La décentralisation, les maths et le sexe

Marylise-LebranchuMarylise Labranchu a bien du mérite, elle qui doit mener à son terme sa mission de réforme de l’État, et plus particulièrement donner un contenu à la promesse de François Hollande concernant la décentralisation.

Il n’y a pas pour l’instant matière à faire une analyse du texte (puisqu’il est très loin d’être bouclé), mais je veux juste revenir ici sur une idée autour de ce texte, idée que je croise régulièrement sur le net depuis quelques mois et qui intrigue par son originalité.

Cette idée c’est la possibilité de créer des élections avec un système binomial paritaire. J’entends d’ici remonter cette angoissante question : « qu’est-ce donc que ce système binotruc par terre ? »

Il faut tout d’abord préciser que l’on peine à trouver quelque part sur la planète (et au-delà d’ailleurs) un pays qui aurait mis en place ce système. Mon ami google à qui j’ai posé la question m’a renvoyé sur le Chili, sans que pour autant le système Chilien ne permette d’appréhender la profondeur iconoclaste du génie français en matière électorale. Heureusement d’ailleurs que le système binomial chilien (mis en place par le bon général Pinochet) n’est pas l’idée présentée ici, cela eut pu faire mauvais genre au rayon référence démocratique.

Pour les matheux, l’idée n’est pas non plus une tentative d’introduire la stochocratie via la loi binomiale. Que nenni, il s’agit de voter non pour une personne ou une liste, mais un binome (deux personnes donc). Un côté chabada ayant été ajouté avec le mot parité, nous arrivons donc à un audacieux mode de scrutin où nous aurions à voter en même temps pour deux personnes (plus deux suppléants), un homme et une femme (idem pour les suppléants). On l’aura compris, le but ultime étant d’aboutir à coup sûr à un pourcentage d’élues qui soit en phase avec leur place dans la démographie (bien que techniquement elles soient un peu plus nombreuses que les hommes d’ailleurs).

Idée qui surprend, interpelle, mais qui à mon avis n’a  aucune chance d’aboutir (désolé Marylise), pour des raisons assez incontournables.

La première de ces raisons est qu’une des règles de bonne gouvernance d’une assemblée élue, est d’avoir un nombre impair d’élus pour ne pas risquer d’avoir un blocage 50/50 à l’issue d’une élection trop serrée. Le cas est rare mais il s’est déjà produit. Il est facile de l’éviter en créant un nombre impair de sièges.

Oui mais voilà, à moins que l’académie ne vienne à me contredire, un binôme c’est pair par nature et un multiple d’un nombre pair a une furieuse tendance à vouloir rester pair. On peut certes envisager de passer un amendement pour changer cette fixette de mathématicien obtus, mais ce n’est pas gagné. Soit on maintient le binôme et il faudra expliquer aux Français pourquoi dans certain cas on paie des assemblées qui ne sont pas en mesure de dégager un vote majoritaire et donc de faire leur travail, soit on se résout à oublier le binôme.

Si suite à un geste de bonne volonté des mathématiciens nous sortaient un théorème de l’imparité binomiale paritaire, nous pourrions espérer maintenir ce mode d’élection. Mais nous tomberions sur un autre os scientifique, cette fois du côté des biologistes. Figurez-vous que, sans doute quelque peu troublé par les derniers débats sur le mariage pour tous, je suis saisi d’une angoisse existentielle : mais qu’est-ce qu’un homme et une femme en matière électorale ?

Imaginons que Jacques et Jacqueline après une brillante campagne menée en binôme soient élus. Passées les félicitations méritées et leur prise de fonction, Jacques ou Jacqueline décide… de changer de sexe. Chirurgie, hormone, état civil et psychologie, la totale, Jacques devient Jacqueline ou vice-versa. Devra-t-on invalider l’élection du binôme puisque la parité n’est plus de facto respectée ? On voit mal au nom de quel principe ce serait le cas, pourtant plus de parité visible dans l’hémicycle…

Ah, j’entends d’ici mon ordinateur bruire à nouveau de protestations : « y a les chromosomes m’sieur ! Un homme c’est XY, une femme c’est XX !« . Sauf que les personnes atteintes du syndrome de Klinefelter sont… XXY. Ces personnes ne seraient-elles pas des citoyen(ne)s ? J’éviterais pour ma part, si j’étais le législateur, de m’aventurer sur le terrain de la génétique en matière électorale…

Ce deuxième aspect du vote binomial paritaire est sans doute le plus profond dans le sens où il aboutit à se poser la question de la définition des hommes et des femmes aux yeux de la loi et de la citoyenneté. Il ne me semble pas souhaitable de l’aborder sur un coin de feuille de projet électoral et, sur le fond, j’en reste pour ma part à l’idée que, comme pour les anges, les citoyens n’ont pas de sexe, leurs élus non plus du point de vue de leur mandat et de l’exercice de leur fonction.

Nos assemblées doivent absolument tendre vers une représentation des femmes (au sens béotien du terme) qui ne sente pas l’apartheid sexuée. Mais c’est à la société et aux partis de faire le travail. Le PS finistérien y a bien réussi, il n’y a aucune raison qu’ailleurs ce soit impossible.

