Conférence TED : droite et gauche en politique

À ceux que la très Shakespearienne angoisse « être ou ne pas être (de gauche) » taraude, j’offre cette conférence TED qui traite des racines morales de ce vertige.

Conférence TED

France éternelle

marianne en dangerJe relaie ici la pétition du constitutionnaliste Olivier Duhamel et de Carmen Castillo, Géraldine Muhlmann, Evelyne Pisier et Michel Ricard à propos de la proposition inepte de créer légalement des catégories de Français en violation directe de la déclaration des droits de l’homme autant que de notre histoire et de nos idéaux pluri-centenaires.

Pour lire et signer la pétition, c’est ici : “Nous sommes tous Français

Notre pays mérite d’être défendu contre les fossoyeurs !

Article 15 de la déclaration universelle des droits de l’homme :

1. Tout individu a droit à une nationalité.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.

Refondations : PS, Socialisme et Social-Démocratie – I) Les Défis externes / génération- dématérialisation – dernière partie

Défi Générationnel

Le défi générationnel est à la fois celui qui nous préoccupe le plus facilement à travers la problématique des retraites et celui que nous avons le plus de mal à appréhender.

Quel est au fond le problème : notre société a été, pour sa plus grande partie, définie structurellement après-guerre, et même si la société de cette époque n’a plus grand-chose à voir avec celle d’aujourd’hui, des choix ont été faits et s’appliquent toujours alors que les fondamentaux structurant la société ont changé.

Ces choix se basaient entre autres sur un modèle de séparation des rôles hommes / femmes (modèle très largement remis en cause depuis pour tendre autant que se faire se peut sur une équivalence au sein de la société), sur une économie de reconstruction, sur un espoir puissant de bâtir un monde meilleur après avoir connu le pire, sur une place claire des générations au sein de cette société et sur une certaine vision de la solidarité inter-générationnelle. Nous avions une vision d’un l’État protecteur et planificateur (finalement à la fois largement hérité de la pensée du XIXème siècle et de la conduite de la guerre) : ne trouve-t-on pas là une des racines profonde de l’État providence, celui qui doit nous sauver des désastres (la guerre), planifier l’avenir (la reconstruction) et nous aider à tout au long de notre vie (sécurité sociale, retraite, …) ?

Pyramide des ages

À ces éléments sociétaux s’ajoutait un élément majeur bien que silencieux : la démographie. Si l’on découpe la pyramide des âges en trois groupes liés au travail, celle des « jeunes citoyens », celles des citoyens productifs et celles des citoyens seniors, on peut tout de suite comprendre visuellement les problèmes de financement (a priori ce sont les citoyens productifs qui finance le plus l’économie de l’ensemble), mais au-delà se douter que les équilibres comportementaux sont forts différents. En caricaturant un peu :
les « jeunes citoyens » représentent un groupe qui conteste la société pour y faire sa place
les citoyens actifs sont ceux qui construisent la société
enfin, les citoyens seniors font classiquement partie des éléments conservateurs, plus spectateurs qu’acteurs

La césure entre groupes est nette, elle est marquée par le premier contrat de travail et le premier versement de la retraite.

En 1945, la société était poussée fortement au changement, à la fois par la nécessité de reconstruire mais aussi par la tendance naturelle de sa démographie.

Pyramide des ages

Puis lorsque la classe des baby-boomers (qui va en gros de 1949 à 1970) est arrivée à l’état de citoyens productifs, elle n’a eu qu’à se pré-occuper marginalement des seniors et ayant fait peu d’enfants, n’a que peu été contestée par les « jeunes citoyens ».
Le chômage a longtemps été son « seul vrai soucis ».
La pyramide des âges se changeant en « cylindre avec un petit couvercle » et plus une pyramide, nous devrions logiquement passer à une autre ère démographique, un autre rapport entre les âges, un autre rapport avec l’organisation de production des richesses (d’où le défi générationnel), à ceci près que la génération des seniors, a priori conservatrice, a toujours un poids démographique très important et possède une bonne partie de la richesse sous forme patrimoniale. Il faut donc s’attendre à ce que le poids des populations naturellement conservatrices s’oppose au changement normalement mené par les classes actives sous l’impulsion des classes « juniors », et ceci au moment où la société affronte des défis majeurs.

Qui plus est, les circuits naturels de la solidarité financière inter-générationnelle sont complètement désorganisés : les classes productives ayant du mal à assurer à elles seules le financement des trois groupes (rôle qui leur était historiquement assigné), le groupe le plus âgé est sollicité pour aider les deux autres, ce qui accroît encore son poids et renforce le besoin de conservatisme et l’économie de rente néfaste à l’évolution positive de la société.

Le «cylindre démographique » de 2010 est psychologiquement et financièrement déséquilibré au regard du modèle de 1945 : c’est le découpage même de la société en trois groupe définis par rapport à la production de richesse (le travail) qui est à remettre en cause !

