L’économie numérique : à la fois une chance et un danger mortel

Vous avez sans doute entendu parler ces derniers jours de la triste annonce de la liquidation du journal de petites annonces Paru Vendu. Ce journal de 1650 salariés qui était leader sur son marché des petites annonces gratuites, était apprécié de ses lecteurs et s’était développé depuis des années sur un modèle économique qui a longtemps fait son succès. Pourtant, malgré ses atouts, malgré la qualité et l’engagement de son personnel, la liquidation a été prononcée.

Pourquoi ?

La première explication donnée par l’administratrice judiciaire est conjoncturelle : la crise a largement fait diminuer les ressources publicitaires qui, dans ce modèle de gratuité journalistique, est un élément fondamental. C’est un argument important, pourtant, il me semble que crise ou pas crise, ce modèle économique n’aurait à terme pas tenu.

En effet, la seconde explication avancée est l’émergence d’autres sociétés travaillant sur un modèle d’économie numérique (comme le bon coin). La semaine dernière, je faisais référence dans un post à une conférence de Michel Serres sur le thème de « l’homme a changé », mais il n’y a pas que l’homme qui soit en train de changer. La mutation numérique de l’économie est en marche, et à marche extrêmement rapide. Le problème est que cette mutation est en grande partie silencieuse jusqu’au moment où un concurrent venu de nulle part explose votre marché (et votre entreprise par la même occasion). Cette rapidité et cette efficacité sont directement rendues possibles grâce aux nouvelles règles économiques issues de l’économie numérique. La mondialisation elle-même ne serait sans doute pas aussi marquée sans le numérique. C’est un changement profond, irrésistible auquel les entreprises et les gouvernements sont extrêmement mal préparés (lorsqu’ils ne sont pas tout bonnement inconscients de ce changement autre que par des signes qu’ils ne savent pas interpréter).

La numérisation de nos vies et de l’économie est à la fois une menace mortelle mais aussi une formidable opportunité pour nos sociétés qui sont arrivées au bout du modèle de la révolution industrielle et qui doivent se réinventer. Mais s’approprier ce modèle passe par une prise de conscience et de connaissance qui me semblent encore extrêmement éloignées de nos décideurs. Qu’on en juge par la mine déconfite des dirigeants au somment du G20, qui donnent pour certain l’impression d’être à la limite de la crise de nerf ou de la dépression. Ce monde est mort. Bonne nouvelle, nous avons les moyens d’inventer le nouveau, les outils et les conditions sont là, allons-y avec force et détermination. Le temps n’est plus au gestionnaire de patrimoine, il est au bâtisseur d’avenir.

Où est passée la bonne dette ? Qui doit-on ruiner maintenant ?

Autant prévu que redouté, les États Unis ne sont plus un pays où l’on peut acheter des bons du trésor les yeux fermés. La perte de leur meilleure note est plus psychologique qu’autre chose, mais la finance mondiale qui faisait gris mine ces dernières semaines s’offre un plongeons supplémentaire en eau froide.

La cause de la défiance : la dette bien évidemment. Fini de s’amuser avec la « petite » dette grecque de 350 milliards d’euros, on s’intéresse maintenant aux plus de 14 000 milliards de dollar américains (soit environ 10 000 milliards d’euro). Nulle doute qu’avec nos près de 1600 milliards et une progression toujours pas maîtrisée, notre tour ne devrait pas tarder. Alors oui la crise y est bien pour quelque chose car il était nécessaire de soutenir l’économie et certaines sociétés qui se sont trouvées temporairement à court de liquidité. Oui, mais cela ne doit pas nous faire oublier la faute originelle de la droite qui a délibérément choisi de se financer à crédit, sans chercher d’autres voies. Rappelons-nous la théorie de Nicolas Sarkozy de « la bonne et mauvaise dette ».

Contrairement au PS dont les théories keynésiennes posent comme postulat que la dette est l’ennemie de la gauche, le gouvernement sarkofillon et l’ump ont délibérément choisi cette voie de la dette, pour nous amener là où nous sommes actuellement, ignorant par incompétence ou aveuglement idéologique que cette voie n’offrait aucun échappatoire en cas de problème. L’accident était inévitable.

Aujourd’hui, il est urgent de répondre à une double question :

  • comment payer ce que l’on doit ?
  • comment reprendre sa liberté financière vis-à-vis des marchés ?

