Sarkozy veut offrir une breloque plaquée or à Marianne

Comme internet est cruel : on ne peut pas dire une imbécilité sans que cela soit stocké dans un coin et avec les moteurs de recherche, c’est trop facile de le retrouver. Dans hadopi 27, il faudra que l’ump pense à glisser un paragraphe pour résoudre ce problème.

En l’occurrence il est intéressant de retrouver les anciennes déclarations, à l’heure où notre virtuose de la finance nous a concocté une nouvelle communication sur le thème « c’est moi ki gère le mieux les sous de notre bon pays« , et s’est fendu d’un courrier iconoclaste à nos parlementaires (c’est plus cher que le mail mais le papier à entête c’est classieux) dans lequel il explique combien il serait important d’ajouter un article de plus à la constitution pour interdire les déficits. Quoi de plus vertueux ? Contrairement à ces vilains socialos, not’ bon sarko est préoccupé des deniers de la France… (Le vrai message à faire passer est là pour ceux qui par quelque égarement croiraient encore en la sincérité de parole élyséenne.)

Oubliées donc les dépenses très symboliques à son profit (son augmentation de salaire de 140%, air sarko one à 176 millions pour parader sur le tarmac), oubliées les presque 10 années de gouvernement UMP où le déficit s’est creusé de façon forte de 2002 à 2008 (eh oui la crise n’explique pas tout !) pour plonger de façon vertigineuse depuis, oubliées les déclaration de Guaino qui déclarait début 2008 que « les critères de Maastricht, qui prévoient un déficit sous les 3% du PIB ne sont plus la priorité », oublié le discours sarkozyste du congrès de versailles où ce dernier déclamait sans rire son discours sur la bonne et la mauvaise dette. Qu’on se le dise, à partir d’aujourd’hui (enfin de demain ou un peu après), les déficits c’est interdit, promis juré on n’en fera plus.

Oubliés aussi les résultats plus que solides des socialistes entre 1997 et 2002.

En plus d’être profondément cynique et manipulatrice, cette idée ne tient tout simplement pas la route et on peut bien l’écrire dans la constitution (certains États l’on fait), ce n’est pas elle qui décrète la vertu des gouvernements et on sait parfaitement qu’en cas de force majeure, elle sera mise de côté (on se retrouve alors dans une situation du style des États Unis où les démocrates et les républicains jouent une partie de poker menteur pour pouvoir changer les limites actuelles).

Le simple bon sens et une gestion raisonnée et raisonnable des deniers publics voudrait que l’on applique, de soi-même, une règle de gestion plus simple et moins clinquante : en période faste on génère un peu d’excédent (au plus 3% du PIB par exemple) pour réduire son endettement, en période compliquée on accepte de créer du déficit pour amortir la crise et faire de la relance keynésienne. De cette règle, chacun peut en fonction de sa sensibilité politique bouger le curseur, et il me semble que c’est acceptable par tous sans avoir recours à l’agitation et aux discours plaqué or de Sarkozy et de son gouvernement UMP.

L’or, relique sacrée, rend fou, mais son éclat dans la bouche du futur candidat ne trompera personne, il ne s’agit que d’une opération de com’ low cost.

NB : selon les chiffres de l’INSEE, la dette s’établit à 84.5% à la fin du T1 2011.
Vous trouverez ici une réponse du député Jean-Jacques Urvoas.

A mes amis sociaux-démocrates le septième candidat

Je ressens comme un trouble dans la Force…

Le PS a publié sa liste de candidats à la primaire et la seule (petite) surprise est d’y retrouver JM Baylet. Logiquement, les militants n’ont plus qu’à aller là où leurs convictions les poussent, et pour les sociaux-démocrates à choisir pour des raisons plus ou moins bonnes entre Martine Aubry et François Hollande. C’est la logique au PS.

Oui, sauf que ce que je ressens donc, n’a pas grand-chose à voir avec cela. Il faut dire que depuis 2005 le cyber-militant que je suis est largement connecté sur la social-démocratie cybernétique dont la population dépasse de beaucoup celle de la plus grosse section, voire de certaines fédérations puisque ces connexions incluent des sympathisants en plus des militants. Et si j’ai constaté que les cadres du courant socdem ont acté de la situation et agi conformément aux habitudes prévisibles en choisissant un candidat plutôt qu’un autre, si une partie des militants a effectivement acté de cette même situation et ont fait de même, je vois aussi qu’aucun d’eux ne l’a fait avec l’excitation de l’odeur de la poudre et surtout qu’une bonne partie d’entre nous, dont moi, en sont restés à une position singulière. Certes nous savons qu’il faudra choisir, certes nous veillerons à aider tel ou tel face à la droite, mais pour l’heure notre vote et notre espérance vont à un septième candidat qui s’appelle la social-démocratie, ce candidat n’est pas incarné mais il est très certainement décisif, justement parce qu’il est constitué de personnes qui ne sont pas que militants PS, parce qu’il est fédéré par une attente singulière sans autre réponse à ce jour, parce qu’il est en soit un projet politique collectif là où aujourd’hui on affiche des individus, parce qu’il est mû par un profond sentiment d’injustice et une volonté farouche de ne pas laisser passer cette injustice, parce que nous allons faire payer les manipulateurs. Nous ne laisserons pas la démocratie et la République plombées par des combines de petits marquis, nous ne laisserons pas la France aux mains de gens qui ont ruiné notre pays, son image aussi bien que ses finances, qui veulent détruire plus encore notre identité, notre modèle.

