Question d’urbanisme (seconde partie)

L’équilibre entre terres agricoles, urbaines et industrielles doit être clairement un choix politique partagé.

Mais ce choix, ne peut pas se limiter à la recherche d’un équilibre entre ceux qui ont besoin du foncier. Notre époque est celle de défis extraordinairement difficiles ayant peu de précédents dans l’histoire. La bascule climatique et la rupture énergétique n’étant pas les moindre. Et bien évidemment, la façon dont nous concevons notre habitat et nos villes et villages sont un vrai pas vers des solutions.

Aujourd’hui, les normes de construction vont dans le sens de la baisse drastique des besoins énergétiques de la maison. C’est bien mais certains éléments comme la micro-production d’énergie n’ont rationnellement pas de sens à l’échelle d’une maison. Nous devons repenser nos villes et villages de façon à tendre vers l’auto-suffisance en matière d’énergie (hors besoins industriels locaux). Si une éolienne dans son jardin pose plus de problèmes qu’elle n’apporte de solution, il en est autrement dans les zones industrielles. Si un particulier paiera son équipement au prix fort, il en sera autrement si une communauté de communes se regroupe pour mettre en place un plan intercommunal d’urbanisme HQE.

Ce qui est fait pour les transports (autre source de gaspillage engendré par l’urbanisme actuel) peut aussi être fait pour l’auto-suffisance énergétique quotidienne. Nous aurions alors une production locale pour les besoins des particuliers et un recours à la production nationale pour les besoins industriels. La production énergétique locale a également une autre vertu car elle permettrait de prendre en charge la précarité énergétique des foyers les plus pauvres. Dans l’idéal, tout comme pour l’habitat, la République devrait assurer à chacun un niveau minimal d’énergie gratuite, car on ne peut espérer être un citoyen prenant sa pleine part dans la société si l’on est à la rue ou si l’on n’a pas le minimum vital énergétique. Le coût individuel de quelques kilowatts étant par ailleurs dérisoires et pouvant être assumé sans douleur par tous ceux qui consommeront plus que le minimum vital (modèle dit freemium appliqué au marché de l’énergie et aux services publics).

Enfin, dernier éléments, il faut absolument associer les citoyens à une telle évolution, et travailler en profondeur pour changer l’imaginaire collectif qui nous pousse à choisir un modèle d’urbanisme que l’on sait objectivement mauvais. Après tout, si l’image de l’habitat personnel idéal est le pavillon, l’image de la ville idéale est très différentes. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de gens à rêver de la banlieue « desperate housewife », cet alignement sans âme de villas parfaites. Joli paradoxe, on citera plutôt le petit village de Provence ou on vantera les charmes de Locronan en Bretagne. Nous avons là la source d’une solution possible. En nous appuyant sur les moyens modernes de communication et d’élaboration collective de projet, mettons en place des plateformes numériques avec des appels à projet sur le quartier rêvé à bâtir sur la colline d’en face.

Co-construisons à partir de tels projets le plan d’urbanisme qui demain répondra aux aspirations individuelles comme aux contraintes de nos pays.

Questions d’urbanisme (1ère partie)

Nos vies ont généralement deux ancrages : un ancrage humain composé des quelques personnes qui partagent notre quotidien et un « matériel » prenant la forme d’un abri tout à la fois refuge et point de départ de notre vie sociale et professionnelle. Une société ne peut pas espérer fonctionner harmonieusement si les hommes qui y vivent sont dans l’impossibilité de s’appuyer sur ces deux piliers. Or, si notre environnement humain ne doit dépendre que de la sphère privée et personnelle, il en est tout autrement de l’habitat.

