Brêve de campagne en Finistère : l’histoire de « cons » de la semaine

La campagne électorale continue de battre son plein à gauche et nous préparons toujours activement la venue de Benoit Hamon mercredi prochain.

J’ai également remarqué que les militants du FN étaient de sortie pour coller les affiches de leur candidate qui a mis un point final à l’interminable drame familial rejoué à toute les élections présidentielles : la famille LePen aura-t-elle ses 500 signatures pour pouvoir se présenter ?

Et une fois encore, le « miracle » s’est produit, la fille comme son père pourra concourir. Ouf, on a eu peur pour la démocratie !

Côté UMP, cela semble également se préciser puisqu’ils se sont décidés à présenter leurs candidats à la législatives. Et j’ai peut être également trouvé pourquoi l’UMP finistérienne en général et Marguerite Lamour en particulier mettaient si peu d’entrain à entrer en campagne.

Il y a certes un bilan apocalyptique qui peut difficilement être défendu sinon avec une incroyable dose de mauvaise foi et de cynisme, mais il y a aussi une gêne certaine à représenter l’UMP et le sarkozysme lorsque l’on est Breton avec un peu de mémoire. En effet, il n’y a pas que les Basques qui aient quelques sujets de récriminations envers le naufrageur de la France, il n’y a qu’à se souvenir de ses déclaration de mai 2007 alors qu’il devait venir en terre Bretonne : « Je me fous des Bretons. Je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte! ».

Et qui l’accompagnait pour cette mémorable lecture des cartes du Corsen ? Notre députée sortante Marguerite Lamour qui depuis 10 ans vote sans broncher les lois des pirates de la République ! Il est plus que temps pour Messire Hervé de Porzmoguer de reprendre la mer et d’aller faire exploser les vaisseaux ump en mai puis en juin !

L’art de la manipulation politique numérique

Il y avait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de faire une étude de cas sur le sujet. Nous avons tous pu constater que depuis 1 bon mois, l’UMP dépensait des sommes assez faramineuses pour permettre à son candidat sortant d’une part de passer sous silence la montagne d’erreurs et de résultats catastrophiques de son mandat et d’autre part d’atteindre le Graal sondagier supposé lui permettre de rattraper le retard accumulé sur François Hollande et l’empêcher d’être avalé par Marine LePen.

Le dernier meeting de Villepinte a en effet coûté aux alentours de 3  millions d’euros (sur un budget maximal au premier tour de 16,8 millions d’euros, soit 20%), ce qui fait cher de la journée…

Le point de départ de notre analyse est un coup classique en matière de sondage lié à un grand meeting, à savoir le faire au bon moment. En 2007, l’ump avait commandé un sondage juste avant le meeting d’investiture de la candidate socialiste, ce qui correspondait à une période où ses intentions de vote baissaient, le meeting devant stopper cette baisse. Mais, timing futé, le résultat de sondage obtenu avant le meeting fut publié juste après, faisant croire à un mauvais impact de l’événement.

La manip se répète aujourd’hui d’une façon un peu différente puisque l’objectif visé est de présenter comme une victoire décisive le croisement des courbes d’intention de vote au 1er tour (enfin d’un seul sondage en l’occurrence). Depuis plusieurs semaines, NS et FH ont un score proche, avec un léger avantage à François Hollande (ce qui au passage n’a aucun précédent dans la Vème République pour un candidat socialiste). L’UMP s’est donc débrouillé pour mettre en avant un sondage effectué juste après le meeting de Villepinte qui fut un extraordinairement coûteux exercice de communication. Objectif sondagier atteint mais l’opération ne pourra certes pas être refaite 2 fois et le risque est grand pour la droite de voir les choses s’arrêter là, voir être infirmées par les futurs sondages, à commencer par le « rolling ifop – Ficucial – Paris Match« … d’aujourd’hui :

Visitez le QG de François Hollande Visitez le QG de Nicolas Sarkozy Visitez le QG de Marine Le Pen Visitez le QG de François Bayrou Visitez le QG de Jean-Luc Melenchon

    FH : 28.5%        NS : 28%       MLP : 16.5%      FB : 12%       J-LM : 9.5%

L’Ifop publie donc 2 sondages contradictoires le même jour alors que la Sofres annonce… une chute de 2 points de Sarkozy !

