La gauche réformatrice sort l’étendard de la refondation

Besoin de Gauche issu de la contribution PS du même nom, vient de lancer un nouveau site web http://besoindegauche.fr :

Besoin de gauche

Il s’adresse à tous ceux qui cherchent à comprendre l’évolution de la gauche, à échanger et participer à la rénovation des idées et des outils pour conquérir le pouvoir.

Chacun pourra y retrouver des actualités, des textes de réflexions politiques, un réseau social, des fils rss et tout ce que nous y inventerons collectivement pour collectivement rebâtir le parti socialiste et construire l’avenir de la France et de l’Europe sur des bases radicalement réformatrices, solidaires, volontaires et positives.

A bientôt sur ce nouveau site !

PS, Home, sweet home

home

Comme à mon habitude, j’ai essayé de prendre un peu de recul après notre échouage de dimanche dernier.

Je ne suis pas sûr qu’il y ait tant à en dire, en tout cas moins que ce qui a pu être dit. Finalement, je crois que les français nous ont simplement envoyé un message : vous avez sans doute raison à propos de Sarkozy et peut-être que votre projet européen était mieux que le sien, mais tant que vous passerez votre temps à vous chercher des poux, nous ne pourrons vous faire confiance. Dont acte, mieux valait entendre ce message à cette élection là qu’à une autre. A nous de mettre à profit la leçon.
Autre élément intéressant : la collision entre l’élection et le film Home de Yann Arthus Bertrand. Lorsque je l’ai visionné, j’ai regretté au combien que notre discours ne se soit pas porté sur l’écologie. Certes, l’écologie est une appropriation finalement récente des socialistes, même si pas mal d’entre nous s’y intéressaient depuis longtemps. Mais il est clair que peu de français doivent avoir une idée, ne serait-ce que vague, de notre niveau de réflexion sur le sujet. Les socialistes s’y intéressent-ils vraiment ? En quoi diffèrent-ils des écologistes ?

Pour vous en donner une idée, j’ai ressorti un texte qui a quelques années et qui a été écrit après la primaire socialiste dans le cadre des travaux du manifeste socialisme & démocratie. Ceux qui ont vu le film home y trouveront des passages qui auraient pu servir de base de script de ce film, dont celui-ci :

Enfin, deux expériences tirées de l’histoire de notre planète sont à méditer : un changement climatique planétaire a entraîné la grande extinction des espèces du permien (entre autre due à un dégazage massif qui modifia la composition chimique de l’atmosphère), et la modification volontaire de l’écosystème de l’île de Pâques (déforestation) a provoqué la disparition de la société Rapa Nui au XVIIème siècle. La modification de la chimie de l’atmosphère terrestre, celle de notre écosystème, peut avoir des effets potentiellement cataclysmiques sur nos sociétés.

Sommes-nous des écolos bis ? Non, nous nous distinguons d’eux, entre autre par notre refus d’une vision “romantique” de l’écologie. Nous avons la volonté d’agir rationnellement sur l’économie, la société et les éco-systèmes. :

Comparativement, les mouvements altermondialistes sont plus en pointe sur la question mais ils apparaissent sur la question écologique plutôt comme des mouvements conservateurs voire réactionnaires en quête d’une sorte de replis sur un monde « idéal » s’appuyant sur une « harmonie agricole » (le bon sauvage est devenu l’agriculteur récoltant respectueusement les fruits de la terre nourricière et commerçant dans un monde policé). Nous nous ancrons dans un monde qui se développe, qui progresse, pas un monde qui se replie sur lui-même, voire récessionniste pour certains points de vue extrémistes (sans doute les héritiers contemporains de Malthus). Le développement durable est tout à fait compatible avec une économie florissante qui se projette à long terme.”

Enfin, autre élément passer sous silence par le film Home, nous nous positionnons clairement sur le nucléaire. Nous affirmons notre volonté d’en sortir, nous présentons un chemin possible, mais nous annonçons clairement qu’en l’état, ce sera long, cela prendra plusieurs générations. C’est à notre connaissance, la seule proposition qui concilie réalisme, faisabilité et volonté écologique sur le sujet. Reste à trouver un parti social-démocrate en ordre de bataille, et qui inspire à nouveau confiance aux français.

Les symboles d’une fin de campagne

Europe

Nous voici au bout de la semaine et de la campagne des européennes. Étrange campagne en vérité.

