Primaires citoyennes : les différents, les improbables et les acceptables

Cette dernière semaine de campagne avant le vote me semble avoir quelque peu baissé dans son intérêt. Cela est sans doute dû au fait que puisqu’il s’agit d’une primaire interne à la gauche, les différences (bien réelles) entre candidats sont plus faciles à décrypter et qu’il faut une campagne plus courte pour situer chacun, surtout lorsque le socle programmatique part d’une base commune. Et peut-être aussi, hélas, parce qu’on a vu ressurgir les petites phrases stériles en lieu et place des arguments constructifs.

Qu’en retirer ?

Il est de bon ton au café du commerce de clamer haut et fort que « la droite et la gauche c’est pareil ». Cette sentence définitive perd vite de sa pertinence lorsque l’on constate l’écart entre un Montebourg bien ancré à gauche avec son improbable concept de démondialisation et un Valls que l’on donne comme le libéral de gauche de service (sans pourtant avoir à se mettre sous la dent un vrai symbole libéral d’ailleurs). Si on constate de tels écarts entre courants d’un parti, il est évident qu’entre partis la différence est encore plus marquée. Finalement, Valls aurait à mon sens gagné à aller au bout de sa démarche, comme Montebourg l’a fait. Je ne crois pas qu’un des deux ait une chance d’être choisi, au mieux semble-t-il, Montebourg peut-il arriver deuxième si la gauche radicale se mobilise comme un seul homme, ce qui n’est pas gagné car la coalition d’Aubry intègre Hamon et la vieille garde représentée par Emmanuelli en plus de Fabius et de quelques anciens de socialisme & démocratie (Cambadélis en tête). Voilà pour le groupe des « différents« .

Un deuxième groupe semble pourvoir être discerné des autres : celui des « improbables« . On y trouve Baylet, intéressant mais qui semble devoir irrésistiblement générer la question « oui et alors ?« . On a aimé l’entendre défendre l’Europe, on a aimé sa pointe d’accent, « oui et alors ? » On y trouve également Royal, partie très tôt pour refaire son retard et essayer de rejouer 2006 sur le même tempo, mais qui manifestement n’est plus en mesure d’avoir un discours qui accroche, qui interpelle.

Enfin dernier groupe, celui des « acceptables pour une majorité à gauche« , regroupant Aubry et Hollande. Tout deux peuvent être choisi et entraîner après la primaire l’adhésion capable de vaincre Sarkozy. Pourtant, le match semble fortement pencher pour Hollande, celui qui, contrairement à Aubry, a réussi à se présenter comme le présidentiable, et celui qui est perçu comme tel. Il est clair que s’il arrive en tête dimanche, voire largement, cela n’étonnera personne.

C’est ce que disent d’ailleurs les sondages. Ah les sondages, adulés par certains lorsqu’ils placent leur candidat(e) devant la photo, tout autant détesté lorsqu’il ou elle disparaît de cette photo ! L’argument de la manipulation est largement avancée. Je suis personnellement très vigilant concernant ces possibles manipulations, mais un sondage ne donne lieu à une manipulation que dans de rares circonstances parfaitement identifiables :

  • s’il est fait dans des conditions peu rigoureuses (sondage en ligne par exemple)
  • si la question est biaisée (ce qui n’est pas ici puisque la question est simple : « pour qui allez-vous voter »)
  • si le sondage est interprété dans un autre contexte ou si le sondage est publié dans une dynamique temporelle qui en change le sens (fait avant un grand discours par exemple et publié le jour d’après)

A l’évidence, les sondages publiés ces derniers temps ne tombent pas dans ces cas, et nous sommes suffisamment proches de l’élection pour les considérer comme prédictifs, c’est à dire de considérer qu’effectivement François Hollande reçoit l’assentiment d’une grosse proportion des Français qui iront voter dimanche. Une dernière chose permet de vérifier cette tendance, même si c’est une vérification indirecte : c’est la mesurer de l’intérêt des Français pour les différents candidats, en particulier ces dernières semaines. Or nous disposons d’un outil permettant de faire cela : ce sont les statistiques des recherches google.



