Chronique d’une mort annoncée

Gabriel García Márquez qui fut en son temps un grand admirateur de Che Guevara et des combats révolutionnaires, aurait sans doute avec l’accord EELV-PS l’occasion de revisiter son roman.

On y parlerait aussi d’un mariage, de faux-semblants autour de ce mariage, de la dissonance entre la morale et la réalité vénale, de ce que tout le monde sait inéducable mais ce dont personne ne veut être tenu responsable. Ce mariage c’est bien sûr l’accord EELV-PS qui semaines après semaines s’achemine lentement mais avec détermination vers son inévitable destin.

Du péché idéologique originel ont très rapidement surgi les protestations, aussi bien dans un camp que dans l’autre, et de manière générale, cet accord a été jugé très durement et négativement, une large majorité de Français (63%) le désapprouvant.

Le temps passant a-t-il permis ne serait-ce que de faire semblant de l’accepter ? En Iroise comme ailleurs, non, chacun ayant jusqu’ici certes accepté de ne pas entrer en rébellion mais avec des positions claires de refus, dignes et en total respect avec les convictions et les intérêts des sympathisants de gauche qui s’étaient déplacés à la primaire.

Nul espoir donc d’aller cahin-caha à la législative avec cet accord, et c’est même tout le contraire qui se passe : après les positions fortes de Delanoë, Collomb, Montebourg ou Daniel Cohn Bendit, c’est maintenant les bataillons des moins gradés qui s’avancent.

Ce fut le cas cette semaine à Fougères (Bretagne, Ile et Vilaine), où Louis Feuvrier se présente sous l’étiquette divers gauche dans une circonscription réservée aux écologistes. Plus impactant encore, à Sénart (Seine et Marne), c’est bien un socialiste encarté cette fois et investi par les militants de sa circonscription qui se présente en dépit de l’accord sur les désaccords, à savoir  Olivier Faure qui de plus est membre de l’équipe de campagne de François Hollande.

Est-il indispensable d’attendre que l’irréparable soit définitivement commis ou la raison peut-elle reprendre le dessus ? Il n’est nul besoin de se marier pour passer un obstacle et il n’y a aucun sens à se lier avec chaînes et serments lorsque l’on sait que les routes que l’on veut suivre ne sont pas les mêmes.

Free Mobile dans ma boule de cristal numérique

J’adore lorsque ma boule de cristal me permet de deviner l’avenir !

J’essaie régulièrement d’alterner les articles d’humeur (politique) et les articles plus fouillés. Il y a quelques temps, j’ai écrit deux articles concernant l’économie numérique, un sur la faillite de Paru Vendu, et un sur l’arrivée de l’économie numérique. Dans ce dernier, j’écrivais en particulier ceci « si en plus on réussit à introduire une entrée gratuite avec un modèle freemium, alors c’est l’économie marchande elle-même qui gère directement le problème de la pauvreté d’une partie de la société. »

Même en ayant fait quelques efforts de pédagogie, je me doute bien que le fond n’était pas forcément d’une clarté à toute épreuve et accessible à tous. Heureusement, le patron de Free, Xavier Niel vient aujourd’hui de rendre public l’offre de téléphonie mobile de sa société, et comme c’est un grand professionnel qui connaît parfaitement l’économie numérique, il a bâti une stratégie incluant un tel modèle freemium et comme en plus il est commercialement malin, ce freemium cible particulièrement les gens les moins fortunés à travers l’offre de téléphonie « RSA ».

Or cette offre illustre parfaitement ma citation précédente.

Récapitulons :

  1. l’économie numérique permet naturellement de créer une entrée de gamme réellement gratuite
  2. si le modèle économique est correctement bâti, l’offre globale gratuite et payante (premium) est rentable (modèle freemium) et permet aux entrepreneurs de prendre à leur charge et sans impact financier une partie de l’aide sociale
  3. ce modèle n’est a priori possible qu’avec du numérique pur ou au mieux en associant bien physique et services numériques (économie dite quaternaire)
  4. c’est ce qu’à réussi semble-t-il à faire ici Xavier Niel avec la téléphonie mobile, il ne reste plus qu’un dernier effort à faire pour rendre gratuite la box.

