Hommage à Stéphane Hessel

120px-Stéphane_Hessel_IMG_9191C’est avec une émotion particulière puisque j’ai en qualité de militant contribué à ce qui a sans doute été son dernier grand combat, que j’ai appris ce matin la mort de Stéphane Hessel.

Malgré son âge vénérable, cet homme a montré jusqu’au bout une force morale et un enthousiasme qui tranche avec le renoncement besogneux que l’on nous sert trop souvent.

Oui monsieur Hessel nous retiendrons votre message : l’homme est au centre de tout et il peut tout si il ose, si il est capable d’allier son courage à ses valeurs morales, si il est capable d’indignation.

Votre départ laisse le grand vide de votre personne, mais aussi un grand plein de vos valeurs.

La CCPI, cette belle inconnue

ccommons-hamed-saber-B&W_girl_portrait_with_sunglassesDepuis 20 ans qu’elles existent (6 février 1992 pour être précis), les communautés de communes n’ont pas vraiment réussi à gagner en visibilité et en « affectivité » vis-à-vis des citoyens. Pourtant, c’est avec les mairies l’une des administrations territoriales les plus proches de nous avec des missions qui touchent les citoyens au quotidien :

  • actions de développement économique intéressant l’ensemble de la communauté ;
  • aménagement de l’espace ;
  • protection et mise en valeur de l’environnement ;
  • politique du logement et du cadre de vie ;
  • création, aménagement et entretien de la voirie ;
  • construction, entretien et fonctionnement d’équipements culturels, sportifs et
  • d’enseignement pré-élémentaire et élémentaire ;
  • action sociale ;
  • assainissement.

Logo CCPICette semaine la CCPI (Communauté de Communes du Pays d’Iroise) discutait budget, et donc investissement d’avenir, fonctionnement courant, développement, économie. Le débat méritait d’être présenté et développé devant les habitants d’Iroise mais qui donc en a eu vent ? Même « mon ami google« , à qui j’ai demandé, a bien du mal à trouver trace de ce débat pourtant important pour notre vie quotidienne.

Déficit de notoriété et d’intérêt pour la CCPI alors que c’est à mon sens un vrai instrument de développement, un outil indispensable pour rationaliser les dépenses et coordonner les efforts. Or dans une époque où les temps sont si durs pour la très grande majorité d’entre-nous, où on nous demande des efforts individuels & collectifs pour sortir de la mouise, il me semble que les communautés de communes sont à même de démultiplier les efforts des mairies et de prolonger efficacement leur action pour le bien de tous.

Alors voilà pourquoi j’ai trouvé utile d’écrire cet article pour qu’au moins les internautes qui me font l’honneur de me lire aient eu l’occasion de se pencher sur cette belle inconnue en notre terre du bout du monde…

 

 

Je suis contre le cumul des excuses bidons !

Ecoutez-nous !Il y a parfois des débats politiques qui chatouillent mon neurone de l’agacement.

L’histoire à rebondissement du non-cumul des mandats est en passe de devenir un de ces débat-là.

Les faits

Tout d’abord, cette loi est une bonne loi (jusqu’ici peu de gens osent se prononcer contre son principe) car elle permet tout à la fois le renouvellement du personnel politique, son rajeunissement, accélère le mouvement vers la parité, permet aux élus de se consacrer plus pleinement à leur mandat exécutif. Excusez du peu !

Si ce n’était pas suffisant, un sondage récent de LH2/nouvel obs confirmait que 71% des personnes interrogées approuvait le principe du non-cumul (ce qui est plus qu’une majorité qualifiée des 2/3).

De plus, les militants PS sont également largement pour, au point que le premier d’entre eux a inscrit cette proposition dans son programme électoral présidentiel :

Enfin, pour ce qui concerne les socialistes finistériens, cet engagement apparaît particulièrement fort dans notre fédération.

Les excuses bidons

Là où le militant que je suis commence à être sérieusement titillé, c’est lorsque certains de nos élus viennent nous distiller, épisode par épisode mais finalement avec constance, une série d’excuses pour nous expliquer que décidément, cette excellente réforme, cette promesse, ne peut pas être appliquée ma brave dame :