Les recherches Google (restreintes à la France) confirment le fort intérêt créé par le premier débat, suivi d’un intérêt pour MA supérieur à FH pendant quelques jours avant que ce dernier ne repasse devant. Le deuxième débat a eu moins d’impact mais a cette fois clairement profité à Montebourg et Valls, le premier allant jusqu’à faire jeu égal avec l’intérêt pour Aubry. Même si les courbes de google vont plutôt dans le sens des sondages, on se limitera à regarder les tendances puisque le moteur de recherche ne mesure par définition que les mots cherchés, pas la motivation (recherche positive ou négative ?). En tout cas, les résultats ne permettent pas de constater un hiatus entre les recherches des internautes et le résultat des sondages.

Quoi qu’il en soit, dimanche participez à un moment démocratique exceptionnel : allez voter à la première primaire citoyenne de l’histoire de France.

Pour Jean-Jacques Urvoas c’est François Hollande !

Jean-Jacques Urvoas vient de rendre officiel son soutien à François Hollande pour la primaire citoyenne.

Dans le Finistère la balance des grands élus penche maintenant très fortement en faveur de François Hollande (Patricia Adam, Maryvonne Blondin, François Cuyandre, Yvon Hervé, Annick Le Loch, Stéphane LeFoll, Jean-Yves LeDrian, Pierre Maille, Louis LePensec, Bernard Poignan, …)

La tendance est claire et puissante, il ne fait pas de toute que cela se traduira dimanche dans les urnes.

Primaires citoyennes : dès dimanche faisons gagner la gauche

Venir voter massivement dimanche constituera une première victoire pour tous les Français qui ne veulent plus de Nicolas Sarkozy et de la politique UMP qui a plongé la France dans le gouffre où nous sommes aujourd’hui.

 

Voter avec force pour que, dès le premier tour, un candidat puisse se présenter sans ambiguïté comme le futur adversaire de Nicolas Sarkozy donnerait un signal magnifique, un signal de détermination et d’espoir.

 

Depuis son entrée en campagne, François Hollande s’est révélé comme étant le candidat rassurant, le candidat capable de fédérer autour de lui une équipe de gens responsables, travailleurs et compétents, le candidat des terroirs, le candidat de l’alliage entre détermination, réalisme et espoir.
Dimanche, votons nous aussi avec force et réalisme pour commencer à passer de l’espoir à la realité !

Primaires socialistes : vers un duel Hollande / Montebourg ?

Va-t-on vers une clarification idéologique de la primaire socialiste ?

C’est une impression qui semble être confirmée par un sondage ce matin ( http://lci.tf1.fr/politique/primaire-ps-hollande-toujours-chouchou-des-sondages-6716628.html ).

Si Hollande est toujours largement en tête avec 44% alors que MA est deuxième à 28%, Arnaud Montebourg prend la 3ème place avec 11% d’intention de vote (devant SR à 9%, Valls 7%, Baylet 1%).

Montebourg est sans doute celui qui réussit, face à Hollande qui tient le rôle du présidentiable le plus plausible, à concilier la position idéologique la plus différente de FH et une visibilité médiatique correctement qualibrée.Il me semble que l’on pourrait s’acheminer finalement vers une question « Hollande ou Montebourg ? ».
Pour ma part, je ne crois pas une seconde que le concept de démondialisation d’AM tienne la route, mais au moins c’est un élément saillant et une originalité que les autres challengers ne présentent pas.

Je ne suis pas sûr non plus qu’il y aura besoin d’un second tour. On verra bien dans les semaines à venir si ma boule de cristal fonctionne toujours correctement.