Et le numérique dans tout cela me direz-vous ? Ces derniers temps, on constate une augmentation de la présence des petites mains sur les blogs, ce qui n’est pas étonnant. Mais il y a mieux. Avez-vous entendu parler de l’institut électionscope ? En fait d’institut, on trouve surtout un site internet (mal fichu d’ailleurs) dont les archives remontent toutes au… 17/02/2012 (toutes publiées à la même date très récente, certaines pages du site remontent cependant à 2011). Ce site n’a pas de mentions légales et semble être dirigé en tout et pour tout par deux personnes qui sont par ailleurs très actives sur internet et sur les ondes, la radio d’opinion BFM Business en tête. Et que nous dit cet institut ? Que leurs dernières analyses montrent que Nicolas Sarkozy va gagner, c’est sûr, leur simulation politico-économique (?) le démontre. J’ai bien cherché la description de leur méthodologie, leurs hypothèses, leur modèle de simulation, que nenni, il faut nous contenter de quelques tableaux de chiffres, des courbes ou leur écrire ce qui est une façon de procéder un peu étrange et méthodologiquement peu scientifique. Difficile d’y voir définitivement malice, mais clairement, si on ne creuse pas la question, la reprise d’éléments ponctuels hors contexte et la répétition à haute dose de ce genre d’affirmation peut passer pour une vérité ce qui arrangerait bien les affaires très mal engagées de l’UMP…

Résumons. Pour une bonne manipulation d’opinion il faut :

  • des sous (beaucoup si on est vraiment dans les choux)
  • un gros meeting relayé largement par les médias (d’où l’intérêt d’y avoir des amis)
  • l’art du bon timing dans la publication de sondage
  • un argument d’autorité comme une étude non ou difficilement vérifiable issue d’un site internet que vous baptisez institut (augmentation de l’argument d’autorité) et qui vous permet de renforcer l’effet sondage en faisant croire que c’était écrit, inévitable, etc…
  • en utilisant massivement les médias numériques (facile, rapide et assez peu coûteux)
  • et… ne pas vous faire prendre par la patrouille !

Conclusion

Comme je le répète souvent, les sondages ne sont pas en eux-même bidonnés, mais le diable se cache généralement dans leur timing, leur construction et la capacité à imposer une interprétation. Internet est à la fois un canal de liberté, d’émancipation, d’information, mais aussi de coercition et de formatage des esprits et du jugement. Ne tenez pour vrai que ce que vous pouvez vérifier ou à défaut recouper.

Campagne électorale en Iroise : meeting à Landunvez

J’étais hier soir au meeting PS de Landunvez mené par Pierre Maille pour soutenir la campagne de François Hollande et répondre aux questions sur le programme du candidat socialiste. Cette réunion est la première grande rencontre politique depuis la venue de François Hollande à Brest il y a quelques semaines, et elle sera suivie d’une série où interviendront en particulier François Marc et Jean-Jacques Urvoas.

Lorsque l’on arrive à ce genre d’événements, la première question qui vient souvent à l’esprit est de savoir s’il y aura beaucoup de monde, si ce sera un succès de participation. Question d’autant plus forte que nous nous trouvions à un jet de bulletin de vote du fief de la députée UMP sortante. Tout le monde a rapidement été rassuré en voyant qu’il a fallu trouver de la place en fond de salle pour installer de nouvelles chaises pour les derniers arrivants. Oui, les citoyens d’Iroise ont bien répondu présent, ils montrent un réel intérêt pour le candidat socialiste.

Les échanges avec la salle furent à la fois cordiaux (on est loin dans notre circonscription pourtant forte en caractère des échanges au piment d’espolette servi hier à Nicolas Sarkozy) mais aussi teintés d’une vraie inquiétude sur les difficultés du quotidien, de la précarité ressentie par chacune et chacun lorsqu’un accident de la vie arrive et que l’on s’aperçoit que les services publics ont tellement été mis à mal, que les budgets ont tellement été coupés, que l’État commence à être aux abonnés absents.

Prise en charge des personnes âgées, handicapées, aides aux veuves et veufs, petite enfance, chômage, … les 10 années de politique de l’UMP touchent durement les Français dans leur quotidien, et malgré la retenue et la pudeur des gens d’ici, on sent plus qu’une attente envoyée en direction de la gauche. Cette élection n’est pas simplement l’expression d’un espoir de changement de couleur gouvernementale, il s’agit vraiment je crois d’une injonction de remettre les choses dans l’ordre, de reconstruire la société française détruite par le sarkozysme. Nous avons le devoir d’y répondre, dans les promesses de notre programme aujourd’hui, mais surtout dans les actes dès le début de l’été.

Si nous ne le faisons pas, si la situation devait s’aggraver, alors je craints fort que les émeutes de la Réunion ne soient que le présage de ce qui pourrait se passer en métropole. Le PS mène une campagne réfléchie, bien construite, tant mieux. Il faut cependant maintenant monter en puissance de combat, allier le refus viscéral de la destruction sarkozyste à la construction rationnelle du futur. Les Basques l’ont manifesté avec force, les Bretons d’Iroise le font paraître avec plus de retenue : ces élections présidentielles et législatives ne sont pas seulement un enjeux de remplacement d’un personnel politique qui a échoué, ce sont des élections pour panser les plaies de 10 ans d’incurie et pour reconstruire notre société, notre pays.