Nous sommes donc en face d’un formidable défi générationnel : comment remettre les responsabilités et les circuits économiques dans le bon sens, comment redéfinir les rôles ?

La dématérialisation ou l’émergence d’une nouvelle idée de la propriété

Le dernier défi est plus pour l’instant une intuition qu’une certitude, il est d’origine technologique. Le point de départ de cette partie de la réflexion vient de trois remarques.

La première, totalement économique, est de constater que la nature de beaucoup de produits vendus est en train de changer. En effet, à force de progrès et de baisses de coût de production, certains produits ne sont plus vendus pour eux-même, mais donnés (ou peu s’en faut) et liés à un paiement d’usage d’un ou plusieurs services associés. Le produit physique ne vaut plus rien (ou presque), ce qui est vraiment vendu c’est le service que peut rendre ce produit.

Deuxième remarque liée à la dématérialisation des systèmes d’information (l’informatique) des entreprises. Là aussi, nous sommes en train d’assister à une rupture majeure qui consiste à passer de la possession de logiciels et de machines utilisés pour produire les services informatiques nécessaires à l’entreprise, au paiement de l’usage de ces services produits par des tiers. Or en faisant cela et en prolongeant l’idée jusqu’au bout, l’entreprise de demain pourrait ne plus être réduite qu’à une ou deux fonctions stratégiques (le cœur de métier), le reste n’étant que la meilleure agrégation possible des services du marché. Je suspecte même que dans certains cas, il ne pourrait rester aucune fonction détenue en propre. Or ceci a une autre conséquence immédiate : le besoin en capitaux est drastiquement diminué puisque les besoins d’investissement sont réduits à pas grand-chose et qu’il ne reste que des dépenses de fonctionnement, qui plus est en grande partie proportionnelles à l’activité. La performance du capitalisme aboutirait à ne plus avoir besoin de capitaux, Marx va être content….

Dernière remarque, fort différente dans son origine des deux premières. Si l’on admet que nos problèmes écologiques sont issus d’un conflit entre nos sociétés et les écosystèmes dans lesquels nous vivons, on en vient à admettre que nous n’avons pas une liberté absolue dans l’utilisation des ressources de ces écosystèmes. Or jusqu’ici, il suffisait d’avoir un titre de propriété pour faire à peu près ce que l’on voulait de son bout d’écosystème, la seule limite étant de ne pas léser les propriétaires voisins.
Or ne plus avoir « une liberté absolue » se traduit en fait par une sorte de démembrement de la propriété : nous avons le droit d’usufruit, mais plus un droit complet de nu-propriété. Ici aussi, le « matériel » nous échappe, seul l’usufruit reste.

Pyramide des ages

Il en découle accessoirement une conséquence assez déroutante : il n’est de propriété vraie et entière que la propriété intellectuelle, le reste n’étant que propriété d’usufruit. Le côté déroutant découle du fait que l’œuvre originale est difficile à protéger et largement pillée et que parallèlement sa vraie valeur se mesure à son partage : pourtant la valeur de l’œuvre de Proudhon reste bien liée à son auteur pas à ceux qui l’ont exploitée ensuite.

Tout cela serait bien beau si nous n’étions profondément, viscéralement formaté pour posséder les choses. Posséder nous rassure, posséder fait partie de la base de notre construction personnelle. Nous avons d’un côté une rupture technologique et philosophique qui semble pousser à la dématérialisation et de l’autre un référentiel mental profondément ancré dans des racines séculaires qui nous poussent à posséder le matériel.

Si tout ceci venait à se confirmer, nous serions devant un défi incroyablement déstabilisant.

Un dessein pour la République, l’Union Européenne, L’humanité

Climat, énergie, déséquilibre démographique et dématérialisation, quatre défis plus que complexes, quatre raisons majeures de nous mobiliser.

Mais n’en doutons pas, il faut des défis de cet ordre pour que nous ayons une chance de refonder le parti socialiste, propager cette refondation à notre pays et au-delà de la France. Les pressions extérieures qui nous forcent à évoluer sont bien là et à l’exception de la démographie qui ne s’exprime pas de la même façon partout, ces défis s’imposent à toute l’humanité.

Il y a naturellement quelque chose d’assez prétentieux, naïf ou incongru (chacun choisira son qualificatif) à vouloir tutoyer l’universalité, mais ni plus ni moins que de vouloir refonder un parti dont la pensée est plus que centenaire.

Et pourtant, avons-le choix, avons-nous une autre alternative que celle de nous dresser devant les cataclysmes, de ne pas croire à la fatalité, de lutter contre le renoncement, de lutter pour l’espoir les mains armés d’outils forgés par une idéologie forte, les yeux rivés vers l’horizon de l’utopie du monde que nous voulons construire ?

