Primaires Hollande Aubry : un résultat prévisible et nécessaire ?

Plus qu’un débat et quelques jours avant le verdict des primaires. Nous avons constaté dimanche que les résultats étaient marqués : un vrai premier devant une vraie deuxième devant un vrai troisième. Le podium de l’étape n’est pas contestable.

L’interrogation de ce début de semaine concernait surtout les choix des candidats évincés. À l’exception d’Arnaud Montebourg en situation de jouer une carte personnelle, le verdict est là aussi connu : Manuel Valls, Jean-Michel Baylet et Ségolène Royal, totalisant à eux trois 14% des votes, ont tous appelé à choisir François Hollande. En clair, si Arnaud Montebourg n’appelle pas à voter avec force et conviction pour Martine Aubry, le sort de cette dernière est scellée.

Voilà donc pour l’arithmétique, et j’entends bien l’objection qui consiste à avancer le fait qu’un candidat n’est pas propriétaire de ses voix. C’est tout à fait exact, mais on peut quand même admettre que lorsqu’un choix est clairement rendu public, les électeurs y portent une attention certaine. Par ailleurs les électeurs de Manuel Valls et de Jean-Michel Baylet se sentent idéologiquement plus proches de François Hollande. Le cas des électeurs royalistes est un peu différent dans le sens où ils sont émotionnellement très liés à Royal, alors même si à brûle pourpoint une majorité seraient plus tentée par Martine Aubry (64%) après l’appel à voter Hollande, les choses ont de grandes chances d’évoluer en sa faveur.

Il est d’ailleurs très intéressant de regarder le motif avancé par Ségolène Royal : « elle soutiendra au second tour François Hollande, notamment pour « amplifier » l’avance qu’il a prise dimanche dernier sur ses rivaux« . On trouve ici l’objet essentiel de mon billet du jour. Imaginons qu’Arnaud Montebourg soutienne avec force Martine Aubry (ce que je juge peu probable) et que cette dernière gagne in extremis dimanche. On se retrouverait avec la deuxième et le troisième du premier tour, gagnants contre le 1er plus le quatrième plus le cinquième plus le sixième. Reims en pire… On comprend alors mieux le sens su mot « amplifier » utilisé par Ségolène Royal : dimanche, la gauche a besoin d’un résultat qui soit logique, qui soit cohérent avec les tendances du premier tour, et qui ne souffre d’aucune contestation ou malaise. Si François Hollande avait eu contre lui une large coalition des ses adversaires, la défaite aurait pu être envisagée, mais ce n’est clairement pas le cas ici.

Le deuxième tour des primaires dimanche devra donc régler deux problèmes : trouver une majorité claire, mais aussi trouver une majorité qui puisse enterrer définitivement les problèmes passés. Au premier tour, les électeurs ont exprimé leurs préférences parmi un panel de candidats qui ont pu montrer leur valeur. Aucun n’a démérité, merci à eux. Au deuxième tour, nous votons pour plus qu’une personne, nous votons pour que la gauche ait un candidat incontestable à opposer à Nicolas Sarkozy, un candidat élu sans malaise, un candidat qui dès le résultat pourra entamer le travail de fusion de tous les courants autour de son nom.

Une victoire nette de François Hollande résout cette équation.

Une belle primaire

Décidément, les temps sont durs pour les sarkozystes et l’ump ! 2,5 millions de personnes qui sont allés voter, avec autant de détermination que d’espoir, cela a de quoi rabaisser le caquet de certains. J’en profite pour adresser mes salutations à la mamie qui est venu à mon bureau de vote sans pouvoir mettre son bulletin dans l’urne : la pauvre était fort déçue, il est vrai qu’elle pensait que la primaire concernait aussi la droite et quand nous lui avons expliqué la terrible vérité, elle s’en est retournée fort marri…

Ce dimanche fut donc une victoire car le vote a eu lieu, a dans l’immense majorité des cas été bien organisé (un petit regret quand même pour les insulaires : pour eux il faudra améliorer le processus et réfléchir à un vote à distance), le débat a été intéressant et n’a pas donné lieu à des sorties de route. Ce premier tour restera comme une vraie victoire : celle de la reconquête du processus démocratique du peuple de gauche.