La campagne internet de 2012 ne ressemble en rien à celle de 2007. A l’évidence, l’espace médiatique classique est totalement dépassé par l’espace numérique où l’information se diffuse au niveau mondial à une vitesse qui déstabilise totalement les possibilités de contrôle normaux et raisonnables. Les révolutions méditerranéennes en ont été précurseur vis-à-vis des régimes autoritaires, nous sommes en train d’en tester les effets au niveau de la justice, des médias et de la politique des régimes démocratiques avec la campagne présidentielle en France. L’affaire DSK n’est pas une affaire privée isolée, c’est le paradigme d’un déséquilibre des institutions confrontées aux dérapages d’une e-campagne politique. Si ce que je vois est exact, la démocratie est effectivement en danger et, à ma connaissance, le seul rempart qui se soit à ce jour érigé face à cette menace, le seul groupe numérique qui ait réagi, ce sont les e-citoyens socdem qui se sont spontanément organisés, qui agissent, qui dénoncent, qui contrent la manipulation, qui se battent au nom de leur idéal pour la France.

Nous sommes le premier mouvement politique du XXIème siècle. Nous sommes le septième candidat, c’est nous qui avons les clés de 2012.

14 juillet : mensonges et échecs sur la sécurité

Je relaie ici un post de Jean-Jacques Urvoas qui semble avoir été le seul à s’intéresser au symbole de l’échec de la politique sécuritaire de l’ump sarkozyste, les violences du 14 juillet.

L’opacité de Claude Guéant ne peut masquer son échec

Publié le 16 juillet 2011

Cette année encore, le gouvernement a choisi d’occulter les chiffres de la délinquance durant les deux nuits du 13 au 15 juillet. Claude Guéant aujourd’hui – comme Brice Hortefeux hier – espère ainsi que son silence fera oublier son incurie.

Les rares indications que l’on peut obtenir sont, en effet, inquiétantes.

Pour la nuit du 13 au 14 juillet, avec un peu de méthode et un poil de mémoire, on finit par apprendre que 328 personnes auraient été interpellées dans la seule agglomération parisienne. C’est un chiffre significatif, certes en légère baisse par rapport à celui de l’an passé (392 personnes interpellées pendant la nuit) mais en important progression par rapport à 2009 (240 soit une hausse de 36 %). De plus, on constate une baisse de 14 % du nombre des personnes placées en garde à vue puisque 220 l’auraient été contre 306 l’an passé et 190 en 2009.

Quant à la nuit du jeudi 14 juillet au vendredi 15, les services de police auraient procédé à 217 interpellations  à Paris et dans la petite couronne. Là encore, c’est une légère rétractation puisqu’en 2010, cela avait concerné 361 personnes.

Au total, cela porterait l’ensemble à 545 interpellations soit à peine moins que l’an passé où Brice Hortefeux avait fini par admettre que 581 personnes avaient connues le même sort.

Qui pourrait s’en féliciter ? En 2011, comme en 2010, comme en 2009, plusieurs centaines de personnes ont vu leur véhicule sciemment détruit par des actes de violence gratuite.

Une fois de plus, une fois de trop, l’Etat a failli dans sa mission de protection des biens.

Il faut que dans le prochain budget, le gouvernement stoppe la purge des effectifs de policiers et de gendarmes qu’il organise depuis 2007. En effet, 5 430 postes devraient être supprimés en 2012 et 2013.

On ne combat pas la délinquance en altérant la capacité opérationnelle des forces chargées de protéger les Français.

 

L’honneur d’un homme, l’honneur d’un parti, l’honneur d’un pays


J’ai rencontré une fois Dominique, il m’a fait l’honneur d’une mention dans 365 jours et je crois avoir toujours été digne des idées qu’il partage avec notre courant, courant dont je défendais encore hier l’identité alors que les circonstances compliquées du moment entrainaient chacun vers des choix aussi divergents que peu satisfaisants. C’était hier, il y a une éternité après cette nouvelle journée improbable, et tout cela prouve au moins qu’un combat sincère mené avec intelligence et honnêteté apporte solidité et légitimité à la parole !

Aujourd’hui et même si la procédure judiciaire n’est pas encore terminée, Dominique a commencé à recouvrer son honneur, malgré l’incroyable construction médiatique mondiale d’une culpabilité voulue par on ne sait qui. Ce soir il rentrera chez lui en homme libre, en homme qui reprend le contrôle de son destin. Il est attendu en ses foyers, qu’il sache qu’il est aussi attendu en France.

Le parti socialiste peut lui aussi présenter fièrement son front aux Français. L’immense majorité des militants du parti se sont sentis sincèrement blessés par les attaques de l’UMP et très peu ont eut l’imbécilité d’essayer d’exploiter la situation à des fins politiciennes. La justice américaine a franchi aujourd’hui une étape quI démontre que le PS n’a en aucun cas à rougir des valeurs que nous défendons : oui nous sommes un parti pour lequel le mot « morale » a un sens. J’appelle mes amis sociaux-démocrates à reprendre leur combat commun, à se réunir autour de notre identité, à combattre sous notre bannière en qualité de courant du PS. Comme je l’ai écrit plusieurs fois, il n’y a aucune urgence à choisir un candidat par défaut, cela n’en est que plus vrai aujourd’hui : affichons nos valeurs, défendons nos idées, préparons le terrain de la victoire, et nous verrons bien d’ici l’automne qui symbolisera cette victoire, et faisons-le avec ce qui est notre force, notre identité collective.