Augmenter les taxes et impôts ou leur assiette (c’est-à-dire le nombre de personnes qui les paient), diminuer les dépenses, « manger » la dette par une inflation importante, refuser purement et simplement de payer. Le panel de solutions est connu, plutôt que de nier le problème il faut soit que ce gouvernement fasse pour une fois ce qu’il faut ou qu’il démissionne et rende rapidement les clés, reconnaissant son incroyable incompétence, abandonnant une politique vieille de presque 10 ans, politique qui à l’exception d’une année n’a jamais réussi à remettre la dette de notre pays dans la bonne direction.

La gauche est décidée à faire ce qu’il faut, et à la différence de la droite, l’expérience passée (1997-2002) montre qu’on peut lui faire confiance pour que cela soit aussi juste que possible et surtout, efficace.

Mais second point, comment reprendre sa liberté vis-à-vis des marchés, car on peut bien tempêter contre les financiers, si l’ump avait fait le choix d’avoir le choix, le rapport de force serait différent. En 1997 le gouvernement Jopin sous la direction de Dominique Strauss-Kahn a qualifié la France pour l’euro et nous avons choisi l’intégration européenne : il est temps d’achever le travail massacré par la droite : l’Europe doit se doter d’un organe de gouvernance dont le rôle est de veiller à harmoniser les éléments financiers structurants de l’Union, et cet organe doit pouvoir relever le défit d’agir selon des choix politiques démocratiques au niveau européen. Par ailleurs, on remarquera que des pays comme le Japon sont beaucoup plus endettés que nous mais sont moins « chahutés » par les marchés ; il y a une raison simple à cela : ces pays financent majoritairement leur dette en interne. Il me paraît donc souhaitable de réfléchir sur la possibilité d’un emprunt national forcé : transformer une partie de l’épargne des Français en emprunt remboursable à court terme (moins de 5 ans) à un taux d’intérêt à fixer. Cela me paraît être une des formes les moins douloureuses de contribution au sauvetage financier de notre pays.

La droite sarkozyste a échoué parce qu’elle a choisi depuis 10 ans une très mauvaise politique économique. Que les mois avant l’élection vont être longs et douloureux pour les Français ! Si Nicolas Sarkozy veut réussir ne serait-ce qu’une chose dans son épouvantable mandat, que ce soit sa démission.

DSK victime d’un lynchage médiatique en Grèce

Ce post m’a été envoyée par Catherine S. et c’est avec plaisir que je le relaie.

Selon un article d’Alexia Kefalas paru dans le Figaro du 14 mars, le ʺfilmʺ  de Canal + sur DSK aurait provoqué un tollé en Grèce et ce seraient les petites phrases lâchées par DSK « La Grèce est dans la merde » et « La fraude atteint des sommets en Grèce » qui seraient à l’origine de ce presque ʺincident diplomatiqueʺ entre la Grèce et le FMI.

Grecque par mes origines, cet article du Figaro, mais aussi l’écho de la presse française sur la prétendue bourde de DSK, m’ont vivement interpellée d’autant plus que j’étais en Grèce la semaine dernière pour raisons professionnelles et que je me souviens très bien du reportage que j’ai vu jeudi 10 mars sur Alpha News (alphatv.gr, Στρος Καν: « Η απάτη πάει σύννεφο στηνΕλλάδα » http://www.alphatv.gr. Il y était question de ce documentaire, la scène des manifestants était la même, mais après, on voyait Papandréou et DSK assis ensemble en train de discuter. Le son était coupé et le tout était reproduit en traduction simultanée accompagnée de quelques sous titres. Il faut savoir que la chaîne grecque avait passé cette information à l’ouverture du journal du soir et qu’elle n’en avait reproduit qu’un tout petit extrait.

Et voilà ce qu’a donné la version grecque du documentaire français : DSK aurait dit « La réalité est que la Grèce est dans le caca et très profondément même ! Quand une femme dit qu’elle ne peut plus acheter du pain, elle dit la vérité. Toute cette colère est légitime. Les gens dans la rue ont le sentiment d’avoir été trompés alors que ce sont eux-mêmes qui ont mijoté les ingrédients (de la crise) et qui ne payent pas d’impôts avant d’ajouter littéralement « la fraude monte jusqu’au ciel en Grèce ».

Ce qui a déchaîné l’opinion publique, ce n’est pas le documentaire de Canal + comme l’affirme la correspondante du Figaro mais l’interprétation des propos de DSK par les journalistes grecs qui ont divulgué l’information en rajoutant des choses et en grossissant les traits.