  • Parce que c’est trop tôt (en l’occurrence, dans un an ce serait trop tôt). Non, il n’y a rien de trop tôt pour appliquer une réforme voulue depuis des années et qui ne nécessite que la volonté d’y aller. Si par un concours de circonstance extraordinaire on venait à avoir localement un déficit de candidats, on pourrait accepter l’argument du trop tôt, mais en s’y prenant plus d’un an avant une élection je ne crois pas que cela se produira.
  • Parce que cela nécessite une réforme constitutionnelle et qu’on aura pas le temps (encore !). Oui, surtout si on retarde la convocation du congrès… Par ailleurs, ce qui ne serait pas décidé par la loi peut parfaitement être fait par la volonté d’un ou plusieurs partis. Que quelques partis s’engagent volontairement sur cette voie et tous les autres se retrouveraient sérieusement en porte-à-faux…
  • Parce qu’il faut être élu local pour être au Sénat (et dans une moindre mesure à l’assemblée). Cet argument est celui qui m’agace le plus car il touche aux principes de notre démocratie. Une élection dans la République ne se fait pas au sein d’un collège privilégié voire d’un cercle aristocratique. Au contraire ! Le citoyen il me semble demande à avoir des élus qui leur ressemblent plus, c’est à dire qui ont une connaissance effective de leur vie quotidienne, qui ont ou ont eu un métier hors de la politique.
  • La seule objection qui mérite à mon sens d’être traitée tient au statut de l’élu. Si le cumul est si farouchement défendu par certain, c’est qu’avec deux mandats on a moins de chance de se retrouver sans emploi et sans revenu, et que pour un élu, le passage de la vie ordinaire à la vie politique et vice-versa est compliqué. Il y a un vrai risque à quitter son emploi pour s’engager au service de tous, et ce risque aboutit parfois à des injustices. Mais on ne répare par une injustice par une compromission au détriment de la démocratie. Des progrès ont été faits vis-à-vis du statut de l’élu, ce travail doit aller à son terme.

Conclusion

Ces atermoiements sur le non-cumul des mandats deviennent insupportables. Je ne peux qu’appuyer avec force les propos d’Harlem Désir : «Je réaffirme la proposition du Parti socialiste d’adopter une loi sur le non-cumul des mandats applicable dès le prochain renouvellement électoral, en 2014» et je n’hésiterais pas à m’engager avec force sur cette mesure que nous avons validée collectivement et que les Français attendent avec de plus en plus d’impatience.

Merveilleuse nouvelle : il a plu à Tombouctou

francois-hollande-a-tombouctou-le-2-fevrierAvec la qualification de l’équipe de foot du Mali pour la demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations, cela fait partie des symboles inattendus de la renaissance du Mali que l’intervention française a rendue possible. Ce pays dont le nom même a failli être rayé par des bandes armées terroristes retrouve le sourire et un avenir.

A mon sens, la période que nous venons de vivre a également un sens particulier pour la France. Pendant des années, la France s’est retrouvée empêtrée dans une espèce de mauvaise conscience post-coloniale avec dans certains cas l’envie de porter une repentance comme certains portaient jadis des habits de pénitence. Empêtrée également dans une real politik cynique qui prenait le nom de françafrique. Empêtrée enfin dans la peur d’être taxée de néo-colonialiste à chaque action menée là-bas. La France avait l’obsession du passé de ses relations avec l’Afrique.

L’intervention au Mali m’apparait comme une vraie rupture. Nous sommes intervenus, en notre nom, dans le respect du droit international et à l’appel des Maliens. Nous sommes intervenus en faisant fi de notre incapacité passée à aller avec force à la rencontre notre destin, dans le respect de nos idéaux. En sauvant le Mali, c’est la liberté que nous défendions, le droit des peuples à décider de leur avenir. La bataille qui a été gagnée à Tombouctou a rendu au Mali un territoire perdu, mais elle a aussi rendu à la France le droit d’être aux yeux des nations celle qui est légitimement fière de sa place dans le monde, celle qui peut légitimement brandir l’étendard des droits de l’homme.

Nous sommes partis un peu seul, mais il fallait être aux côtés des maliens. Nos armes et nos idéaux ont fait le reste. Comment ne pas aimer cette France là !

La décentralisation, les maths et le sexe

Marylise-LebranchuMarylise Labranchu a bien du mérite, elle qui doit mener à son terme sa mission de réforme de l’État, et plus particulièrement donner un contenu à la promesse de François Hollande concernant la décentralisation.

Il n’y a pas pour l’instant matière à faire une analyse du texte (puisqu’il est très loin d’être bouclé), mais je veux juste revenir ici sur une idée autour de ce texte, idée que je croise régulièrement sur le net depuis quelques mois et qui intrigue par son originalité.