Alors que certains en sont encore à chercher à arrêter la mondialisation, à parler ré-industrialisation sans en expliquer ni le coût ni la faisabilité, des entrepreneurs bien français sont en train de construire l’économie capable de résoudre nos problèmes et de nous sortir du trou de la meilleure des façons possibles. Mais il nous faut encore et toujours expliquer ce qu’est cette révolution numérique, ce qu’elle apporte de bien et de mal, et préparer nos concitoyens à un des plus grands changements intellectuels, économiques et philosophiques que nous ayons jamais eu à appréhender.

Économie : s’indigner certes, mais agir surtout

Le texte ci-dessous est le résumé d’un texte plus long que vous trouverez en [ cliquant ici ].

Bonne lecture (et que ceux qui le souhaitent n’hésitent pas à venir discuter sur facebook).
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Sauve-qui-peut
L’idéologie communiste a touché son terme avec l’effondrement du mur de Berlin. L’idéologie purement libérale a touché le sien avec l’effondrement de Lehman Brothers. Depuis les décideurs politiques ou économiques s’agitent en tous sens à la recherche d’un nouveau phare capable de les guider dans leurs décisions. La tentation du replis sur soi est-elle la solution ? Comment se guérir du dysfonctionnement de l’outil financier sans entraîner un effondrement total du système ? Comment restaurer la justice en punissant sans vindicte ceux qui ont eu un comportement délibérément pathogène voire délictueux vis-à-vis des peuples ?

Et in fine, quelles seront les bases d’une nouvelle économie au service des peuples, une économie à même de prendre en compte les défis climatiques, énergétiques, numériques et socio-démographiques ?

 

Protection ou protectionnisme ?

Personne ne peut construire quelque chose à long terme dans une anxiété et une peur constante du lendemain. Nous devons être rassurés sur la capacité de nous relever en cas d’erreur ou de chute. Aujourd’hui, les citoyens sont mis dans la situation de funambules accrochés à un fil usé dont la rupture ne fait guère de doute. Sous eux l’inconnu.

Il ne fait guère de doute non plus que nous ne pouvons pas à court terme garantir un niveau de protection au niveau de ce que nous avons pu avoir il y a dix ans.
Je crois que nous pouvons remplacer une partie de l’argent que nous n’avons plus par des systèmes de solidarité directe qui ont largement montré leur valeur en d’autres temps. C’est déjà ce que font nombre d’associations et, en attendant de recouvrer son autonomie, l’État doit acter de son indigence et utiliser les moyens qui lui restent pour faciliter et contrôler l’organisation locale de la protection de tous.

De manière plus globale, certains plaident pour la ghettoïsation de notre économie. Cette pensée est issue d’un ancrage dans un monde où la frontière était physique et tangible, où ce que l’on produisait était d’abord matériel. Mais aujourd’hui, les NTIC ont remplacé les frontières géographiques par des frontières linguistiques ou technologies. Ces mêmes moyens de communication apportent des services marchands et la possibilité d’acquérir où bon nous semble sur la planète les biens que l’ont veut. Monter des frontières douanières avait un sens dans l’ancien monde non connecté, pas dans le nôtre.

Les règles d’une nouvelle économie
Si une nouvelle économie devait nous sortir de notre situation, peut-on en tracer quelques contours qui permettent au moins de réfléchir de façon nouvelle (désolé, je n’ai pas la prétention de pouvoir donner la solution à nos problèmes).

Des briques de qualités à faible coût

La première idée est de chercher les briques de base qui servent à construire cette économie et de contrôler au maximum leur coût et leur qualité. A minima, ces briques me semblent être :

  • l’énergie
  • l’information
  • les moyens permettant d’échanger les biens et services (en simplifié l’argent).

L’état doit donc agir et être en mesure de garantir que ces éléments seront toujours abondants et libres d’accès au tarif le plus bas possible. Des nationalisations sont nécessaires. Hors de ces éléments, la production et le commerce de biens et de services doivent se développer au sein d’un marché libre mais aux règles clairement établies et équitables.

Une économie associant biens, services et numérique

La deuxième idée part d’un double constat.

Le prix des biens physiques a décru de façon fantastique grâce aux caractéristiques du commerce mondialisé.
Le deuxième constat est qu’en économie numérique ce processus de baisse des coûts s’accentue jusqu’à introduire une entrée de gamme totalement et réellement gratuite (modèle dit freemium).

