Après le temps de la réflexion, l’heure du choix

En juin, au moment de la déclaration des différentes candidatures aux primaires socialistes, j’avais souhaité, en accord de pensée avec beaucoup de mes camarades sociaux-démocrates, prendre le temps de la réflexion, à la fois pour laisser l’affaire DSK aller à son terme judiciaire, et également pour que Martine Aubry et François Hollande aient le temps de clarifier leur ligne politique et leur position spécifique vis-à-vis de nous.

Le temps a donc passé, la justice a pu clairement établir le niveau de véracité de l’affaire New-Yorkaise, Martine et François ont pu plus largement s’exprimer.

Attendre plus longtemps ne me paraît pas souhaitable :

  • parce que cela laisserait le débat des primaires se dérouler sans une bonne partie des e-militants socdem,
  • parce que cela laisserait penser que finalement nous ne sommes pas si rationnels que cela et que dans des situations complexes nous restons « coincés » par nos sentiments, incapables de prendre une décision claire parce qu’elle n’irait pas dans le sens de nos émotions,
  • parce que cette attente serait trop focalisée sur une personne ce qui permettrait à certains de nous traiter de fans et non de militants au service de tous,
  • parce que cela n’empêcherait pas chacun et chacune d’aller petit à petit dans un sens ou dans un autre, mais à contre cœur et un peu honteusement.

Mon attachement aux idées sociale-démocrates modernes largement alimentées par la pensée de Dominique, mises en lumière par ses résultats aussi bien au gouvernement qu’au FMI, restent une référence. Mais aujourd’hui j’ai le sentiment de devoir choisir, et de dire avec force et fierté que je suis un socdem, que j’ai toujours défendu loyalement une candidature de Dominique, que je l’ai fait parfois dans des conditions plus que difficiles et à contre-courant de « l’opinion », mais voilà, je suis aussi un militant qui doit et qui sait prendre ses responsabilités, alors je le fais, et je le fais avec force et conviction.

Je rejoints donc les militants qui soutiendront François Hollande dans cette campagne des primaires. Je lui apporte mes convictions, mon énergie, mon espoir des réformes radicales, ma capacité à me battre et à pourfendre les mensonges et les manipulations, celle aussi d’imaginer un avenir meilleur et les outils qui y mènent. Je vous invite à faire de même et quoi qu’il arrive, je vous donne rendez-vous juste après les primaires pour construire ensemble le chemin vers la victoire finale de la gauche et de tous les Français.

PS en Iroise : l’hebdomadaire Cap Finistère

Les élections approchent et vous souhaiteriez mieux connaître les actions du Parti Socialiste dans le finistère.

Si vous êtes pur web 2.0 je vous invite à venir régulièrement sur ce blog. Si vous êtes plutôt formatés papier, alors vous pouvez recevoir chaque semaine CaP Finistère (coupon à renvoyer ci-dessous), l’hebdomadaire de la Fédération du Finistère du Parti Socialiste.

Globalisation et PME en Iroise

Je continue ma petite déclinaison locale bretonne des grands thèmes qui seront peut-être les sujets de la campagne de 2012, en espérant qu’on ne nous refera pas le coup des photos people et autres coups foireux de sous-bois (ce qui n’est pas gagné si on en juge par l’affaire DSK).

L’économie sera donc le sujet de ce billet. Loin des multinationales, aussi loin du libéralisme échevelé que du marxisme impénitent, le Finistère nord est une terre de PME, TPE, d’artisans, d’agriculteurs et pécheurs, a un tel point que je me demande parfois si tout le monde en Iroise n’a pas été, est ou sera un jour dans un de ces statuts ! L’histoire, le climat et la situation géographique de presqu’ile y sont sans doute pour beaucoup. Ce qui m’étonne le plus dans le tissu économique local c’est la capacité étonnante à conjuguer un individualisme fort (être maître chez soi !) avec un incroyable tissu associatif, aussi bien économique que culturel. Les citoyens d’ici ont su trouver la formule pour conjuguer l’individu et le collectif, le destin personnel qui s’accomplit au sein d’une société qui a une identité marquée et cohérente. Ni marxiste ni néo-libéral, une société qui convient au social-démocrate que je suis.