Mali : bilan d’une semaine de guerre

Parmi les vœux de nouvelle année, peu de personnes attendaient l’annonce de l’intervention française au Mali, hors de ce pays tout du moins.

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La guerre au Mali ne fait que commencer, mais sur bien des aspects, plusieurs batailles ont d’ores et déjà été remportées.

Sur le terrain militaire tout d’abord, la vague djihadiste s’est fracassée au contact des forces françaises et le reflux est entamé. La destruction annoncée de l’État malien n’aura pas lieu, et si l’on en croit les témoignages des réfugiés ou libérés, les troupes de libération sont attendues avec ferveur.

Sur le terrain médiatique ensuite. Après la tentative de destruction de la part des forces djihadistes à l’encontre d’un petit état qui ne demandait rien à personne, il va être difficile aux idéologues islamistes de faire croire au monde qu’ils sont le bien en lutte contre le mal. Justice expéditive, exactions en tous genre contre les civils, destruction du patrimoine historique des populations conquises, trafics cyniques et mercantiles, tentative de destruction d’un peuple qui ne demande rien d’autre que de vivre en paix, les barbus du désert portent toutes les marques de ce que peut produire de pire l’humanité. A contrario, la France dénoncée par ces djihadistes comme l’oppresseur décadent montre son visage de défenseur des peuples opprimés et du droit international. J’aime ce visage en accord avec ce que je ressens de mon pays !

Sur le terrain politique enfin. Certains en France se plaignent de « l’isolement de la France » qui aux côtés de l’armée malienne a pris la tête de la lutte contre les djihadistes. Certains autres se hasardent sur le chemin de la dénonciation d’un retour supposé de la françafrique. Pauvres critiques en vérité ! Se retrouver en première ligne d’un combat pour la liberté est de tout temps la marque et l’honneur de la France. Enfin nous renouons avec le leadership sur ce qui, aux yeux du monde, fait la grandeur de notre pays. Quant à la françafrique, il faut vraiment n’avoir rien à dire pour sortir cela : on ne trouvera pas au Mali les milliards de Bongo !

François Hollande, le grand méchant mou capitaine de pédalo a pris une décision forte et courageuse, une décision en phase avec nos valeurs et nos principes. Il a fait son travail de président et il l’a bien fait. La France a de nouveau un vrai président. La France est de retour.

L’iroise et le mariage pour tous

Jean-Luc Bleunven, le député de la troisième circonscription du Finistère (Brest rural), organisait vendredi soir un débat sur le mariage pour tous. Soirée extrêmement intéressante où le public venu nombreux a pu librement interagir avec les intervenants sur un vrai sujet de société. Nous étions loin de la politique spectacle où certain pérorent sur les petits pains pour cacher l’indigence de leur message politique.

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Les échanges ont dans l’ensemble été d’une excellente tenue, voire parfois d’une vraie profondeur politique, que les arguments aillent dans le sens de la loi ou non. Qu’en retenir en synthèse pour ce post ?

D’abord que le mariage pour tous, dans ses aspects ne touchant pas à la filiation, ne pose pas tant de problème d’acceptation que cela. Bien sûr qu’il trouble certains, bien sur qu’il change des aspects que certains voulaient voir comme immuables, mais on sent bien que chacun s’attend à ce que la loi passe et que cette loi sera au final acceptée sans trop de douleur.

En fait, la difficulté est liée à l’enfant. Certes il serait plus simple de traiter le statut de l’enfant au sein du mariage indépendamment de ce dernier, mais personne ne serait dupe. La question de l’enfant est consubstantielle à celle du mariage et trois éléments sont à soumettre à la réflexion avec une large ouverture d’esprit et une réelle volonté d’écoute, en donnant tout le temps nécessaire au temps :

  • l’adoption
  • la procréation médicalement assitée
  • et enfin toutes les techniques médicales qui au-delà de la  PMA permettent de mettre au monde un enfant.

En évitant aussi bien les fantasmes que la science fiction, la question de la naissance est un sujet qui touche les fondements de notre société. Finalement, le plus grand intérêt du débat actuel sur le mariage pour tous est de tous nous interroger sur ce que nous sommes en regard de ce qu’il est possible de faire. Il faut acter des avancées scientifiques du XXème siècle et prendre la mesure de ce que cela signifie pour tout un chacun. Que nous aimions cela ou pas, la civilisation de ce début de millénaire est très éloignée de celle d’il y a ne serait-ce que 50 ans. Pourtant, jusqu’ici nous avons feint de l’ignorer, comme si l’évolution technique et scientifique s’étaient limitée au frigo et à l’ordinateur.

L’homme a changé, mais pas ses repères moraux. Il est temps de redéfinir qui nous sommes.

Réunion publique du député Jean-Luc Bleunven sur le mariage pour tous

assemblee-nationaleNotre député de la troisième circonscription du Finistère (Brest rural) organise vendredi 11 janvier à Milizac une rencontre débat sur le mariage pour tous.