D’autre part, dans le petit extrait qu’ils ont montré, ils ont affirmé aussi que Papandréou aurait sollicité l’intervention du FMI dès fin 2009 (à peine deux mois après son élection) alors qu’à l’époque le discours officiel du Premier ministre était qu’il rejetait complètement cette éventualité. Il ne s’agissait-là que d’une consultation privée entre les deux hommes puisque la décision de demander l’intervention du FMI a eu lieu après le vote de la loi fiscale du 5 mars, autrement dit après le plan d’austérité du 14 décembre, celui du 5 janvier, celui du 5 février … . Déjà en février 2011, le journal grec « Kathimerini » avait titré « Stauss-Kahn, une bombe pour la Grèce » dans son quotidien du 20 février http://news.kathimerini.gr/4dcgi/_w_articles_politics_2_20/02/2011_433401 en annonçant que le documentaire à venir réserverait des révélations sur Nicolas Sarkozy.

De retour en France, j’ai visionné le documentaire incriminé et je dois avouer qu’il n’y a rien dans ce reportage qui m’ait choqué vraiment, si ce n’est la scène où un mannequin à l’effigie de DSK est pendu par des manifestants sur une place publique. Si l’expression « la Grèce est dans la merde » est un peu dans la limite du politiquement correct, je ne comprends pas l’acharnement des journalistes qui en ont fait une montagne.

À titre de comparaison, je vous mettrai la transcription des propos réellement tenus par DSK sur la chaîne française avant de vous présenter les commentaires grecs de ces mêmes propos. Ainsi vous pourrez juger par vous-mêmes, si oui ou non, ce n’est pas d’un lynchage médiatique dont il s’agit.

Extrait du documentaire français : ʺUn journaliste interroge les manifestants dans la rue « Que pensez-vous de DSK ? » Réponse de la première dame en grec : « Qu’il aille se noyer » avant l’intervention d’une deuxième qui dit : « Moi, je lui donne un euro pour s’acheter un petit pain grec au sésame (genre donuts salé). Voilà ce que j’ai, c’est tout l’argent qu’il me reste (en montrant quelques pièces de monnaie qu’elle tient dans sa main) ». « Oui, ils nous ont tout pris » lance une troisième, « ils ont appris qu’il y avait de l’or en Grèce et ils sont venus tout nous prendre … » et on voit une foule en colère et quelques personnes qui portent trois potences avec trois mannequins dont l’un à l’effigie de DSK. Le reportage continue : Pour les Grecs, le plan de sauvetage est surtout synonyme de trois augmentations de TVA, d’un gel des retraites, d’une diminution des salaires des fonctionnaires, d’un allongement de la durée du travail et des baisses de crédit dans l’éducation. À leurs yeux, un seul coupable : DSK. Réponse de l’intéressé : « C’est normal et inévitable qu’ils nous en veuillent, même si on n’y est pour rien. Ça, c’est le raisonnement à froid. La réalité est que ces gens sont dans la merde et ils y sont gravement. Quand la dame dit « je ne peux plus acheter mon pain », la formule est un petit peu exagérée, mais c’est quand-même vrai. Et donc la colère qui s’exprime tombe sur ces salauds du FMI qui viennent et qui leur ont tout pris. Ce n’est pas vrai, on ne leur a rien pris. C’est le contraire, on leur a apporté de l’argent. Mais cette colère est légitime, les gens dans la rue ont le sentiment qu’ils ont été blousés, trompés. Eux-mêmes, ils ont beaucoup bricolé, ils savent très bien qu’ils ne payent pas d’impôts, que c’est un sport national de ne pas payer d’impôts en Grèce parce que ça truande un maximum et d’un autre côté, si on n’était pas venu à la dernière minute, quand ils nous ont demandé de venir, ils seraient tombés au fond du gouffre, c’est-à-dire deux semaines plus tard, le Gouvernement ne payait plus les fonctionnaires, il commençait à avoir des files devant les banques pour y retirer les sous, les banques fermaient, donc l’écroulement total. C’est injuste ce qu’ils nous reprochent, mais c’est normal » avant de poursuivre en anglais « tout le monde du haut au bas de l’échelle sociale doit comprendre qu’il doit participer à l’effort et plus vous êtes riches, plus votre participation sera grande ». DSK a beau vouloir faire payer les riches, les plus remontés ne l’entendent plus depuis longtemps. (…)ʺ.

