Une bombe sous le sapin

Décembre 2007. Au Noël dernier, j’écrivais un post sur l’exécution de Hussein, post où j’exprimais à la fois une certaine satisfaction de voir un dictateur puni et mon regrêt de ne pas voir la démocratie suffisamment progresser pour dépasser ce niveau de barbarie que représente la condamnation à mort, fusse d’un tyran sanguinaire.

Hélas, comme un tragique raccourci d’une histoire qui se répète sans vraiment oser bégayer puisque cette fois c’est l’espoir démocratique que l’on a essayé d’abattre, c’est sans nuance aujourd’hui que je me retrouve à écrire un nouveau post sur l’assassinat tragique de Benazir Bhutto.

Benazir Bhutto

De son assassin, il ne restera que du sang sur le pavé. De ceux qui l’ont endoctriné au point de nier jusqu’à la raison même de son passage sur cette terre, il ne restera que le mépris de l’histoire attribue à la cohorte inutile des âmes à jamais perdues.

Mais de cette femme, il restera un exemple, un symbole, il restera le souvenir que l’impossible est réalisable, qu’un peu de liberté et de démocratie peuvent éclairer un pays rongé par l’obscurantisme de ceux dont la haine des autres a remplacé le sang dans leurs veines, qu’une femme peut tracer la voie dans les pays où celles-ci sont parfois à peine considérées comme faisant partie de la race des Hommes.

De la révolution française nous avons appris l’incroyable force des symboles alors je sais qu’après que Benazir Bhutto ait rejoint le Panthéon de ceux qui ont un jour un peu éclairé notre monde, d’autres prendront la relève, comme elle-même avait pris la relève de son père.

Merci Madame pour ce que vous avez eu le temps de faire sur cette Terre.

Un beur et un aristo font du foin dans l’Etaples

Ces derniers temps, les médias et internet (pour une fois en phase, 67200 liens rien que pour google sur la recherche “PS Etaples”) relaient une histoire d’investiture du PS intéressante. En substance, l’histoire raconte que les instances nationales du PS ont investi un candidat énarque et qui plus est à particule contre la décision de la section locale d’Etaples qui avait elle choisi un candidat du quartier et qui plus est, à consonance exotique. D’où moult commentaires sur un PS autoritaire bafouant ses engagements envers la classe ouvrière, les faibles, les minorités “visibles”. Bel exemple permettant de déclamer à qui veut l’entendre tout le catéchisme d’une gauche historique et quelque part perdue.

Comment ne pas se révolter en effet devant une telle injustice. Comme je suis curieux et que l’expérience m’a appris depuis longtemps à me méfier des révoltes journalistiquement boostée, j’ai essayé d’en apprendre un peu plus sur le sujet. Après quelques échanges, l’histoire telle qu’elle est vraiment se révelle assez différente et finalement très instructive.

En fait, notre particulier formé à l’ENA, Antoine de Rocquigny, n’est pas exactement un parachuté parisien puisque sa famille est depuis longtemps implantée à Etaples et s’est déjà illustrée au service de la ville. Notable incontestablement, mais parachuté parisien certes pas. En terme de légitimité locale, il n’est donc pas en reste face à son concurrent Bagdad Ghezal.

L’autre élément intéressant est apporté par les analyses pré-électorales. Depuis la regrettable aventure présidentielle de 2007, les socialistes ont largement appris à se méfier des projections de votes mais on ne peut totalement les ignorer sous peine de continuer la même erreur, en l’inversant cette fois. Que disent ces projections ? Elles disent que la ville pourrait être gagnable pour la gauche si l’ami Antoine se présente alors que pour l’instant, la tendance serait fortement défavorable si c’est l’ami Bagdad. Ce n’est qu’une projection, mais cela fait cependant un second point fort pour conforter la décision de présenter Antoine de Rocquigny. Si on en juge par les éléments factuels, la décision est cohérente. Alors qu’est-ce qui ne tourne pas rond ?