Quant à la droite,  j’appelle les hommes d’honneur de son rang à faire le ménage : les propos calomniateurs d’un Lefebvre ou plus encore d’un Debré sont autant de tâches honteuses que le temps n’est pas prêt d’effacer. Et j’ose espérer que cela s’arrête à quelques individus. Nous ne sommes pas des inquisiteurs, vous avez la possibilité de montrer que de tels agissements ne sont pas le symptôme d’une immoralité politique viscérale, alors faites-le !

Enfin je veux qu’à travers ce coup de théâtre ce soit Marianne qui relève la tête, Marianne que l’on a présentée faible et perverse, Marianne que l’on a voulu ridiculiser. Mais mon pays n’a rien à voir avec cette image, la France n’est pas une contrée de compromissions avec les dictateurs ou les boursicoteurs. La France est un pays de justice et de liberté, un pays fier et confiant en son avenir et c’est pourquoi je me suis engagé dans le militantisme politique, pour que mes enfants ne vivent pas dans un petit pays marécageux gouvernés par des esprits étriqués, mesquins et stupides. Reprenons notre destin en main, que cette campagne soit une campagne de reconquête et de reconstruction de notre pays, que cette campagne mène au pouvoir des hommes et des femmes capables de courber le destin !

Social-démocratie : le dormeur s’éveille !


Cette semaine, il m’est arrivé un petit truc amusant qui me semble être tout à fait significatif de la réalité politique et citoyenne du moment.

J’ai reçu comme cela nous arrive à tous parfois, un mail d’un administrateur d’un des canaux sociaux-démocrates (celui de Besoin de Gauche pour ne pas le nommer). Or ce petit mail purement technique a déclenché une avalanche de réponses, non pas au problème technique, mais profondément politiques. La communauté fédérée par ce canal s’est réveillée alors qu’elle était en sommeil depuis bien des mois.

Et que dit cette communauté ? D’abord tout heureux de se retrouver de façon inopinée, chacun en est allé de son commentaire et de ses doutes sur l’attitude à tenir pour les primaires. Certains pensant se rallier à Martine Aubry tout en ayant à l’esprit l’étrangeté de la démarche tant Martine donne des gages à l’aile gauche du PS alors même qu’elle nous ignore superbement depuis l’empêchement de DSK. D’autres évoquent la possibilité de soutenir François Hollande bien que gênés aux entournures par l’absence de positions clairement en faveur de la social-démocratie pendant son long mandat de 1er secrétaire aussi bien que par son refus obstiné de tirer un bilan de ces même mandats. Lui non plus n’a pas par ailleurs fait beaucoup d’efforts pour convaincre les sociaux-démocrates de venir le rejoindre.

Voilà des choix par défaut qui ne nous enchantent guère alors que par ailleurs les idées que nous défendons et que nous avons fait évoluer ont été plébiscitées par la crise mondiale qui a marqué la défaite des fantasmes ultra-libéraux comme jadis l’effondrement soviétique a marqué celle du marxisme. La victoire idéologique social-démocrate n’aurait-elle d’autre écho qu’un choix de leader sur le critère du moins pire ?

A l’évidence, voici qui ne plait à aucun d’entre nous alors qu’il suffit d’un petit bruit sur le réseau pour réveiller des militants qui ne demandent qu’à porter le fer. Quel écart entre l’autisme de candidats déclarés ou pressentis, les mouvement de ralliement individuel de quelques cadres et nous, militants et sympathisants internet qui avons construit et porté une bonne partie du combat social-démocrate, qui avons créé des canaux structurés où l’échange est intense et créatif, nous qui faisons de la politique d’une façon moderne, où chacun peut avoir sa place et la parole, où chacun est respecté du moment qu’il respecte les autres et avance des idées au lieu de postures ou d’injures !

Alors non nous n’acceptons pas comme une fatalité de devoir choisir par défaut. Nous demandons collectivement aux cadres sociaux-démocrates, mais aussi au-delà aux militants et élus qui n’ont pas été convaincus par le casting qui s’est dessinés ces derniers mois, aux sympathisants qui lisent ce post et au-delà aux Français qui attendent plus et mieux du parti socialiste, de se manifester sur les blogs de leurs élus PS ou au sein de leurs sections. Exigeons d’eux qu’ils se manifestent pour des candidatures de combat, des candidats capables d’aller chercher chacun et chacune au lieu d’attendre de savoir comment se fera la distribution aléatoire des voix ! Nous ne battrons pas une UMP déliquescente juste parce qu’ils ont été mauvais et que ce serait automatiquement notre tour. Nous battrons nos adversaires parce que nos idées et notre programme sont les bons, parce nos troupes ont décidé de gagner, parce que nous aurons trouvé un leader ayant gagné ses labels d’honneur, de compétence, de courage, de probité, de fierté partagée avec tous ceux qui le soutiennent.

Cette semaine verra se dévoiler les vraies candidatures à l’investiture PS. Mardi à Paris se tiendra une réunion des sociaux-démocrates. Que ceux qui le peuvent aillent à cette réunion porter la voix des e-militants socdem avec force et conviction : nous exigeons un leader dont l’attachement à nos idées soit sans faille, nous exigeons un leader qui portera en son cœur et son âme nos attentes et nos espoirs. Camarades, que chacun d’entre nous porte la voix de tous les autres. Le dormeur social-démocrate est réveillé, choisissons maintenant un chef et prenons la route de la reconquête.

Egalité hommes – femmes et anthropologie politique

Même si c’est du grand n’importe quoi, j’aime bien cette époque car c’est une époque de changement !