Comme on le voit, le langage de DSK est loin du langage populaire et vulgaire que lui prêtent les médias grecs qui pendant quelques jours ont passé cet extrait en boucle sur toutes les chaînes. On voit bien que ce n’est pas la bourde de DSK mais l’interprétation des propos de DSK qui a déchaîné l’opinion publique en Grèce ! C’est comme si les journalistes cherchaient un bouc émissaire et qu’ils l’avaient trouvé en la personne de DSK, car il est plus facile pour eux de taper sur un étranger que sur les politiciens du pays. Même si c’est dur à entendre, DSK a raison de dire que la fraude fiscale atteint des sommets en Grèce, c’est une réalité ! Oui les Grecs ont triché sur tous les plans (fraude, corruption, pots de vin etc.). Pour plus d’informations sur ce point, vous pouvez également lire mes deux autres posts ʺCrise grecque – Qui est responsable ?ʺ et ʺUn autre regard sur la Grèceʺ dont voici les liens : http://www.lepost.fr/article/2010/05/03/2059361_un-autre-regard-sur-la-grece-crise-grecque-qui-est-responsable_1_0_1.html

et http://www.lepost.fr/article/2010/05/03/2059354_un-autre-regard-sur-la-grece_1_0_1.html

Même le Ministre de l’économie grec, M. Papaconstantinou, l’avait dit ouvertement en admettant que l’économie souterraine était évaluée de 30 à 40 % du PIB. http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2011/02/la-dette-grecque-bientôt-restructurée.html

Depuis la sortie de ce reportage, la presse, les journaux télévisés et les émissions politiques se sont relayés pour réagir aux propos de DSK oubliant complètement le travail de journaliste qui consiste à vérifier ses sources avant de divulguer des déclarations aussi polémiques qui ne sont basées que sur des traductions. Ainsi, le documentaire de Canal +, si inoffensif en apparence, a donné libre cours à l’imagination des journalistes qui ont tous affirmé que DSK aurait eu des propos très durs sur la Grèce.

Ainsi le journal ʺKathimeriniʺ a titré dans son édition du 10 mars http://news.kathimerini.gr/4dcgi/_w_articles_politics_100073_10/03/2011_435299 que Strauss-Kahn s’était exprimée sur la Grèce en utilisant les pires des mots « La réalité est que ces gens sont dans le caca (…) même si c’est eux qui ont cuisiné un peu, ils ne payent pas d’impôts, c’est un peu un sport national, du vagabondage à l’extrême ».

Selon le journal ʺto vimaʺ

http://www.tovima.gr/opinions/article/?aid=388946&h1=true

DSK aurait dit « Les gens sont dans le caca et même très profondément. Toute cette colère est juste. Les gens dans la rue ont le sentiment d’avoir été escroqués. Et ce même si ce sont eux-mêmes qui ont mijoté cette cuisine, qui ne payent pas d’impôts. La fraude atteint des sommets. On n’avait pas besoin de la confession de Strauss-Kahn pour voir le trou noir dans lequel nous nous trouvons. Ce qui nous dérange, c’est quand certaines vérités sont dites par des étrangers et tout particulièrement par le patron du FMI qui, du moins selon l’avis de l’opposition, est responsable de tout le mal qui nous arrive ».

 

Le journal ʺta neaʺ

http://www.tanea.gr/default.asp?pid=2&ct=3&artid=4621749

a fait sa une sur DSK en titrant « Si nous n’avions pas été là, VOUS seriez tombés dans l’abysse » comme si l’intéressé avait tenu ces propos en s’adressant directement aux Grecs.

 

D’autres journaux ont cru utile d’écrire que selon DSK « Les Grecs baignaient ou nageaient dans le caca » ou encore « qu’ils étaient plongés dans le caca jusqu’au cou » en expliquant que DSK aurait parlé d’eux de la pire des manières imaginables, traitant tous les Grecs de voleurs, de fraudeurs, d’escrocs et de tout ce qu’on veut.

 

Comme vous le voyez, l’acharnement des journalistes est incroyable et ils vont jusqu’à lui prêter des mots qu’il n’a jamais prononcés.

 

Qu’en pensent les Grecs que j’ai rencontrés sur place de tout cela ?

 

Et bien, il y a ceux qui ont très bien compris que l’Europe les a sauvés et qui reconnaissent volontiers qu’il y a plus de choses qui ont changé en six mois dans ce pays que pendant dix ans sous les gouvernements précédents tout en affirmant que la vie est devenue très dure pour eux. Après, il y a les mécontents qui tapent à fond sur Papandréou, surtout les fonctionnaires et les indépendants qui voient leur activité asphyxiée depuis qu’ils ne peuvent plus tricher comme avant et puis, il y a ceux qui pensent sincèrement que la Grèce s’en serait mieux sortie s’il elle était sortie de l’euro en disant que tout allait bien avant et que tous leurs problèmes sont venus avec l’euro.