Ce double constat état fait, il est possible de construire une deuxième règle : l’économie que nous devons construire doit être une économie qui associe un ou plusieurs biens matériels à un service, le tout étant fortement lié à des mécanismes d’économie numérique (dont le freemium). Ce modèle économique a été baptisé « économie quaternaire » par Michèle Debonneuil je l’étends un peu ici en y accrochant des mécanismes d’économie numérique.
Une telle économie présente de très gros avantages :

  • elle continue d’utiliser les bénéfices apportés par la mondialisation, à savoir produire des biens de consommation à bas coût
  • elle associe des éléments non délocalisables à valeur ajoutée, à savoir la production de services
  • si en plus on réussit à introduire une entrée gratuite avec un modèle freemium, alors c’est l’économie marchande elle-même qui gère directement le problème de la pauvreté d’une partie de la société.

Faisabilité
La réalisation de la première règle ne dépend que de la volonté politique. La réalisation de la seconde est plus complexe car elle nécessite la participation d’entrepreneurs dont la culture est pour la grande majorité très éloignée d’un tel univers. Il en est de-même d’ailleurs pour la majorité des politiques.
Nous devons entrer dans un nouveau monde avec de nouvelles règles qui ne sont pas celles de l’ancien monde. C’est une opération intellectuellement et opérationnellement complexe, ce n’est ni naturel ni inné, cela s’apprend et doit être accompagné.

 

Conclusion

Il faut acter de la mort des modèles économiques et sociaux qui ont prévalu jusqu’au début de ce troisième millénaire.

Il est nécessaire et impératif que les États répondent au besoin de sécurité et de protection économique et sociale des citoyens mais, au moins temporairement suite à la faillite de l’ancien système financier, il faut réorganiser le système actuel vers plus de solidarité et d’entre-aide directe et moins d’allocation financière. L’État doit jouer un rôle plein et entier dans ce nouveau système et ne pas se retrancher derrière la charité privée.

Le recours au protectionnisme ou au malthusianisme économique n’a pas de sens.

Une nouvelle économie numérique peut être bâtie en alliant le volontarisme étatique et l’esprit entrepreneurial privé. Cette économie doit s’appuyer sur des briques fondamentales dont la qualité est garantie par le service public et le coût le plus faible possible : énergie, information et système financier.
Cette nouvelles économie numérique associe des biens à bas coût à des services à valeur ajoutée, le tout rendu cohérent et économiquement viable grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

Le passage à une telle économie doit être accéléré en déployant un plan d’alphabétisation numérique ambitieux.

Réserve fédérale US : un casse contre la démocratie de… 7770 milliards de dollars !

Le 28 novembre dernier, l’agence Bloomberg a publié un article qui aurait dû avoir un retentissement cataclysmique. Le silence qui s’en est en fait suivi est fort instructif…

Les faits.

Dans cet article Bloomberg révélait qu’à côté du plan Paulson officiel de la Fed (700 milliard de $), la banque centrale américaine ( la Fed) avaient mis en œuvre entre 2007 et 2009 un second plan hors de toutes procédures et de tous contrôles démocratiques. Ce second plan s’élève à 7 770 milliards de $US ! Pour donner un ordre d’idée, la dette publique de la France est de l’ordre de 2300 milliards de $.

L’information n’a pu être trouvée puis révélée qu’à l’issue d’un procès intenté par Bloomberg et Fox news contre la Fed et Clearing House (lobbyistes bancaires) pour obtenir la publication des comptes de ce plan jusque là secret.

Les principaux bénéficiaires de ce plan sont six des plus grosses banques américaines qui ont reçu 460 milliards de dollars de prêts de la Réserve fédérale (qui représente à peu près trois fois ce qui leur ont été versés avec par le plan Paulson) à un taux extraordinairement avantageux (0.01%).

 

L’analyse.

Depuis le printemps, la finance mondiale pilonne les États Européens, aidée en cela par la nouvelle gouvernance du FMI, l’impéritie coupable des gouvernements et le manque « d’impertinence » des médias. Il est vrai qu’aux États Unis Bloomberg et Fox ont dû aller jusqu’au procès pour faire leur enquête, mais ils ont eu le courage de faire leur job. On attend des médias français en particulier, qu’ils s’émancipent, osent, contestent au nom de la vérité, au nom de la démocratie.

À la lumière de l’affaire Fed, il apparaît clairement que ce pilonnage n’est qu’une opération de déstabilisation destinée à laisser aux EU le temps de les sauver du naufrage financier.

