Guerres de civilisations : piège à cons !

Je ne souhaitais pas particulièrement faire un post sur la nième stupidité provocatrice de Guéant en matière de fantasme de domination d’un peuple sur les autres. Mais bon, puisque cela s’emballe un peu dans le plat de choucroute sarkozyste, je m’y colle (je m’interroge au passage pour savoir si la choucroute est, du point de vue civilisateur, supérieure au Kig ar Farz ou au Potjevleesch).

D’abord, nous avons tous compris que cette saillie avait deux buts : absorber une partie du discours de LePen fille et couvrir médiatiquement les nouveaux résultats économiques catastrophiques du commerce extérieur.

On connaissait « la droite c’est la dette », « la droite c’est le chômage », « la droite c’est l’insécurité », on a maintenant aussi la preuve que « la droite c’est le déficit commercial » (on notera sur le graphique ci-contre, qu’en 2002 lorsque nous avons donné les clés de la maison France, nous étions positifs). On comprend que Sarkozy hésite à être officiellement candidat…

Mais revenons à nos moutons civilisateurs et de façon concrète. Après tout, madame Michu tentée de voter pour l’icône présentable du FN, ou aux législatives pour un(e) brave candidat(e) UMP local(e), peut s’interroger au moment de servir le pot au feu (version relativiste des plats sus-nommés en introduction) si les civilisations, ou plutôt la nôtre, ou plutôt la sienne, est oui ou non supérieure aux autres, ce qui serait fort réconfortant à l’heure où le bateau coule. Quant à sombrer, autant que ce soit dans le luxueux Titanique que sur un boat people !

Et soyons encore plus précis. Moi qui habite au bout du bout de la Bretagne, je m’interroge avec angoisse pour savoir où classer la civilisation Celtes par rapport aux autres (pour les lecteurs moins supérieurs à madame Michu, le raisonnement est applicable en remplaçant Celtes par Occitans, Bourguignons, Savoyards, Flamands, Créoles, etc, et même plus anciens si vous le voulez). Or donc, quid des Celtes ? Sont-ils plus supérieurs que les autres ? Affectivement, pour madame Michu, forcément puisque c’est une part de son identité culturelle, et sans doute cache-t-elle sous son col un triskel aux vertus magiques. Bon point pour le tribun Guéant qui touche ainsi madame Michu alors que ces fichus socialos ne sauraient pas lui parler. Oui, mais l’angoisse ne saisit-elle pas madame Michu entre l’os à moelle et le far aux pruneaux (d’Agen) : les Celtes avaient une culture plutôt orale et n’étaient pas de grands bâtisseurs contrairement à ces Africains qui ont bâti des pyramides ou ces Indochinois qui ont bâti des temples dans la jungle. Or la supériorité dans l’esprit guéanesque se mesure aussi à la hauteur des édifices édifiés (sans talonnette) et à la longueur des étagères de bibliothèques (latines ou helléniques si possible). Elle se mesure aux guerres gagnées, elle se mesure a ce qui a été (r)écrits dans les livres d’histoire (avec l’appui de lois mémorielles si nécessaire). Finalement, dans cette mauvaise soupe culturelle promue par l’UMP, la supériorité est relative au jugement du pouvoir en place avec pour seul critère l’utilisation vicieuse de l’émotion des gens et leur ignorance plus ou moins grande des cultures montrées du doigt (car en fait de civilisation, c’est plutôt de culture qu’il s’agit).

Allez demander aux candidats à la députation qui vont sillonner les circonscriptions en quoi la culture/civilisation locale est supérieure ou pas à celles d’à côté. Ce devrait être intéressant et vous pourrez mesurer au passage la profondeur de leur propre culture et l’horizon des valeurs qu’ils défendent. Je défends aux côtés de mes camarades socialistes une vision universaliste (et pas relativiste monsieur Guéant, quelle inculture !) de nos valeurs. Permettez-moi ici de rappeler l’article II de la déclaration de principes du parti socialiste :

Article 2

L’égalité est au cœur de notre idéal. Cette quête n’a de sens que par et pour les libertés. Égalité et Liberté sont indissociables. Aux injustices et aux violences du monde, l’idée socialiste oppose un engagement pour une humanité libre, juste, solidaire et respectueuse de la nature. Elle porte un message universel, dès lors qu’il s’agit de défendre les droits fondamentaux de chacun et de tous. Pour les socialistes, ces objectifs ne peuvent être atteints à partir du fonctionnement spontané de l’économie et de la société.
La redistribution permanente des ressources et des richesses est nécessaire pour donner une réalité à l’égalité des droits, offrir à chacun les chances de conduire sa vie, et réduire les écarts de conditions.