Cette idée c’est la possibilité de créer des élections avec un système binomial paritaire. J’entends d’ici remonter cette angoissante question : « qu’est-ce donc que ce système binotruc par terre ? »

Il faut tout d’abord préciser que l’on peine à trouver quelque part sur la planète (et au-delà d’ailleurs) un pays qui aurait mis en place ce système. Mon ami google à qui j’ai posé la question m’a renvoyé sur le Chili, sans que pour autant le système Chilien ne permette d’appréhender la profondeur iconoclaste du génie français en matière électorale. Heureusement d’ailleurs que le système binomial chilien (mis en place par le bon général Pinochet) n’est pas l’idée présentée ici, cela eut pu faire mauvais genre au rayon référence démocratique.

Pour les matheux, l’idée n’est pas non plus une tentative d’introduire la stochocratie via la loi binomiale. Que nenni, il s’agit de voter non pour une personne ou une liste, mais un binome (deux personnes donc). Un côté chabada ayant été ajouté avec le mot parité, nous arrivons donc à un audacieux mode de scrutin où nous aurions à voter en même temps pour deux personnes (plus deux suppléants), un homme et une femme (idem pour les suppléants). On l’aura compris, le but ultime étant d’aboutir à coup sûr à un pourcentage d’élues qui soit en phase avec leur place dans la démographie (bien que techniquement elles soient un peu plus nombreuses que les hommes d’ailleurs).

Idée qui surprend, interpelle, mais qui à mon avis n’a  aucune chance d’aboutir (désolé Marylise), pour des raisons assez incontournables.

La première de ces raisons est qu’une des règles de bonne gouvernance d’une assemblée élue, est d’avoir un nombre impair d’élus pour ne pas risquer d’avoir un blocage 50/50 à l’issue d’une élection trop serrée. Le cas est rare mais il s’est déjà produit. Il est facile de l’éviter en créant un nombre impair de sièges.

Oui mais voilà, à moins que l’académie ne vienne à me contredire, un binôme c’est pair par nature et un multiple d’un nombre pair a une furieuse tendance à vouloir rester pair. On peut certes envisager de passer un amendement pour changer cette fixette de mathématicien obtus, mais ce n’est pas gagné. Soit on maintient le binôme et il faudra expliquer aux Français pourquoi dans certain cas on paie des assemblées qui ne sont pas en mesure de dégager un vote majoritaire et donc de faire leur travail, soit on se résout à oublier le binôme.

Si suite à un geste de bonne volonté des mathématiciens nous sortaient un théorème de l’imparité binomiale paritaire, nous pourrions espérer maintenir ce mode d’élection. Mais nous tomberions sur un autre os scientifique, cette fois du côté des biologistes. Figurez-vous que, sans doute quelque peu troublé par les derniers débats sur le mariage pour tous, je suis saisi d’une angoisse existentielle : mais qu’est-ce qu’un homme et une femme en matière électorale ?

Imaginons que Jacques et Jacqueline après une brillante campagne menée en binôme soient élus. Passées les félicitations méritées et leur prise de fonction, Jacques ou Jacqueline décide… de changer de sexe. Chirurgie, hormone, état civil et psychologie, la totale, Jacques devient Jacqueline ou vice-versa. Devra-t-on invalider l’élection du binôme puisque la parité n’est plus de facto respectée ? On voit mal au nom de quel principe ce serait le cas, pourtant plus de parité visible dans l’hémicycle…

Ah, j’entends d’ici mon ordinateur bruire à nouveau de protestations : « y a les chromosomes m’sieur ! Un homme c’est XY, une femme c’est XX !« . Sauf que les personnes atteintes du syndrome de Klinefelter sont… XXY. Ces personnes ne seraient-elles pas des citoyen(ne)s ? J’éviterais pour ma part, si j’étais le législateur, de m’aventurer sur le terrain de la génétique en matière électorale…

Ce deuxième aspect du vote binomial paritaire est sans doute le plus profond dans le sens où il aboutit à se poser la question de la définition des hommes et des femmes aux yeux de la loi et de la citoyenneté. Il ne me semble pas souhaitable de l’aborder sur un coin de feuille de projet électoral et, sur le fond, j’en reste pour ma part à l’idée que, comme pour les anges, les citoyens n’ont pas de sexe, leurs élus non plus du point de vue de leur mandat et de l’exercice de leur fonction.

Nos assemblées doivent absolument tendre vers une représentation des femmes (au sens béotien du terme) qui ne sente pas l’apartheid sexuée. Mais c’est à la société et aux partis de faire le travail. Le PS finistérien y a bien réussi, il n’y a aucune raison qu’ailleurs ce soit impossible.

