A mes amis sociaux-démocrates : cette fois il faut choisir

Pour la première fois depuis 4 mois, Dominique Strauss-Kahn a pu s’exprimer publiquement sur les accusations qui ont été portées contre lui. Il a donné des réponses étayées par le rapport du procureur de New-York, mais a surtout tiré les conséquences de cette situation, reconnaissant sans faux fuyant sa responsabilité morale, aussi bien vis-à-vis de ses proches que vis-à-vis des Français.

L’attitude de DSK était digne, empreinte à l’évidence d’un profond sentiment de douleur et de regret, les mots étaient précis. Précise également l’officialisation de sa décision de ne pas intervenir dans la campagne des primaires, décision que beaucoup de militants sociaux-démocrates avaient entérinée mais que certains hésitaient encore à accepter. L’heure n’est donc plus à l’attente ou à l’espoir d’une candidature qui n’est plus à l’ordre du jour. La deuxième partie de l’émission d’hier soir consacrée à l’économie montre combien le jugement de DSK est irremplaçable et quelle perte cela représente pour cette élection, mais il en est ainsi, Dominique Strauss-Kahn n’est plus dans la course à l’élection  présidentielle de 2012.

Si Dominique n’est plus en course, les idées qu’il porte ne doivent pas pour autant se retrouver sans voix et sans militants. Le courant socdem est puissant, l’espoir qu’il porte est largement soutenu par les Français en attente d’un renouveau. Il appartient donc à chacun et chacune d’entre nous de dépasser ces difficultés pour s’engager pleinement dans la campagne des primaires. J’ai pour ma part déjà choisi de rejoindre mes camarades de B2G pour François Hollande, mais je comprends tout à fait que certains hésitent et puissent faire un autre choix, portés par des motivations ou une réflexion qui ne regardent qu’eux. Quoi qu’il en soit, il nous faut choisir et quel que soit soit votre choix, nous nous retrouverons après la primaire dans la bataille pour la victoire de nos idées, pour apporter l’espoir et le renouveau à nos concitoyens.

J’étais samedi dernier au meeting de présentation des candidatures des 6 candidats du PS à Guipavas. Exercice intéressant et instructif.

À l’évidence, il sera plus que difficile pour les sociaux-démocrates de choisir A. Montebourg qui malgré l’éloquence de Gilbert Le Bris, soutient  l’orientation d’une démondialisation, terme aussi accrocheur que « mal choisi » (dixit G.L.B.). A vrai dire il était même coquasse de défendre un tel concept lorsque l’écran derrière les orateurs fournissait involontairement le parfait exemple de l’incohérence de ce concept. Essayez de « démondialiser » l’ordinateur et les services qui vous servent à lire ce post…

Axel Kahn défendant la candidature de M. Aubry a été intellectuellement brillant (qui aurait pu prétendre le contraire), Martine aurait pu largement bénéficier du pacte de Marrakech et de l’amitié réaffirmée de DSK, il n’en reste pas moins qu’elle s’est montrée un bien piètre manager vis-à-vis des militants sociaux-démocrates, manquant à plusieurs reprises les rendez-vous qu’elle aurait pu prendre avec nous. Par ailleurs, elle devra composer avec des courants qui d’Hamon/Emmanuelli à Cambadélis en passant par Fabius ont quand même des marques de fabrique très différentes. Pour ces raisons, MA n’a pas été mon choix mais je comprends ceux qui hésitent.

A Guipavas, l’intervention pour JM Baylet a été intéressante sur le fond, très européenne, mais je l’ai reçue plus comme une candidature de témoignage qu’autre chose.

Je ne pourrai pas dire grand chose de la candidature d’E. Valls car son représentant à cette réunion a raté son avion. J’y verrai le symbole d’une candidature affaiblie par son manque de représentativité locale, un discours que l’on aurait aimé entendre, et que l’on écoutera avec attention la prochaine fois.

Le représentant de S. Royal a été peut-être le plus décalé, jouant souvent sur l’empathie, pas forcément clair et trop politiquement convenu. SR n’a à l’évidence pas su se renouveler depuis 2007.

