Les primaires socialistes en Iroise

 


Primaires Citoyennes: mode d’emploi par PartiSocialiste
Le temps passe vite et nous sommes à moins d’un mois du premier tour des primaires socialistes. Il est temps de faire le point et de donner quelques informations à ceux qui jusqu’ici ont regardé les choses d’un peu loin.

D’abord, rappelons qui sont les candidats (sources : http://www.lesprimairescitoyennes.fr/).

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  • Arnaud MontebourgArnaud Montebourg

    La nouvelle France

    La candidature d’Arnaud Montebourg est celle de la transformation de la gauche.

  • Martine AubryMartine Aubry

    «Pour sortir de la crise»

    Martine Aubry propose mardi, dans une tribune publiée dans Les Echos, des solutions pour sortir de la crise. Elle préconise notamment la création d’une Lire la suite

  • Jean-Michel BayletJean-Michel Baylet

    Discours de Seignosse

    Discours de clôture de l’université d’été du PRG à Seignosse le 4 septembre 2011.

Qui peut voter et où ?

Vous pouvez voter si vous êtes inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre 2010 ou si vous êtes membre du PS. Dans tous les cas, il faudra signer « l’engagement de reconnaissance dans les valeurs de la Gauche » et de s’acquitter d’une participation au frais d’organisation de 1 € minimum (vous pourrez donner plus, jusqu’à 150 € en liquide ou 7500 en chèque – dans le cas du paiement par chèque vous recevrez ultérieurement un recipicé de dépôt) .

Tous les bureaux de votes habituels ne seront pas ouverts. En Iroise (3ème circonscription du Finistère), les bureaux de vote seront dans les villes de :

  • Molène
  • Plabennec
  • Plouarzel
  • Ploudalmézeau
  • Plougonvelin
  • Ploumoguer
  • Plourin
  • Plouzané (2 bureaux)
  • Porspoder
  • Saint-Pabu
  • Saint-Renan
  • Trébabu
  • Tréouergat

Vous pouvez retrouver votre bureau de vote en le recherchant sur le site des primaires citoyennes.

Participation

Ces primaires peuvent également être pour vous l’occasion de vous impliquer dans la vie républicaine : si vous voulez participer à la tenue du bureau de vote, vous serez les bienvenus !

De même si vous aimeriez changer la politique de l’intérieur mais que vous voulez en discuter avant, laissez-nous un commentaire. Le PS essaie d’améliorer les procédures démocratique, à vous de nous aider à changer la politique !

Mer d’Iroise, Terre Bretonne, énergie et députés

Politique en Iroise - FinistèrePour la campagne des primaires de 2006, j’avais mis en avant trois défis majeurs : la rupture climatique, la rupture énergétique et la bascule démographique. A l’époque, le changement climatique était plus un sujet de contestation qu’un élément profond de réforme politique, les effets de la bascule démographique n’étaient envisagés qu’à travers le déni de l’urgence du financement des retraites, quant à l’énergie, le débat politique se focalisait sur une opposition peu utile pro-nucléaire contre écolos. Militant pour une refondation politique à gauche, je n’ai guère eu de sujets de satisfaction pendant ces longues années d’errements sarkozystes.

Depuis nous avons dû cheminer en affrontant une crise économique majeure et ces thèmes sont devenus une évidence au point d’être le point de départ du projet socialiste pour 2012. Bien qu’il manque à mon sens un quatrième défi (la numérisation de la société), le débat national a progressé, en particulier grâce aux socialistes.  Mais au niveau local, qu’est-ce que cela donne concrètement ? Comment cela impacte-t-il et impactera-t-il nos vies ?  Comment les députés qui seront élus après la présidentielle pourront-ils agir ? Comment le « métier » de député doit-il évoluer pour aider à résoudre nationalement et localement ces défis.

Dans la 3ème circonscription du Finistère, ma députée est UMP (pas de chance pour elle, elle devra assumer 10 années de gestion catastrophique du pays l’année prochaine…). Élue depuis 2002, c’est une politique plutôt de la vieille droite, c’est-à-dire quelqu’un qui est plus assidue aux inaugurations locales et petits fours qu’active au micro de l’assemblée ou au stylo des commissions. Le classement 2010 des députés l’a d’ailleurs classée 319ème sur 575 (le classement a « oublié » 2 députés) avec 39 interventions au total dont 14 en séance et 25 en commission, 3 rapports et avis, pas de loi. Si cette approche a un évident intérêt électoraliste, elle est surtout préjudiciable à l’évolution de l’économie locale (ici en Iroise), car elle ne porte en elle aucun dynamisme de développement pouvant être relayé à Paris.

