inanité. Les régions et les Etats fédérés ne se contentent plus d’un rôle d’opérateur, d’exécutant.

Ils entendent au contraire être leaders. L’urgence climatique appelait un changement d’ampleur, un changement de paradigme. Voilà qui est fait en partie. A l’Assemblée des régions d’Europe (ARE), le plus grand réseau de régions de la grande Europe, ce sont par exemple plus de 78 % de nos 270 membres qui ont, à ce jour, mis en place leur propre politique climatique, qui mènent d’eux-mêmes leurs territoires vers une économie décarbonnée. Autrement dit : la révolution qui était attendue à Copenhague est heureusement déjà en cours, mais pas là où on l’attendait. Elle ne l’est pas dans les déclarations du G20, mais dans les villes et les territoires.

Aujourd’hui donc, on voudrait nous faire passer quelques menus engagements pour des avancées significatives. Ce serait oublier que la limite des 2 °C est, depuis longtemps, reconnue comme le seuil au-delà duquel les dégâts entraînés par le changement climatique deviendront irréversibles. Cette limite avait même été adoptée comme référence par les chefs d’Etat des dix-sept pays les plus émetteurs de la planète, à l’occasion du sommet du Forum des économies majeures à L’Aquila, en juillet. Au passage, notons que cette référence ignore superbement que les petits Etats insulaires, au-delà d’une élévation des températures moyennes de 1,5 °C, seraient exposés à des risques de disparition.

Sur la question du financement de l’effort d’adaptation des pays du Sud, dont on sait qu’elle est à l’origine de l’échec des négociations, des annonces ont été faites, vraisemblablement dilatoires, et dont on se demande bien quel pourra être le contenu réel au vu de la difficulté qu’ont déjà les Etats à tenir leurs engagements d’aide publique au développement.
La vérité est qu’en matière de coopération Nord-Sud, ou si l’on cherche les traces d’une véritable “vision partagée”, c’est bien du côté des collectivités qu’il faut se tourner désormais, puisqu’elles mettent chaque jour en musique l’idée de développement durable.
Là où les Etats ignorent leur responsabilité, ou s’en défaussent au risque de laisser la situation empirer, les régions posent avec urgence une exigence de solidarité. Le rapport Brundtland de 1987 le remarquait déjà : “Notre incapacité à oeuvrer en faveur du bien commun dans le cadre du développement durable est souvent le produit de notre indifférence relative pour la justice économique et sociale, dans un même pays et entre les nations.”

Conscientes de l’inertie qui prévaut aujourd’hui, les régions n’attendent plus que la gouvernance mondiale intègre des exigences d’équité et de solidarité entre les pays industrialisés et les pays en développement. Elles oeuvrent d’ores et déjà entre elles, et par-delà les frontières Nord-Sud, à la diffusion des moyens, des idées et des pratiques.
Elles n’hésitent pas non plus à apporter l’indispensable soutien financier dont ont besoin les territoires du Sud pour mettre ces idées et pratiques en oeuvre, en s’associant par exemple au PNUD pour engager des plans climat territoriaux dans les pays en développement.

Mais à l’Assemblée des régions d’Europe, nous savons également que la transformation d’ampleur qu’appelle la lutte contre le changement climatique exige de s’associer à tous ceux qui peuvent produire cette transformation. La mobilisation de l’industrie, des acteurs privés, est indispensable pour transformer nos modes de production.

C’est pourquoi les membres de l’Assemblée des régions d’Europe ont décidé de partager leur expérience avec GE Energy, afin d’initier un dialogue entre les collectivités et les acteurs économiques, de trouver ensemble des solutions pour l’innovation technologique, l’emploi et, in fine, pour le développement durable. Cette nouvelle logique partenariale trouvera notamment à s’exprimer dans le cadre d’un action tank qui, là encore, visera à rompre avec tout un fonctionnement bon à produire des discours, mais non du changement.