La question de l’habitat n’a jamais été une question facile dans l’histoire. Habiter « chez soi » est un impératif culturel implanté dans nos esprits depuis notre plus jeune âge. Le bonheur parfait ne prend-il pas pour la plupart d’entre nous la forme d’une maison, d’un jardin avec des enfants qui rient ? Pouvoir y mettre en plus une piscine n’est-il pas l’expression même de la réussite ? Tout nous pousse à aspirer à devenir un jour propriétaire d’un ravissant pavillon. Cet élan se heurte pourtant à d’autres réalités.

Le coût tout d’abord : le foncier et la construction rendent l’image parfaite très hypothétique. Plus grave encore, même la location d’un logement a minima décent (salubre, propre et chauffé) n’est pas garanti. Ceci est profondément scandaleux dans un pays comme la France qui, même au pire des difficultés actuelles, pourrait, s’il le décidait, donner à chacun et chacune l’espace privé minimal de vie que la République lui doit. Toute politique d’urbanisme doit tendre vers cet objectif : rendre accessible, quelles que soient les difficultés personnelles, un espace de vie décent. Chacun pourra fixer le curseur de la décence où il le veut, mais l’action politique ne peut pas traiter le problème du logement comme un problème secondaire. Une personne qui ne loge pas dans un logement décent a peu de chance d’accéder pleinement à la citoyenneté.


D’autres éléments structurels s’opposent au besoin fondamental du logement. La croissance des populations et les migrations villes / banlieues / campagnes créent des besoins rapides de nouveaux terrains, besoins qui peuvent rencontrer d’autres forces comme des besoins fonciers industriels mais plus surement des besoins fonciers agricoles. L’idéal du pavillon personnel mite l’espace et consomme irrationnellement un espace souvent agricole. Les valeurs des terres agricoles, pavillonnaires ou industrielles étant tout à fait disproportionnées, aucun équilibre « de marché » ne peut fonctionner. Seuls des plans d’urbanisme réfléchis et établis à l’échelle d’un bassin géographique peuvent mener à une solution acceptable. Malgré toute leur bonne volonté, aucun maire ne pourra maintenir localement une politique équilibrée face à des forces structurelles puissantes.

L’équilibre entre terres agricoles, urbaines et industrielles doit être clairement un choix politique partagé.

Les journées du patrimoine en Iroise

Petite pause touristico-culturelle pour le blog. Je suis allé en famille visiter le blockhaus de Kéromnès sur la pointe de Saint Mathieu ce week-end, et j’en ai ramené quelques photos.

Visite très intéressante de ce lieu qui a ouvert ses portes (blindées) au public après son rachat par la commune de Plougonvelin. Joli terrain de jeu aussi pour l’association Brest 44 qui a assuré l’animation.



Agrandir le plan
Étrange collision aussi avec l’actualité du jour qui était l’annonce de la mort de Pierre Mondy. En visitant le blockhaus je n’ai pu m’empêcher d’avoir en tête l’explication de la stratégie de « la t’naille » de la 7ème compagnie.

  • On se bat, on se bat, c’est plutôt qu’on est comme une espèce de poste avancé, quoi. Dans le cas que… comprenez, une supposition, que les Allemands reculent, crac, on est là!
  • Pour les empêcher de reculer…
  • Non, pour euh…, la tenaille quoi.

Synthèse de la motion de Stéphane Hessel pour le congrès PS de Toulouse

Voici une version fidèle bien que personnelle de la motion « Osons, plus loin, plus vite » dont le premier signataire est Stéphane Hessel.

Préambule

Nous sommes dans la panade, c’est peu de le dire, ce n’est pas fini, mais le devoir de la gauche est de le dire clairement. Cette situation n’est pas particulière à la France, même le moteur chinois tousse.

La crise climatique

Nous allons d’échecs en échecs depuis 30 ans, la prise de conscience véritable n’est pas là (note personnelle : pour fixer les idées, une hausse de température de +2°C c’est le début des problèmes, +4°C c’est le début de l’inconnue, +6°C c’est la fin).

La crise énergétique

La sortie de l’ère du pétrole n’est pas préparée alors que les signes sont là.