Les élus face à la révolution numérique

Jean-Luc Bleunven, député de la troisième circonscription du Finistère, m’a récemment sollicité pour une réflexion sur le numérique. Je l’en remercie, et c’est avec plaisir que j’ai rédigé un texte qu’il vient de publier sur son blog et que je relaie à mon tour ici.

carte d’identité Facebook : ce joli projet est l’oeuvre d’un artiste allemand, Tobias LeingruberMM. Colin ont rendu dernièrement un rapport sur la fiscalité de l’économie numérique[1]. L’État se penche à juste titre sur ce pan émergeant de l’économie qui se révèle chaque jour un peu plus comme une évolution disruptive. Mais l’économie numérique n’est pas qu’un modèle macroéconomique global, c’est aussi une réalité qui nous touche au cœur de nos territoires, au plus proche de chacune et chacun. C’est donc également un sujet majeur dont tous nos élus doivent s’emparer.

Les trois aspects du changement numérique

Le numérique englobe trois réalités :

  • une évolution accélérée des outils et appareils de notre quotidien,
  • un changement parfois radical de leur usage,
  • et in fine une explosion des paradigmes aboutissant à l’émergence de nouveaux modèles économiques certes, mais aussi sociétaux et humains.

Pour ne prendre qu’un exemple, les capacités accrues des smartphones ne permettent pas seulement de communiquer mieux, elles apportent plus de connaissances à leurs utilisateurs, plus d’interactivité, plus de possibilités d’agir… Ceci peut se traduire par de nouvelles façons de préparer ses voyages (l’outil), d’utiliser les moyens de transport avec le partage de véhicule  (l’usage), et au bout du compte pose la question de l’utilité de la propriété de l’objet au profit de la possibilité d’en faire un usage à la demande (le modèle).

Ceci est possible car les nouveaux objets sont peu chers, ouverts en matière de programmation créative, et surtout connectés à l’espace numérique planétaire.

Le rôle des élus

assemblee-nationaleSi le phénomène ne se limitait qu’à une simple évolution commerciale des outils et, à la rigueur, d’un changement progressif des usages, les élus n’auraient pas un rôle majeur à jouer. Mais le phénomène est d’une part d’une rapidité qui n’a aucun équivalent historique, et d’autre part il entre en conflit violent avec des certitudes qui structurent les individus depuis très longtemps : la connaissance est devenue universellement accessible et gratuite, les frontières entre vie publique et privée sont devenues floues et impossibles à défendre, le rapport à la propriété est profondément impacté…

Les élus se doivent de comprendre les changements en cours pour pouvoir encadrer et préparer correctement la population au choc sociétal, social et économique que cela représente.

Ils se doivent de les comprendre pour adapter la société à ces changements (et cela ne se limite pas à la fiscalité bien sûr), ce qui inclut :

  • de faire les investissements utiles à cette nouvelle économie (le plan numérique de la région Bretagne est d’ailleurs exemplaire),
  • de faire un effort équivalent à ce que la République a fait jadis pour l’alphabétisation (il s’agit ici d’alphabétisation numérique de l’ensemble de la population, y compris des élites),
  • et enfin d’ouvrir les débats de société sur les changements profonds qui en découlent.

Ceci doit se faire à tous les niveaux, de la mairie à l’assemblée. Par exemple,

  • le maire gérait jusqu’ici ses places de marché, il doit évoluer et faire de même dans l’espace numérique
  • le conseil général gérait une partie de l’enseignement, il doit préparer le basculement vers une nouvelle forme d’enseignement
  • la région traitait des problèmes économiques, elle doit prendre la mesure de la non-territorialité de l’espace économique numérique et préparer l’entreprise locale (y compris les plus petites) à un marché et une concurrence planétaire
  • enfin nos députés se doivent non seulement d’adapter les lois, mais au-delà de préparer l’arrivée de la République 2.0. Nous n’en connaissons pas les contours, mais lorsque le fruit sera mûr il est probable que son arrivée sera irrépressible.

Conclusion : « connecto ergo sum »

Il est rare d’avoir conscience d’être dans une époque révolutionnaire. Mais l’homme nouveau, « poucette » comme l’appelle Michel Serres[2] est bel et bien là. Sa nouveauté découle de sa connectivité au numérique, qui décuple son savoir, lui apporte l’ubiquité, brouille les frontières de l’individu au profit du partage au sein du groupe, le libère de la lourdeur de l’économie matérielle pour le faire entrer dans l’économie quaternaire[3] où le matériel n’est que le support au service rendu, …

Et c’est bien dans une époque révolutionnaire que l’homme politique prend la mesure de l’ampleur de sa mission au service de ses concitoyens. C’est dans une telle époque que chacune et chacun attend qu’on lui donne un horizon là où tout est brouillard, qu’on lui donne espoir et confiance là où le doute et l’effondrement des certitudes veulent s’imposer.