Les cultures sont diverses et nous les respectons car nous respectons chacun et chacune. Mais les valeurs portées par les dirigeants ou les leaders politiques ne sont pas équivalentes et, politiquement, nous en combattons certaines. Même si avec l’exemple de Nicolas Sarkozy et de ses soutiens nous pourrions en douter, la grandeur d’un peuple ne se mesure pas à l’aune de ses dirigeants. L’inculture d’un dirigeant ne dit rien de la richesse de son peuple. Les échecs d’un président ne disent rien des ambitions, de la créativité, de l’envie d’aller de l’avant des citoyens. Le combat de la gauche en général et des socialistes en particulier est de diffuser la connaissance, de défendre des valeurs que nous considérons universelles, de permettre l’émancipation des hommes et des femmes pour leur permettre d’être des citoyens responsables et décisionnaires de leur avenir.

Il n’y a pas de races ou de civilisations supérieures, mais il y a des idées qui décidément doivent être combattues sans relâche.

Brest : Manifestation pour la Sobrena

Mon agenda familial ne me permettra hélas pas d’être à Brest cet après-midi pour la manifestation de soutien aux salariés de la Sobrena. Je joints donc ma voix à tous ceux qui y seront par ce canal internet.

D’abord un petit rappel pour ceux qui me lisent d’une région un peu éloignée de Brest. La Sobréna est une société bretonne de réparation navale créée en 1987. Ce chantier s’est taillé une solide réputation sur des marchés de haute technicité (méthaniers, pétrolier, ferries) et est en mesure de travailler sur les plus gros navires du monde (la plus grande cale fait 80 m de large sur 420 m de long). En 2010, la Sobrena affichait un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros avec un peu moins de 250 salariés plus les emplois induits. Or depuis de trop nombreux mois, la société va mal et a été mise en redressement judiciaire avec un appel à repreneurs. Plusieurs se sont déjà fait connaître : le chantier Gibdock de Gibraltar, Eiffage et l’Italien Palumbo et peut-être le Néerlandais Damen. Les dossiers doivent être déposés au tribunal de commerce lundi au plus tard.

Lors de sa visite lundi, François Hollande (qui a déclaré Brest capitale maritime de la France) a rencontré les salariés de la Sobrena en compagnie de François Cuillandre le maire de Brest et Jean-Yves Le-Drian notre président de région. Il a rappelé l’engagement des élus locaux dans ce dossier : « Avec les élus locaux, il y a une volonté de trouver une reprise durable pour cette activité« .

Enfin, oui, mais pas tous les élus du bassin brestois manifestement si l’on en croit cette déclaration de Patricia Adam (députée de Brest – même -) à propos de la députée UMP de la troisième circonscription d’Iroise (Brest rural) : « Souhaitons que sur ce dossier Mme Lamour mettra bien plus d’énergie qu’elle en a démontrée jusqu’à présent pour défendre le tissu industriel et les emplois du bassin brestois, poursuit l’élue socialiste. Depuis son élection en 2002, cela aurait été bien utile pour l’économie locale que Mme Lamour affiche autant de détermination, aux côtés de François Cuillandre et moi-même, pour essayer de sauver la construction navale militaire, défendre le choix de Brest comme port d’entretien des futurs sous-marins d’attaque, ou dénoncer la perte de plus de 2 000 emplois civils et militaires, conséquences des réformes votées par sa majorité à l’Assemblée nationale. » (décembre 2011). En fait, il faut retourner bien loin dans le temps pour trouver trace de quelques actions marquantes de madame la députée Lamour, la plus « significative » étant une intervention d’octobre 2011 en séance à l’assemblée nationale à l’endroit d’Eric Besson. Voilà un engagement pour le moins limité sur un dossier qui aurait pu être la priorité numéro un de sa fin de mandat. Il est vrai que ces derniers temps Marguerite Lamour a préféré s’engager pour la marche Jansatyagraha des Indiens plutôt que pour les ouvriers des cales de Brest !