Eh bien, derrière ce battage de bons sentiments, on retrouve finalement tout le malaise du PS et son problème pour se remettre en phase avec la réalité.

– Une partie du PS se veut encore un parti de classe, un parti ouvrier, un parti des petits en lutte contre les gros. La réalité est que la notion de classe tient plus de la rhétorique que d’une réalité économique ou sociale, que le parti ouvrier manque d’ouvriers et qu’il devrait plutôt se référer aux salariés, gros et petits, largement plus en phase avec la réalité, utile et cohérent. Du coup, investir un aristocrate a autant de sens qu’investir un travailleur social du moment que son engagement militant est sincère, utile et cohérent. C’est l’engagement qui doit définir le sens militant moderne au PS, pas l’origine sociale. Sur ce point, les deux militants apparaissent irréprochables et il est d’autant plus regrettable que cette histoire les oppose alors que leur combat est commun.
– Autre aspect qui cette fois est lié au combat pour l’intégration. Finalement, c’est le vrai argument pour choisir Bagdad plutôt qu’Antoine : montrer que politiquement, le PS fait de réels efforts pour promouvoir des militants dont le travail est par ailleurs exemplaire. Certes, mais d’une part cela est un combat national et d’autre part cela ne semble pas passer localement. A quoi cela servirait-t-il d’avoir une tête de liste symbolique mais perdante. Sans cette mousse médiatique, il est plus que probable qu’Etaples aurait été perdue dans l’anonymat le plus complet. Doit-on reprocher au PS de se remettre en phase avec l’électorat local qui semble préférer une famille aristocratique locale reconnue à un descendant d’une immigration qui n’est toujours pas digérée après 40 ans ? Le café du commerce ne plébiscite pas les beurs (rien que le nom est d’ailleurs discriminatoire), c’est plus que regrettable, il faut travailler encore et toujours pour l’intégration, mais ce n’est pas en perdant une élection que l’on a une chance d’y arriver. Le PS doit mettre ses ambitions en phase avec la réalité française et gagner intelligemment pour changer les choses.

Au final, le réalisme social et politique impliquent de choisir Antoine de Rocquigny, mais il serait au combien nécessaire que Bagdad Ghezal soit à ses côtés, en première ligne. Je déteste l’idée de la discrimination positive : c’est un passage en force, non négocié, qui se fait forcément au détriment d’autres personnes quelles que soient leurs qualité. En ce sens, les quotas électoraux sont a minima un renoncement. Mais cela ne doit pas nous empêcher de travailler encore et toujours sur l’inclusion de tous, à tous les niveaux, mais l’inclusion par l’acceptation naturelle, pas par des assauts à la hussarde, à rebrousse-poil du sentiment populaire.

C’est le sens du combat social-démocrate : négocier, sur la durée, par le contrat, pas à pas, échelon par échelon, pour changer la société, l’améliorer.

Quatrième rapport du GIEC sur le changement climatique

“Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, comme le prouvent les observations des accroissements des températures moyennes mondiales de l’air et de l’océan, de la fonte largement répandue de la neige et de la glace et de la montée du niveau moyen mondial de la mer. (…)”

Vous pouvez lire la suite de la traduction (trouvée sur le web) du 4ème rapport du GIEC en cliquant ici.

Strabisme divergent

Depuis la dernier interview de notre président, je ne peux m’empêcher de penser à l’écart, voire au gouffre, qui sépare le pouvoir du commun des citoyens. L’exemple du paiement des RTT est flagrant. Du point de vue Elyséen, la rhétorique est simple : transformons le temps attribué jusque là à la réduction du temps de travail et transformons-le en revenus sonnants et trébuchants. D’un point de vue comptable, cela se défend. Hélas, la comptabilité et les humains, cela fait deux.