Voilà ce que j’ai ressenti et entendu hier soir à Landunvez, voilà pour quoi je veux me battre aujourd’hui et demain.

______________

Le changement c’est maintenant, rejoignez-nous sur notre réseau social en Iroise :

Politique énergétique en nord Finistère

Le ministère de l’industrie vient d’annoncer en présence du président de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, que le site de Landivisiau était retenu pour l’implantation de la future centrale électrique à cycle combiné au gaz dont le démarrage devrait être effectif en 2016. Cette annonce s’inscrit dans le pacte énergétique breton destiné à sécuriser l’approvisionnement en électricité et connu sous le nom Triskell Breton.

Un plan nécessaire et porté par les socialistes bretons

La région Bretagne ne produit qu’un peu plus de 8% de l’électricité qu’elle consomme, et l’on sait que la demande va être croissante dans le futur. Les habitants comme les entreprises demandent plus d’énergie, il faut donc répondre à cette demande par plusieurs moyens.

Produire pour sécuriser

D’abord à court-moyen terme, en augmentant les capacités de production par des moyens qui allient puissance et souplesse. Les centrales au gaz ne sont pas idéales du point de vue rejet de CO2, mais à court terme, elles répondent à l’exigence de notre société et de ses citoyens. C’est pourquoi les élus PS nord finistériens soutiennent le Triskell Breton alors que d’autres partis ou comités le combattent. Il serait bon d’ailleurs que la candidate EELV à la législative dans la troisième circonscription du Finistère (Brest-rural) clarifie sa position sur le sujet et donne sa position aux citoyens d’Iroise.

Produire avec un impact minimal sur les écosystèmes

Mais le programme de production ne se limite pas à cette décision. Le pacte énergétique donne pour objectif principal à terme, la production énergétique à partir de sources renouvelables, solaire, éolien et bien sûr hydrolien dont Brest pourrait devenir un des pôles majeurs pour peu que nos futurs députés puissent s’emparer de façon concertée du dossier pour parler d’une seule voix et défendre un projet stratégique pour le nord Finistère. Une énergie abondante et peu chère est un élément fondamental de compétitivité et de création de richesse.

On notera au passage l’échec de la politique UMP sur le sujet : concernant EDF, on a depuis quelques années longuement entendu parlé de la nomination rocambolesque de M. Proglio, de sa bataille avec la patronne d’Aréva, de l’augmentation des tarifs de l’électricité, des centrales nucléaires à l’arrêt ou mal protégées ou encore des actions EDF en chute libre. Par contre les annonces sur les succès de la compagnie nationale et de l’amélioration du service public de l’énergie ont été plus que rares pour ne pas dire absentes !

Économiser

Le triskell est basé sur trois piliers, sécuriser, produire renouvelable mais aussi économiser. Loin des polémiques autour d’une vision malthusienne du problème énergétique, d’une contestation systématique quelle que soit la proposition (contre le nucléaire, contre le gaz, contre l’éolien, contre l’hydrolien, …) qui reporte hypocritement la responsabilité de produire chez le voisin (le plus lointain possible ce qui est une aberration puisque plus le centre de production est loin et plus on gaspille de l’énergie pour le transport !). Les choix de la région Bretagne en général et des socialistes Bretons en particulier sont faits dans l’intérêt des citoyens, en prenant en compte toutes les contraintes pour aboutir au meilleur compromis possible, compromis qui ouvre les perspectives d’avenir tout en assumant ses responsabilités.

Avec le cas Breton, c’est toute la future politique énergétique du futur gouvernement socialiste qui est concrètement illustrée ici, une politique équilibrée et efficace qui renvoie dos à dos ceux qui soutiennent l’imprévoyance de la politique énergétique UMP et ceux qui soutiennent un replis sur soi égoïste et malthusien.

Il ne manque donc plus pour généraliser ce progrès, que d’élire un président qui défend cette orientation, et des députés qui la soutiennent et voteront les lois nécessaires.

La Réunion : après l’indignation, la rébellion

En pleine campagne présidentielle, Nicolas le bafouilleur du Fouquet’s enchaîne déclamations et incantations à qui veut l’entendre. Mais entre deux annonces contradictoires, il ne dit rien des émeutes qui se déroulent depuis plusieurs jours à La Réunion.