Le vote fut donc fort et massif. Autre élément de satisfaction, les écarts entre candidats sont marqués : pas de discussion possible, le premier a une nette avance sur la deuxième, qui elle-même a une nette avance sur le troisième. Certain (dont je suis) ont pu espérer une victoire dès le premier tour (49.9% pour FH dans mon village !), ce n’est pas le cas, mais cela procure tout de même un avantage notable : nous sommes bien dans un vrai processus de débat démocratique, la victoire se conquiert donc et n’est pas donnée. Le vainqueur ne sera pas sacré sans péril, il devra conquérir la gloire.

Nous aurons donc un second tour Martine Aubry / François Hollande.

MA a pour elle une image plus à gauche et une expérience ministérielle saillante, sa réussite en qualité de première secrétaire. Mais cela a son pendant : l’image plus à gauche signifie un élargissement au centre et un débordement vers la droite modéré plus que compromis (or c’est nécessaire pour gagner contre l’UMP), son passage de ministre l’a marquée comme « la dame des 35h », en qualité de 1ère secrétaire sa gestion de l’affaire Guérini fut très discutable. Ce dernier point pèsera sans doute lourd dans la balance des échanges avec Montebourg.

François Hollande a lui l’image de l’homme du consensus, une expérience d’élu mais pas de ministre, un long mandat de 1er secrétaire jalonnés d’échecs et de succès parfois retentissants. Là aussi, le négatif a son pendant positif : face à l’agité stérile de l’Élisée, Hollande donne la figure de la sérénité bienveillante et rassurante, il n’est relié à aucun scandale ou politique controversée, il est l’homme qui dans cette campagne est parti de zéro pour arriver en tête du premier tour.

Enfin, l’équipe de MA est politiquement moins cohérente que celle de FH. D’un côté un attelage Hamon/Emmanuelli, Fabius, Cambadélis et de l’autre les « légitimistes PS » associés aux sociaux-démocrates (Moscovici en tête). Valls a officiellement apporté son soutien à l’équipe de Hollande, soutien qui pèse plus de 5% et qui a la caractéristique d’être homogène (on peut supposer sans risque que la grande majorité des soutiens de MV suivront les consignes).

Côté AM*, ce sera sans doute plus compliqué. D’abord parce que c’est sans doute là que l’on retrouve le vote contestataire à gauche : fédérer la contestation est une chose, dire comment voter à des contestataires en est une autre. Ensuite parce qu’AM s’est vertement opposé à MA concernant Guérini : la rejoindre pourrait être vu comme se déjuger pour obtenir quelque chose. Enfin parce que dans le passé, AM a travaillé avec les sociaux-démocrates de Besoin de Gauche (Moscovici) contre les reconstructeurs de… Martine Aubry. Pas simple pour elle…

Enfin, concernant Ségolène Royal, je suis bien incapable de deviner ce que ses troupes feront. Politiquement ils en veulent à MA pour Reims, émotionnellement ils en veulent à FH pour sa vie privée avec SR. Je ne suis pas entièrement sûr qu’on les reverra dimanche au second tour mais j’espère qu’ils auront fait leur deuil d’ici 2012. On notera à son propos que je ne m’étais pas trompé sur le fait qu’elle aurait du mal à garder sa 3ème place contre Montebourg (pas la peine de payer des sondages, demandez moi…).

Conclusion.

J’ai choisi de soutenir François Hollande depuis plusieurs semaines déjà et je ne le regrette pas. Finalement, mon principal reproche vis-à-vis de Martine Aubry concerne sa façon de manager les gens, de leur parler. Elle est trop dirigiste pour moi, pas assez ouverte à la discussion, à la contestation et surtout à l’innovation. Or nous sommes dans une époque où la contestation monte et où l’innovation, le changement, la transformation sont nécessaires.

Et puis, il y a une dernière chose qui ne passe vraiment pas, et qui concerne la politique locale. Dans ma circonscription du Finistère (3ème circonscription – Iroise), Martine Aubry a décidé qu’il n’y aurait pas… de candidature PS à la législative au nom d’un accord arbitraire et obscure entre Solférino et EELV. C’est doublement insupportable : d’abord parce que si un candidat PS aurait des chances raisonnables d’être élu, un candidat écolo n’en n’a strictement aucune (en Iroise on est plutôt centre-droit, artisans, entrepreneurs et surtout agriculteurs), ensuite parce que cela m’agace suprêmement de me démener avec mes camarades pour réussir des primaires démocratiques pour la présidentielle et de me voir retirer ma citoyenneté pour la législative. Pour les législatives comme pour les présidentielles, je me bats pour plus de démocratie, pour refonder la gauche, ses idées comme ses pratiques. Dimanche fut une belle bataille, il est hors de question que nous nous arrêtions là !