Car il n’est plus temps de rappeler aux parties des négociations à Copenhague qu’elles aussi, à plus forte raison, sont les porteuses d’une responsabilité à l’égard de leurs citoyens et des générations futures. Il n’est plus temps d’attendre en spectateurs que ces parties s’extirpent de leur sieste aussi dogmatique que mortifère dans ses conséquences. Il n’est plus temps, pour reprendre la belle idée de Michel Serres, d’attendre que la vie et la Terre puissent enfin siéger dans les instances de décision, nationales et internationales.

En attendant une improbable Organisation mondiale de l’environnement, en attendant que la gouvernance mondiale fasse une place à la notion de “biens communs” de l’humanité, les régions et les Etats fédérés du monde construisent ensemble des stratégies responsables pour l’avenir.

Elles construisent un modèle de société, mais aussi de relations internationales, dont les principes sont d’abord la coopération, la responsabilité et l’équité, et non plus la concurrence, le rapport de force et l’égoïsme.

Michèle Sabban est présidente de l’Assemblée des régions d’Europe et vice-présidente (PS) du conseil régional d’Ile-de-France.

Les voeux des Français pour 2010 (12 ?)

Les 3 socialismes Si l’on en juge par le baromètre TNS Sofres / Logica de janvier 2010, les français ont envoyé leur carte de mauvais voeux à Nico la Poisse qui atteint 32% d’opinion positive (contre 41% un an avant), soit son plus mauvais score.

Les voeux des français pour la gauche sont nettement meilleurs :
1er : DSK toujours plébiscité avec 45% (-1)
2ème : Aubry avec 41% (+3)

Viennent ensuite les exotiques de droite :
3 : Kouchner 40% (-1 point)
4 : Rama Yade 40% (-5 pts)

Borloo est à 39% (-1), et notre pharmacienne Roselyne Bachelot perd 4 points. Dur d’être un pur produit de droite ces temps-ci…

Côté présidentiable à gauche, Delanoë est 6ème, Hollande et Royal sont loin dans le classement, respectivement 13 et 14ème.

Et si l’on se limite aux opinions de la gauche seule, le tiercé de tête est Aubry, Delanoë et DSK.

Voilà, ce n’est qu’un palmarès à l’heure des voeux mais cela montre au moins que pour le moment, ceux qui suscitent l’intérêt des français sont plutôt ceux qui travaillent dans la discretion et l’efficacité.

Sarko et sa Tefal Team

les casseroles ump

Le début d’année semble commencer comme elle avait fini, dans un concert de casseroles tristement offert par l’orchestre dysphonique du palais de la Pompadour. Au tempo donné par le compteur de la dette, Nicolas Sarkozy et ses ministres nous donnent à mesurer toute l’étendue de leur incompétence.

Car il s’agit bien de cela.

Passe encore que la grande victoire sarkozyste à Copenhague ait été balayée d’un revers de manche par les représentants de l’autre monde, faute sans doute d’exemplarité, de consistance, de cohérence, mais aussi de conviction (comment penser qu’une menace mortelle pour les sociétés ait été rejetée pour une autre raison que le scepticisme face à sa gravité ?). Faute sans doute aussi d’avoir été à même de comprendre que les différences culturelles mondiales ne permettent pas d’apprécier un problème selon les mêmes critères.

Dans la même veine écologique, le KO infligé par le conseil constitutionnel sur la taxe carbone semble avoir ruiné la manœuvre populiste qui visait à verser ingénument un chèque fiscal quelques semaines avant d’aller voter : le bling bling de cette casserole a durablement terni le clinquant du précédant.