A mes amis sociaux-démocrates : cette fois il faut choisir

Pour la première fois depuis 4 mois, Dominique Strauss-Kahn a pu s’exprimer publiquement sur les accusations qui ont été portées contre lui. Il a donné des réponses étayées par le rapport du procureur de New-York, mais a surtout tiré les conséquences de cette situation, reconnaissant sans faux fuyant sa responsabilité morale, aussi bien vis-à-vis de ses proches que vis-à-vis des Français.

L’attitude de DSK était digne, empreinte à l’évidence d’un profond sentiment de douleur et de regret, les mots étaient précis. Précise également l’officialisation de sa décision de ne pas intervenir dans la campagne des primaires, décision que beaucoup de militants sociaux-démocrates avaient entérinée mais que certains hésitaient encore à accepter. L’heure n’est donc plus à l’attente ou à l’espoir d’une candidature qui n’est plus à l’ordre du jour. La deuxième partie de l’émission d’hier soir consacrée à l’économie montre combien le jugement de DSK est irremplaçable et quelle perte cela représente pour cette élection, mais il en est ainsi, Dominique Strauss-Kahn n’est plus dans la course à l’élection  présidentielle de 2012.

Si Dominique n’est plus en course, les idées qu’il porte ne doivent pas pour autant se retrouver sans voix et sans militants. Le courant socdem est puissant, l’espoir qu’il porte est largement soutenu par les Français en attente d’un renouveau. Il appartient donc à chacun et chacune d’entre nous de dépasser ces difficultés pour s’engager pleinement dans la campagne des primaires. J’ai pour ma part déjà choisi de rejoindre mes camarades de B2G pour François Hollande, mais je comprends tout à fait que certains hésitent et puissent faire un autre choix, portés par des motivations ou une réflexion qui ne regardent qu’eux. Quoi qu’il en soit, il nous faut choisir et quel que soit soit votre choix, nous nous retrouverons après la primaire dans la bataille pour la victoire de nos idées, pour apporter l’espoir et le renouveau à nos concitoyens.

J’étais samedi dernier au meeting de présentation des candidatures des 6 candidats du PS à Guipavas. Exercice intéressant et instructif.

À l’évidence, il sera plus que difficile pour les sociaux-démocrates de choisir A. Montebourg qui malgré l’éloquence de Gilbert Le Bris, soutient  l’orientation d’une démondialisation, terme aussi accrocheur que « mal choisi » (dixit G.L.B.). A vrai dire il était même coquasse de défendre un tel concept lorsque l’écran derrière les orateurs fournissait involontairement le parfait exemple de l’incohérence de ce concept. Essayez de « démondialiser » l’ordinateur et les services qui vous servent à lire ce post…

Axel Kahn défendant la candidature de M. Aubry a été intellectuellement brillant (qui aurait pu prétendre le contraire), Martine aurait pu largement bénéficier du pacte de Marrakech et de l’amitié réaffirmée de DSK, il n’en reste pas moins qu’elle s’est montrée un bien piètre manager vis-à-vis des militants sociaux-démocrates, manquant à plusieurs reprises les rendez-vous qu’elle aurait pu prendre avec nous. Par ailleurs, elle devra composer avec des courants qui d’Hamon/Emmanuelli à Cambadélis en passant par Fabius ont quand même des marques de fabrique très différentes. Pour ces raisons, MA n’a pas été mon choix mais je comprends ceux qui hésitent.

A Guipavas, l’intervention pour JM Baylet a été intéressante sur le fond, très européenne, mais je l’ai reçue plus comme une candidature de témoignage qu’autre chose.

Je ne pourrai pas dire grand chose de la candidature d’E. Valls car son représentant à cette réunion a raté son avion. J’y verrai le symbole d’une candidature affaiblie par son manque de représentativité locale, un discours que l’on aurait aimé entendre, et que l’on écoutera avec attention la prochaine fois.

Le représentant de S. Royal a été peut-être le plus décalé, jouant souvent sur l’empathie, pas forcément clair et trop politiquement convenu. SR n’a à l’évidence pas su se renouveler depuis 2007.