 

Après, il faut dire aussi qu’ils ont l’impression que l’effort demandé n’a pas été réparti équitablement. Selon eux, les salariés et les retraités seraient les plus pénalisés. Mais ce qui fait râler les Grecs, c’est surtout le fait que ceux qu’ils croient responsables de leur situation n’ont pas été traduits devant la justice. Ils ont le sentiment que certaines personnes se sont enrichies impunément sur leur dos alors qu’on vient leur prendre leurs dernières économies.

 

Pour les supposés propos de DSK, il faut dire qu’ils ont du mal à digérer et on peut le comprendre. Il y en a un qui m’a dit : « Et bien si nous, on est dans le caca, on n’a qu’à le payer avec notre caca, comme ça, il sera aussi dans le caca et l’Europe avec ». On a beau leur expliquer, ils ont tellement été bombardés avec cette information qu’ils ne vous croient plus quand vous leur dites que DSK n’a pas dit ces choses-là.

Pour ce qui est du prochain déplacement du patron du FMI dans ce pays, je pense qu’il est un peu prématuré et qu’il ferait mieux d’attendre que les choses se soient clarifiées. J’estime qu’il est en droit d’exiger une rectification, voire des excuses publiques de la part des médias grecs qui se sont tellement acharnés sur lui. Quelles que soient nos convictions politiques, quoi que l’on pense de DSK par ailleurs, j’estime que Dominique Strauss-Kahn n’a pas mérité un tel traitement de la part des Grecs.

http://www.lepost.fr/article/2011/03/18/2439234_dsk-victime-d-un-lynchage-mediatique-en-grece.html?doFbPublish=2439234

La crise, le monde, le FMI, l’impact de la vision de Dominique Strauss-Kahn


« Le Monde Interconnecté » est un film en quatre parties sur le Fonds Monétaire International et la crise économique mondiale.

Bande annonce du film :


De la crise à la coopération :


La Chine :


Le Ghana :


La Pologne :


Sources : http://theinterconnectedworld.com/index.php

Comment s’essuyer les pieds sur le paillasson de la misère tunisienne ?


Les troubles, pour ne pas dire plus, en Tunisie pourraient être l’occasion d’une réflexion sur bien des choses : notre approche géopolitique en Afrique du Nord, nos complaisances avec des pays certes amis mais peu ouverts aux idées démocratiques, notre empruntement à donner notre avis lorsqu’un problème touche une ancienne colonie, les modèles de développement du bassin méditerranéen, la misère générée par la crise mondiale actuelle, plein de choses qui interpellent et dont la réponse permettrait de faire avancer les choses et le monde.

Ca, ce serait dans un monde responsable, ouvert au questionnement et un minimum généreux.

Mais non, pour certains, il semble bien plus profitable de prendre une situation de crise économique, politique et social d’un pays voisin, pour la transformer en une bonne soupe pré-électorale franchouillarde !

Que dire de la désespérance des jeunes tunisiens ? Mais que tout cela est lié à l’ignoble DSK, l’imam sioniste affameur des peuples ! La preuve ? Fastoche, en 2008 il a fait un discours sur les espoirs qu’il fondait sur le modèle de développement tunisien et sa capacité d’aller de l’avant !



En plus, Ben Ali ayant mis une sardine sur la veste de DSK, nous avons là la preuve de l’odieux complot. CQFD.

Sur ce, nos voisins d’en face de la Méditerranée seront donc heureux de savoir que leur combat n’est pas vain puisqu’il permet d’orchestrer une belle campagne de buzz à visée franco-franchouille :
http://www.google.fr/search?q=strauss-kahn+tunisie&ie=utf-8&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a

Vous ne manquerez pas de remarquer le copier / coller des titres : « la Tunisie est le bon exemple à suivre » (rien que 274 articles à ce jour reprenant ce titre et répétant inlassablement la même chose » http://www.google.fr/search?hl=fr&safe=off&client=firefox-a&hs=Te6&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&q=strauss-kahn+%22la+tunisie+est+un+bon+exemple+%C3%A0+suivre%22&aq=f&aqi=&aql=&oq=&gs_rfai= ).

Il vous suffira de cliquer sur les liens pour savoir qui est à l’initiative de cette gentille orchestration.

Qu’en conclure ?

Sans doute qu’en 2008 DSK avait mis un peu trop d’espoir ou de diplomatie dans ses propos. Dont acte, au moins cela confirme-t-il qu’il n’a pas toujours raison et qu’il a besoin d’une équipe avec lui.

Mais aussi, qu’hélas, un bon nombre de militants manquant substantiellement d’arguments sont prêts à surfer sur le malheur des autres pour alimenter leur tambouille locale.