Avec le vaccin contre la grippe A, c’est la pharmacie de mère Ubu qui s’est jointe à l’orchestre. Certes, il était nécessaire de lancer une grande campagne de vaccination, mais il était aussi plus que probable que viser 100% de vaccination était coûteusement idiot : d’abord parce qu’une partie des français est devenue (hélas) réfractaire à l’idée même des vaccins, ensuite parce qu’il était évident qu’arrivant trop tard, une part non négligeable des français seraient « naturellement » vaccinée contre cette grippe après l’avoir… attrapé. Ensuite parce que l’on n’a pas besoin de vacciner 100% de la population pour stopper une pandémie. Au final, notre pharmacienne en chef en est à dealer ses doses non livrées et son surplus en stock ! Principe de précaution, principe à la con…

Mais dans ce concert, il y a aussi quelques solistes qui ont tenté de jouer de coûteuses partitions en solo, tel Alain Joyandet qui avec sa double casquette de ministre et de candidat aux régionales en Franche-Comté a cru faire fort en montant un coûteux plan-com autour du story telling de “deux pauvres bisontines arrachées aux infâmes geôles dominicaines”. Et ne reculant pas devant une noble cause, il va les aider à diriger une association de protection des jeunes contre la drogue ! Noble partition me direz-vous ? Certes, sauf que ce faisant il affiche ouvertement son mépris pour la justice dominicaine (la justice sarkozyste étant probablement infiniment supérieure) et accessoirement va un peu vite en besogne du point de vue moral. S’il n’y aurait pas eu grand chose à dire quant au transfert de ces jeunes filles en France, il est plus que douteux de conclure à l’innocence sans ré-instruire le procès. Ces personnes ont été acquittées (geste politique) et non innocentées (jugement) ; la raison de la présence de drogue dans leurs bagages reste un point à éclaircir. Malchance, complicité passive ou active ? Il me semble que l’affaire aurait dû être traitée avec moins de trompettes, d’autant plus que pendant que Joyandet transforme ces jeunes filles en égérie de la lutte anti-drogue, son gouvernement a plutôt tendant à tailler dans les crédits de la lutte anti-drogue.

Depuis 2007, le PS et les sociaux-démocrates en particulier ne cessent de dire que ce gouvernement ne tient pas la route, et de prédire que cela ne peut ne nous mener qu’à une situation catastrophique. Certains pourront croire au hasard, mais en trois ans, un minimum de recul doit permettre de comprendre que ce que nous annonçons ne se résume pas à une opposition pavlovienne.
Nicolas Sarkozy est la plus grande catastrophe institutionnelle qui soit arrivée à notre pays.

Pause cinéphile de fin d’année

Avatar James CameronIl y a longtemps que je n’ai pas publié un billet sur l’art. Le film Avatar me donne l’occasion de finir l’année sur ce registre, sans pour autant que la politique soit bien loin.
Nous sommes allés voir le film d’abord pour la curiosité du 3D numérique (tout en gardant un souvenir nostalgique des antiques lunettes rouge/bleu permettant de reconstituer une troisième dimension bien souvent aussi improbable que les scénarios des films de l’époque) mais en redoutant quelque peu d’avoir à faire à une odyssée où les blaireaux de GI passent au lance-flamme tout ce qui bouge (et bien oui, espace + Seagourney cela renvoie un peu à petite tête et grosse gâchette).
Alors certes, dans Avatar, on trouve bien ces clichés vendeurs, mais on y trouve surtout bien d’autres choses, plus étonnantes, plus poétiques et même en filigrane, plus philosophiques et politique.

L’étonnant c’est d’abord l’incroyable beauté de la forêt de Pandora dans laquelle la 3D nous plonge de façon saisissante : ces plantes improbables dont on se prend à rêver en sortant du cinéma, et à espérer qu’un voyagiste aura mis cette destination dans la liste des sites incontournables à visiter avant de mourir après Venise, les volcans d’Hawaï et la grande barrière de corail. Flore luxuriante, féérique… mais faune manifestement féroce ! Je n’en dirai pas plus mais rien que pour les paysages de cette planète sœur de Gaïa que ne renierait pas James Lovelock, le film vaut le coup d’œil (enfin, des deux, c’est mieux pour le relief).