Les affaires politiques qui font l’actualité en ce moment et celles qui ne le font pas (encore) devraient nous inciter à réfléchir au-delà de l’indignation bien-pensante (quand elle n’est pas jouissivement fallacieuse), à la projection à bon compte de fantasmes plus ou moins avoués sur ceux qui se sont fait prendre, ou encore à la récupération pure et simple du moment que cela permet de monter à la tribune.

Alors amis internautes, relisons un peu les choses au-delà des maux que l’on nous donne à voir.

Justice

Tout d’abord, George Tron et Dominique Strauss-Kahn nous permettent, avec bien moins de talent que Tocqueville, de nous pencher sur la démocratie américaine et de la comparer à la nôtre, du point de vue judiciaire tout au moins.

Même type d’affaire, mais quelle différence à l’arrivée.

Les États-Unis c’est le pays où sur la base d’un seul témoignage et d’une journée d’enquête faite dans le bruit médiatique d’affirmations non-fondées suivi de rétropédalages, n’importe qui est coupable quoi qu’il arrive en attendant que la justice statue effectivement sur les faits. C’est le pays où la justice et la police sont intimement liés au pouvoir politique exercé non par l’exécutif, mais par la pression des citoyens, ce qui serait parfait si le citoyen en question pouvait agir rationnellement à partir d’une réflexion étayée par les faits, ce qui à l’évidence n’est pas le cas.
A contrario, la France est un pays où le témoignage (ici double) amène plus lentement aux premières décisions de procédure judiciaire, parce que l’image de l’accusé est protégée, parce que l’instruction cherche aussi bien à prouver la culpabilité que l’innocence, parce que la justice a forcément besoin de temps.
Le système français est de fait plus lent, plus soumis aux aléas du pouvoir politique (sous la pression de l’exécutif et non des citoyens) mais il apparaît plus serein et préserve incontestablement mieux monsieur Tout-le-monde d’un éventuel broyage et d’une erreur judiciaire.
Alors nulle doute que notre système est perfectible, mais à l’évidence ce cas permet de montrer à quel point la volonté du pouvoir sarkozyste de se rapprocher du système américain est une hérésie.

Société

Au-delà de la justice, ces affaires sont également un enseignement sur notre époque. A première vue, nous avons sous les yeux le résultat d’une société où la conquête du pouvoir n’est que la bataille entre mâles dominants, conquête qui une fois réussie permettrait à ces derniers d’en « consommer » tous les fruits. Il est fort probable que notre système sociétal (politique, professionnel ou privé) n’ait pas assez traité des dérives sexuelles rendues possibles par l’accès aux responsabilités, par contre je conteste que cela se résume à un problème des hommes à l’encontre des femmes.

Pourquoi ?

D’abord parce qu’il me semble que si ces affaires mettent en cause d’abord des hommes, c’est pour un ensemble de raisons qui font que les hommes ont plus l’occasion d’être mis en accusation ; en particulier :

* la probabilité : les postes de pouvoir sont majoritairement attribués à des hommes parce que structurellement le système privilégie un type de conquête qui leur est favorable : d’un point de vue probabiliste, les abus seront donc majoritairement masculins
* la culture : même si des progrès ont été fait, le schéma cognitif de l’homme prédateur et de la femme proie reste bien établi ce qui facilite l’adoption d’un tel schéma et son acceptation (pour s’en convaincre, il n’y a qu’à relire les commentaires sexistes dont certains d’ailleurs prétendent dénoncer les affaires en cours)
* le tabou : parce que si la dénonciation de tels faits est psychologiquement difficile pour ces femmes, pour des hommes victimes elle apparaît carrément impossible, ce qui est aussi le cas dans le cas de harcèlement ou de viol homosexuel homme ou femme.

Au-delà de l’actualité, je crois que ce serait une grande erreur de ramener un problème structurel d’organisation de notre société à un problème d’homme prédateur vs femme proie. Il faut dépasser l’heuristique de disponibilité affichée par les médias et les groupes de pression. Inversez le rapport homme / femme aux postes de pouvoir et vous ne changerez rien aux dérives. A l’inverse, travaillez à « dé-sexualiser » le rapport de pouvoir et vous aurez plus de chance d’arriver à une situation normale.

Le combat contre ces abus est un combat de tous les hommes et de toutes les femmes, pas des uns contre les autres. Ne pas l’aborder ainsi revient à renforcer le problème, éventuellement en inversant le sens, mais surement pas à le résoudre.

Conclusion

Loin de poser clairement un débat sociétal, le traitement actuel de ces affaires renforce des schémas de domination homme / femme, avec pour seul vrai enjeu de savoir qui a le droit de dominer qui. C’est l’expression d’un fantasme, au mieux d’une erreur d’analyse, ce n’est pas le sens d’un combat de gauche, du mien en tout cas. Nous devons travailler à établir des relations interpersonnelles apaisées, égalitaires d’un point de vue général et équitables et respectueuses au sein de nos organisations humaines.
Nous devons également regarder sexuellement les hommes pour ce qu’ils sont aujourd’hui et non pas pour l’image distordue que nous en avons. Sur ce dernier point je vous renvoie à une chronique de Boris Cyrulnik sur France Info (« hommes, sexe et amour« ), c’est très étonnant.

Malgré ses défauts, la justice française vaut mille fois mieux que la justice américaine. Quant aux relations hommes / femmes au sein de notre société, il faut travailler pour qu’elles valent mille fois mieux que ce qu’elles sont aujourd’hui.