L’humanité risque une sortie de route
Crise sociale, crise financière, crise climatique, crise énergétique, crise alimentaire, crise
démocratique… Dans tous ces domaines, nous sommes proches d’un point de non‐retour.
L’humanité risque une sortie de route.
Réveillons‐nous. Ouvrons les yeux. Le problème, ce n’est pas seulement la Grèce ou les banques
espagnoles. Nous sommes face à une crise globale. C’est l’ensemble de notre modèle de
développement qu’il faut revoir, de toute urgence.

Le changement [cela peut être] maintenant

En 1933, Rooselvelt a renversé la table dès son arrivée au pouvoir et a lancé les réformes majeures en 3 mois (y compris celles qui ont maté les marchés financiers). Le changement doit associer largement les citoyens, le PS a montré qu’il pouvait le faire avec les primaires, nous devons continuer à avancer dans ce sens.

L’Union Européenne est la première puissance mondiale, d’elle doit venir les solutions de sortie de crise.

Diagnostic

Le ratio dette / PIB est le marqueur de nos maux. Les politiques libérales (depuis Reagan, Bush, Thatcher) sont la cause directe de l’explosion de la dette et de la diminution de la part des salaires dans le PIB ce qui favorise encore plus la dette.

« Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, la part des salaires représentait 67 % du PIB en 1982. Elle n’en
représente plus que 57 %. »

Une grande partie de ce qui ne va plus aux salaires va aux marchés.

« Au total, en 30 ans, ce sont quelques 150 % du PIB de l’ensemble de nos pays qui sont partis vers les marchés financiers au lieu d’aller aux salariés et donc aussi à l’Etat, via la TVA. »

Ceci a favorisé le chômage qui est une des causes de la crise actuelle. Il n’y aura par ailleurs pas de croissance miraculeuse si on continue sur ce modèle et nous risquons de suivre l’exemple japonais avec ses 0.7% de croissance moyenne sur les 10 dernières années .

9 mesures d’urgence

  1. Court‐circuiter les banques privées pour financer l’essentiel des dettes publiques
  2. Pour mettre fin au dumping fiscal européen, créer un impôt européen sur les dividendes
  3. Mettre fin au sabordage fiscal national et oser une vraie « révolution fiscale »
  4. Lutter radicalement contre les paradis fiscaux
  5. Sécuriser les salariés, Lutter contre les licenciements (comme en Allemangne)
  6. Sécuriser les chômeurs
  7. Pour interdire aux banques de spéculer avec notre argent, séparer les banques de
    dépôt et les banques d’affaires (enfin !)
  8. Créer une vraie taxe sur les transactions financières
  9. Pour lutter contre les délocalisations, il faut imposer le respect des normes sociales et
    environnementales dans le commerce mondial en convoquant un nouveau sommet de
    Philadelphie

5 propositions pour lutter radicalement contre le le chômage et la précarité en faisant naître un nouveau modèle de développement.

  1. Investir massivement dans le logement
  2. Déclarer la guerre au dérèglement climatique
  3. Développer l’économie sociale et solidaire
  4. La France doit devenir un pays d’entrepreneurs
  5. Réduction du temps de travail (la cause fondamentale du chômage est notre mauvaise gestion des gains de productivité qu ont explosé en 30 ans)

Crise environnementale

  • Il faut accélérer la transition énergétique.
  • Il faut convertir la France à l’agroécologie.

Construire enfin une Europe sociale et démocratique

Il faut mettre en place un nouveau parlementarisme et signer un traiter de l’Europe sociale :

  • Parlement et gouvernement européen  :diplomatie, défense, sécurité intérieure, monnaie,
    recherche, politique agricole, commerce, développement durable…
  • Parlement et gouvernement national : éducation, santé, culture, logement, emploi, retraites
  • Parlement et gouvernement régional : entretien des lycées et des routes, développement
    économique, coordination formation des adultes

Crise démocratique

  • Les citoyens doivent être plus acteurs de la démocratie, l’égalité doit être réelle pour tous, ce qui devrait aboutir à une nouvelle République.
  • Le PS doit montrer la voie, être exemplaire, oser, s’ouvrir plus largement.