En Iroise, on n’attend pas grand chose de la finance mondiale et les banques mutualistes ont encore un bel avenir devant elles. S’il y a bien une chose que j’ai compris en travaillant ici, c’est qu’en économie, on ne donne pas deux chances à quelqu’un de foireux : il faut tenir ses engagements. Nous sommes loin de la culture gouvernementale actuelle qui s’est fait une spécialité des effets d’annonce, des décisions immortelles qui ne durent que le temps du souffle médiatique. La dette en est un bon exemple. On nous promet une règle d’or, on nous affirme que c’est le chemin de la vertu. Comment le croire alors qu’une règle moins contraignante existe (les 3% de déficit de Maastricht) et que non seulement cette règle n’a pas été respectée, mais qu’il y a encore peu ce gouvernement nous expliquait que l’objectif n’était pas si impératif que cela et que l’on pouvait biaiser en distinguant bonne et mauvaise dette. Tenir un tel discours ici serait s’exposer à finir à la baille dans le port de Brest…

Quelles décisions concrètes seraient en Bretagne (comme ailleurs) utiles ? Les libéraux n’ont que le mot « charges » à la bouche, ce qui est facile puisqu’à première vue, n’importe quel entrepreneur est réceptif à ce discours et que la logique présentée est simple : moins de charges égale plus de compétitivité. Or c’est en général faux et il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi. Imaginons qu’au lendemain de l’élection, toutes les charges des entreprises soient mises à zéro. Les entreprises regagneront-elles de la compétitivité ? Pour la plupart non, car dans la structure actuelle du marché, l’immense majorité des ventes se font sur un seul critère, le prix (pas la qualité ou la fonction), et dans un système hautement concurrentiel, toutes les entreprises iront tôt ou tard vers une diminution maximale des prix de vente : les charges en moins seront transformées en baisse de prix, elles n’iront pas aux marges (le consommateur semblera y gagner dans un premier temps, mais devra payer ultérieurement pour des services publics qui ne sont plus financés). Comme tout le monde le fera, l’État aura perdu ses recettes mais les entreprises n’auront rien gagné. Par contre, ce dont a besoin le tissu économique concernant les charges, c’est d’être traité à égalité avec tous les acteurs : on se moque de payer 40% de charges salariales du moment que pour un même produit, tout le monde paie ces mêmes charges. Voilà qui plaiderait plutôt pour un transfert des charges patronales sur une collecte de type TVA.

Autre élément qui me semble important, c’est d’assurer la visibilité à moyen terme des charges. La suppression de la taxe professionnelle en est un bon exemple. Les entrepreneurs se sont dans un premier temps réjouis de voir disparaître cette taxe, jusqu’au moment où ils ont reçu sans être averti une nouvelle contribution qui avait été inventée pour remplacer la première. D’une part ceci n’avait pas forcément été budgétisé, mais en plus le mode de calcul a largement été changé, pénalisant parfois extrêmement fortement les services et soulageant généralement les activités lourdes. Dommage qu’au passage nos technocrates aient oublié que la tendance économique de fond soit d’aller vers plus de services, voire de passer en économie quaternaire où le service paie le matériel. Il est nécessaire d’assurer une visibilité à moyen terme sur la fiscalité.

Troisième chose : la complexité. Cette complexité fiscale est probablement (en partie) liée à une volonté louable d’équité. C’est gentil, mais de grâce oubliez cette illusion, aucun impôt ne sera parfaitement équitable, et allez au plus simple. Je rêve d’une imposition où le système prendrait trimestriellement X% du CA et Y% du bénéfice annuel et puis c’est tout. Si l’administration fiscale veut se pourrir la vie, pas de problème qu’elle le fasse mais en son sein et après la collecte ; du point de vue de l’entreprise, le temps passé à faire des déclarations est du temps perdu, de l’argent gaspillé. Une fiscalité hyper-simple, même injuste a priori, représente un gain de productivité à elle-seule.

Dernière chose que je veux aborder ici, ce sont les aides. Elles sont objectivement nécessaires dans nombre de cas, en particulier pour la création d’entreprise et l’innovation. Dans les faits, ce sont les entreprises structurées capables d’avoir un service administratif dédié, ou les sociétés qui se sont fait une spécialité de proposer des prestations pour récupérer ces aides pour les autres qui en tirent bénéfice. Pour ne retenir que l’exemple du Crédit Impôt Recherche, il est plus facile à une multinationale de se financer avec le CIR que la startup du technopôle local : dommage car la startup en question est infiniment plus créative ! Il existe aussi une difficulté particulière concernant l’innovation : pour avoir un CIR, mieux vaut avoir une innovation peu innovante avec des investissements lourds que quelque chose de révolutionnaire, en particulier si on est en innovation de service ou marketing. Google (service de recherche) n’aurait eu aucune chance d’avoir un CIR, Apple non plus (innovation marketing). L’innovation ne dépend pas non plus que de chercheurs : en Iroise, ce sont les outils de pêche qui sont à renouveler, de nouveaux modes de culture ou pisciculture, la gestion de la pollution (algues vertes en particulier) tout autant que le développement des énergies ou des services informatiques en ligne. Il faut arrêter avec les dizaines d’aides possibles pour passer à un système plus simple : par exemple une première aide à l’attribution ultra-simplifiée, puis des aides suivantes en fonction des résultats produits.