Un exemple simple peut illustrer cela.

Brest pourrait devenir un pôle énergétique majeur à travers le déploiement en mer d’un projet ambitieux d’éoliennes et d’hydroliennes. Voilà un projet industriel qui représente à mes yeux une fantastique opportunité économique pour le Finistère nord où les acteurs de la mer ont plus l’habitude de se battre contre la peste des algues vertes ou la survie du métier de pêcheur face à la Politique Commune de la Pêche. La « politique du petit four » permet certes de compatir au malheur des pêcheurs en leur servant de jolis discours et de prendre des positions défensives, mais rien de plus. Seule une vision plus large, seule une action au plus haut niveau de l’État relayée efficacement sur le terrain est en mesure de mettre en place une politique globale, cohérente et conquérante de la mer (en nord Finistère comme sur toutes les côtes françaises d’ailleurs). Pour reprendre l’exemple des pêcheurs, nous avons affaire à des professionnels qui certes défendent une vision de leur métier, mais sont aussi tout à fait capable de comprendre les problèmes, de saisir des opportunités et d’évoluer du moment que l’on est en mesure de leur proposer quelque chose de solide. Ce n’est pas à coup de taxe poisson accordée un jour de colère et abandonnée quelques années plus tard pour cause de stupidité contre-productrice que l’on résout un problème structurel. L’outil de travail doit évoluer, le stock halieutique n’est pas infini, Bruxelles légifère : voilà les menaces. Une nouvelle industrie d’énergie maritime est en train de se construire : voilà une opportunité. Il me semble que le rôle du législateur, surtout si c’est le député local, est de proposer et de favoriser un cadre général pour qu’une industrie en difficulté comme la pêche puisse tirer parti d’une industrie naissance comme celle de l’énergie. Et au-delà, c’est tout le bassin de Brest qui doit pouvoir en bénéficier ! Pour cela il faut peser sur les lois, pour cela il faut s’appuyer sur le relais efficace des élus locaux dont c’est le métier d’être tous les jours sur le port, pour cela il faut aider les entrepreneurs à faire évoluer leur modèle d’affaires, pour cela il faut mettre en place des canaux de communication plus souples et efficaces, sortir des interminables réunions et passer à des groupes de travail utilisant les outils numériques modernes par exemple. Pour cela, peut-être aussi faut-il plaider pour une nouvelle vision de l’exécutif et défendre l’idée d’un vrai ministère de la mer.

Les défis qui s’opposent à nous nous imposent de repenser notre tissu économique et social, nous imposent d’innover et de saisir les opportunités, mais nous imposent également de changer notre façon de faire de la politique, de changer les métiers de la politique et en particulier celui très important de député qui ne peut plus se contenter de faire un peu de présence à Paris et beaucoup dans les soirées festives en ville. L’évolution technologique permet d’avoir des liens journaliers directs (voir le blog de Jean-Jacques Urvoas ou Pierre Moscovici par exemple) entre les citoyens et leur député. Mais au-delà, ils permettent aussi de travailler sur des problèmes à distance et de façon efficace. Il est nécessaire d’évoluer dans ce sens, tout en s’appuyant fortement sur les élus locaux, maires, conseillers cantonaux ou régionaux, ainsi la chaîne démocratique reprend tout son sens au service du citoyen.

En 2012 nous élirons un nouveau président, élisons également une nouvelle façon de servir la démocratie et de faire de la politique !

PS en Iroise : l’hebdomadaire Cap Finistère

Les élections approchent et vous souhaiteriez mieux connaître les actions du Parti Socialiste dans le finistère.

Si vous êtes pur web 2.0 je vous invite à venir régulièrement sur ce blog. Si vous êtes plutôt formatés papier, alors vous pouvez recevoir chaque semaine CaP Finistère (coupon à renvoyer ci-dessous), l’hebdomadaire de la Fédération du Finistère du Parti Socialiste.