Et la philosophie alors ? Et la politique ? Bon, sur ces points, il y a la lecture simple du sauvage (genre tribu amazonienne mais en bleu) vivant en harmonie avec son monde versus la multinationale minière vivant en harmonie avec ses tractopelles XXL.
Il y a bien sûr de cela, la lutte entre un capitalisme militaire cynique et destructeur et un peuple ayant d’abord développé ses qualités spirituelles dans un monde où l’identité des individus se confond avec le groupe et l’environnement, avec un fort lien entre présent et passé sans vision particulière du future. On y retrouvera aussi sans doute quelques références au colonialisme où les bons sentiments aussi sincères soient-ils se trouvent en infériorité conflictuelle face à des incompréhensions et surtout à des intérêts sonnants et trébuchants et accessoirement à l’égo du chef blaireau.

Il y a aussi l’idée de Gaïa, super-organisme planétaire, mère nourricière et régulatrice de l’écosystème, de façon d’ailleurs assez féroce comme je l’ai écrit plus haut : la planète Pandora est loin d’un jardin d’Éden même si elle en a la beauté. C’est d’ailleurs un aspect intéressant du film qui a su en grande partie éviter de tomber dans une guimauve écologique facile. Dame nature n’est en rien une accoucheuse de civilisation, de culture et tant pis pour les faibles : vae victis ! Voilà un point intéressant à se souvenir, juste au cas où…

Il y a enfin, une dernière chose : l’essence de l’être, l’opposition entre âme (ou toute chose s’en rapprochant) et le corps. Finalement, n’est-ce pas là la question principale du film. Qui est le héros ? Un GI paralytique, la copie de son jumeau ou cet improbable avatar, enveloppe génétiquement bricolée ? Quelle est son essence ? L’héritage culturel de son humanité ou celui de ces indigènes bleus ? Quelque chose au-delà de la culture, au-delà de l’enveloppe corporelle ? Quelque cAvatar James Cameronhose d’universel entre amour et fraternité, recherche de la paix et de l’équilibre, de la justice et du respect de la différence ? Quelque chose derrière le refus de l’oppression, une quête de liberté.

La bande annonce.

Dématérialisation

J’ai trop peu de temps ces derniers pour publier des billets qui explorent un peu les pistes qui mènent (peut-être) à demain et je regrette, oh combien, que la politique de nos jours consacre trop peu de temps à la prospection, à la prise de recul face aux changements. Fichue peopolitique, fichu système qui privilégie la mousse.

Notre époque est pourtant particulièrement étonnante en ce qui concerne les changements majeurs. Copenhague bien sûr qui matérialise un changement politique initié à Kyoto et systématiquement récusé les années qui ont suivi. Et d’après vous, qu’est-ce qui a finalement fait changé les choses ? Une soudaine conscience écologique ? Ou alors la collision d’un baril de pétrole à 140$ et d’une crise financière majeure ? L’amour des tomates bios où la prise de conscience que finalement, non seulement l’écologie est un superbe marché mais en plus qu’objectivement, les technologies architecturales actuelles sont préhistoriques, la logistique sur laquelle repose notre économie est délirante, le gaspillage énergétique de nos sociétés infantile, et tant d’éléments dont l’analyse rationnelle aurait dû amener n’importe quel gouvernement responsable à entamer une mutation il y a longtemps déjà. Mais voilà, responsable il y a 10 ans signifiait avoir une gestion comptable des États alors qu’aujourd’hui cela semble signifier avoir une conduite pérenne des sociétés. Si c’est bien le cas, nous avons déjà franchi une étape révolutionnaire…

Une des thèses défendues à Copenhague et ailleurs est celle de la décroissance. Là-dessus, je dois bien dire sans ambages que je trouve cette idée aussi idiote que celle de la mystique de la croissance du PIB qui résout tous les problèmes et génère le plein emploi. D’abord parce que les conséquences de la décroissance, nous en percevons une partie des résultats en ce moment : cessation de paiement, précarisation et bien sûr chômage. Ensuite, et peut-être surtout, parce que je pense que cette idée néo-malthusienne est totalement anachronique.