Si j’en juge par mon cas personnel professionnel (cadre, instruit, profession intellectuelle correctement rémunérée) et familial (marié, deux enfants, parisien des banlieues), cette rhétorique est un non-sens absolu : gagner plus ne me permettra jamais de soigner mon stress des transports et du travail, de l’agitation parisienne, il ne me permettra pas plus de passer quelques minutes de plus avec mes enfants ou de vivre le mariage comme autre chose qu’une équipe qui gère en flux tendu les problèmes d’une vie complètement déphasée. Monsieur le président, le travail pour gagner plus, je m’en tape, j’aimerais dejà vivre, un peu… Mais peut-être ne suis-je qu’un cas particulier.

Ce week-end, j’ai fait un petit tour dans ma famille (milieu ouvrier – Peugeot dans la région de Montbéliard). Là-bas, on n’a pas attendu un discours élyséen pour savoir ce que travailler plus veut dire, et que ce soit en horaires décalés (3 huit ou tournées) ou le week-end, on sait ce que se lever tôt et travailler dur veut dire. Mais le sujet de discussion du moment, c’est la mise en parallèle du paiement des heures de RTT et des enquêtes de stress suite à l’épidémie de suicides dans les usines. Bien sûr que le besoin d’argent est là, mais à quoi bon si c’est pour se payer un plus joli cercueil ?!

Alors impossible de ne pas être abasourdi par ce strabisme qui focalise l’attention sur des slogans et ignore la réalité de la douleur de nos concitoyens, douleur qui s’exprime d’une façon incroyablement violente comme on me l’a raconté ce week-end avec l’histoire de ce sous-directeur de la grande distribution qui s’est tranché la gorge avec un cutter sur son lieu de travail. Suicide d’une incroyable violence qui mérite bien mieux que de la rhétorique.

Clara et la naissance du nouveau millénaire

Naitre est souvent une joie, tout le temps une aventure, parfois une révolution.

Comme je l’ai maintes fois défendu ici, le projet d’enfant, en plus de l’aventure humaine, est un des points fondamentaux qui justifie que la République légifère sur la famille, la protège, l’aide. Et grâce à CLARA, la République vient de faire une avancée majeure en matière juridique.

CLARA n’est pas une petite fille, mais une association qui a pour origine le désir de Sylvie et de Dominique d’avoir un enfant et de l’impossibilité de Sylvie de porter cet enfant. Dans leur cas, la solution était d’avoir recours à une mère porteuse (la GPA ou Gestation Pour Autrui), ce qui est illégal en France mais parfaitement légal et encadré dans d’autres pays. Après plusieurs tentatives, une mère de famille californienne accoucha des jumelles de Sylvie et Dominique le 25 octobre 2000. Les enfants furent reconnus par l’état de Californie.

Et c’est à ce moment que la loi française se retrouve en déphasage avec la réalité : la République ayant interdit la GPA se retrouva face à une réalité, un couple et ses jumelles, et une impossibilité légale : reconnaitre l’existence des enfants. Il s’en suivit une longue procédure judiciaire, des tracasseries de toutes ordres, dont certaines se sont terminées au poste de police.
Après 6 années de combat, par jurisprudence, la loi française reconnait de facto l’existence légale des deux jumelles et la GPA. Ceci constitue probablement la plus grande avancée juridique en matière de droit des familles depuis la reconnaissance de l’avortement et la loi Veil en 1975, à ceci prêt que la loi Veil soulageait ce qui reste une tragédie personnelle, alors que la décision reconnaissant la GPA légitime ce qui est une joie et un évènement structurant du couple.

Il existe bien des définitions personnelles du mariage (le patronyme, le patrimoine, le sacrement religieux, les gènes, l’amour, l’enfant, a contrario – l’union libre contre l’idée du mariage -, le plaisir, l’intellect, …).

Par contre, l’Etat se doit d’avoir une définition cohérente et un but précis en matière de mariage, ou d’union des êtres. L’Etat a intérêt à s’intéresser à cet aspect très privé, parce qu’il structure la société, il permet de fixer les citoyens sur un projet stable et de long terme, il oblige les individus à développer leur dimension sociale, il en fait des êtres plus responsables et altruistes, et surtout, il donne la clé de l’avenir de la société à travers un projet d’enfant, futur citoyen.