À la lumière de ces révélations, il apparaît clairement qu’une partie au moins du système financier ne tient plus que par des négociations d’arrière-court. En conséquence, la nationalisation des sociétés qui ont le plus fauté ou sont les plus fragiles, doit être actée dans les statuts puisqu’à l’évidence elle l’est dans les faits !

Il faut accepter d’annuler les remboursements des dettes des états les plus fragiles pour les 2 ou 3 années à venir.

Il faut accepter de ré-échelonner la dette des états solvables mais en difficulté.

Il faut accepter que les banques centrales des états reprennent le total contrôle de création monétaire et le rachat de créances.

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sources :

Peplum contre Fin du monde

J’ai relevé deux évènements marquants cette semaine. L’un est d’importance planétaire, l’autre ressemble fort à un montage de mauvais film.

Le fait qui me semble le plus important, c’est le nouveau rapport du GIEC dont le niveau de constat alarmiste s’est élevé d’un cran. Jusqu’ici, nous pouvions espérer limiter la casse climatique par une gestion rigoureuse de nos émissions de gaz à effet de sert. Il n’en sera rien et la limite d’une élévation moyenne de température de 2°C ne tient plus, nous nous dirigeons droit vers 4°C. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Voici quelques vidéos extraits d’une émission de ARTE en août 2008 :

Vu son importance, cette nouvelle aura dû faire la une de tous les médias et devenir rapidement le sujet dont les politiques devaient débattre. Le PS a sur le sujet une position qui n’est pas celle de la droite mais qui n’est pas non plus celle des écologistes. Nous pouvons et nous devons agir directement sur le climat et pas seulement nous contenter de « moins polluer » et de laisser faire mère nature. Mais qui l’a entendu ?

Au lieu de cela, nous avons eu droit à un mauvais show qui aurait pu être issu d’un péplum de Cinnecita. Nicolas Sarkozy à Toulon voulait que revienne à nos mémoires ce qu’il considère comme un grand discours, celui de 2008 où il dénonçait urbi et orbi l’inanité de la finance mondiale. Depuis, infiniment plus d’eau que de décisions utiles ont coulé sous les ponts et le mauvais remake sur fond de campagne électorale qui s’annonce aura au mieux convaincu les lecteurs du Figaro, et encore ce n’est pas sûr.

Pendant du discours sakozyste, Angela Merkel est elle aussi montée à la tribune. Le message n’est pas exactement le même mais essaie globalement d’aller dans le même sens. Ce qui diffère le plus, c’est la position relative des deux dirigeants. D’un côte le président de la « bonne et de la mauvaise dette » qui a échoué sur absolument tout ce qu’il a entrepris au point de se renier et de devoir annuler des lois qu’il avait présentées comme irréversibles, de l’autre une dirigeante qui ne recueille pas forcément un soutien sans faille dans son pays, mais qui a au moins à son actif un pays dont la solidité économique lui permet d’avoir le verbe haut et d’imposer ses vues. Dire qu’en 2000 avec le gouvernement socialiste la situation était exactement inverse ! Le procès en impérialisme version néo-bismarkisme est cependant tout à fait excessif à mon sens. Contrairement à la situation de Napoléon III avec qui Nicolas Sarkozy fait écho aujourd’hui, il n’y a pas de piège de l’Allemagne pour assoir sa domination. Nous sommes faibles et l’Allemagne forte parce que depuis 10 ans ils ont fait de bons choix (merci d’ailleurs aux sociaux démocrates de Schröder) et nous de mauvais (aucun merci à donner aux libéraux de l’UMP). Sur ce point, je trouve le discours de Merkel  particulièrement respectueux de notre souveraineté.

Ces deux discours ont leur importance, mais ils ne peuvent nous satisfaire. D’abord parce que les choix avancés sont très techniques, liés à un monde qui a montré tout le mépris qu’il portait aux peuples, ce que nous voyons d’ailleurs en filigrane lorsqu’on nous explique que nous allons converger vers une intégration budgétaire. Sans doute est-ce censé, et on peut donner quitus aux Allemands de savoir ce qu’il faut faire en matière de rigueur (contrairement à l’UMP qui n’a en 10 ans juré que par la dette), le problème étant que l’on refuse aux peuples un autre choix que l’accord définit par l’Allemagne. Pas sûr que cela se passe bien…

La question de la dette européenne est une question de banqueroute ou de non banqueroute. C’est une question de technicien qui ne doit pas occulter le libre choix des peuples, c’est surtout une question qui mériterait qu’elle ne soit pas dévoyée par le candidat Sarkozy au profit d’une mauvaise dramatisation.