Une des évolutions majeures de nos sociétés, en plus de la rupture énergétique actuellement en cours, est non seulement le développement ultra-rapide des services à très forte valeur ajoutée, mais très probablement également la disparition de la valeur matérielle des produits physiques à chaque fois qu’un industriel réussi à coupler la vente à des services. Il semble que nous soyons arrivés à un stade où le service valant plus que son support, il est possible de basculer dans une économie totalement dominée par les services. Pour comprendre cela, il suffit de prendre les truc-boxes des connexions internet. Finalement, si vous deviez acheter séparément ce qui compose la box, cela vous coûterait une fortune. Cependant, comme on vous vend du service (internet, téléphone, télévision, …) dont la valeur dans le temps est largement supérieure aux composants électroniques qui en sont le support, la boîte ne vous est même pas facturée et est amortie par le reste. Cela est pour moi le signe d’une des plus fantastiques révolutions en court et la source d’inspiration et de futurs combats politiques.

Pour revenir sur l’idée de la décroissance, il est aisé de comprendre qu’avec une économie de services, décroitre signifie d’abord proposer moins de services, ce qui n’a aucune espèce d’impact sur le climat : un service ne dégage que le CO2 produit par le cerveau de ceux qui le proposent et l’infrastructure qui en est le support. Proposer d’arrêter de réfléchir et de se passer d’infrastructure commune ne me paraît pas être un projet d’avenir…

Mais pour développer cette économie particulière, faut-il encore que les États fassent les bons choix. En cette période de relance (relative), notre pays propose de nombreuses aides à l’innovation en particulier (neuf pour Oséo par exemple), mais… aucune en matière de service innovant. Intéressant n’est-ce pas ? Et cette façon de privilégier l’investissement lourd et tangible explique peut-être aussi pourquoi le moteur de recherche Alta Vista naguère leader n’est devenu qu’un outil très marginal derrière Google : aider à acheter de grosses machines ne fait pas le poids face à l’innovation des services. Exemple frappant. Il est donc urgent de favoriser l’innovation en terme de service et de chercher comment coupler ces services aux produits physiques et aux infrastructures.

Sur les infrastructures, je ne prendrai qu’un seul exemple, celui de la distribution d’énergie. Aujourd’hui, ces lignes sont une source de coûts nécessaires, mais je ne peux m’empêcher de penser que nous avons là un maillage fantastique pour diffuser l’information dans chaque foyer. Trouver le moyen d’utiliser ces lignes pour faire passer de l’info à très haut débit générerait immédiatement un gisement de richesse. Pas mal à une époque où l’État creuse ses déficits au tractopelle. Mais cette situation est probablement généralisable à tous les services publics : il suffit juste d’innover et de créer le service qui se grefferait sur l’infrastructure souvent coûteuse de ces services publics. Adjoindre de la valeur ajoutée à la nécessité, voilà une idée qui mérite d’être creusée.

La dématérialisation semble devoir avoir d’autres conséquences, en particulier sur le capitalisme lui-même. Hier, il fallait beaucoup de capitaux pour créer son entreprise et la développer. Mais que se passe-t-il lorsque l’élément matériel n’a plus de coût ? L’investissement immobilisé disparaît au profit du fonctionnement dont le coût est généralement variable avec l’activité. Ceci est déjà aujourd’hui applicable en matière de système d’information où le SaaS remplace avantageusement machines et logiciels en général mal maîtrisés par les PME. Qui plus est, cela ouvre la porte à la dématérialisation des fonctions non stratégiques de l’entreprise elle-même. Perspectives étonnantes sur la capitalisation des entreprises et de leur structure de fonctionnement…

Les mains sales des pensées sales

Novembre 2009.

dsk sionisteSartre, il y a longtemps déjà, avait mis en scène la part sombre des idées nobles dans Les mains sales. Le théâtre électronique d’internet est en train de nous en faire une très mauvaise parodie depuis quelques jours. La méthode est insidieuse et lorsque les e-archéologues du futur se replongeront dans la période actuelle en en faisant une analyse statistique sémantique, ils risquent de se prendre en pleine figure une bouffée fort nauséabonde, et qui plus est, estampillée du sceau d’une certaine gauche.