Le changement est là, il s’impose à tous. Plus que jamais, les enjeux obligent le politique à être grand dans l’action au service de tous.

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Pour approfondir :

 


[1]    « Mission d’expertise sur la fiscalité de l’économie numérique », janvier 2013

[2]    « Michel Serres : bienvenue à l’homme nouveau », le point, 14/06/2012

[3]    L’économie quaternaire est un concept créé par Michèle Debonneuil. Le marché des FAI avec leurs box ADSL en est un bon exemple.

Mali : bilan d’une semaine de guerre

Parmi les vœux de nouvelle année, peu de personnes attendaient l’annonce de l’intervention française au Mali, hors de ce pays tout du moins.

mali

La guerre au Mali ne fait que commencer, mais sur bien des aspects, plusieurs batailles ont d’ores et déjà été remportées.

Sur le terrain militaire tout d’abord, la vague djihadiste s’est fracassée au contact des forces françaises et le reflux est entamé. La destruction annoncée de l’État malien n’aura pas lieu, et si l’on en croit les témoignages des réfugiés ou libérés, les troupes de libération sont attendues avec ferveur.

Sur le terrain médiatique ensuite. Après la tentative de destruction de la part des forces djihadistes à l’encontre d’un petit état qui ne demandait rien à personne, il va être difficile aux idéologues islamistes de faire croire au monde qu’ils sont le bien en lutte contre le mal. Justice expéditive, exactions en tous genre contre les civils, destruction du patrimoine historique des populations conquises, trafics cyniques et mercantiles, tentative de destruction d’un peuple qui ne demande rien d’autre que de vivre en paix, les barbus du désert portent toutes les marques de ce que peut produire de pire l’humanité. A contrario, la France dénoncée par ces djihadistes comme l’oppresseur décadent montre son visage de défenseur des peuples opprimés et du droit international. J’aime ce visage en accord avec ce que je ressens de mon pays !

Sur le terrain politique enfin. Certains en France se plaignent de « l’isolement de la France » qui aux côtés de l’armée malienne a pris la tête de la lutte contre les djihadistes. Certains autres se hasardent sur le chemin de la dénonciation d’un retour supposé de la françafrique. Pauvres critiques en vérité ! Se retrouver en première ligne d’un combat pour la liberté est de tout temps la marque et l’honneur de la France. Enfin nous renouons avec le leadership sur ce qui, aux yeux du monde, fait la grandeur de notre pays. Quant à la françafrique, il faut vraiment n’avoir rien à dire pour sortir cela : on ne trouvera pas au Mali les milliards de Bongo !

François Hollande, le grand méchant mou capitaine de pédalo a pris une décision forte et courageuse, une décision en phase avec nos valeurs et nos principes. Il a fait son travail de président et il l’a bien fait. La France a de nouveau un vrai président. La France est de retour.

L’iroise et le mariage pour tous

Jean-Luc Bleunven, le député de la troisième circonscription du Finistère (Brest rural), organisait vendredi soir un débat sur le mariage pour tous. Soirée extrêmement intéressante où le public venu nombreux a pu librement interagir avec les intervenants sur un vrai sujet de société. Nous étions loin de la politique spectacle où certain pérorent sur les petits pains pour cacher l’indigence de leur message politique.

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Les échanges ont dans l’ensemble été d’une excellente tenue, voire parfois d’une vraie profondeur politique, que les arguments aillent dans le sens de la loi ou non. Qu’en retenir en synthèse pour ce post ?

D’abord que le mariage pour tous, dans ses aspects ne touchant pas à la filiation, ne pose pas tant de problème d’acceptation que cela. Bien sûr qu’il trouble certains, bien sur qu’il change des aspects que certains voulaient voir comme immuables, mais on sent bien que chacun s’attend à ce que la loi passe et que cette loi sera au final acceptée sans trop de douleur.

En fait, la difficulté est liée à l’enfant. Certes il serait plus simple de traiter le statut de l’enfant au sein du mariage indépendamment de ce dernier, mais personne ne serait dupe. La question de l’enfant est consubstantielle à celle du mariage et trois éléments sont à soumettre à la réflexion avec une large ouverture d’esprit et une réelle volonté d’écoute, en donnant tout le temps nécessaire au temps :

  • l’adoption
  • la procréation médicalement assitée
  • et enfin toutes les techniques médicales qui au-delà de la  PMA permettent de mettre au monde un enfant.