L’économie du Finistère nord me semble donner quelques exemples et éléments de réflexion qui doivent permettre de produire des outils simples, clairs et réalistes de soutien du développement économique. Le tissu économique d’Iroise ne nécessite et ne demande pas de mesures d’assistance, juste de la visibilité, de la simplicité et des actions pour faciliter la création et l’innovation.

Nucléaire, éolien et gaz, le défi énergétique : illustration en Iroise (Bretagne)

Dans mon texte des défis, j’avais mis en avant quatre obstacles majeurs à traiter pour les politiques d’avenir de la France  :

  • la rupture climatique et ses conséquences écologiques (dont j’ai traité un aspect concret avec mon post sur les algues vertes en Bretagne)
  • la bascule démographique
  • la dématérialisation numérique de nos sociétés(c) creative commons : Otourly
  • et enfin la rupture énergétique.

C’est une illustration concrète de ce dernier point que je voudrais aborder dans cet article, en prenant pour illustration l’Iroise (où j’habite). Pour ceux qui localisent mal ce pays breton, c’est le bout de la pointe nord du trident Breton (là où se trouve d’ailleurs la pointe la plus à l’ouest de la France continentale, qui n’est pas la pointe du Raz comme on le croit trop souvent, mais le cap Corsen).

La Bretagne dans son ensemble et l’Iroise en particulier, illustrent très bien les ambiguïtés et incohérences des choix énergétiques Français.

De part sa situation géographique, l’Iroise, comme la Bretagne, est déficitaire en énergie et sa situation en bout de ligne fragilise la distribution, à tel point qu’il n’est pas exceptionnel d’avoir une ou deux coupures de courant dans l’année. Et à chaque pointe de consommation réapparaît le spectre de la coupure de délestage. Comme les prévisions de consommation sont plutôt largement à la hausse (imaginez ce qui se passera lorsque chacun rentrant chez lui entre 18h et 19h avec sa voiture tout électrique et la branchera pour la recharger…), la question de construire des générateurs se posent avec force.

On le sait, l’énergie en France est d’abord nucléaire. La Bretagne a deux singularités concernant ce mode de production : Brennilis et Plogoff. Brennilis nous instruit sur la difficulté à démanteler une centrale nucléaire (le nucléaire ne pose que deux petits problèmes : on ne sait pas quoi faire lorsque cela explose, pas plus qu’on ne sait gérer correctement les déchets). Quant à Plogoff, cela montre le rejet et la peur, plus ou moins rationnels, que représente culturellement le nucléaire.

Pour les sociaux-démocrates, le nucléaire est tout à la fois la seule solution actuelle pour produire à grande échelle l’énergie qui nous est indispensable, et une solution technologique dont il est souhaitable de sortir, mais selon une démarche rationnelle qui prend en compte aussi bien les aspects de sécurité, économique, et sociaux. Fermer les centrales sans rien proposer qui soit au minimum équivalent est une tartufferie, continuer sur le tout nucléaire inacceptable. La démarche proposée est que pour chaque centrale que l’on serait amené à construire parce que c’est nécessaire, on en ferme au moins autant en fermant les plus dangereuses (Chinon, Fessenheim par exemple au démarrage de Flamanville), et que l’énergie supplémentaire manquante soit produite par des moyens complémentaires (éolien, hydrolien, …). Ouvrons à chaque étape une négociation : ce dont on a besoin et ce qui peut permettre de répondre à ces besoins. Ce processus aboutira plus ou moins rapidement à la disparition complète du nucléaire en fonction des meilleures solutions à une époque donnée et des efforts communs que chacun consentira à faire.