Bien que n’ayant pas franchement le temps de militer sur internet ces derniers temps, je n’ai pas manqué de remarquer la résurgence de propos très borderlines, et de plus en plus souvent très au-delà de la limite. Les deux cibles du moment sont Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn.

Concernant Martine Aubry, le message envoyé par ces snipers est en substance “à mort la salope”, et désolé Martine, je ne caricature même pas les propos de ceux qui veulent faire ton “autopsie” ou qui déclarent sans rougir que “cette imbécile a scellé son destin d’imbécile dans la pierre” (ce seul article servira d’exemple au reste – l’article ayant été supprimé, je mets une copie d’écran de google pour prouver la véracité de mes propos). Je vous laisse quelques instants pour ouvrir la fenêtre et aérer la pièce, la suite est d’un jus encore plus rance…
mensonges haineux

Concernant DSK, nous avons une invasion septicémique semble-t-il fort coordonnée et liée à l’excellente notoriété de DSK en ce moment. Quel est le message que l’on veut en substance faire passer par cette attaque virale ? Que “DSK [est un] démoniaque libidineux“, “violeur“, un “ultra-libéral membre de bilderberg, aficionado du nouvel ordre mondial, affameur du tiers monde“, un “sioniste” (qui est le mot politiquement correct pour “sale traitre de juif”, faut décoder le message), et sur des aspects amusants à force d’être ridicules et pathétiques, un pion de Sarkozy placé au FMI et un incompétent (pas mal pour quelqu’un qui s’illustre avec brio au FMI, après avoir été le meilleur ministre de l’économie depuis plus de 30 ans).

Mais comble de l’abject, j’ai même dû intervenir auprès du post.fr pour faire retirer un commentaire qui en appelait tout simplement au meurtre, et plus précisément “à faire étriper DSK et prendre Sarkozy avec ses tripes“. Vous pouvez allez vomir et revenir dans 2mn…

Au-delà de la nausée que m’inspirent des propos qui violent à peu près toutes les valeurs qui soutiennent notre combat à gauche (tolérance et respect, ouverture à la diversité, générosité, mais aussi rationalité dans notre démarche idéologique), je perçois ici deux dangers.

D’abord la radicalisation d’un petit groupe qui perd peu à peu pied face à une réalité qui les rejette (en somme, une gauche nébuleuse faite de peurs, de fantasmes et d’illusions). Jour après jour, par un mécanisme lent et sournois, ce groupe utilise des moyens toujours plus extrêmes et nul doute qu’une partie d’entre eux finira effectivement dans des groupes extrémistes violents.

Ensuite un climat général de pertes de valeurs et de repères. Le combat politique a toujours eu un caractère violent, mais il s’agit ici de violences vides de contenu. Le but est de tuer l’ennemi, ici par un mécanisme de calomnies plus ou moins diffuses qui sont censées s’ancrer dans les esprits au fil du temps. Déblatérer sur Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn ou à l’occasion sur tel ou tel autre, n’a aucun impact à court terme puisqu’il n’y a pas d’enjeux immédiats. Pire, cela a toutes les chances de se retourner contre leurs auteurs alors que s’avancent les régionales, élections de listes qui devraient plutôt favoriser l’apaisement. Mais à long terme le but est que la maladie assoupie soit bien installée pour être réveillée au moment opportun.
La raison est en berne et seule l’émotion destructrice est à l’œuvre.

J’exprime mon plus parfait dégoût envers ces pratiques qui n’ont aucune justification morale et qui ne sont que l’expression sale d’une pensée politique sale et inepte. Que l’on conteste les idées ou les outils d’une personnalité politique est chose normale, mais que cette contestation n’ait d’autre motivation que le rejet épidermique, sans autre projet politique que de flinguer tout ce qui peut faire de l’ombre à leurs illusions déliquescentes, est insupportable.
dsk sioniste

Enfin, pour clore ce post, voici une liste de références et de faits qui permettront à tout un chacun de se faire une opinion sur certains propos fielleux.