C’est un thème sur lequel je suis largement intervenu sur ce blog et ailleurs, mais à quelques jours de l’examen de cette loi, il est toujours très utile de l’expliquer et d’en débattre.

La politique est (trop) souvent considérée avec distance et parfois mépris de la part de nos concitoyens qui ne se sentent pas concernés soit par des sujets trop techniques qui les dépassent, soit par la vacuité consternante de certaines batailles (les turpitudes Copé/Fillon en sont une triste illustration).

Le débat sur le mariage pour tous est pourtant d’un tout autre ordre car il comporte à la fois une dimension sociétale majeure et des implications personnelles profondes. La famille et ici son ciment institutionnel le mariage, sont des éléments qui structurent notre vie, qui nous définissent, qui nous situent dans la société. Nous sommes ce que nous avons réussi de bien, nous sommes ce que notre métier est, mais nous sommes au début de toutes choses un membre d’une famille. Or, dans la loi actuelle, une partie de la population est exclue de ce droit fondamental d’être unie et reconnue par un acte institutionnel et symbolique, celui de se marier.

Je l’ai écrit à de multiples reprises, chacun a sa définition du mariage. Mais la définition personnelle de chacun n’a pas vocation à être universelle et imposée aux autres, et c’est une des raisons pour laquelle la République se doit de donner au mariage une définition la plus large possible, pour tenir compte des aspirations de chacune et chacun, tout en fixant des limites qui cimenteront la cohésion de tous. Le mariage, pour la République, n’est pas tout et n’importe quoi, mais il ne peut pas avoir pour autant une définition restrictive et réactionnaire. Il doit encourager et protéger toute union de deux personnes ayant un projet de vie commune sur le long terme, et il doit inclure une dimension de projet d’enfant, l’enfant est le lien qui rend demain possible. Ces deux dimensions sont à mon sens fondatrices de la cohésion de notre société, c’est pourquoi la loi de la République doit s’en préoccuper, c’est pourquoi cette loi pour tous doit faire progresser un droit qui structure l’intime de chacun.

Le combat politique pour le mariage pour tous est fondamentalement un combat noble autant que nécessaire. Il est à l’honneur de la gauche et au-delà de tous ceux qui veulent faire progresser notre société vers plus de justice, d’égalité et de sérénité.

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Rendez-vous vendredi 11/01, salle du conseil municipal de Milizac, 20h30

Quelques réflexions en guise de voeux pour 2013

noel-montbeliardTout d’abord, je vous présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année, vœux pour vos familles mais aussi pour nos actions futures en qualité de militants ou sympathisants. J’espère que 2013 commencera à nous apporter les premiers fruits de nos victoires électorales de 2012.

Et pour ce premier post de l’année, je vous propose une synthèse de réflexions sur des échanges que nous avons pu avoir entre camarades finistériens de la motion Hessel sur un sujet délicat, non pas sur le fond, mais sur le côté parfois enflammé qu’il peut susciter, à savoir la parité.

À l’origine de cet échange, il y avait une remarque personnelle sur de possibles collisions entre l’application de la parité et la légitimité démocratique, ou dit autrement, la parité (différenciation sexuée) prime-t-elle ou non sur la démocratie (citoyenneté par nature non discriminante) ? Cette question se pose d’autant plus lorsque les « échantillons » électoraux sont réduits, ce qui était le cas lors de la constitution de nos instances fédérales.

Une des difficultés de ce genre de débat est de ne pas tomber dans une rhétorique mille fois répétée et pimentée « d’agacements » mille fois ressassés. Une autre difficulté et d’avoir une égalité « paritaire » dans le dialogue puisque tout argument avancé par un homme est rapidement suspect de machisme (on rappellera d’ailleurs que le féminin de macho est macha).

Enfin, je dois confesser pour ma part que depuis que je suis entré au PS, le débat sur le sujet m’a toujours paru décalé par rapport à la réalité de la société actuelle. J’ai maintes fois assisté médusé à des échanges parlant d’une société qui n’est pas celle dans laquelle je vis. La société française d’aujourd’hui n’a rien de parfait en terme d’égalité, mais je reste persuadé qu’elle n’a rien à voir avec la société marquée par les combats féministes des années 70.

J’ajouterai enfin pour clore cette longue introduction que la nature violente souvent prise par ce débat ne fait en rien partie de mes valeurs et n’est pas justifiable. Le combat pour l’égalité de tous et l’équité de chacun ne peut en aucun cas être un combat des femmes contre les hommes (je suis marié, j’ai deux filles et je refuse que ma femme et mes filles puissent être des sous-citoyennes), mais bien un combat de tous contre les inégalités et les injustices qui en découlent.

Voici une première réflexion de Paul Legoff sur le sujet.

Lors du dernier Conseil Fédéral l’application de la règle de la parité a suscité un débat à cause du faible nombre de candidates (11 pour 10 postes) comparé à celui des candidats (27 pour 10) . Le mot parité signifie égalité parfaite entre hommes et femmes mais pour quel objet : le nombre d’élus ou le nombre de candidats ? Si la parité est évidemment exigible en matière de salaire à travail égal qu’en est-il en matière d’élection?