La notion d’effort commun n’est pas un vain mot et c’est peut-être la principale difficulté. En matière d’énergie, chacun est prompt à exiger de consommer sans restriction, et tout aussi prompt à refuser de produire près de chez lui de quelque façon que ce soit. On pourrait croire que la production d’énergie par éolienne est plébiscité dans une région qui a refusé avec tant de fougue le nucléaire. Hélas, le champ d’éoliennes que j’aperçois de ma fenêtre rencontre son lot d’opposants, avec des arguments qui tiennent parfois plus du fantasme que d’autre chose. Si les éoliennes dans les champs posent problèmes, alors construisons-les en mer. Mais là aussi, des collectifs contestent immédiatement les projets d’implantation. Soit, construisons alors une centrale classique au gaz. Patatras, un nouveau comité anti-centrale au gaz se met en place.

Non à une Centrale Gaz/Fuel à Guipavas

Reste donc les efforts d’économie et de production domestique. Hélas, si on peut espérer à terme équilibrer les besoins des foyers, cela n’est absolument pas suffisant pour les entreprises, même lorsque la plupart sont des TPE/PME comme en Iroise. Que dire alors des bassins industriels lourds ?
On sait produire toute l’énergie nécessaire, on sait même en produire une bonne partie d’une façon qui respecte les écosystèmes. Mais quel que soit le mode de production, l’obstacle principal est l’acceptation locale. Nous sommes dans un système où le citoyen se sent systématiquement agressé lorsqu’il s’agit de construire une centrale. Or on peut facilement deviner que cette opposition n’est pas forcément rationnellement fondée, et qu’il est possible que cette opposition soit plus le résultat d’une approche qui donne le sentiment que l’on imposera une solution coûte que coûte, fruit d’une erreur de méthode, fruit d’une incompréhension, peut-être aussi d’une administration d’État qui apparaît trop arrogante.

Je n’approuve pas cette opposition systématique, pas plus que je n’approuve les passages en force. Face à un problème objectif d’une consommation électrique qui n’est pas satisfaite par une production suffisante, il me semble possible de trouver des solutions sans déclencher à chaque fois une guerre picrocholine.

Où est passée la bonne dette ? Qui doit-on ruiner maintenant ?

Autant prévu que redouté, les États Unis ne sont plus un pays où l’on peut acheter des bons du trésor les yeux fermés. La perte de leur meilleure note est plus psychologique qu’autre chose, mais la finance mondiale qui faisait gris mine ces dernières semaines s’offre un plongeons supplémentaire en eau froide.

La cause de la défiance : la dette bien évidemment. Fini de s’amuser avec la « petite » dette grecque de 350 milliards d’euros, on s’intéresse maintenant aux plus de 14 000 milliards de dollar américains (soit environ 10 000 milliards d’euro). Nulle doute qu’avec nos près de 1600 milliards et une progression toujours pas maîtrisée, notre tour ne devrait pas tarder. Alors oui la crise y est bien pour quelque chose car il était nécessaire de soutenir l’économie et certaines sociétés qui se sont trouvées temporairement à court de liquidité. Oui, mais cela ne doit pas nous faire oublier la faute originelle de la droite qui a délibérément choisi de se financer à crédit, sans chercher d’autres voies. Rappelons-nous la théorie de Nicolas Sarkozy de « la bonne et mauvaise dette ».

Contrairement au PS dont les théories keynésiennes posent comme postulat que la dette est l’ennemie de la gauche, le gouvernement sarkofillon et l’ump ont délibérément choisi cette voie de la dette, pour nous amener là où nous sommes actuellement, ignorant par incompétence ou aveuglement idéologique que cette voie n’offrait aucun échappatoire en cas de problème. L’accident était inévitable.

Aujourd’hui, il est urgent de répondre à une double question :

  • comment payer ce que l’on doit ?
  • comment reprendre sa liberté financière vis-à-vis des marchés ?

Augmenter les taxes et impôts ou leur assiette (c’est-à-dire le nombre de personnes qui les paient), diminuer les dépenses, « manger » la dette par une inflation importante, refuser purement et simplement de payer. Le panel de solutions est connu, plutôt que de nier le problème il faut soit que ce gouvernement fasse pour une fois ce qu’il faut ou qu’il démissionne et rende rapidement les clés, reconnaissant son incroyable incompétence, abandonnant une politique vieille de presque 10 ans, politique qui à l’exception d’une année n’a jamais réussi à remettre la dette de notre pays dans la bonne direction.

La gauche est décidée à faire ce qu’il faut, et à la différence de la droite, l’expérience passée (1997-2002) montre qu’on peut lui faire confiance pour que cela soit aussi juste que possible et surtout, efficace.