Voilà donc pour les défis.

Retrouver le texte complet ici.

Refondations : PS, Socialisme et Social-Démocratie – I) Les Défis externes / écologie – énergie – 3eme partie

Défis externes

En 2006, j’avais identifié trois défis majeurs que devaient affronter notre société. Quatre ans plus tard, mon analyse de l’époque me semble toujours valide et a été confirmée sur plusieurs points, mais je crois qu’un quatrième défi a vu le jour.

La présentation de ces défis se veut en opposition aussi bien à un conservatisme aveugle aux changements du siècle, qu’aux thèses plus ou moins apocalyptiques qui fleurissent çà et là comme autant de preuves d’un renoncement dépressif. Les socialistes ont hérité d’une culture à la fois rationnelle et volontaire et c’est armés de cette culture que nous devons faire face aux défis en utilisant notre raison et nos capacités pour les transformer en opportunités et ne pas les subir comme des menaces.

Défis écologiques, menace climatique

Le PS a sensiblement évolué sur la question écologique et commence à être en mesure d’aborder le problème d’une façon cohérente par rapport à nos idéaux et différente de l’approche d’Europe Écologique. Nous avons « découvert » que nos sociétés n’évoluaient plus dans un monde sans limite mais il me semble que nous ne tomberons pas non plus dans le piège de la « dictature » de la nature. Notre corpus idéologique place l’homme et la société au centre de notre action, alors oui nos sociétés découvrent les limites imposées par les écosystèmes, mais le défi idéologique de l’écologie qui se pose à nous est bien de définir notre approche des rapports entre écosystèmes et sociétés sans abdiquer notre volonté d’émancipation des hommes, de progrès social, de recherche du bonheur et de liberté.

Xynthia 2010

En collaborations avec d’autres militants, nous avions produit en 2007 une contribution « Place de l’écologie au sein la social-démocratie » (http://wordpress.bloggy-bag.fr/2007/07/01/la-question-ecologique/) dont le paragraphe « les idées fausses » était illustré par une photo du cyclone Katrina qui ravagea la Nouvelle-Orleans.
Aujourd’hui, la même contribution serait illustrée par une photo de Xynthia de 2010, à moins que ce ne soit Klaus de 2009.
Mais pour Xynthia, nous percevons de façon soudainement plus tangible la vraie nature du défi : au-delà des destructions immédiates, une part de notre urbanisme est totalement à reconstruire car il entre dans un conflit trop violent avec les conséquences du changement climatique sur nos écosystèmes. Or la maison n’est pas un bien ordinaire : il est le lieu de notre protection, de la protection de la famille, il est en grande partie identitaire ; le déplacement des populations des zones à trop grand risque est un problème qui dépasse très largement le seul problème de la valeur de la maison et de l’indemnisation.

Pour la première fois, nous prenons conscience de façon sensible et douloureuse de la vraie nature du défi que représente la menace climatique : c’est une menace pour nos familles, dans notre quotidien, ce n’est plus une abstraction ou une querelle autour des courbes de CO2 ou de température.
Les défis écologiques et climatiques sont donc d’abord des défis sociaux, qui menacent notre identité, voire notre société toute entière si nous ne sommes pas capables de les anticiper et de commencer à les résoudre par anticipation. L’écologie dans son ensemble est d’abord un défi lancé à nos sociétés qui doivent rester le coeur de notre réflexion et de nos actions. Nous trouvons ici le germe profond de la différence avec les partis écologiques traditionnels.
Les défis écologiques et climatiques sont potentiellement mortels pour notre société. À nous d’y repondre.

Menace énergétique

Prix petrole

En 2006 je m’étais interrogé sur l’évolution de notre modèle énergétique et je m’interrogeais sur la dé-corrélation entre production et consommation de produits pétroliers, sur l’impact des nouvelles technologies sur l’évolution de la consommation. J’avais fini par conclure qu’au-delà des éléments spéculatifs, nous étions potentiellement sur un marché qui allait mourir, non pas par faute de production mais par changement structurel de la consommation. Il devait en résulter une forte oscillation des prix et dans le pire des cas, l’explosion du marché par défaut de visibilité sur l’adéquation offre / demande.

Difficile d’être certain d’avoir eu raison, mais les variations extrêmes des cours du brut, le pic de 2008 à 244$ suivi d’une plongée à 34$, les fermetures programmées des raffineries, la restructuration en cours des réseaux de stations essence, les faillites de GM et Crysler, l’arrivée à grande vitesse des motorisations hybrides, la promesse d’agrocarburants de nouvelle génération et bien d’autres choses encore vont toujours dans ce sens.