La question du climat est une question de survie des peuples. Il est urgent de s’en emparer, avec gravité et responsabilité. L’objectif n’est pas de provoquer la panique, mais de se choisir en connaissance de cause des hommes et des femmes politiques qui comprennent profondément cette question et ses enjeux et qui sont prêts à se battre pour l’intérêt collectif. Manifestement la droite ne nous propose pas cela, alors que je sais que la gauche a en son sein des hommes et des femmes de cette qualité.

 

Législatives : les indignés d’Iroise

Mardi soir, le Bureau National du PS a validé l’accord a minima avec EELV. On retiendra que si cet accord permettra aux écologistes d’avoir probablement un groupe à l’assemblée, il ne brille pas par la puissance du signal envoyé à la gauche. Mais dont acte pour cet accord électoral, François Hollande aura besoin des 5% de voix d’Eva Joly.

Il n’en reste pas moins que, comme je le décrivais dans mon dernier article, la troisième circonscription du Finistère est un cas singulier et le fait que la décision de Solférino refuse aux citoyens de notre circonscription le droit de voter pour un candidat PS provoque des réactions indignées. On peut avancer beaucoup d’arguments qui expliquent cette indignation, mais je me contenterai de reprendre celui que j’avançais la semaine dernière :

« Le succès des dernières primaires a montré que les électeurs d’Iroise étaient en attente d’un changement profond, qu’ils faisaient confiance au PS, qu’ils attendaient de nous que nous apportions et incarnions ce changement. Ne pas présenter un candidat PS au profit d’un candidat EELV qui a refusé de participer à ces primaires citoyennes risquerait au minimum de créer de l’incompréhension, et peut-être même un sentiment de trahison par rapport à l’espoir et l’enthousiasme des primaires. »

Devra-t-on demander aux électeurs d’Iroise de voter Modem au deuxième tour de la législative pour faire battre la députée UMP sortante ? Si c’est le cas, mieux valait alors négocier avec le Modem directement ! Il est d’ailleurs troublant de constater que les positions de Corinne Lepage (ex Modem) sur le nucléaire sont plus proches de nos positions que celles d’EELV. Au-delà du non-sens de cette décision de gel, on se sent saisi d’un étrange sentiment de schizophrénie idéologique dans notre situation.

Il est de notre devoir de respecter l’appel des 7114 sympathisants qui se sont déplacés au second tour des primaires pour nous envoyer un message très fort d’espoir et d’attente.

Il est de notre devoir de conserver un sens à notre engagement politique. Nous avons fait une campagne des primaires pour un engagement politique qui n’est pas celui des écologistes. Nous avons depuis des années sillonné le territoire pour rendre possible la victoire de nos idées. Une absence de candidature PS au profit d’une candidature EELV dans la 3ème circonscription est un acte de capitulation vis-à-vis de nos électeurs face à une adversaire UMP très affaiblie. Et je le redis, cette position serait radicalement différente si une candidature écologiste avait l’ombre d’une chance de victoire en Iroise.

Le socle du programme du parti socialiste reprend trois des quatre défis que j’avais décrit il y a déjà si longtemps :

  • Face à une rupture climatique sans précédent dans notre Histoire, il faut au pays des députés ayant une vision des chemins capables de nous éloigner de la catastrophe, pouvant traiter les problèmes écologiques rencontrés par notre société sans tomber dans des débats et des schémas caricaturaux. Des députés capables de faire prendre conscience des périls tout en rassurant sur la voie à suivre.
  • Face à une rupture énergétique en cours, il faut en Iroise un député permettant à notre circonscription de saisir, avec raison et pragmatisme, les opportunités qui s’ouvrent à nous grâce aux ressources marines, cette mer si importante pour notre tissu économique et notre culture.
  • Enfin, face aux déséquilibres socio-démographiques qui ont été un moteur à la fois enthousiasmant et effrayant des révolutions méditerranéennes, il faut un candidat à la députation en mesure de comprendre le trouble et les bouleversements sociétaux, sociaux et générationnels qui traversent nos sociétés.
  • Et je ne parle même pas du bouleversement numérique en cours qui reste incompréhensible à nos décideurs.