Restait donc Bernard Poignant pour François Hollande, qui a su prolonger le message d’un candidat qui apparaît comme le plus présidentiable de tous. Très peu de choses sur le programme lui-même ont été dites (tous défendent le programme du PS d’ailleurs), l’accent ayant été mis sur ses qualités d’homme d’État. Le discours ne serait pas original si les autres candidats avaient fait de même. Mais une césure est clairement apparue entre la candidature de François Hollande et celle des autres, ses challengers. Cela reflète l’opinion actuelle des Français, tous semblent l’avoir acté.

Voilà le résumé d’une sacrée semaine, avec un débat national, une rencontre régionale en ce qui me concerne, et la clôture faite par DSK. Le débat est dense, et les socialistes malgré les difficultés, ont donné une excellente image d’eux-même. Nous avons accepté les débats contradictoires et pour l’heure, nous prouvons aux Français notre valeur. J’appelle donc les derniers indécis des rangs socdem à entrer eux-aussi dans la bataille des primaires, et quel que soit leur choix, de défendre haut et fort nos idées à travers le ou la candidate qui représente à leur yeux le mieux ces idées. Je ne sais pas s’ils feront le même choix que moi avec François Hollande, mais peu importe, je suis certain que mi-octobre nous serons côte-à-côte pour répondre aux attentes des Français : virer l’ump et Nicolas Sarkozy, remettre le pays sur ses pieds et lui rendre son honneur et sa fierté.

Débat des primaires socialistes : éclairage sur le nucléaire

Le débat d’hier soir a traité la question du nucléaire de façon un peu plus saillante que le reste. Comme c’est une question qu’à titre personnel j’ai travaillé avec mes camarades sociaux-démocrates depuis plusieurs années, je donne ici quelques éléments de réflexion et de choix.

Sortir du nucléaire ? par LCP

Tout d’abord, il faut constater que le corpus idéologique du PS a fondamentalement évolué sur la question écologique, que ce n’est plus un sujet subalterne et aussi que notre vision des choses n’est pas celle des écologistes. Nous avons une approche propre, qui ne conçoit pas la nature d’un point de vue « romantique ». D’ailleurs, le terme même de « nature » est à mon sens inapproprié pour le débat politique.

Par rapport à ce problème, nous devons considérer d’un côté les écosystèmes et de l’autre la société des hommes. Ces deux éléments s’imbriquent, la société des hommes ne peut avoir d’avenir dans des écosystèmes dégradés, mais dans tous les cas, nous plaçons l’homme au cœur de notre idéologie, de nos réflexions, de nos décisions. Nous voulons engager la France dans une démarche de développement durable, ce terme impliquant à la fois une prise en compte des écosystèmes et des paramètres économiques, sociaux et sociétaux de nos sociétés.

A contrario, les écologistes prônant la décroissance mettent d’abord en avant la « nature » puis engage la société dans un processus malthusien. C’est très différent de notre approche puisque nous acceptons d’agir sur les écosystèmes, de les modifier, du moment que ces actions préservent l’avenir à la fois de ces écosystèmes et des sociétés humaines. Nous travaillons pour le bonheur d’hommes et de femmes libres, émancipés, maîtres de leur destin.