Changer notre modèle énergétique sera sans doute une bonne chose pour la planète, mais là encore, cela ne peut pas se faire au dernier moment, sans préparation, ou alors il faut s’attendre à revivre avec nos raffineries, nos stations services, nos garagistes et bien d’autres secteurs économiques une nouvelle version de la crise de la sidérurgie et du charbonnage, de nouveaux Boussac, d’autres LIP.

En matière d’énergie, le remplaçant du pétrole est sans doute déjà là, mais difficile de dire quelle sera la bonne source et quel sera le bon modèle de production, de distribution et de consommation.
Le défi énergétique est d’abord un défi économique dont les conséquences sociales doivent être anticipées.
Des trois défis de 2006, celui-ci est sans doute qui a le plus avancé en quatre ans même si le chemin est encore long.

(à suivre)

Eau amère

Qu’il est compliqué d’agir pour empêcher que le risque ne se réalise. Les conséquences de la tempête nous le rappelle douloureusement.

Depuis que je tiens mon blog, j’ai à de nombreuses reprises relayé des travaux sur les conséquences du changement climatique (Quatrième rapport du GIEC sur le changement climatique, Un Nobel qui dérange, La fonte des illusions), j’ai essayé de voir à travers les événements inhabituels les signes de la réalité de ce changement (6 octobre 2009 : le début d’une ère inconnue), et j’ai à ma façon et avec mes moyens, essayé de réfléchir à ce qu’il était possible de faire (Les villages sont arrivés !). Il ne fallait pas vraiment être devin d’ailleurs pour écrire ma crainte de “changements climatiques avérés voire une rupture climatique possible qui auront pour conséquence […] le déplacement de populations habitant en zones devenues non habitables (extension du marais camarguais, zones côtières inondées ou devenues trop dangereuses, …)”

Bien sûr, je n’espérais pas, moi petit militant du bout du monde, arriver à faire la décision, mais au moins poser ma pierre au côté de tous ceux qui savent que les dégâts de Xynthia ne resteront pas un épiphénomène, une conséquence de la faute à pas de chance. Dès l’instant où l’on avait compris que le climat était en train de se réchauffer (au moins pour les proches années à venir), il était évident que ce genre de drame allait se produire, comme il est évident qu’il se reproduira.

Il est alors de bon ton de se poser la question “à qui la faute” et notre président, jamais à un paradoxe près, nous y a rapidement invité. Certes, et comme il justifie chaque jour son surnom de Nico la poisse, on pourrait se contenter, comme l’a fait le nouvel obs, de ressortir quelques-unes de ses déclarations passées, déclarations qui ne pouvaient que lui revenir tôt ou tard en pleine figure comme les idioties qu’elles sont. Bien sûr qu’il était idiot de remettre en cause la loi littoral pour pouvoir bâtir plus facilement (”[la loi littoral doit] être mise à jour sans pour autant que l’économie générale du dispositif soit bouleversée. Je crois qu’il faut à la fois la renforcer pour mieux lutter contre les cas de détournement qui ont été constatés, et l’assouplir pour ne pas entraver le développement normal des communes, tout en conservant l’objectif général de protection de l’environnement”. Ajouté à ses déclarations sur la politique urbaine du grand Paris où il appelait à un assouplissement de la loi pour pouvoir construire en zone inondable, cela ressemblerait presque au gag d’un comique se tirant par maladresse des balles dans le pied si nous avions le cœur à rire. Alors bien sûr le changement de contexte peut excuser quelque peu l’insoutenable légèreté de cet être, mais l’idiotie de ces paroles n’arrivera pas à nous faire oublier qu’en matière d’urbanisme, comme du reste d’ailleurs, cet homme ne comprend décidément rien à rien (au passage et toujours sur le thème de l’urbanisme, souvenons-nous que si la France a échappé à sa propre bulle de subprime, c’est simplement parce que notre chef de chantier national n’a pas eu le temps de mettre en œuvre sa politique de la “France de propriétaires” qui consistait, comme aux États-Unis, à solvabiliser artificiellement des gens qui ne pouvaient pas l’être). Plus que des paroles plus ou moins maladroites en fonction du contexte, c’est bien le fond de la politique sarkozyste en matière d’urbanisme qui est le problème : pour lui, c’est d’abord de l’économie, pour nous c’est avant tout notre cadre de vie quotidien. Vu sous cet angle, certaines priorités changent…

Maintenant, au-delà du problème posé par cet homme, saurons-nous prendre notre courage à deux mains pour affronter la réalité ou faudra-t-il d’autres tempêtes, d’autres tornades, un évènement Cévennol majeur, pour commencer à revoir notre urbanisme, quitte à accepter détruire volontairement certaines de nos habitations ? Bien sûr que l’idée d’avoir à raser sa maison ou son appartement en prévision de catastrophes à venir est un acte assez terrible, immensément difficile, mais c’est sans doute le prix à payer pour épargner des vies. On n’arrête pas l’eau, quelle que soit la hauteur ou la solidité des infrastructures. L’homme qui est arrogant face à la nature doit s’apprêter à en payer le prix. Mais il est également vrai, que ce genre de décision ne doit pas être prise individuellement, mais collectivement. Faut-il encore pour cela disposer d’un architecte compétent et responsable, d’un meneur d’hommes capable de convaincre, de mobiliser, de rassembler, d’un capitaine capable de diriger le bateau, de le faire traverser toutes les tempêtes Xynthia. Il est plus que temps de revenir aux fondamentaux de la politique.