S’il est vrai que nous naissons libres et égaux en droits il est néanmoins évident qu’il y a des différences entre l’homme et la femme sur le plan anatomo-physiologique, sur le plan physique et psychologique. Par exemple la femme a le privilège de pouvoir enfanter et , au passage, j’indique qu’en terme médical la parité signifie enfantement (du verbe latin « parere » qui signifie enfanter). Dans ce domaine la parité n’existe pas entre les femmes car il y a des nullipares( sans enfant) et des multipares ( avec plusieurs enfants) mais elle existe encore moins entre les hommes et les femmes! Ici la parité n’est pas pour demain !

Sur le plan physique, sauf cas particulier, la morphologie des corps est , à l’évidence, différente à l’avantage de la femme . En revanche, dans le domaine du sport, l’infériorité de la femme apparaît nettement dans toutes les disciplines. De même si on écoute un opéra on constate que les voix masculines et féminines ne sont pas interchangeables . Faudrait-il imposer par la loi que la femme puisse courir le 100 mètres plat en moins de 10 secondes, à l’égal de l’homme, ou qu’il y ait autant de ténors féminins que masculins? Ce serait ridicule . Pourquoi en va -t-il différemment en matière de politique où les différences psychologiques et affectives entre les deux sexes jouent probablement un grand rôle? Il ne s’agit pas d’invoquer une infériorité de compétence de la femme par rapport à l’homme mais n’y a-t-il pas des dispositions différentes selon le sexe pour certaines activités? Par exemple les femmes ont pris de dessus dans les écoles de la magistrature et les facultés de médecine (deux tiers de femmes dans les promotions actuelles) et on ne peut que s’en réjouir .

Mais si beaucoup de femmes ont les qualités requises pour réussir en politique sont-elles en nombre suffisant? On observe chez les femmes une certaine réticence à se porter candidate à une élection et même à militer. Est-ce une conséquence de raisons sociétales et sociales comme les stéréotypes invoqués par certains ou du tempérament féminin moins agressif, plus imprégné de douceur que celui de l’homme, moins viril du fait d’une imprégnation hormonale différente susceptible de constituer un handicap dans le monde sans pitié de la politique ? Quoi qu’il en soit la loi actuellement en vigueur, qui a pour but d’assurer la promotion des femmes en politique peut dans certaines circonstances dépasser le but recherché et créer des injustices voire une atteinte à la démocratie comme on a pu l’observer lors du l’élection du Conseil Fédéral où le nombre de candidates était très inférieur (11 pour 10 places) à celui des candidats (27 pour 10 places) . En somme ce qui est en cause c’est la définition de la parité : ne devrait-elle pas signifier une égalité du rapport entre le nombre de candidats et le nombre de postes à pourvoir et non le nombre d’élus égal pour les deux sexes quel que soit le nombre de candidats?

Une loi doit être respectée mais elle peut aussi être modifiée

Paul introduit ici plusieurs points qui d’ailleurs ne sont pas que liées au sexe, et qui découlent des caractères physiques et psychologiques des individus. Nos différences personnelles entraînent des différences de comportement et d’aptitude qui structurellement ne facilitent pas la parité « naturelle » (d’où le besoin d’une loi, même imparfaite). Je relèverai au passage un non-dit : la compétence est souvent avancée pour justifier la parité. Hélas, rien dans le processus électoral actuel n’est mis en œuvre pour faire de ce critère un élément discriminant. On espère que nos élus sont compétents (heureusement cela arrive régulièrement !), mais le processus électoral favorise principalement les bateleurs de foire au détriment des visionnaires compétents, des Sarkozy au détriment des Rocard.

Autre élément découlant de ces différences entre sexes : les clichés et les stéréotypes qui sont d’une nature autre que la psychologie et la physiologie des individus. Nombre de ces clichés induisent une perception négative de la femme, la renvoyant à un rôle passif et donc niant une partie de sa citoyenneté. C’est de moins en moins vrai mais cela demeure vrai. Ceci ne peut pas être changé par la loi et je ne suis pas sûr que cela n’ait évolué que sous la seule action du féminisme. L’égalité de traitement dans les familles et les écoles, l’exemple de femmes ayant accompli leur destin non pas parce qu’elles étaient des femmes mais parce qu’elles étaient des personnes qui voulaient apporter leur pierre à l’édifice global de notre société, apportent il me semble plus de progrès profonds que la loi. La loi est une nécessité faute de mieux. Mais il suffit de voir les différences entre le Finistère qui est exemplaire et la majorité des autres départements pour comprendre que les progrès réels ne sont pas issus de la loi. Et c’est parce que plus qu’ailleurs, les socialistes finistériens ont intégré l’égalité homme/femme que je pense pouvoir écrire ce post (on attendra les réactions pour voir si j’ai raison…). Si la loi suffisait, alors un choix de candidatures par scrutin stochastique aurait résolu le problème depuis longtemps !

Le dernier élément sur lequel je voulais revenir, est l’argument sur les violences faites aux femmes. Cet argument est tout à la fois le plus douloureux et le plus pernicieux car il plombe de façon certaine les efforts pour débattre sereinement de l’égalité homme femme. Pourquoi ?