C’est à partir de cet éclairage qu’il faut comprendre notre orientation nucléaire. François Hollande fixe un cap de sortie du nucléaire car cette technologie pose des problèmes de sécurité et a potentiellement un impact très fort sur nos écosystèmes (ceux qui ont oublié Tchernobyl ont eu la mémoire rafraîchie avec Fukushima). Cependant, cette sortie du nucléaire doit être faite en gardant à l’esprit l’intérêt des citoyens qui est de façon immédiate d’avoir de l’énergie, puis de diminuer l’empreinte carbone de nos sociétés, puis de passer à des énergies plus satisfaisantes pour les écosystèmes. Ces différents aspects pouvant d’ailleurs être traités de façon complémentaire. Par ailleurs, nous sommes sociaux-démocrates et la négociation est notre outil de travail. Nous fixons donc un cap, nous mettons sur la table les besoins (le besoin énergétique augmente, le parc de production vieillit, certaines énergies deviennent obsolètes, certaines technologies changent la donne), et à chaque étape nous voulons engager une discussion, ferme mais ouverte, pour trouver la meilleure solution. Certains ont une vision plus dirigiste et étatiste, les sociaux-démocrates privilégient des choix plus concertés et consensuels.

Flamanville est un excellent exemple. Une nouvelle technologie arrive. Que vaut-elle ? C’est une technologie nucléaire et nous voulons en sortir : si on ajoute une centrale alors pour progresser sur la voie de sortie du nucléarie, il faut en fermer au moins deux (Fessenheim et Chinon sont de bons candidats pour cela). Est-ce que cela a un sens ? Comme on ne comblera pas le déficit de production d’énergie, par quoi complète-t-on ? Des éoliennes ? Des hydroliennes ? Du solaire ? Des économies d’énergie ? De l’intelligence dans la consommation ? Le débat est ouvert, menons-le sereinement et reprenons-le à chaque étape.

La voie est claire : on veut sortir d’une filière dangereuse et impactant trop les écosystèmes. Les outils sont clairs : on affiche les buts, les contraintes, et on négocie les choix en cherchant le consensus, ce qui n’empêche pas d’être ferme sur la nécessité d’atteindre les buts. A chacun de voir s’il est d’accord ou pas avec cette approche, c’est la notre, et François Hollande l’incarne très bien dans cette primaire.


Textes de réflexion :

 

François Hollande tend la main à DSK et au-delà, à ceux qui portent ses idées

« Sa compétence en matière de finances, en matière internationale, est plutôt recherchée et reconnue (…) Dans la situation que l’on connaît, il fait partie des voix que l’on veut entendre »

Cette déclaration de FH lors du grand jury RTL (04/09) est à la fois sobre, raisonnable et marque une réelle volonté d’ouverture en direction de Dominique et des militants socdems qui l’ont soutenu et le soutiennent toujours. La politique est rarement simple, ici au moins elle est claire.

Après le temps de la réflexion, l’heure du choix

En juin, au moment de la déclaration des différentes candidatures aux primaires socialistes, j’avais souhaité, en accord de pensée avec beaucoup de mes camarades sociaux-démocrates, prendre le temps de la réflexion, à la fois pour laisser l’affaire DSK aller à son terme judiciaire, et également pour que Martine Aubry et François Hollande aient le temps de clarifier leur ligne politique et leur position spécifique vis-à-vis de nous.

Le temps a donc passé, la justice a pu clairement établir le niveau de véracité de l’affaire New-Yorkaise, Martine et François ont pu plus largement s’exprimer.

Attendre plus longtemps ne me paraît pas souhaitable :

  • parce que cela laisserait le débat des primaires se dérouler sans une bonne partie des e-militants socdem,
  • parce que cela laisserait penser que finalement nous ne sommes pas si rationnels que cela et que dans des situations complexes nous restons « coincés » par nos sentiments, incapables de prendre une décision claire parce qu’elle n’irait pas dans le sens de nos émotions,
  • parce que cette attente serait trop focalisée sur une personne ce qui permettrait à certains de nous traiter de fans et non de militants au service de tous,
  • parce que cela n’empêcherait pas chacun et chacune d’aller petit à petit dans un sens ou dans un autre, mais à contre cœur et un peu honteusement.