Tempete Xynthia

Dématérialisation

J’ai trop peu de temps ces derniers pour publier des billets qui explorent un peu les pistes qui mènent (peut-être) à demain et je regrette, oh combien, que la politique de nos jours consacre trop peu de temps à la prospection, à la prise de recul face aux changements. Fichue peopolitique, fichu système qui privilégie la mousse.

Notre époque est pourtant particulièrement étonnante en ce qui concerne les changements majeurs. Copenhague bien sûr qui matérialise un changement politique initié à Kyoto et systématiquement récusé les années qui ont suivi. Et d’après vous, qu’est-ce qui a finalement fait changé les choses ? Une soudaine conscience écologique ? Ou alors la collision d’un baril de pétrole à 140$ et d’une crise financière majeure ? L’amour des tomates bios où la prise de conscience que finalement, non seulement l’écologie est un superbe marché mais en plus qu’objectivement, les technologies architecturales actuelles sont préhistoriques, la logistique sur laquelle repose notre économie est délirante, le gaspillage énergétique de nos sociétés infantile, et tant d’éléments dont l’analyse rationnelle aurait dû amener n’importe quel gouvernement responsable à entamer une mutation il y a longtemps déjà. Mais voilà, responsable il y a 10 ans signifiait avoir une gestion comptable des États alors qu’aujourd’hui cela semble signifier avoir une conduite pérenne des sociétés. Si c’est bien le cas, nous avons déjà franchi une étape révolutionnaire…

Une des thèses défendues à Copenhague et ailleurs est celle de la décroissance. Là-dessus, je dois bien dire sans ambages que je trouve cette idée aussi idiote que celle de la mystique de la croissance du PIB qui résout tous les problèmes et génère le plein emploi. D’abord parce que les conséquences de la décroissance, nous en percevons une partie des résultats en ce moment : cessation de paiement, précarisation et bien sûr chômage. Ensuite, et peut-être surtout, parce que je pense que cette idée néo-malthusienne est totalement anachronique.

Une des évolutions majeures de nos sociétés, en plus de la rupture énergétique actuellement en cours, est non seulement le développement ultra-rapide des services à très forte valeur ajoutée, mais très probablement également la disparition de la valeur matérielle des produits physiques à chaque fois qu’un industriel réussi à coupler la vente à des services. Il semble que nous soyons arrivés à un stade où le service valant plus que son support, il est possible de basculer dans une économie totalement dominée par les services. Pour comprendre cela, il suffit de prendre les truc-boxes des connexions internet. Finalement, si vous deviez acheter séparément ce qui compose la box, cela vous coûterait une fortune. Cependant, comme on vous vend du service (internet, téléphone, télévision, …) dont la valeur dans le temps est largement supérieure aux composants électroniques qui en sont le support, la boîte ne vous est même pas facturée et est amortie par le reste. Cela est pour moi le signe d’une des plus fantastiques révolutions en court et la source d’inspiration et de futurs combats politiques.

Pour revenir sur l’idée de la décroissance, il est aisé de comprendre qu’avec une économie de services, décroitre signifie d’abord proposer moins de services, ce qui n’a aucune espèce d’impact sur le climat : un service ne dégage que le CO2 produit par le cerveau de ceux qui le proposent et l’infrastructure qui en est le support. Proposer d’arrêter de réfléchir et de se passer d’infrastructure commune ne me paraît pas être un projet d’avenir…

Mais pour développer cette économie particulière, faut-il encore que les États fassent les bons choix. En cette période de relance (relative), notre pays propose de nombreuses aides à l’innovation en particulier (neuf pour Oséo par exemple), mais… aucune en matière de service innovant. Intéressant n’est-ce pas ? Et cette façon de privilégier l’investissement lourd et tangible explique peut-être aussi pourquoi le moteur de recherche Alta Vista naguère leader n’est devenu qu’un outil très marginal derrière Google : aider à acheter de grosses machines ne fait pas le poids face à l’innovation des services. Exemple frappant. Il est donc urgent de favoriser l’innovation en terme de service et de chercher comment coupler ces services aux produits physiques et aux infrastructures.