La République se doit d’aider tous ceux et celles qui entrent dans ce cadre, et la reconnaissance de la GPA est un pas essentiel qui remet nos lois en phase avec les possibilités technologiques de notre époque, le tout en accord avec le souhait réfléchi des individus. Si cette définition du mariage était adoptée, il permettrait également de dépassionner le débat sur l’évolution du mariage (dont le pacs n’est qu’un avatar) et l’homoparentalité.

Travailler plus pour payer plus !

Novembre 2007. Super, le grand slogan de la campagne vient d’être mis en application. Et comme je suis l’heureux papa de deux petites tornades, j’ai aussi le privilège de l’appliquer au salaire de la nounou.

Première étape, un petit mail de pajemploi nous informe qu’il n’y a rien à faire. C’est beau l’administration de ce nouveau millénaire. En regardant de plus près le “rien à faire”, cela se complique quelque peu. La défiscalisation des heures supplémentaires s’applique-t-elle aussi aux heures complémentaires qui, comme le contrat de la nounou l’indique, se différentient des heures supplémentaires (allez savoir pourquoi…). Ah, oui semble-t-il.

Etape deux, quel est le taux de la déduction à appliquer ? Tout, un peu, beaucoup. Certainement à la folie…

Etape trois, une fois le taux trouvé, à quelle partie de la feuille de paie cela s’applique-t-il ? Bon, un peu d’aide s’impose. Coup de fil à l’URSSAF qui donne un condensé des règles à appliquer. Une réponse. Coup de fil à Madame nounou chef des nounous du village qui ne sait pas comment départager le “rien à faire de pajemploi et le kekchose à faire de l’URSSAF. Deuxième réponse. Petite info demandée au syndicat des nounous alors. Troisième réponse. Heureusement, le web est là pour nous donner toutes les autres réponses aussi complémentaires que divergentes…

Or donc, partant du fait que l’on ne paiera plus les charges des heures supplémentaires, nous voici dans l’impossibilité de faire une feuille de paie qui donne un résultat qui soit juste à coup sûr. On sait rigoler en France quand on fait une loi. Et en plus, il y a un bonus amusant. Si on paie un salaire brut de 100 à la nounou, et que la déduction de charge implique de déduire du salaire brut 5 au lieu de 10 avant, je devrai faire un chèque de 95 au lieu de 90, donc si la nounou gagne bien 5 de plus grâce à cette mesure, cela m’en coute 5 de plus, que je suis censé récupérer sur la diminution des charges de l’employeur. Oui, sauf que dans le cas des emplois de proximité, les charges sont déjà déduites…

Conclusion : la diminution des charges patronales me coute plus chère que si ces charges n’avaient pas diminuées. J’ai dû mal comprendre ou rater une marche non ? Rassurez-moi, ils n’auraient pas fait une loi idiote quand même…

5 minutes pour activer ses neurones

Hier soir, l’opération très médiatique destinée à éteindre ses lumières pendant 5mn a connu un succès relatif (baisse constatée de 0,9%). Bien que défendant très régulièrement des positions écologiques, j’ai eu un peu de mal à m’enthousiasmer pour cette opération.

D’abord parce qu’éteindre sa lumière ou sa télé 5mn avant le 20h et pendant les pubs, cela a objectivement une utilité plus que limitée en matière d’économie d’énergie. Certes c’est symbolique, mais autant qu’accrocher un pin’s au revers de sa veste.

Un des buts était semble-t-il de sensibiliser le gouvernement. En pleine discussion depuis plusieurs semaines, on imagine mal que ce même gouvernement ne soit pas sensibilisé sur le sujet, et au regard de ce qui a été répercuté par les médias, j’ai plus l’impression que le but était de sensibiliser les Français sur le fait que l’Elysée et la mairie de Paris étaient écolos (Mussolini laissait allumé la lumière de son bureau pour faire croire qu’il travaillait, l’Elysée l’a éteint pour faire croire qu’il faisait quelque chose…).