Tout d’abord les statistiques sur les meurtres familiaux sont présentées de façon très partielles. On dénombre environ 150 meurtres familiaux d’adultes par an, 122 femmes tuées l’an dernier pour 24 hommes. Les infanticides dont il est très difficile d’estimer le nombre exact sont d’une vingtaine de cas par an (les chercheurs estiment qu’ils seraient en fait 5 fois plus nombreux). Enfin, nous manquons de statistiques pour ce qui concerne les violences au sein des couples homosexuels. Alors oui la violence au sein des familles est totalement inacceptable et doit être traitée, mais son utilisation dans le débat sur la parité, en désignant chaque homme comme meurtrier potentiel, introduit plus qu’un biais : les meurtres familiaux ne se réduisent pas à un problème de brute avinée et prédatrice, ils nous renvoient à notre propre incapacité à agir lorsqu’autour de nous nous suspectons un tel problème et que nous détournons les yeux. Ne mêlons donc pas un sujet douloureux à un débat complexe.

La parité est un vrai thème de fond. C’est un combat légitime débuté il y a bien longtemps, combat qui fut mené à une époque sous la bannière du féminisme. Chaque époque a ses combats et ses succès, ce qui fut le cas du féminisme. À mon sens cependant, le combat actuel pour la parité, ou plutôt pour l’égalité citoyenne qui dépasse la question des sexes, doit être mené d’une façon différente, inclusive et consensuelle plutôt que de façon discriminante et très véhémente. Je suis un homme de mon temps, un père qui participe activement à l’éducation de ses enfants, un mari qui participe très largement aux tâches domestiques. Je suis aussi un militant qui veut œuvrer pour une représentation plus juste des citoyens et pour une refondation politique sur d’autres bases que le show médiatique dont nous sommes trop souvent les spectateurs navrés (mais complices). L’émancipation des individus est également une des valeurs que je défends, ce qui signifie aussi que partout où je combats un mauvais modèle, je dois bien me garder d’en imposer un autre fut-il meilleur à mes yeux : l’égalité et la parité doivent s’imposer à toute la société, mais nous devons éclairer l’individu sans pour autant l’obliger à adopter le modèle que nous pensons bon de notre point de vue. Le choix lui appartient. Éternel dilemme.

Mon postier est supersonique

Est-ce l’arrivée très prochaine de la fin du monde, un effet d’accélération supersonique dû aux coups de vent de ces derniers jours, je ne sais pas trop mais toujours est-il qu’en ouvrant ma boîte aux lettres ce matin j’ai reçu mes premiers vœux pour l’année 2013.

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Très étonné de tant d’empressements et me réjouissant par avance d’une si prompte attention je me penche sur l’impatiente missive pour me rendre compte qu’il s’agit en fait d’un courrier pour la future campagne électorale des municipales à Plougonvelin (ceci faisant écho à deux articles parus il y a un mois dans le Télégramme et Ouest France) et dont on ne sait pas encore exactement ni la date ni les modalités, mais qui devrait se tenir en … mars 2014 .

Ah la fougue de la jeunesse !

Déchéance

cyranoComme beaucoup d’entre vous, je trouve la fuite de Gérard Depardieu de l’autre côté de la frontière belge tout à fait lamentable, voire pathétique. Manifestement, nous avons là l’illustration du fait qu’entre l’homme et l’artiste, il y a un espace qui dépasse parfois le pic, le cap. Que dis-je, un cap,  c’est au-delà de la péninsule !

Il en est ainsi : l’artiste peut être brillant et l’homme très fade.

Mais ce post n’a pas été écrit pour philosopher sur les errements de l’âme humaine mais suite à la proposition saugrenue d’un député, hélas socialiste, visant à proposer une loi pour déchoir les fuyards fiscaux de leur nationalité. Je suis en désaccord complet avec ce genre de proposition, sur la forme et le fond.

Sur la forme, cela apparaît comme une proposition de circonstance liée à une actualité qui fait buzzer. Nous avons assez souffert de cette façon de faire la politique lors des 5 dernières années où l’UMP, Sarkozy en tête, montait au crachoir à chaque fois que l’agitation médiatique montait en neige. Une fois pour toutes, les lois ne se décident pas en réaction à l’actualité !

Sur le fond, c’est plus grave. La nationalité est consubstantielle à l’identité de l’individu, elle n’est pas contingente à quelque accident de parcours. Génial ou crétinesque, exemplaire ou sujet de honte, la République est bonne mère et accorde la même attention à tous ses enfants.

Et si l’image ne suffit pas, rappelons que la déchéance de nationalité n’est ni conforme à la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui en son article 8 stipule

La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires (…)

ni à la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui en son article 15 stipule

1. Tout individu a droit à une nationalité.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.

Ayons donc sur le cas des fuyards fiscaux en général et de Depardieu en particulier la grandeur et la noblesse qui sied aux citoyens de la République et ne nous abaissons pas au niveau de ses enfants égarés par  leur étroitesse d’esprit et  leur avidité.