Madame Lamour est à l’image des différents gouvernements UMP qu’elle a soutenu : l’artisan obstinée d’échecs successifs. Comme Nicolas Sarkozy elle est prompte à se montrer en public et à gratifier l’auditoire d’un discours qui flatte (le petit hommage à telle ou tel, la petite phrase en breton pour la culture locale, la petite citation – même celle de Jean Jaurès !) tout y est sauf le fond. Les salaries de la Sobrena sont il me semble peu sensibles aux discours petits fours, ce qu’ils attendent c’est un projet industriel pour leur entreprise, du travail pour leur avenir. Là est le travail d’un député, et il est vrai que Patricia Adam n’a pas pu faire grand chose d’autre que dénoncer l’inaction de Marguerite Lamour dans le passé. Mais à partir de juin, il serait plus que souhaitable qu’elle puisse défendre le savoir-faire brestois en force, appuyée par d’autres députés, en particulier celui de la 3ème circonscription de Brest rural.

Il y a tellement de possibilités d’avenir pour la Sobréna, il y a de nouveaux marchés à aller chercher sur le pôle énergie marine brestois ou encore en matière de commerce et l’industrie maritime qui ne manqueront pas eux aussi d’être impactés par la rupture énergétique pétrolière. Projetons-nous sur l’avenir, imaginons, inventons, innovons ! Il faut des députés capables de comprendre l’industrie, l’économie, de voir a minima les évolutions profondes. Marguerite Lamour a montré qu’elle en était bien incapable et que son ambition se bornait à faire de la présence dans une circonscription qui vote traditionnellement à droite. Ce qui était un cynisme en temps normal devient une imposture politique à l’heure où frappent à nos portes la rupture énergétique, le changement climatique, la bascule démographique et le bouleversement numérique de notre société. Il faut envoyer à l’assemblée nationale des députés ancrés dans leur territoire et capables de comprendre et d’orienter les grands choix nationaux. Il faudra à François Hollande une majorité forte et particulièrement aiguisée, presque visionnaire pour éviter le chaos. L’UMP nous lègue 10 années d’erreurs et de fiasco, il nous faudra le réparer, mais il faudra être aussi particulièrement forts pour affronter des défis plus que dangereux. Or, pour l’heure, l’appareil du PS, contre l’avis des militants de la troisième circonscription, a imposé une candidate EELV qui ont le sait, ne votera pas certaines lois du futur gouvernement de gauche. Comment une candidate EELV pourrait-elle défendre une politique économique de décroissance et prétendre développer l’industrie de la réparation navale de pétroliers ou de méthaniers géants ?

Avec les salariés de la Sobrena, nous défendons la politique industrielle et énergétique de François Hollande parce que c’est un cas concret où l’on constate que nos combats sont bien en phase avec la réalité du terrain. Les militants d’Iroise sont mobilisés pour ce combat qui devra aboutir à une première victoire à l’élection présidentielle. Mais cette victoire devra impérativement être prolongée par une seconde à la législative. Les sympathisants qui nous ont fait confiance à la primaire socialiste, et au-delà tous les citoyens de la troisième circonscription, méritent d’être représentés à Paris par un député capable de comprendre la réalité industrielle nord Finistérienne, capable de comprendre les menaces profondes que nous allons affronter, capable de défendre une politique puissante et audacieuse. Les militants ont exprimés leurs désaccords avec des choix d’appareil qui n’ont rien à voir avec de tels enjeux. Il n’est pas trop tard, ni pour la Sobrena, ni pour l’Iroise.

Indignez-vous, mobilisez-vous !