Et puis, j’ai eu quelques doutes sur la motivation de l’appel des ONG pour cette opération. Quel était le fond idéologique ? Etait-ce un appel à changer notre modèle énergétique ? Non. Etait-ce un appel à la responsabilité individuelle ? Pas franchement. J’ai plutôt eu l’impression d’avoir un discours de malthusiens prônant un nébuleux retour à un passé supposé meilleur sur fond de diminution de croissance économique. Si c’est bien le cas, cette position est idiote, voire dangereuse pour notre société et la planète. Oui, notre modèle économique a un gros problème car il est énergivore et polluant. Mais non, la décroissance ne résoudrait pas le problème. Si on se donne l’image d’un PIB assimilable à une énergie transformant la société, le fait de diminuer l’énergie disponible permettrait (peut-être) de diminuer le problème, en aucun cas de le résoudre. La vraie solution est d’utiliser cette énergie pour transformer la société dans le bon sens, c’est à dire vers une organisation moins énergivore, avec de meilleures technologies, en diminuant la pression sur les écosystèmes. Mais nous partons de tellement loin que nous avons besoin d’une forte croissance pour avoir assez d’énergie de transformation disponible, pas le contraire !

En tout cas, hier soir, si j’ai éteint ma télé pendant quelques minutes, c’était pour remplacer ma rallonge électrique par une autre disposant d’un interrupteur, ce qui me permet désormais de ne plus avoir mon lecteur de DVD et ma freeboxTV en veille permanente. Investissement de 4 euros avec un niveau limité de pollution pour produire la rallonge et un retour sur investissement qui ne souffrira d’aucune contestation. La bonne énergie, c’est d’abord celle de nos neurones.

Un nobel qui dérange

Octobre 2007. Le destin est décidément très facétieux en ce moment.

Il y a quelques semaines, je parlais de l’élection de DSK au FMI en relevant l’extraordinaire déphasage entre un DSK snobé par son camp au profit d’une candidature certes bien markettée mais au final totalement non crédible, puis plébiscité par les décideurs de ce monde. Aujourd’hui, par un prix Nobel de la paix décerné à Al Gore et aux membres du GIEC, nous assistons finalement à une retentissante rebelote dans cette partie de carte décidément peu rationnelle. Al Gore, c’est, comme il se présente lui-même, cet ex-futur président des Etats Unis qui s’est fait évincer de la présidence après un décompte de voix pour le moins “pittoresque”. Evincé par un personnage qui lui-aussi était fort bien marketté et lui aussi totalement vide, si ce n’est de fureur, de larmes et de sang inutilement versé.

Al Gore prix nobel

Ces retournements de situation personnelle augurent-ils d’un espoir de retournemet général de situation ? Pas si évident si l’on en juge aux réactions qui ont suivi l’annonce du Nobel. On a vu fleurir un tas d’articles expliquant l’imposture, avançant le doute, postulant l’existence d’une autre vérité qui forcément est ailleurs.

Mais quelqu’un a-t-il démonté l’élément majeur qui est le cœur du combat de Gore, à savoir le lien direct et causal entre le taux de CO2 dans l’atmosphère et la courbe de températures ? Non, absolument aucun article scientifique ne réfute ce lien. Par contre ces commentaires ne se privent pas d’utiliser des déclarations frisant parfois le grotesque pour instiller le doute. Un juge anglais n’a-t-il pas décidé qu’en l’absence d’un nombre suffisant de cadavres d’ours polaires, on ne pouvait conclure à un impact du réchauffement sur ceux-ci (ah si les ours avaient la bonne idée de mourir noyé sur la terre ferme !). Et si les neiges éternelles du Kilimandjaro ont fondu, c’est assurément à cause d’un phénomène extérieur au réchauffement climatique (sans doute les ours polaires qui sont venus faire du camping…). Et puis, chacun sait bien qu’il s’agit d’un phénomène cyclique (même si le taux de CO2 actuel n’a aucun équivalent dans aucun cycle connu).