La crise économique est évidemment à l’origine de ce mouvement social, mais contrairement à la métropole, le mouvement est en train de prendre une tournure dramatique. Claude Guéant, fidèle serviteur de la sarkozye, voudrait nous faire croire qu’il ne s’agit là que d’un mouvement de quelques jeunes, s’insurgeant contre des violences «absolument inacceptables», violences qui ne «vont pas permettre de régler les problèmes». Sans blague…


Il est légitime de se demander pourquoi à La Réunion les conséquences de la crise sont arrivées à un niveau inacceptables, et pas sur le continent.

Il y a plusieurs raisons à cela. La crise est d’abord plus aiguë pour les départements et territoires d’outre-mer car du fait de leur isolement maritime, la vie est déjà habituellement plus chère, la République ayant toujours échoué à résoudre cet aspect économique particulier. Et naturellement, les conséquences de l’incurie de 10 années de gouvernement UMP dont 5 particulièrement catastrophiques sont ressenties de façon beaucoup plus dures : le taux de chômage élevé devient explosif (28.9% contre 9% en métropole, et en particulier un taux ahurissant de 53.5% pour les 15-24 ans !), la vie qui était difficile devient alors dramatique (taux de pauvreté de 49% à La Réunion contre 13% en métropole). Pendant que Nicolas Sarkozy bat la campagne en jouant l’illusionniste, sa politique a tout simplement fait entrer ce territoire français dans ce que l’on appelait jadis le tiers monde.

Un dernier élément aggrave la situation réunionnaise, à savoir le fait que la population est jeune (34.4% ont moins de 20 ans), et ce qui pour une société est une formidable promesse d’avenir et un atout économique, est ici un honteux gâchis explosif.

Je ne fais pas partie de ceux qui chantent à tout vent leur amour de la révolution, mais je sais parfaitement voir et comprendre les situations où entre le désespoir et la révolte, les citoyens qui refusent la fatalité et le joug du renoncement créent des barricades et y mettent le feu.

La situation réunionnaise peut-elle s’étendre ? Sans aucun doute. D’abord bien sûr aux territoires dont la situation économique et sociale et très proche de celle de La Réunion, mais également en métropole si la situation devait continuer à s’aggraver. Je l’ai écrit depuis maintenant plus d’un an : ce que l’on a vu en Tunisie, puis en Égypte, puis en Libye, puis en Syrie, ce que l’on voit par épisodes en Grèce, ne sont pas des éléments isolés de quelques États « exotiques ». Ces situations ont en commun des éléments démographiques, des éléments économiques et des éléments liés à la libéralisation des moyens de communication et d’association numériques. La démocratie retarde l’expression violente des peuples car elle porte en son sein la promesse de l’expression de chacun et chacune. Mais en Grèce l’Europe se comporte comme un colonisateur qui refuse l’expression populaire lorsqu’elle ne va pas dans son sens. C’est suicidaire et criminel.

Quant à la France, le cri « dégage » se fait de plus en plus fort, et s’il est envoyé aujourd’hui à l’endroit de celui qui a plongé notre pays dans le puits sans fond de ses erreurs, il est également envoyé comme un rappel impérieux à François Hollande et au PS. Nous ne sommes pas là pour gagner par défaut, mais bien pour redonner à la jeunesse un avenir, à l’économie sa vitalité, à la France sa place et son honneur. Pas une voix ne manquera, mais pas un candidat de notre camp ne doit manquer !

Guerres de civilisations : piège à cons !

Je ne souhaitais pas particulièrement faire un post sur la nième stupidité provocatrice de Guéant en matière de fantasme de domination d’un peuple sur les autres. Mais bon, puisque cela s’emballe un peu dans le plat de choucroute sarkozyste, je m’y colle (je m’interroge au passage pour savoir si la choucroute est, du point de vue civilisateur, supérieure au Kig ar Farz ou au Potjevleesch).

D’abord, nous avons tous compris que cette saillie avait deux buts : absorber une partie du discours de LePen fille et couvrir médiatiquement les nouveaux résultats économiques catastrophiques du commerce extérieur.

On connaissait « la droite c’est la dette », « la droite c’est le chômage », « la droite c’est l’insécurité », on a maintenant aussi la preuve que « la droite c’est le déficit commercial » (on notera sur le graphique ci-contre, qu’en 2002 lorsque nous avons donné les clés de la maison France, nous étions positifs). On comprend que Sarkozy hésite à être officiellement candidat…

Mais revenons à nos moutons civilisateurs et de façon concrète. Après tout, madame Michu tentée de voter pour l’icône présentable du FN, ou aux législatives pour un(e) brave candidat(e) UMP local(e), peut s’interroger au moment de servir le pot au feu (version relativiste des plats sus-nommés en introduction) si les civilisations, ou plutôt la nôtre, ou plutôt la sienne, est oui ou non supérieure aux autres, ce qui serait fort réconfortant à l’heure où le bateau coule. Quant à sombrer, autant que ce soit dans le luxueux Titanique que sur un boat people !