Militants, sympatisants ou simplement citoyens voulant le changement maintenant, rejoignez-nous au PS et sur notre réseau social :

Sobrena Brest : communiqué de presse de la fédération PS du Finistère

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le Parti Socialiste soutient la mobilisation des salariés de la Sobrena La fédération du Finistère du Parti Socialiste appelle ses militants et sympathisants à se joindre à la manifestation de soutien à la réparation navale prévue samedi 4 février, à 14h30 à Brest.

Depuis septembre, les salariés de la Sobrena connaissent une situation difficile. Alors qu’une procédure judiciaire est en cours, et que l’entreprise cherche un repreneur, le Parti socialiste réaffirme son appui indéfectible et sa solidarité avec les salariés dont les emplois sont, aujourd’hui, menacés. La réparation navale fait partie de l’identité brestoise et de son avenir économique. Ces compétences doivent être maintenues et développées.

La visite de François Hollande à Brest, et sa rencontre avec les salariés de la Sobrena devant l’étrave de l’Espoir, place de la Liberté, a été l’occasion de réaffirmer fortement cette conviction : l’Etat doit porter une politique industrielle et s’engager dans une stratégie qui vienne soutenir et appuyer cette filière. La réparation navale doit rester une activité majeure du port de Brest, pour notre agglomération, notre département, et pour l’économie française dans son ensemble.

Pour interpeller le gouvernement, pour défendre une politique industrielle ambitieuse et soutenir le combat des salariés en lutte, les socialistes seront, une fois de plus, à leur côté, à l’occasion de la manifestation de samedi.

Le texte original est ici.

Brêve de campagne (présidentielle) : Jean-Pierre Chevènement jette l’éponge

N’ayant jamais réussi à décoller dans les sondages d’intentions de vote ni même pu peser sur le débat politique de cette campagne présidentielle, Jean-Pierre Chevènement a annoncé qu’il se retirait de la course à la présidentielle. On attend de voir s’il appellera à voter pour François Hollande au premier tour.

Parallèlement, le dernier sondage ITélé / Nouvel obs confirme le leadership de François Hollande dans cette bataille puisqu’il progresse encore légèrement à 31,5%. Nicolas Sarkozy recueillerait 26%, Marine Le Pen 16%, François Bayrou 12%, Jean-Luc Mélenchon 9% et Eva Joly 3%. Dominique de Villepin est choisi par 1,5%, suivi de Corine Lepage (0,5%) et Nicolas Dupont-Aignan. On rappellera que cette situation est totalement inédite, car aucun candidat de gauche qui n’a obtenu jusqu’ici un score aussi favorable et aucun candidat président sortant un score aussi mauvais.

Les intentions de vote pour FH ou NS semblent plutôt ferment (72% des électeurs se disent sûrs de leur choix), l’électorat MLP et FB plus indécis (38% surs de leur choix). Dernière cette bataille pour la 3ème place, seul J-LM semble en mesure de peser sur le débat.

Elections 2012 : décollage au Bourget !

La vidéo complète


François Hollande pose l’égalité et la justice… par LCP

 

Voici la synthèse des propositions du discours de François Hollande au Bourget :