Or EELV et nous sommes en désaccord profond sur la gestion de la rupture énergétique, on l’a clairement vu avec Flamanville. Nous n’avons pas les mêmes priorités concernant la gestion de la rupture climatique. Quant aux déséquilibres socio-démographiques, j’ai l’impression que les enseignements fondamentaux des révolutions méditerranéennes n’ont pas été retenus. Lorsque le peuple n’est pas entendu, il a désormais les moyens de se faire entendre, d’envoyer de façon éclatante son propre message politique.  Nos primaires ont été un magnifique succès démocratique, quoi qu’il arrive, le message envoyé par les électeurs d’Iroise ne se perdra pas dans un accord sans queue ni tête. Nous répondrons à leurs attentes !

Je ne suis pas militant socialiste par plaisir ou pour me passer le temps. Je me suis un jour décidé à sortir du café du commerce pour élaborer et défendre des idées parce que je ne voulais pas laisser à mes filles une France dans l’état où elle était à l’époque. Cet état est aujourd’hui encore pire, 10 ans de gouvernement UMP étant passés par là !

C’est pourquoi je joints avec force ma voix à celle de tous ceux que l’absence d’un candidat PS aux futures législatives en Iroise indigne. Je vous appelle solennellement à refuser la défaite locale annoncée par cet accord, je vous appelle à ne pas abdiquer. Nous devons présenter une candidature PS à cette législative, c’est le sens de notre engagement, c’est ce qu’attendent de nous les plus de 7114 sympathisants qui sont venus nous apporter leur soutient et leurs encouragements lors des primaires.

Législatives en Iroise : la troisième circonscription aura-t-elle un candidat PS ?

Le Parti Socialiste a lancé son appel à candidature pour les élections législatives des 10 et 17 juin 2012. Ces candidatures devront être déposées entre le 18 et le 21 novembre.

La 3ème circonscription du Finistère (correspondant grosso modo au pays d’Iroise – Brest rural) est actuellement dans une situation très singulière puisque pour l’heure elle a été abandonnée à EELV suite à des négociations nationales et à une logique dont la clarté n’apparaît pas immédiatement même aux esprits les plus affutés.

Cette situation est d’autant plus étrange qu’elle ne va ni dans l’intérêt des électeurs d’Iroise, ni du PS, ni même d’EELV !

  • L’électorat local est historiquement plutôt favorable à la droite (la circonscription n’a envoyé qu’une seule fois en 1997 un élu à l’Assemblée Nationale – François Cuillandre), mais la gauche est en net progrès ces dernières années et le PS a une chance de gagner cette élection.
  • En plus d’être plutôt à droite, l’électorat est également très lié à l’agriculture et à la pêche, électorat qui est le plus souvent en opposition frontale avec les positions écologistes. Autant dire que si un candidat PS devra être rigoureux et pertinent pour convaincre ces électeurs, un candidat EELV n’a lui aucune chance d’être écouté. Une candidature EELV n’a strictement aucun espoir de victoire en Iroise.
  • Concernant les relations entre PS et EELV, les réactions épidermiques des écologistes suite à la réaffirmation de notre position sur le nucléaire par François Hollande montrent bien que nous défendons des idées qui ne se confondent pas avec celles d’EELV en matière d’écologie. Nous allons globalement dans le même sens, mais ni avec les mêmes priorités, ni avec les mêmes outils. Il me semble donc essentiel de défendre auprès de nos électeurs un message politique qui est le notre et pas celui de notre voisin.
  • Le succès des dernières primaires a montré que les électeurs d’Iroise étaient en attente d’un changement profond, qu’ils faisaient confiance au PS, qu’ils attendaient de nous que nous apportions et incarnions ce changement. Ne pas présenter un candidat PS au profit d’un candidat EELV qui a refusé de participer à ces primaires citoyennes risquerait au minimum de créer de l’incompréhension, et peut-être même un sentiment de trahison par rapport à l’espoir et l’enthousiasme des primaires.
  • Enfin, il serait normal de suivre le schéma habituel, à savoir laisser chaque parti présenter un candidat au premier tour, de laisser les électeurs exprimer leur choix, et de prévoir un accord de désistement sincère et impliquant au second. C’est le sens même d’une élection à deux tours. Les primaires ont été un exercice fantastique de rénovation de la démocratie, on ne va quand même pas faire marche arrière pour les législatives au profit d’un accord électoraliste qui n’a ni queue ni tête et qui mènerait à coup sûr à l’échec !