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* Je viens de m’apercevoir qu’AM (Arnaud Montebourg) était l’opposé de MA (Martine Aubry). Mais seul les cabalistes en tireront des conclusions…

Primaires citoyennes : les différents, les improbables et les acceptables

Cette dernière semaine de campagne avant le vote me semble avoir quelque peu baissé dans son intérêt. Cela est sans doute dû au fait que puisqu’il s’agit d’une primaire interne à la gauche, les différences (bien réelles) entre candidats sont plus faciles à décrypter et qu’il faut une campagne plus courte pour situer chacun, surtout lorsque le socle programmatique part d’une base commune. Et peut-être aussi, hélas, parce qu’on a vu ressurgir les petites phrases stériles en lieu et place des arguments constructifs.

Qu’en retirer ?

Il est de bon ton au café du commerce de clamer haut et fort que « la droite et la gauche c’est pareil ». Cette sentence définitive perd vite de sa pertinence lorsque l’on constate l’écart entre un Montebourg bien ancré à gauche avec son improbable concept de démondialisation et un Valls que l’on donne comme le libéral de gauche de service (sans pourtant avoir à se mettre sous la dent un vrai symbole libéral d’ailleurs). Si on constate de tels écarts entre courants d’un parti, il est évident qu’entre partis la différence est encore plus marquée. Finalement, Valls aurait à mon sens gagné à aller au bout de sa démarche, comme Montebourg l’a fait. Je ne crois pas qu’un des deux ait une chance d’être choisi, au mieux semble-t-il, Montebourg peut-il arriver deuxième si la gauche radicale se mobilise comme un seul homme, ce qui n’est pas gagné car la coalition d’Aubry intègre Hamon et la vieille garde représentée par Emmanuelli en plus de Fabius et de quelques anciens de socialisme & démocratie (Cambadélis en tête). Voilà pour le groupe des « différents« .

Un deuxième groupe semble pourvoir être discerné des autres : celui des « improbables« . On y trouve Baylet, intéressant mais qui semble devoir irrésistiblement générer la question « oui et alors ?« . On a aimé l’entendre défendre l’Europe, on a aimé sa pointe d’accent, « oui et alors ? » On y trouve également Royal, partie très tôt pour refaire son retard et essayer de rejouer 2006 sur le même tempo, mais qui manifestement n’est plus en mesure d’avoir un discours qui accroche, qui interpelle.

Enfin dernier groupe, celui des « acceptables pour une majorité à gauche« , regroupant Aubry et Hollande. Tout deux peuvent être choisi et entraîner après la primaire l’adhésion capable de vaincre Sarkozy. Pourtant, le match semble fortement pencher pour Hollande, celui qui, contrairement à Aubry, a réussi à se présenter comme le présidentiable, et celui qui est perçu comme tel. Il est clair que s’il arrive en tête dimanche, voire largement, cela n’étonnera personne.

C’est ce que disent d’ailleurs les sondages. Ah les sondages, adulés par certains lorsqu’ils placent leur candidat(e) devant la photo, tout autant détesté lorsqu’il ou elle disparaît de cette photo ! L’argument de la manipulation est largement avancée. Je suis personnellement très vigilant concernant ces possibles manipulations, mais un sondage ne donne lieu à une manipulation que dans de rares circonstances parfaitement identifiables :

  • s’il est fait dans des conditions peu rigoureuses (sondage en ligne par exemple)
  • si la question est biaisée (ce qui n’est pas ici puisque la question est simple : « pour qui allez-vous voter »)
  • si le sondage est interprété dans un autre contexte ou si le sondage est publié dans une dynamique temporelle qui en change le sens (fait avant un grand discours par exemple et publié le jour d’après)

A l’évidence, les sondages publiés ces derniers temps ne tombent pas dans ces cas, et nous sommes suffisamment proches de l’élection pour les considérer comme prédictifs, c’est à dire de considérer qu’effectivement François Hollande reçoit l’assentiment d’une grosse proportion des Français qui iront voter dimanche. Une dernière chose permet de vérifier cette tendance, même si c’est une vérification indirecte : c’est la mesurer de l’intérêt des Français pour les différents candidats, en particulier ces dernières semaines. Or nous disposons d’un outil permettant de faire cela : ce sont les statistiques des recherches google.