Affaire Dreyfus Strauss-Kahn : comment ils essaient de tuer les combats de gauche

Prologue

Mai 2011 : un tweet d’un militant ump promptement relayé par le site de droite Atlantico révélait que Dominique Strauss-Kahn avait été arrêté. Cette information a été diffusée quelques minutes à peine après l’arrestation, avant tout autre média. En plus de l’arrestation, ce tweet faisait apparaître pour la première fois l’hôtel Sofitel alors que l’interpellation a eu lieu dans l’avion où avait pris place DSK.

Pendant plusieurs jours, la police, la justice américaine et les médias créent et diffusent mondialement la culpabilité médiatique de Dominique Strauss-Kahn, non seulement sans disposer d’aucun élément de preuve, mais également en diffusant des informations qui se révéleront erronées (comme les heures des faits établis puis corrigés par la police) ou fausses comme les accusations de fuite précipitée, les divers noms et nationalités de la plaignante, l’existence d’un film de vidéo surveillance, etc.

Le procureur de cette affaire, Cyrus Vance, fils d’un ancien secrétaire d’État de Jimmy Carter, se retrouve alors en charge d’un dossier qui pourrait le mener à la tête de la mairie de NY comme ce fut le cas jadis pour son prédécesseur Rudolph Giuliani.

A l’issue de ce prologue, l’objectivité est de reconnaître que nous n’avons qu’une seule certitude : une plainte contre DSK a été déposée et a été jugée recevable. Tout le reste n’est que conjectures ou pire, fantasmes.

Acte I : comment le FMI est « repris en main »

Si l’on met de côté les aspects personnels de cette histoire, la première vraie conséquence a été la démission de DSK de sa charge de directeur général du FMI. Plus que tout autre, DSK a réformé le FMI, lui donnant une orientation social-démocrate, permettant aux pays « émergés » et aux pays pauvres d’avoir un plus grand poids au sein de l’institution. Il a été également l’homme qui a montré que l’intervention coordonnée des États pouvaient réussir là où le libéralisme financier débridé avait généré le chaos. Il a été celui qui a annulé la dette d’un des pays les plus pauvres du monde, Haïti, qui a permis à l’Afrique de surmonter le pic de la crise grâce à des prêts à taux zéros, qui a permis à l’Europe de sauver (provisoirement) sa monnaie et aux pays comme la Grèce de ne pas être pillé (provisoirement aussi). C’est aussi l’homme qui était censé présenter un plan ambitieux de réforme des règles financières mondiales à travers une évolution monétaire majeure et l’introduction d’une assurance risque sur les transactions financières.

Cet homme devait être abattu, la première conséquence de l’affaire Dreyfus Strauss-Kahn est la défaite des réformistes keynésiens au niveau mondial. Depuis le dépeçage de la Grèce a débuté et la nouvelle direction du FMI sera assurée soit par un pur produit du modèle financier américain en la personne de Christine Lagarde, soit par Augustin Cartens, certes citoyen d’un pays émergeant, le Mexique, mais aussi pays appartenant à la sphère économique américaine.

En perdant le FMI, la gauche a perdu une bataille de la gouvernance mondiale.

Acte II : comment la lutte des classes se retourne contre les pauvres

Les avocats de la plaignante ont clairement mis l’accent sur un procès qui serait celui d’une femme pauvre contre un homme riche, d’une justice qui doit punir les riches et les puissants, d’une personne humble et sans moyens contre une star qui les a tous, d’un traitement judiciaire qui doit être le même pour tous.

Or comme le relève un certain nombre de juristes, le traitement médiatique judiciaire vus lors des premiers jours ne sert qu’à humilier et n’apporte en lui-même rien au procès sinon une condamnation préventive de l’agora. Le traitement égalitaire revendiqué, à juste titre, est en fait un nivellement par le bas, pour ne pas dire par la bassesse. Riche ou pauvre, faible ou puissant, le « perp walk » est une honte d’abord pour le système judiciaire : le nivellement par le bas n’est en rien une revendication égalitaire, un combat des humbles. Nous revendiquons une justice égalitaire, pas une humiliation égalitaire. Nous revendiquons une élévation des humbles, pas un abaissement des puissants.

Par ailleurs, les avocats qui défendent madame Diallo n’ont rien d’avocats de seconde zone commis d’office. Ce sont des stars du barreau dont le costume impeccable ne sort pas d’une boutique de prêt à porter premier prix. Leur plaidoirie à vocation universelle cadre mal avec leur personnalité et l’enjeu du procès. Encore une fois, cette affaire est l’occasion d’une mise en scène médiatique qui utilise la condition d’une personne humble à des fins qui n’ont que faire de la lutte des gens pour sortir de leur misère.

A nouveau la gauche est en train de perdre ici la bataille de la défense des humbles, cause reprise par des stars du système judiciaire américain. Même si c’est un combat pour la justice, la justice sociale ne peut être défendue par ce genre d’avocat !

Acte III : comment le syndicalisme est manipulé jusqu’au ridicule

La troisième audience a été le lieu d’une théatralisation supplémentaire. Un syndicat (Unite-Here) a profité de ce procès pour organiser un rassemblement spectaculaire et ici encore, médiatisé. Le rôle des syndicats est d’obtenir de meilleures conditions de travail aux salariés, de les défendre en cas de conflit, d’aider à faire progresser le droit du travail, de co-gérer certains organismes paritaires. Si des problèmes de sécurité se posent dans l’exercice du travail de ces femmes de chambre (ce que je veux bien admettre), en quoi cette manifestation contre un homme dont la culpabilité reste à établir va changer en quoi que ce soit la position de leurs employeurs ? Pire que cela, si le procès venait à établir l’innocence de l’accusé, ce syndicat se sera ridiculisé et aura ridiculisé ces femmes de chambre.