 

 

 

 

 

 

 

 

Breaking News : la motion de Stephane Hessel pour le congrès du PS

Alors que le congrès du PS s’annonçait parfumé au formaldéhyde, voilà qu’un petit jeune qui ne devrait pas tarder à prendre sa carte au MJS nous dépose la motion vitaminée que beaucoup espéraient.

L’impertinent Stéphane Hessel a en effet signé le texte « Osons, Plus loin plus Vite« .

Hessel plutôt que Désir à Solférino, voilà un beau sujet de discussion.

Osons. Plus loin, plus vite.

« Il faut aller plus loin, plus vite. En juillet 1998, Jacques Delors interpelle Lionel Jospin : Il faut accélérer. Quelques coups de pouce ne suffiront pas à nous faire rentrer dans le XXIe siècle. » Hélas, Jacques Delors et les militants qui partageaient son impatience ne furent pas écoutés et le 21 avril 2002 la gauche paiera très cher son manque d’audace et d’unité (les deux vont souvent de pair). L’histoire montre que les réformes qui ne sont pas lancées dans les premiers mois d’un mandat ne le sont pas ensuite. Et ce qui était vrai en 1998, par temps calme, l’est plus encore en 2012 alors que la crise redouble d’intensité.

 

« Nous sommes dans une crise d’une extrême gravité » affirmait François Hollande le 31 août à Chalons. Il a raison. « Il est fort possible que la situation soit pire qu’en 2008 » prévient Olivier Blanchard, chef-économiste du FMI. « Nous sommes face au risque d’un effondrement de l’ensemble du système économique mondial » affirmait déjà Jean-Pierre Jouyet, président de l’AMF, en septembre 2011.

 

Dire la vérité, regarder la crise en face

Il y a déjà 3 millions de chômeurs et des millions de précaires dans notre pays mais l’UNEDIC et l’INSEE annoncent 420.000 chômeurs supplémentaires et 1.400.000 pauvres en plus d’ici la fin 2013 « si la croissance tient bon à 1% ». Comme le dit le patronat italien, on va vers une « boucherie sociale ». Et sans doute aussi vers une crise politique majeure en France car si, 2 millions de citoyens sont ainsi percutés par la crise, les municipales de 2014 seront dramatiques pour la gauche.

 

Hélas, tout indique que, sans un sursaut, nous allons bientôt plonger dans une nouvelle crise économique et que la croissance ne va pas se maintenir à 1% : la Zone Euro vient de retomber en récession mais le reste du monde ne va pas mieux…

 

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La question du nucléaire

La déclaration d’Arnaud Montebourg à BFM TV me permet de revenir une fois encore sur la question nucléaire et d’exprimer un point de vue certes personnel mais que je sais assez largement partagé.

J’avais regretté pendant la présidentielle des points peu clairs, le temps du gouvernement semble nous obliger à entrer dans un processus plus ouvert et surtout plus affirmé quant à nos choix.

 Les trois nucléaires

Tout d’abord, il n’y  pas une question nucléaire, mais trois : le nucléaire militaire, le nucléaire médical et le nucléaire énergétique.

Concernant le nucléaire militaire, la position affirmée par le président Hollande est claire : nous maintiendrons notre puissance de dissuasion. Ce n’est pas que cela nous enchante, mais cela s’est objectivement montré efficace pour maintenir la paix en Europe depuis 60 ans et c’est un élément de rayonnement de notre pays.

Concernant le nucléaire médical, il est là aussi hors de question de se passer de moyens d’analyse et thérapeutiques efficaces. L’intérêt des hommes et des femmes à soigner prime sur les problèmes créés par les déchets.