L’ump a surtout eu le soucis de ne faire qu’un service minimum. Vous souvenez-vous d’un message de leur part ? Tout au plus se souvient-on de Rachida Dati dans un état second devant les jeunes UMP ou ces derniers jours de Barnier achetant aux agriculteurs le droit de ne pas mettre le souk, ce qui serait préjudiciable à son élection à un siège qu’il n’occupera vraissemblablement que peu de temps puisque son ambition est d’avoir un poste de commissaire.

Le FN nous a fait du Le Pen vieillissant mais à regarder les résultats des pays bas, on a toutes les chances de les voir en très bonne place dimanche. Et oui, l’extrême droite ne pèse pas grand chose, mais ils savent se mobiliser et quand on pèse 5% dans une élection avec une abstention à plus de 60%, cela fait mal. Restez chez vous dimanche braves gens, Jean-Marie passera boire le café en fin d’après-midi…

Bayrou et le Modem : ni plus ni mois qu’égal à lui-même. Ils feront sans doute leur score habituel ce qui est plutôt bien pour un parti qui tient plus du concept que de la réalité. On regrettera tout de même que l’affable Bayrou soit tombé en cette fin de campagne dans les effets de manches de l’agitation médiatique stérile. Cela n’a-t-il déjà pas fait assez de mal en 2007 ?

Le front des antis, une fois encore, n’est en mesure que de plomber la gauche. Emietté, au message revendicatif mais dont on ne voit pas l’objectif constructif, son score ne servira qu’à faire passer la majorité relative de gauche qui se dessine en une minorité de sièges, au profit de Sarkozy en France, de Barroso en Europe.

Les écologistes version Cohn-Bendit nous proposent un retour à des scores non négligeables. Est-ce étonnant à l’heure du changement climatique ? Dommage que le PS ne se soit pas battu sur ce sujet en particulier, qu’il n’ait pas montré quel est le chemin parcouru depuis la présidentielle.

Oui, le PS enfin. Le parti n’a pas fait une mauvaise campagne en soit, mais il n’a tout simplement pas fait assez campagne, paralysé qu’il est par les scories de la présidentielle qui n’en finit pas de finir. L’agonie est encore plus pénible que le post-mitterrandisme ! J’ai parfois l’impression que le parti a peur de gagner dimanche, peur d’aller chercher les quelques points qui le séparent de l’ump. Dimanche, la gauche aura très probablement une majorité pour elle. Mais cette majorité étant morcellée et couplée à un mode de scrutin tellement particulier, que l’on risque bien d’entendre l’ump claironner sa satisfaction alors que les 3/4 des français auront exprimé un refus cinglant de leur politique.

La proximité de l’anniversaire du 6 juin m’inspire une réflexion amusée. C’est un peu comme si la France, sous le joug d’un libéralisme qui l’a menée à la catastrophe actuelle, savait que les libérateurs allaient débarquer mais qu’ils n’avaient plus assez d’instinct de survie ou de volonté de vaincre, pour en finir avec un système qu’ils condamnent. Obama a vaincu Bush, les Démocrates ont vaincu les ultra-libéraux républicains, ils ont réalisé une révolution intellectuelle incroyable (jugeons-en par exemple avec la nationalisation de GM), ils nous ont montré que cela pouvait être fait, et pourtant certains hésitent encore à faire juste un petit geste : mettre le bon bulletin dans l’urne.

Dimanche, les sondages annoncent que le vent de libération arrivera de Bretagne. Il ne tient qu’à vous que ce vent soit assez fort pour souffler sur toute la France.

Virons-les !

chomage sources insee

Pour les européennes, de fins tacticiens se sont évertués à (ne pas) trouver des arguments subtils pour faire voter les citoyens. En découvrant les dernières statistiques du chômage, je me dis qu’il faut faire fi de la tactique et de la subtilité : 58000 chômeurs de plus (le tiers d’une ville comme Brest), 2 millions et demi de chômeurs (3,5 si on compte les gens ayant une activité “réduite”) c’est largement suffisant pour aller aux urnes prendre la Bastille !