Et soyons encore plus précis. Moi qui habite au bout du bout de la Bretagne, je m’interroge avec angoisse pour savoir où classer la civilisation Celtes par rapport aux autres (pour les lecteurs moins supérieurs à madame Michu, le raisonnement est applicable en remplaçant Celtes par Occitans, Bourguignons, Savoyards, Flamands, Créoles, etc, et même plus anciens si vous le voulez). Or donc, quid des Celtes ? Sont-ils plus supérieurs que les autres ? Affectivement, pour madame Michu, forcément puisque c’est une part de son identité culturelle, et sans doute cache-t-elle sous son col un triskel aux vertus magiques. Bon point pour le tribun Guéant qui touche ainsi madame Michu alors que ces fichus socialos ne sauraient pas lui parler. Oui, mais l’angoisse ne saisit-elle pas madame Michu entre l’os à moelle et le far aux pruneaux (d’Agen) : les Celtes avaient une culture plutôt orale et n’étaient pas de grands bâtisseurs contrairement à ces Africains qui ont bâti des pyramides ou ces Indochinois qui ont bâti des temples dans la jungle. Or la supériorité dans l’esprit guéanesque se mesure aussi à la hauteur des édifices édifiés (sans talonnette) et à la longueur des étagères de bibliothèques (latines ou helléniques si possible). Elle se mesure aux guerres gagnées, elle se mesure a ce qui a été (r)écrits dans les livres d’histoire (avec l’appui de lois mémorielles si nécessaire). Finalement, dans cette mauvaise soupe culturelle promue par l’UMP, la supériorité est relative au jugement du pouvoir en place avec pour seul critère l’utilisation vicieuse de l’émotion des gens et leur ignorance plus ou moins grande des cultures montrées du doigt (car en fait de civilisation, c’est plutôt de culture qu’il s’agit).

Allez demander aux candidats à la députation qui vont sillonner les circonscriptions en quoi la culture/civilisation locale est supérieure ou pas à celles d’à côté. Ce devrait être intéressant et vous pourrez mesurer au passage la profondeur de leur propre culture et l’horizon des valeurs qu’ils défendent. Je défends aux côtés de mes camarades socialistes une vision universaliste (et pas relativiste monsieur Guéant, quelle inculture !) de nos valeurs. Permettez-moi ici de rappeler l’article II de la déclaration de principes du parti socialiste :

Article 2

L’égalité est au cœur de notre idéal. Cette quête n’a de sens que par et pour les libertés. Égalité et Liberté sont indissociables. Aux injustices et aux violences du monde, l’idée socialiste oppose un engagement pour une humanité libre, juste, solidaire et respectueuse de la nature. Elle porte un message universel, dès lors qu’il s’agit de défendre les droits fondamentaux de chacun et de tous. Pour les socialistes, ces objectifs ne peuvent être atteints à partir du fonctionnement spontané de l’économie et de la société.
La redistribution permanente des ressources et des richesses est nécessaire pour donner une réalité à l’égalité des droits, offrir à chacun les chances de conduire sa vie, et réduire les écarts de conditions.

Les cultures sont diverses et nous les respectons car nous respectons chacun et chacune. Mais les valeurs portées par les dirigeants ou les leaders politiques ne sont pas équivalentes et, politiquement, nous en combattons certaines. Même si avec l’exemple de Nicolas Sarkozy et de ses soutiens nous pourrions en douter, la grandeur d’un peuple ne se mesure pas à l’aune de ses dirigeants. L’inculture d’un dirigeant ne dit rien de la richesse de son peuple. Les échecs d’un président ne disent rien des ambitions, de la créativité, de l’envie d’aller de l’avant des citoyens. Le combat de la gauche en général et des socialistes en particulier est de diffuser la connaissance, de défendre des valeurs que nous considérons universelles, de permettre l’émancipation des hommes et des femmes pour leur permettre d’être des citoyens responsables et décisionnaires de leur avenir.

Il n’y a pas de races ou de civilisations supérieures, mais il y a des idées qui décidément doivent être combattues sans relâche.

Brest : Manifestation pour la Sobrena

Mon agenda familial ne me permettra hélas pas d’être à Brest cet après-midi pour la manifestation de soutien aux salariés de la Sobrena. Je joints donc ma voix à tous ceux qui y seront par ce canal internet.