Globalisation et PME en Iroise

Je continue ma petite déclinaison locale bretonne des grands thèmes qui seront peut-être les sujets de la campagne de 2012, en espérant qu’on ne nous refera pas le coup des photos people et autres coups foireux de sous-bois (ce qui n’est pas gagné si on en juge par l’affaire DSK).

L’économie sera donc le sujet de ce billet. Loin des multinationales, aussi loin du libéralisme échevelé que du marxisme impénitent, le Finistère nord est une terre de PME, TPE, d’artisans, d’agriculteurs et pécheurs, a un tel point que je me demande parfois si tout le monde en Iroise n’a pas été, est ou sera un jour dans un de ces statuts ! L’histoire, le climat et la situation géographique de presqu’ile y sont sans doute pour beaucoup. Ce qui m’étonne le plus dans le tissu économique local c’est la capacité étonnante à conjuguer un individualisme fort (être maître chez soi !) avec un incroyable tissu associatif, aussi bien économique que culturel. Les citoyens d’ici ont su trouver la formule pour conjuguer l’individu et le collectif, le destin personnel qui s’accomplit au sein d’une société qui a une identité marquée et cohérente. Ni marxiste ni néo-libéral, une société qui convient au social-démocrate que je suis.

En Iroise, on n’attend pas grand chose de la finance mondiale et les banques mutualistes ont encore un bel avenir devant elles. S’il y a bien une chose que j’ai compris en travaillant ici, c’est qu’en économie, on ne donne pas deux chances à quelqu’un de foireux : il faut tenir ses engagements. Nous sommes loin de la culture gouvernementale actuelle qui s’est fait une spécialité des effets d’annonce, des décisions immortelles qui ne durent que le temps du souffle médiatique. La dette en est un bon exemple. On nous promet une règle d’or, on nous affirme que c’est le chemin de la vertu. Comment le croire alors qu’une règle moins contraignante existe (les 3% de déficit de Maastricht) et que non seulement cette règle n’a pas été respectée, mais qu’il y a encore peu ce gouvernement nous expliquait que l’objectif n’était pas si impératif que cela et que l’on pouvait biaiser en distinguant bonne et mauvaise dette. Tenir un tel discours ici serait s’exposer à finir à la baille dans le port de Brest…

Quelles décisions concrètes seraient en Bretagne (comme ailleurs) utiles ? Les libéraux n’ont que le mot « charges » à la bouche, ce qui est facile puisqu’à première vue, n’importe quel entrepreneur est réceptif à ce discours et que la logique présentée est simple : moins de charges égale plus de compétitivité. Or c’est en général faux et il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi. Imaginons qu’au lendemain de l’élection, toutes les charges des entreprises soient mises à zéro. Les entreprises regagneront-elles de la compétitivité ? Pour la plupart non, car dans la structure actuelle du marché, l’immense majorité des ventes se font sur un seul critère, le prix (pas la qualité ou la fonction), et dans un système hautement concurrentiel, toutes les entreprises iront tôt ou tard vers une diminution maximale des prix de vente : les charges en moins seront transformées en baisse de prix, elles n’iront pas aux marges (le consommateur semblera y gagner dans un premier temps, mais devra payer ultérieurement pour des services publics qui ne sont plus financés). Comme tout le monde le fera, l’État aura perdu ses recettes mais les entreprises n’auront rien gagné. Par contre, ce dont a besoin le tissu économique concernant les charges, c’est d’être traité à égalité avec tous les acteurs : on se moque de payer 40% de charges salariales du moment que pour un même produit, tout le monde paie ces mêmes charges. Voilà qui plaiderait plutôt pour un transfert des charges patronales sur une collecte de type TVA.

Autre élément qui me semble important, c’est d’assurer la visibilité à moyen terme des charges. La suppression de la taxe professionnelle en est un bon exemple. Les entrepreneurs se sont dans un premier temps réjouis de voir disparaître cette taxe, jusqu’au moment où ils ont reçu sans être averti une nouvelle contribution qui avait été inventée pour remplacer la première. D’une part ceci n’avait pas forcément été budgétisé, mais en plus le mode de calcul a largement été changé, pénalisant parfois extrêmement fortement les services et soulageant généralement les activités lourdes. Dommage qu’au passage nos technocrates aient oublié que la tendance économique de fond soit d’aller vers plus de services, voire de passer en économie quaternaire où le service paie le matériel. Il est nécessaire d’assurer une visibilité à moyen terme sur la fiscalité.