Reste donc le nucléaire énergétique. Nous savons quel est le risque industriel induit par cette technologie. Nous savons que la gestion des déchets sur le très long terme est difficile et ne peut être absolument garantie. Nous savons également qu’économiquement, même si cette technologie n’est pas la pire, son intérêt est moins idyllique que ce qui a pu être longtemps vanté.

Gérer rationnellement le risque

Nous savons que l’opposition au nucléaire comporte des aspects totalement irrationnels voire pervers dans ses conclusions. On se souviendra de Fukushima pour le comprendre.

Cet accident qui illustre le pire de ce qui peut arriver à une centrale, a abouti à la fermeture de toutes les centrales nucléaires nippones et a accéléré la fin du programme nucléaire de certains pays. Des milliards ont été et vont être encore dépensés pour supprimer ce risque industriel et payer le surcoût de production. Était-ce rationnellement et objectivement la bonne solution ?

Le tsunami qui a provoqué l’accident de Fukushima a fait environ 20.000 morts, c’est une catastrophe naturelle qui peut se reproduire demain, et dont on peut en grande partie se préserver avec un urbanisme côtier plus adapté que ce qu’il n’était (les japonnais avaient pourtant fait beaucoup d’efforts).

Parallèlement, l’accident nucléaire de Fukushima a lui fait quelques victimes dont très peu ont une relation directe avec une irradiation.

Même pour un pays aussi riche que le Japon, l’argent qui sera mis dans la dénucléarisation hâtive du pays ne le sera pas dans la protection civile contre un futur tsunami. Pire que cela, nombre d’énergies alternatives au nucléaire dégradant fortement le bilan carbone, on peut supposer sans trop se tromper que la phobie nucléaire contribue à l’échec de la maîtrise de l’effet de serre, ce qui induira d’autres catastrophes, climatiques cette fois, et donc d’autres morts.

L’abandon hâtif du nucléaire retarde également la sortie de l’ère du pétrole, ce que nous payons chaque jour en prenant notre voiture ou un bus.

Alors oui il faut mieux gérer le risque nucléaire, oui on peut envisager de sortir du nucléaire, mais pas n’importe comment !

Pour une politique nucléaire claire

Il y a bien longtemps déjà, j’avais co-écrit un texte qui me semble toujours d’actualité. Aujourd’hui, on peut envisager de tracer une ligne politique simple et claire sur le sujet :

  1. la politique énergétique doit répondre aux besoins de la société, cette politique est faite de production autant que d’optimisation
  2. la politique énergétique doit assurer la pérennité de notre société et des écosystèmes dans lesquels nous nous développons
  3. la production d’énergie à partir de la fission nucléaire est une solution importante, qui permet la concentration et l’optimisation industrielle, mais qui pose de réels problèmes de sécurité
  4. la fission nucléaire n’est pas une technologie d’avenir, à la fois à cause des problèmes induits et de la consommation de ressources non renouvelables. En conséquence, réfléchir à son arrêt progressif est légitime et rationnel, mais cela doit se faire de façon optimale, en commençant par les centrales les plus problématiques et en les remplaçant soit par des centrales nucléaires plus puissantes et plus sûres, soit par des centrales à énergie à moindre impact sur les écosystèmes.
  5. la sortie de la filière à fission ne doit pas remettre en cause la recherche sur la production d’énergie par la fusion nucléaire, au contraire cette dernière étant le moyen le plus puissant pour produire de l’énergie à moyen terme. En ce sens, l’énergie nucléaire (la fusion) est une solution d’avenir.
  6. Notre politique énergétique doit tendre à fournir à notre société une énergie abondante, la moins coûteuse possible, avec une production la plus sûre possible, avec une pression sur les écosystèmes la moins forte possible.