Les recherches Google (restreintes à la France) confirment le fort intérêt créé par le premier débat, suivi d’un intérêt pour MA supérieur à FH pendant quelques jours avant que ce dernier ne repasse devant. Le deuxième débat a eu moins d’impact mais a cette fois clairement profité à Montebourg et Valls, le premier allant jusqu’à faire jeu égal avec l’intérêt pour Aubry. Même si les courbes de google vont plutôt dans le sens des sondages, on se limitera à regarder les tendances puisque le moteur de recherche ne mesure par définition que les mots cherchés, pas la motivation (recherche positive ou négative ?). En tout cas, les résultats ne permettent pas de constater un hiatus entre les recherches des internautes et le résultat des sondages.

Quoi qu’il en soit, dimanche participez à un moment démocratique exceptionnel : allez voter à la première primaire citoyenne de l’histoire de France.

Connecto, ergo sum

Que les puristes me pardonnent ce latinisme de cuisine qui me permet d’introduire un post sur un sujet qui me préoccupe depuis longtemps, mais dont je n’arrivais pas à exprimer la substantifique moelle.

Ce sujet, assez important pour que je le place à côté des trois défis que je juge les plus critiques pour notre avenir (rupture climatique, rupture énergétique et bascule démographique) est celui de la dématérialisation, ou dit autrement de la transformation de notre monde en monde numérique. Que le monde devienne chaque jour un peu plus numérique est un constat que tout un chacun a fait et peut encore faire à chaque instant (la preuve vous êtes en train de me lire). De part mes activités professionnelles, je sais pertinemment que la compréhension de ce qui se passe est très inégale et très imparfaite, et j’ai pu mesurer dernièrement l’étendue de cette imperfection lorsque les représentants des candidats à la primaires socialistes sont venus nous expliquer la vision politique des différents concurrents. Parmi eux il y avait en particulier Axel Kahn que j’ai interpelé sur ce thème du numérique justement. Peut-être sa réponse aurait-elle méritée d’être précisée, mais ce qui m’a stupéfait ce jour-là, c’est que même pour lui le défit de la numérisation du monde était surtout la résultante d’un changement d’outils que nous devions nous approprier, et guère plus.

Or j’affirme avec force qu’il s’agit infiniment plus que d’un problème d’outils, voire même d’usage : c’est entre autre un séisme philosophique radical, une explosion de nos certitudes qui peut se résumer ainsi :

Tout individu normalement constitué a au moins trois certitudes philosophiques sur la vie, la mort et ce qu’il est :

  • à moins d’un accident, nous sommes construits pour prolonger le souffle de vie que nous avons nous-même reçu
  • nous sommes mortels
  • nous existons en tant qu’individu pensant (cogito ergo sum, je pense donc je suis)

La numérisation du monde ne change pas fondamentalement la première affirmation (qui est par contre perturbée par la médecine, la génétique et la loi : que l’on se rappelle qu’une personne peut aujourd’hui être liée à trois mères et deux pères).

La numérisation du monde change par contre totalement notre rapport à la mort : il est possible (voire de plus en plus certain) de continuer à exister numériquement en tant qu’individu numérique agissant après sa mort physique, il est possible de naître, de mourir et de ressusciter numériquement avec le même niveau de charge émotionnelle que dans la vie physique.

Enfin, l’individu numérique peut parfaitement avoir plusieurs identités et existences distinctes (sans être pour autant schizophrène), et contrairement au monde physique, l’individu numérique n’existe que par les canaux numériques qui le relient aux autres êtres numériques. L’être physique individualisé se distingue dans le monde numérique d’un être numérique multiple doué d’ubiquité qui n’existe que par ses relations avec les autres.

Alors non, le problème numérique ne se résume pas à un problème d’appropriation des outils. J’espère en avoir donné ici l’intuition via trois affirmations d’ordre philosophique, mais cela aurait pu être tout aussi bien un questionnement éthique, légal, sociologique, économique ou encore politique. Qui peut porter ce questionnement à la connaissance des décideurs de ce monde ? Quelles réponses satisfaisantes donner ?