En évitant aussi bien les fantasmes que la science fiction, la question de la naissance est un sujet qui touche les fondements de notre société. Finalement, le plus grand intérêt du débat actuel sur le mariage pour tous est de tous nous interroger sur ce que nous sommes en regard de ce qu’il est possible de faire. Il faut acter des avancées scientifiques du XXème siècle et prendre la mesure de ce que cela signifie pour tout un chacun. Que nous aimions cela ou pas, la civilisation de ce début de millénaire est très éloignée de celle d’il y a ne serait-ce que 50 ans. Pourtant, jusqu’ici nous avons feint de l’ignorer, comme si l’évolution technique et scientifique s’étaient limitée au frigo et à l’ordinateur.

L’homme a changé, mais pas ses repères moraux. Il est temps de redéfinir qui nous sommes.

Réunion publique du député Jean-Luc Bleunven sur le mariage pour tous

assemblee-nationaleNotre député de la troisième circonscription du Finistère (Brest rural) organise vendredi 11 janvier à Milizac une rencontre débat sur le mariage pour tous.

C’est un thème sur lequel je suis largement intervenu sur ce blog et ailleurs, mais à quelques jours de l’examen de cette loi, il est toujours très utile de l’expliquer et d’en débattre.

La politique est (trop) souvent considérée avec distance et parfois mépris de la part de nos concitoyens qui ne se sentent pas concernés soit par des sujets trop techniques qui les dépassent, soit par la vacuité consternante de certaines batailles (les turpitudes Copé/Fillon en sont une triste illustration).

Le débat sur le mariage pour tous est pourtant d’un tout autre ordre car il comporte à la fois une dimension sociétale majeure et des implications personnelles profondes. La famille et ici son ciment institutionnel le mariage, sont des éléments qui structurent notre vie, qui nous définissent, qui nous situent dans la société. Nous sommes ce que nous avons réussi de bien, nous sommes ce que notre métier est, mais nous sommes au début de toutes choses un membre d’une famille. Or, dans la loi actuelle, une partie de la population est exclue de ce droit fondamental d’être unie et reconnue par un acte institutionnel et symbolique, celui de se marier.

Je l’ai écrit à de multiples reprises, chacun a sa définition du mariage. Mais la définition personnelle de chacun n’a pas vocation à être universelle et imposée aux autres, et c’est une des raisons pour laquelle la République se doit de donner au mariage une définition la plus large possible, pour tenir compte des aspirations de chacune et chacun, tout en fixant des limites qui cimenteront la cohésion de tous. Le mariage, pour la République, n’est pas tout et n’importe quoi, mais il ne peut pas avoir pour autant une définition restrictive et réactionnaire. Il doit encourager et protéger toute union de deux personnes ayant un projet de vie commune sur le long terme, et il doit inclure une dimension de projet d’enfant, l’enfant est le lien qui rend demain possible. Ces deux dimensions sont à mon sens fondatrices de la cohésion de notre société, c’est pourquoi la loi de la République doit s’en préoccuper, c’est pourquoi cette loi pour tous doit faire progresser un droit qui structure l’intime de chacun.

Le combat politique pour le mariage pour tous est fondamentalement un combat noble autant que nécessaire. Il est à l’honneur de la gauche et au-delà de tous ceux qui veulent faire progresser notre société vers plus de justice, d’égalité et de sérénité.

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Rendez-vous vendredi 11/01, salle du conseil municipal de Milizac, 20h30

Quelques réflexions en guise de voeux pour 2013

noel-montbeliardTout d’abord, je vous présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année, vœux pour vos familles mais aussi pour nos actions futures en qualité de militants ou sympathisants. J’espère que 2013 commencera à nous apporter les premiers fruits de nos victoires électorales de 2012.

Et pour ce premier post de l’année, je vous propose une synthèse de réflexions sur des échanges que nous avons pu avoir entre camarades finistériens de la motion Hessel sur un sujet délicat, non pas sur le fond, mais sur le côté parfois enflammé qu’il peut susciter, à savoir la parité.

À l’origine de cet échange, il y avait une remarque personnelle sur de possibles collisions entre l’application de la parité et la légitimité démocratique, ou dit autrement, la parité (différenciation sexuée) prime-t-elle ou non sur la démocratie (citoyenneté par nature non discriminante) ? Cette question se pose d’autant plus lorsque les « échantillons » électoraux sont réduits, ce qui était le cas lors de la constitution de nos instances fédérales.