Troisième chose : la complexité. Cette complexité fiscale est probablement (en partie) liée à une volonté louable d’équité. C’est gentil, mais de grâce oubliez cette illusion, aucun impôt ne sera parfaitement équitable, et allez au plus simple. Je rêve d’une imposition où le système prendrait trimestriellement X% du CA et Y% du bénéfice annuel et puis c’est tout. Si l’administration fiscale veut se pourrir la vie, pas de problème qu’elle le fasse mais en son sein et après la collecte ; du point de vue de l’entreprise, le temps passé à faire des déclarations est du temps perdu, de l’argent gaspillé. Une fiscalité hyper-simple, même injuste a priori, représente un gain de productivité à elle-seule.

Dernière chose que je veux aborder ici, ce sont les aides. Elles sont objectivement nécessaires dans nombre de cas, en particulier pour la création d’entreprise et l’innovation. Dans les faits, ce sont les entreprises structurées capables d’avoir un service administratif dédié, ou les sociétés qui se sont fait une spécialité de proposer des prestations pour récupérer ces aides pour les autres qui en tirent bénéfice. Pour ne retenir que l’exemple du Crédit Impôt Recherche, il est plus facile à une multinationale de se financer avec le CIR que la startup du technopôle local : dommage car la startup en question est infiniment plus créative ! Il existe aussi une difficulté particulière concernant l’innovation : pour avoir un CIR, mieux vaut avoir une innovation peu innovante avec des investissements lourds que quelque chose de révolutionnaire, en particulier si on est en innovation de service ou marketing. Google (service de recherche) n’aurait eu aucune chance d’avoir un CIR, Apple non plus (innovation marketing). L’innovation ne dépend pas non plus que de chercheurs : en Iroise, ce sont les outils de pêche qui sont à renouveler, de nouveaux modes de culture ou pisciculture, la gestion de la pollution (algues vertes en particulier) tout autant que le développement des énergies ou des services informatiques en ligne. Il faut arrêter avec les dizaines d’aides possibles pour passer à un système plus simple : par exemple une première aide à l’attribution ultra-simplifiée, puis des aides suivantes en fonction des résultats produits.

L’économie du Finistère nord me semble donner quelques exemples et éléments de réflexion qui doivent permettre de produire des outils simples, clairs et réalistes de soutien du développement économique. Le tissu économique d’Iroise ne nécessite et ne demande pas de mesures d’assistance, juste de la visibilité, de la simplicité et des actions pour faciliter la création et l’innovation.

Nucléaire, éolien et gaz, le défi énergétique : illustration en Iroise (Bretagne)

Dans mon texte des défis, j’avais mis en avant quatre obstacles majeurs à traiter pour les politiques d’avenir de la France  :

  • la rupture climatique et ses conséquences écologiques (dont j’ai traité un aspect concret avec mon post sur les algues vertes en Bretagne)
  • la bascule démographique
  • la dématérialisation numérique de nos sociétés(c) creative commons : Otourly
  • et enfin la rupture énergétique.

C’est une illustration concrète de ce dernier point que je voudrais aborder dans cet article, en prenant pour illustration l’Iroise (où j’habite). Pour ceux qui localisent mal ce pays breton, c’est le bout de la pointe nord du trident Breton (là où se trouve d’ailleurs la pointe la plus à l’ouest de la France continentale, qui n’est pas la pointe du Raz comme on le croit trop souvent, mais le cap Corsen).

La Bretagne dans son ensemble et l’Iroise en particulier, illustrent très bien les ambiguïtés et incohérences des choix énergétiques Français.

De part sa situation géographique, l’Iroise, comme la Bretagne, est déficitaire en énergie et sa situation en bout de ligne fragilise la distribution, à tel point qu’il n’est pas exceptionnel d’avoir une ou deux coupures de courant dans l’année. Et à chaque pointe de consommation réapparaît le spectre de la coupure de délestage. Comme les prévisions de consommation sont plutôt largement à la hausse (imaginez ce qui se passera lorsque chacun rentrant chez lui entre 18h et 19h avec sa voiture tout électrique et la branchera pour la recharger…), la question de construire des générateurs se posent avec force.