La bataille du syndicalisme n’est pas celle de juger la culpabilité de personnes dans des procès privés, c’est une bataille pour le progrès social, une bataille entre salariés et patrons, entre organisations syndicales et patronales, entre syndicats et État. Ici, Unite-Here ne peut que perdre, son âme ou son image au choix, et s’affaiblir dans de futures batailles qui seraient elles totalement de son ressort.

Acte IV : comment le féminisme s’égare

Certaines organisations féministes ont saisi l’occasion de ce procès pour faire entendre leur voix. Prenant dès le départ le parti-pris de la culpabilité de l’accusé, elles ont construit un amalgame entre des luttes déjà anciennes et les images de la culpabilité médiatique abreuvant largement télés et journaux du monde. Pour les mêmes raisons qu’évoquées précédemment, c’est un détournement de combat qui ne peut qu’aboutir à l’affaiblissement ou au ridicule.

Si DSK est coupable le tribunal le condamnera. Dans ce cas, la justice aura montré de façon exemplaire qu’une personne, homme ou femme, ne peut abuser d’une autre, homme ou femme, sans être sévèrement puni. Il ne s’agit pas d’une lutte d’un sexe contre l’autre, mais bien d’une loi universelle s’appliquant à tous qui démontre de façon éclatante que la dignité et l’intégrité des personnes n’est subordonnée à aucune exception. C’est un combat commun et universel des hommes et des femmes.

Mais si DSK est reconnu innocent, alors ces organisations féministes auront fait beaucoup de mal à ce combat pour l’égalité car elles auront montré que leur combat fait peu de cas de la vérité et de la justice, que la fin justifie les moyens, que quels que soient les faits, l’homme est l’ennemi à abattre. La violence et l’injustice ne sont pas des combat de la gauche !

Epilogue

L’épilogue de cette tragédie n’est pas écrit, et à vrai dire il n’est pas exclus que ce soit en fait une farce grotesque tant les incohérences et les manipulations sont grandes, provoquant les interrogations publiques de personnes peu suspectes de connivence avec l’accusé, comme Christine Boutin ou Vladimir Poutine.

Coupable ou non, pour l’heure les gagnants sont peu nombreux mais bien identifiables. Si au niveau mondial leur victoire semble acquise pour plusieurs années, les choses sont bien moins claires en France. J’ose espérer que l’hypothèse du complot co-alimenté par certain en France se révèlera fausse, car dans le cas contraire nous serions dans une situation encore plus scandaleuse que l’affaire Dreyfus.

Une vision social-démocrate pour la politique étrangère de la France


En attendant que nous nous choisissions un leader qui portera nos couleurs en 2012, et pour combler un tant soit peu le peu d’échos (pour ne pas dire la pauvreté) des propositions en la matière des candidats déclarés, je vais prendre ma plume de blogueur citoyen pour dessiner les contours d’une politique étrangère vue par un militant social-démocrate.

Le bilan

Commençons donc par tracer un bilan de bientôt 10 années de gouvernement UMP. Que reste-t-il de saillants dans nos mémoires ?

Napoléon III capitule devant Bismark

En matière militaire, la réintégration de la France au sein de l’OTAN, notre enlisement en Afghanistan, et comme allégorie de l’ensemble le périple grotesque du Clemenceau ancien vaisseau amiral, fierté de la marine française. J’ai beau chercher quelques éléments à décharge, et j’aurais aimé pouvoir citer une évolution positive de l’action de l’armée française en Afrique par exemple en retenant l’épisode Bgabo, mais le pas est difficile à franchir.
En matière européenne, c’est là catastrophique. L’Europe n’existe plus que par son administration et sa monnaie, elle a été vidée de son élan créateur et n’a jamais réussi à être régénérée par une vitalité démocratique et citoyenne. Quel gâchis ! Chirac autant que Sarkozy n’ont jamais été capables de retisser des liens comparables à ceux qui unissaient Helmut Kohl et François Mitterrand. Pire, la France est redevenue le pays dont on se méfie. Il y a dans l’époque comme un parallèle entre Bismark / Merkel et Napoléon III / Sarkozy. Est-il encore temps d’éviter Sedan ?

Mais à mon sens, les plus gros dégâts sont à porter au discrédit personnel de Nicolas Sarkozy. Il est l’homme qui a permis à Poutine de gagner sa guerre en Ossetie, il est l’homme qui a rendu les plus grands honneurs de la République à Kadhafi et Assad, aujourd’hui plus que jamais despotes totalitaires tortionnaires de leurs peuples, celui qui ne comprend ni la révolution Tunisienne, ni celle d’Égypte. C’est encore l’homme grossier qui snobe l’ouverture du G20 alors que la France en reçoit la présidence. C’est aussi l’homme qui a réussi à nous fâcher avec le Mexique (encore un goût de Napoléon III) pour une question juridique qu’il a voulu utiliser à son profit.

Qu’oppose Nicolas Sarkozy à ce bilan ? Le sauvetage culotté mené par Cécilia Sarkozy au début de son mandat, et la grossesse de Carla Bruni exhibée au G8 de Deauville. Voilà une source de méditation.

Et le PS ?

Aurions-nous fait mieux ? Que pourrons-nous faire d’autre que d’être ballotés comme un fétus de paille sur le torrent mondial ? En bon social-démocrate je crois qu’il est possible de répondre à ces questions en partant d’une idée déjà fort ancienne puisqu’on la retrouve dans « La flamme et la cendre ». Il s’agit de la politique euro-méditerranéenne. Cette idée a tentée d’être reprise par Nicolas Sarkozy, mais sous sa direction cela n’a abouti qu’à une espèce de curieux et inutile club.