Et qu’au final, le PS ferait mieux d’être un peu plus courageux en matière de relations étrangères, qu’après la Côte d’Ivoire c’est la Tunisie qui nous interpelle, et que la désespérance des peuples ou les égarements des gouvernants valent une meilleure réponse que celle qui est actuellement donnée.

Il y a du boulot, la refondation que j’appelle de mes vœux, c’est aussi cela.

NewsWeek rend un hommage appuyé à DSK : et le PS ?

Dominique Strauss-KahnDSK est au sommet du monde, mais pas forcément là où il aimerait vraiment être“.

Ainsi commence cet article pour le moins élogieux de NewsWeek (The top Guy) retraçant avec autant d’étonnement que de respect le parcourt de Dominique à la tête du FMI.

Louant à la fois le courage et la vision de celui qui a osé bousculer les dogmes du FMI et de la finance mondiale, NewsWeek note que finalement seul l’état du PS pourrait l’empêcher de battre Nicolas Sarkozy en 2012.
Ce en quoi il me semble qu’ils se trompent : le PS a largement entamé sa mue et je doute fort qu’il rate une troisième élection présidentielle.
Si vous avez des doutes, écoutez le reste du monde.

Grève, réforme, social : la France cul par dessus tête

La contestation se maintient à un niveau vigoureux. Le mot d’ordre est toujours de remettre à plat la pseudo-réforme sarkozienne, mais fondamentalement, est-ce vraiment ce qui fait descendre les gens dans la rue ?

Depuis le départ, tout est bizarre dans cette affaire. D’abord l’objet initial (réformer pour pérenniser le système) n’est contesté par personne (ou peu s’en faut). Il y avait donc matière à vraiment mettre en place un processus de changement qui aboutisse sans drame. Or quelle méthode nous a-t-elle été imposée ? Un calendrier et des décisions globalement figées, des réunions à sens unique où l’on demande aux partenaires sociaux de préciser les points sur lesquels on va leur expliquer pourquoi ils ont tort. Programme étrange dès le départ.

Mais au-delà, le gouvernement UMP a réussi tout à la fois à dire qu’il imposait des choses non négociables tout en mettant en place une situation où l’on est certain que ces choses seront remises en cause, par non pas une mais deux élections présidentielles (2012 et 2017).
En clair, quoi qu’il se décide ou pas d’ici la fin de l’année, les retraites et au-delà les impacts démographiques et économiques sur notre société, seront au menu de la prochaine présidentielle et peut-être de la suivante.

C’est une imbécilité méthodologique autant qu’un crime social commis par le gouvernement UMP.

Il est plus qu’évident qu’il faudra donner une réponse, un espoir, un élan à tous ces jeunes qui ont raison de descendre dans la rue, non pour la réforme des retraites, mais tout simplement pour leur place dans la société ! Leur problème n’est pas de savoir s’ils bénéficieront du régime actuel (la réponse est non), mais quelle place nous leur faisons, quelle est la valeur de leurs qualifications, quel espace nous leur laissons pour fonder une famille, pour construire leur vie ?

Concernant la vie au travail de chacun, là aussi il faut donner une réponse claire aux angoisses. Que faire d’une société où l’on entre au mieux dans une vie professionnelle stable vers 25 ans et qu’à partir de 40, on se retrouve souvent “cramé” et non ré-employable si par malheur on perd son emploi. 15 ans de vie professionnelle cela fait un peu court lorsque les textes annoncent à minima 40 ans de cotisations pleines !

Alors oui l’âge de la retraite est un sujet, et bien sûr il faut (enfin) atteindre un équilibre financier. Mais franchement, si les 60 ans c’est bon pour mobiliser les gens dans la rue, combien parmi eux croient que le maintient de ce symbole suffira à remettre la société du travail à l’endroit. Oublions deux minutes les symboles et reposons les principes :

* on n’envoie pas des gens travailler lorsque la machine ne suit plus, et c’est pourquoi il faut considérer l’espérance de vie en bonne santé comme repère de la réforme pour le départ effectif (63.1 ans en 2007)

* la retraite n’est pas un acquis social, mais un pacte de solidarité entre générations, à la fois comme un remerciement des efforts consentis et comme le choix de permettre à chacun de vivre dignement même lorsqu’il n’est plus en mesure de gagner sa vie

* ce pacte de solidarité ne se limite pas à la génération qui part actuellement, mais elle inclut forcément les classes d’âges les plus jeunes sans oublier ceux sur qui repose actuellement le système

* enfin, un système dont la situation financière ne fait que se dégrader est un système mort, sans avenir, suicidaire, et quelque part immoral vis-à-vis de qui nous serons à l’avenir

A mon sens, au-delà de la revendication et de la contestation d’un gouvernement qui fait déjà ses cartons, la rue est en train de nous poser les questions auxquelles nous devons répondre d’ici 2012. Avec courage et clarté.