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Sources de réflexions :

Sarkozy, ce Sisyphe de l’éternel échec

SarkozySarkozyPour aussi improbable que cela puisse être, lorsque Nicolas Sarkozy semble avoir touché, perforé, atomisé, supernovaïsé les seuils de l’incurie, il réussit tout de même à nous surprendre en allant au-delà du pire possible.

Sources : http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/La-gauche-gagne-la-bataille-du-Senat-_EG_-2011-09-25-715708

En trois jours, de dimanche à mardi, il aura réussi deux nouveaux exploits, l’un aux dépends de la droite, l’autre aux dépends de tous les Français.

En effet, si grâce à lui qui a créé les conditions de la déroute UMP, la grande majorité des Français a toutes les raisons de se réjouir devant la réalisation de l’impossible, à savoir une majorité de gauche au Sénat (j’ose espérer d’ailleurs que 2012 mettra un terme définitif à une loi électorale qui tient plus de l’hémiplégie démocratique qu’autre chose), personne ne sera en revanche heureux devant l’union nationale des syndicats d’enseignants du public et du privé. Si tous les syndicats enseignants se retrouvent unis dans une journée nationale de protestation (à moins que ce ne soit de défi), c’est que vraiment l’école de la République en est arrivé à un niveau de délabrement inimaginable.

Économie, sécurité, chômage, dette, image internationale, service public, réformes, … Sarkoléon le tout petit aura décidément tout, absolument tout, désespérément tout raté !

Étonnant d’ailleurs de relire ce que j’écrivais il y a quelques années sur le sujet : aujourd’hui est vraiment hier en pire ! À l’époque, je concluais mon article par ceci : « Nous pouvons combattre et gagner contre la crise, nous pouvons combattre et gagner contre l’abaissement et la décadence de notre pays, mais il faut commencer par changer et ce gouvernement et son omniprésent chef. Nous pouvons le faire légalement et démocratiquement en promulguant la VIème République, ou alors continuer à contempler les échecs qui s’accumuleront jusqu’à un deuxième Sedan. »

Nous n’avons pas changé de gouvernement, pour cela il faudra encore attendre d’interminables mois, et il est clair que cet homme a mené l’UMP à son Sedan sénatorial. Mais la gauche, le PS en particulier, n’est pas l’UMP et nous ne nous résignons pas, nous ne nous résignerons jamais. Nous avons tous un rendez-vous début octobre pour les primaires citoyennes, nous avons tous rendez-vous pour choisir celui qui mènera en notre nom la bataille contre le dernier carré de cette droite jouisseuse et irresponsable, cette droite qui vote et applique les lois qui jours après jours ont ruiné la France. Les sénateurs UMP se croyaient au chaud au sein du palais du Luxembourg, qu’ils prennent maintenant le frais, et que cela annonce le tarif pour l’Elysée et l’Assemblée Nationale !


 


Conférence de presse de Jean-Pierre Bel par PartiSocialiste

La justice n’est pas un instrument de mort

L’exécution de Troy Davis cette nuit est une barbarie.

Je ne sais pas s’il était coupable ou finalement innocent, je ne sais pas s’il était un homme aimé de sa famille et de ses proches, je ne sais pas grand chose de lui si ce n’est qu’il a été exécuté au nom de la logique implacable d’un système judiciaire qui n’arrive pas à prendre en compte ni les contradictions de la société américaine, ni l’élévation morale que représente le dépassement du sentiment de vengeance au profit d’un idéal collectif.

Je ne jetterai pas la pierre à tout un peuple pour ne pas encore avoir réussi à progresser significativement vers cet idéal, nous même avons pris notre temps, malgré notre héritage philosophique et révolutionnaire, au point d’avoir attendu 1981 que Robert Badinder monte à la tribune de l’assemblée nationale pour faire passer cet idéal dans la loi, et encore ce fut difficile tant la plus grande réforme du XXème siècle portée par la gauche fut contestée ! Mais cette nuit la barbarie organisée a couvert d’une tache de sang supplémentaire la marche vers le progrès, vers un futur meilleur de la société américaine, et au-delà de l’humanité.

Jaurès naguère écrivait que « La peine de mort est contraire à ce que l’humanité depuis deux mille ans a pensé de plus haut et rêve de plus noble. Elle est contraire à la fois à l’esprit du christianisme et à l’esprit de la Révolution« . Pour Troy Davis, la peine de mort a dénié tout espoir de justice à travers l’application aveugle de lois qui couvrent en fait une volonté plus ou moins collective de vengeance, lorsque ce ne sont pas de bas instincts.