Sur les infrastructures, je ne prendrai qu’un seul exemple, celui de la distribution d’énergie. Aujourd’hui, ces lignes sont une source de coûts nécessaires, mais je ne peux m’empêcher de penser que nous avons là un maillage fantastique pour diffuser l’information dans chaque foyer. Trouver le moyen d’utiliser ces lignes pour faire passer de l’info à très haut débit générerait immédiatement un gisement de richesse. Pas mal à une époque où l’État creuse ses déficits au tractopelle. Mais cette situation est probablement généralisable à tous les services publics : il suffit juste d’innover et de créer le service qui se grefferait sur l’infrastructure souvent coûteuse de ces services publics. Adjoindre de la valeur ajoutée à la nécessité, voilà une idée qui mérite d’être creusée.

La dématérialisation semble devoir avoir d’autres conséquences, en particulier sur le capitalisme lui-même. Hier, il fallait beaucoup de capitaux pour créer son entreprise et la développer. Mais que se passe-t-il lorsque l’élément matériel n’a plus de coût ? L’investissement immobilisé disparaît au profit du fonctionnement dont le coût est généralement variable avec l’activité. Ceci est déjà aujourd’hui applicable en matière de système d’information où le SaaS remplace avantageusement machines et logiciels en général mal maîtrisés par les PME. Qui plus est, cela ouvre la porte à la dématérialisation des fonctions non stratégiques de l’entreprise elle-même. Perspectives étonnantes sur la capitalisation des entreprises et de leur structure de fonctionnement…

PS, Home, sweet home

home

Comme à mon habitude, j’ai essayé de prendre un peu de recul après notre échouage de dimanche dernier.

Je ne suis pas sûr qu’il y ait tant à en dire, en tout cas moins que ce qui a pu être dit. Finalement, je crois que les français nous ont simplement envoyé un message : vous avez sans doute raison à propos de Sarkozy et peut-être que votre projet européen était mieux que le sien, mais tant que vous passerez votre temps à vous chercher des poux, nous ne pourrons vous faire confiance. Dont acte, mieux valait entendre ce message à cette élection là qu’à une autre. A nous de mettre à profit la leçon.
Autre élément intéressant : la collision entre l’élection et le film Home de Yann Arthus Bertrand. Lorsque je l’ai visionné, j’ai regretté au combien que notre discours ne se soit pas porté sur l’écologie. Certes, l’écologie est une appropriation finalement récente des socialistes, même si pas mal d’entre nous s’y intéressaient depuis longtemps. Mais il est clair que peu de français doivent avoir une idée, ne serait-ce que vague, de notre niveau de réflexion sur le sujet. Les socialistes s’y intéressent-ils vraiment ? En quoi diffèrent-ils des écologistes ?

Pour vous en donner une idée, j’ai ressorti un texte qui a quelques années et qui a été écrit après la primaire socialiste dans le cadre des travaux du manifeste socialisme & démocratie. Ceux qui ont vu le film home y trouveront des passages qui auraient pu servir de base de script de ce film, dont celui-ci :

Enfin, deux expériences tirées de l’histoire de notre planète sont à méditer : un changement climatique planétaire a entraîné la grande extinction des espèces du permien (entre autre due à un dégazage massif qui modifia la composition chimique de l’atmosphère), et la modification volontaire de l’écosystème de l’île de Pâques (déforestation) a provoqué la disparition de la société Rapa Nui au XVIIème siècle. La modification de la chimie de l’atmosphère terrestre, celle de notre écosystème, peut avoir des effets potentiellement cataclysmiques sur nos sociétés.

Sommes-nous des écolos bis ? Non, nous nous distinguons d’eux, entre autre par notre refus d’une vision “romantique” de l’écologie. Nous avons la volonté d’agir rationnellement sur l’économie, la société et les éco-systèmes. :

Comparativement, les mouvements altermondialistes sont plus en pointe sur la question mais ils apparaissent sur la question écologique plutôt comme des mouvements conservateurs voire réactionnaires en quête d’une sorte de replis sur un monde « idéal » s’appuyant sur une « harmonie agricole » (le bon sauvage est devenu l’agriculteur récoltant respectueusement les fruits de la terre nourricière et commerçant dans un monde policé). Nous nous ancrons dans un monde qui se développe, qui progresse, pas un monde qui se replie sur lui-même, voire récessionniste pour certains points de vue extrémistes (sans doute les héritiers contemporains de Malthus). Le développement durable est tout à fait compatible avec une économie florissante qui se projette à long terme.”

Enfin, autre élément passer sous silence par le film Home, nous nous positionnons clairement sur le nucléaire. Nous affirmons notre volonté d’en sortir, nous présentons un chemin possible, mais nous annonçons clairement qu’en l’état, ce sera long, cela prendra plusieurs générations. C’est à notre connaissance, la seule proposition qui concilie réalisme, faisabilité et volonté écologique sur le sujet. Reste à trouver un parti social-démocrate en ordre de bataille, et qui inspire à nouveau confiance aux français.