Mais second point, comment reprendre sa liberté vis-à-vis des marchés, car on peut bien tempêter contre les financiers, si l’ump avait fait le choix d’avoir le choix, le rapport de force serait différent. En 1997 le gouvernement Jopin sous la direction de Dominique Strauss-Kahn a qualifié la France pour l’euro et nous avons choisi l’intégration européenne : il est temps d’achever le travail massacré par la droite : l’Europe doit se doter d’un organe de gouvernance dont le rôle est de veiller à harmoniser les éléments financiers structurants de l’Union, et cet organe doit pouvoir relever le défit d’agir selon des choix politiques démocratiques au niveau européen. Par ailleurs, on remarquera que des pays comme le Japon sont beaucoup plus endettés que nous mais sont moins « chahutés » par les marchés ; il y a une raison simple à cela : ces pays financent majoritairement leur dette en interne. Il me paraît donc souhaitable de réfléchir sur la possibilité d’un emprunt national forcé : transformer une partie de l’épargne des Français en emprunt remboursable à court terme (moins de 5 ans) à un taux d’intérêt à fixer. Cela me paraît être une des formes les moins douloureuses de contribution au sauvetage financier de notre pays.

La droite sarkozyste a échoué parce qu’elle a choisi depuis 10 ans une très mauvaise politique économique. Que les mois avant l’élection vont être longs et douloureux pour les Français ! Si Nicolas Sarkozy veut réussir ne serait-ce qu’une chose dans son épouvantable mandat, que ce soit sa démission.

Algues vertes et tambouille politique

Les algues vertes de Bretagne sont tout à la fois le résultat d’une rupture de l’équilibre de quelques écosystèmes de bord de mer et de l’absence de courage politique.

On le sait sans l’ombre d’un doute, ces algues sont la conséquence directe d’un excès cumulé d’épandage agricole, les problèmes de rejets en nitrates urbains ayant trouvé leur solution à travers les stations d’épuration depuis longtemps. Or d’un constat très clair et factuel, personne ne semble avoir été en mesure de proposer et de mettre en œuvre une solution efficace. Pourquoi ?

A mon sens, essentiellement parce qu’en Bretagne comme ailleurs, la culture de la négociation et du compromis dans l’intérêt de tous n’est pas très développé (l’autre ayant par définition et a priori tord) et aussi parce qu’à l’image d’un Nicolas Sarkozy de passage, il est plus facile de brosser le cochon dans le sens du poil en se cachant derrière une idée fumeuse comme la méthanisation que de réunir des pugilistes dans une salle pour qu’ils fassent des concessions (l’idée que l’on peut transformer dans un réacteur un problème nauséabond en or énergétique est fort séduisante, mais elle n’est qu’industriellement très hypothétique et financièrement plus proche du plomb de l’investissement que de l’or des revenus espérés). Au passage on notera que la compassion affichée par le refus « de désigner des coupables, de montrer du doigt les agriculteurs» n’est qu’une gentille hypocrisie électorale (les agriculteurs votant a priori plutôt à droite) tant que les bords de mer seront là pour montrer aux yeux et aux nez de tous l’immensité du problème, désignant de facto la source du problème.

Mais alors si les agriculteurs sont de vilains pollueurs qui gazent les sangliers à coup de sulfure d’hydrogène, c’est donc que la vérité se trouve en face, dans le camp aussi vert que les algues. Supprimons le cochon est tout redeviendra bon, c’est d’une logique imparable ! Sauf que cette logique se heurte directement à la réalité du tissu économique et social breton, sans oublier l’intérêt par définition vital de produire de la viande de porc, facile à fabriquer à des coûts très faibles.

L’équation à résoudre est en fait la suivante :

  • diminuer la pression sur les écosystèmes en rejetant moins de nitrates, donc soit en diminuant la quantité de lisier (i.e. le nombre de cochons), soit en le traitant (à court terme, on ne sait pas bien le faire)
  • maintenir globalement une industrie (qui n’est pas que porcine) capable de nourrir les français à moindre coût pour une qualité acceptable
  • maintenir un emploi pour ces agriculteurs qui font vivre leur famille et l’économie locale par leur travail
  • ne pas oublier de financer collectivement et de façon équitable tout cela
  • arrêter d’attiser les passions

La solution de facilité consistant à vouloir « tuer » les agriculteurs en même temps que leurs cochons est inacceptable, individuellement et collectivement, tout autant que celle qui consiste à fermer les yeux et à se boucher le nez dans certaines zones littorales et à continuer comme avant.