Mon attachement aux idées sociale-démocrates modernes largement alimentées par la pensée de Dominique, mises en lumière par ses résultats aussi bien au gouvernement qu’au FMI, restent une référence. Mais aujourd’hui j’ai le sentiment de devoir choisir, et de dire avec force et fierté que je suis un socdem, que j’ai toujours défendu loyalement une candidature de Dominique, que je l’ai fait parfois dans des conditions plus que difficiles et à contre-courant de « l’opinion », mais voilà, je suis aussi un militant qui doit et qui sait prendre ses responsabilités, alors je le fais, et je le fais avec force et conviction.

Je rejoints donc les militants qui soutiendront François Hollande dans cette campagne des primaires. Je lui apporte mes convictions, mon énergie, mon espoir des réformes radicales, ma capacité à me battre et à pourfendre les mensonges et les manipulations, celle aussi d’imaginer un avenir meilleur et les outils qui y mènent. Je vous invite à faire de même et quoi qu’il arrive, je vous donne rendez-vous juste après les primaires pour construire ensemble le chemin vers la victoire finale de la gauche et de tous les Français.

Affaire Dreyfus Strauss-Kahn : justice des medias, verdict du peuple

C’est dans les moments troubles et la solitude que l’on teste ses convictions et que l’on se révèle à soi-même.

Lorsqu’en ce dimanche irréel j’ai allumé ma radio et que j’ai entendu l’incroyable nouvelle de l’arrestation de DSK, je me suis senti tout à la fois troublé et bien seul. Les informations qui se succédaient tout au long de la journée semblaient plus accablantes les unes que les autres, leur rythme et leur caractère mondial ne semblaient laisser la place à aucun doute et la construction médiatique qui avait atteint son paroxysme avec le perp walk auraient dû annihiler tout questionnement : vous qui entrez dans l’arène médiatique, abandonner tout espoir d’autre vérité que celle qui vous est donnée

Et pourtant, plusieurs choses m’ont fait douter. Le souvenir de la médiatisation de Timişoara et de Ceauşescu a laquelle je n’avais pas cru à l’époque, les premières incohérences de l’enquête de la police de NY (les heures, les téléphones portables, la rumeur de la fuite,  les caméras, le scénario de l’entrée de la femme de ménage, …) et le regard de Dominique Strauss-Kahn à sa sortie du poste de police ont réveillé en mot la méfiance des conclusions trop rapides et non prouvées, la nécessité de ne croire que ce j’ai pu vérifier, ne serait-ce qu’en partie. Je ne savais pas ce qui s’est effectivement passé, mais à l’évidence ce que je voyais n’avait pas grand chose à voir avec une justice équitable et sereine. Je me suis alors tourné vers ma communauté internet où j’ai là-aussi trouvé des gens troublés, mais où la solitude n’était plus.

Les semaines qui ont suivi ont été malgré tout extraordinairement enrichissantes.

J’y ai découvert ce que le mot justice signifiait vraiment, ce qu’il impliquait dans sa démarche de recherche de la preuve et de la vérité. Comprendre, trouver les faits, résister à la vindicte qui pourrait faire de vous un lâche, qui vous incite au mieux à vous taire en attendant l’exécution finale. Résister aussi à ses propres sentiments qui seraient plus satisfaits de l’innocence que de la culpabilité. Fonder son jugement sur les faits d’abord, sur la raison, et au bout arriver à la conclusion la plus probable.

J’y ai découvert aussi l’incroyable puissance de ces réseaux mondiaux de gens anonymes qui finissent par être plus proches de vous que certaines de vos fréquentations habituelles, puissance qui explique comment les gouvernements autoritaires méditerranéens ont pu être vaincus si facilement, puissance qui permet de combattre les manipulations médiatiques les plus sournoises, puissance qui permet d‘obtenir les documents que les médias refusent de donner ou pire, cachent car non conformes à ce qu’ils veulent démontrer. Il paraît que certaines rédactions ont eu des états d’âme après avoir publié des choses fort peu glorieuses, pour dire le moins. Je crois à la lumière de ces derniers mois que certains ont perdu leur âme, noyés dans le fiel d’une manipulation de la vérité faite en toute connaissance de cause parce qu’il fallait qu’il soit coupable !