«Une nouvelle mondialisation pour un monde nouveau»

DSK, dominique strauss-kahn FMI

Le 8 octobre dernier, Dominique Strauss-Kahn a prononcé un discours devant une assemblée réunissant des gouverneurs de la Banque Mondiale et du FMI. Et comme il s’agit de son discours et de ses paroles (pas des supputations sur ce qu’il pense à partir de ce que d’autres écrivent), il est intéressant de prendre connaissance des idées forces de cette intervention.

Tout d’abord, DSK affirme que la crise est arrivée à un point d’inflexion avec un redémarrage de la croissance, mais de façon incertaine et fragile parce qu’inégale. Il relève quatre risques majeurs menaçant l’avenir.

D’abord le problème de la dette publique qui a augmenté de 35 points pendant la crise. DSK rappel au passage que cette dette n’est que marginalement liée aux mesures de relance (10%) et dit clairement que la réduction des déficits est une urgence à court terme. La priorité doit être donnée à la viabilité des finances publiques et les marges de manœuvres restantes doivent servir à soutenir la croissance.

Dominique Strauss-Kahn insiste ensuite encore une fois sur le fait que la croissance qui revient ne crée pas assez d’emplois et rappelle s’il en est besoin que “pour l’homme de la rue, une reprise sans emplois n’a guère de sens. Il faut miser sur une croissance durable mais aussi sur l’emploi.”

Concernant le secteur financier, DSK se félicite des avancée règlementaires comme Bale III mais répète que les règles ne sont rien sans les contrôles et que des mécanismes doivent être mis en place pour prévenir et résoudre les futures crises.

Enfin, il s’alarme de la disparition de la volonté de coopération des Etats, coopération qui a pourtant pu éviter jusqu’ici le scénario de la grande dépression. Il s’insurge contre la tentation d’une guerre monétaire et le nationalisme qui va avec. Il rappelle que le FMI a mis en place de nouveaux outils et évoque le G20 en matière de coopération. Réussir à gagner 2,5% de croissance, c’est éviter de perdre 30 millions d’emplois.

Ce discours se termine sur la perspective de la fin de la révolution industrielle, à un rééquilibrage du monde en fonction de la taille des pays, à la mise en place de nouvelles sources de croissances (durables, vertes, …), par un plus grand besoin de coopération et de gouvernance, ce qu’a commencé à faire le FMI sous l’impulsion de son directeur.

Si vous voulez rétablir la confiance dans un monde incertain — vous devez agir ensemble.
Si vous voulez créer des emplois — vous devez agir ensemble.
Si vous voulez construire un monde meilleur et plus sûr pour vos enfants et petits-enfants — vous devez agir ensemble.

Non je n’adhère pas à la fausse réforme des retraites !

Grêve sur les retraitesLa journée de grève a semble-t-il été relativement réussie. Et alors ?

De suite avec Sarkozy, il n’y aura pas. Il s’en fout, fera une campagne de com’ (déjà en court), lâchera des miettes au sénat et basta.

Mais nous avons cependant, il me semble, manqué de courage en affichant le symbole des 60 ans et en n’allant pas au fond des choses.

Les 60/62 ans ne sont que l’âge où éventuellement, si le nombre d’annuités est atteint, il est possible de faire valoir sa retraite. Mais en y regardant de plus près, c’est aussi un âge où beaucoup passeront de la case chômeur ou invalide à celle de retraité, guère plus ! Par ailleurs, lorsqu’une large partie de la population fait ses études au minimum jusqu’à 18 ans, avec le chômage et une quarantaine d’années d’annuités, partir à 60 ans relève pour la grande majorité d’entre nous du fantasme !

Le vrai combat est ailleurs, il est a minima de garder les 65 ans du départ à taux plein parce qu’à cet âge la question n’est pas de savoir si on veut ou pas continuer, mais si on peut. En 2007, l’espérance de vie en bonne santé était de 63.1 ans. L’espérance de vie « en bonne santé » est définie comme une espérance de vie sans limitation d’activité (ou sans incapacité majeure liée à des maladies chroniques, aux séquelles d’affections aiguës ou de traumatismes).