La sagesse de Sitting Bull

Sitting BullIl y a quelques jours, en feuillant quelques livres de ma bibliothèque, je suis retombé sur un très vieux texte (plus de 130 ans) du chef sioux Sitting Bull. En le relisant, je me suis fait la réflexion qu’il était d’une étonnante modernité, voire d’une incroyable actualité.

Voici ce texte.

“Voyez, mes frères, le printemps est venu ; la terre a reçu l’étreinte du soleil, et nous verrons bientôt les fruits de cet amour !
Chaque graine s’éveille et de même chaque animal prend vie. C’est à ce mystérieux pouvoir que nous devons nous aussi notre existence ; c’est pourquoi nous concédons à nos voisins, même à nos voisins animaux, le même droit qu’à nous d’habiter cette terre.
Pourtant, écoutez-moi, vous tous, nous avons maintenant affaire à une autre race – petite et faible quand nos pères l’ont rencontrée pour la première fois, mais aujourd’hui grande et arrogante. Assez étrangement, ils ont dans l’idée de cultiver le sol et l’amour de posséder est chez eux une maladie. Ces gens-là ont établi beaucoup de règles que les riches peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour leur propre usage et se barricadent contre leurs voisins ; ils la défigurent avec leurs constructions et leurs ordures. Cette nation est pareille à un torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage.
Nous ne pouvons vivre côte à côte.”

Si l’on écarte le lien religieux des indiens avec la nature dont nous ne comprenons que difficilement le sens aujourd’hui, comment ne pas être frappé avec ce que nous vivons ?
Sont-ce les paroles d’un écologiste portant un regard nostalgique sur une nature qu’il voit de dérégler à cause de l’industrialisation destructrice des hommes ?

Sont-ce les paroles d’un homme de la rue portant un jugement sur les banquiers de la finance jouant au casino le sort de millions de personnes ?

Non, juste les paroles du chef d’une nation d’hommes libres, chef inquiet de voir son monde au bord de la destruction. Depuis, nation qui a effectivement succombé sous les excès d’autres hommes trop avides, trop imprévoyants. Trop ignorants aussi.

Et nous, de quel côté sommes-nous ?

Droit de la vie, Droit de la mort : II

J’ai déjà exprimé mon avis sur la redéfinition du droit de la vie à travers par exemple l’évolution du droit sur la Gestation Pour Autrui. Deux actualités nous invitent à réfléchir sur son pendant, le droit de la mort, à travers l’actualité de la tragique guerre d’Afghanistan (que j’ai traité dans un post précédent) et sur un point d’aspect assez différent découlant de la parution au journal officiel de deux textes de loi permettant de donner une identité à des enfants mort-nés.

Il est en effet désormais possible d’inscrire un enfant mort-né sur le livret de famille, et donc de reconnaître son existence et sa mort, même si cette loi ergote encore sur l’existence « légale » de cet enfant. Pour les familles, c’est sans doute un vrai progrès car cela permet de « matérialiser » le deuil, ce qui est une réelle aide psychologique pour eux. Jusqu’à ce jour, un enfant-mort né était une perte, pas toujours visible, dérivant sur deuil généralement impossible, non dissible. Pas de corps à enterrer, pas de recueillement formel, rien en support d’une parole qui ne pouvait se libérer. Il était donc parfois difficile, voire impossible de passer le cap et l’enfant mort rejoignait alors le tiroir des lourds secrets de famille quand ce n’était pas celui du déni qui ronge et détruit.

Pour le processus de deuil, ce nouveau droit est donc un réel progrès. Il existe cependant une difficulté, qui est celle de se reposer la question du droit à l’avortement.

Je défends sans condition le droit qui est donné par la loi de choisir, même si je dois bien confesser que je ne sais pas ce que je ferais dans un tel cas. Il n’empêche qu’aux yeux de la loi, l’avortement est maintenant un acte qui conduit à la mort, et plus un acte qui stoppe une potentialité de vie. Dit autrement, c’est un acte d’euthanasie. J’avais déjà exprimé ma position sur l’euthanasie en général il y a quelques temps : pour moi, elle doit être reconnue par la loi mais sa mise en œuvre doit prendre en compte trois composantes, l’avis libre et éclairé de l’individu concerné, l’avis de l’entourage proche (mais quel en est la définition ?), l’aval de la société. Ici, par définition, l’individu concerné ne peut donner son avis. A moins de considérer que le fœtus et la mère sont un seul et même individu endosymbiotique. La gestation pourrait être vue comme une symbiose temporaire, l’avortement serait alors un acte de séparation anticipée du symbiote, donnant naissance à un individu non viable. L’acte de séparation doit alors être justifiable du point de vue de l’intérêt de la mère, en accord avec l’entourage proche, dans le respect du cadre fixé par la société. J’ai conscience de la particularité de cette vision de la maternité, mais à défaut d’être sûr de sa justesse, je pense qu’elle permet au moins d’aborder le problème de la définition légale de la vie sous un jour différent, plus rationnel et scientifique, et donc de sortir éventuellement du blocage entre pro et anti-avortement et de son imbroglio juridico-religieux. On voit ici que le droit de la vie et celui de la mort sont directement liés par un choix qui doit être encadré, réfléchi, éclairé.
Je  ne prétends évidemment pas à moi seul résoudre ce difficile problème humain, éthique et juridique, mais je pense qu’il est important de continuer à réfléchir sur le droit de la vie et celui de la mort pour un jour aboutir à une société juste et apaisée. Le progrès proposé par cette loi peut nous y aider.Pour une fois, ce gouvernement a réussi à proposer une loi potentiellement source de progrès.