Le bon sens voudrait me semble-t-il que l’on commence très rapidement par se doter d’un outil objectif permettant de détecter les endroits où la pression agricole sur les écosystèmes dépasse ce qui est assimilable par ces derniers, puis de chercher par tous les moyens techniques et organisationnels à diminuer cette pression pour la ramener à un niveau acceptable, et enfin pour tous les agriculteurs qui n’auront d’autres solutions que de diminuer leur production, à trouver et financer une reconversion partielle de leur production en répartissant les efforts de chacun. Je ne doute d’ailleurs pas qu’un certain nombre d’acteurs soient déjà dans une telle démarche, je préfèrerais que ce soit leurs voix qui soient entendus et que la parole politique vienne les renforcer plutôt que de procéder par effet de manches devant les caméras.

Je suis militant social-démocrate, je n’ai pas un rapport romantique à l’écologie (je préfère d’ailleurs parler d’écosystème), je suis attaché comme tout un chacun à vivre dans un environnement sain, riche et diversifié. Mais je n’oublie en aucun cas que je fais partie d’une société d’hommes et de femmes qui a ses propres contraintes et qui elle aussi à l’impératif besoin de trouver un équilibre sain, socialement et économiquement dans la dynamique de son histoire. L’écosystème de nos sociétés interagit avec l’écosystème naturel, nous ne pouvons pas détruire ce dernier, nous ne sommes pas (plus ?) soumis à celui-ci, mais nous avons l’impérative nécessité de le gérer avec sagesse pour l’avenir. Le problème des algues vertes en est une bonne illustration, résolvons-le avec sagesse.

Sarkozy veut offrir une breloque plaquée or à Marianne

Comme internet est cruel : on ne peut pas dire une imbécilité sans que cela soit stocké dans un coin et avec les moteurs de recherche, c’est trop facile de le retrouver. Dans hadopi 27, il faudra que l’ump pense à glisser un paragraphe pour résoudre ce problème.

En l’occurrence il est intéressant de retrouver les anciennes déclarations, à l’heure où notre virtuose de la finance nous a concocté une nouvelle communication sur le thème « c’est moi ki gère le mieux les sous de notre bon pays« , et s’est fendu d’un courrier iconoclaste à nos parlementaires (c’est plus cher que le mail mais le papier à entête c’est classieux) dans lequel il explique combien il serait important d’ajouter un article de plus à la constitution pour interdire les déficits. Quoi de plus vertueux ? Contrairement à ces vilains socialos, not’ bon sarko est préoccupé des deniers de la France… (Le vrai message à faire passer est là pour ceux qui par quelque égarement croiraient encore en la sincérité de parole élyséenne.)

Oubliées donc les dépenses très symboliques à son profit (son augmentation de salaire de 140%, air sarko one à 176 millions pour parader sur le tarmac), oubliées les presque 10 années de gouvernement UMP où le déficit s’est creusé de façon forte de 2002 à 2008 (eh oui la crise n’explique pas tout !) pour plonger de façon vertigineuse depuis, oubliées les déclaration de Guaino qui déclarait début 2008 que « les critères de Maastricht, qui prévoient un déficit sous les 3% du PIB ne sont plus la priorité », oublié le discours sarkozyste du congrès de versailles où ce dernier déclamait sans rire son discours sur la bonne et la mauvaise dette. Qu’on se le dise, à partir d’aujourd’hui (enfin de demain ou un peu après), les déficits c’est interdit, promis juré on n’en fera plus.

Oubliés aussi les résultats plus que solides des socialistes entre 1997 et 2002.

En plus d’être profondément cynique et manipulatrice, cette idée ne tient tout simplement pas la route et on peut bien l’écrire dans la constitution (certains États l’on fait), ce n’est pas elle qui décrète la vertu des gouvernements et on sait parfaitement qu’en cas de force majeure, elle sera mise de côté (on se retrouve alors dans une situation du style des États Unis où les démocrates et les républicains jouent une partie de poker menteur pour pouvoir changer les limites actuelles).

Le simple bon sens et une gestion raisonnée et raisonnable des deniers publics voudrait que l’on applique, de soi-même, une règle de gestion plus simple et moins clinquante : en période faste on génère un peu d’excédent (au plus 3% du PIB par exemple) pour réduire son endettement, en période compliquée on accepte de créer du déficit pour amortir la crise et faire de la relance keynésienne. De cette règle, chacun peut en fonction de sa sensibilité politique bouger le curseur, et il me semble que c’est acceptable par tous sans avoir recours à l’agitation et aux discours plaqué or de Sarkozy et de son gouvernement UMP.