On le sait, l’énergie en France est d’abord nucléaire. La Bretagne a deux singularités concernant ce mode de production : Brennilis et Plogoff. Brennilis nous instruit sur la difficulté à démanteler une centrale nucléaire (le nucléaire ne pose que deux petits problèmes : on ne sait pas quoi faire lorsque cela explose, pas plus qu’on ne sait gérer correctement les déchets). Quant à Plogoff, cela montre le rejet et la peur, plus ou moins rationnels, que représente culturellement le nucléaire.

Pour les sociaux-démocrates, le nucléaire est tout à la fois la seule solution actuelle pour produire à grande échelle l’énergie qui nous est indispensable, et une solution technologique dont il est souhaitable de sortir, mais selon une démarche rationnelle qui prend en compte aussi bien les aspects de sécurité, économique, et sociaux. Fermer les centrales sans rien proposer qui soit au minimum équivalent est une tartufferie, continuer sur le tout nucléaire inacceptable. La démarche proposée est que pour chaque centrale que l’on serait amené à construire parce que c’est nécessaire, on en ferme au moins autant en fermant les plus dangereuses (Chinon, Fessenheim par exemple au démarrage de Flamanville), et que l’énergie supplémentaire manquante soit produite par des moyens complémentaires (éolien, hydrolien, …). Ouvrons à chaque étape une négociation : ce dont on a besoin et ce qui peut permettre de répondre à ces besoins. Ce processus aboutira plus ou moins rapidement à la disparition complète du nucléaire en fonction des meilleures solutions à une époque donnée et des efforts communs que chacun consentira à faire.

La notion d’effort commun n’est pas un vain mot et c’est peut-être la principale difficulté. En matière d’énergie, chacun est prompt à exiger de consommer sans restriction, et tout aussi prompt à refuser de produire près de chez lui de quelque façon que ce soit. On pourrait croire que la production d’énergie par éolienne est plébiscité dans une région qui a refusé avec tant de fougue le nucléaire. Hélas, le champ d’éoliennes que j’aperçois de ma fenêtre rencontre son lot d’opposants, avec des arguments qui tiennent parfois plus du fantasme que d’autre chose. Si les éoliennes dans les champs posent problèmes, alors construisons-les en mer. Mais là aussi, des collectifs contestent immédiatement les projets d’implantation. Soit, construisons alors une centrale classique au gaz. Patatras, un nouveau comité anti-centrale au gaz se met en place.

Non à une Centrale Gaz/Fuel à Guipavas

Reste donc les efforts d’économie et de production domestique. Hélas, si on peut espérer à terme équilibrer les besoins des foyers, cela n’est absolument pas suffisant pour les entreprises, même lorsque la plupart sont des TPE/PME comme en Iroise. Que dire alors des bassins industriels lourds ?
On sait produire toute l’énergie nécessaire, on sait même en produire une bonne partie d’une façon qui respecte les écosystèmes. Mais quel que soit le mode de production, l’obstacle principal est l’acceptation locale. Nous sommes dans un système où le citoyen se sent systématiquement agressé lorsqu’il s’agit de construire une centrale. Or on peut facilement deviner que cette opposition n’est pas forcément rationnellement fondée, et qu’il est possible que cette opposition soit plus le résultat d’une approche qui donne le sentiment que l’on imposera une solution coûte que coûte, fruit d’une erreur de méthode, fruit d’une incompréhension, peut-être aussi d’une administration d’État qui apparaît trop arrogante.

Je n’approuve pas cette opposition systématique, pas plus que je n’approuve les passages en force. Face à un problème objectif d’une consommation électrique qui n’est pas satisfaite par une production suffisante, il me semble possible de trouver des solutions sans déclencher à chaque fois une guerre picrocholine.

Algues vertes et tambouille politique

Les algues vertes de Bretagne sont tout à la fois le résultat d’une rupture de l’équilibre de quelques écosystèmes de bord de mer et de l’absence de courage politique.