Droit de la vie, Droit de la mort : I

Deux actualités nous invitent à réfléchir sur des questions de droits essentielles à l’identité de notre société : le droit de la mort, à travers la tragique guerre d’Afghanistan qui a tué ces derniers jours dix de nos militaires et la parution au journal officiel de deux articles permettant de donner une identité à des enfants mort-nés (que je traiterai dans un second article).

Sur la guerre d’Afghanistan d’abord, à travers nos morts, la légitimité de leur action et du fait qu’une action militaire en terre étrangère n’est jamais un acte anodin se résumant à quelques décisions prises par un myope trop pressé.

Grâce à la détermination de Robert Badinter la France fait partie des pays qui peuvent s’enorgueillir d’avoir aboli la peine de mort pour les actes commis par des individus en temps de paix sur son sol.  Même si à quelques occasions, l’actualité traitée de façon émotionnelle fait ressurgir le débat pour telle ou telle catégorie de criminels, une grande majorité des citoyens réussit à faire la part des choses entre une pulsion immédiate de vengeance qui peut saisir tout un chacun suite à un acte au-delà du dramatique, et les principes qui doivent guider les juges pour construire une société cherchant à contrôler ses démons pour se construire un avenir de progrès. Nobles sont les principes de l’abolition de la peine de mort même si je jugement a parfois du mal à passer.

Mais il serait un peu rapide en besogne de s’arrêter à ce point de satisfaction, car si nous reconnaissons effectivement l’abolition de la peine de mort pour nos criminels, nous passons sous silence d’autres cas. Le droit français et international ne statue pas par exemple sur la mort donnée en service commandée par les services secrets (là cela tient du « droit coutumier ») et ne statue que faiblement sur le droit de tuer dans une opération militaire.

Comment faire évoluer le droit sur ces points ? La nature extranationale de ces cas impose de disposer à la fois d’un organe législatif et d’un tribunal mondial. Si les TPI ,TCI, CIJ font l’affaire pour ce qui est du tribunal (encore faudrait-il qu’ils soient reconnus par tous), on a plus de mal à trouver une assemblée législative votant les lois du monde de façon démocratique et représentative. Par ailleurs, le cas des opérations de guerre pose un problème particulier dans le sens où la responsabilité est celle d’un pays (ou d’un groupe sociologiquement cohérent) sur un autre ; si l’on veut être cohérent, il faut juger la culpabilité d’un ensemble et pas des individus pris séparément, en général le chef et ses adjoints directs. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en droit international, nous sommes loin de cela et que nous avons généralement droit à la justice du vainqueur vis-à-vis de ceux qui sont considérés comme individuellement responsables de tout, ce qui est plus simple et plus rapide. Nous sommes hélas plus dans une logique de vengeance et d’apparence qu’une logique de justice permettant de faire progresser la société, ce qui conduit à des dérives, pour ne pas dire crimes, du type de Guantanamo.

En guise de conclusion, je vous propose une question. Voteriez-vous aujourd’hui la mort de Louis XVI ? Question exotique, mais qui permet de réfléchir sur la relation entre individu et société dans le cas du droit sur la mort. Louis XVI était probablement un brave type qui n’a pas, dans son esprit, trahi la 1ère République, mais il avait ceci de particulier qu’il incarnait l’ancien régime et que pour exister, la nouvelle société française que voulait mettre en place la révolution devait d’abord tuer symboliquement la royauté, c’est-à-dire éliminer physiquement Louis XVI. Dans un tel cas, un républicain, même fervent défenseur de l’abolition de la peine de mort, pouvait difficilement faire autrement que de condamner le roi. Il est des cas où le progrès collectif passe par un conflit de conscience et de principes, au dépend de l’individu. Mais la résolution de ce conflit ne doit jamais être arbitraire.

Nous sommes loin d’avoir fait tout le chemin nécessaire.