L’or, relique sacrée, rend fou, mais son éclat dans la bouche du futur candidat ne trompera personne, il ne s’agit que d’une opération de com’ low cost.

NB : selon les chiffres de l’INSEE, la dette s’établit à 84.5% à la fin du T1 2011.
Vous trouverez ici une réponse du député Jean-Jacques Urvoas.

A mes amis sociaux-démocrates le septième candidat

Je ressens comme un trouble dans la Force…

Le PS a publié sa liste de candidats à la primaire et la seule (petite) surprise est d’y retrouver JM Baylet. Logiquement, les militants n’ont plus qu’à aller là où leurs convictions les poussent, et pour les sociaux-démocrates à choisir pour des raisons plus ou moins bonnes entre Martine Aubry et François Hollande. C’est la logique au PS.

Oui, sauf que ce que je ressens donc, n’a pas grand-chose à voir avec cela. Il faut dire que depuis 2005 le cyber-militant que je suis est largement connecté sur la social-démocratie cybernétique dont la population dépasse de beaucoup celle de la plus grosse section, voire de certaines fédérations puisque ces connexions incluent des sympathisants en plus des militants. Et si j’ai constaté que les cadres du courant socdem ont acté de la situation et agi conformément aux habitudes prévisibles en choisissant un candidat plutôt qu’un autre, si une partie des militants a effectivement acté de cette même situation et ont fait de même, je vois aussi qu’aucun d’eux ne l’a fait avec l’excitation de l’odeur de la poudre et surtout qu’une bonne partie d’entre nous, dont moi, en sont restés à une position singulière. Certes nous savons qu’il faudra choisir, certes nous veillerons à aider tel ou tel face à la droite, mais pour l’heure notre vote et notre espérance vont à un septième candidat qui s’appelle la social-démocratie, ce candidat n’est pas incarné mais il est très certainement décisif, justement parce qu’il est constitué de personnes qui ne sont pas que militants PS, parce qu’il est fédéré par une attente singulière sans autre réponse à ce jour, parce qu’il est en soit un projet politique collectif là où aujourd’hui on affiche des individus, parce qu’il est mû par un profond sentiment d’injustice et une volonté farouche de ne pas laisser passer cette injustice, parce que nous allons faire payer les manipulateurs. Nous ne laisserons pas la démocratie et la République plombées par des combines de petits marquis, nous ne laisserons pas la France aux mains de gens qui ont ruiné notre pays, son image aussi bien que ses finances, qui veulent détruire plus encore notre identité, notre modèle.

La campagne internet de 2012 ne ressemble en rien à celle de 2007. A l’évidence, l’espace médiatique classique est totalement dépassé par l’espace numérique où l’information se diffuse au niveau mondial à une vitesse qui déstabilise totalement les possibilités de contrôle normaux et raisonnables. Les révolutions méditerranéennes en ont été précurseur vis-à-vis des régimes autoritaires, nous sommes en train d’en tester les effets au niveau de la justice, des médias et de la politique des régimes démocratiques avec la campagne présidentielle en France. L’affaire DSK n’est pas une affaire privée isolée, c’est le paradigme d’un déséquilibre des institutions confrontées aux dérapages d’une e-campagne politique. Si ce que je vois est exact, la démocratie est effectivement en danger et, à ma connaissance, le seul rempart qui se soit à ce jour érigé face à cette menace, le seul groupe numérique qui ait réagi, ce sont les e-citoyens socdem qui se sont spontanément organisés, qui agissent, qui dénoncent, qui contrent la manipulation, qui se battent au nom de leur idéal pour la France.

Nous sommes le premier mouvement politique du XXIème siècle. Nous sommes le septième candidat, c’est nous qui avons les clés de 2012.

14 juillet : mensonges et échecs sur la sécurité

Je relaie ici un post de Jean-Jacques Urvoas qui semble avoir été le seul à s’intéresser au symbole de l’échec de la politique sécuritaire de l’ump sarkozyste, les violences du 14 juillet.

L’opacité de Claude Guéant ne peut masquer son échec

Publié le 16 juillet 2011

Cette année encore, le gouvernement a choisi d’occulter les chiffres de la délinquance durant les deux nuits du 13 au 15 juillet. Claude Guéant aujourd’hui – comme Brice Hortefeux hier – espère ainsi que son silence fera oublier son incurie.

Les rares indications que l’on peut obtenir sont, en effet, inquiétantes.