Une des difficultés de ce genre de débat est de ne pas tomber dans une rhétorique mille fois répétée et pimentée « d’agacements » mille fois ressassés. Une autre difficulté et d’avoir une égalité « paritaire » dans le dialogue puisque tout argument avancé par un homme est rapidement suspect de machisme (on rappellera d’ailleurs que le féminin de macho est macha).

Enfin, je dois confesser pour ma part que depuis que je suis entré au PS, le débat sur le sujet m’a toujours paru décalé par rapport à la réalité de la société actuelle. J’ai maintes fois assisté médusé à des échanges parlant d’une société qui n’est pas celle dans laquelle je vis. La société française d’aujourd’hui n’a rien de parfait en terme d’égalité, mais je reste persuadé qu’elle n’a rien à voir avec la société marquée par les combats féministes des années 70.

J’ajouterai enfin pour clore cette longue introduction que la nature violente souvent prise par ce débat ne fait en rien partie de mes valeurs et n’est pas justifiable. Le combat pour l’égalité de tous et l’équité de chacun ne peut en aucun cas être un combat des femmes contre les hommes (je suis marié, j’ai deux filles et je refuse que ma femme et mes filles puissent être des sous-citoyennes), mais bien un combat de tous contre les inégalités et les injustices qui en découlent.

Voici une première réflexion de Paul Legoff sur le sujet.

Lors du dernier Conseil Fédéral l’application de la règle de la parité a suscité un débat à cause du faible nombre de candidates (11 pour 10 postes) comparé à celui des candidats (27 pour 10) . Le mot parité signifie égalité parfaite entre hommes et femmes mais pour quel objet : le nombre d’élus ou le nombre de candidats ? Si la parité est évidemment exigible en matière de salaire à travail égal qu’en est-il en matière d’élection?

S’il est vrai que nous naissons libres et égaux en droits il est néanmoins évident qu’il y a des différences entre l’homme et la femme sur le plan anatomo-physiologique, sur le plan physique et psychologique. Par exemple la femme a le privilège de pouvoir enfanter et , au passage, j’indique qu’en terme médical la parité signifie enfantement (du verbe latin « parere » qui signifie enfanter). Dans ce domaine la parité n’existe pas entre les femmes car il y a des nullipares( sans enfant) et des multipares ( avec plusieurs enfants) mais elle existe encore moins entre les hommes et les femmes! Ici la parité n’est pas pour demain !

Sur le plan physique, sauf cas particulier, la morphologie des corps est , à l’évidence, différente à l’avantage de la femme . En revanche, dans le domaine du sport, l’infériorité de la femme apparaît nettement dans toutes les disciplines. De même si on écoute un opéra on constate que les voix masculines et féminines ne sont pas interchangeables . Faudrait-il imposer par la loi que la femme puisse courir le 100 mètres plat en moins de 10 secondes, à l’égal de l’homme, ou qu’il y ait autant de ténors féminins que masculins? Ce serait ridicule . Pourquoi en va -t-il différemment en matière de politique où les différences psychologiques et affectives entre les deux sexes jouent probablement un grand rôle? Il ne s’agit pas d’invoquer une infériorité de compétence de la femme par rapport à l’homme mais n’y a-t-il pas des dispositions différentes selon le sexe pour certaines activités? Par exemple les femmes ont pris de dessus dans les écoles de la magistrature et les facultés de médecine (deux tiers de femmes dans les promotions actuelles) et on ne peut que s’en réjouir .

Mais si beaucoup de femmes ont les qualités requises pour réussir en politique sont-elles en nombre suffisant? On observe chez les femmes une certaine réticence à se porter candidate à une élection et même à militer. Est-ce une conséquence de raisons sociétales et sociales comme les stéréotypes invoqués par certains ou du tempérament féminin moins agressif, plus imprégné de douceur que celui de l’homme, moins viril du fait d’une imprégnation hormonale différente susceptible de constituer un handicap dans le monde sans pitié de la politique ? Quoi qu’il en soit la loi actuellement en vigueur, qui a pour but d’assurer la promotion des femmes en politique peut dans certaines circonstances dépasser le but recherché et créer des injustices voire une atteinte à la démocratie comme on a pu l’observer lors du l’élection du Conseil Fédéral où le nombre de candidates était très inférieur (11 pour 10 places) à celui des candidats (27 pour 10 places) . En somme ce qui est en cause c’est la définition de la parité : ne devrait-elle pas signifier une égalité du rapport entre le nombre de candidats et le nombre de postes à pourvoir et non le nombre d’élus égal pour les deux sexes quel que soit le nombre de candidats?