Et l’on pourra bien m’objecter les milles et unes excuses savamment distillées depuis des mois, “c’est la faute aux subprimes”, “ce sont des élections européennes qui n’ont rien à voir avec la politique nationale”, “les autres ne feraient pas mieux”, “cela va s’arranger bientôt”, je m’en fous ! L’UMP est au pouvoir depuis 2002 et depuis 2002, cela va de mal en pis. Sarkozy est au pouvoir depuis 2007 et depuis 2007, il a réussi à battre tous les records de catastrophe économique de la Vème République et l’on en est à chercher dans les statistiques des années 50 des références qui soient pires. Sauf que les années 50 sont des années d’après-guerre et que nous sommes censés vivre des années d’après euphorie !

chomage sources insee

Continuons à ne rien faire et c’est le cap des 3 millions de chômeurs qu’il faudra tenter d’éviter. Situation incroyable alors que nous vivons une période démographiquement historique favorable au plein emploi, période qui ne se reproduira sans doute pas avant un siècle au minimum !

Continuons à ne rien faire et Sarkozy nommera en juin un gouvernement sarkofillon-bis qui continuera à faire des choix qui sont l’antithèse du bon sens, mais qui permettent à quelques uns de se pavaner pendant que d’autres se demandent comment faire vivre leur famille.

Continuons à ne rien faire et Sarkozy continuera à promettre toujours et ne tenir jamais comme à Gandrange, continuera à faire des prévisions économiques systématiquement fausses comme sur la croissance, continuera à s’agiter toujours, éternellement stérile si ce n’est dans l’absurdité de son incompétence.

Aujourd’hui, les sondages indiquent que plus de 70% des français lui disent non. C’est encore trop peu pour qu’un homme comme lui comprenne tout le mal qu’il fait à la France et aux Français. C’est trop peu pour qu’un parti comme l’UMP retrouve un minimum d’honneur, honneur qui s’appelait jadis gaullisme.

Je soutiens au sein du PS la refondation sociale-démocrate, mais peu importe : allez voter pour qui vous voulez, mais allez voter pour stopper cette machine infernale, le sarkozysme.

La stratégie de la moche au bois pionçant

Mai 2009.

UMP carabosse

Dans une discussion récente, un de mes amis me faisait la réflexion suivante sur les européennes : “avec tous ces mouvements sociaux, la crise et tous ces gens dans la rue, on veut nous faire croire que Sarko va faire 28% !”.

Ce qui m’inspira deux réflexions : 28% lorsque l’on est le seul parti de gouvernement ce n’est pas exactement un sommet (tiens au passage, où est passé le nouveau centre ?). Et effectivement, lorsque même les agriculteurs descendent bloquer les grandes surfaces, on peut se dire qu’il y a comme un décalage entre les Français qui sont dans le trou à cause de l’hyperventilation imprévoyante de ce gouvernement brutal et les intentions de vote de ces mêmes français.

Mais voilà, sarkofillon a inventé la stratégie qui (nous) tue pour les européennes : le kan-on-est-moche-on-s’planque-et-on attend-k’sa-passe. Technique efficace finalement car si les candidats très tardifs de l’UMP venaient à défendre une quelconque ligne politique de droite devant les médias, même les journalistes les plus aimables devraient leur faire inopportunément remarquer que cette idéologie a mené au chaos mondial, européen et national, rien de moins. Ce n’est tout de même pas rien d’entendre un agriculteur de la FNSEA clamer haut et fort que si le prix du lait est au niveau des chaussettes, c’est la faute à la dérégulation mise en place par le libéralisme de la commission et qu’il faut un marché régulé ! D’ici à ce qu’ils virent socdem dans les campagnes, il n’y a plus des kilomètres !

Autre élément de cette stratégie, la jolie berceuse sur fond de y-aura-un-nouveau-gouvernement-avec-allègre-valls-ou-jack. Quelle belle musique ! Comme les Français ne veulent pas un nouveau gouvernement mais une nouvelle politique, ils en sont pour leur frais et au passage, cela permet au sein du PS toujours parasité par ses maux post-présidentielle-ratée de désigner par avance des coupables qui n’ont rien fait. Cela en détend certains…
Alors, permettez-moi de dissoner au milieu de ce conte pour gnomes avachis.

  1. La politique de l’UMP menée par Sarkozy et Fillon a échoué, ils doivent être sanctionnés.
  2. La politique européenne menée par le PPE et Barroso a échoué, ils doivent être sanctionnés.
  3. Le PSE propose une politique d’inspiration social-démocrate, régulatrice, protectrice et le PS est le parti qui défend en France cette politique, ils doivent accéder au pouvoir européen.