C’est cette dernière équation que la politique gouvernementale doit à mon sens résoudre, par la concertation et l’explication des faits, par le combat contre l’irrationalité, par le courage des choix et la clarté des propos.

Un petit souffle perdu, une grande figure du progrès humain

Je veux à mon tour rendre un modeste hommage à Neil Armstrong décédé hier, en retenant le courage et l’engagement dont il a fait preuve pour poser le pied sur la Lune.

Le progrès allié aux qualités des hommes est une formidable source de rêve, d’espoir et nous permet à tous d’avancer.

Merci monsieur Armstrong de nous l’avoir si merveilleusement rappelé.

La question du mariage

Ce 15 août est animé d’un débat en forme de prière catholique sur la question du mariage. L’église de France s’est en effet emparée de la question, voulant réfuter par avance la mise en œuvre de l’évolution législative prévue par le nouveau gouvernement en application du programme approuvé par les Français.

Mais pourquoi cette question provoque-t-elle tant de passion, et in fine, qu’est-ce que le mariage puisque le fond du problème est bien là ?

Si vous vous amusez à poser la question autour de vous, y compris au sein de votre propre couple, vous vous apercevrez vite qu’il n’y a pas une définition universelle du mariage, mais bien des définitions personnelles.

L’église catholique définit le mariage par rapport au sacrement, l’union d’un homme et d’une femme devant dieu.  De ce point de vue, il n’y a aucun sens à vouloir une évolution. Mais cette définition est loin d’être la seule, loin d’être majoritaire.

Le fondement du mariage contemporain est plutôt celui, très romantique, du prolongement du sentiment amoureux, supposé éternel au moment où il est scellé.

La définition bourgeoise du mariage est elle basée sur l’union des patrimoines et la préservation des biens matériels. On notera au passage que le PACS est en fait la version la plus moderne du mariage bourgeois lorsqu’on y réfléchit bien.

La définition du mariage de la noblesse vise elle à préserver le nom et l’histoire familiale.

Bien d’autres définitions sont possibles, comme la volonté de transmettre ses gènes, où encore ce que j’appelle le mariage « a contrario » (l’union libre) qui est un mariage se définissant comme un anti-mariage puisque qu’on ne scelle l’union dans aucun contrat mais sous la forme d’une libre acceptation sans autres contraintes que la volonté de rester ensemble.

Enfin, et sans avoir vraiment fait le tour complet des définitions possibles, on retiendra que la question de l’enfant est très souvent un point majeur qui scelle ou découle du mariage.

Certes, mais pourquoi diable l’État se mêle-t-il d’une question qui finalement pourrait n’être qu’un élément très personnel ne concernant que les mariés ? Parce que justement, l’État a un intérêt à donner sa propre définition du mariage, dans sa propre logique. À travers le mariage, la République voit un moyen de stabiliser le comportement des individus, à les rendre plus responsables, à les impliquer plus fortement dans la vie collective et surtout, à être l’élément qui va faire émerger les futurs citoyens éduqués, responsables et impliqués.

Le mariage est donc fondamental pour la République, il est nécessaire à sa survie, la question n’est pas que d’ordre privé. La définition républicaine pourrait donc être que c’est une union entre deux personnes, s’engageant formellement sur la durée et ayant un projet d’enfant. En contrepartie, l’État aidera les mariés à travers des lois ad hoc et des avantages fiscaux. On notera que cette définition est suffisamment large pour y inclure naturellement les couples homosexuels et traite sans soucis les versions transsexuelles (l’église catholique est bien empruntée avec les couples XX/XY transsexuels qui pourtant répondent à leur définition !).

Dernière question, celle du nombre. Pourquoi ne pas admettre des mariages polygames ou polyandres ? Si on ne prend que le strict point de vue rationnel, parce que ce type d’union n’aurait de sens qu’en cas de déséquilibre démographique persistant très marqué entre hommes et femmes. C’est le seul cas, où pour des raisons de stabilité sociale, on peut admettre un mariage étendu au-delà d’un couple, ce qui se produit très rarement.