Une loi doit être respectée mais elle peut aussi être modifiée

Paul introduit ici plusieurs points qui d’ailleurs ne sont pas que liées au sexe, et qui découlent des caractères physiques et psychologiques des individus. Nos différences personnelles entraînent des différences de comportement et d’aptitude qui structurellement ne facilitent pas la parité « naturelle » (d’où le besoin d’une loi, même imparfaite). Je relèverai au passage un non-dit : la compétence est souvent avancée pour justifier la parité. Hélas, rien dans le processus électoral actuel n’est mis en œuvre pour faire de ce critère un élément discriminant. On espère que nos élus sont compétents (heureusement cela arrive régulièrement !), mais le processus électoral favorise principalement les bateleurs de foire au détriment des visionnaires compétents, des Sarkozy au détriment des Rocard.

Autre élément découlant de ces différences entre sexes : les clichés et les stéréotypes qui sont d’une nature autre que la psychologie et la physiologie des individus. Nombre de ces clichés induisent une perception négative de la femme, la renvoyant à un rôle passif et donc niant une partie de sa citoyenneté. C’est de moins en moins vrai mais cela demeure vrai. Ceci ne peut pas être changé par la loi et je ne suis pas sûr que cela n’ait évolué que sous la seule action du féminisme. L’égalité de traitement dans les familles et les écoles, l’exemple de femmes ayant accompli leur destin non pas parce qu’elles étaient des femmes mais parce qu’elles étaient des personnes qui voulaient apporter leur pierre à l’édifice global de notre société, apportent il me semble plus de progrès profonds que la loi. La loi est une nécessité faute de mieux. Mais il suffit de voir les différences entre le Finistère qui est exemplaire et la majorité des autres départements pour comprendre que les progrès réels ne sont pas issus de la loi. Et c’est parce que plus qu’ailleurs, les socialistes finistériens ont intégré l’égalité homme/femme que je pense pouvoir écrire ce post (on attendra les réactions pour voir si j’ai raison…). Si la loi suffisait, alors un choix de candidatures par scrutin stochastique aurait résolu le problème depuis longtemps !

Le dernier élément sur lequel je voulais revenir, est l’argument sur les violences faites aux femmes. Cet argument est tout à la fois le plus douloureux et le plus pernicieux car il plombe de façon certaine les efforts pour débattre sereinement de l’égalité homme femme. Pourquoi ?

Tout d’abord les statistiques sur les meurtres familiaux sont présentées de façon très partielles. On dénombre environ 150 meurtres familiaux d’adultes par an, 122 femmes tuées l’an dernier pour 24 hommes. Les infanticides dont il est très difficile d’estimer le nombre exact sont d’une vingtaine de cas par an (les chercheurs estiment qu’ils seraient en fait 5 fois plus nombreux). Enfin, nous manquons de statistiques pour ce qui concerne les violences au sein des couples homosexuels. Alors oui la violence au sein des familles est totalement inacceptable et doit être traitée, mais son utilisation dans le débat sur la parité, en désignant chaque homme comme meurtrier potentiel, introduit plus qu’un biais : les meurtres familiaux ne se réduisent pas à un problème de brute avinée et prédatrice, ils nous renvoient à notre propre incapacité à agir lorsqu’autour de nous nous suspectons un tel problème et que nous détournons les yeux. Ne mêlons donc pas un sujet douloureux à un débat complexe.

La parité est un vrai thème de fond. C’est un combat légitime débuté il y a bien longtemps, combat qui fut mené à une époque sous la bannière du féminisme. Chaque époque a ses combats et ses succès, ce qui fut le cas du féminisme. À mon sens cependant, le combat actuel pour la parité, ou plutôt pour l’égalité citoyenne qui dépasse la question des sexes, doit être mené d’une façon différente, inclusive et consensuelle plutôt que de façon discriminante et très véhémente. Je suis un homme de mon temps, un père qui participe activement à l’éducation de ses enfants, un mari qui participe très largement aux tâches domestiques. Je suis aussi un militant qui veut œuvrer pour une représentation plus juste des citoyens et pour une refondation politique sur d’autres bases que le show médiatique dont nous sommes trop souvent les spectateurs navrés (mais complices). L’émancipation des individus est également une des valeurs que je défends, ce qui signifie aussi que partout où je combats un mauvais modèle, je dois bien me garder d’en imposer un autre fut-il meilleur à mes yeux : l’égalité et la parité doivent s’imposer à toute la société, mais nous devons éclairer l’individu sans pour autant l’obliger à adopter le modèle que nous pensons bon de notre point de vue. Le choix lui appartient. Éternel dilemme.