Il y a deux éléments fondamentaux au cœur de ce projet : la Méditerranée a longtemps été le cœur de la culture et du commerce européen. La Méditerranée a réuni les peuples, elle a irrigué la gloire des peuples, elle a été la richesse des peuples. Le projet euro-méditerranéen a pour ambition de recréer au troisième millénaire les conditions d’une renaissance unissant le bassin de la péninsule ibérique à la mer noire. En pratique cela signifie favoriser les échanges commerciaux du bassin, retisser le lien culturel qui unit tous ces pays, et se donner les moyens militaires pour résoudre, au nom de l’intérêt de tous et sur des valeurs méditerranéennes communes des conflits comme ceux du Maghreb. Ceci inclut également une vraie implication dans le conflit israëlo-palestinien. La gauche a trop longtemps démissionné devant ce conflit, partagée entre le soutien aux palestiniens et la résolution du problème de territorialité d’Israël. Il me paraît faux autant que lâche de considérer que le temps finira à lui seul par arranger les choses. On peut le voir soit de façon mystique et citer les prophètes, soit de façon rationnelle en constatant que le temps augmente inexorablement les moyens de destruction, mais en l’état, si l’on continue ainsi, la seule issue est la mort symbolisée par les prophéties de destruction de Jérusalem. Il paraîtra sans doute facile de donner son avis du fond de la Bretagne sur un conflit plus que millénaire, mais la seule issue que je vois est de créer les conditions d’un seul état confédéral israëlo-palestinien. Ceci a peut-être une chance de marcher si c’est appuyé par la reconstruction d’une identité méditerranéenne partageant les mêmes valeurs, dont la démocratie appuyée par une force de police méditerranéenne.

Enfin je n’ignore pas que l’Europe ne se limite pas à sa mer du sud. Il me paraît important de construire le pendant au nord en renouant cette fois avec l’histoire de la Hanse, ce qui permet alors de faire le lien avec le voisin russe. Le projet Hanse-Méditerranée doit à mon sens soutenir la politique internationale Française en attendant d’avoir recouvré assez d’honneur et de crédit pour retrouver notre place sur la tribune mondiale.

Conclusion

Réflexions sans doutes trop courtes et trop rapides publiées sur le blog d’un citoyen anonyme. Il ne tient qu’aux candidats de 2012 de faire plus et mieux, de dépasser les cris de la cours de récréation et de projeter une vision d’avenir qui redonne à la France sa place dans le concert international. Commençons par l’Europe, et lorsque ce sera fait, le monde nous admirera et nous écoutera à nouveau.

L’honneur socdem et la fierté de la France


À l’évidence, 2011 ne manquera pas d’inspirer tragédiens et romanciers. Quatre révolutions autour du bassin méditerranéen, la Grèce en quasi faillite, le Portugal, l’Espagne et sans doute l’Italie et la France aspirés à terme dans une spirale de dislocation financière. Et en France, les contre-coups de la déflagration Strauss-Kahn : il n’est pas sûr que Dominique soit coupable des accusations portées contre lui, mais à l’évidence l’onde de choc est arrivée dans les salons parisiens du pouvoir si l’on en juge par l’affaire Tron et la dénonciation de Luc Ferry.

Est-ce juste un hasard ? Certains répondront que lorsque des événements improbables se déroulent simultanément, le hasard n’est pas de la partie. Qu’est-ce donc alors ?

La fin d’un système il me semble. Les systèmes politiques méditerranéens donnent tous les signes de fin de cycle. Défiance des peuples et rejet du pouvoir, aristocraties politico-financières perdant le sens des échelles de richesse et de sa répartition, acceptation d’écarts à la loi pour ces mêmes élites qui par ailleurs n’en méritent que de plus en plus rarement le nom, perte de l’intérêt général et du destin commun. Il est à noter que le premier à tomber n’a pas été Berlusconi pour ses affaires de mœurs, ou Sarkozy pour son incapacité à incarner la fonction présidentielle et à représenter la France, mais DSK l’un des très rares justement à être reconnu mondialement pour ses capacités et ses résultats dans la réforme, pour son combat cherchant à remettre le social au niveau des impératifs économiques. Depuis qu’il s’est retrouvé prisonnier à New York, la dislocation s’est accélérée : plus personne pour stopper le dépeçage grec, plus personne pour empêcher la reprise en main du FMI par les groupes financiers appuyant la candidature de l’une des leurs en la personne de Christine Lagarde (elle a fait une très grande partie de sa carrière dans l’un de ces groupes).
Le cas de cette dernière est d’ailleurs très intéressant : elle aussi est prise dans un maelström judiciaire, tempête d’ailleurs beaucoup plus fondée que les accusations contre Georges Tron car, à la différence de ce dernier et sans préjuger des faits et de leurs conséquences, l’accusation portée contre Lagarde n’est pas parole contre parole, mais issue d’une procédure de contrôle menée par la cours des comptes et relayée par le parlement. C’est la République qui accuse Christine Lagarde !

Comment sortir de cette fin de cycle ? D’abord en en accélérant le dénouement. J’invite chacun et chacune à libérer sa parole, mais aussi à le faire sans haine ni esprit de revanche. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, la déliquescence des mœurs du pouvoir n’est pas une question de machisme (il faut vraiment être naïf ou partisan pour croire qu’une femme de pouvoir ne peut être qu’une sainte – on se rappellera par exemple l’empire Ottoman lorsqu’il était dirigé par les femmes), mais une question d’affaiblissement des organes de contrôle et de démission de l’esprit citoyen. Indignez-vous, indignons-nous ! Mais surtout arrêtons de nous comporter comme tous ces jeunes dont l’indignation consiste à être « contre » et à ne pas croire qu’il y a au sein des partis un souffle et une force suffisante pour renverser la table et monter sur le char.