Voilà où nous en sommes à une semaine de l’ouverture des candidatures. Ma boule de cristal semble me dire que la situation pourrait évoluer dans le sens d’une solution plus rationnelle et respectueuse des attentes des citoyens de la 3ème circonscription.

N’hésitez pas à dire ce que vous pensez de cette situation et quelles sont vos attentes.

L’économie numérique : à la fois une chance et un danger mortel

Vous avez sans doute entendu parler ces derniers jours de la triste annonce de la liquidation du journal de petites annonces Paru Vendu. Ce journal de 1650 salariés qui était leader sur son marché des petites annonces gratuites, était apprécié de ses lecteurs et s’était développé depuis des années sur un modèle économique qui a longtemps fait son succès. Pourtant, malgré ses atouts, malgré la qualité et l’engagement de son personnel, la liquidation a été prononcée.

Pourquoi ?

La première explication donnée par l’administratrice judiciaire est conjoncturelle : la crise a largement fait diminuer les ressources publicitaires qui, dans ce modèle de gratuité journalistique, est un élément fondamental. C’est un argument important, pourtant, il me semble que crise ou pas crise, ce modèle économique n’aurait à terme pas tenu.

En effet, la seconde explication avancée est l’émergence d’autres sociétés travaillant sur un modèle d’économie numérique (comme le bon coin). La semaine dernière, je faisais référence dans un post à une conférence de Michel Serres sur le thème de « l’homme a changé », mais il n’y a pas que l’homme qui soit en train de changer. La mutation numérique de l’économie est en marche, et à marche extrêmement rapide. Le problème est que cette mutation est en grande partie silencieuse jusqu’au moment où un concurrent venu de nulle part explose votre marché (et votre entreprise par la même occasion). Cette rapidité et cette efficacité sont directement rendues possibles grâce aux nouvelles règles économiques issues de l’économie numérique. La mondialisation elle-même ne serait sans doute pas aussi marquée sans le numérique. C’est un changement profond, irrésistible auquel les entreprises et les gouvernements sont extrêmement mal préparés (lorsqu’ils ne sont pas tout bonnement inconscients de ce changement autre que par des signes qu’ils ne savent pas interpréter).

La numérisation de nos vies et de l’économie est à la fois une menace mortelle mais aussi une formidable opportunité pour nos sociétés qui sont arrivées au bout du modèle de la révolution industrielle et qui doivent se réinventer. Mais s’approprier ce modèle passe par une prise de conscience et de connaissance qui me semblent encore extrêmement éloignées de nos décideurs. Qu’on en juge par la mine déconfite des dirigeants au somment du G20, qui donnent pour certain l’impression d’être à la limite de la crise de nerf ou de la dépression. Ce monde est mort. Bonne nouvelle, nous avons les moyens d’inventer le nouveau, les outils et les conditions sont là, allons-y avec force et détermination. Le temps n’est plus au gestionnaire de patrimoine, il est au bâtisseur d’avenir.

Politique internationale

Ces derniers jours ont été particulièrement intenses en matière de politique internationale.

Commençons par l’entrée de la Palestine à l’UNESCO. La mission de l’organisation internationale est de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations Unies reconnaît à tous les peuples ». Alors je sais bien que certains États n’ont pas apprécié cette reconnaissance, que les États-Unis ont eu la mesquinerie de retirer leur contribution financière, mais pour ma part, je vois là une très bonne nouvelle. Cela ne résout pas le problème de la souveraineté d’un État Palestinien sur un territoire qui reste à préciser, mais cette décision permet de reconnaître l’évidence : il existe bien un peuple palestinien qui a une culture et qui, lui comme les autres, a aussi droit à l’éducation, la science, le respect et la justice. Cette reconnaissance ne va pas faire disparaître le conflit avec Israël, mais cela ne va pas non plus l’aggraver. Quelques instants de considération, de retenue et de recul ne peuvent qu’être salutaires et bénéfiques, aussi bien pour les Palestiniens que pour les Israéliens. Les valeurs portées par l’Unesco me semblent ouvrir la possibilité d’un tel moment.