sources : Fabrice Epelboin
sources : Fabrice Epelboin http://wordpress.bloggy-bag.fr/2011/07/13/affaire-dreyfus-strauss-kahn-la-chronologie-des-faits/

Que de fois me suis-je dit que j’avais l’impression d’être dans une nouvelle affaire Dreyfus, où l’accusé devait être forcément coupable, parce qu’il était riche, parce qu’il était juif, parce qu’il perturbait l’image de la morale ou d’un intérêt « supérieur » cachant des intérêts vils et très privés… Tant de monde avait intérêt à la culpabilité de Strauss-Kahn, la culpabilité plutôt que la vérité. De fait, sa démission forcée du FMI a permis la reprise en main de l’institution par les ultra-libéraux puis de lancer la curée sur la Grèce en moins de deux semaines, le projet d’un nouveau système monétaire mondial a fini dans les oubliettes de Riker Island, l’horizon des présidentielles françaises a singulièrement changé. Si la gauche non marxiste s’est d’ailleurs à peu près bien comportée (voire de façon positivement surprenante comme avec S. Royal), que dire de l’UMP ? L’ump qui avec Lefebvre et consorts avait annoncé le feu nucléaire si Dominique Strauss-Kahn se présentait aux présidentielles, l’ump que l’on retrouve au tout début de l’affaire avec un tweet diffusé avant même la première communication de la police, avec Debré éructant sur tous les médias lui tendant un micro, avec des médias plus que partisans relayant des informations dont certaines ne tenaient à l’évidence pas debout.

Et que dire de la position officielle de la France ? Dès le tout début de l’affaire, les services de l’État ne pouvaient pas ignorer que certaines informations diffusées étaient fausses, ne serait-ce que parce que l’État et la direction du Sofitel avaient des liens directs et étroits ; l’État savait que la chronologie annoncée des faits était fausse parce qu’il avait accès à l’historique du badgeage, il savait qu’aucune vidéo n’avait pris de film de DSK en train de fuir car les caméras en question n’existaient pas dans l’hôtel et qu’il avait normalement rendu ses clés, il savait que le billet d’avion de DSK n’avait pas été pris au dernier moment parce qu’une réunion européenne avec entre autre Angela Merkel était planifiée, l’État Français avait la possibilité, sans prendre parti, juste au nom de la Vérité et de la Justice, d’empêcher l’emballement et la construction d’une culpabilité médiatique, l’État français avait les moyens de protéger notre image internationale en évitant la condamnation expéditive d’un de ses ressortissant occupant un poste international majeur, l’État Français avait la possibilité de se placer aux côtés de la justice américaine pour (r)établir la vérité des faits dans une affaire délicate. Or le gouvernement français n’a pas fait ce choix, préférant laisser ternir notre image et notre réputation plutôt que de montrer l’exemple d’une France qui défend les valeurs et les principes, même dans un cas difficile. Pire que cela, les grands hommes d’État tels Robert Badinter qui ont osé prendre une telle position se sont fait conspuer. Pourquoi une telle attitude indigne ?

Je demande à nouveau à ce qu’une commission d’enquête parlementaire soit mise sur pied pour enquêter dès septembre sur le rôle des acteurs de l’État dans cette affaire, avant et pendant l’affaire. Que chaque Français se sentant bafoué, blessé, manipulé par les choix irresponsables qui ont été faits dans cette affaire, par leurs conséquences sur notre pays, relaie cette demande auprès de leurs élus ; nous exigeons la vérité ! Le peuple de France en tirera les conclusions.

L’affaire DSK a eu un impact personnel pour Dominique Strauss-Kahn et sa famille, mais au-delà, un impact sur le déroulement démocratique de l’élection à venir. Une part de la vérité a été établie par la justice américaine, nous devons aller jusqu’au bout pour ce qui concerne la République Française.