Dit autrement, après 63 ans, 50% des gens souffrent d’un problème incapacitant de santé. Les envoyer au travail est complétement stupide (ils seront une bonne partie du temps en maladie) et économiquement inefficace, sans oublier la surmortalité que cela induit. L’idéal, le rationnel, serait de fixer l’âge de la retraite à l’âge d’espérance de vie en bonne santé (ce qui dit en passant est actuellement inférieur à 65 ans !).

Voilà un point de vue que j’aimerais voir défendu et qui montrerait que nous sommes à la fois responsables, rationnels et que nous avons effectivement enterré Mitterrand.

Qui osera la raison et le vrai progrès social dans un cadre économique cohérent ?

Révolution social-démocrate au FMI

DSK

Lorsque le FMI sort une note de conjoncture que Dominique Strauss-Kahn n’a pas écrite, ses opposants montent à la tribune pour dénoncer l’infâme. Mais lorsque, comme ces derniers jours à Oslo, DSK participe à un sommet social international, on ne les entend plus. Il est vrai que les intentions affichées par Dominique ont de quoi laisser sans voix nos zélateurs du “il est pas de gôche”.

Qu’on en juge par ces quelques extraits du monde :

* La tenue de cette conférence, son thème même, représentent une petite révolution pour le FMI, qui s’était acquis une réputation de “Père Fouettard” imposant aux pays en difficulté de tailler dans leurs dépenses, notamment de protection sociale. Comme l’a souligné José Luis Rodriguez Zapatero, le premier ministre espagnol, le Fonds a “changé de visage”. Il ne s’occupait que de macroéconomie et la pratiquait façon “consensus de Washington”, c’est-à-dire sur un mode ultra-libéral. Le voici qui cosigne avec l’OIT un document soulignant les dégâts humains provoqués par une crise qui a fait basculer 34 millions de travailleurs dans le chômage depuis 2007 : l’espérance de vie des demandeurs d’emploi réduite de 1 à 1,5 année ; le redoublement en cours de scolarité pour leurs enfants qui gagneront, en moyenne, 10 % de moins que ceux des non-chômeurs ; l’impossibilité de tirer de la misère 1,3 milliard de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour, etc.

* Tel était le but poursuivi par M. Strauss-Kahn qui, mois après mois, s’emploie à tirer de sa gangue comptable un “nouveau FMI” plus soucieux d’humain. “La croissance n’est pas tout ; encore faut-il qu’elle procure des emplois décents, a-t-il souligné. C’est le début d’une nouvelle façon de voir l’économie.

* Ce souci va jusqu’à pousser le FMI à se poser, avec l’OIT, une question iconoclaste : “Les inégalités de revenus nées de la mondialisation ne constituent-elles pas un obstacle à la croissance et à la stabilité économique ?

* Avec la complicité de M. Strauss-Kahn, il promeut encore un peu plus son objectif de prédilection. “Il faut faire figurer l’emploi décent parmi les objectifs macroéconomiques au même titre que la maîtrise de l’inflation ou l’équilibre des comptes publics, nous a-t-il déclaré. Et non le considérer comme une résultante des politiques macroéconomiques. Nous voulons changer les priorités et mettre l’homme au coeur de nos économies.

Le nouveau FMI voulu et mis en place par Dominique Strauss-Kahn est le résultat tangible d’une politique volontaire, raisonnée et efficace de reprise en main des outils économiques par un homme politique compétent capable de dépasser l’éternel renoncement face aux réformes.

Qui pouvait imaginer un seul instant qu’il réussirait à introduire la question sociale au centre des éléments de décision de cet organisme qui fut l’un des plus ultra-libéraux de la planète ?

Qui pouvait imaginer un seul instant qu’il mettrait en place des mesures comme l’apurement de la dette du Libéria, l’annulation de la dette d’Haïti, les prêts à taux zéro ?

Qui pouvait imaginer un seul instant qu’il introduirait la question écologique au sein des discussions du FMI ?

Pourtant, il l’a fait. Maintenant, certains pourront continuer à répéter leur antienne sur “DSK pas de gôche”, les faits démontrent que plus que tout autre il a réussi à prouver son engagement et sa valeur. Ceci donne aux Français maints regrêts vis-à-vis de 2007, mais surtout pas mal d’espoirs pour l’avenir…

Pour aller plus loin :

* “Sauver la génération perdue” par Dominique Strauss-Kahn, 14 septembre 2010

* La Conférence d’Oslo appelle la communauté internationale à axer résolument la reprise économique sur la création d’emplois, 14 septembre 2010

* Nous devons immédiatement nous attaquer au chômage, 13 septembre 2010
Article de Juan Somavia, Jens Stoltenberg et Dominique Strauss-Kahn, El Pais