Restait donc Bernard Poignant pour François Hollande, qui a su prolonger le message d’un candidat qui apparaît comme le plus présidentiable de tous. Très peu de choses sur le programme lui-même ont été dites (tous défendent le programme du PS d’ailleurs), l’accent ayant été mis sur ses qualités d’homme d’État. Le discours ne serait pas original si les autres candidats avaient fait de même. Mais une césure est clairement apparue entre la candidature de François Hollande et celle des autres, ses challengers. Cela reflète l’opinion actuelle des Français, tous semblent l’avoir acté.

Voilà le résumé d’une sacrée semaine, avec un débat national, une rencontre régionale en ce qui me concerne, et la clôture faite par DSK. Le débat est dense, et les socialistes malgré les difficultés, ont donné une excellente image d’eux-même. Nous avons accepté les débats contradictoires et pour l’heure, nous prouvons aux Français notre valeur. J’appelle donc les derniers indécis des rangs socdem à entrer eux-aussi dans la bataille des primaires, et quel que soit leur choix, de défendre haut et fort nos idées à travers le ou la candidate qui représente à leur yeux le mieux ces idées. Je ne sais pas s’ils feront le même choix que moi avec François Hollande, mais peu importe, je suis certain que mi-octobre nous serons côte-à-côte pour répondre aux attentes des Français : virer l’ump et Nicolas Sarkozy, remettre le pays sur ses pieds et lui rendre son honneur et sa fierté.

Débat des primaires socialistes : éclairage sur le nucléaire

Le débat d’hier soir a traité la question du nucléaire de façon un peu plus saillante que le reste. Comme c’est une question qu’à titre personnel j’ai travaillé avec mes camarades sociaux-démocrates depuis plusieurs années, je donne ici quelques éléments de réflexion et de choix.

Sortir du nucléaire ? par LCP

Tout d’abord, il faut constater que le corpus idéologique du PS a fondamentalement évolué sur la question écologique, que ce n’est plus un sujet subalterne et aussi que notre vision des choses n’est pas celle des écologistes. Nous avons une approche propre, qui ne conçoit pas la nature d’un point de vue « romantique ». D’ailleurs, le terme même de « nature » est à mon sens inapproprié pour le débat politique.

Par rapport à ce problème, nous devons considérer d’un côté les écosystèmes et de l’autre la société des hommes. Ces deux éléments s’imbriquent, la société des hommes ne peut avoir d’avenir dans des écosystèmes dégradés, mais dans tous les cas, nous plaçons l’homme au cœur de notre idéologie, de nos réflexions, de nos décisions. Nous voulons engager la France dans une démarche de développement durable, ce terme impliquant à la fois une prise en compte des écosystèmes et des paramètres économiques, sociaux et sociétaux de nos sociétés.

A contrario, les écologistes prônant la décroissance mettent d’abord en avant la « nature » puis engage la société dans un processus malthusien. C’est très différent de notre approche puisque nous acceptons d’agir sur les écosystèmes, de les modifier, du moment que ces actions préservent l’avenir à la fois de ces écosystèmes et des sociétés humaines. Nous travaillons pour le bonheur d’hommes et de femmes libres, émancipés, maîtres de leur destin.

C’est à partir de cet éclairage qu’il faut comprendre notre orientation nucléaire. François Hollande fixe un cap de sortie du nucléaire car cette technologie pose des problèmes de sécurité et a potentiellement un impact très fort sur nos écosystèmes (ceux qui ont oublié Tchernobyl ont eu la mémoire rafraîchie avec Fukushima). Cependant, cette sortie du nucléaire doit être faite en gardant à l’esprit l’intérêt des citoyens qui est de façon immédiate d’avoir de l’énergie, puis de diminuer l’empreinte carbone de nos sociétés, puis de passer à des énergies plus satisfaisantes pour les écosystèmes. Ces différents aspects pouvant d’ailleurs être traités de façon complémentaire. Par ailleurs, nous sommes sociaux-démocrates et la négociation est notre outil de travail. Nous fixons donc un cap, nous mettons sur la table les besoins (le besoin énergétique augmente, le parc de production vieillit, certaines énergies deviennent obsolètes, certaines technologies changent la donne), et à chaque étape nous voulons engager une discussion, ferme mais ouverte, pour trouver la meilleure solution. Certains ont une vision plus dirigiste et étatiste, les sociaux-démocrates privilégient des choix plus concertés et consensuels.