D’abord un petit rappel pour ceux qui me lisent d’une région un peu éloignée de Brest. La Sobréna est une société bretonne de réparation navale créée en 1987. Ce chantier s’est taillé une solide réputation sur des marchés de haute technicité (méthaniers, pétrolier, ferries) et est en mesure de travailler sur les plus gros navires du monde (la plus grande cale fait 80 m de large sur 420 m de long). En 2010, la Sobrena affichait un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros avec un peu moins de 250 salariés plus les emplois induits. Or depuis de trop nombreux mois, la société va mal et a été mise en redressement judiciaire avec un appel à repreneurs. Plusieurs se sont déjà fait connaître : le chantier Gibdock de Gibraltar, Eiffage et l’Italien Palumbo et peut-être le Néerlandais Damen. Les dossiers doivent être déposés au tribunal de commerce lundi au plus tard.

Lors de sa visite lundi, François Hollande (qui a déclaré Brest capitale maritime de la France) a rencontré les salariés de la Sobrena en compagnie de François Cuillandre le maire de Brest et Jean-Yves Le-Drian notre président de région. Il a rappelé l’engagement des élus locaux dans ce dossier : « Avec les élus locaux, il y a une volonté de trouver une reprise durable pour cette activité« .

Enfin, oui, mais pas tous les élus du bassin brestois manifestement si l’on en croit cette déclaration de Patricia Adam (députée de Brest – même -) à propos de la députée UMP de la troisième circonscription d’Iroise (Brest rural) : « Souhaitons que sur ce dossier Mme Lamour mettra bien plus d’énergie qu’elle en a démontrée jusqu’à présent pour défendre le tissu industriel et les emplois du bassin brestois, poursuit l’élue socialiste. Depuis son élection en 2002, cela aurait été bien utile pour l’économie locale que Mme Lamour affiche autant de détermination, aux côtés de François Cuillandre et moi-même, pour essayer de sauver la construction navale militaire, défendre le choix de Brest comme port d’entretien des futurs sous-marins d’attaque, ou dénoncer la perte de plus de 2 000 emplois civils et militaires, conséquences des réformes votées par sa majorité à l’Assemblée nationale. » (décembre 2011). En fait, il faut retourner bien loin dans le temps pour trouver trace de quelques actions marquantes de madame la députée Lamour, la plus « significative » étant une intervention d’octobre 2011 en séance à l’assemblée nationale à l’endroit d’Eric Besson. Voilà un engagement pour le moins limité sur un dossier qui aurait pu être la priorité numéro un de sa fin de mandat. Il est vrai que ces derniers temps Marguerite Lamour a préféré s’engager pour la marche Jansatyagraha des Indiens plutôt que pour les ouvriers des cales de Brest !

Madame Lamour est à l’image des différents gouvernements UMP qu’elle a soutenu : l’artisan obstinée d’échecs successifs. Comme Nicolas Sarkozy elle est prompte à se montrer en public et à gratifier l’auditoire d’un discours qui flatte (le petit hommage à telle ou tel, la petite phrase en breton pour la culture locale, la petite citation – même celle de Jean Jaurès !) tout y est sauf le fond. Les salaries de la Sobrena sont il me semble peu sensibles aux discours petits fours, ce qu’ils attendent c’est un projet industriel pour leur entreprise, du travail pour leur avenir. Là est le travail d’un député, et il est vrai que Patricia Adam n’a pas pu faire grand chose d’autre que dénoncer l’inaction de Marguerite Lamour dans le passé. Mais à partir de juin, il serait plus que souhaitable qu’elle puisse défendre le savoir-faire brestois en force, appuyée par d’autres députés, en particulier celui de la 3ème circonscription de Brest rural.

Il y a tellement de possibilités d’avenir pour la Sobréna, il y a de nouveaux marchés à aller chercher sur le pôle énergie marine brestois ou encore en matière de commerce et l’industrie maritime qui ne manqueront pas eux aussi d’être impactés par la rupture énergétique pétrolière. Projetons-nous sur l’avenir, imaginons, inventons, innovons ! Il faut des députés capables de comprendre l’industrie, l’économie, de voir a minima les évolutions profondes. Marguerite Lamour a montré qu’elle en était bien incapable et que son ambition se bornait à faire de la présence dans une circonscription qui vote traditionnellement à droite. Ce qui était un cynisme en temps normal devient une imposture politique à l’heure où frappent à nos portes la rupture énergétique, le changement climatique, la bascule démographique et le bouleversement numérique de notre société. Il faut envoyer à l’assemblée nationale des députés ancrés dans leur territoire et capables de comprendre et d’orienter les grands choix nationaux. Il faudra à François Hollande une majorité forte et particulièrement aiguisée, presque visionnaire pour éviter le chaos. L’UMP nous lègue 10 années d’erreurs et de fiasco, il nous faudra le réparer, mais il faudra être aussi particulièrement forts pour affronter des défis plus que dangereux. Or, pour l’heure, l’appareil du PS, contre l’avis des militants de la troisième circonscription, a imposé une candidate EELV qui ont le sait, ne votera pas certaines lois du futur gouvernement de gauche. Comment une candidate EELV pourrait-elle défendre une politique économique de décroissance et prétendre développer l’industrie de la réparation navale de pétroliers ou de méthaniers géants ?