Le développement économique en Iroise III/III

Le numérique, le plus grand perturbateur du début du XXIème siècle

De nouveaux modèles économiques

Le premier bienfait de la révolution numérique est l’accès gratuit et universel à la connaissance, ce qui correspond à un progrès historique considérable. Qui contestera ici les bienfaits de la gratuité et de l’abondance, deux éléments caractéristiques de l’économie numérique ?

Mais il faut mettre cette révolution numérique au service des éléments « physiques » qui ont été jusqu’ici le support de l’économie classique et qui ne fonctionnent pas avec ce modèle. Ce problème peut être résolu par l’union de services numériques avec un élément physique traditionnel, les boitiers ADSL en étant sans doute l’exemple le plus largement répandu (nous payons pour les services internet, pas pour l’électronique du boitier). Cette nouvelle économie a déjà fait l’objet de travaux. Elle a été nommée « économie du quaternaire » par Michèle Debonneuil par exemple. Nous devons favoriser cette voie.

Cette économie semble devoir aussi se caractériser par une relocalisation de micro-productions au plus proche des consommateurs grâce à des machines outils alliant une haute technicité et une connexion directe au consommateur devenant un acteur direct de la chaîne de production des produits qu’il consomme. L’exemple de l’imprimante 3D qui sculpte du chocolat est peut-être le plus parlant. Il n’est pas très compliqué d’imaginer un système où le client envoie automatiquement une modélisation de son visage, paie pour lancer la fabrication puis va chercher sa tête en chocolat au coin de sa rue pour le repas familial.

On peut dégager divers éléments caractérisant la nouvelle industrie du quaternaire :

  • des machines-outils très paramétrables, de taille réduite et à faible coût
  • une implantation au plus près des consommateurs et/ou producteurs de matière première, parfois mobile,
  • des machines-outils connectées à un écosystème numérique performant (producteurs de matière première, partenaires, consommateurs)
  • un modèle d’affaires permettant la production de micro-séries voire de modèles uniques
  • une organisation du travail où les producteurs de matière première et les clients assument une partie de la R&D, du design, du marketing, de la commercialisation et de la logistique.

Le rôle des acteurs publics

Les outils numériques seront indispensables pour développer le livret carbone et permettre à chacun d’être responsabilisé face à son empreinte carbone.

Les outils numériques seront les compléments indispensables pour que les bienfaits de l’abondance énergique ne soient pas détruits par le gaspillage : les technologies de distribution intelligente de l’énergie électrique (smart grid) sont un exemple de ce que l’on sait faire pour répondre en partie à l’objection du gaspillage.

Mais de façon encore plus concrète et proche de nous, le numérique peut très rapidement changer le paysage économique de nos villes et villages du pays de Brest.

Le niveau de développement numérique des entreprises, particulièrement des TPE, PME, artisans et commerçants est à un niveau très en dessous de ce qui est optimal, et de façon générale, inférieur à ce qui se fait ailleurs en Europe. L’analphabétisme numérique est hélas un constat qui est doublement préjudiciable :

  1. les entreprises ne tirent pas les bénéfices d’une révolution qu’ils appréhendent mal
  2. ces entreprises se font concurrencer sur leur territoire par des entreprises géographiquement très éloignées qui elles ont compris les bénéfices de l’économie numérique

C’est aux politiques de remédier à cette situation, c’est à eux de tracer la voie de la solution et de faire ce qu’il faut avant que le désastre ne soit consommé. Une partie des actions à mener est relativement simple et peu coûteuse.

L’échelon politique local en charge du commerce et de l’industrie doit prendre à sa charge les infrastructures de développement numérique. En Bretagne cela a commencé à être fait à travers le plan de câblage haut débit, mais les tuyaux ne sont rien sans les contenus et les usages.

Il faut donc créer une plateforme numérique locale (au niveau des communautés de communes?) qui soit le point d’entrée du commerce numérique local et offre une vitrine à chaque entreprise. Cet espace doit être ouvert, largement paramétrable, évolutif. Si l’on prend une image par rapport à ce que font traditionnellement les communes, cet espace à créer doit être le pendant numérique des marchés traditionnels sur la place du village. Dans l’histoire, les communes qui ont su efficacement organiser leurs marchés ont été des communes riches.

Il faut de la même façon mettre en place des ateliers permettant aux acteurs économiques de tester les nouveaux outils tels que les imprimantes 3D, et de les aider à imaginer de nouveaux modèles d’affaire et à les rendre viables.

Nous sommes ici dans la sphère de compétence habituelle des collectivités, mais dans un nouvel espace à conquérir.

Il faut également organiser l’enseignement de l’économie numérique. La compréhension des nouvelles règles n’est pas en soi complexe, mais comment expliquer les bienfaits d’une bibliothèque à quelqu’un qui ne saurait pas que l’écriture existe ? La République a su gagner la bataille de l’alphabétisation avec des décisions fortes et ses « hussards », nous devons mettre en place un plan similaire.