Bien sûr que certains crimes sont horribles. Bien sûr que certains criminels sont inexcusables et irrécupérables. Bien sûr qu’à titre individuel nous ne pouvons pas affirmer que nous ne tuerions pas nous aussi l’auteur d’une abomination qui viendrait à nous frapper. Mais la Justice n’est pas l’œuvre d’un individu, elle ne sert pas la réparation du préjudice d’un seul ni même de quelques uns. Elle doit réparer autant que faire se peut, mais elle doit surtout guider les Hommes sur un chemin de progrès, et au sein d’un procès, un progrès pour le coupable, la victime et la société.

La peine de mort fait disparaître le coupable, parfois aussi un innocent, elle ne répare rien pour la victime, et transforme la société en meurtrier.

A mes amis sociaux-démocrates : cette fois il faut choisir

Pour la première fois depuis 4 mois, Dominique Strauss-Kahn a pu s’exprimer publiquement sur les accusations qui ont été portées contre lui. Il a donné des réponses étayées par le rapport du procureur de New-York, mais a surtout tiré les conséquences de cette situation, reconnaissant sans faux fuyant sa responsabilité morale, aussi bien vis-à-vis de ses proches que vis-à-vis des Français.

L’attitude de DSK était digne, empreinte à l’évidence d’un profond sentiment de douleur et de regret, les mots étaient précis. Précise également l’officialisation de sa décision de ne pas intervenir dans la campagne des primaires, décision que beaucoup de militants sociaux-démocrates avaient entérinée mais que certains hésitaient encore à accepter. L’heure n’est donc plus à l’attente ou à l’espoir d’une candidature qui n’est plus à l’ordre du jour. La deuxième partie de l’émission d’hier soir consacrée à l’économie montre combien le jugement de DSK est irremplaçable et quelle perte cela représente pour cette élection, mais il en est ainsi, Dominique Strauss-Kahn n’est plus dans la course à l’élection  présidentielle de 2012.

Si Dominique n’est plus en course, les idées qu’il porte ne doivent pas pour autant se retrouver sans voix et sans militants. Le courant socdem est puissant, l’espoir qu’il porte est largement soutenu par les Français en attente d’un renouveau. Il appartient donc à chacun et chacune d’entre nous de dépasser ces difficultés pour s’engager pleinement dans la campagne des primaires. J’ai pour ma part déjà choisi de rejoindre mes camarades de B2G pour François Hollande, mais je comprends tout à fait que certains hésitent et puissent faire un autre choix, portés par des motivations ou une réflexion qui ne regardent qu’eux. Quoi qu’il en soit, il nous faut choisir et quel que soit soit votre choix, nous nous retrouverons après la primaire dans la bataille pour la victoire de nos idées, pour apporter l’espoir et le renouveau à nos concitoyens.

J’étais samedi dernier au meeting de présentation des candidatures des 6 candidats du PS à Guipavas. Exercice intéressant et instructif.

À l’évidence, il sera plus que difficile pour les sociaux-démocrates de choisir A. Montebourg qui malgré l’éloquence de Gilbert Le Bris, soutient  l’orientation d’une démondialisation, terme aussi accrocheur que « mal choisi » (dixit G.L.B.). A vrai dire il était même coquasse de défendre un tel concept lorsque l’écran derrière les orateurs fournissait involontairement le parfait exemple de l’incohérence de ce concept. Essayez de « démondialiser » l’ordinateur et les services qui vous servent à lire ce post…

Axel Kahn défendant la candidature de M. Aubry a été intellectuellement brillant (qui aurait pu prétendre le contraire), Martine aurait pu largement bénéficier du pacte de Marrakech et de l’amitié réaffirmée de DSK, il n’en reste pas moins qu’elle s’est montrée un bien piètre manager vis-à-vis des militants sociaux-démocrates, manquant à plusieurs reprises les rendez-vous qu’elle aurait pu prendre avec nous. Par ailleurs, elle devra composer avec des courants qui d’Hamon/Emmanuelli à Cambadélis en passant par Fabius ont quand même des marques de fabrique très différentes. Pour ces raisons, MA n’a pas été mon choix mais je comprends ceux qui hésitent.