Et sinon, vous pouvez toujours manifester contre ceux pour lesquels vous votez, mais renoncez alors à tout espoir. Le joli compte de la moche au bois pionçant n’est rien d’autre qu’un cauchemar.

Réflexions de fin de semaine

Deflation en FranceDeux réflexions rapides cette semaine.

D’abord le droit de réponse de Cambadélis suite à un article du Figaro très orienté “le PS est dans les choux”. Vous pouvez lire le texte en cliquant ici, mais en substance, il dit deux choses :

  1. Les estimations de vote pour le PS aux européennes est dans la bonne moyenne des scores du PS à ce scrutin. En aucun cas, un score entre 20 et 24% ne représente un désaveux électoral, bien au contraire. D’ailleurs, la gauche dans son ensemble est plutôt en forme pour juin 2009.
  2. Les estimations de vote pour l’UMP a contrario, montrent une sévère défiance des français. A moins de 30% (27% pour le sondage qui nous intéresse), cela représenterait un sévère camouflet pour un UMP censé être majoritaire dans le pays.

Deuxième point d’actualité, nettement moins réjouissant : la menace déflationniste. En avril, nous avons atteint un niveau historiquement bas et les projections donnent une entrée en déflation probable en mai, d’autres projections estiment que ce ne sera que passager et que la hausse du pétrole par exemple, devrait nous faire rapidement sortir de cette mauvaise passe déflationniste.

Hélas, et même si je ne suis pas économiste, je suis loin d’en être sûr pour deux raisons :

  1. d’abord, je craints que mettre le pied dans l’univers déflationniste n’entraîne une menace de rupture de modèle (actuellement, l’économie fonctionne selon un certain modèle, le risque est celui d’une catastrophe au sens de René Thom : on passe brutalement à un autre mode de fonctionnement structurel). Si c’est le cas, il est impossible de prédire ce qui se passera après.
  2. depuis 2006, je ne cesse d’insister sur la rupture énergétique, c’est à dire l’entrée dans un marché énergétique chaotique aux oscillations fortes et rapides. Niveau force, nous l’avons constaté depuis 2008 avec une montée en flèche du prix du pétrole, suivie d’un gadin tout aussi spectaculaire. La rapidité n’est pas encore là, heureusement. La relative accalmie actuelle s’explique assez bien par la crise qui a ralenti la demande, mais qui accélère également la transition énergétique (l’offre de propulsion hybride augmente, l’ajout d’éthanol ou de diester grimpe). Dans de telles conditions qui vont structurellement dans le sens d’une diminution de la consommation de pétrole, on voit mal comment celui-ci serait durablement un moteur contre-déflationniste.

Mon raisonnement est certes très spéculatif, mais sur le fond, je redoute une rupture de modèle économique sur laquelle nous n’aurions aucune prise. Mieux vaudrait faire tout ce que l’on peut avant d’entrer dans la zone dangereuse plutôt que d’espérer que tout ira bien tout seul. Difficile de dire quand il sera trop tard, mais nous devons utiliser tous les moyens disponibles, nationaux et européens pour rester dans une zone où nous savons avoir quelques prises sur l’économie.

Envoyons ce message fort lors des élections européennes : exigeons d’avoir un gouvernement qui n’attend pas de “voir” et une europe dont l’action ne se limite pas à la main invisible du marché.

L’union européenne terre d’avenir pour l’Islande

EuropePeut-être sommes-nous depuis trop longtemps au sein de l’Europe pour bien saisir combien l’Union représente un espoir d’avenir pour les peuples.

Peut-être avons-nous baissé trop longtemps les bras devant l’idéologie dominante du laissez-faire le marché, tapez dans la caisse et méprisez les lendemains et que nous avons perdu la volonté de renverser l’ordre établi, pour promouvoir ne serait-ce qu’une République social-démocrate en France sur le modèle classique des autres pays européens.

Et bien les Islandais viennent judicieusement de nous montrer le chemin à suivre pour le prochain vote. Après avoir viré avec pertes et fracas le gouvernement libéral qui avait mis leur État en faillite, leur nouveau gouvernement social-démocrate s’apprête à demander leur adhésion à l’Union dans les plus brefs délais.

Pensez-vous pouvoir agir plus vite que les Islandais en virant les dirigeants calamiteux avant le crash final ?

Buzz ou appel au secours ?

