Plus qu’un débat et quelques jours avant le verdict des primaires. Nous avons constaté dimanche que les résultats étaient marqués : un vrai premier devant une vraie deuxième devant un vrai troisième. Le podium de l’étape n’est pas contestable.
L’interrogation de ce début de semaine concernait surtout les choix des candidats évincés. À l’exception d’Arnaud Montebourg en situation de jouer une carte personnelle, le verdict est là aussi connu : Manuel Valls, Jean-Michel Baylet et Ségolène Royal, totalisant à eux trois 14% des votes, ont tous appelé à choisir François Hollande. En clair, si Arnaud Montebourg n’appelle pas à voter avec force et conviction pour Martine Aubry, le sort de cette dernière est scellée.
Voilà donc pour l’arithmétique, et j’entends bien l’objection qui consiste à avancer le fait qu’un candidat n’est pas propriétaire de ses voix. C’est tout à fait exact, mais on peut quand même admettre que lorsqu’un choix est clairement rendu public, les électeurs y portent une attention certaine. Par ailleurs les électeurs de Manuel Valls et de Jean-Michel Baylet se sentent idéologiquement plus proches de François Hollande. Le cas des électeurs royalistes est un peu différent dans le sens où ils sont émotionnellement très liés à Royal, alors même si à brûle pourpoint une majorité seraient plus tentée par Martine Aubry (64%) après l’appel à voter Hollande, les choses ont de grandes chances d’évoluer en sa faveur.
Il est d’ailleurs très intéressant de regarder le motif avancé par Ségolène Royal : « elle soutiendra au second tour François Hollande, notamment pour « amplifier » l’avance qu’il a prise dimanche dernier sur ses rivaux« . On trouve ici l’objet essentiel de mon billet du jour. Imaginons qu’Arnaud Montebourg soutienne avec force Martine Aubry (ce que je juge peu probable) et que cette dernière gagne in extremis dimanche. On se retrouverait avec la deuxième et le troisième du premier tour, gagnants contre le 1er plus le quatrième plus le cinquième plus le sixième. Reims en pire… On comprend alors mieux le sens su mot « amplifier » utilisé par Ségolène Royal : dimanche, la gauche a besoin d’un résultat qui soit logique, qui soit cohérent avec les tendances du premier tour, et qui ne souffre d’aucune contestation ou malaise. Si François Hollande avait eu contre lui une large coalition des ses adversaires, la défaite aurait pu être envisagée, mais ce n’est clairement pas le cas ici.
Le deuxième tour des primaires dimanche devra donc régler deux problèmes : trouver une majorité claire, mais aussi trouver une majorité qui puisse enterrer définitivement les problèmes passés. Au premier tour, les électeurs ont exprimé leurs préférences parmi un panel de candidats qui ont pu montrer leur valeur. Aucun n’a démérité, merci à eux. Au deuxième tour, nous votons pour plus qu’une personne, nous votons pour que la gauche ait un candidat incontestable à opposer à Nicolas Sarkozy, un candidat élu sans malaise, un candidat qui dès le résultat pourra entamer le travail de fusion de tous les courants autour de son nom.
Une victoire nette de François Hollande résout cette équation.
Décidément, les temps sont durs pour les sarkozystes et l’ump ! 2,5 millions de personnes qui sont allés voter, avec autant de détermination que d’espoir, cela a de quoi rabaisser le caquet de certains. J’en profite pour adresser mes salutations à la mamie qui est venu à mon bureau de vote sans pouvoir mettre son bulletin dans l’urne : la pauvre était fort déçue, il est vrai qu’elle pensait que la primaire concernait aussi la droite et quand nous lui avons expliqué la terrible vérité, elle s’en est retournée fort marri…
mais pas de ministre, un long mandat de 1er secrétaire jalonnés d’échecs et de succès parfois retentissants. Là aussi, le négatif a son pendant positif : face à l’agité stérile de l’Élisée, Hollande donne la figure de la sérénité bienveillante et rassurante, il n’est relié à aucun scandale ou politique controversée, il est l’homme qui dans cette campagne est parti de zéro pour arriver en tête du premier tour.






Pour aussi improbable que cela puisse être, lorsque Nicolas Sarkozy semble avoir touché, perforé, atomisé, supernovaïsé les seuils de l’incurie, il réussit tout de même à nous surprendre en allant au-delà du pire possible.