On le sait sans l’ombre d’un doute, ces algues sont la conséquence directe d’un excès cumulé d’épandage agricole, les problèmes de rejets en nitrates urbains ayant trouvé leur solution à travers les stations d’épuration depuis longtemps. Or d’un constat très clair et factuel, personne ne semble avoir été en mesure de proposer et de mettre en œuvre une solution efficace. Pourquoi ?

A mon sens, essentiellement parce qu’en Bretagne comme ailleurs, la culture de la négociation et du compromis dans l’intérêt de tous n’est pas très développé (l’autre ayant par définition et a priori tord) et aussi parce qu’à l’image d’un Nicolas Sarkozy de passage, il est plus facile de brosser le cochon dans le sens du poil en se cachant derrière une idée fumeuse comme la méthanisation que de réunir des pugilistes dans une salle pour qu’ils fassent des concessions (l’idée que l’on peut transformer dans un réacteur un problème nauséabond en or énergétique est fort séduisante, mais elle n’est qu’industriellement très hypothétique et financièrement plus proche du plomb de l’investissement que de l’or des revenus espérés). Au passage on notera que la compassion affichée par le refus « de désigner des coupables, de montrer du doigt les agriculteurs» n’est qu’une gentille hypocrisie électorale (les agriculteurs votant a priori plutôt à droite) tant que les bords de mer seront là pour montrer aux yeux et aux nez de tous l’immensité du problème, désignant de facto la source du problème.

Mais alors si les agriculteurs sont de vilains pollueurs qui gazent les sangliers à coup de sulfure d’hydrogène, c’est donc que la vérité se trouve en face, dans le camp aussi vert que les algues. Supprimons le cochon est tout redeviendra bon, c’est d’une logique imparable ! Sauf que cette logique se heurte directement à la réalité du tissu économique et social breton, sans oublier l’intérêt par définition vital de produire de la viande de porc, facile à fabriquer à des coûts très faibles.

L’équation à résoudre est en fait la suivante :

  • diminuer la pression sur les écosystèmes en rejetant moins de nitrates, donc soit en diminuant la quantité de lisier (i.e. le nombre de cochons), soit en le traitant (à court terme, on ne sait pas bien le faire)
  • maintenir globalement une industrie (qui n’est pas que porcine) capable de nourrir les français à moindre coût pour une qualité acceptable
  • maintenir un emploi pour ces agriculteurs qui font vivre leur famille et l’économie locale par leur travail
  • ne pas oublier de financer collectivement et de façon équitable tout cela
  • arrêter d’attiser les passions

La solution de facilité consistant à vouloir « tuer » les agriculteurs en même temps que leurs cochons est inacceptable, individuellement et collectivement, tout autant que celle qui consiste à fermer les yeux et à se boucher le nez dans certaines zones littorales et à continuer comme avant.

Le bon sens voudrait me semble-t-il que l’on commence très rapidement par se doter d’un outil objectif permettant de détecter les endroits où la pression agricole sur les écosystèmes dépasse ce qui est assimilable par ces derniers, puis de chercher par tous les moyens techniques et organisationnels à diminuer cette pression pour la ramener à un niveau acceptable, et enfin pour tous les agriculteurs qui n’auront d’autres solutions que de diminuer leur production, à trouver et financer une reconversion partielle de leur production en répartissant les efforts de chacun. Je ne doute d’ailleurs pas qu’un certain nombre d’acteurs soient déjà dans une telle démarche, je préfèrerais que ce soit leurs voix qui soient entendus et que la parole politique vienne les renforcer plutôt que de procéder par effet de manches devant les caméras.

Je suis militant social-démocrate, je n’ai pas un rapport romantique à l’écologie (je préfère d’ailleurs parler d’écosystème), je suis attaché comme tout un chacun à vivre dans un environnement sain, riche et diversifié. Mais je n’oublie en aucun cas que je fais partie d’une société d’hommes et de femmes qui a ses propres contraintes et qui elle aussi à l’impératif besoin de trouver un équilibre sain, socialement et économiquement dans la dynamique de son histoire. L’écosystème de nos sociétés interagit avec l’écosystème naturel, nous ne pouvons pas détruire ce dernier, nous ne sommes pas (plus ?) soumis à celui-ci, mais nous avons l’impérative nécessité de le gérer avec sagesse pour l’avenir. Le problème des algues vertes en est une bonne illustration, résolvons-le avec sagesse.