Flamanville est un excellent exemple. Une nouvelle technologie arrive. Que vaut-elle ? C’est une technologie nucléaire et nous voulons en sortir : si on ajoute une centrale alors pour progresser sur la voie de sortie du nucléarie, il faut en fermer au moins deux (Fessenheim et Chinon sont de bons candidats pour cela). Est-ce que cela a un sens ? Comme on ne comblera pas le déficit de production d’énergie, par quoi complète-t-on ? Des éoliennes ? Des hydroliennes ? Du solaire ? Des économies d’énergie ? De l’intelligence dans la consommation ? Le débat est ouvert, menons-le sereinement et reprenons-le à chaque étape.

La voie est claire : on veut sortir d’une filière dangereuse et impactant trop les écosystèmes. Les outils sont clairs : on affiche les buts, les contraintes, et on négocie les choix en cherchant le consensus, ce qui n’empêche pas d’être ferme sur la nécessité d’atteindre les buts. A chacun de voir s’il est d’accord ou pas avec cette approche, c’est la notre, et François Hollande l’incarne très bien dans cette primaire.


Textes de réflexion :

 

François Hollande tend la main à DSK et au-delà, à ceux qui portent ses idées

« Sa compétence en matière de finances, en matière internationale, est plutôt recherchée et reconnue (…) Dans la situation que l’on connaît, il fait partie des voix que l’on veut entendre »

Cette déclaration de FH lors du grand jury RTL (04/09) est à la fois sobre, raisonnable et marque une réelle volonté d’ouverture en direction de Dominique et des militants socdems qui l’ont soutenu et le soutiennent toujours. La politique est rarement simple, ici au moins elle est claire.

Après le temps de la réflexion, l’heure du choix

En juin, au moment de la déclaration des différentes candidatures aux primaires socialistes, j’avais souhaité, en accord de pensée avec beaucoup de mes camarades sociaux-démocrates, prendre le temps de la réflexion, à la fois pour laisser l’affaire DSK aller à son terme judiciaire, et également pour que Martine Aubry et François Hollande aient le temps de clarifier leur ligne politique et leur position spécifique vis-à-vis de nous.

Le temps a donc passé, la justice a pu clairement établir le niveau de véracité de l’affaire New-Yorkaise, Martine et François ont pu plus largement s’exprimer.

Attendre plus longtemps ne me paraît pas souhaitable :

  • parce que cela laisserait le débat des primaires se dérouler sans une bonne partie des e-militants socdem,
  • parce que cela laisserait penser que finalement nous ne sommes pas si rationnels que cela et que dans des situations complexes nous restons « coincés » par nos sentiments, incapables de prendre une décision claire parce qu’elle n’irait pas dans le sens de nos émotions,
  • parce que cette attente serait trop focalisée sur une personne ce qui permettrait à certains de nous traiter de fans et non de militants au service de tous,
  • parce que cela n’empêcherait pas chacun et chacune d’aller petit à petit dans un sens ou dans un autre, mais à contre cœur et un peu honteusement.

Mon attachement aux idées sociale-démocrates modernes largement alimentées par la pensée de Dominique, mises en lumière par ses résultats aussi bien au gouvernement qu’au FMI, restent une référence. Mais aujourd’hui j’ai le sentiment de devoir choisir, et de dire avec force et fierté que je suis un socdem, que j’ai toujours défendu loyalement une candidature de Dominique, que je l’ai fait parfois dans des conditions plus que difficiles et à contre-courant de « l’opinion », mais voilà, je suis aussi un militant qui doit et qui sait prendre ses responsabilités, alors je le fais, et je le fais avec force et conviction.

Je rejoints donc les militants qui soutiendront François Hollande dans cette campagne des primaires. Je lui apporte mes convictions, mon énergie, mon espoir des réformes radicales, ma capacité à me battre et à pourfendre les mensonges et les manipulations, celle aussi d’imaginer un avenir meilleur et les outils qui y mènent. Je vous invite à faire de même et quoi qu’il arrive, je vous donne rendez-vous juste après les primaires pour construire ensemble le chemin vers la victoire finale de la gauche et de tous les Français.