Pour la nuit du 13 au 14 juillet, avec un peu de méthode et un poil de mémoire, on finit par apprendre que 328 personnes auraient été interpellées dans la seule agglomération parisienne. C’est un chiffre significatif, certes en légère baisse par rapport à celui de l’an passé (392 personnes interpellées pendant la nuit) mais en important progression par rapport à 2009 (240 soit une hausse de 36 %). De plus, on constate une baisse de 14 % du nombre des personnes placées en garde à vue puisque 220 l’auraient été contre 306 l’an passé et 190 en 2009.

Quant à la nuit du jeudi 14 juillet au vendredi 15, les services de police auraient procédé à 217 interpellations  à Paris et dans la petite couronne. Là encore, c’est une légère rétractation puisqu’en 2010, cela avait concerné 361 personnes.

Au total, cela porterait l’ensemble à 545 interpellations soit à peine moins que l’an passé où Brice Hortefeux avait fini par admettre que 581 personnes avaient connues le même sort.

Qui pourrait s’en féliciter ? En 2011, comme en 2010, comme en 2009, plusieurs centaines de personnes ont vu leur véhicule sciemment détruit par des actes de violence gratuite.

Une fois de plus, une fois de trop, l’Etat a failli dans sa mission de protection des biens.

Il faut que dans le prochain budget, le gouvernement stoppe la purge des effectifs de policiers et de gendarmes qu’il organise depuis 2007. En effet, 5 430 postes devraient être supprimés en 2012 et 2013.

On ne combat pas la délinquance en altérant la capacité opérationnelle des forces chargées de protéger les Français.

 

14 juillet : plus d’artifices que de feu


Nicolas Sarkozy avait choisi de profiter du 14 juillet pour gonfler son torse si peu présidentiel.
Une visite à nos troupes en Afghanistan suivie de la martiale parade annuelle aurait dû donner quelque épaisseur à la construction de la nouvelle image Sarkozyste, pondérée, sérieuse, à la tâche, et faire oublier l’agitation stérile, le clinquant, la « blagounette » déplacée lors de sa dernière visite en Afghanistan, le tapis rouge déployé aux pieds de nos nouveaux « amis » dictateurs, les peu recommandables Kadhafi et Assad hier choyés aujourd’hui bombardés.



La blague de Nicolas Sarkozy à l'hommage funèbre… par Raoul3B

Mais voilà, Nicolas Sarkozy n’est pas que catastrophique du point de vue international et incompétent économiquement, car en dehors de sa capacité à comploter politiquement, il rate tout ce qu’il fait. En allant en Afghanistan peu avant notre fête nationale, il offrait une tribune médiatique inespérée aux talibans qui ne se sont pas privés de capter l’attention en appliquant les tristement efficaces méthodes mises au point en Irak, attentat suicide ciblé pour avoir l’effet médiatique maximum. Résultat, cinq de nos soldats morts le lendemain de son passage, un sixième le surlendemain. Le plan com’ s’en est retrouvé perturbé, et ce ne sont pas les pauvres décisions annoncées (augmenter la sécurité des militaires sur place, comme si les casernes afghanes étaient jusque là gardées comme des camps scouts) qui répareront les dégâts. Il est bien difficile d’écrire avec la retenue nécessaire due à la douleur des familles…

Suite à cet événement, la question de notre présence là-bas se repose. Il y a 10 ans, on pouvait trouver des raisons valables d’intervenir, en sachant cependant qu’il était illusoire de prétendre gagner une guerre. La légitimité et l’objectif étaient autre : intervenir massivement et sans faiblesse pour détruire un futur état terroriste. Ce qui fut fait. Mais dix ans plus tard, il est plus que difficile de voir nos soldats mourir. Certains ont dit qu’ils étaient morts pour rien. Si leur mort peut paraître effectivement absurde et évitable, leur engagement pour la France et ses valeurs ne permet pas de prétendre que ce fut pour rien. Eux ont fait leur travail et leur devoir dans l’intérêt de la France et des Français. Il n’en reste pas moins que nous devons maintenant quitter ce pays dans des délais brefs et compatibles avec la sécurité de nos troupes et de nos alliés. L’Afghanistan doit recouvrer sa souveraineté pleine et entière et assumer son destin. Nous pouvons les aider s’ils le demandent, comme un pays amis s’ils le souhaitent, mais le temps n’est plus à l’engagement guerrier de la France.

Ce 14 juillet ne fut pas seulement triste parce qu’endeuillé, il nous a rappelé que dernière la fierté de nos troupes défilant se trouvait un homme qui n’a jamais réussi à être à la hauteur de la charge et de l’honneur qui lui étaient confiés. Qu’il dégage !