Avec les salariés de la Sobrena, nous défendons la politique industrielle et énergétique de François Hollande parce que c’est un cas concret où l’on constate que nos combats sont bien en phase avec la réalité du terrain. Les militants d’Iroise sont mobilisés pour ce combat qui devra aboutir à une première victoire à l’élection présidentielle. Mais cette victoire devra impérativement être prolongée par une seconde à la législative. Les sympathisants qui nous ont fait confiance à la primaire socialiste, et au-delà tous les citoyens de la troisième circonscription, méritent d’être représentés à Paris par un député capable de comprendre la réalité industrielle nord Finistérienne, capable de comprendre les menaces profondes que nous allons affronter, capable de défendre une politique puissante et audacieuse. Les militants ont exprimés leurs désaccords avec des choix d’appareil qui n’ont rien à voir avec de tels enjeux. Il n’est pas trop tard, ni pour la Sobrena, ni pour l’Iroise.

Indignez-vous, mobilisez-vous !

Militants, sympatisants ou simplement citoyens voulant le changement maintenant, rejoignez-nous au PS et sur notre réseau social :

Elections 2012 : décollage au Bourget !

La vidéo complète


François Hollande pose l’égalité et la justice… par LCP

 

Voici la synthèse des propositions du discours de François Hollande au Bourget :

  1. Inscription dans la constitution de la loi de 1905 sur la laïcité
  2. Élargissement des droits du parlement
  3. Lancement d’un « nouvel acte de la décentralisation »
  4. Le rôle des partenaires sociaux sera inscrit dans la constitution (vive la sociale-démocratie !).
  5. Partage du pouvoir de nomination des commis de l’État
  6. Abandon de la nomination des présidents de l’audiovisuel public par le président de la République et retour de cette prérogative à une autorité indépendante.
  7. Non-cumul des mandats pour les parlementaires.
  8. Introduction d’une part de proportionnelle à l’Assemblée nationale.
  9. Introduction du droit de vote des étrangers aux élections locales.
  10. Liberté de la presse et protection de leurs sources d’information.
  11. Réduction de 30 % des indemnités versées au président de la République et aux ministres.
  12. « Le droit d’adopter et de se marier pour les couples qui le veulent », autrement dit redéfinition du mariage.
  13. Retrait des troupes françaises d’Afghanistan en mai 2012.
  14. Renégociation du traité Européen signé le 9 décembre.
  15. Élaboration et signature d’un nouveau traité Franco-Allemand en janvier 2013.
  16. Rétablissement de l’équilibre budgétaire à la fin du mandat.
  17. Loi obligeant les banques à séparer leurs activités de crédit et de placements financiers.
  18. Interdiction pour les banques françaises d’être présentes dans les paradis fiscaux.
  19. Stock-options supprimées.
  20. Encadrement des bonus.
  21. Taxe sur les transactions financières avec « ceux qui voudront la mettre en place avec nous ».
  22. Création d’une agence publique de notation en Europe pour remplacer les agences privées
  23. Mise en place d’un fonds européen d’intervention.
  24. Intervention accrue de la Banque centrale européenne
  25. Création d’Euro-obligations
  26. Instauration d’une contribution écologiste aux frontières européennes.
  27. Suppression des niches fiscales afin de dégager 30 milliards d’euros de recettes supplémentaires
  28. Introduction d’une tranche à 45 % pour les revenus dépassant 150 000 €
  29. Le cumul des différents avantages fiscaux ne devra pas dépasser 10 000 €.
  30. Création d’une banque publique d’investissement.
  31. Allégements fiscaux pour les entreprises qui localisent leur production en France.
  32. Financement des PME innovantes par l’épargne publique.
  33. Élargissement du crédit impôt recherche pour les PME.
  34. Couverture en Très haut débit numérique de la France d’ici 10 ans.
  35. Suppression de la loi Hadopi.
  36. Un million de logements neufs et anciens avec une « isolation de qualité ».
  37. Mise à disposition des terrains constructibles appartenant à l’État au profit des collectivités locales dans un délai de 5 ans.
  38. Sanctions multipliées par cinq pour les communes qui ne respectent pas la loi de solidarité urbaine (pourcentage de logements sociaux).
  39. Encadrement des loyers « là où c’est excessif« .
  40. Création de 150 000 emplois d’avenir (destinés en priorité aux jeunes des quartiers populaires).
  41. Mise en place des contrats de génération.
  42. Gel du nombre de fonctionnaires, mais arrêt du non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux.
  43. 60 000 postes supplémentaires dans l’Éducation nationale affectés en priorité aux maternelles et aux écoles élémentaires.
  44. À la fin du quinquennat, le nombre de jeunes sortant sans diplôme du système scolaire (150 000 aujourd’hui) aura été divisé par deux.
  45. Instauration d’un tarif progressif pour l’eau, le gaz et l’électricité.
  46. Départ à 60 ans pour ceux qui ont cotisé 41 années.
  47. Ouverture d’une nouvelle négociation sur les retraites (pénibilité, décote, financement…)