  1. Inscription dans la constitution de la loi de 1905 sur la laïcité
  2. Élargissement des droits du parlement
  3. Lancement d’un « nouvel acte de la décentralisation »
  4. Le rôle des partenaires sociaux sera inscrit dans la constitution (vive la sociale-démocratie !).
  5. Partage du pouvoir de nomination des commis de l’État
  6. Abandon de la nomination des présidents de l’audiovisuel public par le président de la République et retour de cette prérogative à une autorité indépendante.
  7. Non-cumul des mandats pour les parlementaires.
  8. Introduction d’une part de proportionnelle à l’Assemblée nationale.
  9. Introduction du droit de vote des étrangers aux élections locales.
  10. Liberté de la presse et protection de leurs sources d’information.
  11. Réduction de 30 % des indemnités versées au président de la République et aux ministres.
  12. « Le droit d’adopter et de se marier pour les couples qui le veulent », autrement dit redéfinition du mariage.
  13. Retrait des troupes françaises d’Afghanistan en mai 2012.
  14. Renégociation du traité Européen signé le 9 décembre.
  15. Élaboration et signature d’un nouveau traité Franco-Allemand en janvier 2013.
  16. Rétablissement de l’équilibre budgétaire à la fin du mandat.
  17. Loi obligeant les banques à séparer leurs activités de crédit et de placements financiers.
  18. Interdiction pour les banques françaises d’être présentes dans les paradis fiscaux.
  19. Stock-options supprimées.
  20. Encadrement des bonus.
  21. Taxe sur les transactions financières avec « ceux qui voudront la mettre en place avec nous ».
  22. Création d’une agence publique de notation en Europe pour remplacer les agences privées
  23. Mise en place d’un fonds européen d’intervention.
  24. Intervention accrue de la Banque centrale européenne
  25. Création d’Euro-obligations
  26. Instauration d’une contribution écologiste aux frontières européennes.
  27. Suppression des niches fiscales afin de dégager 30 milliards d’euros de recettes supplémentaires
  28. Introduction d’une tranche à 45 % pour les revenus dépassant 150 000 €
  29. Le cumul des différents avantages fiscaux ne devra pas dépasser 10 000 €.
  30. Création d’une banque publique d’investissement.
  31. Allégements fiscaux pour les entreprises qui localisent leur production en France.
  32. Financement des PME innovantes par l’épargne publique.
  33. Élargissement du crédit impôt recherche pour les PME.
  34. Couverture en Très haut débit numérique de la France d’ici 10 ans.
  35. Suppression de la loi Hadopi.
  36. Un million de logements neufs et anciens avec une « isolation de qualité ».
  37. Mise à disposition des terrains constructibles appartenant à l’État au profit des collectivités locales dans un délai de 5 ans.
  38. Sanctions multipliées par cinq pour les communes qui ne respectent pas la loi de solidarité urbaine (pourcentage de logements sociaux).
  39. Encadrement des loyers « là où c’est excessif« .
  40. Création de 150 000 emplois d’avenir (destinés en priorité aux jeunes des quartiers populaires).
  41. Mise en place des contrats de génération.
  42. Gel du nombre de fonctionnaires, mais arrêt du non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux.
  43. 60 000 postes supplémentaires dans l’Éducation nationale affectés en priorité aux maternelles et aux écoles élémentaires.
  44. À la fin du quinquennat, le nombre de jeunes sortant sans diplôme du système scolaire (150 000 aujourd’hui) aura été divisé par deux.
  45. Instauration d’un tarif progressif pour l’eau, le gaz et l’électricité.
  46. Départ à 60 ans pour ceux qui ont cotisé 41 années.
  47. Ouverture d’une nouvelle négociation sur les retraites (pénibilité, décote, financement…)

« Français, le plus beau nom qu’on peut donner à un citoyen du monde », François Hollande

 

Condoléances

La vie politique n’est pas faite que de combats d’idées, et même au démarrage d’une campagne aussi intense que la présidentielle, il est des week-ends où certains événements demandent de prendre le temps du recueillement.

J’ai appris hier la disparition prématurée d’un militant de ma section suite à une maladie, et dans la journée le suicide de l’épouse de Luc Chatel, ministre de l’éducation.

Mes pensées vont ce soir à leurs familles et à leur proches.

Mega Upload et mega problème posé par l’économie numérique

Même si vous n’y connaissez rien, si vous n’avez pas entendu parler du site méga upload aujourd’hui c’est très probablement que vous êtes très vieux et connecté à aucun média, qu’il soit numérique ou vieille technologie. Figurez-vous que l’affaire a même réussi à tirer notre pourtant peu numérique président de son lit pour faire un communiqué AFP au contenu quelque peu surréaliste.

Mais ce qui m’intéresse dans cette affaire, ce n’est pas tant le buzz mis en scène par le FBI et ses relais médiatiques, mais bien tous les problèmes soulevés par les usages numériques face aux États et à nos lois.