Dominique Strauss-Kahn

Il y a des rumeurs qui ont la vie dure et celle qui annonce Dominique Strauss-Kahn à la tête d’un gouvernement d’union nationale en fait partie. Sous une forme ou une autre, on la retrouve aussi bien sur le point, ouest-france, le Figaro, lepost.fr, politique.info, et même sur canal Jimmy, et la liste n’est pas exhaustive.

Ce qui est intéressant, c’est qu’en fonction des sources, les motivations sont annoncées comme différentes : lorsque cela est supposé venir de l’Elysée, il s’agirait d’une machiavélique diversion, lorsque l’info est remontée par la coalition des antis-tout, il s’agit d’une preuve de la collusion de la gauche et de la droite appelée aimablement umps.

A la rigueur, pendant le G20, cela aurait pu passer pour une récupération gros-sabots du succès personnel de DSK à ce sommet, mais le G20 est maintenant bien loin.

Comme je suis un gros naïf, je me demande si cela ne serait pas tout simplement l’expression d’un double appel au secours. Appel au secours pour un gouvernement d’union nationale capable d’en finir d’une part avec ce gouvernement qui a tout raté depuis son arrivée et pour en mettre un en place capable d’enfin prendre la mesure des problèmes et accessoirement renvoyer Nicolas Sarkozy inaugurer les chrysanthèmes, une des rares activités où il ne risque pas de faire passer la France pour un peuple sans honneur, sans grandeur, avide et petit bras.

Appel au secours d’autre part, d’hommes et de femmes reconnus pour leurs compétences, respectés internationalement, compétents dans leur domaine et capables de piloter le navire France dans la tempête actuelle en bonne intelligence avec les autres États (tout ce qu’a raté jusqu’ici Nicolas Sarkozy).

Certes les gouvernements d’union nationale ne sont guère dans les habitudes françaises (c’est d’ailleurs un des arguments de DSK pour rejeter l’idée de sa nomination au poste de 1er ministre), mais nous ne sommes pas dans une période très habituelle et contrairement à Dominique, je pense moi que la nécessité fait loi et qu’un tel gouvernement aurait réellement un sens, même si je préfèrerais que le directeur du FMI finisse les réformes qu’il a commencé à mettre en place (ceci dit, je ne suis pas sûr qu’il ait le temps de passer prendre le café pour discuter de mon avis éclairé…).

Ce devrait d’abord être un gouvernement dont les bases seraient social-démocrates, seule idéologie ayant un tant soit peu résisté au tsunami actuel et surtout idéologie mettant en avant le contrat et le dialogue, éléments indispensables dans une telle période.

Les acteurs de ce gouvernement devraient d’abord être nommés sur leurs compétences, leur parcours, leur sens du devoir et de l’État (évidences si rares tant on a quelques difficultés à retrouver des exemples ces dernières années…).

Ce gouvernement devrait regrouper les tendances politiques majeures du paysage politique (gauche de gouvernement, centre, et droite républicaine).

Enfin, le mandat de ce gouvernement devrait préparer à de nouvelles élections dont l’un des enjeux serait de passer à la VIème République, la cinquième étant clairement arrivée à une impasse dont les dysfonctionnements sont préjudiciables aussi bien aux citoyens qu’à la place de la France au plan international.

L’anniversaire sera-t-il fêté ?

constitution octobre 1958

Une angoisse m’étreint depuis quelques jours : va-t-on passer à côté de cet anniversaire, ce moment où la République a une occasion de se retrouver, de respirer l’histoire, de faire une pause, de contempler le chemin parcouru ?

Certes, un anniversaire cela un quelque chose de moment obligé, de fête provoquée, mais quand même, à une époque de l’histoire où le fil du quotidien a explosé tel un obus à Verdun, cela peut faire du bien de se reposer sur ses fondamentaux.

Certes, l’anniversaire aura sans doute un petit goût de messe d’enterrement tant l’objet de la fête est malmené, voire foulé au pied.

Certes ce sera peut-être son dernier anniversaire, mais tout de même, je crois que cela en vaudrait la peine. Et oui, cinquante ans cela fait un sacré bail. Cinquante ans de paix intérieure, cinquante ans de prospérité quasi continue, cinquante ans de progrès.

Alors, citoyens de France, fêterons nous cette année les cinquante ans de la constitution ?

Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu’aux droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement de 2004.