L’Iroise a tous les atouts nécessaires pour relever avec succès ce défi. Nous avons les écoles de haute technologie, nous avons de jeunes entrepreneurs qui ne demandent qu’à déployer leur créativité, nous avons un tissu dense de TPE / PME. Il ne manque plus qu’une volonté politique éclairée.

Le développement économique en Iroise II

Le bilan carbone comme outil de gestion du défi climatique.

La première tentative de taxe carbone a avorté, en grande partie parce qu’elle mettait des territoires comme le pays de Brest dans des difficultés largement liées au surcoût des transports : espace majoritairement rural, éloignement géographique des centres de productions, réseau de transport ne permettant pas de se substituer à la voiture… Or tôt ou tard, il faudra utiliser l’arme fiscale pour gérer nos rejets de CO2.

Le choix qui se pose à nous est simple :

  • soit d’entrer en résistance pour sauver notre porte-monnaie à court terme, ce qui nous conduirait alors de façon certaine vers la catastrophe climatique
  • soit d’anticiper les mesures qui seront prises pour adopter très rapidement les bons comportements qui diminuent notre empreinte carbone.

Je défends pour ma part la seconde solution mais il faut rapidement mettre en œuvre un certain nombre d’actions :

  • promouvoir au plus près des citoyens une communication rationnelle et percutante sur nos rejets de CO2 et leur impact
  • se doter d’outils capables de donner un coût individuel en euros de nos rejets de CO2
  • favoriser les technologies et services qui permettent de faire des économies sur ces rejets

La bataille pour éviter à notre climat de ne pas avoir une température qui augmente de plus de 2°C est trop abstraite et improbable pour nos esprits : nous n’y croyons en fait tout simplement pas ou cela évoque au mieux une journée d’été ensoleillée. Or non seulement cette bataille est en passe d’être perdue mais en plus l’augmentation de température n’a rien d’idyllique et d’agréable. Il faut mettre en place des outils simples qui « parlent » à chacun, qui permettent de mettre en regard le CO2 que nous produisons ou que nous économisons avec quelque chose de simple et clair : un « livret carbone » valorisé en euros peut répondre à cet objectif. Ce livret serait crédité ou débité en fonction de notre comportement.

L’énergie, brique de base de l’économie

Même si son coût a nettement augmenté ces dernières années, nous sommes toujours dans une économie où l’énergie est abondante et bon marché. Et cela est excellent, je refuse le discours malthusien appelant au renchérissement de l’énergie pour gérer le problème du CO2.
Non seulement nous ne devons pas renchérir ce prix, mais nous devons au contraire faire tout ce qui est nécessaire pour diminuer ce prix pour idéalement l’amener à la gratuité pour la part qui est nécessaire à la satisfaction des « besoins vitaux » de chacun. Ceci est un idéal indispensable lorsque l’on prétend vouloir faire progresser notre société : l’action publique, à gauche au moins, doit viser à affranchir chaque citoyen des contraintes qui empêchent son émancipation et sa marche vers son développement personnel et citoyen.
En ce qui concerne les entreprises, l’objectif est différent mais l’impératif d’énergie à bas prix et abondante est le même. Chaque acte économique que nous faisons consomme de l’énergie. Chaque étape de fabrication ou de commercialisation cumule donc des surcoûts. On comprend alors que l’augmentation de l’énergie est un frein radical au développement économique, et que la pénurie « organisée » aboutit à l’impossibilité de croissance lorsque l’on a atteint le plafond énergétique autorisé. A contrario, une énergie abondante et peu chère est un argument concurrentiel majeur.
L’objectif est donc de développer les structures nécessaires pour disposer d’une énergie abondante et peu chère. Il n’en demeure pas moins que nous devons gérer différents les problèmes connexes déjà évoqués :

  • diminuer notre empreinte carbone (ce qui est vrai pour l’individu l’est bien sûr pour l’entreprise ou les collectivités)
  • ne pas mettre en péril nos écosystèmes en consommant plus de ressources qu’ils ne sont capables de produire.

Là aussi, l’Iroise dispose d’atouts non négligeables. Le pays est venté ce qui a permis de développer un réseau d’éoliennes terrestres. Il faut largement développer ce réseau énergétique offshore (éoliennes & hydroliennes, fermes cultivant les algues marines pour produire du bio-carburant, …). Mais il faut aussi trouver le moyen pour que la population tire un bénéfice direct de ce réseau, par des redevances payées par les exploitants par exemple. La population et les entreprises locales doivent bénéficier de la richesse climatique, ici la force des vents et des courants, c’est un bien commun dont on concède l’exploitation.
L’Iroise dispose également d’autres sources énergétiques pouvant être tirées du bois , de l’agriculture et de l’aquaculture. Ces secteurs ont l’avantage de capter du CO2. Il faut mieux organiser ces marchés.
Nous sommes clairement dans une zone géographique dont les atouts permettent d’arriver aux objectifs fixés, tant en matière de production, de coût, de réduction de l’empreinte carbone, d’abondance et de progrès pour toute la société.

Point presse de Pierre Moscovici sur la décision de Moody’s

Mesdames et Messieurs,

 
Je vous ai réunis aujourd’hui pour vous faire part de ma réaction après l’annonce hier soir de la décision de Moody’s d’abaisser d’un cran la notation de crédit à long terme de la République française, avec maintien d’un perspective négative. Elle fait suite à la mise sous perspective négative le 13 février 2012.