D’abord, si seuls quelques acteurs ont été arrêtés ou sont sous le coup d’un mandat international d’arrestation, il faut savoir que, rien que pour ce site, ce sont en fait plus de 150 millions de personnes qui sont impactées de près ou de loin avec cette affaire, dont à peu près 5 millions de Français. Tous ne se livraient pas à des actes illégaux, mais même en prenant l’hypothèse basse que seulement la moitié des utilisateurs succombaient peu ou prou à la tentation, cela devrait faire tout de même beaucoup, beaucoup de monde à poursuivre si c’est de justice que l’on parle. Pire que cela, dans un pays démocratique, il est bon de se souvenir que

« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » — Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, Article 3 

Oups, un usage aussi massif d’un média « illégal » pose une question fondamentale de droit et l’action d’une police étrangère appuyée par un communiqué vespéral n’y répond que fort imparfaitement…

Autre élément dérangeant dans cette affaire, c’est que l’arrêt brutal de service est transfrontalier et impacte directement des consommateurs dont l’honnêteté et le comportement n’est pas mis en doute. Que penseriez-vous si demain le FBI arrêtait la distribution d’électricité en France en mettant en avant le fait que des groupes mafieux utilisent cette électricité de façon illégale et que la direction d’EDF le sait parfaitement et peut parfaitement en identifier certains ?

Oups, « Tuez-les tous dieu reconnaîtra les siens » ne fait pas partie du droit français, et sans préjuger de la pertinence de l’action de police et du jugement final, il y a là une ingérence policière étrangère fort dérangeante avec des conséquences personnelles ou économiques qui restent à évaluer…

Autre élément de fond, qui est celui de la notion de propriété avec la révolution numérique en court. Une des conséquences possibles de cette numérisation, est la disparition de la nue-propriété puisque l’usage et le fruit, avec le numérique, sont de moins en moins liés à l’aspect matériel des choses. C’est ici un des aspects du problème. On met en avant la notion de propriété intellectuelle (des artistes en l’occurrence), alors que le problème est en fait un problème d’obsolescence de l’industrie de distribution des œuvres. Les artistes sont toujours propriétaires de leurs droits intellectuels et certains ont parfaitement compris comment valoriser financièrement ces droits dans un modèle économique numérique. Mais, hélas pour elles, les compagnies de distribution n’ont que très peu de place dans ce nouveau monde numérique et font jouer au maximum la coercition des anciennes lois. Il faut donc effectivement retravailler les lois sur la propriété, mais les penser en fonction du nouveau monde et des nouveaux usages, et non des vieilles lois et des vieux modèles économiques. Le code de la route est établi en fonction des automobiles, pas des diligences…

L’affaire FBI vs Mega Upload pose donc un problème de démocratie (qui est à l’origine des lois ?), un problème d’ingérence policière étrangère dans un pays souverain (le FBI n’est pas la police de la planète), un problème de modèle économique (comment aider la création artistique à avoir des revenus dans un monde numérique ?), un problème de définition de la propriété (quel est le sens de la nue-propriété lorsque le support physique n’existe pas ? Que devient la propriété intellectuelle lorsque l’information numérique a par nature une propriété d’ubiquité multiforme ?).

Voilà quelques uns des vrais problèmes posés par cette affaire, et j’en connais un qui aurait mieux fait de dormir cette nuit au lieu d’applaudir benoîtement. La nuit est mauvaise conseillère en matière de communication, cela se confirme.

Chronique d’une mort annoncée

Gabriel García Márquez qui fut en son temps un grand admirateur de Che Guevara et des combats révolutionnaires, aurait sans doute avec l’accord EELV-PS l’occasion de revisiter son roman.

On y parlerait aussi d’un mariage, de faux-semblants autour de ce mariage, de la dissonance entre la morale et la réalité vénale, de ce que tout le monde sait inéducable mais ce dont personne ne veut être tenu responsable. Ce mariage c’est bien sûr l’accord EELV-PS qui semaines après semaines s’achemine lentement mais avec détermination vers son inévitable destin.