A Guipavas, l’intervention pour JM Baylet a été intéressante sur le fond, très européenne, mais je l’ai reçue plus comme une candidature de témoignage qu’autre chose.

Je ne pourrai pas dire grand chose de la candidature d’E. Valls car son représentant à cette réunion a raté son avion. J’y verrai le symbole d’une candidature affaiblie par son manque de représentativité locale, un discours que l’on aurait aimé entendre, et que l’on écoutera avec attention la prochaine fois.

Le représentant de S. Royal a été peut-être le plus décalé, jouant souvent sur l’empathie, pas forcément clair et trop politiquement convenu. SR n’a à l’évidence pas su se renouveler depuis 2007.

Restait donc Bernard Poignant pour François Hollande, qui a su prolonger le message d’un candidat qui apparaît comme le plus présidentiable de tous. Très peu de choses sur le programme lui-même ont été dites (tous défendent le programme du PS d’ailleurs), l’accent ayant été mis sur ses qualités d’homme d’État. Le discours ne serait pas original si les autres candidats avaient fait de même. Mais une césure est clairement apparue entre la candidature de François Hollande et celle des autres, ses challengers. Cela reflète l’opinion actuelle des Français, tous semblent l’avoir acté.

Voilà le résumé d’une sacrée semaine, avec un débat national, une rencontre régionale en ce qui me concerne, et la clôture faite par DSK. Le débat est dense, et les socialistes malgré les difficultés, ont donné une excellente image d’eux-même. Nous avons accepté les débats contradictoires et pour l’heure, nous prouvons aux Français notre valeur. J’appelle donc les derniers indécis des rangs socdem à entrer eux-aussi dans la bataille des primaires, et quel que soit leur choix, de défendre haut et fort nos idées à travers le ou la candidate qui représente à leur yeux le mieux ces idées. Je ne sais pas s’ils feront le même choix que moi avec François Hollande, mais peu importe, je suis certain que mi-octobre nous serons côte-à-côte pour répondre aux attentes des Français : virer l’ump et Nicolas Sarkozy, remettre le pays sur ses pieds et lui rendre son honneur et sa fierté.

Débat des primaires socialistes : éclairage sur le nucléaire

Le débat d’hier soir a traité la question du nucléaire de façon un peu plus saillante que le reste. Comme c’est une question qu’à titre personnel j’ai travaillé avec mes camarades sociaux-démocrates depuis plusieurs années, je donne ici quelques éléments de réflexion et de choix.

Sortir du nucléaire ? par LCP

Tout d’abord, il faut constater que le corpus idéologique du PS a fondamentalement évolué sur la question écologique, que ce n’est plus un sujet subalterne et aussi que notre vision des choses n’est pas celle des écologistes. Nous avons une approche propre, qui ne conçoit pas la nature d’un point de vue « romantique ». D’ailleurs, le terme même de « nature » est à mon sens inapproprié pour le débat politique.

Par rapport à ce problème, nous devons considérer d’un côté les écosystèmes et de l’autre la société des hommes. Ces deux éléments s’imbriquent, la société des hommes ne peut avoir d’avenir dans des écosystèmes dégradés, mais dans tous les cas, nous plaçons l’homme au cœur de notre idéologie, de nos réflexions, de nos décisions. Nous voulons engager la France dans une démarche de développement durable, ce terme impliquant à la fois une prise en compte des écosystèmes et des paramètres économiques, sociaux et sociétaux de nos sociétés.

A contrario, les écologistes prônant la décroissance mettent d’abord en avant la « nature » puis engage la société dans un processus malthusien. C’est très différent de notre approche puisque nous acceptons d’agir sur les écosystèmes, de les modifier, du moment que ces actions préservent l’avenir à la fois de ces écosystèmes et des sociétés humaines. Nous travaillons pour le bonheur d’hommes et de femmes libres, émancipés, maîtres de leur destin.