« Français, le plus beau nom qu’on peut donner à un citoyen du monde », François Hollande

 

Mega Upload et mega problème posé par l’économie numérique

Même si vous n’y connaissez rien, si vous n’avez pas entendu parler du site méga upload aujourd’hui c’est très probablement que vous êtes très vieux et connecté à aucun média, qu’il soit numérique ou vieille technologie. Figurez-vous que l’affaire a même réussi à tirer notre pourtant peu numérique président de son lit pour faire un communiqué AFP au contenu quelque peu surréaliste.

Mais ce qui m’intéresse dans cette affaire, ce n’est pas tant le buzz mis en scène par le FBI et ses relais médiatiques, mais bien tous les problèmes soulevés par les usages numériques face aux États et à nos lois.

D’abord, si seuls quelques acteurs ont été arrêtés ou sont sous le coup d’un mandat international d’arrestation, il faut savoir que, rien que pour ce site, ce sont en fait plus de 150 millions de personnes qui sont impactées de près ou de loin avec cette affaire, dont à peu près 5 millions de Français. Tous ne se livraient pas à des actes illégaux, mais même en prenant l’hypothèse basse que seulement la moitié des utilisateurs succombaient peu ou prou à la tentation, cela devrait faire tout de même beaucoup, beaucoup de monde à poursuivre si c’est de justice que l’on parle. Pire que cela, dans un pays démocratique, il est bon de se souvenir que

« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » — Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, Article 3 

Oups, un usage aussi massif d’un média « illégal » pose une question fondamentale de droit et l’action d’une police étrangère appuyée par un communiqué vespéral n’y répond que fort imparfaitement…

Autre élément dérangeant dans cette affaire, c’est que l’arrêt brutal de service est transfrontalier et impacte directement des consommateurs dont l’honnêteté et le comportement n’est pas mis en doute. Que penseriez-vous si demain le FBI arrêtait la distribution d’électricité en France en mettant en avant le fait que des groupes mafieux utilisent cette électricité de façon illégale et que la direction d’EDF le sait parfaitement et peut parfaitement en identifier certains ?

Oups, « Tuez-les tous dieu reconnaîtra les siens » ne fait pas partie du droit français, et sans préjuger de la pertinence de l’action de police et du jugement final, il y a là une ingérence policière étrangère fort dérangeante avec des conséquences personnelles ou économiques qui restent à évaluer…

Autre élément de fond, qui est celui de la notion de propriété avec la révolution numérique en court. Une des conséquences possibles de cette numérisation, est la disparition de la nue-propriété puisque l’usage et le fruit, avec le numérique, sont de moins en moins liés à l’aspect matériel des choses. C’est ici un des aspects du problème. On met en avant la notion de propriété intellectuelle (des artistes en l’occurrence), alors que le problème est en fait un problème d’obsolescence de l’industrie de distribution des œuvres. Les artistes sont toujours propriétaires de leurs droits intellectuels et certains ont parfaitement compris comment valoriser financièrement ces droits dans un modèle économique numérique. Mais, hélas pour elles, les compagnies de distribution n’ont que très peu de place dans ce nouveau monde numérique et font jouer au maximum la coercition des anciennes lois. Il faut donc effectivement retravailler les lois sur la propriété, mais les penser en fonction du nouveau monde et des nouveaux usages, et non des vieilles lois et des vieux modèles économiques. Le code de la route est établi en fonction des automobiles, pas des diligences…

L’affaire FBI vs Mega Upload pose donc un problème de démocratie (qui est à l’origine des lois ?), un problème d’ingérence policière étrangère dans un pays souverain (le FBI n’est pas la police de la planète), un problème de modèle économique (comment aider la création artistique à avoir des revenus dans un monde numérique ?), un problème de définition de la propriété (quel est le sens de la nue-propriété lorsque le support physique n’existe pas ? Que devient la propriété intellectuelle lorsque l’information numérique a par nature une propriété d’ubiquité multiforme ?).

Voilà quelques uns des vrais problèmes posés par cette affaire, et j’en connais un qui aurait mieux fait de dormir cette nuit au lieu d’applaudir benoîtement. La nuit est mauvaise conseillère en matière de communication, cela se confirme.