Du péché idéologique originel ont très rapidement surgi les protestations, aussi bien dans un camp que dans l’autre, et de manière générale, cet accord a été jugé très durement et négativement, une large majorité de Français (63%) le désapprouvant.

Le temps passant a-t-il permis ne serait-ce que de faire semblant de l’accepter ? En Iroise comme ailleurs, non, chacun ayant jusqu’ici certes accepté de ne pas entrer en rébellion mais avec des positions claires de refus, dignes et en total respect avec les convictions et les intérêts des sympathisants de gauche qui s’étaient déplacés à la primaire.

Nul espoir donc d’aller cahin-caha à la législative avec cet accord, et c’est même tout le contraire qui se passe : après les positions fortes de Delanoë, Collomb, Montebourg ou Daniel Cohn Bendit, c’est maintenant les bataillons des moins gradés qui s’avancent.

Ce fut le cas cette semaine à Fougères (Bretagne, Ile et Vilaine), où Louis Feuvrier se présente sous l’étiquette divers gauche dans une circonscription réservée aux écologistes. Plus impactant encore, à Sénart (Seine et Marne), c’est bien un socialiste encarté cette fois et investi par les militants de sa circonscription qui se présente en dépit de l’accord sur les désaccords, à savoir  Olivier Faure qui de plus est membre de l’équipe de campagne de François Hollande.

Est-il indispensable d’attendre que l’irréparable soit définitivement commis ou la raison peut-elle reprendre le dessus ? Il n’est nul besoin de se marier pour passer un obstacle et il n’y a aucun sens à se lier avec chaînes et serments lorsque l’on sait que les routes que l’on veut suivre ne sont pas les mêmes.

Free Mobile dans ma boule de cristal numérique

J’adore lorsque ma boule de cristal me permet de deviner l’avenir !

J’essaie régulièrement d’alterner les articles d’humeur (politique) et les articles plus fouillés. Il y a quelques temps, j’ai écrit deux articles concernant l’économie numérique, un sur la faillite de Paru Vendu, et un sur l’arrivée de l’économie numérique. Dans ce dernier, j’écrivais en particulier ceci « si en plus on réussit à introduire une entrée gratuite avec un modèle freemium, alors c’est l’économie marchande elle-même qui gère directement le problème de la pauvreté d’une partie de la société. »

Même en ayant fait quelques efforts de pédagogie, je me doute bien que le fond n’était pas forcément d’une clarté à toute épreuve et accessible à tous. Heureusement, le patron de Free, Xavier Niel vient aujourd’hui de rendre public l’offre de téléphonie mobile de sa société, et comme c’est un grand professionnel qui connaît parfaitement l’économie numérique, il a bâti une stratégie incluant un tel modèle freemium et comme en plus il est commercialement malin, ce freemium cible particulièrement les gens les moins fortunés à travers l’offre de téléphonie « RSA ».

Or cette offre illustre parfaitement ma citation précédente.

Récapitulons :

  1. l’économie numérique permet naturellement de créer une entrée de gamme réellement gratuite
  2. si le modèle économique est correctement bâti, l’offre globale gratuite et payante (premium) est rentable (modèle freemium) et permet aux entrepreneurs de prendre à leur charge et sans impact financier une partie de l’aide sociale
  3. ce modèle n’est a priori possible qu’avec du numérique pur ou au mieux en associant bien physique et services numériques (économie dite quaternaire)
  4. c’est ce qu’à réussi semble-t-il à faire ici Xavier Niel avec la téléphonie mobile, il ne reste plus qu’un dernier effort à faire pour rendre gratuite la box.

Alors que certains en sont encore à chercher à arrêter la mondialisation, à parler ré-industrialisation sans en expliquer ni le coût ni la faisabilité, des entrepreneurs bien français sont en train de construire l’économie capable de résoudre nos problèmes et de nous sortir du trou de la meilleure des façons possibles. Mais il nous faut encore et toujours expliquer ce qu’est cette révolution numérique, ce qu’elle apporte de bien et de mal, et préparer nos concitoyens à un des plus grands changements intellectuels, économiques et philosophiques que nous ayons jamais eu à appréhender.