Pourquoi tant d’aveuglement, de déni ? Parce que la psychologie humaine est fondamentalement réticente au changement, voire terrorisée par un changement radical. Alors oui, notre société est au bout du rouleau et il nous faudra forcément choisir celui ou celle qui demain aura les capacités et le courage de la changer en profondeur, et oui, notre climat est en passe de subir un changement radical et il nous faudra forcément choisir celui ou celle qui demain aura les capacités et le courage d’affronter un changement aussi extraordinaire que périlleux.

Le sens de l’ADN

Les débats actuels sur l’utilisation de test ADN par l’état à des fins de contrôle des familles mériterait mieux qu’une foire d’empoigne sur fond de manipulation plus ou moins démagogique. Effectivement, les technologies développées autour de l’ADN posent de réels problèmes éthiques et juridiques à notre société. Hélas, accoler cette problématique avec celle de l’immigration et finir de troubler le jeu par une dérive orwellienne de l’état est un excellent moyen de noyer la vraie réflexion dans le flots des petites crispations et des grands renoncements aux principes moraux.

ADN inversee

Il y a plus d’un an, j’ai posté ici une série d’articles sur “qu’est-ce qu’un enfant ?”. Au regard de l’actualité, ces réflexions me semblent toujours aussi nécessaires. Les questions clairement posées par l’actualité (et détachées des autres considérations) sont les suivantes :

  • L’ADN définit-il la filiation familiale, et si oui, jusqu’à quel niveau (l’état reconnaît-il les enfants de famille recomposée au même titre que les enfants d’un même lit) ?
  • Une fausse filiation détectée par analyse ADN entraîne-t-elle des conséquences civiles ou pénales ? Pour l’état (c’est le cas évoqué ici) ? Pour le conjoint ou les enfants en quête d’identité (ce sont les cas évoqués dans mon 1er post) ?
  • Qui a le droit d’accéder à l’analyse ADN ? Le père, la fratrie, la famille au-delà du foyer, les héritiers, voire dans certains cas les actionnaires d’une société faisant valoir un droit à l’information sur l’héritier d’une dynastie industrielle, les citoyens exigeant la vérité sur leurs élus, le voisinage soucieux de la moralité du quartier…
  • Est-il possible d’empêcher le recours à un test très facile à faire, peu coûteux, discret, faisable n’importe où sur la planète ?

On le voit, en quelques questions, on passe d’une loi nauséabonde à un casse-tête moral et juridique. Or nous n’échapperons pas à ce casse-tête, ni pas la lâcheté, ni par l’aveuglement. Il est fondamental d’y apporter une réponse rationnelle, morale et politiquement volontaire.

FMI

Septembre 2007. Etranges aléas de la vie : après avoir été rejeté pas les siens, Dominique Strauss-Kahn est nommé président du FMI et tout d’un coup le monde médiatique n’a pas de mots assez élogieux pour vanter les mérites de celui qui, un an auparavant, était présenté comme un archaïque éléphant défendant une idéologie désuète, l’incarnation du passé.

Dominique Strauss-Kahn

Il est vrai qu’aujourd’hui la voie du “renouveau”, le bouleversement des “lignes”, l’approche différente de la politique ont fait long feu par un fiasco consommé à gauche et un fiasco qui nous consume au gouvernement. Je crois que nous sommes un peuple aussi orgueilleux que masochiste. Nous aimons tellement les gens brillants que nous nous donnons beaucoup de mal pour les rejeter, voire les humilier avant de nous confondre en admiration et regrets une fois que d’autres ont profité de l’aubaine en récupérant nos talents, nos idées, nos énergies.

En tout cas, je suis heureux d’avoir porté et défendu les idées d’un tel homme il y a un an, et je continuerai, autant que faire se peut, à lutter contre la fascination du suicide français et la pussillanimité, à porter et développer cette pensée. Après les 365 jours contre le renoncement, je veux qu’il ait cinq ans pour la refondation et la naissance d’un nouvel espoir politique, d’une nouvelle société. C’est je crois le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Dominique Strauss-Kahn.