En vertu de ces principes et de celui de la libre détermination des peuples, la République offre aux territoires d’Outre-Mer qui manifestent la volonté d’y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l’idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique.

Art. 1. – La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales.

Citoyen cherche République Française

Statue De GaullePour la troisième fois cette année, la France de ceux qui ne demandent qu’à travailler mieux pour gagner décemment leur vie est redescendue dans la rue. Par trois fois cela a été un réel succès, pour des raisons d’ailleurs à chaque fois différentes.

La première des manifestations marquait le retour de la mobilisation et des syndicats et de la gauche politique dans la rue, dans un rendez-vous réussi avec les Français alors que le gouvernement Sarkozy avait largement claironné son mépris de tous ces gens que plus personne ne remarquait.

La deuxième fois, le succès était celui tout à fait impressionnant du nombre de manifestants.

Aujourd’hui, il s’agit surtout d’une unité inédite des syndicats associée à une présence marquée des politiques de gauche, mais aussi ce qui est plus surprenant, du modem. Bien qu’encore très symbolique, cette présence marque un jalon vers une alliance d’intérêts objectifs pour battre la droite sarkozyste, à défaut d’une alliance idéologique qui ne peut pas avoir de sens sur un certain nombre de points.

Tout cela me réjouirait sans retenue si ces succès menaient quelque part. Mais cela me rappelle de plus en plus Napoléon à Moscou attendant que le Tsar veuille bien venir négocier les termes de sa reddition : seul l’hiver pointa son nez. Il ne sert à rien de gagner des batailles si l’on n’est pas en mesure d’écrire et de faire signer les traités de paix ! Or ce gouvernement est tellement à la ramasse que l’on peut être certain qu’il ne pense pas pouvoir nous entraîner plus bas et que cela ne peut qu’aller mieux demain (ce en quoi il se trompe) ; il est tellement dénué de tout honneur et intérêt pour la France et les Français qu’il s’accrochera au pouvoir sans bouger d’un iota tel un pique-assiette accroché au buffet d’une réception mondaine. Quoi qu’il se passe dehors, le peu d’estime pour soi-même ne vous incline pas à vous intéresser à ceux qui crient leur colère dehors, au contraire : engloutissons les petits fours et on verra quel jour sera demain…
Cette situation est typique d’une partie où les joueurs ne jouent pas avec les mêmes règles. Or depuis le début, Nicolas Sarkozy ne joue pas selon les règles qui sont celles de la Vème République et celle-ci a déjà été trop malmenée dans le passé pour ne résister qu’épisodiquement à la sarkocratie. Le climat est-il insurrectionnel pour autant ? Il me semble qu’il l’est moins qu’après le constat des déboires de la politique sarkozyste et que les défis lancés au pouvoir restent dans la marginalité très classique de l’action syndicale et législative : on menace le préfet, on prend en otage des cadres, on réussit quelques coups spectaculaires au parlement… avant de rentrer chez soi.

La gauche pourrait-elle renverser ce gouvernement ? Oui, mais elle ne le veut pas car cela n’est pas dans l’esprit de la République : il faut attendre les élections.

Les syndicats peuvent-ils renverser ce gouvernement ? Oui, mais ils ne le veulent pas car ils sont structurellement trop faibles et que cela n’est pas dans l’esprit de la République : les syndicats s’occupent de social, mais pas de faire ou défaire les gouvernements.

Les Français peuvent-il renverser ce gouvernement ? Oui, mais de façon révolutionnaire et cela n’est pas dans l’esprit de la République : couper la tête d’un roi est une chose, couper celle d’un président que l’on a élu en est une autre, même si ce président n’a jamais pu se hisser à la hauteur de la fonction.

Sommes-nous donc condamnés à attendre que Nicolas Sarkozy veuille bien partir de lui-même ? Pas sûr, De Villepin et Copé vont rapidement être propulsés au rang des hérauts d’une droite qui elle aussi a été bafouée sur ses valeurs, sur son identité. Pour destituer le liquidateur de la République, il faudra toute la mobilisation et la révolte de la gauche, ce qui est fait, mais aussi l’orgueil de la droite, ce qui ne devrait pas tarder tant l’échec est patent et les couleuvres de plus en plus dures à avaler.

Ce sont les valeurs profondes de la République et de la France qui peuvent mettre fin à l’incroyable égarement débuté en 2007. Ou un effondrement total.