C’est à partir de cet éclairage qu’il faut comprendre notre orientation nucléaire. François Hollande fixe un cap de sortie du nucléaire car cette technologie pose des problèmes de sécurité et a potentiellement un impact très fort sur nos écosystèmes (ceux qui ont oublié Tchernobyl ont eu la mémoire rafraîchie avec Fukushima). Cependant, cette sortie du nucléaire doit être faite en gardant à l’esprit l’intérêt des citoyens qui est de façon immédiate d’avoir de l’énergie, puis de diminuer l’empreinte carbone de nos sociétés, puis de passer à des énergies plus satisfaisantes pour les écosystèmes. Ces différents aspects pouvant d’ailleurs être traités de façon complémentaire. Par ailleurs, nous sommes sociaux-démocrates et la négociation est notre outil de travail. Nous fixons donc un cap, nous mettons sur la table les besoins (le besoin énergétique augmente, le parc de production vieillit, certaines énergies deviennent obsolètes, certaines technologies changent la donne), et à chaque étape nous voulons engager une discussion, ferme mais ouverte, pour trouver la meilleure solution. Certains ont une vision plus dirigiste et étatiste, les sociaux-démocrates privilégient des choix plus concertés et consensuels.

Flamanville est un excellent exemple. Une nouvelle technologie arrive. Que vaut-elle ? C’est une technologie nucléaire et nous voulons en sortir : si on ajoute une centrale alors pour progresser sur la voie de sortie du nucléarie, il faut en fermer au moins deux (Fessenheim et Chinon sont de bons candidats pour cela). Est-ce que cela a un sens ? Comme on ne comblera pas le déficit de production d’énergie, par quoi complète-t-on ? Des éoliennes ? Des hydroliennes ? Du solaire ? Des économies d’énergie ? De l’intelligence dans la consommation ? Le débat est ouvert, menons-le sereinement et reprenons-le à chaque étape.

La voie est claire : on veut sortir d’une filière dangereuse et impactant trop les écosystèmes. Les outils sont clairs : on affiche les buts, les contraintes, et on négocie les choix en cherchant le consensus, ce qui n’empêche pas d’être ferme sur la nécessité d’atteindre les buts. A chacun de voir s’il est d’accord ou pas avec cette approche, c’est la notre, et François Hollande l’incarne très bien dans cette primaire.


Textes de réflexion :

 

Les primaires socialistes en Iroise

 


Primaires Citoyennes: mode d’emploi par PartiSocialiste
Le temps passe vite et nous sommes à moins d’un mois du premier tour des primaires socialistes. Il est temps de faire le point et de donner quelques informations à ceux qui jusqu’ici ont regardé les choses d’un peu loin.

D’abord, rappelons qui sont les candidats (sources : http://www.lesprimairescitoyennes.fr/).

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  • Arnaud MontebourgArnaud Montebourg

    La nouvelle France

    La candidature d’Arnaud Montebourg est celle de la transformation de la gauche.

  • Martine AubryMartine Aubry

    «Pour sortir de la crise»

    Martine Aubry propose mardi, dans une tribune publiée dans Les Echos, des solutions pour sortir de la crise. Elle préconise notamment la création d’une Lire la suite

  • Jean-Michel BayletJean-Michel Baylet

    Discours de Seignosse

    Discours de clôture de l’université d’été du PRG à Seignosse le 4 septembre 2011.

Qui peut voter et où ?

Vous pouvez voter si vous êtes inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre 2010 ou si vous êtes membre du PS. Dans tous les cas, il faudra signer « l’engagement de reconnaissance dans les valeurs de la Gauche » et de s’acquitter d’une participation au frais d’organisation de 1 € minimum (vous pourrez donner plus, jusqu’à 150 € en liquide ou 7500 en chèque – dans le cas du paiement par chèque vous recevrez ultérieurement un recipicé de dépôt) .

Tous les bureaux de votes habituels ne seront pas ouverts. En Iroise (3ème circonscription du Finistère), les bureaux de vote seront dans les villes de :

  • Molène
  • Plabennec
  • Plouarzel
  • Ploudalmézeau
  • Plougonvelin
  • Ploumoguer
  • Plourin
  • Plouzané (2 bureaux)
  • Porspoder
  • Saint-Pabu
  • Saint-Renan
  • Trébabu
  • Tréouergat

Vous pouvez retrouver votre bureau de vote en le recherchant sur le site des primaires citoyennes.

Participation

Ces primaires peuvent également être pour vous l’occasion de vous impliquer dans la vie républicaine : si vous voulez participer à la tenue du bureau de vote, vous serez les bienvenus !

De même si vous aimeriez changer la politique de l’intérieur mais que vous voulez en discuter avant, laissez-nous un commentaire. Le PS essaie d’améliorer les procédures démocratique, à vous de nous aider à changer la politique !