 

Permettez-moi tout d’abord de replacer la décision de Moody’s dans son contexte et rappeler que ce changement de notation ne remet en cause ni les fondamentaux économiques de notre pays, ni les réformes engagées par le gouvernement, ni la qualité de notre signature :

– la note de crédit à court terme de la France demeure au plus haut niveau. La note de crédit à moyen et long terme a été abaissée d’un cran et se situe un cran derrière la note la plus élevée. La France demeure l’un des pays les mieux notés dans le monde et en Europe. Concrètement, la France est un cran en dessous de l’Allemagne, mais 7 crans au dessus de l’Italie et 8 crans au dessus de l’Espagne ;
– la France est un pays solide. L’économie française dispose de nombreux atouts : sa taille, sa productivité élevée, la qualité de ses services publics et de ses infrastructures, la diversification de son appareil productif, l’importance de l’épargne privée (plus de 15% du revenu disponible brut), l’endettement relativement modéré des agents économiques privés (ménages et entreprises) ;
– Cette force de l’économie française est reconnue par les investisseurs. Nous empruntons actuellement à des taux très bas. Le coût de financement à moyen et long terme est de 1,87% pour 2012 à ce jour, et de 1,02% toutes maturités confondues. Les précédents records au cours d’une année étaient de 2.53% en 2010 et 2,80% en 2011.

 
Je voudrais également souligner que cette décision, dont nous prenons acte même si nous la déplorons, sanctionne avant tout la situation dont nous avons hérité et qui n’a cessé de se dégrader depuis dix ans. Elle s’inscrit dans la continuité de l’abaissement de la note de la France par Standard & Poor’s le 13 janvier dernier et de la mise sous perspective négative de la note française, le 13 février 2012, et de celles d’autres grands pays européens, le 23 juillet 2012.
L’analyse de Moody’s rejoint en partie celle du rapport Gallois, en mettant en avant les pertes de compétitivité de l’économie française. A cet égard, elle jette à son tour une lumière critique sur les dix années écoulées et l’héritage du précédent gouvernement.
Moody’s insiste en outre sur les risques qui pèsent sur la croissance des autres pays de la zone euro, et donc indirectement sur la France, qui occupe une position centrale et se trouve donc très intégrée commercialement avec eux.
Ensuite, je relève que Moody’s salue les décisions du gouvernement en matière de redressement des comptes publics et de compétitivité. Il est important de rappeler avec force, aujourd’hui, que le gouvernement a déjà engagé et poursuit résolument son agenda de réformes :
– la situation de la zone euro commence à se stabiliser et des efforts sans précédents ont été réalisés, que ce soit au niveau de l’Union européenne avec le Pacte de croissance de juin, les annonces de la BCE, la stabilisation de la situation en Espagne et en Italie et l’approfondissement de l’intégration, avec la supervision bancaire intégrée ;
– le redressement de nos comptes publics a été engagé, avec pas moins de six textes financiers structurants présentés au Parlement en six mois (LFR de juillet, PLF pour 2013, PLFSS pour 2013, projet de loi de programmation pluriannuelle, projet de loi organique relative à la gouvernance et la programmation des finances publiques, PLFR de novembre) et la réaffirmation de nos cibles budgétaires, en particulier l’objectif de 3% en 2013 ;
– notre potentiel de croissance sera amélioré par la mise en oeuvre rapide du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi annoncé par le Premier Ministre, mais aussi par la réforme du financement de l’économie, la négociation en cours sur la sécurisation de l’emploi et la modernisation de l’action publique.
Enfin, je voudrais également souligner que le secteur bancaire français est plus solide qu’il y a un an : il a réduit sa dépendance au financement de marché, ainsi que son exposition à certains pays et il a accru ses fonds propres par la mise en réserve de ses bénéfices pour atteindre un ratio de fonds propres durs de 9%.
J’entends déjà les critiques des uns qui, oubliant leur responsabilité dans la situation actuelle, chercheront à instrumentaliser la décision de Moody’s pour dénigrer l’action du gouvernement, comme des autres qui jugeront que nos efforts sont bien vains puisque le gouvernement n’aurait pas réussi à inverser le cours des choses.
Aux uns comme aux autres et aussi aux investisseurs, je veux dire que le gouvernement est pleinement engagé dans un programme de réformes sans précédent. Le Président de la République a fixé le cap, le rythme et la méthode de ce programme.

Le cap est ambitieux – le redressement de la croissance et de l’emploi – et le rythme est soutenu – beaucoup a déjà été fait depuis six mois –, la méthode est sérieuse et inclusive – un pacte de confiance qui doit concilier justice sociale et efficacité économique.

 
Nous nous y tiendrons : non pas parce qu’une agence de notation ou une organisation internationale le recommande mais parce que nous estimons que ce programme de réformes est nécessaire et utile pour l’économie française, pour l’emploi et la justice. Nous demandons à être jugés sur nos résultats.

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