  • d’abord, peut-être le plus ancien, le hoax “DSK est un traitre sioniste”. Vous trouverez les fadaises de l’histoire ici.
  • quelques mots sur la MNEF : DSK a effectué sur plusieurs mois un contrat pour la MNEF facturé environ 600 000 F. Grosse somme a priori pour ceux qui ne connaissent pas le monde du consulting. Mais, à l’époque, un consultant de haut niveau était facturable sans problème à 10 000 F / jour. Donc, ceci représente 60 jours de travail. La justice n’a rien vu à y redire.
  • Le procès DSK : Dominique Strauss-Kahn a effectivement été traîné en justice, justice qui non seulement a reconnu très rapidement son innocence, mais a également remonté les bretelles de l’accusation pour avoir présenté un dossier vide. On remarquera qu’à l’époque, DSK a eu une attitude républicaine exemplaire en démissionnant de son poste de ministre pour ne pas porter préjudice à l’État. Tout le monde n’a pas eu depuis un tel comportement exemplaire.
  • La cassette Méry. Là on se demande toujours ce qui est reproché à DSK si ce n’est de ne pas en avoir fait un complot pour saper la République.
  • Le bobard c’est “Sarkozy qui a nommé DSK au FMI” (avec une version plus cosmique dont la trame est “la CIA a favorisé le choix de Royal contre Sarkozy pour faire élire Sarkozy et en contre-partie DSK a été dédommagé de sa déconvenue avec le FMI” ; billard à 27 bandes…). En ce qui me concerne, j’ai simplement posé la question sur ce qu’il en était à Anne Sinclair qui m’a confirmé s’il en était besoin que c’est bien Juncker qui a proposé DSK et que Sarkozy n’a fait que suivre. Maintenant, si vous avez de meilleures sources, postez-les !
  • L’histoire “DSK est un violeur”. Là il s’agit de surfer sur le côté séducteur en buzzant sur une histoire plutôt fumeuse et incohérente. À l’origine, il y a une personne qui dit que DSK a été trop entreprenant contre sa volonté et n’a pas voulu porter plainte par crainte d’attaquer un homme d’État. Cette personne n’a cependant pas craint de s’épancher devant les caméras d’Ardisson et c’est bien ce qui rend l’affaire douteusement glauque : quand on a peur on ne va pas à la télé pour le raconter, et quand on a le courage de dénoncer effectivement ce genre de faits et bien on le fait devant la justice. Courageuse à la télé et lâche avec la justice, voilà qui qualifie le niveau de l’affaire.
  • La rengaine, DSK n’est pas à gauche. Là, je ne peux que vous conseiller la lecture de “La Flamme et la Cendre” et m’en tenir à quelques éléments factuels : d’abord les résultats économiques et sociaux lors de son passage à Bercy (à moins que lutter efficacement contre le chômage ne soit pas de gauche), et plus encore, son action dans cet ex-temple de l’ultra-libéralisme, le FMI : apurement de la dette du Libéria, amélioration du statut des “petits” pays au sein du FMI, prêt à taux zéro aux pays pauvres et surtout l’incroyable révolution en marche concernant le contrôle du capitalisme financier. On y ajoutera quelques rappels sur la réalité de l’Ukraine dont la situation est honteusement et cyniquement exploitées par quelques belles âmes.

Voilà pour la petite liste de courses du moment, ne doutons pas qu’on nous en inventera quelques autres. J’ai soumis au jugement du lecteur un certain nombre de liens, à vous de vous faire une idée qui ne soit pas forgée par une opération de manipulation à peine dissimulée mais sur votre propre jugement.

Nous, sociaux-démocrates croyons en la force de la raison, du jugement forgé à partir de faits vérifiables par des esprits libres et émancipés.