Ensuite en tenant compte du fait que la République est soumise à de nouvelles règles d’information, qu’on ne peut plus avoir des procédures judiciaires napoléoniennes lorsque twitter ou dailymotion sont en mesure de créer les conditions d’un procès sans règle devant l’agora. Je l’ai écrit et je le redis, cette nouvelle donne de l’information immédiate et universelle pose avec force les conditions et la nécessité de nouvelles dispositions constitutionnelles. Les femmes et les hommes politiques sont faillibles, ce qui n’est pas grave si les dispositions nécessaires sont mises en place.

Enfin, il faut se préparer à crier « dégage » au pouvoir en place certes, mais aussi à tous ceux qui veulent ou croient pouvoir maintenir ce système vivant. J’espère simplement que personne n’aura besoin de s’immoler pour cela. Et je crois qu’il est de l’honneur des sociaux-démocrates en particulier, de faire sonner le « démocrate » bien haut pour que la France puisse à nouveau être fière de montrer son visage au monde.

A mes amis sociaux-démocrates III

Après quelques jours, chacun a pu reprendre ses esprits. Du coup, le petit train de la pré-campagne des primaires a pu repartir.

Lorsque les militants PS attendaient (ou redoutaient suivant les cas) la déclaration de candidature de DSK, le paysage politique de gauche s’était peu ou prou organisée entre les tenants d’une réforme social-démocrate marquée et largement illustrée par la réforme keynésienne qui avait pu être menée au FMI et les tenants d’une ligne qui a défaut d’être claire s’opposait à la première.

DSK étant empêché de se déclarer à court terme, on aurait pu s’attendre à ce que l’audace soit à l’ordre du jour. Hélas, le PS est en train de s’approcher d’un débat bipolaire entre l’ancien premier secrétaire et la première secrétaire en titre. Si ce devait être le cas, autant dire que les primaires ne vont pas passionner les Français car la cuisine interne leur est tout  la fois incompréhensible et indifférente.

Pire que cela, l’adoubement mou de Largarde par Martine Aubry et François Hollande est une faute. Nos députés se sont battus pour que les accusations portées par les organes de contrôle de l’État ne finissent pas aux oubliettes et ils sont désavoués, mais en plus le PS apparaît comme le parti qui accepte sans sourciller la mise à mort des réformes  keynésiennes du FMI, ouvrant ainsi largement les portes des pillards qui se pressent déjà sur le corps moribond de la Grèce. Plutôt que de reprendre l’erreur de stratégie de Royal en 2006 en partant en voyage avec l’illusion de se forger une stature internationale, Hollande ferait mieux d’être en France et de défendre avec force les principes d’une politique internationale en accord avec nos idéaux.

Reste l’espoir et le temps de reconstituer une vraie voie qui sort le PS de son « grumeau » et qui annonce effectivement l’ère des réformes radicales dans un monde où les dangers mortels cognent à la porte. C’est bien là que doivent intervenir les sociaux-démocrates. Avec ou sans Dominique, nous sommes prêts à changer et le parti et la France. Nous savons que nos outils sont efficaces, que notre analyse est la bonne. Nous devons changer l’État providence en État assurance. Nous devons tuer à la fois le libéralisme débridé des marchés et le marxisme. Nous devons construire les conditions d’un avenir collectif, commun et égalitaire qui respecte l’équité entre les individus. Nous devons fixer nos objectifs en fonction des défis gigantesques en face de nous : sortir du désastre économique et social de la sarkozie, affronter la rupture énergétique, la rupture climatique, la bascule démographique et l’accélération de la dématérialisation.

J’invite une fois encore Martine Aubry qui a hérité du flambeau socdem dans les conditions que l’on sait a réunir les forces social-démocrates pour décider ensemble de l’avenir. Qu’elle écoute ce qu’ont à dire Pierre Moscovici, Gérard Collomb, Michel Destot, Michèle Sabban, Jean-Jacques Urvoas, Marisol Touraine et tous les autres dont la liste est trop longue pour être complétée ici ! Les troupes sarkozystes ont mis en route une machine qui nécessitera bien plus que d’être candidat par hasard et parce que l’on croit que c’est notre tour. En 2012, nous aurons subit 10 ans d’une longue maladie qui a fait de la France l’ombre d’elle-même, et le système des partis politiques actuel est partie prenante de cette maladie.

Il reste un an, ce qui est très long et je ne pense vraiment pas que dans 6 mois le paysage politique ressemblera beaucoup à celui d’aujourd’hui. Faisons confiance aux forces et talents de notre parti ! Faisons confiance à l’expression démocratique au sein de notre parti ! Acceptons a priori et créons les conditions de l’émergence d’un porte-drapeau en dehors des normes RH du parti parce que la situation est en dehors des normes. Que les cadres lisses du parti deviennent les effrontés qui osent monter sur le char et défier l’ordre agonisant !

Plus que jamais l’époque n’est pas celle de l’homme ordinaire, les défis sont trop grands, les dangers trop pressants. Le navire France a besoin d’un capitaine et d’un équipage d’exception. Nous constatons chaque jour que cela ne se trouve pas à droite, mais la gauche saura-t-elle offrir cet équipage à notre pays ?