Autre épisode international marquant, l’annonce d’un referendum en Grèce. Voilà une annonce surprise qui remet les choses en perspective. D’abord, oui la Grèce est largement fautive et responsable de sa situation actuelle, et oui les créanciers, États ou sociétés privées, sont tout à fait fondés à être fort mécontents de cette annonce qui a toutes les chances d’aboutir à un rejet des dernières décisions concernant la dette grecque. C’est vrai, comme il est vrai que le peuple grec est souverain et qu’en conséquence, il a parfaitement le droit de prendre ses décisions, fussent-elles a priori mauvaises. Les marchés doivent s’effacer devant la souveraineté des peuples. Je ne crois pas, à titre personnel, que le rejet du plan sur la dette grecque serait une bonne chose, et je souhaite que les Grecs prennent en considération leurs alliances et engagements au sein de l’Europe, et qu’au-delà de leurs malheurs, une mauvaise décision entraînerait toute l’Europe dans un ensemble de problèmes encore plus graves dont ils seraient responsables, mais encore une fois, ils sont souverains et nous sommes nous aussi coupables de pas mal d’erreurs, à commencer par le fait de ne pas avoir réussi à créer une souveraineté européenne commune, une citoyenneté européenne. Je regrette également qu’à force de cupidité et de cynisme, il n’existe plus d’autorité morale exemplaire capable de persuader chacun de faire les efforts nécessaires. Le système financier est largement responsable de la situation actuelle mais passé la tempête de 2008-2009, il a repris le « business as usual« . Les responsables politiques, au premier chef desquels on trouve le gouvernement français actuel, ont, pendant des années et encore jusqu’à il y a peu, joué avec la dette (souvenez-vous de la bonne dette de Sarkozy). Que le plus vertueux s’avance, parle vrai, et les peuples le suivront. Mais qu’entendrons-nous au G20 ?

Décidément, la Méditerranée est en effervescence, et balance depuis un an entre espoirs et craintes. Mon diagnostic n’a pas changé : il se passe à mon sens quelque chose de particulier et de spécifique dans le bassin méditerranéen. Il n’y a pas d’un côté les révolutions tunisiennes, libyennes, égyptiennes, de l’autre des soubresauts syriens, des contestations grecques, des indignés espagnols, et au milieu l’éternel désordre israëlo-palestinien. Non, il y a là un bassin pluri-millénaire qui s’est approprié les moyens modernes de communication et qui cherche à réinventer l’exercice de sa souveraineté. L’ancien monde est à l’agonie, le nouveau cherche à naître. Il nous faut des gouvernements capables de comprendre cet instant particulier et capables de s’engager dans une transition aussi douce et maîtrisée que possible. Vivement 2012 pour qu’en France au moins, on en finisse avec ceux qui nous ont mis dans le mur.

Un beau dimanche, une belle victoire

J’ai pris une petite journée de décompression avant d’écrire ce post rapide.
Dimanche fut l’aboutissement d’un pari sur la possibilité de faire de la politique (un peu) autrement. Ce premier pas a été gagné haut la main, à la fois par sa réussite technique, la tenue des débats (quoi qu’en disent Copé et Morano les échanges les plus vifs n’ont rien eu à voir avec les crocs de boucher que certains « ténors » de l’UMP se promettent mutuellement), et plus encore par la réponse des Français et même la sagesse de leur verdict.

Alors bien sûr que les choses sont améliorables et qu’elles le seront, mais oui, je suis fier sur ce coup là, fier d’avoir quitté le café du commerce pour militer au PS, et fier d’avoir rencontré tant de sympathisants heureux d’être venus voter dans mon bureau (qui soit dit en passant, avec sa vue sur l’anse de mer, son lever de soleil à 8h30, la sortie des avirons, l’arrivée d’un trois mats à 12h et les enfants qui jouent sur la plage l’après-midi, arrive probablement sur le podium des bureaux de vote les plus sympas de France !).

Fier aussi d’avoir vu en soirée tous les candidats ensemble, fier d’avoir vu Martine Aubry reconnaître avec classe la victoire de François Hollande. Je suis maintenant heureux de retrouver les militants qui jusqu’à dimanche avaient fait d’autres choix que le mien, et particulièrement impatient de retrouver en particulier tous mes camarades socdems.

Politiquement, non seulement la gauche a redoré son blason dimanche, mais la droite a fait plus que perdre avec ses dénégations puériles. Depuis 10 ans, ils auront décidément été épouvantablement mauvais sur tout : économie, social, image de la France, respect de la République et maintenant respect de l’expression démocratique.