Il est donc plus que temps que nos lois sur le mariage s’accordent enfin avec la raison et les aspirations des couples quelle que soit leur nature, cette réforme allant de pair avec celles des lois sur l’adoption et la procréation. La définition du mariage du point de vue de la République peut être différent des définitions personnelles que nous avons tous, elle ne s’y oppose cependant pas. Quelle que soit la loi de la République, cela ne changera en rien la raison pour laquelle chacun de nous s’est unit (ou pas) avec quelqu’un(e), par contre cela supprimera une source de souffrance pour certains couples et harmonisera la société.

Voilà une réforme au combien humaine et nécessaire.

Le refus du malthusianisme ambiant

Je sorts quelques instant de la torpeur estivale pour quelques réflexions sur un sujet  qui me trotte dans la tête depuis un bon petit bout de temps.

Je n’aime pas trop l’atmosphère actuelle, certes parce que les temps sont particulièrement durs et que notre nouveau gouvernement n’a fait qu’entamer son travail de réforme, mais surtout parce qu’elle est animée par un profond mouvement de recul et de repli sur des valeurs passéistes (« c’était mieux avant« ) lorsqu’elles ne sont pas carrément anti-progrès.

Cela prend mille et une formes, mais le débat sur l’économie en est une bonne synthèse. Il me semble que ce débat, qu’il prenne l’angle de la « démondialisation« , de la « décroissance« , ou de la sempiternelle invasion (dont on ne sait plus très bien d’où elle vient d’ailleurs), se nourrit à la fois d’éléments très objectifs (la crise, la perte d’emploi avec les sociétés qui ferment, …), d’éléments plus ou moins philosophiques (l’insatisfaction et le mal-être de la société de consommation) et d’erreurs de compréhension.

L’une des erreurs les plus graves pourrait être lié au constat du monde fini dans lequel les sociétés humaines évoluent. Le XXième siècle a été le siècle où les hommes ont effectivement compris que leurs frontières géographiques ne pouvaient plus être poussées plus loin et qu’en plus, les moyens mis à leur disposition pouvaient parfaitement aboutir à l’épuisement complet des ressources de leurs territoires. De là nait un raccourcis malthusien : si les ressources sont finies dans un espace fini, il faut arrêter de croître, en particulier de façon économique.

Raisonnement simple mais parfaitement faux puisqu’il postule sans le dire que la croissance n’est issue que des biens physiques (matières premières, production agricole, …) alors que la croissance peut aussi se nourrir de l’énergie (dont nous n’avons pas atteint les limites), des services (la « matière première » des sociétés humaines) et de la connaissance (on pourrait ajouter à cette liste la finance, mais malgré la capacité de croissance de ce secteur, les années que nous vivons montrent combien les risques de cette industrie sont mal maîtrisés !).

Chercher à opérer un recul économique malthusien est une position qu’un parti de progrès comme le PS ne peut en aucun cas défendre. Notre combat en la matière doit être d’optimiser et d’équilibrer l’économie liée aux secteurs qui consomment les ressources physiques des écosystèmes et de réorienter l’économie pour développer l’économie de l’énergie, des services et de la connaissance.

Nous devons favoriser tout ce qui permet d’avoir de l’énergie, des services et des connaissances abondants et bon marché. Nous devons le faire avec force, conviction et enthousiasme.

Un monde malthusien est un monde de rareté et de récession, un monde qui ne peut que s’éteindre. Nous n’avons aucune raison d’entrer dans ce monde là, et au contraire, nous devons repartir à la conquête des espaces qui restent infinis et inépuisables et baser nos économies là-dessus. Nous sommes aujourd’hui à un point d’inflexion puisque les modèles marxistes & capitalistes sont arrivés à leur terme, à nous de faire les bons choix pour construire le nouveau monde.