Une des conséquences de la série de meurtres à laquelle nous venons d’assister, est de remettre les choses en perspective, le combat politique en particulier.
Il y a une semaine, le débat sur l’avenir de la France se résumait dans les médias à savoir si Sarkozy dépasserait Hollande dans les sondages. Or ces tragiques événements nous ramènent à d’autres réalités, à d’autres choix.
La laïcité a perdu une bataille
Je suis d’abord frappé de voir combien le communautarisme est triomphant dans cette actualité. Les médias n’ont pas relaté une série d’assassinats odieux contre des citoyens, non, dans leur grande majorité ils ont relatés des assassinats contre des juifs, des militaires, musulmans, des antillais. Étrange amalgame en vérité que celui-ci. « Antillais » serait-il une nouvelle religion ? « Militaire » serait-il un sacerdoce ?
Même dans leur volonté de bien faire et d’apaiser, beaucoup de ceux qui sont intervenus n’ont fait que renforcer l’esprit communautaire en appelant à la fraternité entre les communautés ! C’est tout de même extraordinaire : en quoi les convictions spirituelles ont-elles à intervenir dans la compassion que l’on ressent pour la famille d’une fillette assassinée !
La seule fraternité qui vaille est celle de la République dans son ensemble, sans aucune distinction directe ou indirecte, positive ou discriminatoire ! Il n’existe dans notre pays qu’une seule communauté : la France !
Alors oui il faut redonner à la laïcité sa place, dans la constitution, dans les esprits, dans les faits. Et le travail est immense !
La politique étrangère de la France
Le parcours du ou des tueurs présumés leur est à la fois personnel et très lié à nos choix en matière de politique étrangère. Que ce soit de leur part un prétexte à leur folie ou un vrai raisonnement, ces actes s’appuient sur notre présence en Afghanistan et sur la position française dans le conflit israelo-palestinien. J’ai à de multiples reprises, hélas, rencontré ce genre de positions sur internet, positions tout à la fois défendues par l’extrême droite et par l’extrême gauche. Que le courage politique manque face à ces extrêmes aussi détestables l’un que l’autre !
La politique étrangère de la France doit être fondée sur les valeurs universelles que nous prétendons porter, sur l’intérêt de la France et des Français, de l’Europe et de nos alliés. Il arrive parfois que nous ayons à défendre une politique qui nous coûte douloureusement, mais tel est le prix que nous devons assumer. Par contre, en ce qui concerne l’Afghanistan, plus rien ne justifie notre présence là-bas depuis longtemps et il y a des mois que notre retrait aurait dû être engagé. Nous sommes fautifs, en dehors de cette actualité, de ne pas l’avoir fait.
En ce qui concerne le conflit israelo-palestinien (qui soit dit en passant risque fort de repartir lorsque la Syrie sera tombée si on n’avance pas sur le sujet), la France a eu tord de louvoyer. Les Palestiniens, comme les Israéliens ont droit à un pays libre, indépendant et sûr. Aucune autre position n’est moralement défendable. Aucune autre position n’amènera à la paix. Ce problème concerne tout le bassin méditerranéen, il nous concerne.
La sécurité en France
Sentiment partagé sur le sujet. On ne peut que regretter que la police n’ait pas réussi à arrêter cette tuerie à temps, mais on ne peut pas dire qu’elle ait été inefficace, loin de là. Notre police vaut mieux que son ministre de l’intérieur qui il y a peu encore s’occupait plus de créer une polémique sur la viande halal que de régler les problèmes. Trop d’armes circulent en France, en particulier d’armes de guerre, et elles ne servent pas qu’à assassiner des voyous dans les bas quartiers de Marseille. On voit aussi que les statistiques dont on nous rebat régulièrement les oreilles ne disent rien du danger ou du niveau de sécurité réel. La politique du chiffre, en matière de sécurité comme ailleurs, est totalement inappropriée. C’est une politique de gribouille qui permet de maquiller la réalité, une politique de petit chef incompétent.
Conclusion
Puisse un bien sortir d’un mal absolu. Laîcité, politique étrangère, sécurité et naturellement économie, voilà de quoi remplir la deuxième phase de la campagne présidentielle. Que chacun s’avance avec son bilan, ses idées, son programme et que tous soient jugés là-dessus à l’heure du vote.